Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog d'André Boyer

Merci, Steve.

30 Août 2011 Publié dans #ACTUALITÉ

D’accord, l’actualité c’est celle de la Libye et de la Syrie, des dettes européennes, de la perte du triple A, des émeutes de Londres ou du lamentable feuilleton DSK, mais aujourd’hui je préfère écrire sur Steve Jobs. 

Steve-Jobs.jpegL’autre jour, à 56 ans, le génial fondateur d’Apple, Steve Jobs, s’est retiré, sans doute vaincu par la maladie. Je voudrais le remercier: depuis que j’ai des ordinateurs, je n’utilise que les siens. Je me demande d’ailleurs comment on peut continuer à se servir d’autres ordinateurs tant le sien me paraît bien supérieur, sauf à invoquer pitueusement la difficulté à changer de système. Longtemps, j’ai cru que je n’étais qu’un marginal nostalgique qui ne pouvait pas avoir raison contre 97% des gens et puis, ces dernières années, tout le monde s’est mis à utiliser des produits Apple. La firme, sous sa géniale impulsion est du coup devenue la première entreprise du monde, si on s’en réfère à sa valeur sur le marché : à ce jour, Apple a vendu grâce à lui 314 millions d’Ipod, 129 millions d’Iphone, 30 millions d’Ipad. 

Qui est-il donc ce Steve Jobs, qu’a t-il à nous apprendre, cet homme qui a su rassembler en lui la créativité d’un visionnaire et l’esprit de décision d’un joueur de poker ? On peut le découvrir en regardant, grâce à You Tube, le discours qu’il a prononcé devant les étudiants diplômés de l’Université de Stanford, le 14 juin 2005. 

Que leur dit-il ?

À ces étudiants si fiers de leurs diplômes, il commence par leur expliquer que lui, il n’a jamais été diplômé par sa propre université, Reed College, parce qu’il avait trouvé ennuyeux leurs cours obligatoires. Alors, au bout de six mois, il ne s’était mis à suivre que les cours qui l’intéressaient, comme la calligraphie par exemple, dont il s’était servi, dix ans plus tard, pour définir le design de son premier ordinateur. 

Quelques années plus tard, il fonde Apple dont il est évincé, à 30 ans, par l’adjoint qu’il avait lui-même recruté. C’est la vie : il est brisé, dévasté et il ne lui reste plus qu’à repartir de zéro. Steve Jobs découvre alors que « la lourdeur de la réussite avait été remplacée par la légèreté d’être à nouveau un débutant sûr de rien. Cela m’a libéré pour entrer dans l’une des périodes les plus créatrices de ma vie ». Il aura une revanche complète, il reprendra les rênes d’Apple, il aura de plus en plus de pouvoir, ses limites sembleront se fondre avec l’horizon. Mais le sort n’en a pas fini avec lui : un an avant son discours, il y a 7 ans, il découvre qu’il est atteint d’un cancer dont on lui apprend qu’il ne lui laisse que quelques années à vivre. Personne n’est un surhomme.

C’est pourquoi il se met soudain à entretenir ces étudiants d’un sujet auquel ils ne veulent en aucune manière penser, eux qui ont toute la vie devant eux, la mort : « Personne ne veut mourir et pourtant la mort est la destination que nous partageons tous. C’est très bien comme ça, parce que la mort est la meilleure invention de la vie. C’est l’agent du changement, car ça déblaye l’ancien pour faire place au neuf. » Puis il s’adresse à nous tous : « Puisque votre temps est limité, ne gâchez pas votre vie en essayant de vivre celle des autres. Ne vous enfermez pas dans le dogme qui postule qu'il faut  vivre en fonction des pensées des autres. Ne laissez pas le bruit de l’opinion des autres étouffer votre propre voix intérieure. Ayez le courage de suivre votre cœur et votre intuition et n’oubliez pas que tout le reste, succès, réputation, richesse, n’est que secondaire. »

Il termine en évoquant le dernier numéro d’un magazine des années 60, sur lequel les rédacteurs avaient fait leurs ultimes recommandations à leurs derniers lecteurs fidèles : "stay hungry, stay foolish". Maintenant que vous êtes diplômés, leur dit Steve Jobs, je vous laisse ces quatre mots comme feuille de route pour la nouvelle vie qui s’ouvre devant vous. Il le leur répète encore une fois en conclusion : "stay hungry, stay foolish." 

