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Le blog d'André Boyer
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Sainte Ioulia Timochenko, martyre

28 Mai 2012 Publié dans #ACTUALITÉ

 

On se demande pourquoi l’Union Européenne, le Parlement Européen et la Commission Européenne défendent avant autant de conviction Ioulia Timochenko. 

 

686904_6_2d55_viktor-iouchtchenko-et-ioulia-timochenko-en.jpgCondamnée à sept ans de prison pour abus de pouvoir, Ioulia Timochenko multiplie les gestes de protestation pour mobiliser l’opinion européenne. Vous remarquerez que les medias français n’expliquent jamais pourquoi elle a été condamnée. Ils relatent seulement le fait qu’elle est en prison et qu’elle proteste. Et de fait, les dirigeants  et le Parlement Européen, relayés par les medias, multiplient les gestes de soutien à son égard comme si elle était victime d’une horrible injustice en étant condamné à la prison pour abus de pouvoir. On nous explique que sa vie est en danger et qu’elle subit une injustice de la part d’un pouvoir dont on nous laisse entendre qu’il est arbitraire.

Revenons donc vers quelques données factuelles.

Tout d’abord  Ioulia Timochenko est belle, avec son visage de madone slave auréolée d’une couronne de tresses blondes. Cela joue beaucoup dans la sympathie qu’elle provoque et qui fait qu’on lui donnerait le bon Dieu sans confession.

Mais qui est Ioulia Timochenko ?

D’origine russo-arménienne, Ioulia Hryhian, aujourd’hui  Ioulia Timochenko est née le 27 novembre 1960 dans la ville industrielle de Dniepropetrovsk. En 1979, elle épouse Oleksandr Timochenko, fils du responsable politique de la région de Dniepropetrovsk, avec lequel elle a une fille, Eugenia, née l'année suivante.

Elle obtient en 1984 un diplôme en économie et cybernétique de l'université d’État de l’Oblast, puis elle entame sa carrière professionnelle à l'Usine Lénine de construction mécanique. En 1988, elle ouvre avec son mari Oleksandr un magasin de location de vidéos, lancé avec 5 000 roubles soviétiques qu'ils ont empruntés. De 1989 à 1991, elle travaille en tant que directrice commerciale du centre de jeunes « Terminal » de Dniepropetrovsk.

Elle est ensuite nommée directrice de la société Ukrainian Oil Corporation  en 1991, car elle a fait la connaissance de Pavel Lazarenko, gouverneur de la région, avec qui elle se lie d’amitié. En 1995, ce dernier devient Premier ministre et propulse sa jeune protégée à la tête de la compagnie privée “United Energy Systems of Ukraine” (UESU). C'est alors qu'elle et son mari deviennent très vite riches: les contrats pleuvent, les pots de vin aussi et le couple Timochenko devient l’une des premières fortunes du pays. En 1999, Pavel Lazarenko, reconnu coupable d’escroquerie et de blanchiment d’argent, est arrêté. Ioulia, elle, n’est pas inquiétée car elle a senti le vent tourner et a su s’éloigner de lui à temps pour se rapprocher de Leonid Koutchma, le président de la République. 

La même année, elle se décide à entrer en politique. Elle est  élue députée de la région de Kirovohrad et  se voit proposer par le nouveau Premier ministre, Viktor Iouchtchenko, le poste de vice-Premier ministre et le portefeuille de l’Énergie.

Au gouvernement, la « princesse du gaz », comme on la surnomme, parvient à restructurer le secteur de l’énergie et à éponger la dette ukrainienne contractée auprès de la Russie. Son succès lui donne des ailes et elle ne tarde pas à critiquer ouvertement les autres membres du gouvernement.

Las de la voir interférer dans ses affaires, le président Leonid Koutchma finit par la limoger en janvier 2001. Ioulia Timochenko, poursuivie pour falsification de documents et contrebande, est alors incarcérée. Quand elle sort de prison, un mois plus tard, elle est victime d’un accident de voiture dont elle sort indemne  mais qui lui permet de crier à l’attentat et de fédérer l’opposition.

Symbole de la révolution orange de 2004, Ioulia Timochenko devient Premier ministre après l’investiture du candidat Iouchtchenko à la présidence de la République. Limogée en 2005, elle reprend ses fonctions en 2007, avant de se présenter en 2010 à l’élection présidentielle. Battue par Viktor Ianoukovitch, Ioulia Timochenko voit alors son gouvernement renversé par le nouveau président de la République.

Reconnue coupable d’abus de pouvoir, l’ancienne icône glamour est condamnée, en octobre 2011, à une peine de 7 ans de prison. Elle comprend alors qu’elle ne peut plus jouer de sa féminité. Désormais, c’est l’image d’une victime qu’elle veut renvoyer.

En se posant en martyr de la démocratie, il semblerait bien que Ioulia Timochenko, qui souffre en Ukraine d'une large impopularité essaie de faire oublier le « Machiavel en jupon » et la milliardaire qu'elle est.

 


Mais pourquoi donc l’Union Européenne, ses dirigeants, ses medias la soutiennent-ils avec autant d’acharnement ? mystère….

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The Winter of Discontent

24 Mai 2012 Publié dans #HISTOIRE

Dans mon blog précédent du 19 mai dernier intitulé « Moved by the Iron Lady » je vous ai donné mes impressions sur ce film consacré à la vie de Margaret Thatcher. Dans celui-ci, je décris les circonstances qui ont précédé son accession au pouvoir, car elles expliquent son attitude rigide vis-à-vis des syndicats, sa popularité et son succès.

  

cbea4697acd6483ff0085a289d5c82f3.jpgAvant cet hiver-là, qui prépara la voie à la victoire de Margaret Thatcher aux législatives de 1979, le gouvernement travailliste de James Callaghan, qui avait succédé à celui d’Harold Wilson, combattait sans beaucoup de succès  l’inflation qui  avait atteint un sommet de 26,9 % (26,9% !!!!) par an en août 1975. En 1976, il était obligé de solliciter, comme la Grèce aujourd’hui, un emprunt auprès du FMI.

C’était le déclin. Le gouvernement travailliste faisait ce qu’il pouvait avec ses petits bras. Pour tenter de remettre le pays sur les rails, il avait conçu avec le Trade Union Congress (TUC) un « contrat social » prévoyant une politique des revenus qui plafonnait les  hausses de salaire à 5% pour lutter contre l’inflation. C’est ce qui déclencha les grèves de l’hiver 1978-1979. L’affaire commença chez Ford qui, sous la menace du blocage de sa production, accorda une augmentation bien supérieure au plafond. Le 28 novembre 1978, le  gouvernement annonça des sanctions contre Ford et 220 autres entreprises tout en reconnaissant qu’il n’avait pas la force politique de les  appliquer.

