LE DÉFI DE LA BIOÉTHIQUE
La bioéthique s’impose au travers de comités éthiques dotés de procédures de décision unanimistes.
On s’accorde par exemple sur l’interdiction de la transgénèse (les OGM), sans qu’il y ait d’entente sur les raisons de cet accord, car cette interdiction peut aussi bien être formulée par respect de l’ordre naturel, par crainte pour la biodiversité, par compassion à l’égard des souffrances infligées au vivant, parce que le consommateur ne sera pas assez informé ou par crainte des monopoles.
La biomédecine n’a cessé de développer des capacités d’intervention sur l’être humain, de la conception à la mort, du génome au cerveau. Du coup, elle intéresse un nombre de plus en plus important d’actes médicaux ou para médicaux comme la procréation médicalement assistée, les tests et analyses génétiques (assurances, employeurs, police), l’usage des psychotropes, la médecine transsexuelle, à la numérisation des dossiers ou à la télémédecine.
Du coup, la réflexion bioéthique a généré une multitude de principes qui sont supposer la guider : la dignité, la vulnérabilité, la précaution, la confidentialité, l’égalité, la solidarité, la balance des risques et bénéfices, la protection des générations futures, la sacralité de la vie, la non commercialisation du corps, l’intégrité, la sécurité…
Malheureusement tous ces principes ne peuvent être respectés, car ils ne sont pas toujours compatibles entre eux. Il a fallu user de casuistique pour interpréter ces principes en fonction des circonstances dans lesquels ils sont appliqués et faire appel à divers principes philosophiques pour justifier des choix contradictoires.
Ainsi, Aristote a été appelé à la rescousse en ce qui concerne la prudence ou Kant a permis de justifier des impératifs éthiques universels et catégoriques, tandis que deux philosophes contemporains, Jonas (1979) et Engelhardt (1986) proposaient des principes opposés.
En effet,la responsabilité première et universelle selon Jonas est de préserver sur Terre une vie authentiquement humaine, qui postule le respect absolu du principe de précautionet qui est fondée sur l’existence d’une nature humaine, produit de l’évolution naturelle. Engelhardt, au contraire, laisse ouvert le futur de l’espèce humaine en lui octroyant le droit d’intervenir dans son évolution.
Or les avancées scientifiques modifient sans cesse les termes du débat. En 2012, une nouvelle technologie d’intervention dans le génome dénommée CRISPR, permet de modifier les caractères structurels et fonctionnels des organismes vivants. Cette technologie apporte avec elle la problématique de l’eugénisme. Face à cette avancée scientifique, certains s’opposent à tout usage non thérapeutique de la biomédecine au nom du respect de lanature, et d’autres, au nom du respect de la liberté individuelle d’améliorationtranshumaniste rejettent la croyance en une nature humaine intangible.
Ainsi, malgré les grands principes de la bioéthique, le débat reste ouvert entre ceux qui estiment que la nature humaine doit être préservée et ceux qui pensent que l’être humain peut être modifié. La tendance actuelle de la société me parait telle que la seconde option devrait l’emporter, malgré les risques.
FIN
LA BIOÉTHIQUE S'IMPOSE
La préoccupation centrale de la bioéthique réside dans la survie de l’espèce humaine et la qualité de la vie des générations futures.
C’est pourquoi elle s’adresse avant tout à ceux qui peuvent, par l’éducation et la réglementation, expliquer et faire appliquer les mesures recommandée par la bioéthique, qui s’est construite à partir du procès de Nuremberg dont est issu le code dit de Nuremberg (1947).
En dix articles, ce code définit les critères d’acceptabilité d’une expérience médicale, dont le consentement du sujet. Or, dans les années 1960-1970, se multiplient les révélations sur les expériences et les pratiques biomédicales non éthiques, telles que l’affaire de la thalidomide qui entraine des malformations congénitales ou celle de Tuskegee où eurent lieu des expérimentations sur des Noirs américains, effectuées sans consentement.
En 1975, Karen Ann Quinlan, plongée dans un état végétatif irréversible, suscite un débat éthique et juridique autour de l’acharnement thérapeutique et de l’euthanasie et en 1978, la naissance en Angleterre de Louise Brown, le premier « bébé éprouvette », amorce le débat autour de la fécondation in vitro. Toutes ces controverses conduisent au rapport américain Belmont (1979) qui énonce trois principes de la bioéthique assez triviaux mais difficiles à interpréter et donc à appliquer, l'autonomie, la bienfaisance et la justice distributive.
De son côté, le monde académique va établir des centres de recherches sur l’éthique. Les plus connus sont le Hastings Center (1969) et le Kennedy Institute of Ethics (1971) qui comprend un centre de bioéthique. Puis, à partir des années 1980 débute la diffusion de la bioéthique en Europe : en 1983, la France crée le premier comité national permanent qu’est le Comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé (CCNE), qui organise les États généraux de la bioéthique, préalables à une révision régulière de la législation. Puis en 1985, le Conseil de l’Europe crée le Cahbi (Comité ad hoc d’experts pour la bioéthique) qui est remplacé par le CDBI (Comité directeur pour la bioéthique) dont la mission est d’étudier les problèmes posés par les développements biomédicaux dans les domaines du droit et de l’éthique à la lumière des droits de l’homme. En 1997, le CDBI adopte la Convention européenne de bioéthique, tandis que la Commission européenne crée le Groupe européen d’éthique des sciences et des nouvelles technologies (GEE).
