MA CANDIDATURE À LA PRÉSIDENCE DE L'UNIVERSITÉ DE NICE
Au printemps 2004, trois ans après ma candidature à la direction de l’IUFM, je me présentais cette fois à la Présidence de l’Université de Nice Côte d’Azur.
Entre ces deux dates j’avais conduit d’autres actions sur lesquels je reviendrai ultérieurement, mais l’on voit que ma quête de responsabilité manageriale ne s’était pas estompée.
Notre Université avait successivement été dirigée, depuis 1971 jusqu’à l’élection d’avril 2004, successivement par les professeurs Jean-Claude Dischamps, mon directeur de thèse et ami, Jean Touscoz avec qui j’avais créé l’université du troisième âge, Marcel Azzaro, Michel Bornancin, Jean-Pierre Laheurte et Geneviève Gourdet. Il me semblait que je pouvais avoir ma place dans cette cohorte et surtout que je pouvais faire des propositions utiles à l’Université de Nice.
En particulier, je voulais que la Présidence se rapproche du personnel de l’université et qu’elle apporte un soutien prioritaire à la Faculté de Lettres, qui me semblait alors le maillon faible de notre établissement. Naturellement, je ne perdais pas de vue les étudiants, mais je n’oubliais pas que le Président était en relation indirecte avec eux par l’intermédiaire des membres du personnel, avec lesquels je devais agir.
Il est inhérent à une campagne électorale de se faire des illusions sur ses chances d’être élu, car qui peut combattre avec la conviction de perdre ? Par rapport à ma candidature à l’IUFM, j’avais l’avantage d’être chez moi à l’université ; de plus mon profil de gestionnaire ainsi que mes expériences de direction me semblaient positives pour la présidence de l’université. J’avais aussi une image moins engagée à gauche que la majorité des candidats et cela était un handicap.
Les axes qui déterminaient les votes étaient ceux de la solidarité de campus, Droit, Sciences, Médecine, Lettres, IUT, qui jouaient plus que la solidarité de discipline : aucun candidat ne pouvait attendre de soutien de ses collègues directs. Plus surprenant, de mon point de vue, apparaissait la solidarité syndicale : ses membres accueillaient favorablement mes propositions et ma personne, mais ils voteraient systématiquement pour un syndiqué. Il m’apparaissait donc que j’obtiendrai des votes dispersés, sauf pour les représentants extérieurs à l’université qui représentaient la ville de Nice, le Conseil Général ou la Chambre de Commerce où j’étais largement majoritaire. En somme, je risquais de devenir le représentant des membres extérieurs du Conseil de l’Université de Nice : drôle de position !
Cependant, j’avais un certain poids, au moins à l’intérieur du campus Droit, comme l’anecdote suivante le montre : en face de la porte d’entrée ouest du campus Droit, il y avait un contrôle visuel des entrées qui s’effectuait par l’intermédiaire d’un agent installé dans un bureau particulièrement sombre, car sans fenêtre. Malgré de nombreuses réclamations, le personnel technique de l’université affirmait en effet qu’il était impossible de percer une fenêtre en raison de la densité des câbles tirés sur les murs du local.
Au cours des réunions de ma campagne électorale, je pris à plusieurs reprises cet exemple pour montrer au personnel que l’administration de l’université ne s’occupait guère de son bien être, puisqu’elle tolérait que les personnels affectés dans ce local y passassent la journée, éclairés par une ampoule électrique plutôt que par la lumière du jour et que si j’étais élu président, que cela soit « impossible » ou pas, je ferai percer une fenêtre.
Au bout de deux ou trois semaines de campagne, l’administration me donna raison tout en m’empêchant définitivement de réaliser ma promesse, élu ou non élu : elle fit percer, séance tenante, cette fenêtre espérée depuis des années par les occupants du local. J’avais fait quelques heureux et démontré qu’en jargon administratif le terme « impossible » n’était qu’un mot paravent.
L’élection eut lieu fin avril 2004. Il y avait une douzaine de candidats. À chaque tour, il était d’usage que le candidat le moins bien placé se retire. Au bout de sept tours de scrutin, il ne restait plus que trois candidats, Albert Marouani, Jean-Michel Lemaire et moi-même. J’étais le troisième en nombre de voix et c’était donc à moi de me retirer.
J’usais alors d’un droit indiqué dans le règlement qu’aucun de mes prédécesseurs n’avait encore utilisé : je pris la parole pour indiquer, avec un humour qui ne fut guère perçu par les membres du Conseil d’Administration de l’Université de Nice qui constituaient le corps des électeurs. Ils étaient en effet tendus par l’enjeu, si bien que lorsque je déclarais que, de mon point de vue, le meilleur des candidats en lice était moi-même, je n’obtins aucun sourire ; j’ajoutais illico que, puisque les électeurs n’en avaient pas jugé ainsi, je considérais que, parmi les deux autres candidats, Albert Marouani présentait de meilleures garanties que Jean-François Lemaire en tant que Président, pour des raisons que je spécifiais. Je demandais enfin à mes électeurs de reporter sur Albert Marouani au tour suivant les suffrages qu’ils m’avaient apporté.
Le tour suivant, le huitième tour, Albert Marouani fut immédiatement élu et ma déclaration fit que je me retrouvais sans le vouloir du côté des vainqueurs, alors que je venais d’être vaincu.
Albert Marouani me sollicita pour lui apporter mon concours en tant que conseiller, ce que j’acceptais bien volontiers avant de me retirer discrètement quelques mois plus tard, pour lui laisser les mains libres. Il se révéla un bon Président puisque son mandat fut renouvelé en 2008, et je reste aujourd’hui son ami.
À SUIVRE
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