Aussitôt, les syndicats se lancèrent dans la brèche ouverte. Les plus rapides furent les camionneurs, membres du TGWU. Ils bloquèrent les livraisons de carburants, contraignant les  compagnies pétrolières à leur accorder  des hausses de salaire de 15 %. Loin de mettre un terme à leurs revendications, ils entamèrent une grève non officielle à partir du 3 janvier 1979. Les stations services fermèrent leurs portes, des piquets de grève bloquèrent les principaux ports entraînant la mise à pied d’un million de travailleurs. Le gouvernement travailliste finit par céder totalement aux camionneurs en leur accordant une augmentation de 20 %.

Les grévistes de Kingston upon Hull provoquèrent un incident demeuré célèbre en refusant de laisser passer la nourriture pour les animaux, entraînant la mort de nombreux porcs et poulets qui furent déversés par des fermiers ulcérés devant les piquets de grève.

James Callaghan fit beaucoup pour sa défaite électorale le 10 janvier 1979, en pleine grève des camionneurs. Tout joyeux, frais et reposé, il venait de débarquer de Guadeloupe où s'était tenu un sommet entre alliés et il vantait aux journalistes la douceur des baignades dans les eaux des  Caraïbes. Coupant court à son autosatisfaction, un journaliste lui demanda comment il voyait la situation chaotique du pays. Le Premier Minstre  se contenta d’accuser la presse d’exagérer les faits, ce que le Sun traduisit le lendemain par ce titre assassin: « Crisis? What crisis? Rail, lorry, jobs chaos; and Jim blames press! »

Le gouvernement ayant cédé aux syndicats du secteur privé, ceux  du secteur public entrèrent dans la danse. Les conducteurs de train de l'ASLEF et le National Union of Railwaymen avaient déjà entamé une série de grèves de 24 heures lorsque, le 18 janvier 1979, la conférence du Royal College of Nursing décida de demander une hausse du salaire des infirmières de 25 %. Puis le 22 janvier 1979, les syndicats du secteur public organisèrent  une grève de 24 heures, ce qui n’était jamais arrivé depuis 1926.

Ce fut le signal d’un feu d’artifice de grèves tous azimuts. Les conducteurs d'ambulance se mirent en grève à la mi-janvier 1979, refusant parfois d'assurer le service des urgences. Le 30 janvier 1979, le gouvernement dût reconnaître que la moitié des hôpitaux du National Health Service ne traitaient plus que les urgences.

L'action la plus emblématique du « Winter of Discontent » fut la grève non officielle des fossoyeurs, membres du GMWU, à Liverpool. Les cercueils s'empilaient dans une usine désaffectée et l’on envisageait, si la situation devait persister, de les immerger dans la mer. Malgré cette menace réfrigérante, les fossoyeurs durent finalement se contenter de 14 % d'augmentation.

De nombreux éboueurs se mirent aussi en grève à partir du 22 janvier 1979, contraignant par exemple le Conseil de la Cité de Westminster à empiler les ordures à Leicester Square qui est situé dans le cœur du West-End de Londres, à la grande satisfaction des rats. Ce fut alors la surenchère, les municipalités les plus à gauche, comme le London Borough of Camden, cédant à toutes les revendications des syndicats. 

Ces grèves frappèrent de stupeur la population comme les politiciens, même ceux qui étaient très proches des syndicats. Personne n’aurait jamais imaginé que des actions aussi radicales puissent être possible en Grande-Bretagne. Le Premier Ministre lui-même, James Callaghan, en était décontenancé. Il continua cependant à négocier avec les chefs syndicalistes et parvint à un accord qui, par un heureux hasard que relevèrent les journalistes, fut approuvé le jour même de la Saint-Valentin 1979. Malgré cet heureux présage, il reste que, lorsque les grèves s’arrêtèrent, leur coût s'élevait à prés de trente millions de journées de travail perdues.

Le parti conservateur était divisé. Une partie des conservateurs, dirigée par l’ancien Premier ministre Edward Heath, appelait à soutenir la politique du gouvernement travailliste, à l'opposé de Margaret Thatcher, chef du parti conservateur depuis quatre ans, qui critiquait les grèves et appelait à la fin de l'ingérence gouvernementale dans les négociations entre salariés et patrons et à celle du contrôle des prix. Elle soutenait que la hausse du niveau de vie n'était possible que par une hausse de la productivité, ce qu’empêchait justement les politiques travaillistes et les pratiques syndicales.

Au total, les grèves de l’hiver 1978-1979 modifièrent profondément les  intentions de vote. La campagne du Parti conservateur reprit le titre du Sun « Crisis? What Crisis? », lu à la télévision de manière de plus en plus désespérée à mesure qu'étaient diffusées des images montrant les montagnes d’ordures, les usines fermées, les piquets devant les hôpitaux et les cimetières fermés à clé.

 

Le 3 mai 1979, Margaret Thatcher conduisit les conservateurs à leur plus importante victoire de l'après-guerre, avec  43,9 % des voix et 339 élus, contre 36,9 % et 269 élus aux travaillistes…

 

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Moved by the Iron Lady

19 Mai 2012 Publié dans #ACTUALITÉ

Au cours d’un long trajet aérien, j’ai eu récemment la chance de voir le film « Iron Lady » qui donne une représentation de la vie de Margaret Thatcher.

 

margaret-thatcher_1725675c.jpgJ’avoue que le film m’a tiré des larmes, oui des larmes, lorsqu’il montre la faiblesse insigne de cette femme atteinte de la maladie d’Alzheimer, tellement loin de l’image triomphante de celle qui fut la Dame de Fer. Sic transit gloria mundi. Comme la faiblesse est proche de la force, aussi assurée parait-elle en l’instant!

L'objet du film est de cerner la personnalité de Margaret Thatcher et de montrer les conditions dans lesquelles elle a exercé ses tâches de Premier Ministre. Son fil conducteur est constitué par la mémoire de Maggie, qui va et vient entre ses années de grandeur et le crépuscule de sa vie actuelle. Saluons la fine mise en scène de Phillyda Lloyd et la remarquable performance de Meryl Streep qui a su incarner Margaret Thatcher de saisissante manière.