Lorsque, en 2005, l’Assemblée générale de l’UNESCO adopte la Déclaration universelle sur la bioéthique et les droits de l’homme, une large majorité de pays disposent d’un comité national de bioéthique ou d’une institution équivalente et les comités d’éthique de la recherche et d’éthique clinique se sont multipliés dans les universités et dans les hôpitaux. En outre, depuis la fin des années 1980, se sont multipliés les revues, les congrès, les instituts universitaires et les projets de recherche consacrés à la bioéthique.
Désormais, la bioéthique est devenue un paradigme pour l’approche des questions posées à l’individu et à la société par l’avancement incessant de toutes les techno-sciences, ce qui se traduit par l'apparition de comités d’éthique, dont la légitimité dépend de la méthode qu'ils utilisent pour formuler des avis.
Un comité d’éthique doit être pluridisciplinaire, pluraliste et indépendant du pouvoir politique qui l'a institué, dans ses délibérations et ses conclusions. Son fonctionnement interne doit permettre l’expression et la discussion argumentée des voix divergentes. Il implique le consensus et non le vote à la majorité, avec, le cas échéant, l’expression des désaccords et des arguments.
En effet, s’agissant de questions touchant aux grandes interrogations de la vie humaine telles que la naissance, la mort, l’identité, la sexualité, la conscience, la liberté, l’avenir, il n’est pas surprenant que des désaccords persistent et que le consensus ne soit que pragmatique...
À SUIVRE
INSURRECTION
Le 30 janvier 2011, je publiais, dans un billet déjà intitulé « Insurrection », le texte suivant :
« Ici, en France, dans le pays le plus centralisé du monde, arc-bouté sur un système de privilèges et de connivence qui date de plus d’un demi-siècle, on ferait bien de s’interroger sur le soulèvement en gestation de populations auxquelles on ne promet que privations et brimades au nom d’une pyramide pseudo démocratique de pouvoirs dont on a confisqué toutes les clefs.»
Ce texte date de presque huit ans. Je ne veux pas m’ériger en prophète mais simplement remarquer que chacun pouvait voir depuis des années l’origine du mal, à savoir la centralisation extrême du pouvoir qui génère les privilèges et la connivence, pour en conclure que forcément les populations qui, en retour, se sentaient privées, brimées et j’aurais dû aussi écrire méprisées, allaient un jour se soulever.
C’était évident et maintenant nous y sommes.
Fondamentalement, il faut comprendre que les gilets jaunes ne vont pas rentrer dans le rang.
Si vous ne saisissez pas cela, vous ne pouvez pas comprendre ce qui va se passer. Pourquoi ne vont-ils pas rentrer dans le rang ? Parce qu’ils en ont gros sur le cœur, des années d’abaissement, de privations perçues comme injustes et d’humiliations ressenties face à l’arrogance des gens du pouvoir.
Maintenant, ils mettent tout cela sur la place publique et pour se débarrasser de ce fardeau, il faut qu’ils le remettent à quelqu’un. À qui ? À personne d’autre qu’au pouvoir en place. D’où le rejet violent de Macron, d’où la haine !
De plus, chaque jour ils se sentent plus forts, forts du combat qu’ils ont eu le courage de mener, forts des amitiés, voire des réseaux qu’ils ont constitués, forts de l’appui d’une opinion publique sensible à leur sort.
Aussi, ce pouvoir n’a aucune autre solution que de capituler. Après tout, il n’est justement en place que grâce à l’affaissement progressif de ce même pouvoir dont les commanditaires de Macron ont voulu s’emparer en faisant croire que ce dernier allait tout changer. Les électeurs ont cru que ce changement se ferait en leur faveur jusqu’à ce que nombre d’entre eux découvrent qu’ils étaient les dindons de la farce.
Bien sûr, habitué à l’arrogance du pouvoir en place, on l’imagine organiser toutes sortes de ruses pour survivre. Mais l’on se trompe, le pouvoir est désarmé. Que Macron fasse des discours, que le pouvoir organise le « dialogue », qu’il change de Premier Ministre, qu’il accorde des augmentations de salaire, qu’il ouvre des négociations, rien de tout cela ne fera rentrer les gilets jaunes au bercail : le désordre permanent sera la règle tant que le pouvoir ne capitulera pas.
De ce point de vue, toute la question est de savoir selon quel processus cette capitulation aura lieu. On peut espérer que ce sera avec un minimum de violences physiques et de dégâts matériels.
Ensuite, on discutera de tout, en matière politique de la répartition des pouvoirs, de la décentralisation, de la suppression des privilèges, en matière économique de la dette, de l’Union Européenne, de la mondialisation, en matière sociale des salaires, des impôts, des migrants et j’en passe…
Puis, lorsque tout un chacun se sera lassé de parler, un nouveau pouvoir se mettra en place. On n’échappera pas aux referenda d’initiative populaire, à la proportionnelle, à la suppression de quelques symboles comme l’ENA ou de certains avantages acquis.
