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Le blog d'André Boyer

Notre servitude volontaire

30 Mars 2010 Publié dans #HISTOIRE

Boetie.jpgLe 18 mars dernier, je rappelais, dans un article intitulé « Les citoyens décident, l’élite réalise ? », que les politiciens refusent d’entendre les messages désapprobateurs qui leur sont adressés Les résultats des dernières élections régionales, et notamment l’abstention, apportent un témoignage de plus sur cette désillusion collective. Cette fermeture du système politique empêche tout consensus sur les objectifs de la société, interdit toute mobilisation collective et rend impraticable l’adaptation de la France à la mondialisation.

Les Français, traités comme des enfants ou pire encore comme des moutons, jouent le jeu qu’on leur fait jouer : ils se replient sur leurs intérêts particuliers.

Les étrangers s’étonnent beaucoup, et depuis longtemps, de la patience, de la résignation, de la soumission du citoyen français envers ses gouvernants. Déjà Machiavel s’en esbaudissait  au début du XVIe siècle, mais on a vu cette soumission s’enraciner dans la tyrannie de Louis XIV, les massacres de la Terreur, la dictature de Napoléon, le génocide de la guerre de 1914 et plus récemment le mépris dans lequel est tenu le citoyen français, de l’exode algérien à l’affaire d’Outreau, en passant par le nuage de Tchernobyl ou le sang contaminé.  Ce « citoyen » accepte que les hommes politiques lui mentent, que l’État le brutalise, que les nombreux profiteurs du système le vole. Il tolère qu’on lui parle d’égalité dans le pays des privilèges, de liberté alors qu’il ne parvient jamais à se faire entendre, de fraternité lorsque la bureaucratie l’écrase de son mépris.

Qu’il ne s’étonne donc pas d’être si mal dirigé.

Etienne de La Boëtie a tout dit, il y a presque cinq siècles[1] sur les tours et détours des tyrans pour subjuguer un peuple. Il sait comment cela se passe. Il a vu que ce sont les peuples qui consentent eux-mêmes à leur asservissement, puisqu’il suffirait qu’ils décident de ne plus obéir pour que tout s’effondre. Ainsi la RDA s’est évanouie une belle nuit de novembre 1989, parce que le régime, qui paraissait inamovible, se révéla incapable d’emprisonner tous ses citoyens. Une fois la RDA effondrée, l’Empire soviétique dans son ensemble se volatilisa en quelques mois.

Si on cesse de lui obéir, le pouvoir n’est plus rien. Les moyens dont il dispose, ce sont ceux que le peuple lui confie. Comment donc, feint de s’interroger La Boëtie, cette « opiniâtre volonté de servir » s’est–elle enracinée dans la population? Il commence par balayer l’illusion qu’il puisse exister de « bons » tyrans, notamment parce qu’ils auraient été élus par le peuple. Prenez nos trois derniers présidents, en attendant de tirer les leçons du quinquennat en cours de Nicolas Sarkozy. Voyez VGE qui a rêvé des décennies de reconquérir la présidence qu’il avait laissé échapper, voyez Mitterrand et ses diatribes contre le « coup d’état permanent ». À peine élu, il se transforme en monarque absolu et il le serait encore si la vie ne l’avait quitté avant qu’il ne perde le goût du pouvoir. Voyez Chirac qui s’accrocha jusqu’au bout à la conviction qu’il pourrait être réélu une troisième fois.

Il n’y a qu’un homme avide de pouvoir pour pouvoir s’en saisir et le garder. Le citoyen ne le lui confie que parce qu’il se laisse abuser. Les medias, qui sont tout à son service, on l’a clairement vu, font leur possible pour diffuser et accréditer les messages des tyrans en place ou en devenir. Le tyran dit que la constitution européenne est excellente et ils proclament que  toute personne qui pense le contraire est bonne pour l’asile d’aliénés. Il dit qu’il « veut » faire en sorte que les français s’enrichissent par le travail et tous les médiaco-flatteurs louent sa clairvoyance et son humanité.

Non, dés qu’ils ont goûtés au pouvoir absolu, les hommes de pouvoir s’y accrochent comme la moule au rocher.

 



[1] Etienne de La Boëtie, Discours de la servitude volontaire,1549. Il écrivit ce « discours » à l’âge de dix-huit ans. 