Encore qu’ « Iron Lady » soit avant tout un film sur la solitude, l'isolement et la vieillesse, j’aurais été fortement déçu que les critiques bobos aient trouvé le film à leur goût. En effet, rien dans ce film ne pouvait leur plaire, ni le sujet, ni l’héroïne du film, ni le courage. Heureusement, aucun d’eux ne l’a aimé…

Le film nous montre donc une Margaret Thatcher si violemment haïe des mineurs en grève ou des Irlandais prêts à mourir de faim pour briser sa volonté inhumaine, mais qui n’est plus aujourd’hui qu’une pauvre femme étroitement surveillée. Évanouie sa fierté de fille d’épicier éduquée à la dure, disparu son amour pour le séduisant Denis Thatcher, oubliées ses homériques batailles électorales, périmée sa résistance opiniâtre face aux grandes grèves des mineurs, dépassée son incroyable détermination pour reconquérir coûte que coûte les Falkland, pardonnée la trahison de ses pairs qui la précipitent à terre le 19 novembre 1990!  

Lorsque l’on voit dans la première scène, une petite vieille voûtée dans un imperméable beige, fichu noué sous le menton, un cabas à commissions en plastique bleu à la main, faire la queue dans un petit magasin après avoir trompé la vigilance du personnel chargé de sa sécurité, on a peine, aux deux sens du terme, à imaginer qu’il s’agit de la même Maggie intraitable qui malmenait les syndicats dans les années 1980. Une Maggie qui se souvient des déchirements engendrés par cette bataille permanente que fut sa vie, qui revoit  ses jumeaux essayant en vain de la retenir à eux à l'aube de sa carrière politique, qui entend encore son mari lui reprocher son excessive ambition...

Finalement, elle a toujours été seule, Maggie, envers et contre tous, seule à prendre les décisions, cherchant résolument à mettre en œuvre ses idées, supportant stoïquement son impopularité, seule avec son credo: « Watch your thoughts, for they become words. Watch your words for they become actions. Watch your actions, for they become habits. Watch your habits, for they become character. Watch your character for it becomes your destiny! What we think, we become! (1)»

Où est passée cette fille d'épiciers fière de l'être et toute aussi fière d'avoir accompli ses études à Oxford, cette battante, cette politicienne de conviction ? Eh bien, elle n’a pas disparu, tant son courage et sa volonté surnagent dans son naufrage. Du début à la fin, elle ne fit que lutter: « I've done battle every single day of my life ». Alors elle continue à lutter, non pas contre des politiciens veules et corrompus ni contre les syndicats, mais contre ses propres  hallucinations.

Laissons Maggie à ses derniers combats pour nous mesurer à l’essentiel, son œuvre. Un bilan qui fait pâlir tous les impuissants qui nous gouvernent, pour lesquels rien n’est possible, fors les promesses.

 

Un an avant l'arrivée de Margaret Thatcher au pouvoir, ça n’allait pas très fort en Grande-Bretagne. À l’aube de la mise en place d’un gouvernement socialiste en France, il n’est pas inutile de se souvenir qu’une décennie de gouvernement travailliste avait laissé le Royaume-Uni exsangue, en proie à une crise économique sans précédent. C’est alors qu’arriva « The Winter of Discontent »…

 

(1) Attention à vos pensées, Surveillez vos mots, ils deviennent des actes. Surveillez vos actes, car ils deviennent des habitudes. Veillez à vos habitudes, qui forgent votre caractère. Surveillez votre caractère, car il forge votre destin. Ce que nous pensons, nous le devenons.

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La création de l'université du troisième âge de Nice

13 Mai 2012 Publié dans #INTERLUDE

Dans mon blog du 1er Mai dernier, j’ai conté comment l’idée d’université du troisième âge m’était venue à Göteborg, avec pour objectif de maintenir les retraités dans le flux de la vie. Dans le texte suivant, je narre quel fut le processus de création et de lancement de l’université du troisième âge de Nice.  

udes_troisieme_age.jpgEn Suède, je ne poussais pas plus en avant mon idée pendant mon séjour. Puis, lorsque vint le temps de ma prise de fonction en tant qu’assistant contractuel auprès de l’IAE de Nice*, je n’eus pas l’occasion d’exposer cette idée immédiatement.

En effet, dès le premier jour de mon arrivée à l’IAE, j’appris que mon directeur de thèse, Jean-Claude Dischamps, qui était également le Président de l’Université de Nice, s’était donné comme objectif aussi  ambitieux qu’extra-universitaire de se présenter à la députation dans une circonscription de la Ville de Nice. Je  m’associais à ce projet immédiat, ce qui me contraignit à garder sous le coude celui dédié aux personnes âgées, jusqu’à ce que des temps plus propices à la réflexion de long terme permettent de le lancer. 

Ce temps vint en 1974, lorsque Jean-Claude Dischamps se vit offrir le poste de Directeur de l’Enseignement Supérieur auprès du Ministère des Universités. Il quittait donc la Présidence de l’Université de Nice et l’un des candidats pour lui succéder, le Professeur de Droit Public Jean Touscoz, décida d’inclure dans son programme de Présidence de l’Université l’organisation d’une université du troisième âge.

Le 12 juin 1974, je formalisais un projet de création d’une Université du Troisieme Age et le présentais sous la forme d’un rapport au Président de l’Université de Nice et au chargé de Mission du CEPUN. Le Professeur Jean Touscoz, qui avait été élu Président de l’Université de Nice, me chargea à l’automne 1974 d’en concevoir la structure, sous une forme  équivalente à celle du Centre Education Permanente de l’Université de Nice (CEPUN). J’en fus alors nommé Chargé de Mission, tout en n’étant toujours qu’un modeste assistant en Sciences de Gestion qui avait en premier lieu le devoir de rédiger et d’achever sa thèse d’État.

Oh, l’Université ne mit pas de grands moyens à la disposition de l’Université du Troisième Âge, que j’avais décidé d’appeler U3! Cette dernière disposait d’une secrétaire à mi-temps, d’un budget de 12000 francs pour l’année 1974-1975 et d’un petit bureau qui s’apparentait à une cave, caché sur les côtés du Centre Universitaire Méditerranéen le long de la rue Paul Valery. Ce n’était pas beaucoup, mais grâce à la secrétaire, c’était une structure viable.

Je fis beaucoup, sans le vouloir, pour ma popularité, en participant à la peinture du bureau-cave, un beau week-end du printemps 1975. Le Professeur Jean Touscoz  ne manqua jamais par la suite d’évoquer cet « exploit » pour preuve que  j’étais motivé ! Je l’étais vraiment, motivé, car quoi de plus exaltant dans la vie que d’être chargé de mettre au monde une organisation que vous avez vous-même conçue et dont vous pensez qu’elle peut-être utile à vos concitoyens ? À la réflexion, je peux écrire aujourd’hui que ce fut, jusqu’à ce jour, le projet professionnel le plus exaltant parmi tous ceux que j’ai développés au cours de ma vie.

