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Le blog d'André Boyer
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La gauche hors jeu

10 Avril 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

La gauche hors jeu

EMEUTE ET BARRICADES AU QUARTIER SAINT ANTOINE

 

Les républicains de gauche et les socialistes avaient perdu les élections le 23 avril 1948. Ce n’était pas étonnant.

 

En effet, Tocqueville observe dans ses souvenirs que « Paris et ceux qui parlaient en son nom avaient tellement abusé de sa puissance, et semblaient tenir si peu de compte du reste du pays, que l'idée de secouer le joug et d'agir enfin par eux-mêmes se présentait à beaucoup d'esprits qui ne l'avaient jamais conçue (...). On voulait aller aux élections, car choisir des ennemis de la démagogie parisienne se présentait moins aux esprits comme l'usage régulier d'un droit que comme le moyen le moins dangereux dont on pouvait se servir pour affronter le maître. »

 

Les socialistes, qui ne se résignaient pas au verdict du suffrage universel, organisèrent le 15 mai 1848 une manifestation de cent mille personnes qui marcha sur le Palais-Bourbon, officiellement pour soutenir l’indépendance polonaise.

Ils commencèrent par proclamer la dissolution de l’Assemblée constituante avant d’investir l’Hôtel de Ville pour y proclamer un nouveau gouvernement.

Mais la garde nationale reprit successivement le contrôle du Palais-Bourbon et de l’Hôtel de Ville, arrêta les chefs de la tentative de putsch, Barbés, Blanqui, Raspail, Sobrier, Louis Blanc, Albert, Hubert, et écarta le préfet de police Caussidière, complice de la tentative insurrectionnelle.

Les conséquences de cet échec de l’insurrection furent instantanées : trois mois après la chute de Louis-Philippe, la République fit déjà marche arrière sur ses engagements de mars. Dés le 30 mai, l’expansion des Ateliers nationaux était freinée ; trois semaines plus tard, ils étaient quasiment dissous. L’émeute explosa le 23 juin, des barricades furent érigées, l’armée entra dans Paris et des volontaires arrivèrent de province pour combattre l’insurrection.

Tocqueville, encore lui, observe dans ses Souvenirs que « Par tous les chemins que les insurgés ne commandaient pas, entraient alors dans la ville des milliers d'hommes accourant de tous les points de la France à notre aide. Grâce aux chemins de fer, il en venait déjà de cinquante lieues, quoique le combat n'eût commencé que la veille au soir. »

L’Assemblée décréta l’état de siège et remit les pleins pouvoirs au général Cavaignac. Le 26 juin, le faubourg Saint-Antoine était pris d’assaut par l’armée et la garde nationale. 1600 soldats et gardes nationaux avaient été tués par les insurgés qui avaient perdu de leur côté 5500 tués ou fusillés, 11000 personnes avaient été  arrêtées et 4348 étaient déportées en Algérie.

 

Le 28 juin Cavaignac était nommé président du Conseil des ministres par l’Assemblée. Il forma son gouvernement, prolongea l’état de siège et prit de nombreuses mesures répressives contre les ouvriers et les journaux qui les soutenaient.

Les Ateliers nationaux étaient dissous, un passeport était imposé aux ouvriers qui voulaient changer de département, la journée de 12 heures était rétablie. Une commission était créée pour surveiller les théâtres, une loi établissait le contrôle du fonctionnement des clubs, les journaux devaient à nouveau déposer une caution pour avoir le droit de publier et une loi était promulguée sur les crimes et délits commis par voie de presse, qui punissait les attaques contre les institutions, la liberté des cultes, la propriété et la famille.

 

La Révolution de 1848 était terminée. Elle avait duré 4 mois et trois jours, du 25 février au 28 juin. La gauche révolutionnaire avait successivement démontré qu’elle était aussi incapable de prendre le pouvoir que de gouverner. 

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LA MISE EN OEUVRE SUBREPTICE D'UN SYSTÈME EUROPÉEN

6 Avril 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

LA MISE EN OEUVRE SUBREPTICE D'UN SYSTÈME EUROPÉEN

LA CONSTRUCTION EUROPÉENNE PROGRESSE À PAS DE LOUP

 

La société française possède encore de beaux restes, mais ses efforts de maquillage peinent de plus en plus à cacher ses faiblesses croissantes.

 

Ne vous attendez pas à ce que je dresse la liste des défaillances françaises, des retards de la SNCF à la dégradation du système éducatif en passant par les abandons successifs des missions de service public, car tout le monde les connaît et la plupart d’entre nous en savent les causes, qu’ils veuillent se l’avouer ou non.

Au reste, les livres d’analyse et de témoignages sur la faillite du "système français" paraissent à un rythme de plus en plus soutenu, presque un par jour actuellement, témoignant de l’étendue croissante des difficultés et de l’intérêt de plus en plus vif des lecteurs pour des diagnostics qui retiennent leur assentiment.