 

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Le désarroi des hommes

26 Mars 2010 Publié dans #PHILOSOPHIE

12293691448E2pGU5Le comportement des hommes révèle tout leur désarroi. Puisque l’homme se sent orphelin, c’est son orgueil et sa gloire de refuser de se laisser emprisonner  dans un système. Par ailleurs, comme il ne sait ni ce qu’il fait ni où il va, il erre de Charybde en Scylla en cherchant à réconcilier sa tête et son cœur.

Il y a bien longtemps que l’espèce humaine cherche à se réconforter. L’homme a d’abord fait semblant de croire que la nature était telle qu’il la voyait. Il était rassurant de croire que le Soleil tournait autour de la Terre. Il suffisait de croire. Croire n’était pas absurde. Croire était raisonnable. Croire était apaisant. Mais depuis quatre siècles, l’homme a modifié sa façon de penser. Il a étiré le Monde à l’infini. Il a fait de la Terre une planète mineure tournant autour d’une étoile moyenne, perdue dans une galaxie composée d’un nombre incalculable de soleils. Loin à l’horizon, à des millions d’années lumières, au travers des poussières interstellaires, d’autres galaxies clignotent, ironiques, laissant plus que jamais l'homme orphelin l’homme, seul, seul à décider où conduire ses pas, seul à trancher s’il doit s’élancer pour franchir les précipices qui se dressent sous ses pas, ou s’il doit se cabrer devant l’obstacle.

Quels précipices ? autrefois les animaux sauvages nous dévoraient, la famine lancinante nous épuisait et la peste nous décimait. Aujourd’hui, la route est entaillée par de redoutables crevasses, même si les êtres humains y sont accoutumés, tant ils ont du parcourir un rude chemin durant le bref espace-temps qui leur a été donné. Car, depuis le début de leur aventure, il leur a fallu franchir sans le secours de l’instinct nombre de ponts branlants qui risquaient de les précipiter dans d’horribles marécages. Souvent, ils ont hésité à les traverser mais ils ont toujours fini par se lancer, aiguillonnés par l’envie de savoir. Aujourd'hui l’espèce humaine constate que plus elle avance et plus la route devient dangereuse. Car  se dresse devant elle, avec la terrible question de l’évolution de l’espèce humaine, l’un des ponts les plus terrifiants de l’histoire humaine, surplombant  un gouffre de catastrophes potentielles…

La découverte de l’ADN pose en effet un redoutable problème. Les biologistes moléculaires ont la charge de trouver les moyens de manipuler cet alphabet vivant au profit de l’homme. Ils ont avancé. Déjà, des plantes et des animaux domestiques ont été modifiés et il est désormais possible de modifier l’évolution génétique de l’homme en ôtant quelques chromosomes et en rajoutant d’autres.

Il faudra donc que quelques uns d’entre nous aient l’audace, peut-être inconsciente, de tracer la voie à suivre vers le futur de l’humanité. Faire des choix vis à vis de la génétique humaine, c’est se risquer au-dessus d’un gouffre béant où grouillent de monstrueuses créatures, s’y refuser c’est, au bord du gouffre, mettre fin à l’aventure humaine. Que l’on s’avance et il faudra que quelques uns sélectionnent l’homme du futur, que certains d’entre nous prétendent connaître la meilleure voie vers l’avenir de l’homme. Une nouveauté extravagante, car jamais le poisson n’a trouvé lui-même sa voie vers le reptile, le reptile vers le mammifère, le mammifère vers l’homme. Que fera  donc l’orphelin, lorsqu’il lui faudra décider de l’avenir de l’espèce humaine en laboratoire? Sera-t-il assez sûr de lui pour se reproduire lui-même ? Sera-t-il assez cruel pour faire disparaître toute vie humaine?

Il y a moins d'un siècle, lorsqu’il a inventé et développé la bombe atomique, l’homme s’était déjà octroyé le pouvoir de faire disparaître l’humanité. Il est rassurant de constater qu’il a su jusqu'ici prendre en charge cette terrible responsabilité qui lui est désormais échue. La responsabilité du clonage est du même ordre que celle de la bombe atomique puisqu’elle peut entraîner la disparition de la diversité génétique et donc de l’espèce humaine. L’angoisse devant un choix aussi lourd de conséquences est le prix à payer du pouvoir sur la nature que s’est donné l’espèce humaine, pendant que de son fait ou de par l’évolution naturelle de la vie,  d’innombrables espèces ont été anéanties.

