Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog d'André Boyer

La Constitution du 4 novembre 1848

28 Avril 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

La Constitution du 4 novembre 1848

UNE SI BELLE CONSTITUTION...

 

À l’occasion du vote de la Constitution, l’Assemblée Constituante définit le rôle du pouvoir exécutif qui est confié au président de la République qui va être élu au suffrage universel quelques semaines plus tard.

Il aura un mandat de quatre années, non renouvelable avant quatre autres années ; il nommera et révoquera les ministres, mais ne pourra pas dissoudre l’assemblée unique de 750 représentants rééligibles, élus au scrutin de liste pour trois ans, qui détient le pouvoir législatif.

Cette Constitution du 4 novembre 1848 était d’ailleurs fort instructive, dont le préambule permettait de saisir les motivations des Constituants :

« En présence de Dieu et au nom du Peuple français, l'Assemblée nationale proclame :

I. La France s'est constituée en République. En adoptant cette forme définitive de gouvernement, elle s'est proposée pour but de marcher plus librement dans la voie du progrès et de la civilisation, d'assurer une répartition de plus en plus équitable des charges et des avantages de la société, d'augmenter l'aisance de chacun par la réduction graduée des dépenses publiques et des impôts, et de faire parvenir tous les citoyens, sans nouvelle commotion, par l'action successive et constante des institutions et des lois, à un degré toujours plus élevé de moralité, de lumières et de bien-être.

II. La République française est démocratique, une et indivisible.

III. Elle reconnaît des droits et des devoirs antérieurs et supérieurs aux lois positives.

IV. Elle a pour principe la Liberté, l'Égalité et la Fraternité. Elle a pour base la Famille, le Travail, la Propriété, l'Ordre public.

V. Elle respecte les nationalités étrangères, comme elle entend faire respecter la sienne ; n'entreprend aucune guerre dans des vues de conquête, et n'emploie jamais ses forces contre la liberté d'aucun peuple.

VI. Des devoirs réciproques obligent les citoyens envers la République, et la République envers les citoyens.

VII. Les citoyens doivent aimer la Patrie, servir la République, la défendre au prix de leur vie, participer aux charges de l'État en proportion de leur fortune ; ils doivent s'assurer, par le travail, des moyens d'existence, et, par la prévoyance, des ressources pour l'avenir ; ils doivent concourir au bien-être commun en s'entraidant fraternellement les uns les autres, et à l'ordre général en observant les lois morales et les lois écrites qui régissent la société, la famille et l'individu.

VIII. La République doit protéger le citoyen dans sa personne, sa famille, sa religion, sa propriété, son travail, et mettre à la portée de chacun l'instruction indispensable à tous les hommes ; elle doit, par une assistance fraternelle, assurer l'existence des citoyens nécessiteux, soit en leur procurant du travail dans les limites de ses ressources, soit en donnant, à défaut de la famille, des secours à ceux qui sont hors d'état de travailler. 
En vue de l'accomplissement de tous ces devoirs, et pour la garantie de tous ces droits, l'Assemblée nationale, fidèle aux traditions des grandes assemblées qui ont inauguré la Révolution française, décrète, ainsi qu'il suit, la Constitution de la République… »

 

Qui ne souscrirait aujourd’hui à une aussi belle déclaration d’intention, et si raisonnable ? 

Lire la suite

QUE FAIRE DE L'UNION EUROPÉENNE?

24 Avril 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

QUE FAIRE DE L'UNION EUROPÉENNE?

CONSTRUIRE UN PONT VERS L'AVENIR...

 

Que faire de l’UE en tant que citoyen français, alors que la France protectrice d’autrefois n’est plus?

 

Est-il envisageable de laisser l’Union européenne poursuivre sa marche mortifère sur un chemin que nous connaissons bien :

Une UE toujours plus vassale des Etats-Unis au plan commercial et stratégique.

Une UE baudruche, enflant encore en s’adjoignant la Turquie et l’Ukraine pour devenir une zone sans frontière ouverte à tous les migrants du monde.

Une UE toujours plus mélangée, agitée de conflits entre les races, les nationalités et les religions.