Il me semble que chacun, quelle que soit la solution qu’il propose, adaptation de la France à la mondialisation ou rejet de cette dernière, s’accorde à imputer la cause globale de cet affaissement du "système France" à la gaucherie avec laquelle ce dernier s’insère dans la mondialisation, depuis que la chute du mur de Berlin a radicalement modifié le cadre stratégique, politique, économique et social de notre pays.

Auparavant, le système français était ancré à un ensemble occidental qui se trouvait en compétition avec le système soviétique, tandis qu’un nombre important de pays jouaient un rôle d’arbitres en tant que « Pays non alignés». Mais, après 1989, l’influence de l’Ouest est devenue mondiale et la France a été entrainée dans le flux de ce changement, ses élites croyant qu’il était nuisible d’y résister et donc qu’il était relativement profitable de se laisser flotter au fil du courant.

Il s’y est abimé.

Pour protéger la société française, les élites françaises se sont en effet facilement convaincues, d’autant plus qu’il suffisait pour cela de s’aligner sur le pays le plus fort, les Etats-Unis, que le modèle que devait suivre la France était celui de la société américaine et que l’Union Européenne était le cadre adapté pour créer des Etats-Unis d’Europe dans lesquels les nations s’effaceraient progressivement pour devenir des régions européennes.

Le futur de la France s’inscrivait dans ce cadre et nulle part ailleurs, toute résistance étant automatiquement qualifiée de passéiste.

Nos élites ont appliqué ce programme, en particulier avec l’accord de Schengen de libre circulation intérieure, l’Euro, la Constitution Européenne, mais aussi au travers de milliers de micro décisions qui visaient toutes à faire disparaître les résistances nationales.

Cependant, lorsqu’il s’est agi de passer à une coopération politique, sociale, fiscale ou militaire plus étroite, le système européen s’est enrayé du fait de réflexes de défense étatiques ou populaires, comme l’a par exemple montré le rejet majoritaire des électeurs français du projet de Constitution Européenne.

Les élites, toutes à leur conviction initiale, n’en ont pas conclu pour autant que le système européen d’adaptation à la mondialisation avait atteint ses limites, qu’il fallait le ralentir, l’adapter ou faire marche arrière, mais qu’il devait être poursuivi coûte que coûte en cachant les décisions stratégiques à la population et en prenant le pari que la résistance des pouvoirs étatiques et des populations s’affaiblirait avec le temps.

Deux exemples l’illustrent, la négociation sur le Traité transatlantique conduite encore aujourd’hui en catimini et celle qui devrait mener à terme à l’adhésion future de la Turquie à l’Union Européenne, qui, en ce moment même, vient de franchir un nouveau palier avec la suppression des visas Schengen pour les détenteurs d’un passeport turc.

 

Tandis que l’intégration européenne progressait à pas de loup selon la technique dite « Jean Monnet », le système européen générait, à côté de fragiles effets positifs, des effets négatifs de plus en plus sévères pour un nombre croissant de membres de l’Union Européenne.  

À SUIVRE

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PAIN AU CHOCOLAT

3 Avril 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE

PAIN AU CHOCOLAT

L'HISTOIRE D'UN PAIN AU CHOCOLAT DUREMENT OBTENU

 

La veille du 1er avril, sortant de la Faculté de Droit,  la conscience tranquille et le ventre vide, je décidais d’acheter un pain au chocolat sur mon chemin, en l’occurrence l’avenue de la Californie.

 

Je me présentais à une première boulangerie proche du carrefour Magnan. À cette heure tardive, 18 heures, elle ne disposait plus de pains au chocolat. Normal.

J’en sortis pour me diriger vers une deuxième boulangerie sur le même trottoir, deux cent mètres plus loin, espérant y trouver mon bonheur. Las, depuis mon dernier passage elle s’était transformée en boulangerie orientale. Si elle débordait de gâteaux mielleux, pas de pains au chocolat en vue.

Gardant la foi, je n’hésitais pas à entrer dans l’hôpital Lenval où je savais que l’on trouvait une boutique offrant entre autres des viennoiseries. Mais voilà, malgré l’horaire affiché qui indiquait son heure d’ouverture jusqu’à 19 heures, elle était fermée à 18 heures 05.

Sans me démonter, je traversais l’avenue de la Californie, à mes risques et périls compte tenu de l’intensité des chantiers en vue du futur tramway, pour atteindre un coffee shop où je voyais de mes yeux trois pains au chocolat en vitrine. La coffee shop girl jouait avec un chien devant la boutique, un chien dont elle me vanta les mérites. Mais lorsque je lui demandais un des,pains au chocolat qu’elle exposait dans sa vitrine, ne daignant pas lâcher le chien pour  un aussi faible revenu, elle m’indiqua sèchement que le coffee shop que je voyais ouvert devant mes yeux, était…fermé. 

