1757, LA PRISE ET LE MASSACRE (RELATIF) DE FORT HENRY
LA CARTE DU LAC GEORGE OÙ LES TROUPES DE MONTCALM DESCENDENT DEPUIS FORT CARILLON AU NORD ATTAQUER ET PRENDRE FORT WILLIAM HENRY AU SUD
L’hiver 1756-1757 laissa aux deux protagonistes le temps de préparer de nouveaux plans de campagne…
Lord Loudoun avait prévu d’attaquer Québec, la capitale de la Nouvelle France, dés cette année 1757. Laissant une force assez importante à Fort William Henry pour tromper Montcalm, il commençait à organiser son expédition vers Québec lorsqu’il reçut l’ordre de William Pitt, qui était alors le Secrétaire d’État chargé des colonies, d’attaquer d’abord Louisbourg, qui commandait la côte est du Cap Breton et qui protégeait l’accès à la ville de Québec.
Entravée par toutes sortes de délais, l’expédition ne fut prête à faire voile vers Halifax qu’au début du mois d’août. Mais pendant ce temps, de nombreux navires français avaient forcé le blocus maritime pour rallier Louisbourg, si bien que Lord Loudoun ne put que constater l’infériorité de la flotte britannique qu’il commandait comparée à la flotte française qui l’attendait de pied ferme à Louisbourg.
Aussi décida t-il de retourner à New-York où il apprit la nouvelle déprimante du siège et du massacre de Fort William Henry en août 1757. Le fort était situé au sud est du Lac George et défendu par une garnison d’environ deux mille hommes qui finirent par atteindre 2500 hommes dont un bon nombre était atteint de la variole, soldats britanniques et milices provinciales commandés par le lieutenant colonel Georges Monro.
À la suite des attaques subies par les forts français, Montcalm cherchait à détruire Fort William Henry qui constituait une base d’attaque contre Fort Carillon, ce dernier assurant la protection du cœur de la Nouvelle France. Fort William Henry était en effet installé à l’extrémité du Lac George, constitué d’une étendue d’eau de 54 kilomètres de long sur 1,5 à 5 kms de largeur, s’étendant du Nord au Sud entre Montréal et Albany. C’était une voie d’entrée dangereuse vers le cœur de la Nouvelle France, mais Montcalm hésitait à consacrer ses faibles ressources au siège du fort, sans savoir au préalable quels étaient les plans britanniques et ce n’est que lorsqu’il apprit que l’objectif principal des Anglais était Louisbourg, qu’il jugea possible d’attaquer Fort William Henry dont la garnison serait probablement limitée.
Dés décembre 1756, le marquis de Vaudreuil, gouverneur de la Nouvelle France avait commencé à recruter des Indiens du Pays d’en Haut pour la campagne militaire de l’été 1757 et c’est ainsi qu’il parvint à en rassembler 1800 qui se joignirent aux 6000 hommes de Montcalm, dotés de 36 canons et de 4 mortiers. Ce dernier les rassembla autour de Fort Carillon, avant de les faire descendre vers Fort William Henry le 30 juillet, en partie à pied le long du lac George et en partie par bateaux. Sous le commandement de François de Gaston, Chevalier de Lévis, les premières troupes composées du régiment de Guyenne accompagnés d’Indiens campèrent le 2 août à cinq kilomètres du fort, Montcalm les suivant. Dans la nuit du 2 au 3 août, les Britanniques ne prenaient aucune mesure afin d'empêcher les Français de débarquer sur la rive, car ils s’attendaient à ce que l’attaque française vienne de l'ouest alors que Montcalm avait décidé de frapper par le nord-ouest où les défenses étaient plus faibles. Le 3 août, Montcalm fit construire une route et des tranchées, tandis que son avant garde bloquait la route vers le fort Edward au sud. Il demanda le même jour à 11 heures du matin à Monro de capituler. Ce dernier refusa et envoya des messagers pour demander des renforts au Brigadier General Daniel Webb à Fort Edward, qui commandait toute la frontière de l’État de New York.
Webb, qui lui avait déjà envoyé mille hommes et qui ne disposait plus que de 1600 hommes à Fort Edward pour barrer la route de la capitale de l’État, Albany, refusa, se sentant lui-même menacé par l’avance des troupes françaises. Il écrivit le 4 août à Monro pour lui conseiller de négocier les meilleurs termes possibles de sa reddition. La lettre fut interceptée et remise à Montcalm.
Dans l’intervalle, Montcalm avait demandé à François-Charles de Bourlamaque, qui commandait les régiments du Béarn et du Royal Roussillon, de commencer le siège du fort. Il fit construire des tranchées et dés le 5 mai le bombardait à une distance de 1800 mètres. Le lendemain , les tranchées permettaient de croiser la première batterie avec une seconde, située à seulement 300 mètres du fort. Le 7 août, les murs du fort étaient largement entamés, de nombreux canons étaient hors d’usage et la garnison avait subi de nombreuses pertes, si bien que le lendemain, alors que les troupes françaises n’étaient plus qu’à 250 mètres, Monro issa le drapeau blanc pour ouvrir des négociations.