Une nouvelle pyramide de pouvoirs émergera où les petits, les sans grades auront, on peut l’espérer, plus d’occasions de s’exprimer, ce qui permettra de faire passer des décisions plus difficiles.
Voilà ma vision de la succession d’événements qui nous attendent, fondée, je le répète, sur le postulat que les gilets jaunes ne rentreront pas de sitôt dans le rang.
L'ESPÉRANCE DE VIE, ICI ET LÀ
Il est bon de se rappeler que l’espérance de vie est l’une des mesures clés du bien-être d’une nation, exprimant la qualité de son style de vie et l’efficacité de son système de soins médicaux ainsi que de l’organisation de ses services sociaux.
Le classement des espérances de vie, sans entrer dans la question de la différence de plus en plus réduite entre l’espérance de vie masculine et féminine, exprime qu’il est plus facile de survivre ici que là, même si la signification d’un nombre synthétique peut toujours être discuté.
Les chiffres ci-après concernent l’année 2015 et proviennent des données de l’OMS :
Le premier pays du monde pour l’espérance de vie est, sans surprise, le Japon, avec 85,25 années. Sans surprise, parce que le style de vie, l’alimentation, la philosophie de vie et le niveau technique du Japon plaident tous pour une forte espérance de vie. Tant pis pour les contempteurs (jaloux) du Japon.
Le Japon est suivi d’assez prés par Singapour, l’Islande, l’Italie, la Suède, l’Australie, la Suisse, le Canada et la France, où l’espérance de vie est encore de 82,4 années. L’Espagne suit de très près.
Mais l’Allemagne et la Grande-Bretagne n’ont que 81 ans d’espérance de vie, les Etats-Unis n’en sont qu’à 78,8 ans et désormais leur espérance de vie est en baisse : elle n’atteignait plus que 78,6 années en 2016 et les dernières données indiquent une nouvelle baisse. On peut en général attribuer ces différences d’espérance de vie à des styles de vie différents, à l’alimentation, mais dans le cas des Etats-Unis, la cause serait à chercher dans la consommation des opiacés. Le nombre de surdoses de drogues et de médicaments est en effet passé aux Etats-Unis de cinquante deux mille en 2015 à soixante trois mille en 2016 et deux surdoses sur trois impliquent des opiacés, une catégorie de stupéfiants englobant des médicaments Au total, on estime qu’il y aurait entre 2 et 2,5 millions d’Américains dépendants des opiacés.
Certains économistes, comme le Prix Nobel Angus Deaton, attribuent l’accroissement des décès aux États-Unis à la disparition au cours des dernières décennies de nombreux emplois non qualifiés mais bien rémunérés, qui ont plongé une partie de la classe moyenne ouvrière américaine dans le désespoir, provoquant une augmentation importante du nombre de décès liés aux surdoses, mais aussi à l’alcool et aux suicides.
Quoi qu’il en soit, les États-Unis se retrouvent-ils tout juste au-dessus du Brésil, 76,2 années et de la Chine 76 années, tandis que l’on trouve beaucoup plus bas la Russie, 70,5 années et l’Inde, 65 ans.
Il reste que l’espérance de vie la plus faible se trouve dans les pays africains où elle est comprise entre 48 ans en Sierra Leone et 59 ans et demi en Mauritanie. Un bébé qui nait dans ce dernier pays, aurait, selon ces statistiques, trente sept ans de moins d’années à vivre que s’il naissait au Japon. Et s’il nait aux Etats-Unis, presque sept ans de moins d’années à vivre qu’au Japon.
Je vous laisse en tirer les conclusions que vous voulez sur l’injustice de naitre ici ou là et sur la qualité variable de la vie en fonction des pays…
UNE BATAILLE PERDUE D'AVANCE
Les premiers soldats français s'arrêtent à cent vingt mètres de la ligne adverse d’où ils se mettent à tirer sans ordres, à une distance trop grande pour avoir un impact.
Les premiers soldats français à avoir rechargés leur arme, foncent sur l'ennemi à nouveau et s'arrêtent à 25 ou 35 mètres de la ligne adverse. Pendant quelques minutes, les deux lignes se regardent sans tirer. Du côté français, cette pause permet aux hommes les plus en arrière de rattraper les plus en avant. Ils ne parviennent cependant pas à reformer leurs rangs initiaux et restent organisés en trois groupes compacts, deux à l'extrémité nord et un au sud de la ligne britannique, ce qui fait que les 43e et 47e régiments, au centre de la ligne britannique, n'ont toujours pas de soldats français en face d'eux.
À l'approche des Français, les lignes britanniques se préparent à tirer. Wolfe avait mis au point une méthode de tir qui prévoyait que le centre, en l’occurrence les 43eet 47erégiments d'infanterie, devait faire feu lorsque l’ennemi s’approcherait à moins de vingt sept mètres. Wolfe a aussi ordonné à ses soldats de charger leurs mousquets avec deux balles.