J’avoue que ma foi vacilla un instant. Mais je me repris. Je partis vaillamment à l’assaut de la dernière boulangerie placée sur ma route, au coin de la Californie et de Fabron. J’y entrais avant de faire la queue, comme toujours. C’est que le système de paiement sophistiqué qui consiste à insérer des pièces ou des billets dans une machine prend du temps. Il s’agit apparemment d’empêcher que les employés empochent le montant des ventes, ce qui témoigne brillamment de la confiance limitée des artisans qui l’utilisent dans leur capacité à recruter des employés honnêtes. Le revers de la médaille est qu’il faut quatre fois plus de temps pour encaisser que pour servir un pain.

J’arrive enfin face à la vendeuse à qui je demande l’un de pains au chocolat que je vois dans la vitrine à ma droite. Elle opine tout en me demandant de payer d’abord. C’est bien naturel pour un produit aussi précieux. J’insère une pièce dans la machine qui daigne, après un temps d’hésitation, me rendre la monnaie assez bas pour me permettre un bon petit exercice de flexion. Elle se dirige alors vers une étagère à gauche et me livre effectivement, malgré ma surprise, un authentique pain au chocolat.

Merci la machine, merci la vendeuse, je  sors prestement de la boulangerie, tourne à gauche vers ma demeure, enfourne le pain au chocolat dans ma bouche et ressens aussitôt une résistance spongieuse qui révèle un pain au chocolat conçu au plus tard le 30 mars. J’hésite un instant. Vais je nonobstant me résigner à l’engloutir ? Mais non, je suis d’humeur combative ce soir là, je rumine ma devise « Never surrender » et je retourne derechef à la boulangerie décidé à m’en payer un autre, s’il le faut.

Je  refais la queue qui s’est allongée depuis mon premier passage, avant de signaler à la vendeuse que son pain au chocolat possède des qualités désormais plus historiques que gustatives. Elle proteste faiblement, mais me donne LE pain au chocolat que je lui désigne à droite de la vitrine et pas à gauche sur ses étagères perfides. Je lui tends le produit usager qu’elle jette sans un regard. Dans un geste chevaleresque, elle refuse même le paiement du produit neuf.

Je ressors de la boulangerie, je tourne à gauche vers ma demeure, enfourne le pain au chocolat  dans ma bouche et…

 

…Je le mange,

L’estomac enfin repu,

Toujours la conscience tranquille,

Mais l’esprit au repos.  

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UNE FRANCE PROTECTRICE

30 Mars 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

UNE FRANCE PROTECTRICE

LE VILLAGE DE SERVAGES, DÉCOR DE L'AFFICHE DU CANDIDAT MITTERRAND EN 1981

 

On oublie souvent une règle toute simple qui régit toutes les espèces vivantes, y compris l’espèce humaine : le principe de protection. Selon ce principe, les êtres humains ont besoin de sécurité pour vivre. S’ils n’en ont pas, ils consacrent toute leur énergie à survivre jusqu’à ce qu’ils y renoncent pour se laisser mourir.

 

De ce point de vue, la société française répondait bien aux attentes de ses citoyens en matière de sécurité, jusqu’à une période récente.

Cette société française est implantée dans un pays tempéré, varié, plein de ressources et doté de fortes infrastructures. Son système d’éducation était excellent, ses scientifiques et sa technologie se classaient parmi les meilleures du monde. Son agriculture était largement en mesure de nourrir sa population et elle visait à l’excellence. À cet égard, il suffit de citer ses vins, ses fromages ainsi que sa production animale et végétale.

Son industrie se situait parmi les meilleures du monde, comme le montrait sa production aéronautique ou automobile. Elle disposait en outre d’une énergie bon marché, à l’abri des caprices du pétrole grâce à la mise en place d’un réseau unique au monde de centrales nucléaires. De plus, elle avait su développer un réseau d’entreprises de grande taille qui rayonnait dans toutes les parties du monde, de Danone à Lafarge en passant par Accor. Du point de vue financier, tout allait bien puisque ses caisses d’épargne et ses banques collectaient une épargne record qui finançait aisément les logements sociaux et les entreprises nationales.

On se sentait en sécurité en France. Elle avait une police efficace et l’une des meilleures armées du monde, capable d’agir en toute indépendance dans un large rayon d’action à l’abri de son parapluie atomique. Son administration structurait tout le pays, si bien que de Paris à Tahiti, on se sentait bien encadré, notamment grâce à une administration fiscale d’élite. La justice fonctionnait correctement grâce à un personnel judiciaire de qualité qui faisait respecter scrupuleusement les lois. D’ailleurs la criminalité se situait à un niveau raisonnable et son système pénitentiaire permettait de mettre les criminels hors d’état de nuire à la tranquillité publique aussi longtemps que nécessaire.

