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Le blog d'André Boyer

interlude

VERS L'INDONÉSIE

27 Avril 2024 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE

CARTE DE L'INDONÉSIE

CARTE DE L'INDONÉSIE

Depuis un an environ, je tourne dans mon récit autour de l’année 1995, l’année pendant laquelle j’ai « tranché le nœud gordien », me décidant à quitter la direction de l’IECS sans toutefois parvenir à assurer sereinement ma succession, l’année qui me vit enseigner à Hanoï, l’année qui précéda l’accession de « cinq destins de docteurs »,  l’année qui précéda celle du lancement des ENCG au Maroc, l’année pendant laquelle je publiais « L’essentiel de la Gestion », et aussi l’une des trois années durant lesquelles  j’enseignais à Timisoara.

 

Malgré cette multitude d’évènements, je n’en ai pas fini avec l’année 1995, car ce fut aussi l’année indonésienne, celle de ma plus improbable réussite, fruit d’une volonté qui parvint, je ne sais comment, à faire plier les faits à ma guise.

 

Avec l’expérience, j’ai fini par croire à l’extraordinaire force de la volonté. Je ne prétends pas faire tout ce que je veux dans la vie, mais je soutiens que rien n’est arrivé que je ne voulais pas, consciemment ou inconsciemment, que je ne pressentais pas, que je n’orientais pas d’une manière ou d’une autre. C’est du moins ce que je ressens, mais c’est sans doute une illusion.

Pourtant, durant ma carrière universitaire, j’en vois de nombreux exemples comme la création de l’université du troisième âge, les concours de maitre de conférences et de professeur, la création de l’IAE de Tianjin puis de Beijing et même dans mes échecs relatifs, au Cepun, en Bulgarie ou encore dans mon départ récent de l’IPAG, que je n’ai naturellement pas encore raconté. 

Cette force de la volonté n’est peut-être qu’une manière de décrire la manière dont nous cherchons à nous insérer dans les flux du monde. Du moins m’a-t-elle donné confiance et elle ne s’est jamais si clairement manifestée que dans cette incroyable aventure indonésienne.

Au printemps 1995, j’étais en train de quitter la direction de l’IECS et de revenir m’installer dans mon bureau, douillet mais minuscule, à l’IAE de Nice. Pas pour m’y endormir, pas pour revenir sur mes pas, pas pour capituler, mais pour faire ce que je n’avais pas eu le temps de créer du fait de mes lourdes occupations à Strasbourg. On a vu que je ne m’étais pas endormi, comme au Maroc, mais mon plan, élaboré au retour du Sénégal en 1983, avait été suspendu par les contraintes de la direction de l’IECS, elle-même reliée à des contingences personnelles.

Je ne sais pas si j’ai déjà exposé clairement ce plan au cours de ces billets, mais le voici : mon plan initial, fondé sur la volonté de contribuer en tant qu’universitaire au maintien et au développement de l’influence de la France dans le monde, consistait à proposer la création, je disais d’IAE, mais en réalité de CAAE, dans les plus grands pays en développement.

L’IAE était la structure et le CAAE une formation à la gestion en un an à laquelle je croyais. Bien sûr je visais aussi à installer une structure d’appui de type IAE, tout d’abord légère puis plus complexe au fur et à mesure où les formations deviendraient plus structurées.

L’objectif était du type « gagnant-gagnant », le seul qui fonctionne à terme, la France finançant une formation de qualité aux cadres de ces pays ainsi que l’ouverture à des entreprises françaises qui échangeraient avec les entreprises du pays ou qui s’installeraient sur place. Nous n’étions pas encore à l’ère d’internet ou les échanges, universitaires ou commerciaux, pourraient se contenter de supports virtuels.

La France, de son côté, en attendait une influence accrue dans ces pays, sur les plans intellectuel, culturel et économique. Elle n’avait pas encore capitulé, contrainte et forcée, devant la pratique universelle d’un véhicule linguistique fondé sur une sorte d’anglais qui permettait à n’importe quelle personne dans le monde d’échanger, même fort peu ou fort mal, avec n’importe quelle autre.

C’est pourquoi la langue pratiquée était le français, les professeurs venaient pour un séjour limité des universités et des écoles françaises, le programme était celui des IAE en France, les stages qui succédaient à la formation se faisaient dans les entreprises françaises ou dans leurs filiales à l’étranger.

Pour peu de temps, c’était un discours qui était encore intelligible pour les conseillers culturels dans les ambassades et dans le MAE, même s’ils comprenaient plus difficilement que ce soit un universitaire niçois, et non un universitaire parisien, qui le tienne. Mais avec l’appui de la Fnege et moyennant quelques arrangements avec des collègues parisiens, je parvenais généralement à surmonter cet obstacle ontologique, sauf, on l’a vu, au Vietnam.

J’avais projeté cet objectif général sur des territoires. Au départ, j’imaginais installer ces formations en Chine, que je connaissais pour y avoir enseigné, puis en Indonésie, avant de me lancer en Inde et au Brésil.

Pourquoi l’Indonésie ? Je ne sais pas trop, une intuition, un pays qui me permettrait de souffler entre deux plus gros morceaux, la Chine et l’Inde.

 

En 1995, après le succès chinois, j’en étais là, à vouloir installer une formation à la gestion en Indonésie…

 

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FAIRE COURS À TIMISOARA

16 Mars 2024 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE

FLEURS, JARDIN ET CATHÉDRALE À TIMISOARA

FLEURS, JARDIN ET CATHÉDRALE À TIMISOARA

 

Pendant cette période strasbourgeoise, J’ai enseigné ailleurs qu’à Hanoi : Durant trois années successives, de 1995 à 1997, j’ai donné un cours de marketing sur une durée de deux semaines à l’Université de Timisoara.

 

Il y avait un accord entre, je ne sais plus trop qui, la FNEGE ou l’IAE de Nice, avec l’Université de Timisoara dans l’extrême ouest de la Roumanie aux abords de la Hongrie et de la Serbie. Belgrade se trouve à 150 kms de là et Budapest à 280 kms de Timisoara. Aussi la population de la ville est-elle d’origine hongroise et serbe plus que roumaine et la ville a été longtemps revendiquée par la Hongrie.