L'armée française envoie une première salve à une distance suffisamment rapprochée pour être mortelle. Ce faisant, les soldats français concèdent l'avantage aux soldats d'en face qui ont le temps de bien viser pendant que les autres rechargent leurs fusils.
Le Capitaine John Knox, servant avec le 43erégiment, écrit dans son journal que, lorsque les Français sont à portée de main, le régiment « leur a envoyé avec le plus grand calme, la plus forte décharge proche que j'ai jamais vue. Après ce premier tir, les lignes britanniques ont avancé de quelques pas vers les troupes françaises encore sous le choc et leur ont envoyé une deuxième décharge, qui a entrainé leur repli.
Au centre, les 43e et 47e régiments s'avancent et tirent respectivement sur la gauche et sur la droite. Les deux lignes ennemies échangent des tirs pendant un quart d’heure. À l'approche de l'infanterie française, les canons de York positionnés aux extrémités de la ligne britannique cessent de lancer des boulets et les remplacent par de la mitrailledans un grand nuage de fumée.
Rapidement, au nord de la ligne, les soldats du Languedoc et de La Sarre se replient, suivis par ceux de la Guyenne et du Béarn. Le Royal-Roussillon bat aussi la retraite par la suite.
Wolfe s’était positionné avec les Grenadiers du 28erégiment et de Louisbourg sur une colline pour observer la bataille. Mais ils étaient harcelés par les troupes canadiennes et indiennes qui les visaient de flanc. Il avait été touché au poignet au début du combat, mais il avait enveloppé la blessure et continué. Le commandant du régiment de Louisbourg, James Henderson, rapporte qu’après avoir donné l’ordre d’ouvrir le feu, Wolfe a été touché par deux coups de feu, l’un au bas de l’estomac et l’autre à la poitrine et il est mort rapidement.
Wolfe mort et plusieurs officiers importants blessés, les troupes anglaises se sont lancées dans une poursuite désordonnée des soldats français qui battaient en retraite. Ils tirent leurs dernières balles, fixent leurs baïonnettes et se lancent à la poursuite de leurs adversaires. Le 78eHighlanders, qui n'ont pas de baïonnettes, jettent les fusils au sol et sortent leurs épées claymores, mais sont stoppés par des tirs intenses provenant d’une batterie flottante qui protégeait le pont sur la rivière Saint Charles.
Au Nord, les soldats qui ne courent pas assez vite sont faits prisonniers ou tués à coup d'épée. Les 47e et 58e régiments chargent les fuyards français avec le 78e jusqu'au-delà des Buttes-à-Neveu.
Au sud, les 28e et 43e chargent jusqu'aux remparts de Québec, mais sont arrêtés par l’artillerie de la ville qui tire à mitraille.
En outre, les soldats du 78e Highlanders doivent se replier pour faire face aux Canadiens et Amérindiens qui continuent à tirer depuis la lisière des bois au Nord autour de la Butte-à-Neveu.
En effet, tous les hommes ne fuient pas jusqu'aux portes de Québec...
ESCALES À BAMAKO
De retour, j’ai pris le vol direct Abidjan Dakar, assuré par Air Afrique avec un vieux DC8. Le vol durait environ trois heures. Finalement nous mirent plus de trois jours pour rejoindre Dakar.
En effet, au bout d’une heure et demie, un des quatre réacteurs prit feu. Les extincteurs étouffèrent rapidement les flammes mais une longue colonne de fumée noire, puis blanche, s'étirait gracieusement derrière nous.
Il fallut quelques longues minutes pour que le commandant nous explique qu’il allait devoir dévier l’avion de sa route et faire un atterrissage d’urgence à Bamako, sans qu’il ait vraiment besoin de nous expliquer pourquoi. Dans mon souvenir (1982), cela ne prit pas trop de temps, quoique nous ayons craint sur le coup qu’un deuxième réacteur ne s’enflamme.
Il est vrai que la compagnie Air Afrique (1961-2001) n’était réputée ni pour la fiabilité de ses appareils, trop vieux et, disait-on, mal entretenus, ni pour l’amabilité de ses hôtesses qui se prenaient, si j’en juge par mon expérience, pour des princesses en exil contraintes de servir des gueux.
Nous fîmes un tour au-dessus du coquet, mais à l’époque petit, aéroport de Bamako où l’on vit distinctement que les camions de pompiers avaient été mis en alerte. L’avion parvint à se poser, un peu violemment, mais sans encombre. Nous nous retrouvâmes dans un aéroport qui ne nous attendait pas, ce qui se traduisait par l’absence de climatisation. Dans ce four où nous étions en attente, Air Afrique nous fit savoir qu’il attendait les instructions de Paris pour prendre une décision à notre égard.
Cette perspective nous indigna.