Quand, ici ou là, des insuffisances se faisaient sentir, l’État savait se réorganiser comme il a su le faire pour accélérer la délivrance des permis de construire ou pour répondre à la demande de téléphones. Quant à la cohérence du pays, des institutions modernisées en 1958 permettaient d’élire des hommes politiques de qualité qui la géraient avec efficacité. D’ailleurs, tous les problèmes étaient traités sur la place publique grâce à des medias qui faisaient écho à la plupart des tendances politiques du pays.

La société française était très protectrice en matière de santé et de soutien social. La croissance économique du pays était en bonne partie utilisée pour soigner les français, pour les protéger de la pauvreté s’ils ne trouvaient pas de travail et pour leur verser une retraite décente. Cette protection sociale était assurée grâce aux cotisations de la partie active du pays, avec des écarts de revenus limités par une des fiscalités les plus lourdes du monde. 

Oui, même si ce tableau rose en occulte les aspects négatifs, la société française était incontestablement protectrice et peu de ses membres mettaient en cause les grands principes qui gouvernaient son fonctionnement, au point, qu’avec une arrogance un peu déplacée, certains la donnaient en modèle au reste du monde.

 

Aujourd’hui, pour se montrer bienveillant, on peut écrire que cette société française possède encore de beaux restes…

 

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La Gauche désavouée par le Peuple, comme d'habitude...

26 Mars 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

La Gauche désavouée par le Peuple, comme d'habitude...

LE MYTHE DES ATELIERS NATIONAUX EN MIETTES

 

Ce gouvernement provisoire de Gauche n’oublie pas ses engagements en faveur des droits de l’homme.

 

L’esclavage est aboli et la peine capitale est suspendue. Ils font supprimer la prison pour dettes, et n’oublient pas leur lutte pour faire libérer les peuples opprimés : rien que du moderne. Ainsi, une légion de volontaires est organisée pour aider la Pologne ; des colonnes de réfugiés, aidées par Ledru-Rollin, essaient sans succès de prendre le contrôle de la Belgique et de la Savoie.

Il est question aussi de libérer l’expression des idées progressistes, ce qui conduit à amnistier les délits de presse, à supprimer le droit de timbre pour les journaux, qui se multiplient, du moins à Paris où deux cent quatre-vingt (280 !) nouveaux journaux sont lancés à entre février et juin 1848. Après cette date, tout change. Les fonctionnaires et les magistrats peuvent désormais s’exprimer librement, tandis que l’obligation de prêter serment est supprimée. 

Comme on peut s’en douter, les conséquences économiques de ces actes généreux se révèlent rapidement coûteuses. La consommation chute, l’argent est retiré des caisses d’épargne, les impôts ne rentrent plus. Il faut relever l’intérêt sur les dépôts des caisses d’épargne pour enrayer les retraits, ce qui n’empêche pas la rente à 5% de s’effondrer lors de la réouverture de la Bourse, le 8 mars 1848, passant de 116,10 à 75 francs. Mais il faut se résoudre à vendre les diamants de la couronne et finalement réduire de moitié le salaire des ouvriers embauchés dans les Ateliers Nationaux qui passe de 2 à 1 francs, compte tenu de l’affluence des candidats. Au 15 avril, on comptera quarante mille ouvriers embauchés. Mais déjà, le 16 mars, les impôts de 1848 sont surtaxés de quarante-cinq pour cent, une mesure qui pèsera lourd dans le vote des électeurs.

Aussi, malgré toutes ces mesures apparemment positives et l’instauration du  suffrage universel, la gauche craint-elle de ne pas recueillir l’assentiment des électeurs. C’est pourquoi, quelques jours avant le scrutin, Ledru-Rollin envisage t-il, lors d’une réunion chez Georges Sand, à laquelle participe aussi Barbès et Flocon, d’organiser un coup d’État pour contrer la victoire électorale des républicains modérés qui se profile. Mais lorsqu’il apprend les projets sanglants de Blanqui le Pugétois et de ses acolytes Cabet et Raspail, il prend peur et aide Lamartine et Marrast à contrer une manifestation insurrectionnelle organisée le 16 avril par la gauche, une semaine avant les élections.

Comme le redoutaient les conjurés, les élections du 23 avril à l’Assemblée nationale constituante, effectuées au suffrage universel et au scrutin par liste, sont largement favorables aux républicains modérés, qui obtiennent la majorité des sièges. Les 900 élus de la nouvelle assemblée comptent un peu moins de 500 républicains modérés, 200 orléanistes, 100 légitimistes et 100 républicains de gauche et socialistes. La participation a été de 84% des inscrits, soit 7385 327 votants sur 9395 035 inscrits.