L’orphelin, lui, sait qu’il est dans l’obligation de continuer à assumer, seul, les risques du voyage qu’il a entrepris tout en sachant qu’il ne l’achèvera jamais, ni lui, ni son espèce : un jour, la nature se chargera de le lui faire savoir, pour la première et la dernière fois…


 

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La contradiction explosive entre l’individualisme et le pouvoir politique

21 Mars 2010 Publié dans #ACTUALITÉ

Porsche_Cayenne_Turbo_Techart.jpgAlors que nous vivons clairement dans le cadre d’une société formée d’individualistes, nous sommes gouvernés par des gens qui prétendent le faire au nom de la morale au lieu de le faire, tout bonnement,   au  nom de nos intérêts.

Cette incroyable contradiction, entre nos aspirations et l’idéologie dépassée que le pouvoir politique prétend nous vendre, est la source la plus fondamentale du séisme politique qui se prépare en Europe d’abord, puis dans le reste du monde ensuite, sous les couverts de la crise financière,   économique et sociale qui couve.

Pour comprendre quelque chose aux événements, je vous propose de leur donner un sens à partir de l’actualité que l’on nous présente, de façon biaisée, amortie et émiettée.

Dans cette actualité, ce ne sont pas les conséquences de la défaite de l’UMP qui présentent un quelconque intérêt, elles sont archis connus, mais le sens de la crise grecque. Et de ce sens, peu en parlent, justement parce que c’est explosif. 

De quoi s’agit-il ? le gouvernement grec a généré des déficits qu’il n’arrive plus à financer, parce qu’il a consenti ici et là, pour des raisons électorales, des dépenses au profit de divers groupes sociaux qu’il ne pouvait pas faire assumer par l’impôt. Comme ces déficits sont désormais trop lourds pour être finançables par l’économie grecque,   il a décidé de pratiquer une violente cure d’austérité qui aura pour effet la récession, le chômage et les émeutes. Il est clair qu’il échouera et que cela se terminera par sa chute et son renoncement. Pourquoi ? parce que des mesures de restriction budgétaires ne contiennent en elles-mêmes que des effets négatifs qui ne génèrent aucune dynamique, aucun espoir de reprise de la consommation. Il faudra évidemment faire appel au FMI, abandonner l’Euro pour le remplacer par une drachme sous-évalué et faire repartir l’économie à partir d’une nouvelle compétitivité de l’économie grecque. Quand on apprendra que les vacances en Grèce sont moins chères qu’ailleurs, la crise grecque sera finie.

Si le gouvernement grec gouvernait en faisant clairement référence à l’intérêt des populations qui l’ont élu, il parlerait franchement, il expliquerait les raisons de la crise, le moyen d’en sortir et les méthodes à appliquer. Ce ne serait que l’affaire d’un discours, d’un vote au Parlement et de mesures appliquées plus ou moins facilement.

Au lieu de cela, il gémit, il menace, il appelle à la « solidarité » européenne, il maudit les spéculateurs, il accuse l’impéritie de la population grecque et du gouvernement qui l’a précédé. En Europe, le gouvernement français est clairement complice de cette attitude, sans doute moins par amour des Grecs que parce qu’il est en phase idéologique avec le gouvernement grec. Lui aussi, il compte faire appel à la morale pour résoudre les problèmes de la société française. En agitant l’étendard européen comme un fétiche contre les vents mauvais, il professe que la solution est dans la solidarité avec les Grecs, pensant sans doute aussi qu’il faudra qu’il fasse bientôt appel lui aussi à la solidarité des plus riches…

Le gouvernement allemand est bien plus en phase avec la société qu’il gouverne. Alors que le gouvernement français n’a pas cru nécessaire de demander aux Français s’ils étaient prêts à se serrer la ceinture pour aider les Grecs, il a compris, lui, que les Allemands ne voulaient pas payer pour les Grecs, et curieusement il l’a dit. Donc il attend que les Grecs résolvent leur problème tandis que lui, le gouvernement allemand, s’occupe de résoudre celui des Allemands. C’est assez bizarre pour que cela étonne assez les commentateurs français pour qu’ils lui cherchent des excuses, l’électoralisme, l’égoïsme congénital de l’Allemagne, la peur ancestrale de l’inflation, n’importe quoi.