C’est bien ce qu’a su conserver en lui Steve Jobs, avoir toujours envie, rester toujours un peu fou. Et c’est ce que je nous souhaite pour demain à nous tous, ne pas nous épuiser à vivre la vie des autres, ce qui nous permettra de continuer à avoir faim de vivre et nous donnera les moyens d’être un peu fous…

Lire la suite

le silence et la propagande

21 Août 2011 Publié dans #PHILOSOPHIE

Dans l’article de mon blog, publié le 31 juillet dernier et intitulé « Un projet scientifique sans signification? », je m’interrogeais sur le sens de la science. Dans cet article, nous confrontons les sciences à la pratique de la vie.

images-3-copie-4.jpegLe silence

Tout travail scientifique présuppose toujours la validité des règles de la logique et de la méthodologie qu’on lui applique. En outre, on présuppose également que le résultat auquel aboutit le travail scientifique vaut la peine d'être connu.

Or, l’intérêt du résultat que l’on recherche n’est pas démontrable par des moyens scientifiques. Les sciences de la nature, comme la physique, la chimie ou l'astronomie présupposent qu'il est essentiel de connaître les lois dernières du devenir cosmique, non seulement pour les résultats pratiques que l’on en attend, mais aussi par principe, parce que cette connaissance a une valeur intrinsèque. Pourquoi? Parce que.

Selon le même angle, regardons quels sont les principes de la médecine. Cette dernière pose comme principe premier que le devoir du médecin consiste à  conserver la vie de ses patients le plus longtemps possible et à limiter, autant que faire se peut, leur souffrance. C’est en vertu de ce principe, débattu à juste titre, que le médecin s’efforce de maintenir en vie tout  moribond même si ce dernier  ou sa famille le supplie d’abréger ses souffrances. Sous peine de poursuites pénales, le médecin ne peut pas agir autrement, car il s’écarterait du principe fondamental de la médecine qui refuse de se poser la question de savoir si la vie mérite toujours d'être vécue, quelles que soient  les conditions dans lesquelles elle se déroule. 

C’est ainsi que les sciences physiques ou médicales nous apportent des réponses techniques sur ce qu’il faut faire pour maîtriser la nature ou la vie, mais qu'elles refusent de se poser la question de savoir si cela a un sens, en fin de compte. Elles n’y répondent pas parce qu'elles n’ont rien à dire sur le sens de la vie.

La propagande

Mais nous n’avons pas encore abordé le cas des sciences humaines, qui posent de leur côté la redoutable question de leur utilisation à des fins politiques ou idéologiques. Rien n’est plus facile en effet de mêler l'analyse et le jugement de valeur dans le cadre de la sociologie, de l’économie, du droit, de la psychologie, de l’histoire, de la géographie ou de l’ethnologie. Aborder scientifiquement une structure humaine est une chose, prendre une position politique en est une autre. Les termes  que l’on utilise alors ne sont plus les moyens d'une analyse scientifique, mais ceux d’un appel politique en vue de solliciter des prises de position chez ceux qui vous lisent ou vous écoutent. Ce ne sont plus des outils d’analyse mais des moyens de combat. C’est une vilenie que d'employer ainsi les mots dans une salle de cours ou dans un studio de télévision. Naturellement, on attend par principe des professeurs ou des journalistes qu’ils n’imposent pas à leur auditoire une quelconque prise de position, mais il est aussi facile que déloyal de prétendre « laisser parler les faits » tout en les choisissant et en les orientant pour influencer ses auditeurs. C’est toute l’ambiguïté des sciences humaines qui sont parfois dévoyées en plaidoyers politiques.