Du 7 au 9 août, les Anglais négocièrent les conditions de leur reddition. Comme d’habitude, Montcalm accepta des conditions très (trop ?) généreuses puisqu’il accepta que toute la garnison puisse quitter le fort jusqu'à Fort Edward sous la protection des troupes françaises, avec leurs mousquets et un canon symbolique, contre l’engagement de Monro de ne prendre part à aucune action contre les Français pour une période de 18 mois et contre un échange de prisonniers.
Mais pendant la retraite des Anglais, les Indiens tentèrent de massacrer les membres de la garnison. Une première fois, le 9 août dans le fort même et une deuxième fois le 10 août sur la route de Fort Edward. Ce dernier jour, les Français intervinrent trop tard et sur 2308 soldats, 300 environ (15%) furent massacrés, ce qui relativise l’accusation de massacre généralisé colporté par la propagande britannique.
À la suite de cette cuisante défaite, le Général Loudoun et le général Webb furent relevés de leur commandement et les troupes anglaises furent mises dans l’impossibilité pour l'année 1757 de se livrer à de nouvelles opérations au sud de Montréal.
À SUIVRE
L'ÉLECTION D'HILLARY CLINTON MENACÉE PAR LES "DÉPLORABLES"
HILLARY CLINTON EN DONNEUSE DE LEÇONS
À ce jour, il me paraît évident que Donald Trump est en capacité de remporter les élections US, n’en déplaisent à l’ensemble des medias français qui le couvrent d’injures et de sarcasmes depuis qu’il a émergé en politique.
Ces medias, à l’unisson de la grande majorité des medias américains, ont d’abord annoncé que Trump ne gagnerait jamais les primaires, puis une fois les primaires remportées, qu’il était loin derrière Clinton dans les sondages. Et ceci, jusqu’à la semaine dernière, quand en quelques jours Hillary Clinton a prononcé sa fameuse phrase sur les « déplorables » avant de littéralement s’affaisser devant une caméra sans doute tenue par un des «déplorables » qu’elle dénonce.
C’est alors que le rideau s’est brusquement déchiré.
Que se passe t-il donc devant nos yeux aveuglés par le discours médiatique ? C’est tout simplement le temps de la colère de l’opinion publique qui se manifeste, colère contre des politiciens qui mettent en danger la société formée de ces gens qui sont aussi des électeurs, malheureusement pour les politiciens.
Déjà en juin, le Brexit était la manifestation d’une rébellion de l’opinion publique contre l’idéologie mortifère de ses élites. Aujourd’hui, de l’autre côté de l’Atlantique, le même esprit de révolte anime le vote Trump.
En août, ignorant ce signal, la victoire de Trump était considérée comme hautement improbable par les commentateurs sophistiqués de Washington, car il n’était à leurs yeux qu’une « grande gueule » incapable d’entrer à la Maison Blanche. Par contraste, son opposante démocrate Hillary Clinton était dépeinte comme la candidate idéale, capable d’exprimer des opinions convenables et bourrée d’expérience.
En septembre, le tableau a totalement changé. Selon le dernier sondage du Los Angeles Times, Trump mène de six points devant Clinton au niveau national et il est en tête dans les deux États clés de Floride et de l’Ohio. Tous les jours, dix sondages donnent des signaux contradictoires, maisl il demeure que la perspective d’une victoire de Trump apparaît comme tout simplement scandaleuse pour les libéraux américains, tant ils restent convaincus de leur supériorité. Pour eux, un tel résultait représenterait la victoire de la populace ignare sur les élites éduquées.
Qu’ils s’y préparent donc à tout hasard, car un tel mépris illustre précisément à quel point ils ont été incapables de comprendre l’attrait de Trump pour ses électeurs, qui consiste à ramener de la détermination et du patriotisme à la présidence des Etats-Unis.
On a vu en effet les activistes pro-Hillary tellement englués dans le «politically correct » qu’ils ont applaudis à tout rompre quand, à une réunion LGBT destinée à réunir des fonds, Hillary Clinton a fait sa fameuse déclaration au sujet des partisans de Trump : « La moitié des électeurs de Donald Trump peuvent être regroupés dans un panier de gens déplorables, selon elle. Car ils sont, a t-elle déclarée, racistes, sexistes, homophobes, xénophobes, islamophobes ! ». Elle révélait ainsi son arrogance face à des millions d’Américains qui étaient coupables du crime de ne pas partager sa conception politique identitaire.
Nombre de déclarations de Trump ont soulevé de même des commentaires outragés, comme sa proposition d’interdire temporairement l’entrée des musulmans ou de construire un mur le long de la frontière mexicaine. Ces commentaires passaient par pertes et profits la peur des « déplorables » face au terrorisme et leur indignation face à l’anarchie provoquée par des millions d’émigrants illégaux.