La démarche du gouvernement allemand est pourtant  la seule démarche qui ait de l’avenir. Car, que signifient ces appels à la solidarité, en référence à une morale que plus personne ne pratique dans le privé ?  la seule solidarité que l’on y voit, c’est celle que l’impôt et la loi nous obligent à pratiquer. Pour le reste, sauf lorsqu’il nous prend l’envie d’être « bon » pour des raisons qui nous sont propres ou en vertu d’une éducation qui nous a dressé en ce sens, la solidarité est une valeur assez faiblement partagée. Il suffit d’aller visiter les maisons de retraite pour s’en convaincre et mille autre lieux que je vous laisse trouver par vous-même.

Alors pourquoi nous parle t-on  de morale, lorsque l’on nous gouverne, en France tout particulièrement ? pour nous donner mauvaise conscience, pour nous faire baisser la tête, pour nous manipuler. Est-ce que cette technique de gouvernement a de l’avenir ? non, aucun, puisqu’elle est en contradiction avec le comportement, les moeurs et les principes privés qui nous animent dans la société d’aujourd’hui.

Pour s’en convaincre par une leçon de chose, imaginez l’incongruité de Nicolas Sarkozy en train de nous faire la morale, lui. Et pourtant il la fait quotidiennement par medias interposés. C’est dire si cela ne durera pas, ni Sarkozy, ni la morale comme principe de gouvernement. Et ce sera une révolution, une vraie… 

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Les citoyens décident, l'élite réalise?

18 Mars 2010 Publié dans #HISTOIRE

 

actu-politique-Nicolas-Sarkozy-parmi-la-foule-a-Saint-QuentLe 2 mars dernier, je terminai mon article intitulé « Quelle évolution du pouvoir politique ? » en notant que la France disposait d’une organisation du pouvoir dépassée, face à laquelle chacun d’entre nous avait la responsabilité soit de se soumettre soit de décider à s’en affranchir en quittant le pays. Il reste à expliquer pourquoi les dirigeants français n’ont pas voulu prendre les décisions qui auraient permis au pays de s’adapter au nouveau contexte mondial.

Ces dirigeants ont pourtant toujours su ce qu’il fallait faire pour le bien de la société française, et ils ne l’ont pas fait. Ils ont reculé, sciemment, devant des décisions que l’intérêt public imposait. Ils ont reculé partout où les décisions risquaient de leur coûter, non pas les élections, puisqu’ils ne les ont jamais gagnées sur leur bilan, mais plus fondamentalement leur position au sein de l’oligarchie politique.

Pour mesurer la distance qui s’est installée entre les décisions qui devaient être prises, selon le sens commun partagé par les innombrables rapports qu’ils ont reçus, et celles que les politiciens ont effectivement prises avec le souci primordial de ne pas effaroucher l’opinion publique, il est nécessaire de prendre conscience de la barrière qui s’élève entre l’oligarchie qui gouverne la France et ses sujets, les citoyens français. Une oligarchie qui contrôle entièrement les medias et qui fait en permanence la leçon à ses sujets, pardon ses « citoyens ». Sur les ondes, unanimes, journalistes, présentateurs et hommes politiques font assaut de bons sentiments, car leur vie, ils nous l’affirment, est toute entière consacrée à améliorer le sort de leurs prochains. Pourtant les privilèges des uns, le cynisme des autres ont depuis longtemps décrédibilisé leurs discours auprès de leurs auditeurs. L’hypocrisie trône, souveraine au milieu des ondes, une hypocrisie qu’il nous faut subir passivement dans la vaine attente qu’enfin une parole d’humilité, de contrition, de vérité perce miraculeusement le mur du mensonge bien pensant.

 

Pouvoir politique et journalistes forment un monde à part, le microcosme, qui prétend dicter ses lois et ses opinions à l’ensemble de la société française. Les « informations » que les journalistes délivrent sont des produits qu’ils vendent : les faits ont bien un fondement réel, mais la description qu’ils en font n’est que conte de leur invention élaboré pour les besoins de la cause. À quoi sert toute cette mécanique, sinon à conserver le pouvoir au sein du petit groupe qui le détient.