Il est vrai qu’il est difficile, voire impossible d’être neutre, que soit pour un professeur, pour un écrivain ou pour un journaliste. Mais on peut du moins attendre de celui qui professe ou qui s’exprime dans les medias de la probité intellectuelle. Cela signifie qu’il doit faire saisir à son auditoire qu’il faut toujours distinguer les faits, les logiques ou les structures des sociétés humaines et les réponses à apporter à la manière dont il faudrait agir dans la cité. Si bien que la tâche primordiale de celui qui veut enseigner à l’autre les sciences humaines consiste à lui apprendre que l’on y trouve des faits inconforta­bles, c’est-à-dire  des faits discordants avec l’opinion personnelle que l’on s’est forgé à priori.

Se faire le champion de convictions pratiques « au nom de la science » est finalement inconcevable, parce que c’est faire fi des différentes valeurs qui s’affrontent dans le monde : du point de vue scientifique, « œil pour œil » est-il une meilleure réponse que de « tendre l’autre joue » lorsque vous subissez un affront?

 

(Adapté de Max Weber, « le métier et la vocation de savant »)

Lire la suite

La Mobil, le malchanceux et moi

16 Août 2011 Publié dans #INTERLUDE

Comme je vous l’ai raconté dans mon article précèdent relatif à mes aventures à la Mobil, je m’étais lancé dans une grande enquête sur l’huile Mobil Delvac, dans le but de démonter les erreurs commises par la Mobil et de montrer par ricochet combien j’étais fort et perspicace,

images-1-copie-1Je le remettais cérémonieusement à mon Chef qui me promit de le lire, ainsi qu’à quelques cadres amis qui le rangèrent dans leur tiroir. Et ce fut tout.

Quelques jours plus tard, j’interrogeais mon chef pour lui demander ce qu’il pensait de la lecture de mon rapport. Il me répondit vaguement que c’était très bien. Manifestement il ne l’avait pas lu et il ne comptait pas s’en servir. Il me fallut admettre que ce travail et ce rapport n’avaient été que des coups d’épée dans l’eau, ce qui pour moi constituait un grand coup sur la tête alors que je me l’étais donné moi-même en prenant l’initiative de ce rapport. Et je me posais désormais une question existentielle: à quoi je servais, dans cette boîte ?

Finalement, la « boîte » m’a trouvé un emploi. Vers le mois de mars 1972, après six mois de stage assez fade, elle m’a nommé à Dijon comme responsable commercial de la région Bourgogne. Comme je l’ai écrit dans le blog intitulé «J’ai rêvé la Mobil O. », il s’agissait de gérer les « distributeurs » de la Mobil, petits et moyens dans une grande et belle région, qui allait d’Auxerre et Troyes à Pontarlier, comprenant à la fois la Bourgogne et le Jura. Je devais remplacer le titulaire du poste, en très long congé de maladie à la suite d’une série de trois accidents successifs. Ce commercial que nous appellerons ici Michel Bauerman, était un sympathique père de famille nombreuse d’origine alsacienne ; il se croyait, à l’inverse de moi-même, doué pour le bricolage, quoique les faits se soient chargés de démontrer qu’il surestimait ses aptitudes dans ce domaine :

Un jour où il installait un câble électrique dans son garage, il a saisi le fil dénudé dans sa main droite alors qu’il était sous tension. Je crois que c’était du 380 volts, ce qui explique sans doute qu’il soit resté accroché au câble électrique, tout en étant précipité violemment contre toutes les parois du garage jusqu’à ce que les brûlures de sa main fassent isolant. Ce n’est qu’avec retard que sa femme le découvrit inconscient avec de multiples contusions, la main brûlée et ayant subi un sérieux choc cardiaque.

Il a donc bénéficié d’un congé maladie que la Mobil espérait bref, puisqu’elle laissa son poste vacant. C’était sans compter sur l’exigeant besoin d’activité physique du convalescent.

