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Le blog d'André Boyer

LE PROCESSUS DE MONDIALISATION

31 Juillet 2015 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

LE PROCESSUS DE MONDIALISATION

LE GLOBE TERRESTRE ET SES ESPACES BLANCS QUI FAISAIENT RÊVER

 

Il ne faut pas oublier que le processus de mondialisation a été initié par l’Europe. Ne peut-elle plus aujourd’hui que s’y résigner?

 

À partir du XIIIe siècle, une volonté d’expansion, ou tout simplement une volonté de pouvoir, habite l’Europe, qui utilise avec pragmatisme l’observation pour faire progresser ses techniques. Ces dernières lui permettront de découvrir puis de conquérir et de rassembler le Monde, alors que nombre de peuples de la Terre ne s’étaient pratiquement jamais rencontrés auparavant, puisque l’Amérique ignorait aussi bien l’Europe que l’Asie et que les informations mettaient en moyenne deux siècles pour passer de la Chine à l’Europe.

Comment expliquer le dynamisme de l’Europe, face aux civilisations arabes, africaines, asiatiques et américaines ? Les autres civilisations sont puissantes, parfois menaçantes, comme l’Empire turc qui est le dernier à menacer l’Europe jusqu’au cœur du XVIIe siècle, mais l’initiative leur échappe presque toujours. 

On peut avancer qu’une sorte d’optimisme habitait les sociétés européennes.

L’expansion européenne commence avec le contrôle de la Méditerranée par les puissances chrétiennes, à la suite de l’ouverture du détroit de Gibraltar en 1291. Pour se repérer à partir des côtes, les explorateurs européens utilisent la trigonométrie et la boussole, cette dernière étant bien connue des Chinois qui en négligeaient pourtant les applications pratiques.

La pêche et la quête du sel fournissent l’expérience maritime nécessaire. Comme les Turcs bloquent leur expansion vers l’Est, les Européens tournent leurs regards vers le Sud et vers l’Ouest, qui doivent permettrent d’atteindre l’Inde.

Au confluent des deux espaces maritimes, le Portugal et la Castille disposent des techniques maritimes les plus avancées. Les bateaux descendent le long des côtes de l’Afrique, où une enclave chrétienne est installée à Ceuta en 1415.

Les îles sont occupées les premières, alors que s’élance une navigation lointaine, touchant le Cap-Vert en 1444, croisant jusqu’en Sierra Leone, atteignant le Congo vers 1446. Sur les côtes de l’Afrique naissent les rêves de rejoindre l’Asie par une liaison directe. L’or du Ghana finance l’exploration qui conduit à la découverte de la route du Cap à partir de 1482, puis Vasco de Gama effectue le tour de la Terre de 1488 à 1497, une nouvelle extraordinaire qui se répand immédiatement dans toute l’Europe. Même si la Terre ne sera cependant complètement sillonnée qu’à la fin du XVIIIe siècle par voie maritime et à la fin du XIXe siècle par voie terrestre, le XVIe siècle ouvre une nouvelle période, celle de l’homme unifiant la planète.

Ce fut alors le temps des découvertes, la conquête du Monde, l’intrusion de nouvelles populations dans des communautés qui ignoraient jusqu’à leur existence.

Ce processus ne se fit pas sans dégâts considérables.

Un immense génocide, en grande partie involontaire, fut commis en Amérique du Sud, en attendant que les mêmes causes produisent les mêmes effets en Amérique du Nord. La découverte de l’Amérique est le fruit inattendu d’une série d’erreurs. Dans le climat de la reconquête de Grenade, Christophe Colomb se croit investi d’une mission mystique. Il en obtient les moyens grâce à Isabelle de Castille.

Lorsqu’il découvre l’Amérique, le reste du Monde ignorait l’existence de  ce quart des terres émergées qui devient un piége mortel pour les soixante quinze millions d’Amérindiens, un sixième de l’humanité de l’époque qui avaient réalisé dans leur solitude relative de remarquables avancées en astronomie et en calcul et qui disposaient d’une écriture quasiment idéographique.

La densité des Mayas était extraordinaire, atteignant jusqu’à cinquante habitants au kilomètre carré grâce à la culture du manioc et du maïs. Mais les Amérindiens n’étaient pas en mesure de résister aux envahisseurs européens car leurs moyens de communication réduits ne facilitaient pas la concentration des forces et leur système politique complexe freinait la mobilisation de la défense. Aussi suffira t-il de vingt années aux conquérants pour s’emparer des îles américaines et d’à peine vingt années de plus pour maîtriser les quatre-vingt-dix pour cent de la population de l’Amérique concentrée sur deux des quarante-deux millions de kilomètres carrés du continent.

Les conquérants en feront une main d’œuvre captive qui fondra comme neige au soleil sous le choc microbien et viral.

Évènement unique dans l’histoire de l’humanité, la population totale de l’Amérique chuta brutalement, passant d’environ soixante-quinze millions d’habitants en 1492 à douze ou quinze millions d’habitants en 1550. Le reste de la population fut sauvé par les missionnaires et par la sélection naturelle.

