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Le blog d'André Boyer
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L'UNION DES SOUMIS

5 Août 2025 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

L'UNION DES SOUMIS

L’humiliant accord concédé par la Commission Européenne à l’exécutif américain, 15% de droits de douane appliqués unilatéralement par les États-Unis à la grande majorité des produits exportés par les entreprises de l’UE, sans compter l’engagement d’investir fortement aux États-Unis et d’acheter un volume conséquent de gaz et de pétrole américain, consacre une concession considérable de l’UE aux États-Unis.

 

S’interroger sur le pourquoi ne présente aucun intérêt, puisque l’on connait la réponse d’avance : l’UE est en position de faiblesse vis-à-vis des États-Unis, eux-mêmes en perte de vitesse. En revanche, le constat et les conséquences que les membres de l’UE devront en tirer nous importent, car l’UE se trouve en position de faiblesse face à ses principaux partenaires sur plusieurs sujets stratégiques :

  • Au plan militaire, l’UE est en position de faiblesse vis-à-vis de la Russie, à laquelle elle s’oppose. Seule l’alliance américaine lui assure une position équilibrée, si les États-Unis veulent bien engager leurs forces pour la défendre, ce qu’ils feront de moins en moins. Pour y répondre, elle prétend s’imposer un important effort de dépenses d’armement au profit principal des États-Unis, qui aura pour effet de l’affaiblir un peu plus au plan économique.
  • Au plan industriel, l’UE est en position de faiblesse vis à vis de la Chine qui lui fournit la grande majorité des produits industriels qu’elle consomme. Elle en est si dépendante qu’elle se révèle incapable d’appliquer des droits de douane aux produits importés qui menacent les lambeaux résiduels de son industrie, comme l’automobile, et qu’elle n’envisage aucun projet de protection économique.
  • Au plan démographique, elle n’a d’autre politique que de s’ouvrir à l’immigration. Aux frontières des États-Unis, ses policiers et ses douaniers veillent. À celle de l’UE, ils veillent à supprimer les barrières.

Si l’UE ne protège pas ses citoyens, elle protège en revanche des principes comme la liberté de commerce, l’égalité de concurrence, la protection de l’écologie. À cet effet, elle édicte un flot continu de règlements pour contraindre ses citoyens et ses entreprises à les respecter. En matière de contraintes internes, l’UE ne manque ni de force, ni de projet et elle ambitionne d’exercer un pouvoir croissant sur les citoyens, d’accroitre les impôts communautaires, tout en élargissant son espace communautaire, en Ukraine ou dans les Balkans.

Si les avantages de l’UE existent, comme l’euro géré par la BCE, le droit d’installation, le téléphone ou Erasmus, il lui manque un attribut fondamental, la protection de ses membres, que ce soit aux plans stratégiques, économiques ou démographiques, ce qui affaiblit fortement sa légitimité.  

Nous connaissons tous la réponse des fédéralistes à ce problème : transformer l’UE en État Fédéral, mais c’est une réponse juridique à un problème politique redoutable qui implique de rassembler les forces à l’intérieur de l’UE pour les déléguer à un pouvoir légitime, tandis que la réponse des souverainistes consiste au contraire à déconstruire l’UE.

L’avenir nous fournira sa réponse, vers une Union fédéraliste, une Union des nations ou le maintien d’une Union mixte comme aujourd’hui, mais le présent impose à l’UE de réparer les dégâts provoqués par un système qui s’est fourvoyé dans la priorité de ses objectifs.

Au lieu de prétendre défendre des principes au détriment de ses membres, l’UE doit placer la protection de ces derniers en tête de liste de ses priorités.

Dans cet ordre d’idée, il me semble qu’un processus en trois étapes s’impose :

1 Après un tel camouflet subi par ses instances, l’UE a besoin d’un bouc émissaire, au sens de René Girard*. Cela signifie le départ de Madame von der Leyen de la Présidence de la Commission Européenne. Elle devrait être remplacée par une personnalité forte et qui ne soit pas de nationalité allemande, tandis que son départ devrait être suivi d’une refonte de la Commission composée de personnalités capables de défendre les intérêts de l’UE.

2 Le traité signé par l’UE avec les États-Unis risque de ne pas être ratifié ou de provoquer de fortes tensions entre ses membres. Il faudra donc une renégociation de l’accord États-Unis-Europe comprenant des droits de douane symétriques avec les États-Unis et l’implémentation d’une relation économique et commerciale équitable avec la Chine.

3 La situation stratégique de Europe est étroitement liée aux relations avec la Russie. Même si les États-Unis souhaitent, avec la Grande-Bretagne, le maintien d’une situation conflictuelle avec cette dernière, le retrait américain impose la négociation d’un modus vivendi entre l’UE et la Russie pour rétablir une situation stratégique équilibrée.

En résumé, l’UE doit prendre en compte la dégradation de sa position mondiale ainsi que celle des États-Unis et en tirer les conséquences pour assurer au mieux la protection de ses citoyens et de ses entreprises.

 

Mais si, par manque de réalisme, ces actions tardaient à venir, la situation économique, sociale, stratégique et politique ne pourra que s’aggraver au sein de l’UE, avec la France en tête de liste.

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