Une UE de plus en plus coupée en deux, entre les gagnants de la compétition économique comme l’Allemagne et les perdants comme la Grèce.

Une UE sans tête, où des bureaucrates, de plus en plus terrorisés par les risques de la démocratie, prennent en cachette des décisions qu’ils veulent irréversibles pour des populations qui oscillent entre résignation et révolte.

Un tel système, quadruplement déséquilibré aux plans stratégique, géopolitique, culturel et économique n’aurait aucune chance de résister dans la plus étale des conjonctures, mais que dire de son espérance de survie alors que les vents de l’histoire se remettent à souffler?

Les vents sont devenus violents en effet : la  concurrence  économique issue de la mondialisation exerce une pression croissante sur une grande part des économies d’une UE furieusement libérale. Les pressions démographiques augmentent au Sud de l’Europe, obligeant l’UE à réagir où à se coucher. Des mouvements religieux radicaux veulent imposer, au prix du terrorisme, leur vision du monde à des populations de vieilles cultures chrétiennes. Enfin, les Etats-Unis accroissent leur étreinte stratégique sur l’UE afin de renforcer leur position face à la confrontation qu’ils organisent avec la Russie et la Chine.

Face à ces défis, l’UE apparaît passive, objet plutôt que sujet de l’histoire, mollement tyrannique pour ses sujets à qui elle fait payer le coût de ses capitulations face aux puissances qui la pressent, Etats-Unis, Chine et même Turquie.

Une telle perspective n’est en rien rassurante, en particulier pour des Français qui ont la culture d’un État fort et qui ne regardent pas vaciller l’UE sans frémir. Ils en sortiraient probablement si on le leur demandait, mais comment s’en échapper quand la France se trouve au centre géographique de l’Europe ? Ce serait l’effondrement total d’un système européen qui pourrait difficilement survivre à la sortie de la Grande Bretagne, mais sûrement pas à celui de la France.

Une telle sortie impliquerait que la France dispose à la fois d’un programme alternatif qui permette de reconstruire une nouvelle Europe et de la force suffisante pour rassembler ses partenaires autour d’elle. Une telle perspective semble hors de portée, compte tenu des rapports de force avec une Allemagne qui chercherait dans de telles circonstances à constituer un glacis économique autour d’elle avec l’Est et le Nord de l’Europe.

Faut-il donc rester dans l’UE en la réformant? Pour que l’UE devienne un sujet de l’histoire au service de ses citoyens, la seule réforme qui vaille est celle du pouvoir européen. La sournoise méthode Monnet doit enfin laisser la place à la clarté démocratique. L’exécutif européen, avec des pouvoirs clairement délimités, doit être élu et contrôlé par une assemblée également élue. 

Ce n’est qu’à cette condition que ce pouvoir européen pourra devenir indépendant, définir l’espace doté de frontières réelles dans lequel il exerce une souveraineté limitée par celle des États, s’adresser à des peuples qui auront le pouvoir de l’approuver ou de le congédier et proposer à terme de redistribuer les richesses et le travail entre les nations dont il faut commencer par accepter l’existence et la pérennité.

L’Union Européenne a eu le mérite de révéler la volonté d’union des peuples européens. Elle a aussi eu l’avantage d’explorer les voies à ne pas suivre pour avancer dans l’union. Il appartient aujourd’hui aux peuples européens de contraindre leurs politiciens à concevoir un système qui leur soit adapté, aussi loin de l’anti modèle américain que d’un anti modèle chinois à qui, contrairement au premier, il n’est venu jusqu’ici à l’idée de personne de se référer.

 

Les peuples sont sans cesse à la recherche de pouvoirs qui les protègent, tandis qu’ils fuient ceux qui les angoissent, les oppriment, ou pire encore, les terrorisent. C’est pourquoi la clé de la survie de l’Union Européenne réside dans sa capacité à rassurer ses populations, une capacité quasi nulle aujourd'hui...

Lire la suite

Cavaignac remporte la première manche

17 Avril 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

Cavaignac remporte la première manche

LE GENERAL CAVAIGNAC ET SON ÉTAT MAJOR

 

Fin juin 1848, la gauche révolutionnaire avait été mise hors jeu avec l’aide de l’armée dirigée par le général Cavaignac.