Les passagers les plus expérimentés comprirent que la situation risquait de durer et ils nous proposèrent de nous installer d’autorité dans l’Hôtel de l’Amitié, un hôtel de luxe situé à une demi heure de l’aéroport. Nous y restâmes trois jours aux frais d’Air Afrique. La partie la plus marquante de ce séjour impromptu, en dehors d’une brève visite du marché de la ville, fut l’incursion au zoo de Bamako, en compagnie d’un suédois rubicond qui eut à peine le temps d’apercevoir le dos des hippopotames qui fuyaient la chaleur accablante en s’immergeant dans un bassin, avant de s’effondrer, victime d’une insolation doublée d’un excès de bière. Le chauffeur et moi eurent le plus grand mal à trainer son quintal inerte dans le taxi pour le remettre au médecin attaché à l’hôtel.
Après cette petite aventure et cette première rencontre avec Bamako, j’eus encore l’occasion en février 1997 de découvrir la ville lorsque mon frère et ma belle sœur y séjournèrent. Ville africaine animée, avec une architecture sahélienne typique par endroits, Bamako était une excellente base pour visiter les villes de l’intérieur. C’est ainsi que j’ai pu atteindre, à deux cent cinquante kilomètres de Bamako, Ségou, la capitale des Bambara. L’hôtel qui nous abritait, modeste mais confortable, était tenu par un jeune libanais qui s’y dépensait sept jours sur sept, de six heures du matin à minuit et au delà. Il m’exprima sa philosophie de la vie, travailler comme un fou jusqu’à cinquante ans, seul au milieu de ses employés locaux, passer ensuite l’hôtel à un membre de sa famille pour partir loin de Ségou et du Mali et se reposer le reste de sa vie : chacun a besoin d’un mythe pour tenir le coup à long terme.
Nous allâmes ensuite jusqu’à Djenné, à six cent kilomètres de Bamako, sur une ile entre deux bras du Baní, un affluent du Niger. Les habitations qui sonten terre séchée montraient bien que la ville est à la charnière du monde nomade et sédentaire.
Le retour à Bamako fut terrible. Notre conducteur et ami ayant de plus en plus de mal à conduire, je dus prendre le volant alors que la nuit était tombée. La route sombre, où circulaient hommes et animaux, fut un véritable cauchemar d’automobiliste, avec la peur à tout moment de renverser quelqu’un…
LA PROBLÉMATIQUE DE LA BIOÉTHIQUE
Depuis un demi-siècle, le développement de la bioéthique est marqué par la prise de conscience qu’une évaluation éthique des progrès techno-scientifiques s’impose.
De nombreuses approches alimentent la réflexion bioéthique : l’éthique kantienne, l’éthique des droits de l’homme, l’éthique utilitariste, l’éthique narrative, l’éthique du soin ou même la casuistique.
Les questions traitées par la bioéthique peuvent être purement philosophiques, telle que la question de la dignité humaine ou des limites de la liberté individuelle. Mais elles peuvent aussi concerner des questions techniques, telle que la régulation de nouveaux procédés de thérapie génique.
Des recherches en plein essor dans le domaine du numérique affectent en effet en profondeur la place et le rôle de la médecine, sollicitée par des intérêts économiques et politiques et par des demandes d’amélioration des performances individuelles, sans justification thérapeutique.
Mais ce n’est cependant pas une question nouvelle. Le terme allemand de Bio-Ethik apparaît pour la première fois dans un article de Fritz Jahr en 1927, dans l’article Bio-Ethik: Eine Umschau über die ethischen Beziehungen des Menschen zu Tier und Pflanze ». Pasteur protestant et philosophe, Jahr proposait d’étendre l’impératif catégorique de Kant touchant le respect de la personne humaine à l’ensemble des formes de vie : il en résultait un impératif bioéthique fondé sur la solidarité des humains avec le monde vivant. Son approche le conduisait déjà à définir la bioéthique comme une discipline morale rendue nécessaire par le développement des sciences et des techniques.
Cette conception annonçait la proposition de Van Rensselaer Potter dans son ouvrage Bioethics. Bridge to the Future (1971). Ce dernier proposait plusieurs définitions pour la bioéthique: nouvelle discipline éthique interdisciplinaire, science du bon usage des sciences ou tout simplement sagesse. Sa problématique était centrée autour de la survie et de l’amélioration de la qualité de vie de l’espèce humaine sur le long terme, menacées par un usage irresponsable des sciences et des techniques, notamment en raison d’une vision compartimentée et à court terme de la science.
À ce titre, Potter soulignait le clivage entre les deux cultures, scientifico-technique et philosophico-littéraire, par une séparation stricte entre les faits et les valeurs. L’erreur qu’il dénonçait consiste à séparer l’action guidée par des valeurs et des normes et la connaissance des lois et des faits scientifiquement établis qui éclaire les conditions et les conséquences de l’action. Or ce savoir scientifique, tel que la biomédecine, est excessivement spécialisé et la connaissance devient dangereuse dès lors qu’elle est entre les mains de spécialistes étroits, même s’ils sont animés de bonnes intentions.
Or les questions controversées associées à la procréation ou à la fin de vie sont à considérer en prenant en compte les problèmes plus généraux de la démographie, de l’environnement, des ressources économiques, technologiques, biologiques et ne peuvent être exclusivement focalisés sur les seuls individus en jeu.