Comment a commencé l’Université du Troisieme Âge de Nice? Lorsque j’en ai eu l’idée en septembre 1972 à Göteborg, je ne savais pas que ce concept était dans l’air du temps et que le Professeur Pierre Vellas était de son côté sur le point de lancer  un projet similaire, six mois plus tard. Comme, contrairement à moi, il disposait du pouvoir de Doyen de la Faculté de Droit et de Sciences Économiques de Toulouse, il ne perdit pas de temps à convaincre les décideurs universitaires et créait, dès le 23 février 1973, l’Université du troisième âge de Toulouse.

Si l’idée avait été saisie immédiatement à Nice, nous aurions pu être les premiers. Mais foin de cette dispute sur l’antériorité, si c’est bien le Doyen Vellas qui a eu le grand mérite de la première création, il reste que la conception puis le développement de notre U3 se firent en toute indépendance. Lorsque je fus nommé Chargé de Mission d’U3 fin 1974, je n’ignorais évidemment pas l’action du Doyen Vellas, mais je n’en connaissais que vaguement le contenu dont je ne partageais d’ailleurs pas tout à fait la philosophie, si bien que notre structure et nos programmes furent conçus comme si nous étions les inventeurs du concept.

L’Université du Troisieme Âge de Nice a commencé ses activités très précisément le lundi 14 avril 1975 au CUM par une session expérimentale qui devait durer jusqu’au 23 mai 1975 mais qui s’est en pratique clôturée le 6 juin 1975 avec une réunion d’évaluation.

 

Ce fut déjà l’occasion de se féliciter de l’enthousiasme des participants lors de cette toute première session, un enthousiasme qui n’allait plus se démentir par la suite, au point de devenir la marque de fabrique d’U3…



* Avec le salaire assez modeste de 1550 francs, soit la moitié de ce que je recevais à la Mobil. 

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Surlendemain d'élection

8 Mai 2012 Publié dans #ACTUALITÉ

Drôle d’impression. Une sorte de vide après le tohu-bohu, les discours, le matraquage médiatique, l’avalanche des sondages, le faux suspense des derniers jours. Puis tout s’est arrêté. La poussière est retombée sur le duel. L’un s’est retiré, dignement, l’autre se prépare à occuper le palais, tout aussi dignement.

 

Sarkozy-Hollande.jpgLe système électoral a coupé les électeurs en quatre. 51,68% des votants sont plus ou moins contents. Maintenant leur joie s’atténue doucement et ils deviennent vaguement inquiets. Le système financier, le principe de réalité et la logique politique ne vont-ils  pas réduire les promesses du candidat à des insignifiances, des symboles vite oubliés ? Le plaisir de voir Nicolas Sarkozy quitter la scène et d’y avoir participé ne peut pas être un sentiment durable. Bref, après l’ivresse, la gueule de bois les  guette.

48,32% des votants en sont encore à cuver leur défaite, plus ou moins inquiets de lendemains qui devraient déchanter. Que va devenir la France désormais dirigée par celui qu’ils ont combattu, contre lequel ils ont voté et dont ils ont vilipendé le programme ? Ils se disent aussi que le système financier, le principe de réalité et la logique politique vont agir dans le bon sens pour limiter les effets nocifs des promesses du candidat François Hollande. Et ils s’apprêtent à supporter stoïquement les visages de ces futurs ministres qu’ils détestent d’avance.

Mais il ne faut pas oublier les 5,85% qui ont voté blanc. Eux ont voulu marquer qu’aucun des deux candidats ne leur paraissait digne de présider la France. Aujourd’hui comme le jour du vote, ils se bouchent le nez, n’attendant rien de bon de François Hollande comme ils n’auraient rien attendu de bon non plus de Nicolas Sarkozy. Pour eux, la critique sera facile, en attendant que le candidat de leur cœur ne revienne dans le jeu.

Reste enfin les 18,74% d’électeurs inscrits qui n’ont pas voté et qui, peu ou prou, ne votent jamais.  Eux se sont placés au-dessus de la mêlée, ils ne s’intéressent pas à ces questions subalternes et n’acceptent aucune responsabilité dans les décisions qui seront prises. Ils se contentent de les subir.

Ces quatre morceaux de France vont donc, tous ensemble, devoir accepter les décisions que prendra le nouveau Président de mai 2012 à avril 2017. Auront-elles tant d’effet que cela sur leurs vies ? N’était ce pas beaucoup de bruit pour pas grand-chose ?

Sans sous-estimer l’importance des décisions prises par les Présidents précédents, je n’ai pas souvenir qu’elles aient changé ma vie ou celle de mes proches. Certes, individuellement, des personnes ont été fortement affectées par les décisions des différents Présidents de la République. Parmi eux, celui qui a le plus fortement changé la vie des Français fut certainement Charles De Gaulle lorsqu’il a décidé d’évacuer l’Algérie dans les conditions que l’on connaît. Mais les autres ? ils ont pris des décisions économiques, sociales qui s’imposaient plus ou moins d’elles-mêmes compte tenu de l’état de la société française. Certaines décisions ont été inversées, comme la nationalisation des grandes entreprises industrielles, d’autres maintenues comme les 35 heures ou l’ISF. La gauche a abrogé certains textes de lois sur la sécurité. Au total, le chemin s’est parfois infléchi, mais le cap a si peu changé que l’on a pu se référer à un État UMPS.

Il ne changera guère, à mon avis, avec le nouveau Président de la République et sa majorité soucieuse de gérer au mieux son confortable capital politique.

D’ailleurs, au cours de ma vie, ce ne sont pas les « grands » changements politiques comme l’avènement de la Ve République ou l’introduction de l’Euro qui l'ont changé, mais la technologie, l’automobile, l’avion, l’ordinateur ou le téléphone portable. J’ai vu aussi le niveau de vie des Français s’accroître constamment, les agriculteurs disparaître, les familles éclater, les comportements changer et le pays devenir multiculturel. Jusqu’ici, tous ces changements ne m’ont semblé en rien liés à l’élection présidentielle…

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L'invention de l'Université du Troisième Âge

1 Mai 2012 Publié dans #INTERLUDE

J’ai raconté dans mon blog du 27 février dernier, mon départ de la Mobil et les trois semaines dont j’ai disposé entre ce départ et mon arrivée à l’IAE de Nice, le 1er octobre1972, près de quarante années plus tôt ! Pendant cette courte période de trois semaines j’ai eu l’idée de créer une Université du Troisième Âge, un âge que j’ai fini par atteindre moi-même…

universite-goteborg.jpegEn septembre 1972, j’avais trois semaines libres entre mon départ rapide de la Mobil et ma prise de fonction à l’Université. Nous avons alors décidé, ma femme et moi, de les passer à Göteborg, en Suède, où nous avions des amis, les Nordin. Nous souhaitions aussi y acheter des meubles pour notre futur appartement à Nice car nous aimions bien le style dépouillé et fonctionnel du mobilier scandinave. Les Nordin formaient une famille remarquable par sa francophilie, composée de trois femmes, la mère et les deux filles. Le père était un grand architecte dont je ne sais plus si Ingrid Nordin était veuve ou divorcée. Elles habitaient toutes trois une assez vaste maison typiquement suédoise, confortable et pleine de charme, non loin du centre de Göteborg. Les deux filles, Christina et Margareta, étaient étudiantes, l’une d’entre elles a même fini par soutenir une thèse d’ethnologie sur les marchés en France.