 

Louis-Eugène Cavaignac (1802- 1857), fils de Jean-Baptiste Cavaignac, un député montagnard de la Convention proche de Robespierre sous la Terreur, est réputé « bon républicain » du fait de sa filiation.

Son frère, journaliste au National, est d’ailleurs l’un des chefs du parti républicain, tandis qu’il affiche en tant qu’officier son républicanisme héréditaire pendant les Trois Glorieuses.

En 1848, il est élu député à la Constituante. Le 23 juin, il est investi du commandement des forces armées contre les insurgés du Faubourg Saint-Antoine, puis nommé président du Conseil des Ministres par l'Assemblée constituante après le « succès » de la répression.

Candidat au nom des républicains modérés à la présidence de la République, il sera surpris d’être distancé par Louis-Napoléon Bonaparte. Il est néanmoins réélu député, mais arrêté au moment du coup d'État du 2 décembre 1851, ce qui ne l’empêchera pas de poursuivre une carrière politique sous le Second Empire.

Si les ouvriers subissent la répression, les paysans ne sont pas pour autant satisfaits de la République. Le désordre parisien ne leur dit rien qui vaille et ils ne veulent pas payer la note du chômage des ouvriers. Les élections partielles le montrent, qui consacrent la victoire des orléanistes et des légitimistes, avant le vote pour l’élection du président de la République, le 10 décembre 1848.

Au cours de cette élection, Changarnier est candidat pour les légitimistes, Cavaignac au nom des républicains d’ordre, Lamartine représente les républicains de progrès, Ledru-Rollin et Raspail sont les champions désunis de la gauche, et Louis-Napoléon Bonaparte ne représente officiellement que lui-même, mais il avait été élu député le 5 juin 1848 à la surprise générale, dans quatre départements, dont la Corse. Or, il était machiavéliquement soutenu par les royalistes. Tocqueville note dans ses Souvenirs, qu’Adolphe Thiers disait de Louis-Napoléon Bonaparte que c’était « une espéce de crétin que nous mettrons de côté dés qu’il ne pourra plus nous servir. »

Que de drames, la fatuité des grands hommes a t-elle provoquée !

Avant le scrutin présidentiel, l’Assemblée Constituante adopta la Constitution à une très large majorité, par 733 voix contre 42.

À cette occasion, elle définit le rôle du pouvoir exécutif qui est confié au président de la République qui va être élu au suffrage universel quelques semaines plus tard. Il aura un mandat de quatre années, non renouvelable avant quatre autres années ; il nommera et révoquera les ministres, mais ne pourra pas dissoudre l’assemblée unique qui détient le pouvoir législatif. Ce pouvoir législatif est en effet confié à une assemblée unique de 750 représentants rééligibles, élus au scrutin de liste pour trois ans.

La constitution votée, le match pouvait commencer entre les prétendants et l’on verrait bien ce que le gagnant ferait de ce bout de papier !

Lire la suite

UNE UNION EUROPÉENNE PROTECTRICE?

12 Avril 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

UNE UNION EUROPÉENNE PROTECTRICE?

VINGT HUIT PEUPLES EN QUÊTE DE PROTECTION

 

Il s’agissait, et il s’agit toujours, de continuer dans le droit chemin de l’UE, nouvelle église autour de laquelle doivent se rassembler tous les Européens, en écrasant en route les obstacles semés par les non croyants.

 

Un bon exemple de la démarche précédente, qui a l’avantage d’appartenir à l’actualité immédiate, est celui du referendum néerlandais sur l’accord entre l’UE et l’Ukraine. Deux tiers des votants néerlandais se sont prononcés contre. Après avoir relevé que ces votants étaient peu nombreux et que le vote n’était que consultatif afin de souligner le peu d’intérêt à accorder à ce résultat, le président Jean-Claude Juncker s’est contenté d’exprimer sa tristesse, François Hollande et Angela Merkel assurant de leur côté qu’ils continueraient à appliquer l’accord sur L’Ukraine.