 

Dans le monde d’aujourd’hui, on sanctifie le changement et l’on condamne l’immobilisme, alors que le changement s’impose de toute manière à l’homme sans qu’il faille le précipiter jusqu’à tout casser avant de savoir ce qu’il fallait conserver. Pour les civilisations aztèques, Mayas et Incas, c’est manifestement trop tard. Tout a été détruit.

Quelles leçons en tirer la leçon pour le futur de l’humanité ?

 

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LA BOUCHE SCIENTIFIQUE DE LA VÉRITÉ

26 Juillet 2015 , Rédigé par André Boyer Publié dans #PHILOSOPHIE

LA BOUCHE SCIENTIFIQUE DE LA VÉRITÉ

LA BOCCA DELLA VÉRITÀ, GRAVÉE AU 1ER SIÉCLE APRÉS JC.

Au Moyen Âge, la menace du Jugement Dernier qui planait sur chaque personne était encadrée par l’Église dont le rôle, en tant qu’institution, était de rassurer les populations.

 

Passée l’angoisse provoquée par l’immense catastrophe de la peste, l’Église commença à être perçue comme une institution envahissante. Un débat apparut entre les tenants de l’institution ecclésiastique et les doctrinaires de la liberté individuelle face à Dieu, qui déboucha sur un conflit violent lorsque Luther, partisan de la liberté de conscience, voulut revenir aux Écritures Saintes et à la gratuité du rapport entre l’homme et Dieu.

L’Ecriture, le rôle des prêtres, l’organisation de la connaissance, tout fut examiné. Les manières de raisonner furent bouleversées sans que la clef de voûte de la croyance en Dieu ne soit ébranlée. Ni l’évidence d’un Dieu transcendant, ni son apparition dans l’histoire, ni les Écritures Saintes ne furent remises en cause. Ces certitudes furent finalement ébranlées au cours du XVIe siècle, entraînant l’émergence d’une nouvelle manière de penser, d’un nouveau paradigme.

En 1543, en Pologne, le système dynamique de Copernic sonne le début de la révolution scientifique, parce qu’il propose une nouvelle vision de l'Univers, confirmée soixante-six ans plus tard par les observations de Galilée. En juin 1609 ce dernier construisit une lunette, la tourna vers le ciel et découvrit avec émotion les merveilles de la nature annoncées par Copernic.

Le retentissement considérable de l’observation de Galilée provient de ce qu'elle implique  une nouvelle vision de l’homme.

Ce dernier y perd la place centrale qu’il s’était octroyé dans l’Univers, ainsi que le cadre qu’il s’était donné pour expliquer le monde. Dès cet ébranlement initial, toutes les idées furent mises en mouvement. Pour comprendre le monde, il n'y avait plus d’autre méthode que l’empirisme.

Il y eut alors un véritable bouleversement dans la pensée, le nouveau principe étant que tout ce qui n’était pas vérifié par l’observation  n'était plus recevable. Pour s’appuyer solidement sur l’observation, la révolution scientifique avait besoin d’outils de mesure qu'elle obtint en s'alliant avec les mathématiques. Les principes de l’analyse mathématique furent élaborés par Descartes et par Fermat au début du XVIIe siècle. Ils  devinrent le nouveau langage universel.

La première loi scientifique de Kepler date de 1609. Puis, en 1686, Newton fit tenir tout l’Univers dans sa formule de gravitation universelle. Ce dernier  professait que l’observation, vérifiée par les sens, permettrait à terme de découvrir tous les secrets de l’Univers. Pierre Laplace en profita pour réduire Dieu à une hypothèse inutile et John Locke pour décréter que la métaphysique était futile.

Désormais tout fait scientifique semblait vrai, et inversement ce qui n’était pas scientifique perdait toute consistance.

Inévitablement la science a fini par nier l’existence de Dieu, après avoir prétendu se construire à côté de lui.

Le conflit entre la démarche scientifique et la foi religieuse devint flagrant lorsque l’évolutionnisme fit disparaître l’homme en tant que sujet de l’histoire. Lorsqu'au XIXe siècle, Darwin posa la notion de sélection naturelle comme principe d’évolution des êtres vivants, il siginifiait que l’homme n’était plus l’acteur de sa propre condition, puisque le milieu naturel déterminait les transformations de la vie des êtres et des objets.

L’évolutionnisme, en remplaçant l’homme par la nature en tant que sujet de l’histoire, niait directement la création du Monde par Dieu.  

Avec la science, on crut que la vérité « vraie », pour utiliser ce pléonasme, était à portée de main. La confiance dans les pouvoirs de la science s’adossait  solidement à l’expérimentation et à la raison. La preuve de son succès résidait dans  les changements de la vie matérielle de l’humanité que chacun pouvait constater. 