Les Nordin nous ont donc accueilli tous trois, ma femme, mon fils et moi. Pendant que ma femme prospectait avec elles les marchands de meubles, dont Ikea alors tout à fait inconnu en France, je flânais à l’université de Göteborg ou je recherchais naïvement un sujet de thèse, comme si un sujet se trouve comme cela, au détour d’un livre ou d’un article.

En quelques heures, je découvrais que l’on pouvait lire sans trop de difficultés le suédois économique, pour l’usage duquel je me fabriquais un petit dictionnaire personnel. Mais je ne concentrais pas toute mon attention sur la quête d’un sujet de thèse, prenant le loisir d’observer les comportements de ces curieuses personnes qu’étaient les étudiants suédois, beaucoup plus engagés dans des activités collectives  que nos étudiants français.

La Suède était bien connue comme étant un pays doté d’un système de redistribution fiscale particulièrement fort permettant d’égaliser les revenus et de soutenir les plus faibles. Il était par conséquent assez naturel de voir les étudiants suédois s’intéresser au sort des handicapés et des personnes âgées. J’étais notamment frappé par l’avance de la Suède en matière d’équipements adaptés au handicap : tous les services publics, à commencer par l’université où je me trouvais, étaient largement pourvus en rampes, ascenseurs, toilettes, portes et meubles adaptés aux handicapés. Même quarante plus tard, la France malgré ses efforts n’a pas encore tout à fait atteint le niveau d’équipement de la Suède dans les années soixante-dix. 

Les étudiants suédois, dans le cadre d’études d’urbanisme, de psychologie ou d’ergonomie, travaillaient donc sur les sujets du handicap. Dans le même esprit, Ils travaillaient aussi sur le vieillissement de la population suédoise et ses conséquences, notamment par rapport à la question de la solitude et de l’isolement. Cette dernière question est particulièrement sensible pour les Suédois qui connaissent, en particulier en hiver, un environnement souvent générateur d’un sentiment de solitude. D’où l’intérêt des étudiants suédois pour ce sujet et leur contribution sous la forme de modernes villages où les personnes âgées pouvaient se rencontrer tout en bénéficiant d’une assistance médicale aisément disponible et d’une animation culturelle conséquente.

Justement, la mise à l’écart des personnes âgées en France m’interpellait particulièrement. Je ne sais pourquoi, j’étais conscient, alors que je n’avais guère plus de 27 ans, du gâchis humain que constituait selon moi la mise à la retraite prématurée de nombre de salariés en France. C’était en effet le début de la mode qui consistait à mettre à la retraite des salariés, parfois dés cinquante ans, pour « faire de la place aux jeunes ». Cette idée, courante mais stupide sur le plan économique, feint d’ignorer que les retraites sont à la charge de la collectivité. En revanche, elle postule que le travail disponible en France représente une quantité fixe que l’on répartit au sein de l’ensemble des personnes actives. On peut alors considérer que toute personne qui part à la retraite libère 40 heures de travail par semaine qui sont en toute bonne conscience attribuées à quelqu’un d’autre. C’est un principe qui ne peut fonctionner que dans le cadre d’un système communiste fermé dans lequel tout progrès technique aurait été prohibé, par conséquent c'est un principe qui ne fonctionne nulle part et en tout cas pas dans la France des années 70.

Ces retraités prématurés, victimes d’une conception communiste de la vie économique, je les imaginais trainant seuls devant la télévision, jouant à la belotte ou assistant à des spectacles minables de chant ou de danse dans des mouroirs pour personnes âgées, n’ayant que de rares visites d’enfants occupés à faire leur vie ailleurs, loin des parents. C’était, à mon sens, criminel de condamner ces retraités à un vieillissement précoce. Ces pensées, je les avais à l’esprit avant de venir en Suède. Mais l’exemple suédois de  programmes pratiques mis en place pour lutter contre l’isolement des personnes âgées par le gouvernement de la Suède avec l’aide de son université a été pour moi le catalyseur de l’idée qu’il fallait faire quelque chose en France pour maintenir ou réintégrer les personnes âgées dans le tissu vivant de la société.


Puisque mon prochain employeur était l’université, ce serait le cadeau d’arrivée que j’apporterai avec moi, cette idée de relier l’université française et les personnes âgées, d’autant plus qu'elle s'appliquait bien à la Côte d'Azur où la population retraitée était particulièrement fournie. 

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Les Aubrac, des héros (communistes) français

25 Avril 2012 Publié dans #HISTOIRE

L’histoire officielle vous a livré la semaine dernière l’information suivante : « Raymond Aubrac, de son vrai nom Raymond Samuel, est mort mardi soir à l’âge de 97 ans à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce. Grande figure de la Résistance, il avait été le co-fondateur du mouvement « Libération Sud » et était l'une des dernières personnalités à avoir côtoyé Jean Moulin. Il était le dernier survivant des chefs de la Résistance arrêtés en juin 1943 à Caluire dans le Rhône avec le chef du Conseil National de la Résistance. Après la guerre, il avait témoigné lors du procès du résistant René Hardy, accusé d'avoir dénoncé Jean Moulin à la Gestapo et acquitté au bénéfice du doute. Dans ses dernières années, Raymond Aubrac était resté un citoyen très actif. Sa femme Lucie Aubrac, également héroïne de la Résistance est morte en 2007, à l'âge de 92 ans. » (20 minutes, 12 avril 2012.)

lucieraymondaubrac1Cette histoire officielle se garde bien de mentionner que toute l’action de Lucie et Raymond Aubrac s’inscrit depuis leur adolescence dans le cadre de leur engagement auprès du PCF, même si Raymond Aubrac n’en faisait pas officiellement parti, pour des raisons d’affichage. Cet engagement, que les medias s’efforcent d’occulter, explique les incertitudes et les ambiguïtés qui entourent leur action et l’énorme effort de communication auquel ils se sont tous deux astreints jusqu’à la toute fin de leur vie.   