En effet, la ville a été créé par des Hongrois et elle resta hongroise cinq siècles avant d’être conquise par les Ottomans en 1552. Mais deux siècles plus tard, en 1716, elle fut reconquise par les troupes autrichiennes du prince Eugene de Savoie et elle devint ensuite une grande ville industrielle de l’empire Austro-Hongrois jusqu’à l’éclatement de l’empire en 1918. Elle fut alors rattachée à la Roumanie, une décision contestée par la Hongrie.

La période autrichienne est tout à fait visible dans l’architecture de la ville, notamment avec celle de son Opéra.

La Brasserie locale est bien représentative de l’histoire de la ville : en 1718, le prince Eugène de Savoie fit construire à Timisoara une brasserie destinée à la garnison autrichienne.  En 1890, un grave incendie permit de la rénover et d’en faire l’une des plus modernes du monde et elle le resta en devenant l’une des premières unités de fabrication de bière dans le monde à automatiser complètement sa ligne de production. Rachetée finalement par le groupe japonais Asahi, la bière Timisoareana est restée, malgré toutes ces mutations, une bière excellente et je puis en témoigner.  

Sur de nombreux plans, Timisoara a été un pionnier de l’industrialisation :  le 12 novembre 1884, elle a été la première ville d'Europe dont les rues étaient éclairées par 731 ampoules électriques et l’une des premières villes dotées d'un tramway électrique (1899)

Mais dans l’histoire récente, la ville est devenue aussi emblématique de l’utilisation de la désinformation pour renverser un régime politique, en l'occurrence branlant.
Le 16 décembre 1989, Timisoara a été la première ville de Roumanie à se révolter contre le régime de Ceausescu. Les forces armées ouvrirent le feu sur les manifestants et les agents de la Securitate opérèrent des centaines d'arrestations. Le lundi 18 décembre, la rumeur se répandit qu’environ 40 cadavres avaient été transportés hors de la ville par des camions frigorifiques. Le mardi 19 décembre, des comités décidèrent l'arrêt complet du travail dans les grandes entreprises de la ville. Le lendemain, un comité des représentants ne parvint pas à s’accorder avec les représentants du Premier Ministre et les manifestants se regroupèrent autour de l'Opéra.
C’est alors que la situation bascula. L'armée reçut de nouveau l'ordre d'ouvrir le feu sur les insurgés, mais certains officiers refusèrent d'obtempérer et se rangèrent du côté des manifestants qui déclarèrent que Timisoara devenait la première « ville libre » de Roumanie. 

Le 21 décembre, une proclamation était lue par les représentants du Front démocratique roumain, demandant, entre autres, l'abolition du régime et des élections libres. À Bucarest, le régime s’effondra le lendemain 22 décembre et le couple Ceausescu, en fuite, était exécuté le 25 décembre à la suite d’un procès sommaire.

Les médias occidentaux mentionnaient plus de mille morts à Timisoara, alors qu’il n’y avait eu « que » 93 morts. Pour conforter ces chiffres falsifiés qui justifiaient la chute du régime, des images de cadavres furent abondamment diffusées dans le monde entier, alors qu’il s’agissait de montages assez grossiers. Lorsque la supercherie fut officiellement démasquée en février 1990, le nom de Timisoara resta associé aux manipulations dont les médias sont à la fois les dupes et les relais.

Timisoara est une jolie ville de deux cent cinquante mille habitants qui offre un contraste saisissant entre d’une part un centre riant grâce à son parc couvert de roses qui entoure la rivière Timis et d’autre part une banlieue assez tristement industrielle.

Dans un bâtiment universitaire proche du parc, j’enseignais le marketing à des étudiants à l’époque francophones et qui doivent l’être beaucoup moins aujourd’hui.  La matière se prêtait bien à cette période de changement qui voyait la Roumanie basculer rapidement d’une économie socialiste à une économie de marché. On voyait ainsi tous les endroits susceptibles de recevoir du public, bars, auberges, magasins, se peupler rapidement de distributeurs rouges vendant du Coca-Cola.

On vit aussi le dimanche après-midi, un groupe rock s’installer en face de l’Opéra, sur la place de la Victoire, qui n’était qu’un prétexte pour attirer la foule et lui distribuer des échantillons de cigarettes Marlboro. Comme souvent, les Italiens avaient largement précédé les Français sur le marché de la Roumanie de l’Ouest : plus de 2000 entreprises italiennes avaient ouvert des filiales à Timisoara contre 20 françaises !

Dans mon souvenir, Timisoara offrait un séjour agréable dans une atmosphère calme. Mais calme en surface seulement, car le trafic de voitures volées y prospérait au point qu’il s’affichait dans de petites annonces apposées sur un mur du restaurant où je déjeunais.

Calme, à condition de ne pas se frotter aux familles tsiganes qui y étaient (bien) installées. L’une d’elles, le trouvant à son goût, se mit en tête d’acheter le bâtiment qui abritait le centre culturel français à Timisoara qu’elle se proposait d’expulser et il fallut toute l’amicale pression de l’Ambassade de France sur les autorités roumaines pour les dissuader. Il m’arriva aussi de visiter une maison construite par une autre famille tsigane où j’eus la surprise de découvrir que toutes les dimensions avaient été multipliées par 1,5, en particulier les portes, les fenêtres et les lits ! Avoir tout plus gros que les autres ! Quel curieux rapport au monde !

 

Timisoara, une ville dont je n'ai conservé que de bons souvenirs, de ses habitants pique-niquant au bord de la rivière jusqu'aux étudiants francophones et attentifs en passant par des collègues de l’Université de l’Ouest à Timisoara avec qui j'entretiens encore aujourd'hui d'amicales relations...

 

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HANOÏ ET SES SURPRISES

14 Février 2024 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE

HANOÏ ET SES SURPRISES

Cette mission au CFVFG à Hanoi en 1994 fut pleine d’enseignements dans des domaines très divers.

 

Ce fut en effet une mission mémorable, par les informations glanées et les personnes rencontrées.  Le CFVFG, c'était le Centre Franco Vietnamien de Formation à la Gestion, financé par la France à Hanoi et dont la gestion avait été confiée à la CCIP (Chambre de Commerce et d'Industrie de Paris).

Le CFVFG était situé non loin du centre d'Hanoi et j’habitais un peu à l'extérieur de la ville, dans une caserne, oui, une caserne où était logé le régiment de défense aérienne de Hanoi, dont les officiers arrondissaient leurs fins de mois en louant leur chambre à des personnes de passage comme moi.  