Les maladies furent progressivement identifiées, des méthodes de soin plus efficaces furent inventées ; à partir de cette époque, le fléau de la famine concerna une proportion de plus en plus faible de l’humanité, la quantité d’énergie utilisable par l’homme s’accroissant sans cesse, avec les conséquences négatives sur l'environnement que l'on connaît.

La science avait changé la condition humaine, dans une proportion et d’une manière à première vue radicalement différente de tous les lents changements qui avaient auparavant affecté l’histoire de l’humanité. 

Il était assez naturel de croire qu’elle détenait, enfin, les clefs de la vérité.

 

On pouvait au moins penser que si la science ne les détenait pas, aucune autre méthode ne permettrait de les détenir, car la méthode scientifique semblait indépassable par quelque autre méthode que ce soit.

 

 

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QUAND LA CHINE SE DÉGLINGUERA...

23 Juillet 2015 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

QUAND LA CHINE SE DÉGLINGUERA...

DRAPEAU DE LA RÉPUBLIQUE POPULAIRE DE CHINE

La première fois que j’ai séjourné en Chine len 1984, assez longtemps pour humer l’atmosphère, lorsque j’ai vu le décalage considérable entre la soif de développement, de consommation et de bien-être et le niveau de vie de la population rurale et urbaine, lorsque j’ai perçu l‘orgueil humilié des chinois, j’en ai aisément déduit que la Chine était à l’aube d’un puissant démarrage économique.

 

Il était facile de prévoir que la Chine avait vocation à devenir l’une des toutes premières puissances du monde, peut-être la toute première. Il suffisait que les nouveaux mandarins qui dirigeaient le pays d’une main ferme et habile ouvrent les portes de la modernité. Or ces derniers n’avaient guère d’autre choix que de plonger avec prudence la Chine dans le grand bain de la mondialisation, à moins de régner sur une Chine en constante ébullition. Le chemin qui mène jusqu’à la Chine d’aujourd’hui était donc tout tracé.

Lorsque j’ai dû me rendre à Pékin en juin 1989 pour sauver l’école de gestion que nous venions de créer avec la FNEGE, il m’est paru tout aussi évident que la libération politique ne signifiait pas forcément l’abandon du pouvoir par le Parti Communiste Chinois au profit d’on ne sait quelle nouvelle classe politique. C’est ce que croyaient pourtant de naïfs analystes abusés par de faciles analogies avec la chute de l’URSS. C’est que la chute du PCC aurait entraîné la désintégration de la Chine, et ce n’est pas la piqûre d’épingle de la place Tian’anmen qui aurait pu déstabiliser la bureaucratie au pouvoir.

Néanmoins, les taux de croissance colossaux de la production chinoise atteints par la suite m’ont surpris. Je sais bien qu’ils s’expliquent par la capacité de l’appareil de production chinois, rapidement équipé en machines et robots du monde entier et alimenté par une main d’œuvre aussi inépuisable que frugale, à offrir les produits que le monde entier attendait à des prix considérablement inférieurs à ses concurrents.

Ainsi la Chine procurait un pouvoir d’achat supplémentaire à ses clients par des prix bas, tout en faisant disparaître ses concurrents. La fin du processus aurait été atteint lorsque la Chine, en position dominante sur la scène de l’économie mondiale, se serait accaparée de l’essentiel de la plus value que lui dispute encore les importateurs puis se serait vue contrainte d’accorder des prêts à ses clients affaiblis pour qu’ils puissent lui acheter.

Mais j’avoue que je n’ai jamais cru à un tel scénario de la Chine montant jusqu’au ciel, tant son histoire alterne les périodes de remarquable réussite et de descente aux enfers. Depuis le début de l’histoire de la Chine, l’Empire chinois a naturellement connu des hauts et des bas. Tantôt l’Empire se concentre, tantôt il  se fragmente. C’est la révolte contre les envahisseurs étrangers, les Mongols qui met en selle en 1368 la dynastie Ming, celle du voyage en Afrique et du petit paysan propriétaire. À cette époque, la Chine était le pays techniquement le plus avancé du monde.

Mais elle ne résista pas à l’implosion plus de trois siècles. À nouveau, les nomades mandchoues installèrent la dynastie Qing, contemporaine de Louis XIV, et ce sont eux  qui s’emparèrent du Xinjiang, du Tibet, de la Mongolie et de Taiwan. La grande Chine a moins de quatre siècles d’existence.  Du milieu du XIXe siècle à la mort de Mao Tsé-toung en 1976, la Chine  a connu une longue période d’agitation sociale, de stagnation économique, une croissance démographique explosive et l’ingérence  des puissances occidentales puis de celle du Japon.