Imprudemment chaussé de sandales découvertes, il estima qu’il était de son devoir de seconder son épouse en tondant le gazon autour de son pavillon. Le terrain était en pente, la tondeuse à moteur dérapa sur son pied gauche dont elle sectionna deux doigts, dont le pouce. On parvint heureusement à retrouver les doigts et à les greffer, mais cet accident imprévu retarda encore la reprise des activités professionnelles de mon prédécesseur. Néanmoins la Mobil patienta, espérant une reprise du travail prochaine de son directeur régional qui connaissait bien le secteur.

C’était faire fi de l’incroyable malchance qui s’acharnait à cette époque sur monsieur Bauerman et par ricochet sur les services commerciaux de la Mobil en Bourgogne:

Alors qu’il achevait sa période de convalescence, Monsieur et Madame Bauerman et leurs enfants décidèrent légitimement de rendre visite à leurs familles en Alsace. Si la Mobil pouvait nourrir une certaine amertume à l’égard de Monsieur Bauerman, eu égard à sa maladresse domestique qui la privait momentanément d’un cadre exemplaire, elle ne put que maudire le sort qui s’acharna sur lui lors de son escapade sur les routes alsaciennes : alors que l’automobile de la famille Bauerman roulait tranquillement le long d’une forêt qui bordait une belle route nationale sur la plaine alsacienne entre Mulhouse et Colmar, surgit sur sa gauche un puissant cheval de trait qui s’était échappé d’une ferme proche.

Le cheval s’élança sur la chaussée à la perpendiculaire de la voiture, se cabra puis retomba de tout son poids, qui était considérable, sur le pavillon à la hauteur de Monsieur Bauerman. Le pavillon du véhicule fut enfoncé et ce dernier se retrouva coincé entre le pavillon, le siége et le volant, incapable d’enlever son pied de l’accélérateur. Du coup, au lieu de s’arrêter, la voiture  vint percuter un arbre. Miraculeusement, seul Monsieur Bauerman fut blessé dans ce double accident. Il fallut découper les tôles du véhicule pour l’extraire et découvrir qu’il avait des plaies ouvertes, souffrait à la fois de multiples fractures et d’un violent tassement de la colonne vertébrale.

Le corps médical prévoyait une longue période de convalescence, d’autant plus que les deux accidents domestiques précédents avaient affaibli le bléssé, encore que son moral, à ma surprise, me parut excellent lorsque je le rencontrais. Cette fois ci, on la comprend, la Mobil avait perdu patience, estimant désormais que la mauvaise fortune de Monsieur Bauerman menaçait  de devenir un phénomène permanent. Quoi qu’il en soit, elle  ne voulut pas tenter le sort et décida de le remplacer in petto. Et m’affecta à son poste.

Lorsque j’appris, de la bouche de Monsieur Bauerman, l'invraisemblable série de coups du sort qu’il avait subie, je me pris à espérer que cette dernière n’était en aucune manière liée à la fonction qu’il occupait. 

 

Lire la suite

Le pouvoir glisse des mains du roi

11 Août 2011 Publié dans #HISTOIRE

Je terminais mon blog du 23 juillet dernier,  en rappelant la signification symbolique du 14 juillet 1789 : ce jour là, tandis que la cour concentre des troupes autour de Versailles, des émeutiers prennent la Bastille à la recherche d’armes. Le roi recule, le roi capitule, les premiers émigrés quittent la France.

images-1La municipalité parisienne est de facto le nouveau maître et commence la dictature de l’émeute, qui est paradoxalement célébrée comme une victoire sur la tyrannie.  C’est sous la protection du Faubourg Saint-Antoine que l’Assemblée Constituante peut écrire sereinement la première constitution de l’histoire du pays.

Sereinement ? l’émeute gronde en province. Les paysans sont agités par la « Grande Peur ». Ils croient que les nobles vont lâcher sur eux des nuées de brigands pour se venger de leur perte de pouvoir. Pour anticiper cette réaction inventée, ils brûlent les châteaux, ils tuent. Après le roi, cette fois c’est l’Assemblée qui cède sous la pression en supprimant les privilèges, les inégalités fiscales et les droits féodaux. Puis, dans un grand élan de foi en l’humanité, elle produit l’immortelle « Déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen », le credo de la France nouvelle et le catéchisme de tous les hommes, de tous les temps et de tous les pays !