À SUIVRE
ÉTATS-UNIS VERSUS IRAN
Officiellement, sans se préoccuper le moins du monde du sort de la population iranienne, les États-Unis veulent mettre à genoux les dirigeants iraniens.
En effet, le 21 mai dernier, le secrétaire d’État Mike Pompeo a énuméré douze conditions pour que les États-Unis, à terme, mettent progressivement fin à leurs sanctions contre l’Iran : sur le volet nucléaire, l'Iran doit cesser tout enrichissement d'uranium, fermer son réacteur à eau chaude et donner aux inspecteurs internationaux accès sans conditions à tous les sites du pays. En outre, l’Iran doit mettre fin à la construction, au développement et aux essais de missiles balistiques. Enfin, la République islamique doit se retirer de Syrie, cesser de s'ingérer dans le conflit du Yémen, cesser de soutenir le Hezbollah, le Jihad islamique palestinien, les talibans afghans et Al-Qaïda, cesser de s'ingérer dans les affaires de l’Irak et du Liban et cesser de menacer Israël et l'Arabie saoudite.
En résumé, l’Iran doit cesser d’être une puissance régionale et se contenter de faire ce que lui dictent les Etats-Unis, tout en consommant du Coca Cola et du Mac Donald.
Mike Pompeo a tout de même reconnu, dans le même discours, que les douze conditions précédentes pouvaient sembler irréalistes, mais il compte officiellement sur un changement de régime et officieusement sur le chaos provoqué en Iran par les difficultés économiques qu’engendreront les sanctions pour les imposer.
En pratique, son discours s’appelle un ultimatum, qui ne peut pas par mener à des négociations et à un compromis. Il n’est donc destiné qu’à justifier des sanctions appliquées ad vitam aeternam, car qui croit vraiment que ces dernières permettront aux Etats-Unis d’obtenir satisfaction?
Pour cela, il faudrait que les Etats-Unis envahissent et occupent l’Iran, comme ils l’ont fait pour l’Irak. Car l’impact de sanctions financières est bien trop faible pour obtenir la reddition de l’Iran. Depuis l’avènement du régime en 1979, ses dirigeants ont su faire face à des menaces autrement redoutables : une guerre de huit ans particulièrement meurtrière déclenchée par l’Irak avec l’aval des gouvernements des Etats-Unis et de la France, la fuite de ses capitaux et de ses cerveaux, son isolement quasi-total accompagné de sanctions et de pressions étasuniennes permanentes jusqu’en 2015, qui viennent tout simplement de reprendre en ce mois de novembre 2018.
Or la situation a changé depuis 2015.
Les Etats-Unis ne peuvent plus se prévaloir du droit international puisque les Iraniens ont négocié, signé et respecté un Plan d’action commun approuvé par les Etats-Unis eux-mêmes. En sortant unilatéralement d’un accord multilatéral qu’ils ont signé avec l’Iran, les quatre autres membres permanents du Conseil de Sécurité et l’Allemagne, les Etats-Unis se sont mis en marge de tous les autres signataires, avec la volonté d’imposer leur point de vue unilatéralement, non seulement à l’Iran mais aussi aux autres signataires et de facto au reste du monde.
Ce faisant, ils obligent les pays qui commercent avec l’Iran soit à se soumettre à leur volonté, soit à la contourner, soit à s’y opposer frontalement. Si l’on peut supposer que, dans un premier temps, la grande majorité des pays concernés par le commerce avec l’Iran se plieront de mauvais gré et à minima aux desideratas étasuniens, il reste que l’emploi de la contrainte est globalement perçu négativement, excepté en Arabie Saoudite et en Israël.
Par conséquent, la souffrance infligée du fait des sanctions au peuple iranien apparaitra d’abord injuste puis insupportable. Les Etats-Unis devront en assumer la charge, comme celle de soutenir leur principal allié dans cette querelle, l’Arabie saoudite, dont les agissements récents ont soulevé l’indignation du monde entier. D’ailleurs, toutes proportions gardées, les Etats-Unis se sont déjà trouvés dans la même position de faiblesse morale au Viêt-Nam et cela s’est terminé par un sauve-qui-peut honteux depuis leur ambassade à Saigon. Et cette position de faiblesse morale n’est pas de nature à convaincre le gouvernement iranien de céder, lui qui se trouve enfin du bon côté, celui de la morale.
Au plan intérieur, même s’il est classiquement accusé par l’opposition d’incompétence et de prévarication, il est aisé à ce gouvernement de refuser le diktat des Etats-Unis en rappelant celui que le pays a subi de 1958 à 1979, le renversement du gouvernement de Mossadegh par la CIA, l’humiliante loi iranienne de 1964 sur le statut des forces américaines en Iran et l’ingérence américaine permanente dans les décisions économiques et stratégiques du pays pendant le règne du chah, une ingérence qu’il a toléré et qui explique en bonne partie sa chute.
Au plan extérieur, l’Iran est la victime et il suffit au gouvernement iranien pour entretenir sa bonne image, malgré la répression interne, de se plaindre auprès du monde entier de l’attitude déloyale des États-Unis et du manque de courage de ses partenaires commerciaux.