 

Pour défendre les vertus de la pensée unique qu’elle met en œuvre, l’oligarchie prétend qu’elle conduit le peuple français, malgré lui, vers un avenir raisonnable. Elle estime inutile, nuisible même, de solliciter l’adhésion du peuple français face aux changements qu’engendre la nouvelle donne mondiale. Cela impliquerait d’ouvrir la boîte de Pandore qui consisterait à débattre de l’ensemble des principes et des structures qui définissent le système de pouvoir français. Elle n’en veut évidemment pas, puisque son pouvoir est intimement lié à la survie des structures actuelles. Elle les trouve par définition excellentes, tout juste susceptibles de quelques ajustements marginaux. C’est pourquoi, tandis que la plupart des analystes écrivent des rapports qui rempliraient une imposante bibliothèque sur les incohérences, les déséquilibres, les déficits qu’engendre la gestion actuelle de la France dont la population mesure quotidiennement les effets négatifs dans la rue, à l’école, au travail, les politiciens refusent d’entendre les messages désapprobateurs qui leur sont adressés.

Cette fermeture du système politique empêche tout consensus sur les objectifs de la société, interdit toute mobilisation collective et rend impraticable l’adaptation de la France à la mondialisation. L’écart de vitesse entre l’évolution de la société française et celle du monde devient de plus en plus élevé, tandis que les hommes politiques ne savent plus comment expliquer aux Français qu’ils doivent se contenter d’un système politique incapable de répondre à leurs besoins.

Leur ultime recours reste l’arme idéologique, car elle est par définition le dernier rempart de l’oligarchie pour se maintenir au pouvoir. Mais, si dans toutes les sociétés on attend des élites qu’elles conduisent le mouvement, encore faut-il que ces idées ne consistent pas simplement à opprimer la population qu’elles prétendent piloter.

 

 

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L'enjeu des élections...À l'IAE de Nice!

14 Mars 2010 Publié dans #INTERLUDE

arton409.jpgIl n'y a pas que les élections régionales, il y avait aussi mardi dernier des élections pour renouveler le Conseil d'administration de l'IAE de Nice. Les résultats de ces élections confidentielles ont été conformes aux attentes, mais ne valent pas la peine d'être commentés ici. Ce qui m'a paru intéressant, puisqu'il s'agit après tout de MON blog, c'est de vous présenter mon point de vue sur l'enjeu de ces élections. Cet enjeu soulève un certain nombre de questions que j'aborderai dans des articles ultérieurs. Le texte ci-dessous correspond au mail que j'ai envoyé à l'ensemble des électeurs du Conseil d'Administration de  l'IAE de Nice: 

Chers Collègues, Chers amis,

La journée de demain marquera un changement majeur dans l’histoire de l’IAE de Nice. C’est en effet la première fois que, face aux listes mises en place sous l’égide de sa Direction, quatre autres listes se sont constituées pour faire entendre un libre point de vue au sein du Conseil d’Administration de l’IAE de Nice.

Je vous invite donc, en les soutenant, à accompagner le mouvement positif qui se mettra en marche dés demain.  Jusqu’ici en effet, c’était toujours la Direction qui désignait les membres élus du Conseil, inversant ainsi les rôles respectifs du Conseil et du Directeur : alors que le Conseil a pour vocation d’encadrer l’action de la Direction de l’IAE, cette dernière, après s’être faite élire par le Conseil qu’elle avait au préalable elle-même constitué, se contentait de faire approuver à sa guise ses choix par le même Conseil.

Vous comprenez évidemment que ces pratiques dangereuses ne pouvaient être tolérées que dans le cadre d’un IAE de Nice doté de faibles moyens et dont les décisions à prendre étaient de peu d’importance. Mais elles ne sont plus du tout acceptables dans la périlleuse situation actuelle qui nécessite de la part de la direction de l’IAE une écoute et une prise en compte de tous les avis.

Je comprends bien qu’il soit difficile, lorsque l’on a pris l’habitude depuis si longtemps de s’auto designer, de ne pas considérer tout avis autre que le sien comme une sorte de sacrilège. Mais il faudra bien que chacun s’habitue à une nouvelle pratique, fondée sur la diffusion de l’information et sur l’écoute. Car elle est nécessaire pour légitimer une stratégie qui réponde aux attentes des étudiants, de l’Université et de l’ensemble de ses partenaires.

