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Le blog d'André Boyer

LE POLITIQUE CONTRE LE RELIGIEUX

2 Avril 2015 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

LE POLITIQUE CONTRE LE RELIGIEUX

LE PAPE PIE VII

 

Le Consulat est officiellement installé le 1er janvier 1800.

 

Les deux nouveaux consuls sont les deux extrémités d’un balancier politique qui oscille autour du Premier Consul. Ils sont en effet à l’opposé sur le plan politique : Cambacérès, régicide, a été député de la Convention et un spécialiste du droit. Lebrun est un partisan de la monarchie modérée et un spécialiste des finances.

Le Sénat, présidé par Sieyès, coopte les sénateurs et choisit les députés qui n’ont pu encore être élu, fautes de listes de notabilité établies. Le choix du Sénat se porte sur des députés de sensibilité révolutionnaire, qui sont plutôt opposés au Premier Consul.

Dès février 1800, Bonaparte s’est installé aux Tuileries. Il affiche immédiatement sa volonté de réconciliation nationale. En un mois et demi de nombreuses mesures d’apaisement sont prises :

- Le 13 novembre 1799 : Abrogation de la loi des otages.

- Le 23 novembre : suspension d’armes dans l’Ouest.

- Le 29 novembre : suspension des peines de déportation des prêtres réfractaires.

- Le 23 décembre : suppression de la célébration de l’exécution de Louis XVI.

- Le 25 décembre : abrogation des lois privant les parents d’émigrés des droits civiques.

- Le 26 décembre : les royalistes déportés après le 18 fructidor an V sont autorisés à rentrer en France.

- Le 28 décembre : l’amnistie est accordée aux insurgés de l’Ouest qui acceptent de déposer les armes.

- Le 30 décembre : les honneurs sont rendus à la dépouille de Pie VI, emprisonné à Valence.

Un Concordat est difficilement signé avec le Pape Pie VII, les objectifs de ce dernier étant radicalement différents de la démarche purement tactique de Bonaparte qui veut obtenir un accord avec les autorités catholiques, malgré la résistance des assemblées qui s’opposent au retour de la religion sur la scène publique.

Ce Concordat reconnaît le gouvernement consulaire. En contrepartie, le Pape obtient l’acceptation par l’État français de l’autorité spirituelle du pontife romain et  de son droit à nommer les évêques, en accord toutefois avec l’État français. Vaguement déiste, Bonaparte convient que le catholicisme lui paraît efficace pour rendre la société plus cohérente puisque ce dernier prêche le respect de l’autorité. L’avantage du Concordat est aussi que le parti royaliste ne pourra plus mobiliser au service de sa cause les prêtres réfractaires et leurs fidèles.

La bataille diplomatique entre Pie VII et Bonaparte porte surtout sur deux articles qui concernent la condition de la religion catholique en France et la liberté du culte à l’extérieur des églises. Comme, pour les théologiens de l’Église la religion catholique devait être reconnue religion d’État, on trouva une formule qui permettait une reconnaissance de facto de la religion catholique, et non de jure, en utilisant l’expression : « religion de la majorité des Français ». En outre, à l’opposé du Directoire qui avait limité les cérémonies religieuses à l’intérieur des églises, les mêmes théologiens insistaient pour que la religion catholique s’exerçât au grand jour. On convint que le culte serait public, tout en se conformant aux règlements de police exigés par la tranquillité publique.

L’accord fut plus facile sur les nouvelles circonscriptions des diocèses, sur la nomination des évêques par le Premier consul avec la confirmation du Pape, sur le serment de fidélité des évêques et des curés au gouvernement et non à la Constitution, sur l’autorisation de recevoir des fondations et sur les prières officielles pour les Consuls.

Pie VII renonça de fait à la restitution des biens d’Église vendus comme biens nationaux, sans reconnaître de jure au pouvoir civil le droit d’en disposer : il s’engagea simplement à ne pas inquiéter les acquéreurs.

Les pourparlers entre Pie VII et Bonaparte s’éternisèrent, en raison de la volonté de ce dernier d’instrumentaliser l’Église en usant de rouerie et de menaces. Il ne faudra pas moins de neuf versions différentes (sic) pour que le Concordat soit symboliquement signé le 14 juillet 1801, et difficilement ratifié par les deux parties.

 

Bonaparte usa d’une dernière fourberie lorsqu’il promulgua le Concordat le 8 avril 1802, après la paix d’Amiens en y rajoutant de son propre chef les Articles Organiques qui rendaient l’Église de France étroitement dépendante de l’État, malgré les protestations de Pie VII contre cette adjonction unilatérale.

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