Depuis 1979, la Chine est entrée dans l’ère du socialisme de marché avec le succès que l’on sait. Combien de temps ? Le fait nouveau est que sa prospérité dépend désormais de ses échanges avec l’étranger, provoquant des mouvements économiques et sociaux très brutaux. Des centaines de millions de paysans sont devenus des mingong, des ouvriers migrants qui envoient une bonne partie de leurs salaires à la campagne. Quand on visite les petits villages de la Chine de l’intérieur, on découvre des retraités qui dépendent entièrement de leurs enfants partis travailler à la ville, puisqu’ils n’ont aucune retraite. Si les enfants sont mis au chômage…

Pour relancer une production agricole qui régresse et des paysans qui n’hésitent plus à manifester leur mécontentement, le gouvernement envisage désormais  d’octroyer aux paysans la quasi-propriété des terres qu’ils cultivent. Mais le gouvernement central ne contrôle plus le rythme des changements, c’est l’évolution de la demande mondiale qui en décide  désormais, c’est elle qui détermine le nombre de travailleurs nécessaires dans l’industrie, la survie de la paysannerie et le revenu de chaque chinois. Et il n’y a pas d’amortisseurs à la crise, ni indemnités de chômage, ni retraites ou presque, ni aides de gouvernements locaux déficients.

Que ceux qui croyaient autrefois la Chine incapable de croître et qui la croient  aujourd’hui invulnérable à la crise ouvrent les yeux : la Chine entre dans un univers inconnu, celui de la dépendance.

 

Dans la tradition historique chinoise, elle commence par s’y fracasser avant d’en émerger plus unie contre les barbares et de reprendre sa marche en avant. Mais elle commence par s'y fracasser...

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L'ODYSSÉE DE L'AX

20 Juillet 2015 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE

L'ODYSSÉE DE L'AX

Ce fut une véritable Odyssée pour une voiture habituée aux tranquilles routes de l'Aude.

Avec ce blog, j’introduis un interlude entre les articles assez sérieux qui se sont succédé dans mon blog.

 

Il y a longtemps que j’avais pensé acquérir une petite voiture pour  rouler à Nice. J’ai failli à plusieurs reprises vendre ma berline familiale contre une petite auto. Mais finalement je n’ai pu m’y résoudre. J’ai donc trouvé à acheter dans l’Ariège une AX de 12 ans avec, miraculeusement, peu de kilomètres. J’ai traité avec un garagiste d’autrefois qui ne voulait ni avance, ni chèque de banque. Dans l’Ariège, m’a t-il déclaré au téléphone sans me connaître, on fait confiance. En l’occurrence, il avait raison.

Pour aller chercher l’AX, j’ai pensé qu’il serait approprié de prendre le bon vieux train d’autrefois, mais comme le prix du billet de train dépassait celui de l’avion, je me suis résigné à prendre ce dernier, un avion…Corse pour rejoindre Toulouse. Les hôtesses nous ont fait bénéficier d’un petit morceau de l’émouvante hospitalité corse jusqu’à l’atterrissage à l’aéroport de Toulouse-Blagnac.

Ma sœur et mon beau-frère m’attendaient carrément dans la salle de récupération des bagages, une convivialité aéroportuaire comme on n’en connaît plus depuis que la phobie du terrorisme a transformé les aéroports en camp de transit pour on ne sait quelle déportation. Bref, ils étaient là avec leur propre AX, ce qui m’a permis de m’habituer à l’engin.

Le lendemain, après un petit-déjeuner roboratif  et partagé en famille, nous nous sommes rendu au garage de notre vendeur. La brume entourait d’un halo mystérieux la route nationale menant vers Pamiers, tandis que les majestueuses Pyrénées se révélaient lentement à l’horizon. Le garagiste était à son poste et l’AX aussi. Le véhicule, première main, appartenait à une gente dame de Foix qui s’en était fort peu servie, sa bucolique couleur verte rutilant comme si elle avait passé douze ans au garage. Formalités accomplies, nous nous sommes dirigés vers un magasin d’autoradios. Le vendeur nous a proposé d’office le premier prix, jugeant déplacé de me faire dépenser plus.

Il ne restait plus qu’à m’élancer sur l’autoroute. M’élancer ? Ce n’était pas le mot exact. Je proposais à l’AX de s’habituer à moi et à l’idée de parcourir d’un coup six cent kilomètres d’asphalte en commençant par les petites routes agrestes qui traversent l’Aude avant d’atteindre la redoutable autoroute Toulouse Narbonne.

L’AX et moi, nous nous sommes résolument insérés au milieu de ces limousines et de ses camions qui n’hésitaient pas à se ruer à des vitesses proches de 130 kilomètres/heure ! L’AX, que j’avais prudemment placée sur la file de droite, presque d’extrême droite, a dû se résoudre à monter en puissance. 80, 90, 100, 110 kilomètres ont été atteints sans rechigner. Aller plus vite semblait un peu téméraire. Et puis, il allait falloir tenir six heures à ce rythme infernal sans désemparer. Rude épreuve pour une mécanique habituée à se reposer sur de douillets parkings ariégeois tous les trente kilomètres. J’avais l’impression de la trahir…

Par ailleurs, l’AX et moi sentions par de petits signes des autres conducteurs que nous gênions. Quelques queues-de-poisson, des véhicules qui s’installaient à quelques centimètres du délicat pare-choc arrière de l’AX, parfois des appels de phares ou d’avertisseur nous signifiaient que nous étions à peine tolérés sur ce trajet destiné aux gens sérieux.