Il ne faut pas oublier en effet que de nombreux moyens, en personnels, en locaux et en subventions sont mis à la disposition de la direction de l’IAE pour mener à bien sa tâche. Il ne faut pas oublier non plus que l’IAE, qui dispose de ces moyens et de ce marché et qui propose des formations quasi gratuites, est pourtant fortement concurrencée par des Écoles lourdement payantes. Il n’y a donc pas lieu de se glorifier de la situation actuelle de l’IAE de Nice, car qui échouerait avec des moyens gratuits et un marché largement favorable ? Par conséquent, si l’image de l’IAE de Nice est encore faible, si elle n’a pas encore su mettre en place un laboratoire sur lequel appuyer ses formations et si ses structures sont remises en question au point qu’un Institut regroupant les gestionnaires et les économistes va bientôt se substituer à l’IAE, c’est que les orientations prises méritent pour le moins d’être discutées et corrigées.

J’ai, par rapport à sa direction actuelle, une vision différente de l’IAE de Nice, que je ne prétends pas imposer, mais que cette dernière a jusqu’ici refusé de prendre en compte : une stratégie de formation non exclusivement centrée sur la comptabilité, un management de l’IAE où tout soit mis sur la table et qui fasse de l’embauche des étudiants son objectif prioritaire. Les élections de demain vont permettre enfin de se faire entendre. Ma vision comme celle des autres élus influenceront d’autant plus les débats et les décisions du Conseil que vous nous apporterez votre soutien par vos votes, puis par vos avis. Et comme la liberté est aussi contagieuse que la crainte, je suis confiant dans l’organisation progressive d’un débat approfondi sur les choix stratégiques que l’IAE de Nice doit prendre. C’est ce débat nécessaire qui éclairera les choix des futurs responsables de la structure qui doit prochainement succéder à l’IAE actuel.

Avec mes salutations amicales,

André Boyer 
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Le fils de la musaraigne

8 Mars 2010 Publié dans #PHILOSOPHIE

11Le 17 février dernier, dans un article intitulé « L’orphelin cosmique », je rappelai que chacun est orphelin dans cet univers, mais que cet orphelin n’est pas un être tombé du ciel. Il n’est pas pour autant  peut une créature à part. Il a des ancêtres aussi étranges que des dinosaures ou des mollusques.

Quelle est donc la véritable identité de l’homme, issu de cette chaîne d’animaux bizarres ?  Les scientifiques  nous rappellent que nous sommes des êtres en mutation, liés génétiquement à la chaîne de tous les vertébrés. Preuve en est que l’homme porte dans sa chair les stigmates de l’évolution : ses mains sont des appendices inachevés, ses poumons sont issus d’un être amphibie qui barbotait jadis dans une mare, son pied témoigne encore qu’il servait à grimper aux arbres avant de s’atrophier. Si l’homme avait pu s’observer il y a deux millions d’années, il aurait vu à quel point son corps et son cerveau étaient petits, et quelles terribles difficultés il avait à communiquer. Et s’il avait pu se voir soixante-dix millions d’années en arrière, il aurait contemplé une sorte de musaraigne qui se nourrissait d’insectes. Aujourd’hui, il va dans la Lune et il croit que c’est tout naturel. 
Car l’homme a du mal à accepter de n’être que le résultat plus ou moins achevé de la mutation des musaraignes ? je ne suis pas sûr que les scientifiques le rassurent pleinement en lui fournissant les clés de son évolution même s’ils lui rappellent qu’il est le magnifique résultat de l’effort obstiné de ses ancêtres pour survivre en tant qu’espèce.

Certes, l’homme semble posséder en exclusivité un pouvoir magique, le langage, qui lui permet de fabriquer des symboles qu’il stocke dans son cerveau et qu’il peut transmettre aux générations suivantes. C’est grâce à ce pouvoir qu’il tisse au travers du temps un lien intemporel avec ses prédécesseurs comme ses successeurs. Et c’est grâce à ces symboles qu’il a acquis le pouvoir de changer le monde en les adaptant à ses besoins. Mais par contre, qu’il ne s’imagine pas avoir aussi le pouvoir de se changer lui-même. Quoi qu’il fasse, il porte en lui les stigmates de l’évolution. Au plus profond de son cerveau se niche les antiques défenses des hommes d’autrefois que son néo-cortex ne parvient pas vraiment à contrôler, ces hommes qui étaient prompts à la colère, à l’agression et à la violence,
Un homme ne peut être défini qu’en fonction de la période historique dans laquelle il se trouve plongé. Autrefois, c’était un petit mammifère perché sur une branche. Aujourd’hui, c’est un créateur de symboles qui les transforment en gratte-ciel, en ponts immenses qui barrent l’horizon ou en fusées qui s’élancent dans l’espace.
La vie de l’homme reste un voyage, dans lequel il erre sans trêve et sans buts, menacé à tout instant d’être précipité dans les crevasses du temps.  