Dans cette situation, les sanctions seront de plus en plus contournées avec le temps comme c’est toujours le cas dans l’histoire des systèmes de sanctions. Pour les Etats-Unis, il va donc falloir en rabattre à terme, car leur obstination leur coûtera de plus en plus cher. Par exemple, elle pourrait engendrer plus rapidement que prévu la perte de la suprématie du dollar sur le marché pétrolier ou le contournement du système SWIFT.
Il leur reste donc à trouver un compromis. On a bien compris que les Etats-Unis n’ont jamais accepté l’humiliation de la prise des otages à l’Ambassade américaine en 1979, renforcée par le fiasco de l’opération de leur libération par Jimmy Carter qui explique en partie sa défaite contre Ronald Reagan quelques mois plus tard. On a donc bien compris qu’en conséquence, ils veulent se venger en humiliant à leur tour l’Iran et en renversant son régime.
Mais cet aspect passionnel de la politique américaine devra être tempéré par les données stratégiques. De ce point de vue, les Etats-Unis livrent un combat frontal contre la montée en puissance de la Chine et c’est incontestablement leur combat majeur, auprès duquel celui qu’ils conduisent contre l’Iran n’est que secondaire.
Or l’Iran ne demande pas mieux que de se réconcilier avec les Etats-Unis à condition de sauver la face et d’y gagner sur le plan économique, tandis que ces derniers peuvent difficilement se permettre, pour tenter de remporter une confrontation relativement mineure pour eux, d’affaiblir leur position morale, d’irriter leurs partenaires et de pousser à la constitution d’un front commun contre eux.
Aussi, une fois dissipé le phantasme de la chute du régime iranien, toute la question, en particulier pour le peuple iranien qui souffre de ces sanctions, est d’accélérer le processus qui permettra d’obtenir un accord entre les Etats-Unis et l’Iran. Cela pourrait se révéler plus rapide qu’il ne semble, notamment en raison de la fragilité du pouvoir saoudien et du réalisme profond que nécessite la survie d’Israël.
MONTCALM LIVRE BATAILLE POUR LA PERDRE
Au fur et à mesure que les troupes régulières arrivent, le lieutenant-colonel de Fontbonne les positionne en ligne de bataille face aux Anglais au pied du versant ouest des Buttes-à-Neveu, à environ cinq cents mètres de la ligne britannique, jusqu’à ce que Montcalm le rejoigne pour approuver ses ordres et prendre les commandes.
Montcalm envoie Magnan et Montreuil informer Vaudreuil pour accélérer l'arrivée des troupes et il ordonne à Bernetz de lui fournir cinq canons. Convaincu qu'il est impossible que Bougainville ne soit pas au fait de ce qui se passe, il ne prend pas la peine de lui envoyer un messager.
La ligne française qui se déploie face à la ligne britannique, sur le versant ouest des Buttes-à-Neveu, est composée, du nord au sud, des régiments de La Sarre, du Languedoc, de Béarn, de Guyenne et du Royal-Roussillon.
Des détachements des soldats réguliers des troupes de la Marine et de la milice canadienne sont postés aux extrémités nord et sud de la ligne. Sur le flanc nord, l'adjudant-général Jean-Daniel Dumas commande l'unité mixte de neuf cents hommes, composée de troupes de la Marine, de la milice de Québec et des guerriers amérindiens, alors que le capitaine Louis-Frédéric Herbin commande huit cents autres francs-tireurs au sud.
Au total, les troupes françaises qu’alignent Montcalm comprennent, selon les évaluations, entre trois mille et trois mille six cents hommes selon les évaluations, aussi les deux lignes de bataille qui se font face sont-elles comparables, de l’ordre de deux mille hommes.
Lorsque la pluie cesse vers dix heures, Montcalm prend la décision d'attaquer avec les seules troupes immédiatement disponibles, contre l’avis de Vaudreuil et à l’opposé des conseils de Montreuil et de Montbeillard, ses principaux officiers à ses côtés sur le terrain. En effet, il est le seul à penser que le temps presse pour attaquer avant que les Britanniques aient eu le temps de se retrancher.
Or, dans les murs de Québec, deux mille cent soldats réguliers de la marine, miliciens et matelots s’y trouvent encore pour assurer la défense de la ville. De son côté, Bougainville, à la tête de deux mille cent soldats d'élite, miliciens et cavaliers, a quitté Cap-Rouge vers huit heures et avance à marches forcées vers le champ de bataille, tandis que Vaudreuil a quitté le camp de Beauport à la tête de mille cinq cents hommes de la milice de Montréal et marche aussi vers les plaines d’Abraham. Tous ces hommes n’auront pas le temps de se joindre à la bataille.
Or l’attaque est non seulement précipitée, mais elle est aussi désorganisée. Montcalm place ses meilleures troupes sur trois rangs, les médiocres sur six rangs et les troupes les plus faibles en colonne. Il se positionne à la tête des régiments de Guyenne et du Béarn, monte sur son cheval noir, tire son épée dans un geste martial et ordonne de battre la charge.