Accélérer ? Mais jusqu’à quelle vitesse ? Alors, l’AX et moi, nous avons improvisé, négocié, accélérant parfois à la limite du supportable pour elle, ralentissant dès que possible, nous laissant aspirer par de gros camions. Les techniques que j’utilisai autrefois avec mes 2CV me revenaient au bout du pied droit,  se faire aspirer, déboîter brusquement en surveillant le rétroviseur, doubler audacieusement puis se rabattre prudemment. En revanche, je me riais des vitesses limitées traîtreusement à 110 ou à 90, car l’AX s’y pliait  avec délectation. Ce n’était pas elle qui m’aurait fait perdre les quelques points qu’avait bien voulu laisser sur mon permis  le féroce Ministère de l’Intérieur!

Il fallut tout de même s’arrêter de temps en temps pour laisser souffler le puissant moteur d’un litre et me permettre d’oublier le ronflement des pistons en folie. Carcassonne, Narbonne, Béziers, Sète, Montpellier, Nîmes, Arles, le soleil descendait à l’horizon, la musique de l’autoradio perçait au travers des bruits divers qui jaillissaient de toutes parts, moteur, filets d’air rageurs, roulement des pneus neufs, grondement des massifs véhicules qui couraient le long de la frêle AX comme des chiens dépassant le gibier sur leur lancée.

Au cours du trajet, je revoyais en pensée les dizaines de milliers de kilomètres que j’avais parcourus dans des conditions semblables au volant de mes trois 2CV et de mes quatre Dyane. Il n’aurait pas fallu grand chose pour que je me croie encore en train de parcourir les interminables autoroutes menant vers la Scandinavie ou les mélancoliques routes vers Dijon, ou même les nostalgiques retours vers Lyon. Le même bruit, la même lenteur, la même solitude, le même espace intemporel et la même marque d’automobile.


Mais Aix-en-Provence dépassée, la Côte d’Azur approchait. La nuit était tombée, les phares fonctionnaient comme dans une voiture moderne, les véhicules concurrents allaient encore plus vite, la circulation s’intensifiait, les péages devenaient de plus en plus fréquents, Mandelieu, Cannes, Antibes, la route demandait une extrême concentration au moment où la fatigue se serait fait sentir si la proximité de  l’écurie n’avait pas revivifié le sang dans le cerveau engourdi et les pistons dans le moteur surchauffé.

Je faisais découvrir à l’AX le virage pour quitter l’autoroute et rejoindre la Promenade. Elle ne le savait pas, mais ce serait désormais son terrain de manœuvre. Elle l’aborda sans anicroche, quitta la Promenade des Anglais, gravit la côte et se mit en place pour entrer en marche arrière dans le jardin. Pas question de la laisser dehors à la merci d’un quelconque rufian amateur d’AX vertes…

Sous l’auvent, la berline dormait. Elle ne vit pas la petite AX se glisser devant elle  avec effronterie, elle ne sut pas qu’elle n’aurait plus désormais à frotter sa carrosserie dans la jungle urbaine, que la petite nouvelle le ferait à sa place. L’interlude s’achevait, c’était presque dommage…

 

Depuis cette odyssée, l’AX verte a parcouru les tranquilles voies plus ou moins rapides de Nice, avant de repartir vers de nouvelles aventures : elle fait désormais le bonheur quotidien d’une amie…

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LA GUERRE DE TROIE N'AURA PAS LIEU

16 Juillet 2015 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

LA GUERRE DE TROIE N'AURA PAS LIEU

ET POURTANT, ELLE A BIEN EU LIEU…

 

Finalement, la guerre n’a pas eu lieu.

 

Le gouvernement grec a fini par capituler, en apparence. Pour un vaincu, il ne s’en sort pas trop mal puisque les vainqueurs lui verseront environ quatre vingt milliards d’Euros en trois ans. En échange de quoi, l’État grec abandonne sa souveraineté aux technocrates européens. Mais pas le peuple grec qui continuera à refuser de payer l’impôt.

Naturellement le plan « échouera » au sens où il n’est pas conçu pour rétablir l’économie grecque. Mais en attendant, les Grecs auront encaissé  tous ces milliards d’euros versés in fine par les contribuables européens.