 

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Quelle évolution du pouvoir politique?

2 Mars 2010 Publié dans #HISTOIRE

images-copie-26.jpegLe 26 février dernier, je terminais mon article intitulé « Quatre Présidents pour rien ? » en observant que nous étions rendu un peu au-delà du mi-mandat du quatrième président et qu’il me semblait qu’il donnait plus le sentiment de faire de la communication que d’agir en profondeur. Car, de mon point de vue, il manque un élément essentiel pour que l’action du Président, quelles que soient ses ambitions, fasse progresser le fonctionnement de la société française.

 Il n’est en effet  pratiquement pas question d’évolution du pouvoir politique, malgré la réforme constitutionnelle non encore complètement mise en œuvre prés de deux ans après son adoption. Il en résulte une contradiction croissante entre la nécessité d’obtenir le soutien de la population pour modifier les équilibres économiques et sociaux et la concentration persistante du pouvoir entre les mains d’une oligarchie dont les seuls changements se situent au niveau des discours. On peut l’observer en observant que les efforts du pouvoir pour se rapprocher des préoccupations de la population se traduisent immanquablement par la sécrétion d’une nouvelle pensée unique. Pour que la population soit associée aux changements qui l’affectent, il faudrait par définition que les rapports de pouvoir se modifient.

Ce qui signifierait que l’oligarchie consentît à se remettre en question et à accepter de transmettre une part de ses prérogatives à de nouvelles couches de la population. On peut postuler qu’elle ne le fera pas volontairement. D’ailleurs, pourquoi y consentirait-elle? Dès lors, deux évolutions divergentes sont possibles. Celle qui se dessine a les faveurs de l’oligarchie. Elle consiste à conserver pour cette dernière l’exclusivité du pouvoir politique au nom des avancées économiques et sociales qu’elle espère dégager. Si l’oligarchie en place obtient gain de cause, l’élection de Nicolas Sarkozy s’inscrira finalement dans la continuité des trois Présidents qui l’ont précédé. Et après lui, un autre Président, rassemblant une nouvelle majorité d’électeurs autour de la promesse d’une justice redistributive, viendra pour expliquer qu’il faut maintenant payer en termes de restrictions et d’augmentation de charges les erreurs qu’il imputera à Nicolas Sarkozy, se servant de lui pour faire accepter à la population ce que ce dernier n’aurait pas pu faire aisément. Il pourra ainsi poursuivre sa politique profonde qui consiste à imposer aux Français ce que l’oligarchie a décidé. C’est ainsi, par exemple, que l’on peut prédire sans risque d’erreur que la Turquie sera admise dans l’Union Européenne au cours du prochain mandat présidentiel, comme on a vu l’Euro remplacer le Franc, parce que « l’élite » l’avait décidé contre la volonté de la population, ou encore comme on aura vu la Constitution Européenne finalement adoptée, malgré le vote contraire de la population. Chaque fois, l’oligarchie l’a voulu, le peuple a dû s’y résoudre. Dans le futur, cette persistance du système oligarchique français consacrera l’asservissement de la population française et la lente désagrégation d’un système dont on sait qu’il restera à tout jamais inefficace, donc injuste et absurde.

On peut toujours imaginer que les tensions économiques ou sociales, associées à la volonté sincère d’un Président ou d’une Présidente qui restent à venir, feront un jour suffisamment bouger les lignes pour aboutir à un ébranlement général du pouvoir. C’est alors que l’on n’acceptera plus que quelques barons trustent les postes, se distribuent entre eux les fonctions ni que le pouvoir judiciaire reste aussi inefficace ou que l’on dépense autant dans les palais de la République. Celui-là, ou celle-là, émergera  comme un Gorbatchev français accompagnant la remise en cause totale d’un système dont la conception du pouvoir date de plusieurs siècles.

Dans le premier cas, nous nous trouvons, chacun d’entre nous, devant la responsabilité personnelle de nous soumettre à un système dépassé ou à nous en affranchir en quittant le pays. Dans le second cas, nous serions face aux perspectives d’un changement de système, de paradigme, d’une révolution. 

 

 

 

 

 

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