Aucune interrogation sur les raisons de ce résultat.

Aucun doute de la part de politiciens, qui savent pourtant que la majorité de leurs électeurs respectifs sont hostiles aux décisions qu’ils ont prises, si bien qu’ils se gardent de les consulter dans la mesure du possible. Le comportement des dirigeants européens rappelle dés lors celui des dirigeants soviétiques qu’aucun doute n’effleurait non plus, jusqu’à ce que toute leur machinerie s’effondre d’un coup.

La différence entre les deux systèmes, soviétique et européen, réside dans les moyens employés, brutaux pour le premier et doucereusement mesurés pour le second, mais pas dans l’objectif, car, comme le souligne Emmanuel Todd dans la préface de son ouvrage, (L’invention de l’Europe, 1995) : « Il y a, dans l’idéologie de l’unification, une volonté de briser les réalités humaines et sociales qui rappelle, étrangement mais invinciblement, le marxisme-léninisme. Lui aussi mêlait un projet de transformation économique à un souverain mépris des diversités culturelles et nationales. »

De quel projet s’agit-il donc ?

En principe d’unir des sociétés afin qu’elles soient plus fortes ensemble.

Mais le paradoxe est que la plupart d’entre elles sont affaiblies par le processus même de l’union.

C’est du moins la situation de la France, privée depuis un quart de siècle de régulation monétaire interne au nom du Franc fort préparatoire à l’union monétaire, puis au nom de L’Euro. Pourquoi croyez vous donc que son industrie se soit affaissée, que son agriculture vacille, que le nombre de chômeurs augmente sans cesse, que la croissance ait pratiquement disparue et que son déficit commercial atteigne des sommets, si ce n’est en raison des contraintes que lui impose l’Union Européenne par les biais de l’euro et du libre échange ? C’est miracle, grâce à la résilience des Français, qu’elle ne se soit pas encore effondrée, comme l’économie et la société grecque. 

Qui croit encore que le processus d’unification de l’Europe sous la bannière de l’UE aura pour effet de renforcer le niveau de vie et le pouvoir des européens? Tout au plus le risque de marche arrière est-il présenté comme insurmontable, afin de neutraliser des opinions publiques de plus en plus hostiles aux projets de l’UE, que ce soit son élargissement en cours de préparation à l’Ukraine et à la Turquie ou l’inquiétant traité de commerce secrètement négocié entre les Etats-Unis et l’Europe.

Où se cache la dynamique européenne ? Pas au sein des populations de l’UE, qui élisent ici des dirigeants hostiles comme en Pologne, votent là contre les décisions de l’UE comme aux Pays-Bas ou s’interrogent ailleurs sur l’opportunité de quitter l’UE comme en Grande-Bretagne.

Aussi, toutes les élections en Europe sont désormais présentées comme des menaces pour l’Union Européenne, les électeurs exprimant de plus en plus leurs craintes vis à vis du projet porté par l’UE, des craintes qui atteignent leur paroxysme avec la « crise » des réfugiés.

Cette dernière montre en effet jusqu’à la caricature le contenu du projet européen. En appelant les réfugiés à se diriger vers l’Allemagne, Angela Merkel a révélé la vision qu’elle avait de l’Allemagne : un pays sans peuple, qui a par contre besoin de toujours plus de main d’œuvre à bas coût.

L’appel d’Angela Merkel a également mis en lumière la disparition des frontières de l’Union Européenne, puisqu’elle en est réduite, pour juguler le flot croissant de migrants qui rejoignent l’Allemagne et l’UE, à céder au chantage de la Turquie pour que cette dernière veuille bien cesser de les lui envoyer.

Dans ces conditions, l’UE apparaît, pour une proportion croissante de citoyens, non pas comme une puissance protectrice au service de ses membres,  mais comme un danger incontrôlable qui rôde au-dessus de leurs emplois, de leur style de vie, de leur liberté, et finalement de leur sécurité physique.

 

Aussi les citoyens européens en général, et français en particulier, se trouvent-ils de plus en plus coincés entre un impossible retour en arrière et l’incontrôlable fuite en avant d’une Union Européenne dépassée par des évènements qu’elle n’a pas su anticiper, qu’elle ne parvient pas à réguler et qui menacent directement leur sécurité.