Mais revenons au processus qui s’est déroulé sous nos yeux. Le 11 juin dernier, dans mon blog « L’étrangleur étranglé », j’écrivais en conclusion : « Par conséquent, sans être très imaginatif, on peut s’attendre à un accord sur une base officiellement assez défavorable au gouvernement grec que ce dernier, offusqué, soumettra à un referendum qui sera approuvé par les électeurs grecs, ces derniers étant supposés assez lucides pour comprendre que ce théâtre d’ombre destiné à abuser l’opinion européenne a besoin de leur participation pour que les flux financiers européens continuent de compenser les déficits de l’État grec. Ainsi le gouvernement grec sera dédouané par les électeurs du renoncement partiel à son programme, l’Union Européenne sera louée pour sa rigueur financière et les contribuables européens continueront à financer le déficit de l’État grec. »

C’est ce qui s’est passé, au détail près que les électeurs ont fait comprendre à leurs mandants qu’ils voulaient à la fois rester dans l’euro et ne pas subir de nouvelles mesures d’austérité. De leur côté, les dirigeants européens avaient besoin de faire croire à leurs opinions publiques respectives qu’ils s’agissaient de punir les Grecs par des mesures impératives d’austérité et la prise de contrôle du gouvernement  Syriza, coupable d’impertinence. L’idée d’étrangler les Grecs en fermant les banques était un excellent moyen pédagogique pour leur faire comprendre qu’ils n’avaient pas le choix.

Finalement, ces dirigeants européens « prêtent » l’argent, humilient les Grecs et prennent la responsabilité directe d’un nouvel échec, qu’ils vont piloter eux-mêmes.

Tant mieux pour les Grecs, qui bénéficient d’un sursis, jusqu’à la prochaine crise dans trois ans. À eux de s’en servir, je ne dirai pas comment. En attendant, l’éclatement de l’Europe que je craignais n’arrivera pas, du moins pas du fait de la Grèce. 

Le lendemain de cet accord officiellement imposé aux Grecs par des Européens floués, un autre accord, autrement important, a eu lieu qui était, lui, commandé par la géopolitique. Il permet à l’Iran de revenir en force dans le jeu mondial, du fait de la double volonté des autorités iraniennes et américaines.

C’est une grande date, ce 14 juillet 2015.

Les Iraniens vont voir leur niveau de vie progresser, les entreprises américaines et européennes vont coopérer avec les entreprises iraniennes, l’influence politique de l’Iran va grandir au Moyen Orient pour contrebalancer les tendances salafistes de l’Arabie Saoudite ainsi que la politique ambiguë de la Turquie. Quatre vingt millions d’habitants éduqués et unis dans cette région éclatée, représentent un poids considérable.

 

Tandis que les Européens se cantonnaient à une attitude de procrastination, un nouveau monde se levait au Moyen Orient. 

 

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QUE RESTE T-IL DE L'AVENTURE DE NAPOLÉON?

13 Juillet 2015 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

QUE RESTE T-IL DE L'AVENTURE DE NAPOLÉON?

TOUTE CETTE AVENTURE POUR ARRIVER OÙ?

 

Beaucoup de mal et un peu de bien, si l’on pense que les outils de gestion de l’État centralisé français sont un bien.

 

En termes géographiques, que reste t-il des conquêtes de la République et de l’aventure napoléonienne? Rien.

En termes d’influence nationale sur l’Europe ? Des ruines.

En termes démographiques ? Des morts.

En termes économiques ? une régression considérable.

En termes de liberté ? Une dictature de vingt-deux années.

En termes d’égalité ? La noblesse et le clergé dépossédés de leurs privilèges et de leurs biens.

En termes de croyances ? L’ébranlement de la religion catholique au profit de l’athéisme.

Il reste l’achèvement de la centralisation de l’État : le préfet dans le département, le sous-préfet dans l’arrondissement et le maire dans la commune comme représentants du pouvoir central, alors que tous sont nommés par le pouvoir central.

Il reste les académies et les lycées, le Conseil d’État, la Cour des Comptes.

Ajoutons y le Code Civil, le Code de commerce, le Code pénal, le code de procédure pénale, la Légion d’honneur, les conseils de prud’hommes, la Banque de France, les Chambres de Commerce, le franc germinal, le cadastre.

Ce sont en effet de bonnes institutions conçues pour faire fonctionner une nation encadrée par un État dominateur !

 

On reste donc confondu devant la force du mythe napoléonien.

Quoi, reposant sur un discours populaire et un arrangement avec les politiciens et les hommes d’affaires compromis dans la Révolution, il obtient du peuple français de livrer une guerre d’agression et de conquête pendant quinze ans !

Abattu, il trouve la force d’entraîner ses troupes jusqu’à Waterloo, où elles se battent encore le dos au mur !

Cette force singulière réside certainement moins dans l’aveuglement des individus que dans la puissance de l’organisation de l’État et dans l’énergie de tout ce peuple à qui la Révolution a promis la liberté, une énergie canalisée au service de l’Empereur, une énergie dépensée au rythme de cent mille morts annuels

Napoléon est l’archétype du chef providentiel et génial, capable d’arracher tous les exploits au pays, qui finalement succombe et le pays avec lui.

 

Un mythe français.

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LE NOEUD GORDIEN

6 Juillet 2015 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

LE NOEUD GORDIEN

QUELQU'UN POURRA T-IL LE TRANCHER MALGRÉ TOUTES LES "IMPOSSIBILITÉS"?

 

Le referendum grec s’est déroulé hier, le sujet portant sur l’acceptation ou le refus des propositions aujourd’hui caduques de la « troïka ».