 

Et pour cause.

 

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LA RÉPUBLIQUE ROUGE DANS SES OEUVRES

22 Mars 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

LA RÉPUBLIQUE ROUGE DANS SES OEUVRES

LAMARTINE DEVANT L'HÔTEL DE VILLE DE PARIS, LE 25 FÉVRIER 1848

 

 

Fin février 1848, la foule réclame la proclamation de la République. 

 

Elle l’obtient, mais ce rassemblement, assez à gauche ma foi, veut aussi l’adoption du drapeau rouge. Lamartine s’y oppose, en utilisant le moyen du discours:

« Citoyens! vous pouvez faire violence au Gouvernement, vous pouvez lui commander de changer le drapeau de la nation et le nom de la France, si vous êtes assez mal inspirés et assez obstinés (...) pour lui imposer une République de parti et un pavillon de terreur. Le gouvernement, je le sais, est aussi décidé que moi-même à mourir plutôt que de se déshonorer en vous obéissant.(...) Je repousserai jusqu'à la mort ce drapeau de sang, et vous devez le répudier plus que moi, car le drapeau rouge que vous nous rapportez n'a jamais fait que le tour du Champ de Mars, traîné dans le sang du peuple, en 91 et 93, et le drapeau tricolore a fait le tour du monde, avec le nom, la gloire et la liberté de la patrie. »

Il obtient gain de cause, en faveur des trois couleurs.

Le gouvernement révoque tous les préfets, dissous la Chambre des députés et supprime la Chambre des pairs. Il promet d’instaurer le suffrage universel (pour les hommes car pour les femmes il faudra seulement attendre 96 années de plus) et proclame le droit au travail, comme s’il en avait le pouvoir.

Humant le sens du vent, les curés se déportent vers la gauche et se joignent à la foule, en chantant toutefois des cantiques.

Pendant ce temps, il ne se passe presque rien en province, comme si la révolution était l’apanage exclusif des Parisiens. Le gouvernement provisoire ne chôme pas, qui fait pleuvoir en rafale les mesures dans les jours qui suivent.

Dés le 27 février, la République est solennellement proclamée. Une semaine plus tard, une assemblée constituante est convoquée qui devra être élue au suffrage universel pour tous les Français de sexe masculin âgés de plus de 21 ans, ce qui fait passer le nombre d’électeurs de deux cent cinquante mille à neuf millions trois cent quatre vingt quinze mille.

Ces électeurs reconnaissants vont-ils voter à gauche ?

Le vote est prévu pour le 23 avril, à la demande de la gauche qui cherche à le retarder au maximum pour avoir le temps de peser sur le scrutin.

Les socialistes obtiennent que des emplois soient « créés » à Paris par l’État grâce à l’invention des Ateliers nationaux et que la durée du travail soit réduite, curieusement plus à Paris qu’en province. Politiquement parlant, ce n’est pas si curieux que cela car les ouvriers parisiens forment l’appui le plus précieux de la gauche socialiste. Aussi la durée du travail est-elle diminuée d’une heure, pour être ramenée à 10 heures à Paris et à 11 heures en province.

 

On voit donc que la création d'emplois aidés n’est pas une invention récente, pas plus que les combines politiciennes. 

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HIC ET NUNC

18 Mars 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #PHILOSOPHIE

HIC ET NUNC

LE LEVIATHAN DE HOBBES

 

Le dernier blog s’est conclu par un postulat qui avançait que les experts n’étaient pas en mesure d’arbitrer entre les valeurs de référence de la société, parce que la décision politique obéissait à d’autres logiques.

 

En effet, l’expertise reste un moment préalable à la décision proprement politique, mais elle ne peut pas la remplacer. Cette dernière obéit à d’autres logiques, notamment l’évaluation des rapports de force mais aussi les  préoccupations de carrière des politiques.

Cependant une troisiéme objection à la décision technocratique est plus fondamentale. Justifier une décision politique par des considérations techniques, voire scientifiques suppose une représentation du réel intemporelle, hors sol. Or, prendre une décision politique implique une mise en situation spatio-temporelle particulière et irréductible à tout autre situation du même type. C’est toujours ici et maintenant, dans un contexte historique, culturel, géographique, social donné, que le politique prend sa décision.

On ne saurait donc décider qu’un choix politique sera préférable au choix opposé sans tenir compte de la particularité des circonstances. Qui peut donc avoir la prétention de déduire une décision particulière à partir d’un savoir scientifique général ? 

Si le passage de la rationalité du savoir à celle du pouvoir est malaisé, il est nécessaire de revenir sur la question de la justification de la décision politique et donc sur les fondements de son autorité.  