 

À SUIVRE

Lire la suite

La gauche hors jeu

10 Avril 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

La gauche hors jeu

EMEUTE ET BARRICADES AU QUARTIER SAINT ANTOINE

 

Les républicains de gauche et les socialistes avaient perdu les élections le 23 avril 1948. Ce n’était pas étonnant.

 

En effet, Tocqueville observe dans ses souvenirs que « Paris et ceux qui parlaient en son nom avaient tellement abusé de sa puissance, et semblaient tenir si peu de compte du reste du pays, que l'idée de secouer le joug et d'agir enfin par eux-mêmes se présentait à beaucoup d'esprits qui ne l'avaient jamais conçue (...). On voulait aller aux élections, car choisir des ennemis de la démagogie parisienne se présentait moins aux esprits comme l'usage régulier d'un droit que comme le moyen le moins dangereux dont on pouvait se servir pour affronter le maître. »

 

Les socialistes, qui ne se résignaient pas au verdict du suffrage universel, organisèrent le 15 mai 1848 une manifestation de cent mille personnes qui marcha sur le Palais-Bourbon, officiellement pour soutenir l’indépendance polonaise.

Ils commencèrent par proclamer la dissolution de l’Assemblée constituante avant d’investir l’Hôtel de Ville pour y proclamer un nouveau gouvernement.

Mais la garde nationale reprit successivement le contrôle du Palais-Bourbon et de l’Hôtel de Ville, arrêta les chefs de la tentative de putsch, Barbés, Blanqui, Raspail, Sobrier, Louis Blanc, Albert, Hubert, et écarta le préfet de police Caussidière, complice de la tentative insurrectionnelle.

Les conséquences de cet échec de l’insurrection furent instantanées : trois mois après la chute de Louis-Philippe, la République fit déjà marche arrière sur ses engagements de mars. Dés le 30 mai, l’expansion des Ateliers nationaux était freinée ; trois semaines plus tard, ils étaient quasiment dissous. L’émeute explosa le 23 juin, des barricades furent érigées, l’armée entra dans Paris et des volontaires arrivèrent de province pour combattre l’insurrection.

Tocqueville, encore lui, observe dans ses Souvenirs que « Par tous les chemins que les insurgés ne commandaient pas, entraient alors dans la ville des milliers d'hommes accourant de tous les points de la France à notre aide. Grâce aux chemins de fer, il en venait déjà de cinquante lieues, quoique le combat n'eût commencé que la veille au soir. »

L’Assemblée décréta l’état de siège et remit les pleins pouvoirs au général Cavaignac. Le 26 juin, le faubourg Saint-Antoine était pris d’assaut par l’armée et la garde nationale. 1600 soldats et gardes nationaux avaient été tués par les insurgés qui avaient perdu de leur côté 5500 tués ou fusillés, 11000 personnes avaient été  arrêtées et 4348 étaient déportées en Algérie.

 

Le 28 juin Cavaignac était nommé président du Conseil des ministres par l’Assemblée. Il forma son gouvernement, prolongea l’état de siège et prit de nombreuses mesures répressives contre les ouvriers et les journaux qui les soutenaient.

Les Ateliers nationaux étaient dissous, un passeport était imposé aux ouvriers qui voulaient changer de département, la journée de 12 heures était rétablie. Une commission était créée pour surveiller les théâtres, une loi établissait le contrôle du fonctionnement des clubs, les journaux devaient à nouveau déposer une caution pour avoir le droit de publier et une loi était promulguée sur les crimes et délits commis par voie de presse, qui punissait les attaques contre les institutions, la liberté des cultes, la propriété et la famille.

 

La Révolution de 1848 était terminée. Elle avait duré 4 mois et trois jours, du 25 février au 28 juin. La gauche révolutionnaire avait successivement démontré qu’elle était aussi incapable de prendre le pouvoir que de gouverner. 