Ce logement militaire était le résultat des bons soins de mon ami Michel Herland, directeur du CFVG qui avait ainsi trouvé de me faire faire des économies sur les frais de logement. Je me souviens que la chambrée était tout à fait confortable, sauf qu'il y avait, de ci de là, des petites planchettes pour éviter de patauger dans l'eau qui recouvrait le plancher de la pièce. Entrer dans le lit les pieds secs était par conséquent un exercice complexe.

J'avais été recruté comme vacataire pour deux semaines et demie afin d'enseigner les Techniques Quantitative de Gestion (TQG) à un groupe d'une vingtaine d'étudiants vietnamiens parlant un français limité. Au début des cours, les étudiants semblaient tout ignorer de la logique statistique que j'étais chargé de leur enseigner. Le premier jour me laissa perplexe sur la meilleure manière de faire entrer cette logique dans leur esprit, mais, au bout de quinze jours, toute inquiétude était dissipée, certaines étudiantes étant littéralement passée de 1 ou 2/20 pour les premiers exercices à 18 à 20/20 pour les derniers.

Jamais je n'avais vu des étudiants progresser aussi vite dans la compréhension des concepts probabilistes que certaines de ces étudiantes dont l'intelligence et la volonté d'apprendre m'étonnaient, au vrai sens du terme. C'était tout le contraire de mes étudiants à Pékin, qui refusaient carrément d'y adhérer par un réflexe culturel défensif, qui n'était peut-être qu'un prétexte à une simple paresse intellectuelle.

Hors de l'enseignement, j'avais des échanges intéressants et je me promenais dans Hanoï, une ville qui me fascinait pour la deuxième fois. La ville avait totalement changé en cinq ans, l’intervalle de mes deux visites. En 1989, c’était une ville encore imprégnée des souvenirs de la colonisation française ; cinq après, ces souvenirs étaient quasiment effacés par les travaux permanents et quasiment frénétiques qui y étaient menés.

En une nuit, une rue entière pouvait être goudronnée et ouverte à la circulation. Des immeubles impressionnants s’élevaient au milieu de quartiers où les maisons ne dépassaient pas deux à cinq étages. Vous vous souvenez peut-être que j’avais rencontré en 1989, le responsable du CNRS vietnamien (voir Hanoï et la nostalgie, 16 mars 2022). J’avais écrit ceci :

Plus tard, je pris doublement ma revanche de la rebuffade de l’ambassadeur et en attendant je profitais de mon inaction forcée pour rencontrer le responsable d’une réplique vietnamienne de notre CNRS. Il vint me chercher sur une motocyclette pour me conduire dans une sorte de ferme mal reliée à l’électricité, qui constituait la totalité de son centre de recherche dans les circonstances incertaines de l’époque. Nous convînmes de coopérer et lorsque je revins à Hanoï quelques années plus tard, il eut la fierté de me recevoir dans un bureau luxueux tout en haut d’un immeuble de 15 étages ! Le monde changeait.

En effet, Hanoï était partie prenante d'un monde qui changeait. Mais on y rencontrait des personnes qui ne changeaient pas, comme Chirac et Kouchner. Chirac était alors maire de Paris et leader de l’opposition. À l'époque, Kouchner était l'apôtre du droit d'ingérence à Médecins sans Frontière, et il y était assez contesté parce qu'il cherchait les coups médiatiques.

Je rencontrais Chirac pendant un de mes cours. Chirac visitait le CFVDG au moment où je donnais mon cours de TQG. Il entra dans la salle, accompagné du directeur du CFVDG et de deux gardes du corps. Je lui donnais tout de suite la parole et il fit aussitôt ce qu'il savait faire, un discours politique, comme s'il voulait convaincre mes étudiants de voter pour lui! 

Cela produisit une impression bizarre d'autant plus qu'il semblait être dans un état second, comme s'il était sous l'emprise de la drogue. Cette impression fut confirmée lorsque je le rencontrai à nouveau le soir à l'Ambassade de France. Il était accompagné de Bernard Kouchner, grand partisan droit d'ingérence et de la médiatisation de ses propres actions qui y faisait grand bruit, si bien que l'on ne voyait que lui.

L'Ambassade de France avait ceci de particulier qu'elle avait été détruite "par erreur" au moyen de bombardements américains après le discours de De Gaulle à Phnom Penh en 1966, critique à l'égard de la politique américaine. Reconstruite, l'Ambassade avait des allures de bunker.

 

De cette mission d'enseignement, j'en retirais une impression très favorable sur les étudiants vietnamiens capables d'apprendre en quelques jours ce qui demandait des mois à d'autres, la conviction qu'Hanoï et le Viêt-Nam avec lui étaient lancés à fond dans l'aventure de la modernité et la confirmation de la dangereuse superficialité de nos hommes politiques...

 

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L'ESSENTIEL DE LA GESTION

6 Janvier 2024 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE

LA COUVERTURE DE MON OUVRAGE

LA COUVERTURE DE MON OUVRAGE

L’ESSENTIEL DE LA GESTION

 

Dans mon dernier billet concernant mes activités universitaires, j’ai relaté la manière dont les ENCG ont été conçus et, bien sûr, le rôle que j’y ai joué au printemps 1993.

 

 

Cette action au Maroc s’est déroulée pendant que j’étais directeur de l’IECS Strasbourg (1992-1995). En revanche, ces quatre années ont été fort peu fructueuses du côté de mes publications, mais il n’y a pas lieu de s’en étonner tant la fonction de directeur est prenante en termes de temps et d’investissement psychique. Il aurait fallu, pour écrire, que je m’astreigne à me lever une heure plus tôt, au moment où mon esprit était encore vierge des évènements qui m’assailliraient ensuite toute la journée. Je n’ai pas eu le courage de le faire, sauf pour corriger la thèse d’Annie Sinda, mais même dans ce cas mes efforts n’ont eu aucun effet positif.

En quatre années donc, honte à moi en tant que chercheur, je n’ai publié que deux articles et deux ouvrages. Le premier de ces articles, descriptif et technique, rendait compte de mon expérience dans le domaine de la création d’Écoles de gestion en Europe de l’Est. Il s’intitule « L'exportation de la gestion dans les pays d'Europe Centrale et Orientale » (Centre Inffo).

Le second article a été écrit en collaboration avec Christophe Poisson, qui rédigeait une thèse sur le sujet sous ma direction, concernant « Le Marketing-mix écologique » publié dans le numéro de l’été 1992 dans la Revue Française. À l’époque, il constituait une des premières avancées sur la relation entre le marketing et la problématique écologique.