Car, si l’on prend acte de ce que le savoir accumulé ne dispense pas de décisions qui ne découlent pas de ce savoir, il faut accepter de convenir que la décision politique n’a pas de fondements rationnels, qu’elle est autonome, qu’elle ne renvoie qu’à elle-même. Par conséquent, son symbole ne se niche pas dans le cabinet d’experts, il se situe dans l’homme politique lui-même, dans son charisme qui en fait un leader.  

Certes, la complexité des sociétés nécessite l’intervention d’experts qui sont chargés de proposer les moyens les plus appropriés à la réalisation des fins mais le choix de ces fins ne renvoie qu’au leader et à la liberté de son pouvoir de décision.

Dés lors, la décision politique échappe à toute forme possible de rationalisation, révélant que toute tentative de rationalisation du pouvoir n’est qu’une pseudo-raison, renvoyant au libre arbitre du politique à qui il appartient de décider.

Si vous voulez des exemples, prenez donc toutes les décisions politiques récentes, de la guerre en Libye à la réforme du droit du travail en passant par le mariage pour tous et examinez-les du point de vue de leurs pseudos justifications rationnelles. Vous constaterez qu’elles ne peuvent être légitimées que par des valeurs dans le meilleur des cas ou au pire par des calculs politiciens, mais jamais au nom d’une rationalité scientifique qui s’imposerait au décideur et à ceux qui subissent ses décisions.

 

Or, si l’autorité politique ne peut pas se fonder sur la rationalité des choix, elle est renvoyée à la formule du Léviathan de Hobbes :

Auctoritas non veritas facit legem

 

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Fonder une deuxième République?

14 Mars 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

Fonder une deuxième République?

LEDRU-ROLLIN, L'UN DES PRINCIPAUX ACTEURS DE LA RÉVOLUTION DE FÉVRIER 1848

 

Avec mon blog du 20 février 2016, j’ai achevé une série de blogs sur la Restauration avec le renversement de la Monarchie de Juillet le 24 février 1848, à la suite d’une émeute, une de plus.  Ce ne sera pas la dernière.

 

La précédente, en 1830, avait été manigancée par les orléanistes, les républicains n’étant ni assez forts, ni assez organisés, pour s’imposer. Les politiciens libéraux, républicains et royalistes, avaient mené une guérilla de dix-huit ans pour renverser le régime faiblement légitime de Louis-Philippe qui n’avait pas voulu leur concéder l’accroissement progressif du nombre d’électeurs.

Les nouveaux maîtres de l’État ont utilisé, comme toujours, l’inflammabilité de la rue parisienne  pour imposer leur volonté au pays tout entier. On voit qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil, lorsque l’on constate que le régime actuel ne craint rien de plus qu’une manifestation dans les rues de Paris, pourvu qu’elle soit initiée par la gauche.

Ce qui est instructif, c’est que la Deuxième République a reproduit jusqu’à la caricature les débats qui agitent la France en ce début du XXIe siècle. Ces débats inquiétèrent si fort les électeurs qu’ils se précipitèrent dans les bras de Louis-Napoléon, qui leur paraissait susceptible de les sauver à la fois des griffes des bourgeois conservateurs et des féroces mâchoires des rouges.

Les quatre ans qui séparent Louis-Philippe de Louis-Napoléon  donnent le spectacle de bourgeois républicains et conservateurs croyant se disputer le pouvoir, tandis que les révolutionnaires se chargent d’effrayer le bon peuple et que le petit-neveu de Napoléon arrive juste à temps pour ramasser la mise.

Une histoire lourde d’enseignement pour les temps modernes.

Le 24 février 1848, Louis-Philippe abdique donc au profit de son petit-fils, le comte de Paris. Tandis que les députés débattent de l’organisation de la régence, les insurgés envahissent le Palais-Bourbon.

Le régime a vécu.

L’abdication de Louis-Philippe contraint la classe dirigeante, qui tient à continuer à l’être, à se rallier à la République. À l’appel de Lamartine, les députés approuvent la formation d’un gouvernement composé de républicains modérés, avec Arago, Ledru-Rollin, Garnier-Pagès, Crémieux, Marie, Dupont de l’Eure et Lamartine lui-même. Ledru-Rollin (1807-1874) est chargé de nommer  des Commissaires généraux qui, dans les départements,  doivent remplacer les Préfets, à qui il confère, comme sous la Convention, des pouvoirs illimités. Il s’agit pour ces Commissaires généraux de préparer les élections face aux notables provinciaux.

Mais les insurgés ne sont pas tous satisfaits. Ils constituent un autre gouvernement, plus radical, qui s’installe comme d’habitude à l’Hôtel de Ville de Paris.