Tout le monde s’accorde sur la clarté du résultat, avec 61,31% de refus des propositions précédentes. Il y a eu 62,50% de votants, autant que lors des dernières élections législatives. Les votants ont donc nettement  approuvé la politique européenne conduite par le Premier Ministre Grec, Alexis Tsipras.

On peut toujours gloser sur la responsabilité des uns et des autres, mais la seule question qui vaille est de mesurer l’enjeu des négociations à venir et d’essayer d’en tirer les conséquences pour l’Europe.

Dans cette perspective, je vous rappelle la conclusion de mon dernier blog:

On peut espérer plutôt qu’attendre que Mesdames Lagarde, Merkel et les autres dirigeants européens se comportent en politiques adultes et renoncent à punir la Grèce comme en 1914 l’Autriche et l’Allemagne se convainquirent de punir l’insolente Serbie. Ils pensaient alors conjurer le risque d’une guerre européenne, comme aujourd’hui Madame Merkel croit pouvoir châtier la Grèce sans faire éclater l’Europe. Elle ferait mieux, selon mon point de vue, de contribuer à un plan européen crédible en vue de son redressement économique et social.

Je maintiens ce que j’ai écrit, car je crains que Madame Merkel, contrainte par son opinion publique violemment hostile à la Grèce, ne la précipite dans une banqueroute, avec en prime une sortie de l’Euro, qui certes, montrera aux Grecs ce qu’il en coûte de s’opposer à l’Allemagne, mais mettra toute l’Europe dans des difficultés bien plus onéreuses que le report de la dette grecque.  

Mais l’opinion allemande est d’humeur punitive.

Mais les statuts de la BCE ne « permettent » pas de reporter les échéances de la dette.

Mais les pays du Sud, Espagne en tête, ne « peuvent » pas être encouragés à renégocier la dette.

Face à toutes ces « impossibilités », je crains que François Hollande ne soit pas en mesure de mettre en échec la furia allemande.

Et c’est ainsi, que renversant les prémisses du calcul de Jean Monnet, la politique financière conduite par l’UE est en train de détruire le consensus européen.

Il est en effet utile de se rappeler comment la construction européenne a été conçue. Fondée sur la convergence économique, elle devait progressivement contraindre les peuples européens à devenir de fait solidaires et à construire une union européenne de plus en plus étroite, qui deviendrait finalement un État fédéral.  D’ailleurs à toutes les objections sur le mauvais fonctionnement de l’Union Européenne, les europhiles répondent invariablement que la solution est « Plus d’Europe ».

Or c’est l’inverse qui est en train de se dérouler. Plus l’Europe financière avance, et plus les antagonismes s’intensifient. Plus d’Europe ? Plus de chômage ? Plus d’endettement ? Plus de conflits ? Car les faits montrent que l’Europe du Nord continue à se développer de manière équilibrée avec l’aide provisoire de l’Europe de l’Est, tandis que l’Europe du Sud diverge vers le bas. Il faudrait donc un lourd transfert de fonds du Nord vers le Sud, en faisant l’hypothèse audacieuse que les Grecs, les Espagnols ou même les Français finissent par ressembler suffisamment aux Allemands, aux Hollandais ou aux Finlandais pour que ce transfert soit un jour inutile.

Les cris d’orfraie poussés par les opinions publiques du Nord quant à l’éventualité d’un soutien à long terme de la société grecque augurent mal de tels transferts. On invoque à ce propos tous les péchés du gouvernement grec, son incurie, sa gabegie ou l’horrible habitude des Grecs de fuir l’impôt et on les invite à se « réformer ».

Se réformer ? Changer en peu de temps, dans l’état présent de faillite de l’économie grecque, tout le système étatique et la société grecque ? C’est une perspective qui relève d’un cauchemar technocratique. Car on relève que depuis dix ans les gouvernements grecs successifs n’ont « rien » changé, sauf pour appauvrir le pays, mais on ne se demande pas pourquoi. On accuse même Alexis Tsipras de ne pas avoir tout changé en six mois ! Et Chirac, Sarkozy, Hollande, qu’ont-ils changé en vingt ans ? Car, dans une société grecque tendue à l’extrême où les antagonismes deviennent de plus en plus forts, c’est la guerre civile et la dictature qui seraient le résultat d’une telle tentative d’accouchement au forceps d’une nouvelle société.

Si les Allemands le veulent, laissons donc Madame Merkel abandonner la Grèce à son triste sort. L’opinion du Nord croira s’être débarrassé d’un problème marginal, mais c’est toute la construction Européenne qui explosera, le syndrome grec venant empoisonner les relations politiques entre le Nord et le Sud.

Au total, c’est la discorde qui nous guette.

 

Dans mon dernier blog, je comparais le processus actuel à celui qui se déroula en 1914, chacun se lavant les mains de la responsabilité de la guerre qui détruisit l’Europe.