Lire la suite

LA MISE EN OEUVRE SUBREPTICE D'UN SYSTÈME EUROPÉEN

6 Avril 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

LA MISE EN OEUVRE SUBREPTICE D'UN SYSTÈME EUROPÉEN

LA CONSTRUCTION EUROPÉENNE PROGRESSE À PAS DE LOUP

 

La société française possède encore de beaux restes, mais ses efforts de maquillage peinent de plus en plus à cacher ses faiblesses croissantes.

 

Ne vous attendez pas à ce que je dresse la liste des défaillances françaises, des retards de la SNCF à la dégradation du système éducatif en passant par les abandons successifs des missions de service public, car tout le monde les connaît et la plupart d’entre nous en savent les causes, qu’ils veuillent se l’avouer ou non.

Au reste, les livres d’analyse et de témoignages sur la faillite du "système français" paraissent à un rythme de plus en plus soutenu, presque un par jour actuellement, témoignant de l’étendue croissante des difficultés et de l’intérêt de plus en plus vif des lecteurs pour des diagnostics qui retiennent leur assentiment.

Il me semble que chacun, quelle que soit la solution qu’il propose, adaptation de la France à la mondialisation ou rejet de cette dernière, s’accorde à imputer la cause globale de cet affaissement du "système France" à la gaucherie avec laquelle ce dernier s’insère dans la mondialisation, depuis que la chute du mur de Berlin a radicalement modifié le cadre stratégique, politique, économique et social de notre pays.

Auparavant, le système français était ancré à un ensemble occidental qui se trouvait en compétition avec le système soviétique, tandis qu’un nombre important de pays jouaient un rôle d’arbitres en tant que « Pays non alignés». Mais, après 1989, l’influence de l’Ouest est devenue mondiale et la France a été entrainée dans le flux de ce changement, ses élites croyant qu’il était nuisible d’y résister et donc qu’il était relativement profitable de se laisser flotter au fil du courant.

Il s’y est abimé.

Pour protéger la société française, les élites françaises se sont en effet facilement convaincues, d’autant plus qu’il suffisait pour cela de s’aligner sur le pays le plus fort, les Etats-Unis, que le modèle que devait suivre la France était celui de la société américaine et que l’Union Européenne était le cadre adapté pour créer des Etats-Unis d’Europe dans lesquels les nations s’effaceraient progressivement pour devenir des régions européennes.

Le futur de la France s’inscrivait dans ce cadre et nulle part ailleurs, toute résistance étant automatiquement qualifiée de passéiste.

Nos élites ont appliqué ce programme, en particulier avec l’accord de Schengen de libre circulation intérieure, l’Euro, la Constitution Européenne, mais aussi au travers de milliers de micro décisions qui visaient toutes à faire disparaître les résistances nationales.

Cependant, lorsqu’il s’est agi de passer à une coopération politique, sociale, fiscale ou militaire plus étroite, le système européen s’est enrayé du fait de réflexes de défense étatiques ou populaires, comme l’a par exemple montré le rejet majoritaire des électeurs français du projet de Constitution Européenne.

Les élites, toutes à leur conviction initiale, n’en ont pas conclu pour autant que le système européen d’adaptation à la mondialisation avait atteint ses limites, qu’il fallait le ralentir, l’adapter ou faire marche arrière, mais qu’il devait être poursuivi coûte que coûte en cachant les décisions stratégiques à la population et en prenant le pari que la résistance des pouvoirs étatiques et des populations s’affaiblirait avec le temps.

Deux exemples l’illustrent, la négociation sur le Traité transatlantique conduite encore aujourd’hui en catimini et celle qui devrait mener à terme à l’adhésion future de la Turquie à l’Union Européenne, qui, en ce moment même, vient de franchir un nouveau palier avec la suppression des visas Schengen pour les détenteurs d’un passeport turc.

 

Tandis que l’intégration européenne progressait à pas de loup selon la technique dite « Jean Monnet », le système européen générait, à côté de fragiles effets positifs, des effets négatifs de plus en plus sévères pour un nombre croissant de membres de l’Union Européenne.  