Vers minuit, ce 24 février 1848, un compromis est trouvé entre les deux gouvernements pour constituer un gouvernement d’union qui intègre Armand Marrast, Flocon, Louis Blanc et le mécanicien Albert en tant que secrétaires d’un gouvernement qui ne proclame pas encore la république, mais qui déclare la « vouloir ».

 

Dés le 25 février 1848, ce gouvernement prend ses premières décisions au milieu d'une foule qui réclame la proclamation de la République. 

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L'AUTORITÉ DU POLITIQUE QUI SAIT

10 Mars 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #PHILOSOPHIE

L'AUTORITÉ DU POLITIQUE QUI SAIT

LE POLITIQUE QUI SAIT CE QU'IL FAUT FAIRE ET COMMENT LE FAIRE

Dans un blog publié le 19 janvier dernier, j’interrogeais les fondements de l’autorité de l’homme politique, sans cesse requis  de convaincre le peuple qu’il respecte l’esprit de la pièce qu’il joue et dont le peuple est censé être l’auteur.

 

Le moyen dont dispose l’homme politique pour convaincre le peuple du bien fondé de ses actions consiste à justifier l’objectif qu’il poursuit par ses jugements de valeur et à revendiquer son savoir-faire pour les mettre en œuvre. « Mon ennemi, c’est la finance » revendiquait hautement François Hollande en guise de jugement de valeur et implicitement il se faisait fort, une fois au pouvoir, de prendre les moyens pour lutter contre…

Pour ce faire, le politique prétend se fonder sur un savoir. Les valeurs et les moyens qu’il invoque sont supposés provenir du progrès des connaissances. C’est pourquoi il cherche toujours à décrédibiliser les discours de ces adversaires en les qualifiant de passéistes ou d’irréalistes. 

Lui revendique d’être rationnel et même d’être doublement rationnel. Tout d’abord, Il dispose d’une rationalité théorique fondée sur la science. Par exemple, il est forcément écologiste  parce que la science nous renseigne sur les dangers de l’activité humaine pour son environnement.

Ensuite, il est rationnel en pratique, ce qui justifie le choix qu’il a fait de l’activité politique. Par exemple, les politiques français justifient le cumul des mandats en tant que nécessité de connaître intimement la réalité concrète des territoires tout en agissant au niveau national.

Le politique est donc celui qui sait et qui sait faire.

Selon une conception du pouvoir clairement technocratique, il prend ainsi témérairement le contrepied de l’interdit que Hume a posé contre toute démarche allant du savoir au devoir…

Ce recours à la compétence justifie des cabinets, souvent pléthoriques, où oeuvrent des conseillers techniques,  qui sont par définition des experts détenant les connaissances nécessaires à l’élaboration des décisions, y compris sur l’état de l’opinion et sur les moyens de la convaincre. D’où l’omniprésence de gourous de la communication qui entourent nos politiques. De même, malgré nombre d’échecs patents, l’appel récurrent à des personnalités issues de la société civile pour exercer le pouvoir politique est justifié par la connaissance scientifique ou technique qu'ils ont d’un domaine d’exercice du pouvoir.

Le politique dispose de l’autorité qui lui a été confiée par le peuple, mais il prétend la dépasser en disposant d’un surcroît d’autorité provenant de sa compétence. C’est une tradition qui remonte à la République de Platon et qui s’est épanouie au travers des utopies du XIXe siècle, du positivisme d’Auguste Comte, du socialisme scientifique de Marx jusqu’aux certitudes de l’économie de marché globalisée d’aujourd’hui.

Dans cette perspective, l’homme politique est justifié par ses certitudes fondées sur la science, ce qui lui fait proclamer qu’il n’y  a pas d’alternative à ses décisions, puisqu’il détient la vérité.

Or, on peut observer qu’une telle approche de la politique est fondamentalement optimiste, puisqu’elle s’appuie sur la conviction que les progrès des connaissances permettent de rationaliser les décisions politiques.

Ce qui fait que cette vision du pouvoir politique prête à débat, car elle présuppose que l’État n’est qu’un vaste appareil administratif rationalisé. Il est vrai qu’une tradition de pensée issue des Lumières a longtemps cru que plus une société serait rationnelle mieux elle assurerait à la fois le bonheur et la dignité de ses membres.

Or, l’histoire a montré que la rationalisation du pouvoir conduisait à des monstruosités. De plus, la rationalisation du pouvoir n’annule pas la problématique de la décision, tant les désaccords sur les choix ultimes subsistent. Par exemple, les impératifs de la modernisation de l’économie sont dictés par des choix qui font appel à des valeurs de référence, telles que la rentabilité ou la confiance dans l’avenir, des valeurs qui s’opposent à d’autres valeurs comme la solidarité ou la tradition.  

