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Le blog d'André Boyer

UN MONTCALM PUSILLANIME, VANITEUX ET DÉFAITISTE

17 Avril 2018 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

UN MONTCALM PUSILLANIME, VANITEUX ET DÉFAITISTE

 

Vaudreuil et Montcalm étaient en désaccord complet sur la stratégie de défense de la Nouvelle-France.

 

Vaudreuil prônait de multiplier les raids sur les établissements frontaliers anglais, ce qui avaient si bien réussi les années précédentes. Il s’agissait de couper les communications, de détruire les dépôts de munitions et de désorganiser l’ennemi. À l’opposé, Montcalm ne jura, du début jusqu’à la fin, que par une stricte stratégie défensive.

Au début de 1757, alors que les Anglais se préparaient à mettre le siège devant Louisbourg, Vaudreuil décida d’attaquer les positions anglaises au sud du lac Champlain. Contraint d’obéir à ses ordres, Montcalm réunit à Carillon 8000 hommes, réguliers, miliciens et indiens, qui avaient pour instruction de détruire le fort George à l’extrémité sud du lac Saint-Sacrement puis de raser le fort Edward, situé quelques milles plus au sud.

Or, après avoir capturé Fort Henry le 9 août 1757, Montcalm autorisa les Anglais à capituler avec les honneurs de la guerre. Plus chevaleresque encore, il s’engagea imprudemment à escorter la garnison jusqu’au fort Edward afin de les protéger, sans succès, contre les Indiens (voir mon billet « 1757, La prise et le massacre (relatif) de Fort Henry ».

Puis, contrairement aux instructions de Vaudreuil, il renonça à détruire le fort Edward et à prendre Albany, la capitale de l’État de New York, invoquant la mauvaise qualité de la route pour se rendre à Albany, le renfort supposé de sa garnison  par  quatre ou cinq mille miliciens et la trop considérable consommation des provisions de bouche, what else !

Tous ces prétextes rendirent Vaudreuil furieux, tandis que Montcalm, content de lui, sollicitait sa promotion au grade de lieutenant général. De plus, comme l’afflux de soldats, de réfugiés acadiens et d’Indiens à approvisionner concourait à créer une pénurie d’approvisionnements, d’autant plus que les récoltes furent  mauvaises en 1757 et 1758, Montcalm en profita pour attaquer l’administration de la Nouvelle-France.

Il accusa Vaudreuil et Bigot, l’intendant de la Nouvelle-France de mauvaise gestion et de corruption, trouvant une oreille attentive auprès des Ministères de la Guerre et de la Marine qui étaient inquiets du coût des opérations militaires en Amérique. Pour assombrir encore le tableau auprès des Ministères, il alla répétant que la défaite était inévitable, la liant, pour faire bonne mesure, à la supposée corruption de l’administration de la Nouvelle-France.

En 1758, Vaudreuil voulait bloquer l’avance anglaise sur le lac Champlain à l’aide de l’armée régulière commandée par Montcalm tandis que Lévis avec 1 600 canadiens mènerait une attaque de diversion contre Schenectady par la vallée des Agniers. Mais, après le départ de Montcalm pour Carillon, il apparut que l’armée anglaise au lac Saint-Sacrement était plus considérable qu’on ne l’avait escompté, si bien que le détachement de diversion de Lévis fut rappelé et dépêché à Carillon en toute hâte.

En effet, à l’extrémité sud du lac Saint-Sacrement, le major général James Abercromby avait massé la plus grosse armée jamais réunie en Amérique du Nord, 15000 hommes, dont 6 000 troupes régulières anglaises. En face, Montcalm se demandait s’il devait résister, et, si oui, à quel endroit. Il considérait que le fort Carillon était inapte à soutenir un assaut, encore moins un siège et il envisageait de se replier sur le fort Saint-Frédéric.

Heureusement pour les Français, la mort du brigadier Augustus Howe, commandant en second des armées d’Abercromby et les erreurs tactiques d’Abercromby donnèrent une glorieuse victoire aux Français. Car Montcalm avait laissé un demi-mille de rase campagne défendus par seulement 400 Canadiens qu’il aurait été facile de déborder et d’écraser.  Mais les Anglais commirent l’erreur d’attaquer frontalement la partie la mieux défendue du fort : ils perdirent près de 2000 hommes contre  moins de 400 du côté des Français et se replièrent en désordre (voir mes billets, « l’Incroyable victoire de Fort Carillon I et II »).

Trois jours après la bataille, Montcalm fit parvenir au ministre de la Guerre un récit mensonger de sa victoire. Selon lui, sa petite armée avait subi l’assaut  de 30 000 soldats anglais, dont il estimait les pertes à 5 000 hommes. Aussi avait-il sauvé la colonie, et de plus sans l’aide des Canadiens et des Indiens, troupes qu’on lui avait expédié sans qu’il l’ait demandé et qui s’étaient contenté de consommer ses précieuses provisions de bouche. En conclusion, il demandait son rappel, alléguant que sa santé périclitait, que ses dépenses excédaient le montant de sa solde, mais surtout que l’impossibilité de faire les choses selon les règles le poussait à demander son congé.

En somme, il se faisait désirer, tout en  déclinant toute responsabilité.

Vaudreuil répliqua par écrit au Ministère de la Marine en critiquant la manière dont Montcalm avait mené la campagne et en soulignant la position extrêmement dangereuse dans laquelle il avait placé les Canadiens le jour de la bataille de Fort Carillon. Il déclara aussi que les alliés indiens étaient retournés dégoutés à Montréal, en affirmant que plus jamais ils ne combattraient sous les ordres de Montcalm. 

Il faisait savoir au ministre que, voulant éviter un conflit déclaré, il avait préféré passer sous silence les insultes et les affronts personnels dont il avait fait l’objet de la part de Montcalm et il priait donc le ministre d’agréer la requête de Montcalm sollicitant son rappel, tout en signalant  que ce dernier, tout en possédant de nombreuses qualités, n’était manifestement pas apte à commander des troupes au Canada.

 

Vaudreuil proposait enfin de remplacer Montcalm par le chevalier de Lévis.

Cela se passait en août 1758.

 

À SUIVRE

 

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