À SUIVRE

Lire la suite

PAIN AU CHOCOLAT

3 Avril 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE

PAIN AU CHOCOLAT

L'HISTOIRE D'UN PAIN AU CHOCOLAT DUREMENT OBTENU

 

La veille du 1er avril, sortant de la Faculté de Droit,  la conscience tranquille et le ventre vide, je décidais d’acheter un pain au chocolat sur mon chemin, en l’occurrence l’avenue de la Californie.

 

Je me présentais à une première boulangerie proche du carrefour Magnan. À cette heure tardive, 18 heures, elle ne disposait plus de pains au chocolat. Normal.

J’en sortis pour me diriger vers une deuxième boulangerie sur le même trottoir, deux cent mètres plus loin, espérant y trouver mon bonheur. Las, depuis mon dernier passage elle s’était transformée en boulangerie orientale. Si elle débordait de gâteaux mielleux, pas de pains au chocolat en vue.

Gardant la foi, je n’hésitais pas à entrer dans l’hôpital Lenval où je savais que l’on trouvait une boutique offrant entre autres des viennoiseries. Mais voilà, malgré l’horaire affiché qui indiquait son heure d’ouverture jusqu’à 19 heures, elle était fermée à 18 heures 05.

Sans me démonter, je traversais l’avenue de la Californie, à mes risques et périls compte tenu de l’intensité des chantiers en vue du futur tramway, pour atteindre un coffee shop où je voyais de mes yeux trois pains au chocolat en vitrine. La coffee shop girl jouait avec un chien devant la boutique, un chien dont elle me vanta les mérites. Mais lorsque je lui demandais un des,pains au chocolat qu’elle exposait dans sa vitrine, ne daignant pas lâcher le chien pour  un aussi faible revenu, elle m’indiqua sèchement que le coffee shop que je voyais ouvert devant mes yeux, était…fermé. 

J’avoue que ma foi vacilla un instant. Mais je me repris. Je partis vaillamment à l’assaut de la dernière boulangerie placée sur ma route, au coin de la Californie et de Fabron. J’y entrais avant de faire la queue, comme toujours. C’est que le système de paiement sophistiqué qui consiste à insérer des pièces ou des billets dans une machine prend du temps. Il s’agit apparemment d’empêcher que les employés empochent le montant des ventes, ce qui témoigne brillamment de la confiance limitée des artisans qui l’utilisent dans leur capacité à recruter des employés honnêtes. Le revers de la médaille est qu’il faut quatre fois plus de temps pour encaisser que pour servir un pain.

J’arrive enfin face à la vendeuse à qui je demande l’un de pains au chocolat que je vois dans la vitrine à ma droite. Elle opine tout en me demandant de payer d’abord. C’est bien naturel pour un produit aussi précieux. J’insère une pièce dans la machine qui daigne, après un temps d’hésitation, me rendre la monnaie assez bas pour me permettre un bon petit exercice de flexion. Elle se dirige alors vers une étagère à gauche et me livre effectivement, malgré ma surprise, un authentique pain au chocolat.

Merci la machine, merci la vendeuse, je  sors prestement de la boulangerie, tourne à gauche vers ma demeure, enfourne le pain au chocolat dans ma bouche et ressens aussitôt une résistance spongieuse qui révèle un pain au chocolat conçu au plus tard le 30 mars. J’hésite un instant. Vais je nonobstant me résigner à l’engloutir ? Mais non, je suis d’humeur combative ce soir là, je rumine ma devise « Never surrender » et je retourne derechef à la boulangerie décidé à m’en payer un autre, s’il le faut.

Je  refais la queue qui s’est allongée depuis mon premier passage, avant de signaler à la vendeuse que son pain au chocolat possède des qualités désormais plus historiques que gustatives. Elle proteste faiblement, mais me donne LE pain au chocolat que je lui désigne à droite de la vitrine et pas à gauche sur ses étagères perfides. Je lui tends le produit usager qu’elle jette sans un regard. Dans un geste chevaleresque, elle refuse même le paiement du produit neuf.

Je ressors de la boulangerie, je tourne à gauche vers ma demeure, enfourne le pain au chocolat  dans ma bouche et…

 

…Je le mange,

L’estomac enfin repu,

Toujours la conscience tranquille,

Mais l’esprit au repos.  

Lire la suite