- Raymond et Lucie Aubrac, héros de la Résistance :

On sait que Jean Moulin, chef de la Résistance intérieure fut arrêté en juin 1943 lors du « rendez-vous de Caluire » dans la banlieue lyonnaise. Torturé puis mis à mort, on s’est demandé s’il n’avait pas été trahi. C’est ainsi que René Hardy a été deux fois accusé, notamment par Raymond Aubrac, d’avoir trahi Jean Moulin, mais a été deux fois acquitté. Il est vrai aussi que le rendez-vous de Caluire dans la villa du Dr Dugoujon était connu de beaucoup trop de gens pour ne pas finir en guet-apens.

Quant aux Aubrac, ils ont fourni des récits à géométrie variable. Devant le doute qui s’installait, le couple a demandé à un jury d’honneur de les entendre, un jury composé des historiens François Bédarida, Jean-Pierre Azéma, Laurent Douzou, Henry Rousso et Dominique Veillon, et surtout Daniel Cordier, compagnon de la Libération et secrétaire de Jean Moulin.

L’entretien s’est déroulé le samedi 17 mai 1997, au siège de Libération. La confrontation dura cinq heures. François Bédarida a ainsi interpellé Raymond Aubrac : « Les historiens sont par définition des gens curieux. Comment un homme comme vous qui contrôle son langage, peut-il avoir oscillé sans cesse entre le fait de dire tantôt : « non, je n’ai pas été reconnu comme Aubrac» et « oui, j’ai été identifié » ?

Les libertés de Lucie Aubrac avec des faits attestés par les archives sont remarquables. Par exemple, Lucie Aubrac a affirmé à plusieurs reprises et notamment en septembre 1945 dans le journal communiste La Marseillaise, qu’elle avait fait évader son mari de l’hôpital de l’Antiquaille le 24 mai 1943. Or, s’il y a bien eu une évasion à cette date de cet hôpital, Raymond Aubrac n’en a pas bénéficié : en effet, arrêté, sous le nom de François Vallet lors d’une réunion de résistants le 15 mars 1943, il avait été libéré deux semaines auparavant. L’avis de sa mise en liberté l’atteste, un avis signé le 10 mai 1943 par le gardien-chef de la prison de Saint-Paul et établi sur ordre du juge d’instruction Cohendy.

Il existe également des contradictions entre les différentes versions que Lucie Aubrac donne du second de ses exploits: l’évasion de son mari, arrêté à nouveau à Caluire, d’un fourgon cellulaire attaqué par la Résistance, en octobre 1943. Là aussi, d’autres témoignages et des documents d’archives la contredisent.

- Raymond Aubry, héros communiste :

Selon Stéphane Courtois, Directeur de recherches au CNRS et maître d'oeuvre du Livre noir du communisme, Raymond Aubrac était un membre important du réseau communiste international. On a notamment découvert dans les archives du PC à Prague des documents qui montrent qu'Aubrac y était reçu par Klement Gottwald, le chef historique du PC tchécoslovaque, qui fut aussi un agent important du Komintern.

Formellement, il n’avait pas sa carte du PCF parce que le Parti préférait qu’il n’ait pas de carte. Cela ne l'empêchait pas de participer à des réunions de cellules comme « observateur ». De même sa future épouse Lucie était elle-même communiste et proche d'André Marty, qui fut représentant du PCF au Komintern.

À la Libération, il est désigné commissaire régional de la République à Marseille. Or De Gaulle le congédie sans ménagement et sans explications. À Marseille, il avait en effet créé des CRS (Compagnies républicaines de sécurité) dont on découvrit plus tard qu'elles étaient entièrement infiltrées par le PCF.

En 1946, à la demande de Jacques Duclos, les Aubrac hébergent Hô Chi Minh, en tant que dirigeant communiste vietnamien, lorsqu’il vient en France. Plus tard, il servira de contact entre l'appareil communiste international et Henry Kissinger lui-même : ce n’était pas un petit agent…

Après guerre, il dirige officiellement le Berim (Bureau d'Études et de Recherches pour l'Industrie Moderne) qui est une société écran placée sous la responsabilité de Jean Jérôme, l'un des hommes les plus importants et les plus secrets du PCF. Le Berim est une des pompes à finances du PCF. Par elle, passe une partie des financements en provenance de l'Est sous la forme de contrats plus ou moins bidons…

 

Si vous voulez comprendre comment on s'efforce d'orienter vos jugements, il est intéressant d'observer que les medias passent sous silence le fait que toute la vie des époux Aubrac s’insère dans le cadre de l’action du PCF, en relation avec la politique soviétique, notamment par leurs liens avec Ho Chi Minh, qui relève de la politique du PCF. Les medias font comme si les Aubrac étaient des héros individuels, alors que Raymond Aubrac a créé « Libération-Sud » sur ordre du PCF, qu’il a été désigné comme Commissaire régional  de la République à Marseille et qu’il a accueilli Ho Chi Minh à la demande du PCF. Toute la mise en scène de leurs actions de résistance relève de la communication politique : le PCF et la gauche tenaient d’exemplaires héros de gauche à montrer à la population et en particulier aux enfants des écoles. 

 

Cela n’enlève rien à leur courage personnel ni au respect qui leur est dû, mais pourquoi cacher l'engagement de leur vie toute entière auprés du PCF sinon pour inverser la logique de leurs actions : fondamentalement, ils ont agi sur ordre du PCF et non pas, comme on veut le faire croire, dans l’ordre inverse des causes : ce seraient des héros qui avaient, naturellement puisqu’ils étaient des héros, des convictions de gauche. C’est pourquoi l’on s’efforce de cacher qu’ils étaient communistes, parce que cela fait un tout petit peu moins "politically correct" que "héros de gauche"...

 

 

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What can we do about France (fin)?

15 Avril 2012 Publié dans #ACTUALITÉ

Dans mon dernier blog, intitulé "What can we do about France (suite)", je concluais qu'il fallait prendre acte que l’Europe comme la France étaient en train de perdre toute maîtrise sur leur destin, une maîtrise dont elles disposaient presque totalement un siècle auparavant.

 

 

super durandNous savons bien ce qui nous attend, l’hégémonie de la Chine sur le monde, qui va se substituer à l’hégémonie actuelle des Etats-Unis. Cette évolution, qui signifie que les rôles de la France et de l’Europe sont ensemble en cours d’amoindrissement, n’implique aucune capitulation ni résignation, mais une volonté de fer afin de s’y adapter dans les meilleures conditions pour nous.

C’est pourquoi l’enjeu, qui suppose une prise de conscience, une volonté et des moyens rassemblés est de permettre à la France de redevenir un espace de solutions pour elle-même, donc pour l’Europe et pour le monde, ou de renoncer à toute prise de décision autonome pour se livrer aux grands vents provoqués par les changements du monde.