L’année de la fin de mon mandat à la tête de l’IECS Strasbourg, j’ai publié deux ouvrages « L'Essentiel de la Gestion » aux Éditions d'Organisation, et un ouvrage dérivé du premier, dans la mesure où il complétait le premier par une adaptation au public tchèque par mes collègues et amies Stanislava HRONOVA et Hana MACHKOVA sous le titre « Strucny Vykladovy Slovnik Managementu », aux éditions HZ à Prague. Plus tard, j’y reviendrai, il a fait aussi l’objet de deux traductions pirates.

La rédaction de « L’essentiel de la Gestion », un titre banal j’en conviens et même fourre-tout, avait par ailleurs nécessité de ma part un travail considérable.

En effet, je m’étais mis en tête d’écrire une sorte de mini encyclopédie, chaque terme traité par ordre alphabétique renvoyant non pas à une simple définition mais à un développement le plus synthétique possible du sujet traité, accompagné d’un renvoi à un dictionnaire en fin d’ouvrage et d’une bibliographie. En 295 pages, la majeure partie des concepts de gestion était présentée, analysée et reliée aux concepts apparentés. Pour moi, tout étudiant de gestion trouverait dans mon ouvrage un guide, un point de repère, un moyen de compléter facilement ses connaissances dans les domaines de gestion qui ne lui étaient pas familiers. 

On peut imaginer l’énorme effort de documentation et d’écriture synthétique qu’a demandé la réalisation de cette ambition. J’y ai consacré une bonne partie de mon temps libre pendant mes vacances et j’ai trouvé tout à fait normal de trouver un éditeur. Double naïveté de ma part à posteriori, sur les attentes des éditeurs et des étudiants. J’apprendrai plus tard que j’avais eu beaucoup de chance d’être publié, réédité et traduit.

Il reste que cet ouvrage représenta « l’essentiel » si je puis l’écrire, de mon effort scientifique pendant ma période strasbourgeoise.  

En termes de déplacement, j’ai été plus actif qu’en recherche pendant cette période. En dehors du Maroc, j’avais également éffectué en 1994 une mission d’enseignement particulièrement instructive auprès du CFVG à Hanoï, dirigé par mon ami Michel Herland. On se souviendra que j’avais effectué une première mission à Hanoï en octobre 1989, pleine de la nostalgie du départ des Français de la ville en octobre 1954. Le but de cette mission était de proposer la création d’une école française de gestion gérée par les IAE, mais l’ambassadeur de France de l’époque, Claude Blanchemaison, ancien d’HEC, imposa cette dernière école comme opérateur, à la place de l’université. Je retrouverai encore Blanchemaison, empli de ses certitudes, sur mon chemin en Inde et je le vois aujourd’hui encore pérorer sur LCI, se gargarisant de son expérience diplomatique.

Néanmoins, j’obtins une relative revanche sur ce sort contraire, en voyant Michel Herland obtenir le poste de directeur de l’école, le CFVG (Centre Franco-Vietnamien de formation à la Gestion) et moi-même y obtenir une mission d’enseignement.

 

Cette mission fut pleine d’enseignements dans des domaines très divers.

 

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CONTRIBUER À LA RÉUSSITE DES ENCG

3 Décembre 2023 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE

LE PETIT DERNIER, L'ENCG DE BENI MELLAL (2019)

LE PETIT DERNIER, L'ENCG DE BENI MELLAL (2019)

Nous étions trois « experts » mandatés par la FNEGE pour répondre à la demande du Maroc de créer un objet mixte, à mi-chemin des écoles de commerce et des établissements universitaires.

 

Mais Jean-Pierre Helfer ne put rester plus de deux jours au Maroc, pris par des tâches urgentes et Michel Klein ignorait tout du pays où il venait pour la première fois. Il me laissa donc m’informer et négocier avec la partie marocaine, composée du Ministère du Tourisme, de l’Agriculture et du Commerce Extérieur et du Ministère de l’Enseignement supérieur (on l'appellera par la suite le Ministère pour simplifier) auquel s’ajoutait en arrière-plan le Ministère de l’Intérieur, en raison de l’implantation prévue de l’un des ENCG à Settat.

La Mairie de Settat, à 75 kms de Casablanca, était en effet dirigée par le tout puissant Ministre de l’Intérieur de l’époque, Driss Basri, qui surveillait de très près la création de « son » ENCG qui devait être le premier à ouvrir et le mieux pourvu en personnel et en équipements, par rapport aux deux autres ENCG prévus à Agadir et à Tanger.

Il s’agissait donc d’apprécier les divers rapports de force, à l’intérieur de l’administration marocaine et relativement à nos capacités de recommandation. J’eu la chance de rencontrer en début de mission le Ministre du Tourisme, de l’Agriculture et du Commerce Extérieur, Hassan Abouyoub*, dont le Ministère était impliqué dans le projet et qui se trouvait être l’un de mes anciens élèves au Lycée Lyautey, en 1969-1971.

Le Ministre me prit à part et me demanda s'il avait été un bon élève au Lycée. Il s'agissait d'une entrée en matière délicate, dont les Marocains ont le secret, qui consistait, lui le Ministre, à se placer volontairement dans une position d'humilité vis à vis de la personne qu'il recevait. Je lui répondis franchement que je ne m'en souvenais plus, mais qu'en revanche, je me rappelais très bien de sa timidité d'antan, qu'il avait fort heureusement tout à fait perdue aujourd'hui.

Nos échanges commençaient donc par de l'intimité et de la franchise, ce qui seyait bien aux échanges Maroco-Français. Il est vrai qu'il s'agissait d'un sujet qui demandait une franche amitié, d'autant plus que les enjeux marocains demandaient beaucoup de dextérité pour ne froisser et pour ne léser personne.  

Il s'agissait de moderniser l'enseignement supérieur public de la gestion au Maroc, afin d'offrir aux étudiants peu fortunés une voie vers les métiers de cadres, jusque là trusté par les enfants de la bourgeoisie qui avaient suivi la voie royale, si je puis écrire, des lycées français payants aux écoles marocaines adossées aux grandes écoles de commerce françaises, payantes aussi. Deux exceptions à ce cursus, l'ISCAE à Casablanca et l'université Al Akhawayn à Ifrane, cette dernière en langue anglaise et payante.

Il fallait aussi prendre en compte la résistance des universitaires à Fès et à Rabat, qui voyaient d'un mauvais œil un rééquilibrage des crédits et du pouvoir vers d'autres villes, ainsi que les IUT marocains qui se sentaient à l'écart du mouvement.