Les détracteurs de Trump ont également dénoncé son manque d’expérience dans le domaine des affaires étrangères comme si le chaos qui régné au Moyen Orient était un bienfait engendré par l’expérience des dirigeants actuels, ce dont ne semblent pas convaincus les « déplorables » qui ont de plus vu Trump apporter adroitement son soutien au Brexit alors qu’Obama venait en Grande-Bretagne menacer en vain les électeurs britanniques.
Enfin, les « déplorables » conviennent que Trump, cas unique parmi les candidats modernes à la Présidence des Etats-Unis, n’a jamais été élu, tout en y voyant bizarrement un avantage car ils pensent qu’il n’a pas été contaminé par la pensée unique qui paralyse le personnel politique.
La détermination qu’ils attendent du futur Président a été bien illustrée, selon eux, par la réaction de Trump aux bombes à New-York : « Il vaut mieux que nous soyons vraiment dur maintenant, les gars », une réaction simpliste certes, mais tout à fait opposée à celle d’Hillary Clinton qui a débité les platitudes habituelles au sujet de la nécessité d’attendre le résultat de l’enquête. Elle imagine vraiment que c’est ce que les «déplorables » veulent entendre ?
Alors, je vous en prie, ne perdez pas de temps avec les balivernes de medias qui vont à satiété vous répéter maintenant que l’élection est serrée et tournez désormais votre regard critique vers l’élection française : vous croyez toujours que le candidat désigné par les medias va être élu?
LES VICTOIRES FRANÇAISES DE 1756
LE CHAMP STRATÉGIQUE DE LA CAMPAGNE DE 1756
Les offensives britanniques de 1755 s’étaient achevées par des succès partiels pour les Britanniques mais également par la mort du général Braddock survenue dans l’attaque de Fort Duquesne.
William Shirley lui succéda en tant que commandant provisoire des forces britanniques en Amérique du Nord. Il présenta ses plans pour 1756 à Albany en décembre 1755.
Il proposait de redoubler d’efforts pour prendre les forts de Niagara, Crown Point et de Duquesne, d’attaquer le Fort Frontenac sur la rive nord du Lac Ontario ainsi que la ville de Québec, mais ce plan ne fut approuvé ni par William Johnson, ni par le gouverneur de New-York, Sir Charles Hardy.
Aussi Newcastle, le Premier ministre britannique le remplaça t-il le mois suivant par Lord Loudoun, secondé par le Major Général James Abercrombie. Ces deux hommes avaient moins d’expérience que les trois officiers français envoyés avec des renforts en mai 1756, le Major Général Louis-Joseph de Montcalm secondé par le Chevalier de Lévis et le Colonel François-Charles de Bourlamaque, tous trois vétérans de la guerre de Succession d’Autriche. Ils arrivèrent en Nouvelle France alors même que la Grande-Bretagne déclarait formellement la guerre à la France le 18 mai 1756.
Pendant ce temps, le Gouverneur de la Nouvelle France, Pierre de Rigaud de Vaudreuil, qui ambitionnait d’ailleurs d’être nommé général en chef, ne resta pas inactif pendant l’hiver 1755-1756. Comme des estafettes avaient observé la faiblesse de la logistique anglaise, il décida d’attaquer Fort Bull au sud est de Fort Oswego sur le lac Ontario, ce dernier constituant l’ultime position militaire au Nord-Ouest, prés du lac Ontario, au bout d’une chaine de forts le long de la rivière Mohawk reliant la rivière Hudson au Lac Ontario. Fort Oswego dépendait de ces autres forts pour ses fournitures, en particulier de Fort William et de Fort Bull, ce dernier n’étant constitué de rien de plus qu’une palissade entourant des hangars bourré de poudre et de munitions destinées à la future campagne de 1756.
Le 12 mars 1756, trois cent hommes dont 110 Iroquois et Hurons, commandés par Gaspard-Joseph Chaussegros de Léry, un officier né au Canada, traversèrent difficilement la région enneigée (on l’imagine, étant donné que c’était en hiver, qu’ils transportaient des armes et que cet exploit se déroule au XVIIIe siècle).
Le 25 mars, ils capturèrent dix soldats britanniques, ce qui les décida à attaquer immédiatement le fort, car dénués de canons, leur seule chance de succès résidait dans l’effet de surprise. Ils se mirent donc à tirer par les fentes laissées par la palissade, puis réussirent à briser la porte d’entrée du fort à coups de haches. Tous les combattants britanniques furent tués et scalpés, avant que les assaillants ne mettent le feu au fort qui explosa.
La perte des 45000 livres de poudre que contenait Fort Bull mit fin aux plans britanniques de campagne militaire contre les forts français sur le lac Ontario et contribua à la prise de Fort Oswego par les Français en août 1756.
Tout au long de l’année, les raids français et indiens avaient continué dans la vallée de l’Ohio, obligeant les colons anglais à se réfugier toujours plus à l’est, tandis que le nouveau commandement anglais se mettait lentement en place. En effet, quand il arriva à Albany, Abercrombie refusa de prendre toute initiative sans avoir l’accord de Loudoun. Pendant ce temps, Montcalm tira profit de cette inaction, en exécutant une feinte stratégique consistant à déplacer son état-major à Ticonderoga comme s’il allait attaquer sur le lac George, tout en se retournant vers Fort Oswego sur le lac Ontario.