J’ai écrit la France et non l’Europe, parce que je suis convaincu qu’il faut mobiliser les énergies au niveau de la France, pays centralisé s’il en est, avant de porter et de coordonner les options choisies au niveau de l’Europe. En effet, lorsque l’on examine les différentes dimensions des décisions à prendre, on prend conscience que le niveau national doit précéder le niveau européen dans leur conception et leur mise en œuvre. Il reste que le niveau européen ne peut pas être négligé, parce que la coordination et la convergence des efforts européens sont un des rares atouts qui nous reste face à la globalisation. 

Les dimensions du défi à relever sont clairement d’ordre éducatif, technique, écologique, sociale ou managérial :

 

Notre système éducatif doit redevenir performant, puisque tous les constats convergent pour montrer qu’il ne l’est plus et que rien ne peut plus être espéré dans le futur s’il ne le redevient pas.

Notre recherche doit investir lourdement dans les domaines les plus productifs, relativement à notre système économique, que ce soit dans certains secteurs industriels et agro-alimentaires ou dans les services.

Nous devons fournir un effort exceptionnel pour réduire notre consommation énergétique, dans des domaines aussi variés que l’habitat ou les habitudes alimentaires.

Nous devons faire tous nos efforts pour obtenir une cohérence sociale, ce qui signifie des changements volontaires, approuvés par la nation, dans la distribution des revenus et dans l’harmonisation des différences culturelles.

Nous devons mettre en place une organisation de l’État qui nous donne les structures les plus efficaces pour coordonner nos actions et gérer les collectivités.

 

Les voies précédentes, nous le savons, ont été tracées dans mille rapports remis à nos dirigeants, à nos « élites », à nos cadres. La prise de conscience existe donc à l’état latent, mais il reste à mobiliser et à s’organiser.

C’est là que le bât blesse. La mobilisation suppose au préalable la transparence, la confiance, l’adhésion voire la participation.

Elles manquent, tant les « élites » sont plus préoccupées d’imposer leurs choix, et bien sûr de se protéger, que de se livrer au « peuple » selon la démarche qu’elles dénoncent hypocritement sous le terme de « populisme ». Il faudra pourtant bien y aller au peuple, si l’on veut qu’il vous suive.    

Il manque aussi l’organisation, c’est-à-dire la mise en musique des réponses aux défis. Mais sur ce point le génie français, grâce à l’armature étatique qui le gêne tant par ailleurs, a toujours su produire les structures appropriées aux questions qui lui étaient clairement posées : que l’on se souvienne de la mise en place des industries nucléaires, aéronautiques ou du TGV.

Le rôle de l’Europe dans ce processus ne me paraît que second : des modèles existent en Europe, en Europe du Nord surtout mais aussi en Italie, qui peuvent nous inspirer, d’autres situations, comme celle de la Grèce, peuvent nous montrer quelles seraient les conséquences de nos renoncements. L’Europe peut aussi nous servir à nouer des alliances et à nous éviter de rester enfermé dans des logiques trop hexagonales. Mais je crains que ceux qui renvoient la solution de nos problèmes à la constitution d’une Europe fédérale ne nous parlent de calendes grecques que pour fuir la difficulté de résoudre ici et aujourd’hui les problèmes qui nous assaillent.

 

La question fondamentale reste, à mon avis, de mettre en place le processus qui nous permettra de nous imposer, face au monde, comme une source de solutions pour nous-même, pour l’Europe et pour le monde, plutôt qu’à nous résigner à devenir un espace de problèmes que le monde devra prendre en charge à notre place.

 

Sans revenir au temps où la France prétendait imposer sa conception de la République à l’Europe ou même au temps où elle prétendait apporter la civilisation à ses colonies, il n’est pas si loin le temps où la France, entre les USA et l’URSS, voulait offrir une troisième voie fondée sur l’indépendance énergétique, sur l’autonomie industrielle, sur la solidité monétaire et même sur une défense tous azimuts. Ce temps de la fierté recouvrée succédait à celui au cours duquel les gouvernements de la France couraient à Washington assurer leur fin de mois, un temps qui ressemble beaucoup au moment présent, qui voit les États européens aux pieds des banques.

L’histoire le montre donc, il est toujours possible de changer de chemin, à condition d’affirmer une volonté au nom d’une collectivité qui y adhère.

 

 

En allant voter dans quelques jours, pour choisir la tête de leur Président, les Français restent en attente de l’homme et de l’organisation qui permettront d’éviter que la France ne devienne un espace de problèmes sur lequel des experts étrangers se pencheront avec une  arrogante commisération, comme ils le font aujourd’hui sur la Grèce et comme j’espère très fort qu’ils ne vont pas le faire bientôt sur l’Espagne, puis sur la France. 

 

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What can we do about France (suite)?

12 Avril 2012 Publié dans #ACTUALITÉ

À la fin de mon blog précedent je concluais en observant que le problème de fond ne se situait pas dans la simple acceptation d’ajustements budgétaires, mais dans la mobilisation du pays  pour s’adapter au monde tel qu’il sera dans une ou deux générations.

 

Usa-China.jpgOr, sous la pression démographique et la croissance économique des trois autres continents, l’Europe en général et la France en particulier sont en train de changer de rôle dans le monde. Ils étaient au centre de la politique mondiale, ils n’y sont plus. Les débats sont ailleurs, entre les USA et la Chine, au Moyen Orient entre les puissances pétrolières, en Afrique avec le réveil du continent. Dans le reste du monde, tout le monde se fiche de ce qui se passe en Europe ou de ce que pense l’Europe des débats qui agitent le monde.

Non seulement l’Europe et la France n’ont déjà plus aucune importance politique, mais elles sont en train de perdre leur rôle de centre d’innovations techniques et de fournisseurs industriels. L’informatique, la télématique, Internet, les réseaux sociaux, tout ce qui a changé la communication entre les êtres humains leur a échappé. Elles n’en sont que les consommatrices, pas les conceptrices, sauf sur quelques créneaux limités, quelques chips, quelques jeux. Les machines-outils, l’automobile, la chimie, l’industrie nucléaire et aéronautique lui restent, à condition d’installer les usines en Asie, bientôt en Amérique du Sud et en Afrique et de transférer la technologie.     

