LE DESTIN DU CANADA APRÉS LE RETRAIT FRANÇAIS
13 Juillet 2021 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE
Nous avons relaté le conflit qui a opposé la France et le Royaume Uni pour contrôler l’Amérique du Nord, et plus particulièrement autour de la Nouvelle France entre 1747 et 1783.
Après la conquête par les Anglais des territoires de la Nouvelle-France, l’histoire du Canada s’amorce. À cet égard, il est saisissant de constater que rien dans cette histoire du Canada ne révèle une volonté d’inclusion de la part des Canadiens anglais, ni des Amérindiens, ni des Canadiens français.
Les premiers seront éliminés démographiquement, avant que les survivants ne soient confinés dans des réserves et liquidés en détail, comme le montrent les découvertes récentes de sépultures des orphelinats amérindiens.
Les seconds, trop nombreux du fait de la séparation entre le Canada et les États-Unis, n’ont pu être ni déplacés comme les Acadiens, ni éliminés démographiquement. Les Canadiens Anglais ont donc tenté de les assimiler au plan juridique et pratique. N’y étant pas parvenus, ils les ont maintenus dans une position subalterne, mais en aucun cas ils ne les ont inclus dans leur propre société.
La Nouvelle-France a été placée sous un régime militaire anglais, avant que le Traité de Paris en 1763 n’attribue définitivement à la Grande-Bretagne l'Acadie, le Canada et la partie orientale de la Louisiane, entre le Mississippi et les Appalaches. Le Canada devint la « Province of Quebec », avec un gouverneur général reprenant les rôles du gouverneur et de l'intendant de la Nouvelle-France, sous l'autorité de la Couronne britannique.
Les institutions issues de la France furent abolies, privant officiellement les Canadiens français de la pratique de leur religion. En outre l'utilisation de la Coutume de Paris fut remplacée par la Common Law, droit coutumier britannique.
Mais en 1774, devant les menaces d'insurrection de la Province of Quebec concomitantes avec la révolte latente des Treize Colonies, le gouvernement britannique proclama « l'Acte de Quebec » qui élargissait les frontières de la colonie en y incluant les territoires de l’Ontario actuel et de la vallée de l’Ohio, et qui permettait aux Canadiens français de conserver le régime seigneurial, de pratiquer la religion catholique et d'utiliser la Coutume de Paris pour régir le commerce et les rapports civils, tout en maintenant le droit pénal britannique.
Mais pendant les années suivantes, les efforts des Canadiens anglais ont visé à faire disparaître progressivement les Canadiens français, provoquant la révolte de ces derniers:
- En 1791, l’arrivée de nombreux loyalistes britanniques dans les provinces of Québec et limitrophes conduisit à l'Acte constitutionnel qui divisait le Canada en deux, Le Haut-Canada, peuplé des loyalistes anglais et le Bas-Canada, peuplé des Canadiens français et qui accordait à chacune des deux colonies une Chambre d'assemblée soumise au veto du Gouverneur nommé par le Roi d'Angleterre.
- En 1822, un projet d'union législative des deux Canadas est soumis au Parlement de Londres, afin d’obtenir que les francophones deviennent minoritaires. Mais de nombreux représentants bas-canadiens s’y opposent et le projet est abandonné devant leur résistance.
- En 1828, les représentants du Parti patriote fondé par les Canadiens français déposent des pétitions à la Chambre des Communes britannique pour se plaindre des actes du gouverneur général George Ramsay à l'endroit des francophones.
- En 1834, le Parti Patriote du Bas-Canada demande à Londres l'indépendance politique qui lui est refusée. Le Parti patriote organise alors de nombreuses réunions qui demandent le respect des droits de l’homme, proposent une lutte constitutionnelle, le boycott des produits britanniques et l'organisation paramilitaire des jeunes Patriotes, la Société des Fils de la Liberté.
- En 1837-1838 se déroule la Rébellion des Patriotes qui dégénère en guerre civile dans le Bas-Canada. La Rébellion propose de déclarer d'indépendance du Bas-Canada et de promulguer la séparation de l'Église et de l'État afin de créer la République du Bas-Canada. La révolte est violemment réprimée par l'armée britannique.
- En 1840, Le rapport Durham recommande de réunifier les deux colonies afin d’assurer une présence plus importante de la culture britannique auprès des francophones. Le rapport donne lieu à la création du Canada-Uni, qui abroge une partie des droits octroyés aux Canadiens français par l'Acte de Québec de 1774. Dans les années qui suivent, de nombreux Canadiens français émigrent dans les États de la Nouvelle-Angleterre afin de fuir l'oppression anglaise (la Grande Hémorragie).
- En 1848, la nouvelle colonie du Canada-Uni obtient la Responsabilité ministérielle et l'Institut canadien de Québec est créé afin de contrecarrer l'influence grandissante de la culture britannique.
À partir des années 1850, les riches familles anglaises du Canada s'établissent dans la ville de Montréal, fondent des entreprises avec des Canadiens anglais aux postes de contremaîtres et des Canadiens français comme ouvriers, tandis que la majorité de ces derniers, soutenus par l'Église catholique, vivent repliés sur eux-mêmes dans les activités agricoles.