LA VOITURE ÉLECTRIQUE EN DOUTE
14 Octobre 2018 , Rédigé par André Boyer Publié dans #PHILOSOPHIE
Carlos Tavares, le patron de PSA, s'interrogeait récemment à propos des véhicules électriques: comment faire en sorte que le recyclage d’une batterie ne soit pas un désastre écologique et comment trouver suffisamment de matières premières rares pour faire les cellules et les chimies des batteries dans la durée ?
En outre, Stéphane Lhomme, Directeur de l’Observatoire du nucléaire, observe que le cycle de vie d’un véhicule électrique le rend aussi polluant qu’un véhicule thermique, car la fabrication des batteries est tellement émettrice de CO² qu’il faut avoir parcouru de 50 000 à 100 000 km en voiture électrique pour commencer à être moins producteur de CO² qu’une voiture thermique. Sachant que ces voitures servent essentiellement à des trajets courts, il est probable que le kilométrage nécessaire pour s’estimer vertueux ne sera jamais atteint.
Si bien que la voiture électrique risque de ne pas être plus bénéfique pour le climat que la voiture thermique, essence ou diesel. Il faut ajouter que la voiture électrique possède aussi des pneus et des freins et qu'elle use les routes par frottement, ce qui induit presque autant de particules fines que la consommation d'un diesel.
Aussi l’argent public consacré à son développement est-il difficilement justifiable, alors que l’on apprend que l’État a lancé un plan d’installation de sept millions de bornes de rechargement à environ 10 000 euros pièce, soit 70 milliards d’euros au total et que l’on sait que la prime à l’achat d’un véhicule électrique ou hydrogène s’élève à 6000 € en 2018 auquel s’ajoute la prime à la conversion des vieilles voitures diesel (2001) ou essence (1997) en voiture électrique, qui s’élève à 2500€ de plus, sans compter les primes régionales.
Voici donc la consommation d’électricité, qui stagne en France depuis 2008, relancée à terme par les voitures électriques qui sont en réalité des voitures principalement nucléaires puisque 71,6% de la production électrique en France est d’origine nucléaire. Aujourd’hui, l'électricité ne provient des sources d’énergie renouvelable, en dehors de l’énergie d’origine hydraulique que pour 4,8% en France.
La question n’est naturellement pas de promouvoir la voiture thermique, qui est en soi une calamité environnementale, mais de s’interroger sur le choix stratégique pour réduire la pollution qui consiste à promouvoir des véhicules électriques, car personne n’aurait l’idée saugenue aujourd'hui d’offrir 8500 euros pour l’achat d’une voiture diesel, de lui réserver des places de stationnement et de remplir son réservoir à prix cassé…
Mais le plus surprenant est que le diesel, condamné pour les automobiles, est aussi utilisé pour les camions, les autocars et les navires. Ces derniers utilisent un carburant bien plus riche en soufre que ceux autorisés pour le secteur automobile puisque la part d’oxyde de soufre dans le diesel marin sera encore de 0,50% en 2020, cinquante fois plus que dans le diesel automobile. La priorité stratégique n'est-elle donc par ailleurs?
La subvention de l’automobile électrique afin d’aider à réduire la pollution atmosphérique en France, nous semble donc sujette à caution…