Disposant d'une semaine pour prendre la mesure concrète du projet ENCG, nous décidâmes de commencer par visiter le chantier de l'ENCG de Settat, le chantier le plus "chaud" et le plus avancé, de continuer par deux rencontres avec les universitaires de Marrakech et de Fès, les premiers étant partie prenante du projet, les seconds plutôt opposés et de finir par une réunion de synthèse au Ministère, à Rabat, en ayant fait faute de temps, l'impasse de l'ENCG de Tanger dont la conception était moins avancée.

La visite du chantier de Settat fut tout de suite révélatrice, relativement à l'agenda officiel. Nous étions en avril 1993 et le Ministère prévoyait d'ouvrir l'ENCG aux étudiants en septembre 1993. Pour faire bonne mesure, Il souhaitait y accueillir tout de suite deux mille étudiants afin de soulager la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales à Casablanca.

Les deux perspectives, de date et d'effectif, me paraissaient peu réalistes. Pour vérifier la première, je m'évadais d'une réunion pour m'échapper sur le chantier et interroger directement son chef qui me confirma qu'il faudrait encore au moins une année, soit avril 1994 pour l'achever. L'ouverture de l'ENCG de Settat ne pourrait donc pas avoir lieu avant l'automne 1994. Pour les effectifs, je gardais mes arguments en réserve pour une réunion décisive.

Cette réunion eut lieu à Marrakech, deux jours plus tard. Je profitais d'un débat avec les universitaires de Marrakech particulièrement ouverts au projet "ENCG" pour asséner mes informations directes quant à la durée du chantier de Settat, qui contredisaient le plan gouvernemental d'ouverture rapide de l'établissement de Settat et, audaces fortuna juvat, pour remettre en cause le réalisme des prévisions d'effectifs, non pas faute de demande, mais faute de professeurs formés.

Il ne me fut pas très difficile de faire accepter ces deux changements majeurs, septembre 1994 au lieu de septembre 1993 et 200 étudiants par promotion au lieu de 2000 étudiants (sic), parce que nos interlocuteurs n'attendaient que cela, de revenir vers plus de réalisme, mais que ce soient des experts français qui le disent aux responsables politiques et notamment au redouté Ministre de l'Intérieur Driss Basri, plutot qu'eux-mêmes, fonctionnaires d'autorité.

Il fallut aussi, après avoir rencontré les opposants à Fès, obtenir de l'Ambassade de France qu'elle redistribue une partie des crédits destinés aux ENCG à la création de DESS aux universités de Fès et de Rabat, ainsi qu'à la formation de cadres pour les IUT. Nous mîmes aussi en place une formation complète en France pour les trois futurs Directeurs d'ENCG.

À la suite de notre mission, l'effort de lancement des ENCG se poursuivit sans atermoiements. Le premier ENCG à Settat ouvrit en septembre 1994, comme l'ENCG d'Agadir. L'ENCG de Tanger ouvrit en 1995.

Ensuite, le succès de la formule fut tel qu'il en existe aujourd'hui douze, répartis sur tout le territoire Marocain. Et il vous suffit de regarder sur Internet leurs sites, pour constater, compte tenu du nombre d'étudiants et de professeurs ainsi que des qualifications internationales obtenues, que la réussite est effectivement au rendez-vous.

 

Mission accomplie.

 

*Hassan Abouyoub est d’origine berbère, du côté de Tafraout. Après le lycée Lyautey, il a été diplômé de l’EM Lyon Business puis il est successivement  devenu ambassadeur du Maroc en France, ministre du Tourisme, de l’Agriculture et du Commerce Extérieur avant d’être nommé par le Roi Mohammed VI ambassadeur itinérant, ambassadeur en Italie et enfin, depuis 2019, ambassadeur du Maroc en Roumanie et en Moldavie.  

 

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LES ENCG EN GESTATION

15 Octobre 2023 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE

ENCG SETTAT

ENCG SETTAT

 

 

Dans cette rubrique que j’ai appelé « Interlude », réservée aux lecteurs de ce blog qui me connaissent, j’ai commencé à traiter cet été de ma vie universitaire récente. Mais la réaction de mes lecteurs m’a montré qu’ils étaient plus intéressés par le récit de mes histoires anciennes qu’actuelles, que je vais donc laisser murir.

 

Lors des quatre années de direction de l’IECS Strasbourg, j’ai très peu écrit, car je n’avais évidemment que fort peu de temps disponible. À peine, en 1992, un petit article sur mon expérience, avec « L'exportation de la gestion dans les pays d'Europe Centrale et Orientale (Centre Inffo). » et un article dans la Revue Française de Gestion, dirigée alors par mon ami Renaud de Rochebrune aujourd’hui décédé, intitulé « Le Marketing-mix écologique », écrit en collaboration avec Christophe Poisson, prélude à une thèse qu’il soutiendrait plus tard. 

Puis en 1995, deux ouvrages liés l’un à l’autre, l’Essentiel de la Gestion aux Éditions d’Organisation, autour de l’idée ambitieuse d’offrir un panorama de la gestion, à mi-chemin entre un dictionnaire et une encyclopédie. Ce livre m’a demandé un travail considérable, qui n’a jamais été dépassé par aucun des autres livres consacrés à la gestion que j’ai écrits. Je n’en ai, comme on peut s’en douter, pas été récompensé par un grand succès de librairie, mais j’ai du moins pu en tirer un ouvrage en tchèque avec la forte collaboration de mes amies Hana Machkova et Stanislava Hronova, toutes deux impliquées dans l’aventure de l’IFTG, intitulé « Strucny Vykladovy Slovnik Managementu ».

Je n’ai pas beaucoup écrit, mais, en dehors de la direction de l’IECS Strasbourg, j’ai largement contribué en 1993 à la création des trois premières ENCG (École Nationale de Commerce et de Gestion) au Maroc, plus précisément à Settat, Agadir et Tanger. Depuis, signe de leur succès, elles ont essaimé dans toutes les grandes villes du Royaume.

Dans le cadre de la coopération franco-marocaine, le Ministère des Affaires Étrangères (MAE) français avait organisé une mission chargée d’évaluer et d’organiser ces écoles de gestion qui étaient en construction dans les trois villes précédentes.