Mais, à peine l'armée a-t-elle fait vingt pas en avant que la gauche prend du retard et le centre prend les devants. Les soldats descendent un terrain couvert de longues herbes mouillées, de blé en pied, de ravins, de flaques d'eau et de clôtures à enjamber.
Rapidement, la ligne se défait en trois groupes. Un premier groupe d'environ mille hommes, troupes de la Marine, milice, régiments de La Sarre et de Languedoc, dérive vers la droite, face à l'extrémité nord de la ligne britannique. Au centre, un deuxième groupe avec Montcalm à sa tête, composé de quatre cents soldats des régiments du Béarn et de Guyenne ainsi que de miliciens, marche à peu près dans la même direction. Le troisième groupe au sud dérive sur sa gauche en se dirigeant vers l'extrémité sud de la ligne ennemie, si bien que personne finalement ne fait face au centre de la ligne britannique.
Progressivement, ces groupes de soldats qui avancent à des vitesses différentes voient leurs rangs se désagréger pour prendre la forme de colonnes incapables d'affronter le feu d’une armée rangée en ligne de bataille. Aussi la décision de livrer bataille dans ces conditions constitue l’erreur ultime de Montcalm, une erreur parfaitement prévisible compte tenu de son état d’esprit.
Pris de cours, Montcalm imagina d’improviser une bataille à l’européenne alors qu'il ne disposait pas d'une armée adaptée. Pire encore, il ne se donna même pas le temps de rassembler et d'organiser ses troupes. Le malheur fut que son incompétence et son manque de sang-froid conduisirent la Nouvelle-France à sa perte.
RETOUR À LA CÔTE D'IVOIRE
Le Cameroun n’est pas le seul pays africain où je suis intervenu durant mon séjour au Sénégal. Il faut avouer ici que la Côte d’Ivoire a été ma destination privilégiée, du moins en ce qui concerne la durée de mon séjour, mais pas seulement.
Vous ne vous en souvenez probablement pas, mais parmi les assez nombreux billets que j’ai consacré à la Côte d’Ivoire, j’en ai écris un, intitulé « Le crocodile qui voulait croquer le doctorant » (10 avril 2015) qui conte une mésaventure que j’ai vécue à Yamoussoukro au printemps 1976.
1976 est l’année de ma première incursion en Afrique subsaharienne, justement en Côte d’Ivoire. Je ne l’ai jamais oublié et j’ai aimé l’ambiance du pays, ce qui fait que je m’y suis toujours rendu avec plaisir, pour des cours à la Faculté de Sciences Économiques située à Cocody ou dans une École de Commerce, pour le concours CAMES (voir infra) ou pour participer à un colloque de marketing organisé par mon ami Jean-Gérard Guarino qui a longtemps séjourné comme coopérant à Abidjan. Je m’y suis même rendu à l’occasion d’un évènement privé, le mariage de mon frère Bernard dont j’étais le témoin.
Toutes ces visites en Côte d’Ivoire ne se sont pas effectuées pendant mon séjour à Dakar, mais, sauf erreur de ma part, je m’y suis rendu au moins deux fois durant ce séjour sénégalais, une fois en compagnie du Doyen Diaité et une fois pour participer au jury du CAMES (Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement supérieur), jury qui s’est déroulé juste avant mon retour en France, en décembre 1983.
Le Doyen Diaité était un bon ami. On se rappellera que c’était lui qui m’avait sauvé de la contestation étudiante qu’avait provoqué la publication du corrigé d’un examen.
Partant en avion pour Abidjan et installés confortablement dans la salle d’embarquement de l’aéroport de Dakar, nous bavardèrent tranquillement jusqu’au moment où nous vîmes l’avion Dakar Abidjan décoller avec nos bagages!
Nous avions été plutôt insouciants, mais d’un autre côté personne ne s’était inquiété de notre absence à l’embarquement. Nous retournâmes à Dakar et nous priment l’avion du lendemain, sans autres difficultés. À Abidjan, nous fûmes logés à l’Hôtel Ivoire, un complexe hôtelier et un gratte ciel de 100 mètres de haut qui offre une vue magnifique sur la lagune et l’ensemble de la ville d’Abidjan, au sein d’un parc luxuriant.
Il s’agissait de préparer une réforme du concours CAMES destiné à recruter des professeurs d’université dans les pays francophones de l’Afrique subsaharienne et de Madagascar, à l’exception du Cameroun. Ce dernier pays estimait en effet qu’il était assez « grand » pour organiser son propre système de sélection, le paradoxe résidant dans le fait que le Président du jury dont le Cameroun contestait la légitimité était souvent camerounais.
J’étais chargé pour ma part d’adapter le concours de sciences économiques afin qu’il accueille aussi les candidats en sciences de gestion, donc de modifier les épreuves et de prévoir de nouvelles options.
Ce travail de réflexion, d’adaptation et de débat prit trois ou quatre jours et nous profitions de nos soirées pour nous rendre à Treichville, toujours animé mais où il était à l’époque possible de se rendre en toute sécurité.
Le doyen Diaité resta quelques jours de plus pendant que je reprenais l’avion vers Dakar. C’est du moins ce que je croyais…