Le 29 juillet 1756, Montcalm arriva secrètement à Fort Frontenac avec pour objectif de donner l'assaut à Fort Oswego, tout en doutant des capacités de ses troupes irrégulières à le mener à bien.
Le déroulement des combats le rassura.
L'armée de Montcalm était forte de trois mille hommes dont une moitié à peine de soldats réguliers auxquels s’ajoutaient deux cent cinquante indiens. Par marche de nuit afin d’utiliser l'effet de surprise, Montcalm arriva le 10 août à minuit à l'embouchure de la rivière Oswego et engagea immédiatement son artillerie.
La zone comprenait trois forts, mais seul le fort Oswego était à même de soutenir un siège, si bien que les deux autres furent aussitôt abandonnés par leurs garnisons qui se replièrent sur Fort Oswego, ce dernier rassemblant une garnison de mille sept cents soldats irréguliers, appuyés par trente-trois canons et bien commandés par le colonel Mercer.
Mais Montcalm était un meilleur officier encore, il disposait de forces plus nombreuses et ses alliés indiens menèrent une guérilla meurtrière sur les arrières du fort. Mercer fut tué et la garnison capitula le 14 août. Les Français capturèrent mille six cents hommes, cent vingt-et-un canons, six vaisseaux armés et de nombreuses embarcations prévues pour être utilisées contre Fort Niagara et Fort Frontenac. Les forts anglais furent détruits.
Cette victoire était très importante pour le moral des troupes françaises car elle leur permettait de prendre le contrôle de l’immense arc qui s’étendait du Québec à la Louisiane puisqu'aucun autre fort britannique ne se trouvait dans cette zone. De plus, c’était un message positif envoyé aux Indiens qui virent dans cette destruction la possibilité de réoccuper leurs terres ancestrales.
À SUIVRE
1755, BATAILLES SUR TOUS LES FRONTS
LE CHAMP D'AFFRONTEMENT EN FRANÇAIS ET ANGLAIS EN 1755
L’année 1755 est celle de tous les dangers, aussi bien pour les Anglais que pour les Français. Les premiers sont écrasés dans l’Ohio, les seconds perdent le lien avec l’Acadie et laissent Louisbourg isolé, tandis qu’une bataille indécise se déroule près du Lac Champlain.
Les incidents de l’Ohio décidèrent le gouvernement du Duc de Newcastle, dans lequel Pitt ne joue pas encore un rôle majeur, d’envoyer une expédition militaire pour déloger les Français.
Ils choisirent le Major General Edward Braddock pour la conduire. Informé des intentions britanniques, le Roi Louis XV décida d’envoyer début 1755 six régiments sous le commandement du Baron Dieskau, que la flotte britannique ne parvint pas intercepter à l’exception de deux navires mais qui donna lieu au harcèlement, sans déclaration de guerre, des bateaux français toute l’année 1755.
Les Britanniques avaient un plan d’action particulièrement agressif pour 1755, qui consistait simultanément à attaquer à l’ouest Fort Duquesne, sous le commandement du General Braddock, tandis que le Gouverneur du Massachusetts, William Shirley avait pour instruction de fortifier Fort Oswego sur le lac Ontario et d’attaquer Fort Niagara, que Sir William Johnson devait capturer le Fort St. Frédéric sur le lac Champlain au centre et que le Lieutenant Colonel Robert Monckton devait capturer le Fort Beauséjour à l’est, à la frontière entre la Nouvelle Écosse et ce qui restait de l’Acadie.
Braddock, avec l’aide notamment de Washington était à la tête d’environ 1500 hommes qui attaquèrent en juin 1755 Fort Duquesne. Ce fut un désastre pour les Anglais. Ils furent pris dans une embuscade conduite par les soldats français et les Indiens. Braddock sonna la retraite avant d’être tué, comme les deux tiers des troupes britanniques. Les 500 soldats restant, y compris Washington, firent retraite vers la Virginie.
Pendant ce temps, les Français retrouvaient une copie des plans britanniques, ce qui leur permit de contrer les projets de Shirley d’attaquer Fort Niagara et d’envoyer le Baron Dieskau à Fort St. Frédéric pour s’opposer à l’attaque de Johnson.
Début septembre, l’armée française laissa la moitié de ses troupes pour la défense de fort Frontenac et avec une armée malencontreusement réduite à environ 3 000 hommes se dirigea vers le lac George où étaient positionnées les forces anglaises du colonel William Johnson composée d'une milice coloniale de 3 000 hommes environ et de 300 Indiens.
Le 3 septembre, de fausses informations firent croire à Dieskau que l’armée anglaise s’était repliée sur Albany, ne laissant que 500 hommes au fort Edward. Il décida alors de marcher sur le fort avec un corps d’élite de 1500 hommes dont 700 Indiens, laissant encore 1700 hommes au fort Carillon pour le défendre en cas d’une attaque des Anglais.