Je maintiens : en ce mois de juillet 2015, nous prenons hélas la même route, la mobilisation générale en moins…

 

 

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LA GUERRE À LA GRÈCE, LA GUERRE DE TROP

3 Juillet 2015 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

LA GUERRE À LA GRÈCE, LA GUERRE DE TROP

OÙ L'HUBRIS MENA LE ZEPPELIN HINDENBURG

En juillet 1914, personne ne croyait à la guerre et chaque capitale était préoccupée de démontrer qu’elle n’était pour rien dans le conflit majeur qui menaçait d’éclater et qui aboutit à la destruction de l’Europe. Le même processus est en train de se dérouler, toutes proportions gardées, au sujet de la Grèce comme ce fut le cas à l’époque vis-à-vis de la Serbie. Qui aurait pu croire, à l’époque qu’une affaire secondaire concernant ce petit pays puisse aboutir à une guerre générale ?

 

Aujourd’hui, des équilibres maintenus à grand peine sont en train de se rompre sous la pression de phénomènes identifiés depuis longtemps, mais qui émergent de plus en plus clairement sur la scène européenne.

Tout d’abord, s’installe une guerre aux frontières provoquée par l’afflux croissant d’immigrants. Sur les causes profondes de l’immigration africaine, on se reportera à mon blog intitulé Eurafrique du 2 novembre 2014. Mais dans l’immédiat, la migration vers l’Europe est le résultat de la déstabilisation de l’Afrique et du Moyen-Orient : des gens chassés par des guerres civiles partent de chez eux pour chercher la stabilité en Europe.

Tant que la paix et avec elle un niveau acceptable d’organisation et de prospérité ne reviendront pas, la pression migratoire continuera. Mais pas le flux, car les habitants de l’Europe ne l’entendent pas de cette oreille, ne voulant pas se retrouver déstabilisés eux-mêmes.

Un conflit aux confins sud de l’Europe commence donc.

Une seconde guerre l’accompagne qui lui est en partie liée. L’idéologie salafiste (voir mon blog sur la dynamique salafiste du 24 mars 2015 et les trois suivants) a pris de la force avec des territoires conquis et des adeptes attirés par son discours et ses actes violents de rejet de l’Occident, de la modernité et de toutes les interprétations du Coran qui ne sont pas les siennes.

Le temps de l’union des forces antisalafistes est en voie de réalisation autour de la prise de conscience de la capacité de nuisance de cette idéologie. Une vraie guerre contre le salafisme se met en place, qui ira jusqu’à son éradication comme l’a été en son temps le nazisme. En attendant, les attentats, les hésitations et les débats continueront...

Pendant ce temps, une guerre larvée est conduite contre la Russie par une Europe inféodée aux intérêts américains, mais de plus en plus divisée quant à l’opportunité de cet antagonisme artificiellement entretenu.

La résolution de ces trois conflits devrait mobiliser toutes les énergies européennes. Or il n’en est rien, puisque l’Europe s’offre dans le même temps le luxe autodestructeur d’un déchirement interne.

La crise grecque, si on la réduit à ses aspects financiers, peut paraître secondaire, comme l’était la crise serbe en juillet 1914. Mais elle exprime  un conflit majeur à l’intérieur de l’Europe entre ceux qui croient que l’Euro, une construction monétaire qui cache une volonté politique, est un moyen de renforcer l’Europe, et ceux qui croient que l’Europe doit être patiemment construite autour de la volonté des populations.

L’annonce d’un referendum proposé aux Grecs (que j’avais prévu dans mon blog l’Étrangleur étranglé du 11 juin 2015) est une curieuse répétition du referendum déjà annoncé le 1er novembre 2011 au sujet du plan européen de « redressement » de la Grèce par le Premier ministre grec, Georges Papandréou. Ce dernier avait dû y renoncer deux jours plus tard, en même temps qu’au pouvoir, sous la violente pression de Nicolas Sarkozy et Angela Merkel. Le résultat pitoyable de ce coup de force est que l’histoire bégaie trois ans et demi après, ce qui n’empêche pas les responsables européens de préparer une guerre financière contre la population grecque, comme si leur hubris exigeait de rabattre définitivement le caquet de ces Grecs présomptueux.

On peut espérer plutôt qu’attendre que Mesdames Lagarde, Merkel et les autres dirigeants européens se comportent en politiques adultes et renoncent à punir la Grèce comme en 1914 l’Autriche et l’Allemagne se convainquirent de punir l’insolente Serbie. Ils pensaient alors conjurer le risque d’une guerre européenne, comme aujourd’hui Madame Merkel croit pouvoir châtier la Grèce sans faire éclater l’Europe. Elle ferait mieux, selon mon point de vue, de contribuer à un plan européen crédible en vue de son redressement économique et social.

 

Si tel n’est pas le cas, si la Grèce doit supporter une aggravation de la situation actuelle au sein de l’Euro ou en dehors, il est probable que toutes ces proclamations sur la capacité de l’Europe de faire face, sans aucune conséquence, au naufrage de la Grèce, ne deviennent rapidement aussi obsolètes que risibles…

 

 

 

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