Il est vraiment étonnant, à la reflexion que la date du 26 août 1789, qui est celle de la Déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen » n’ait pas été retenue comme celle de la fête nationale. C’est pourtant au nom de cette déclaration que nos gouvernants se croient autorisés à faire la leçon aux dirigeants politiques de tous les pays du monde. On ne peut pas croire, à moins d’être un esprit très cynique, qu’il s’agisse de faire comprendre aux citoyens français, de manière subliminale, que la République a choisi le 14 juillet comme fête nationale afin de célébrer l’émeute en tant que procédé politique, de préférence  au respect des règles démocratiques.

En août 1789, la Déclaration a pour premier effet de renverser le fondement du pouvoir en France, puisqu’elle remplace l’onction du sacre de Reims qui faisait du roi de France « le lieutenant de Dieu sur terre » par la « Nation ». Désormais, le roi n’était comptable du pouvoir de l’État non pas devant Dieu, mais devant la Nation qui le chargeait de faire respecter la Déclaration des Droits de l’Homme. Puis l’automne 1789 voit le pouvoir échapper concrètement au roi, lorsque l’émeute vient le quérir dans son palais de Versailles pour le forcer à s’installer à Paris. Le roi otage est désormais contraint d’entériner les actes fondateurs de sa dépossession, sous la menace permanente des groupes d’insurgés actionnés par les clubs.

Dans une ambiance constamment agitée, l’Assemblée qui a rejoint Paris, légifère, modifie la fiscalité, l’armée, les régions. Elle crée quatre-vingt-trois départements qui deviennent le nouveau cadre administratif du pays. Elle définit un corps électoral, la Nation, qui exclut les femmes, les domestiques et les pauvres. Puis elle s’attaque à l’Église par la confiscation de ses biens. C’était logique puisqu’il fallait détruire les fondations de la croyance au roi de droit divin et faire disparaître le contre-pouvoir susceptible de s’opposer au règne de la raison, que l’Assemblée Constituante prétendait incarner.

 

C’est un long combat qui s’amorçait, un combat qui  contribua à affaiblir les cadres moraux de la Nation.

 

Lire la suite

Ce que je pense de la crise actuelle

7 Août 2011 Publié dans #ACTUALITÉ

Que se passe t-il ?

Fondamentalement une perte de confiance dans la vigueur de la croissance.

C’est cette faiblesse qui entraîne la perte de confiance dans la capacité des États à rembourser leurs dettes et qui entraîne la baisse des bourses mondiales.

 

682-copie-1.jpgQue peut-on faire pour relancer la croissance mondiale ?

À mon avis rien.

Ce ne sont pas les échanges téléphoniques et les réunions au sommet entre dirigeants politiques qui vont relancer la croissance. Il faut laisser les mécanismes d’ajustement jouer jusqu’à ce qu’apparaissent de nouveaux besoins qui entraînent une nouvelle production.

Que peut-on faire au niveau européen ?

À mon avis rien, sauf dévaluer l’euro, mais il y faudrait l’accord de l’Allemagne.

Que peut-on faire au niveau français ?

Être les premiers à dévaluer, donc sortir de l’Euro en mettant le franc au niveau du dollar et l’y maintenir, ce qui représenterait une dévaluation de 30%. La reprise économique serait immédiate, que l’on pense simplement au tourisme, à l’agriculture ou à l’industrie automobile.

Que vont faire les dirigeants européens ?

À mon avis, toujours rien.

Ils vont faire le gros dos en annonçant la création d’euro bonds, ce qui aura pour avantage de repousser à plus tard les défauts de paiement des États les plus exposés. Mais les euro bonds vont en contrepartie égaliser les taux d’intérêt, c’est-à-dire les accroître pour l’Allemagne et la France. Ils vont aussi  annoncer une coordination des politiques économiques, qui n’aura aucun effet sur les déficits puisqu’ils découlent de la croissance, cette dernière  dépendant de la conjoncture mondiale et, au niveau européen de la surévaluation de l’euro.