Le 7 septembre 1755, le détachement français arriva sur le fleuve Hudson et se positionna pour attaquer le fort Edward, mais comme la position était défendue par des canons, les Indiens refusèrent d'attaquer. Aussi, Dieskau décida d’attaquer l’ennemi le lendemain à l’extrémité supérieure du lac George où les Anglais étaient moins bien retranchés, quand il fut averti par un déserteur qu'une colonne de secours de 1200 hommes était en marche pour fort Edward.
Dieskau décida alors de tendre une embuscade à la colonne ennemie, mais la colonne de Johnson, l'ordre de silence ayant été brisé par les troupes anglaises, put se replier dans la confusion vers le camp de Johnson. Les canons anglais empêchèrent le succès de l’offensive, Dieskau fut blessé, la mêlée devint générale et la bataille se termina en impasse. Les Anglais avaient perdu deux cent hommes, les Français cent trente, mais Dieskau, blessé à trois reprises, avait finalement été fait prisonnier.
Le baron Dieskau avait néanmoins réussi à empêcher la capture du fort St-Frédéric et permis la construction du fort Carillon qui fut doté d’une trentaine de canons au printemps 1756. Les Anglais de leur côté étaient resté sur place où ils construisirent fort William Henry.
Mais le grand succès anglais de la campagne britannique de 1755 fut la capture de Fort Beauséjour en juin 1755. Une armée de deux mille hommes sous le commandement du colonel Robert Monckton assiègea le Fort Beauséjour défendu par une garnison de 460 hommes, l’enjeu étant de couper les Acadiens des forces françaises.
Le fort Beauséjour était en cours de réfection début juin 1755 quand les troupes anglo-américaines passèrent à l'attaque. Le 2 juin, un colon français aperçut une flotte britannique d'une quarantaine de navires en attente de jeter l'ancre prés du fort. Des courriers furent envoyés à Québec, à Rivière Saint-Jean, à Louisbourg et à l'île Saint-Jean (île du Prince Édouard) pour solliciter de l'aide, pendant que la population locale allait se réfugier au fort. Malheureusement aucun renfort ne vint, pas même de Louisbourg qui était le mieux placé pour le faire.
Le fort résista pendant deux semaines jusqu’au 17 juin. Déstabilisées, les troupes françaises abandonnèrent aussi le Fort Gaspareaux, proche du fort Beauséjour ainsi que le fort Jemseg sur le fleuve Saint-Jean qui était le dernier fort français qui aurait pu maintenir les communications avec l'Acadie.
Ce fut la perte du fort Beauséjour qui permit aux Anglais d’exproprier et de déporter les Acadiens. Elle coupait également la forteresse de Louisbourg de tout renfort par la terre.
À SUIVRE
LA STRATÉGIE DE WILLIAM PITT
WILLIAM PITT, LE BOURREAU DE LA NOUVELLE FRANCE
Avant de conter le déroulement des opérations en Amérique du Nord à partir de 1756, il me semble utile de présenter le point de vue britannique sur cette guerre.
Il faut tout d’abord souligner l’énorme disproportion de peuplement entre les Français et les Britanniques au début de la guerre totale, ce qui suffirait largement à expliquer la victoire finale des seconds sur les premiers.
En Amérique du Nord, la disproportion des populations était importante, soixante mille habitants dans la Nouvelle France contre deux millions dans les treize colonies de la Nouvelle Angleterre. Cependant, cette disproportion était en partie compensée par l’appui de presque toutes les tribus indiennes à l’exception des Iroquois, dont bénéficiaient les colons français.
Ce sont les colonies britanniques qui prennent clairement l’initiative de la guerre, après les escarmouches autour de Fort Duquesne et l’abjecte embuscade conduite par Washington. À cet égard, une réunion cruciale a lieu en 1755 entre le General Edward Braddock, le nouveau commandant en chef de l’armée britannique en Amérique du Nord et six des treize gouverneurs des colonies. Ils décident d’une offensive contre la Nouvelle France selon quatre axes.
Toutes échouent. Le 9 juillet 1755, l’effort principal mené par Braddock aboutit à la bataille de Monongahela, sur laquelle nous revenons plus loin. Il perd la bataille et la vie. Puis toutes les opérations, ou presque, menées en 1755, 1756 et 1757 aux frontières de la Pennsylvanie et de New-York échouent. Cependant, en 1755, les forces britanniques capturent Fort Beauséjour à la frontière de l’Acadie, ce qui leur permet d’exécuter librement l’infâme expulsion et remplacement des Acadiens par des colons britanniques. Les Britanniques se défendent en disant qu’ils n’en ont pas pris l’initiative à Londres mais en Acadie même. Pure hypocrisie.
De même, en 1757, l’offensive contre Louisbourg sur l’île du Cap-Breton échoue. Pire, les forces britanniques perdent Fort William Henry sur le lac George, à 250 kilomètres au nord ouest de Boston.
C’est ensuite que le rapport de force bascula en faveur des forces britanniques. Jusque là, malgré leur infériorité quantitative, les forces françaises et indiennes s’étaient révélées largement plus efficaces que les Britanniques. Le changement de politique britannique initié par William Pitt (1708-1778), renversa progressivement la situation en leur faveur.