Le but du Ministère Marocain était de professionnaliser une partie de l’enseignement supérieur de gestion, qui était jusqu’alors l’apanage d' écoles privées, à l'exception de l'ISCAE, fortement adossées à des Écoles de Commerce souvent françaises, et corrélativement, de réduire les effectifs colossaux inscrits dans les Facultés de Sciences Économiques et de Gestion des grandes villes marocaines, à commencer par Casablanca.

Le gouvernement marocain avait besoin des avis d'un groupe d'experts pour rationaliser l'organisation de ces écoles, en dehors des querelles intra-marocaines sur le modèle à suivre, marocain, français, américain ou tout autre variante. La France ayant proposé son assistance pour l'expertise et pour la formation des cadres des futures écoles, le Maroc avait implicitement choisi le modèle français des écoles de commerce. Le MAE s'était adressé à la FNEGE qui avait proposé trois experts avec des profils complémentaires, Jean-Pierre Helfer, alors Directeur de l'IAE de Paris, Michel Klein, Professeur de Finances à HEC Paris et moi-même, Directeur de l'IECS Strasbourg.

 

C'était théoriquement une répartition idéale avec un représentant du public, du privé et du semi-public, mais voilà, les circonstances ont modifié radicalement l'équilibre de ce groupe d'experts...

 

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C'EST CORRECT

12 Août 2023 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE

C'EST CORRECT

D’autres contacts ? J’en avais beaucoup au Canada, de Québec jusqu’à Vancouver, mais il s’agissait souvent de relations superficielles. Il restait les Palda, père et fils, mais ce n’était hélas pas le moment de les solliciter.

 

Parmi les collègues au Canada, bon nombre, à Montréal et à Québec, étaient d’origine française, et j’avais même parfois travaillé en France avec eux. Une de mes collègues avait fait sa carrière à l’école de gestion Telfer, université d’Ottawa. Elle m’indiqua que je ne pouvais pas y obtenir de cours, en tant que vacataire ou de professeur associé, mais que je pouvais toujours me présenter sur un poste de professeur en marketing, actuellement vacant.

Ce que je fis, tout en sachant que si j’étais choisi, ce serait un défi considérable, mais je m’en sentais la force.

Pour déposer ma candidature à Telfer, le dossier était vraiment impressionnant, depuis les nombreuses recommandations nécessaires jusqu’au formatage particulier du CV en passant par des exigences spécifiques pour les pièces à fournir. J’estime que j’y ai consacré environ un mois de travail à temps plein, fin 2014.

Une fois l’accusé de réception reçu, j’attendis la réponse.

Elle ne vint jamais.

Compte tenu des énormes exigences de Telser pour le dossier de candidature, il me semblait qu’un mail m’informant que ma candidature n’avait pas été retenue aurait relevé de la courtoisie minimale. Mais non, la coutume à Telser consistait à ne rien dire du tout. Le candidat retenu était connu d’avance, comme dans toutes les universités du monde. Mon dossier avait juste servi à montrer qu’ils avaient fait un choix.

Pour ajouter à mes désillusions, un article co-écrit avec une collègue qui avait été retenu pour une publication fut retoqué au dernier moment, sans explication.

L’année 2014 s’achevait ainsi sur une remarquable et inattendue série de rebuffades, comme si mes tentatives pour continuer mon activité universitaire sous d’autres formes étaient rejetées de toutes parts.

À moi le jeu de boule et la belotte ?

Mais depuis mon plus jeune âge, je n’avais jamais cessé d’être têtu et, en 2015, il m’a semblé que c’était le bon moment de l’être.

Au début de cette année-là, à Montréal, comme dans un ultime épisode d’une série, j’ai fracassé ce qui me restait de volontarisme sur la carapace d’une association qui se déclarait admirative de mon CV mais qui se révéla incapable de me proposer la moindre activité cohérente. Cela me permit d’acquérir une compréhension profonde de la mentalité québécoise*, mentalité qui lui a permis et lui permet toujours de résister à toute tentative d’invasion, anglosaxonne, française ou de toute autre nationalité : ne vous attendez pas à vous confronter de face aux Québécois. C’est toujours « correct », en d’autres termes « tout va bien ». Mais en réalité... 

Je n’ai pas passé toute l’année 2015 au Québec, d’autant plus que ce fut l’année durant laquelle j’ai fait soutenir les deux dernières thèses de ma carrière, les quarante et une nième et quarante deuxième.

Entre 2010 et 2015, j’avais ainsi fait soutenir neuf thèses, ce qui m’avait demandé un effort considérable :

En 2010, Orelien Berge : Séance Cinéma ou soirée télévision ? Le rôle médiateur de l’expérience sur l’intention des consommateurs.

En 2011, Ridha Chakroun : Publicité trompeuse des médicaments : la place de la régulation par les prescripteurs et les consommateurs au regard de la régulation par la tutelle et Amélie Fiorello : Le comportement de tri des déchets ménagers : une approche marketing.

En 2012, Séverine Dalloz : De la défaillance de service touristique à la perception d’injustice. Approche par la disconfirmation.

En 2013, trois thèses :

Mouna Bounaouas, La perception de l’image des marques de luxe via une approche expérientielle : le cas d’une cible jeune grand public.

Nathalie Maumon, L’intention du consommateur de s’immerger dans les mondes virtuels : L’influence de la présence d’interactions sociales, de la persistance et de l’avatar ».

Faranak Farzaneh : L’effet de l’insécurité de l’emploi sur le comportement innovateur des personnels : le rôle des attentes en matière de performance et d’image.

En 2014 : rien. C’était décidemment une mauvaise année !

En 2015, enfin : Romain Lazzarini, L’effet de l’orientation marché sur l’établissement de la stratégie de segmentation-ciblage-positionnement : le cas de la Société Marseillaise de Crédit et Jeanette Mc Donald, The Role of Ethics on Tourist Destination Image Formation : An Analysis of the French Student Market.

 

Cette affluence de thèses, qui était moins due à la qualité de mon encadrement qu’à la pénurie de professeurs de marketing à Nice, m’avait contraint à organiser une véritable organisation pour les gérer.

 

* J’ai consacré un livre entier, en voie de parution, sur la guerre qu’ont mené les Français pour conserver, sans succès, le Canada à la France. Cette guerre a du moins appris aux Québécois à résister, et à ce titre je leur rends hommage. 