En revanche, l’Europe comme la France demandent au reste du monde de leur fournir les capitaux qui leur manquent pour combler le déficit des États et renflouer les entreprises qu’elles vendent, bradent ou liquident. Il paraît désormais tout naturel que la Chine achète des emprunts grecs et que des entrepreneurs indiens possèdent notre industrie sidérurgique. L’Europe comme la France demandent au reste du monde de lui fournir ses ressources énergétiques en pétrole, en gaz et en uranium, devenant de plus en plus dépendantes du Moyen-Orient, de la Russie et de l’Afrique. Il en est de même pour leurs matières premières, à l’exception notable des produits alimentaires.

C’est ce que les experts de tout poil appellent par commodité la mondialisation, c’est-à-dire l’interdépendance entre les économies du monde. Ne voulant pas attirer l’attention sur les perdants et les gagnants de la mondialisation, ils se gardent d’affiner leur analyse en comparant les dépendances  relatives des différentes économies, qui restent, malgré la mondialisation, toujours nationales.

Ainsi se réfère t-on bien à  la Chine, et non à l’Asie dans son ensemble, pour évaluer sa dépendance énergétique et c’est bien de la production à bas prix chinoise dont  on ne peut se passer aujourd’hui sans voir s’effondrer le niveau de vie du reste du monde.

Ainsi les USA prennent-ils grand soin à dépendre le moins possible du reste du monde, quitte à utiliser la force militaire pour maintenir en leur faveur les rapports de force avec leurs « partenaires ».

Ainsi le Japon, dépendant de tous, a t-il su forger une indépendance culturelle et un niveau technologique de pointe qui lui permettent de résister aux pressions d’où qu’elles viennent, en particulier d’Asie.

Ainsi la Russie, puissance aux pieds d’argile, cherche t-elle son autonomie dans ses ressources énergétiques.

Ainsi l’Amérique Latine assure t-elle son développement dans une forte autonomie continentale.

Ainsi l’Afrique, forte de sa démographie, de ses ressources énergétiques et de sa pauvreté, n’est nullement en position de quémandeur.

Mais l’Europe et la France, si demandeurs par ailleurs, qu’ont-ils à offrir d’indispensable au monde ? des produits industriels dans des créneaux technologiques de plus en plus restreints, l’industrie du luxe et de la mode tant que la vieille Europe symbolisera le chic pour les autres continents, un site touristique de premier plan et le premier réceptacle d’immigration des trois autres continents. En somme, ce qu’attend le monde de la part de l’Europe, ce ne sont ni des matières premières, ni des produits industriels, ce ne sont que quelques produits alimentaires, du vin, des produits de luxe et d’être le régulateur démographique du reste du monde.

L’Europe et la France seraient rayées de la carte comme l’ont été les cent millions d’indiens d’Amérique que la marche du reste du monde n’en serait guère troublée, sauf quelque nostalgie pour un art de vivre oublié.

 

Il faut donc prendre acte que l’Europe comme la France sont en train de perdre toute maîtrise sur leur destin, une maîtrise dont ils disposaient presque totalement un siècle auparavant.

 

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What can we do about France?

10 Avril 2012 Publié dans #ACTUALITÉ

 

Tandis que je crains de lire, dans dix ans, dans vingt ans, un article à la une du China Daily, intitulé « What can we do about France ? what can we do about Europe ? », il semble bien que les enjeux de la prochaine élection présidentielle se résument, pour nombre de Français, à décider de la tête qu’ils verront le soir de l’élection et les cinq années suivantes. Et rien de plus.

 

EMEUTECela signifie qu’ils ont compris que leur avenir n’était nullement remis en question tous les cinq ans, en d’autres termes que leur vote n’avait aucune influence sur leur destin collectif. Puis, lorsqu’ils auront voté et que le gouvernement, une fois installé, commencera à prendre des décisions forcément désagréables, ils protesteront et ils se résigneront.

Il y a des  raisons à un tel comportement de citoyens qui ne sont pas plus irresponsables que d’autres, mais qui voient bien que la démocratie française n’est pas celle d’Abraham Lincoln, celle qui devrait être « d’un gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple ». En France, la démocratie se réduit à choisir la tête du prochain Président. Il suffit de se rappeler avec quelle désinvolture a été traitée par les « élites » l’opinion de la majorité des citoyens exprimée par le referendum sur la constitution européenne. Du coup, la difficulté à mobiliser malgré tout les énergies de personnes et de groupes que l’on dédaigne de consulter devient un problème majeur pour permettre au pays de répondre aux défis auxquels il doit faire face.

Pourtant les enjeux demeurent, en dehors de cette fameuse tête à sélectionner. Dans l’immédiat, ils sont d’ordre économique et n’offrent guère d’autres alternatives que la rigueur, sous forme d’accroissement des impôts et de baisses des dépenses. C’est ce constat qui inspire l’étonnement rituel de The Economist, étonnement qu’il a exprimé dans un article retentissant intitulé « A country in denial » le 31 mars dernier, un article qui lui permet de faire, comme d’habitude, la leçon aux Français. 

Dans cet article, le journal britannique observe que dans la zone euro, les Italiens, les Espagnols et bien sûr les Grecs sont conscients des problèmes économiques auxquels doit faire face leur pays. À contrario, le journal se dit frappé par le quasi-silence de la campagne électorale française sur « l’impasse économique désastreuse du pays » et par le constat que personne ne présente de programme « sérieux » pour « réduire le taux d’imposition pathétique de la France ». Pathétique !

Il nous rappelle que la France n’a pas équilibré son budget depuis 1974, si bien que sa dette publique s’élève à 90% du PIB, que la dépense publique atteint 56% du PIB, engloutit une plus grosse part de la production que dans n’importe quel autre pays de la zone euro, que le taux de chômage atteint des niveaux records et que les exportations stagnent. Nous savons tout cela par coeur.

Le journal constate aussi qu’avec la crise financière la France ne peut plus vivre à crédit, et nous menace de la fuite des  investisseurs devant le marché obligataire français si le prochain Président de la République ne poursuit pas assidûment un programme de réformes raisonnables…

On peut rassurer The Economist : la France poursuivra une politique de réductions des dépenses et d’accroissement des impôts, parce qu’elle n’a pas d’autre choix à court terme. Nul besoin de lire l’article condescendant de The Economist, tous les électeurs français le savent.

Mais si cette politique, aussi imbécile qu’obligatoire, dit beaucoup sur le laxisme passé, elle n’est pas en mesure de répondre aux défis du long terme, sauf au titre de condition préalable : s’il arrivait en effet  que les Français refusassent cette contrainte de court terme, à fortiori seraient-ils dans l’incapacité de se mobiliser pour résoudre leurs problèmes de fond, qui engagent le long terme…

 

En effet, le problème de fond ne se situe pas dans la simple acceptation d’ajustements budgétaires, mais dans la mobilisation du pays  pour s’adapter au monde tel qu’il sera dans une ou deux générations.

À SUIVRE...

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