Pitt avait de nombreux adversaires au sein de la classe politique britannique mais il était avait l’image auprès de l’opinion publique d’un défenseur intraitable des intérêts britanniques. Sa politique consistait à immobiliser le plus possible de ressources françaises en Europe, tandis que la Grande-Bretagne exploiterait sa suprématie navale pour s'emparer des possessions françaises tout autour du monde.
Il la mit en œuvre en s’emparant successivement des comptoirs commerciaux français en Afrique de l’Ouest, comme le fort de Saint-Louis au Sénégal en avril 1758, puis l’île de Gorée, la Gambie, la Guadeloupe. Il mit également en échec les troupes françaises en Inde (1759). Cette stratégie périphérique fut un plein succès, grâce au nombre et à la qualité de la British Navy qui s’en donna à cœur joie.
Son adversaire, le Duc de Choiseul (1719-1785) menait une stratégie diamétralement opposée qui consistait à rester sur la défensive dans les colonies tandis qu’il visait à une victoire totale en Europe qui lui permettrait de récupérer ultérieurement les colonies. Il est donc faux de soutenir que la France a abandonné ses colonies et notamment la Nouvelle-France, mais il est vrai par contre que la stratégie de Choiseul a globalement échoué.
Choiseul espérait même pouvoir envahir la Grande-Bretagne afin de sortir le Royaume-Uni de la guerre et de récupérer les colonies perdues. Il jouait gros. D’énormes ressources furent consacrées la construction d'une flotte d'invasion mais les défaites navales françaises le forcèrent à y renoncer, tandis qu’il ne parvenait pas à percer en Allemagne. Les Britanniques parvinrent même à s’emparer de Belle-Île-en-Mer.
Comme on le sait, la guerre dura sept ans, de 1756 à 1763, presque deux fois plus longtemps que la Guerre de 1914-1918. Ce fut une guerre totale. Elle impliqua, outre la France et la Grande-Bretagne, l’Autriche, la Prusse, La Russie, la Suède et même l’Espagne, plus tardivement. Elle se déroula principalement en Europe et en Amérique du Nord, mais aussi tout autour du monde, des Caraïbes aux Philippines, en passant par l’Afrique de l’Ouest et l’Inde.
Les belligérants français et anglais y engagèrent toutes leur ressources mais à la fin ce fut la Grande-Bretagne qui remporta provisoirement la victoire.
Ce qui reste de cette guerre aujourd’hui oubliée est considérable : l’équilibre du monde en a été bouleversé, jusqu’à ce jour.
À SUIVRE
LE GRAND DÉRANGEMENT, PRÉLUDE À LA GUERRE TOTALE
L'IGNOBLE COMPORTEMENT DES AUTORITÉS BRITANNIQUES ENVERS LES ACADIENS
Il s’en faut encore de deux ans pour que la guerre soit officiellement déclarée entre le Royaume de France et celui de Grande-Bretagne, mais un état de conflit s’était de fait installé en Amérique du Nord.
Le défi est considérable pour la Grande-Bretagne qui possède un empire colonial très peuplé en Amérique du Nord, quoique peu étendu. Si la Grande-Bretagne ne possède pas d’armée puissante, elle détient l’atout maitre de la Royal Navy qui lui permet de maîtriser le commerce maritime, de conquérir des colonies et de porter le conflit sur les côtes de ses adversaires.
Elle va utiliser à plein cet avantage décisif pour conquérir toute l’Amérique du Nord aux dépens de la Nouvelle-France qui représente un adversaire redoutable avec ses milices et ses alliés amérindiens. Ces milices de la Nouvelle France rassemblaient tous les hommes valides âgés de 16 et 60 ans, habiles à la guerre d'embuscade, dotés de leur propres équipements, fusils, plomb, poudre et mèches, complétés le cas échéant par les fournitures de l’intendance militaire des trois gouvernements régionaux de Québec, Trois-Rivières et Montréal.
En outre, armées de couteaux, de haches et de fusils, presque toutes les nations amérindiennes combattaient avec les Français, ce qui montre par contraste l’impopularité des colons britanniques auprès des Indiens. Naturellement, les Indiens excellaient dans les embuscades et les attaques surprises.
Après « l’exploit » de Washington et ses suites, les troupes françaises avaient la main sur l’Ohio en ce mois de juillet 1754. Pour y répondre, les Britanniques firent l’effort d’envoyer deux régiments en renfort puisés sur leur maigre armée et de fournir 2 000 mousquets et 10 000 £, afin de lever des troupes coloniales, les Rangers, utilisés pour monter des embuscades et les Colonial Pioneers, destinés à construire et maintenir les fortifications, batteries et campements britanniques.
Une réponse politique à l’ouverture des hostilités fut également donnée par le congrès d’Albany en juin-juillet 1754. Son but était d’organiser les relations avec les Indiens, qui paraissaient stratégiques dans le conflit à venir. Si le plan qui fut retenu ne fut jamais appliqué, ses principes annonçaient ceux de la Confédération pendant la guerre d’Indépendance.