 

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HISTOIRE IMMÉDIATE

28 Juillet 2023 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE

HISTOIRE IMMÉDIATE

Dans la rubrique intitulée « Interlude », je conte mes aventures universitaires avec, en ce moment, une bonne trentaine d’années de distance. Pour narrer les épisodes que j’ai vécu à l’IPAG depuis novembre 2018 jusqu’en ce mois de juillet 2023. Il m’a semblé difficile d’attendre aussi longtemps…

 

Vous n’ignorez pas plus que moi les risques de relater des péripéties récentes : d’une part la patine du temps n’est pas disponible, qui permet de ne retenir que les évènements saillants. D’autre part, le risque de heurter le sensibilité des acteurs reste élevé, quelles que soient les précautions. Cependant il s’agit d’une tranche de vie bien particulière qui vient de s’achever et je n’ai pas l’intention de blesser qui que ce soit, l’objet de ce récit ne concernant que mes propres actions.

Toutefois, ce qui s’est passé à partir de novembre 2018 nécessite au préalable un retour en arrière.

Le 31 décembre 2013, j’ai cessé d’être professeur d’université pour muter dans une fonction hybride, professeur émérite pour cinq ans, fonction qui a été renouvelée deux fois pour trois ans et qui s’achèvera irrévocablement le 31 décembre 2024, cinquante-deux ans et trois mois après le début de ma carrière universitaire.

J’aurais pu prendre plus tôt ma retraite, mais je souhaitais faire soutenir la plupart des thèses que je dirigeais en étant en activité, afin de permettre aux trois doctorants qui soutenaient en 2013 de bénéficier encore de mon soutien pour obtenir un poste de Maitre de Conférences. Mais seul l’un d’entre eux réussit à obtenir un poste de Maitre de Conférences et la vérité est qu’il l’obtint par son entregent plutôt que par mon soutien.

La fonction hybride de professeur émérite permet de donner des cours ou de faire soutenir des thèses, mais pas d’assurer des responsabilités administratives. Je fis donc soutenir deux thèses supplémentaires en 2015 dont l’une devint la seule thèse en langue anglaise que j’ai jamais dirigé, tout en étant la 42e et dernière thèse que j’ai fait soutenir depuis 1983.

L’année 2014 s’annonçait tranquille. Elle ne le fut pas, au contraire elle fut très agitée et, au moins pour le 1er semestre 2014, elle restera comme un fort mauvais souvenir.

Quoi qu’il en soit, j’organisais mes activités professionnelles autour de deux pôles, un pôle recherche à partir de mon bureau de la Faculté de Droit, travaillant notamment avec les juristes sur le lien entre la fiscalité et la gestion ou sur les problématiques de management dans le cadre européen qui donnèrent lieu à deux congrès les années suivantes, à Varsovie et à Banska Bystrica.

Le second pôle, celui de l’enseignement, s’annonçait actif, du moins en cette année 2014. J’enseignais, et j’enseigne toujours le Marketing dans le cadre du Master Management à l’Université de Corse. Je dirigeais un séminaire à Mundiapolis, à Casablanca, sur la recherche marketing et cela entrainait de nombreux échanges avec les étudiants en DBA. En ce qui me concerne, ce séminaire s’est arrêté, quelques années plus tard, car mes collègues préféraient à juste titre envoyer des enseignants en activité donner les cours plutôt que de les confier à un professeur émérite.

Je venais aussi, grâce à l’action de mon regretté collègue et ami Filip Palda, d’être nommé pour trois ans professeur associé à l’ENAP, université du Québec à Montréal.

C’est pourquoi je me rendis deux fois au Québec, au printemps et à l’automne 2014. Mais ma déception, voire mon étonnement, furent grands. Je croyais, naïvement, que ma triple expérience, en enseignement, en recherche et en création de programmes de formation en gestion, pourrait leur sembler féconde. Je compris rapidement qu’à l’ENAP, préoccupés à 99% par leurs problèmes internes, mes collègues québécois ne se posaient même pas la question de savoir si je pouvais leur être utile. Je ne crois même pas que quiconque à l’ENAP lut jamais mon CV.

Après avoir cherché à me faire une place dans leur organigramme, je finis par comprendre assez rapidement que le proverbe « on ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif » s’appliquait parfaitement aux rapports entre l’ENAP et moi.

 

Je laissais l’âne à ses occupations et me tournais vers d’autres contacts au Canada.

 

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CINQ DESTINS DE DOCTEURS

3 Juillet 2023 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE

ALEXANDRE VON DER MARK, LES TROIS MOIRES

ALEXANDRE VON DER MARK, LES TROIS MOIRES

Pendant ces quatre années de direction de l’IECS (1992- 1995), j'ai continué mes activités universitaires, à un rythme toutefois plus ralenti.

 

En 1992, j'ai fait soutenir la thèse de Djamila El Madjeri, l'épouse d'Ali El Idrissi qui avait soutenu sous ma direction sa propre thèse quelques années auparavant. Sa thèse portait sur "Les joint-ventures et le processus d'innovation", une thèse de bonne qualité qui l'a conduite à une belle carrière à l'IAE de Nice qu'elle n'a pas encore achevée. Nous avons souvent travaillé ensemble, notamment pour la direction du Master Marketing où elle s'est révélée une administratrice prudente et avisée ou la Direction du Master en Administration des Entreprises de l'IAE de Nice qu'elle a fort bien géré et développé.  

En 1993, Ghazi Qazi, un étudiant irakien de bon niveau soutenait sous ma direction une thèse intéressante sur la "Stratégie de développement des petites et moyennes entreprises industrielle : le cas de l'Irak.". C'est le seul doctorant irakien que je n’ai jamais dirigé et j'en garde un bon souvenir. Il croyait en l'avenir de l'Irak et en particulier au développement de ses PME. Tout de suite reparti en Irak après sa soutenance, je n'ai malheureusement plus jamais eu de ses nouvelles. En raison du sort tragique de l'Irak déterminé par le règne de Saddam Hussein puis l'horrible intervention américaine, j'espère qu'il a survécu à tous ces cataclysmes et qu'il mène une belle vie. Si quelqu'un a de ses nouvelles, je serai heureux d'en bénéficier.

La même année, Annie Sinda a soutenu sa thèse portant sur "La Stratégie de l'Entreprise Agricole : Application à la gestion de la petite entreprise agricole en France." Je connaissais Annie depuis longtemps, puisque elle avait été mon étudiante en Maitrise et que je l'avais embauché lorsque je dirigeais la formation continue de l'Université de Nice (CEPUN). J'étais donc heureux de lui faire soutenir une thèse sur un sujet qui lui tenait à cœur, mais qui allait engendrer d'énormes difficultés pour qu'elle obtienne un poste de Maitre de Conférences en Sciences de Gestion.   