 

Ce n’est donc pas au pouvoir des experts d’arbitrer entre les valeurs de référence de la société, car la décision politique obéit à d’autres logiques

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FACE AU JURY

5 Mars 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE

FACE AU JURY

L'HOMME RÉVOLTÉ, UN OUVRAGE FONDATEUR.

 

C’était évidemment une étape importante pour moi, cette convocation par le jury du CNU 06 qui allait décider de mon recrutement éventuel comme Maitre-Assistant en Sciences de Gestion en cette journée de janvier 1980.

 

En me rendant au rendez vous qui m’était fixé au 45 rue des Saints-Pères dans le sixième arrondissement, je ne savais pas qu’elle allait se révéler encore plus importante pour mon avenir que je ne le pensais.

J’entrais dans le bâtiment pour suivre les flèches « CNU » jusqu’à un contrôle d’identité et une salle d’attente. L’heure de convocation était fixée à dix heures, mais le jury était en retard. L’attente, s’ajoutant à l’enjeu, me rendait progressivement nerveux. Au bout d’un moment assez long, vingt minutes peut-être, je vis un jury rigolard passer devant moi, qui sortait se détendre et boire un café.

Ils s’en fichaient de me faire patienter. Ma nervosité se transformait progressivement en agressivité. Je me persuadais que mon avenir ne procédait pas des quelques minutes de confrontation qui m’attendaient, qu’il ne dépendait que de moi, de ce que j’étais, de ce que je voulais…

J’entrais enfin dans la salle, animé, on l’a compris, par un sentiment de révolte. Le jury était composé d’une vingtaine de personnes que je connaissais en grande partie pour les avoir rencontrées dans des colloques ou dans des réunions de recherche. Je supposais que l’un d’entre eux au moins allait m’écouter avec bienveillance, le Professeur Xavier Boisselier, qui avait été le Directeur de mon IAE et l’un des membres de mon jury de thèse.

Je présentais en une vingtaine de minutes mes travaux, dont le morceau de bravoure était constitué par ma thèse sur le « Système fiscal et choix de la firme », complétée par quelques articles. Vinrent les questions des membres du Jury.

La dernière d’entre elles détermina grandement la suite de mon existence professionnelle.

Un professeur que je connaissais assez bien me demanda, de manière inattendue, si j’avais intégré dans mes analyses le concept d’impôt négatif. J’étais déstabilisé par sa question qui sortait du cadre de mon approche de la fiscalité des entreprises. Défensivement, je lui répondis en lui demandant de préciser ce qu’il entendait par « impôt négatif » car, autant que je me souvenais, ce concept, comme beaucoup, avait donné lieu à plusieurs approches. Ce fut à son tour d’être surpris, car il avait posé cette question sans trop y réfléchir.

Il resta quelques instants silencieux avant de prononcer quelques phrases  confuses. Je lui répondis froidement que, lorsque l’on ne connaissait pas la signification d’un terme scientifique, il était préférable de s’abstenir de poser une question à son propos.

La stupeur saisit la vingtaine de membres du jury du CNU, qui me regardèrent en silence. Pour faire bonne mesure, je m’adressai à eux avec une arrogance perceptible pour leur demander s’ils avaient d’autres questions à me poser, ce qui sous-entendait que j’attendais d’eux des questions plus pertinentes.  Après quelques instants d’un silence pesant, le Président me répondit que non, personne n’avait de questions supplémentaires à me poser. Je ramassais derechef mes affaires, je les saluais et je sortis.

L’affaire tourna du bon côté, je l’ai appris le lendemain. Le jury décida de se moquer de l’auteur de la question sur « l’impôt négatif ». Ils plaisantèrent en lui faisant remarquer qu’il s’était bien fait moucher avec sa question floue. Ils auraient pu tout aussi bien décider que mon arrogance était vraiment insupportable et me renvoyer, moi et mes humeurs, à la session de l’année suivante afin que je comprenne la notion de respect du jury.

Mieux encore pour moi, le jury décida, non seulement de proposer ma nomination à la fonction de Maitre-Assistant à l’IAE de Nice à l’unanimité, mais en outre de me classer officieusement tout à fait en tête de la centaine de candidats examinés au cours de la session 1980 du CNU. J’avais gagné le jackpot, mais, je le répète pour que mes lecteurs ne croient pas que je recommande une telle stratégie qui n’était que le résultat non calculé de mes émotions, l’affaire aurait pu tourner très mal.

De mon côté, tout à mon humeur arrogante, je me souviens que je sortis de la salle absolument convaincu que j’avais emporté le morceau, à tel point que j’affirmais peu après à Luc Boyer avec qui j’avais rendez-vous, que, bien sûr, tout s’était bien passé et que j’allais être assurément recruté, mais sans toutefois lui en conter les détails.

 

On le voit, en apparence du moins, je ne doutais de rien.

 

À SUIVRE

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