Aussi l’année 1755 voit les escarmouches se multiplier entre les Français et les Britanniques. Dans l’Ohio, les Britanniques attaquent sans succès Fort Niagara et se confrontent aux troupes franco-indiennes autour de Fort Duquesne. Les soldats britanniques sont deux fois plus nombreux que les Français et les Indiens, 2000 contre 900, mais ils sont tout de même vaincus par les tactiques de guérilla de leurs adversaires. Dans la région du Lac Champlain, le commandant des troupes françaises en Nouvelle-France tente de s’emparer du Fort Edward, échoue et est fait prisonnier par les Britanniques.
Puis l’amiral Edward Boscawen établit un blocus à l'entrée du Golfe du Saint-Laurent avec 11 vaisseaux de guerre afin de tendre une embuscade au vice-amiral Dubois de La Motte partit de Brest le 3 mai 1755 avec une escadre de 22 vaisseaux et des troupes régulières en renfort pour la Nouvelle-France, qui n’est donc nullement abandonnée à son sort. Quelques navires français sont capturés. La tension s’accroit entre les deux royaumes qui va conduire à la déclaration de guerre officielle du printemps 1756.
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Mais le drame éclate ailleurs, en Acadie. La France a cédé le territoire aux Britanniques depuis le traité d’Utrecht en 1713, qui se nomme désormais la Nouvelle-Écosse. En 1754, les victoires françaises dans la vallée de l'Ohio inquiètent fortement les colonies britanniques. Le gouverneur Charles Lawrence discute avec William Shirley, gouverneur du Massachusetts, de la possibilité de remplacer les Acadiens par des colons anglo-américains.
Il rencontre des délégués acadiens afin d’exiger d'eux un serment d'allégeance inconditionnel envers le roi d'Angleterre qui les contraindraient à servir dans l’armée britannique contre l’armée française. Les délégués des Acadiens refusent, ce qui est tout à leur honneur.
En conséquence, Charles Lawrence, honte à lui, ordonne en juin 1755 à ses subordonnés britanniques dans chaque district d'attirer les hommes français dans les ports, de les y arrêter et de les y détenir. Des navires viennent les chercher pendant que d'autres troupes, les hommes partis, s’en vont lâchement arrêter les femmes et les enfants chez eux. Les déportés sont divisés par groupes, puis embarqués sur les navires à destination des différentes colonies britanniques.
Ce fut ce que les Acadiens appellent le Grand Dérangement, qui s’achèvera par l’installation, cette fois-ci volontaire, d’une partie des descendants des Acadiens en Louisiane, les Cadiens. En tout, ce furent dix à quinze mille Acadiens qui furent déportés, tandis que deux à trois mille parvenaient à s’échapper au Québec.
Cette expropriation et déportation massive des Acadiens constitue ce que l’on peut appeler aujourd’hui une opération de nettoyage ethnique de grande envergure, compte tenu de la démographie de l'époque. Elle montre, au delà de leur fourberie, l’intensité de la détermination britannique à chasser à tout prix le pouvoir français d’Amérique du Nord.
Désormais, dès le printemps 1755, un an avant la déclaration de guerre officielle entre les Royaumes de France et de Grande-Bretagne, les deux protagonistes s’approchent rapidement de l’affrontement total, avec le blocus sans déclaration de guerre pratiqué par la Royal Navy envers une marine française qui veut maintenir l’accès à la Nouvelle-France pour soutenir ses colons.
À SUIVRE
GEORGE WASHINGTON OUVRE LE BAL PAR UN ASSASSINAT
Les colonies britanniques d’Amérique du Nord étaient bloquées dans leur expansion par la Nouvelle France, ce qui était logiquement générateur de conflit et même de combat à mort, car les deux volontés d'expansion, anglo-saxonne et françaises étaient inconciliables.
Le conflit couvait dès la guerre de Succession d’Espagne, qui s’était conclue en 1713 par le traité d’Utrecht qui avait permis à la Grande-Bretagne de se saisir d’une partie de l’Acadie à l’exception de l’île du Cap-Breton, des territoires de la Baie d'Hudson et de Terre-Neuve et au protectorat britannique du territoire iroquois qui recoupait celui de la vallée de l'Ohio.
Au début de la guerre franco-anglaise en Amérique du Nord qui commença vers 1754, les Français disposaient de trois mille troupes de marine qui défendaient la Nouvelle-France avec l’aide occasionnelle de milices locales. Du côté britannique, seule la Virginie possédait des troupes régulières, les autres colonies n’utilisant que des miliciens locaux.
Les constantes incursions anglaises sur le territoire de la Nouvelle-France furent à l’origine du conflit de l’Ohio. En juin 1747, le gouverneur de la Nouvelle France, Roland-Michel Barrin de La Galissonière charge Pierre-Joseph Céloron de conduire une expédition de deux cent hommes pour réaffirmer les droits du Roi Louis XV depuis les lacs Ontario et Érié jusqu’au confluent des rivières de l’Ohio et de Miami. Ce faisant, il alarma les colons britanniques qui se sentirent menacés par la démonstration de force française, d’autant plus qu’ils comptaient bien s’installer dans l’Ohio.