Finalement son obstination et la mienne conjuguées ont permis de la nommer à Clermont II où elle a, semble t-il, été appréciée, avant de partir à la retraite cette année.

En 1994, Jean-Marc Ferrandi a soutenu sous ma direction sa thèse sur  "Les effets de la culture sur le comportement de consommation : complexité du concept et limites de la mesure.". Depuis, il est devenu un brillant professeur à ONIRIS dont il est le directeur du Centre d’Innovation Alimentaire.  ONIRIS qui est l'École nationale vétérinaire, agroalimentaire et de l'alimentation de Nantes-Atlantique, l'une des quatre grande écoles françaises assurant la formation des vétérinaires. Je suis très heureux du succès de Jean-Marc Ferrandi qui est, à ma connaissance, l'un de mes docteurs qui a le mieux réussi sa carrière professionnelle. Nous avons gardé des relations amicales, quoique plus distendues depuis ma pseudo retraite, mais j'aurais l'occasion de citer Jean-Marc Ferrandi lorsqu'il m'a aidé plus tard à résoudre un problème de direction de thèse.

En 1995, Henri Alexis a soutenu sous ma direction "Les Stratégies des PME face au Management Public Local." Mais il a rapidement compris que son profil n'était pas adapté aux Sciences de Gestion. Il a donc entrepris une seconde thèse en Science de la Communication qui lui a permis de trouver un poste de Professeur et d'entreprendre une brillante carrière d'encadrement universitaire, tout d'abord comme chef du Département TC de l'IUT de Nice, puis comme Directeur de ce même IUT. Il est aujourdh'ui retraité mais n'en poursuis pas moins une seconde carrière d'enseignant universitaire et nous ne nous perdons pas de vue.

 

Je suis bien entendu heureux d'avoir participé, parfois si peu que ce soit, à la réussite professionnelle de mes collègues, même si je l'ai fait de façon fort inégale en fonction des besoins de chacun.   

 

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SANS ARGENT POINT DE SALUT

5 Mai 2023 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE

SANS ARGENT POINT DE SALUT

Ce fut homérique, plus que je ne l’aurais cru. Il y eut en effet, à cette occasion, un affrontement direct entre le Président du Conseil d’Administration de la Fondation IECS et moi-même, directeur sortant de l’IECS et de la Fondation IECS.

 

Logiquement, je n’aurai pas dû me mêler de ma propre succession. Je partais, la suite ne me regardait plus. Mais, on ne se refait pas, j’estimais que j’avais une responsabilité dans la suite de l’histoire de l’IECS. Je recommandais à son Conseil d’Administration d’élire mon adjoint et ami, Kostas Nanopoulos comme directeur. Mais, vous vous en souvenez peut-être, l’une des premières demandes d’Henri Lachmann, Président de la Fondation, avait été de me demander de mettre Kostas Nanopoulos sur la touche et moi, au contraire, j’en avais fait mon plus proche collaborateur et, circonstance aggravante, mon ami. C’était donc une dernière provocation de ma part, du point de vue d’Henri Lachmann, de le proposer comme successeur.

Pas de mon point de vue, puisque Kostas travaillait étroitement avec moi depuis le début et c’était assurer la continuité du fonctionnement de l’IECS, dont tout le monde, y compris Henri Lachmann, convenait qu’il était satisfaisant.

Le Conseil d’Administration comprenait des représentants des enseignants, des administratifs et des étudiants, auxquels s’ajoutaient des représentants des entreprises et de la Fondation IECS. Cette dernière, sous l’impulsion d’Henri Lachmann, proposait comme candidat à la direction de l’IECS, le professeur Hans Tummers, un professeur allemand officiant dans une université rhénane, qui ne savait rien sur l’enseignement supérieur français ni sur les écoles de commerce, ni à fortiori sur l’IECS.

Le choix se portait donc entre un acteur majeur de l’IECS, bien connu de tous et un parfait étranger à l’école. Au départ j’étais assuré d’obtenir les voix de l’unanimité des représentants des enseignants, des administratifs et des étudiants de l’IECS en faveur de Kostas Nanopoulos, tandis qu’Hans Tummers aurait le soutien des représentants de la Fondation IECS et des entreprises, ce qui assurait une très confortable majorité à Kostas Nanopoulos.

Théoriquement.

Pratiquement, Henri Lachmann n’avait pas l’intention de jeter l’éponge, car c’était un redoutable chef d’entreprise, dont la qualité première était la combativité et non la recherche de compromis. Face à la coalition majoritaire, il fourbit deux armes, celles de la division à laquelle, pour faire bon poids, il rajouta l'arme absolue, la finance.

Aussi, lorsque le Conseil se réunit, Henri Lachmann ne s'adressa qu'aux étudiants en leur déclarant que s'ils voulaient avoir leurs diplômes, ils n'avaient qu'un seul choix possible, celui de Hans Tummers. S'ils votaient pour Kostas Nanopoulos, lui, Henri Lachmann, veillerait à ce que la Fondation IECS supprime toutes ses subventions à l'IECS.

Nous avons fait une suspension de séance. Les représentants des étudiants m'ont demandé des explications sur le rôle des subventions de la Fondation IECS et j'ai dû convenir que sans ses subventions, l'École aurait des difficultés à survivre. Les représentants étudiants m'ont alors informé qu'ils allaient être contraints de voter pour Tummers pour assurer leurs diplômes, renversant ainsi la majorité des votes en  sa faveur.

Effectivement, Hans Tummers fut élu, d'une seule voix de majorité et Henri Lachmann put rentrer chez lui, satisfait du résultat de sa manoeuvre. Pour ma part, je partais malheureux de laisser mes collègues à la merci d'un inconnu, mais après tout, je l'avais voulu puisque j'avais démissionné et ce résultat évitait sans doute à Kostas Nanopoulos pas mal d'ennuis, tant la direction d'une école est loin de ressembler à un fleuve tranquille.

 

Je ne dirais rien de plus sur la direction de Hans Tummers et de ses nombreux successeurs. Peut-être n'ont-ils eu, y compris moi-même, que peu d'influence sur le fonctionnement de l'école puisque l'IECS est toujours classée autour du 15e rang des Écoles de commerce françaises, comme au temps où j'en étais son directeur, il y a vingt-huit ans.

 

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