En 1749, le gouvernement britannique donna des terres à cent familles regroupées dans l’Ohio Company of Virginia qui entreprirent de finirent par construire en 1752 une enceinte fortifiée au débouché de la rivière Monongahela, sur le site de l’actuel Pittsburgh, alors qu’au même moment trois cent hommes des troupes de marine française attaquaient le comptoir de Pickawillany, coupable de commercer avec les Anglais.
Puis au printemps 1753, sous les ordres de Paul Marin de la Malgue, deux mille hommes rassemblant des troupes de marine et des indiens furent chargés de protéger la vallée de l’Ohio des incursions anglaises. Les Français construisirent une série de forts, Fort Presque Isle sur le lac Erie, Fort Le Boeuf, actuellement Waterford (Pennsylvanie).
Ces troupes, en descendant vers le sud, capturèrent et chassèrent des commerçants anglais, inquiétant le Gouverneur de Virginie, Robert Dinwiddie, qui craignait de perdre de l’argent en tant qu'investisseurs de l'Ohio Company si les Français tenaient l’Ohio. En octobre 1753, il envoya le jeune Washington, âgé de 21 ans, rencontrer les Français pour leur demander de se retirer de l’Ohio, au prétexte qu’il le considérait comme un territoire appartenant à la Virginie.
Le 12 décembre 1753, Les troupes de Washington rallièrent Fort Le Boeuf où ils furent reçu à diner par Jacques Legardeur de Saint-Pierre, le commandant en titre des forces françaises qui expliqua que les droits français sur la vallée de l’Ohio étaient supérieurs à ceux des Anglais, du fait de la découverte de la région par René-Robert Cavelier, Sieur de La Salle un siècle plus tôt. Washington ne put que retourner en Virginie déconfit et inquiet des progrès des Français vers le Sud de l’Ohio.
De son côté, sans attendre le retour de Washington, le Gouverneur de Virginie, Robert Dinwiddie, avait envoyé début 1754 une compagnie de 40 hommes construire un fort sous le commandement de William Trent. Les Français arrivèrent en force, permirent à la petite compagnie de se retirer et leur rachetèrent leurs outils pour achever eux-mêmes ce qui devint Fort Duquesne.
Entretemps George Washington avait recu l’ordre de renforcer Trent, ce qui provoqua le triste épisode de Jumonville Glen le 28 mai 1854, à partir de laquelle on peut dater le prologue sinon le début de la guerre franco-anglaise qui aboutit à la perte des possessions françaises en Amérique du Nord, même s'il s'agit d'un incident mineur.
Washington monta une embuscade contre un détachement français dirigé par Coulon de Jumonville qui avait pour mission de reconnaître si le territoire réclamé par la France avait été envahi, afin de délivrer le cas échéant une sommation de retrait des terres du roi Louis XV aux Anglais qu'ils rencontreraient.
Dans cette embuscade, neuf soldats français furent tués, vingt et un capturés et Coulon de Jumonville fut exécuté par les hommes de Washington dans des conditions troubles. Tandis que Washington se retirait, un soldat français rescapé parvint à prévenir de l’embuscade le commandant du Fort Duquesne, Claude-Pierre Pécaudy de Contrecoeur, qui envoya un détachement de cinq cents hommes dont il confia le commandement au propre frère de Jumonville, Louis Coulon de Villiers, avec pour mission de capturer Washington.
Les poursuivants trouvèrent les cadavres des soldats français livrés aux loups, avant de se lancer à la poursuite de Washington qu’ils rejoignirent là où il venait d’élever un nouveau fort, le Fort Necessity. Washington fut vaincu et capturé par les troupes françaises à la bataille de Great Meadows, le 3 juillet 1754, mais il parvint non seulement à éviter l’exécution pour meurtre grâce à des aveux signés où il s’accusait être l'assassin de l'officier français, et à être remis en liberté.
Si un milicien français avait assassiné un officier de l’armée britannique, il aurait été sans aucun doute exécuté. Ici, la « générosité » française révéla indéniablement une faiblesse dans la conduite de la guerre. Cette affaire fit du bruit en Europe.
Voltaire, tout anglophile qu’il était, s’indigna : « Je ne suis plus Anglais depuis que les Anglais sont pirates sur mer et assassinent nos officiers en Nouvelle-France ». En Angleterre, le politicien Horace Walpole décrivit ainsi l’affaire : « The volley fired by a young Virginian in the backwoods of America set the world on fire. ».
C’est en effet par cette traiteuse embuscade et cet assassinat que George Washington entra dans l’histoire en écrivant une page du prologue de la guerre de Sept Ans (1756-1763) qui verra le siège de Québec, la conquête de la Nouvelle France par la Grande-Bretagne et la substitution de la prépondérance française sur le monde par l’anglaise.
À SUIVRE