Que va t-il se passer ?

Une dégradation de la situation économique.

L’augmentation des impôts va s’ajouter à la crise mondiale pour provoquer une récession. Nos dirigeants vont essayer de passer les prochaines échéances électorales en délivrant jusque-là des soins palliatifs à l’économie qu’ils assortiront de discours lénifiants.

Plus tard, à partir de la rentrée 2012, il ne leur restera plus que le choix entre dévaluer l’euro, s’ils l’obtiennent, ou sortir de l’euro et dévaluer le franc, à moins que d’autres pays ne les aient précédés sur cette voie, ce qui leur évitera de prendre une décision douloureuse.

 

En résumé, la crise économique est là, au niveau mondial.

Il faudra prendre le temps de la surmonter. De plus, en Europe, elle se superpose à une crise culturelle, qui, elle aussi, devra être résolue un jour ou l’autre, ainsi qu’à une crise énergétique qui suppose que la priorité des investissements soit consacrée aux économies d’énergie. 

Lire la suite

L'euro sur le fil du rasoir

3 Août 2011 Publié dans #ACTUALITÉ

Dans ce blog, la crise de l’euro, symbolisée par la crise grecque, a été abordée à de multiples reprises. Je fais aujourd’hui le point sur la situation actuelle, à la suite du sommet européen du 21 juillet dernier qui lui a été consacré. Franchement, on ne voit pas comment la situation pourrait ne pas s’aggraver, par la diffusion progressive de la crise à tous les pays faibles de la zone euro.

p-008484-00-2-1Le 21 juillet dernier, les dix-sept pays de la zone euro sont parvenus à finaliser un accord sur le sauvetage de la Grèce. Ils reconnaissent que la Grèce est dans une situation de « défaut sélectif » sur sa dette qui les conduit à lui accorder un nouveau plan d'aide de 160 milliards d'euros.

Pour la Grèce, l’accord est positif puisqu’elle béneficie d’un prêt du Fonds Européen de Stabilité Financière (FESF) de 109 milliards d’euros, qui vient s’ajouter aux 41 milliards d’euros prévus au titre de 2010 et non encore débloqués. De fait, c’est un triple dispositif qui est mis en place par :

-   Un allongement de la maturité de ses prêts et un abaissement de ses taux, autour de 3,5%.

-   Une accélération du versement des « fonds structurels » et des aides régionales européennes non consommées par la Grèce, afin de soutenir sa croissance potentielle. Il semblerait que la Commission Européenne puisse mobiliser 8 milliards d’euros pour des projets d'infrastructures du pays.

-   Un accord avec le secteur financier européen qui participerait au refinancement de la Grèce, pour une contribution nette totale estimée autour de 37 milliards d'euros.

Les banques privées, assurances, fonds de pension qui possèdent 150 milliards d'euros d'obligations grecques auraient en effet accepté une perte sèche de 21% de la valeur actuelle leurs titres. Pour ceux qui ont acheté de la dette grecque dans les derniers mois, décotée de 40 à 50 % par rapport à sa valeur faciale, c'est une superbe opération ! La participation du secteur privé au plan d'aide est limitée à la seule Grèce et n'est pas envisagée pour d'autres pays fragiles de la zone euro, comme l'Italie ou l’Espagne. Rien n’est décidé pour le « petit » défaut de Chypre qui se profile…

Parallèlement, pour limiter les risques de contagion, les dirigeants européens ont accru les compétences du FESF, auquel succédera à partir de 2013 le Mécanisme permanent de stabilité (MES), qui pourront intervenir en rachetant sur les marchés obligataires secondaires les obligations émises par les pays en difficulté. Ce rachat ne pourra s’effectuer qu’ à l’unanimité des pays de la zone euro, car le défaut de remboursement de ces obligations risque de coûter cher au contribuable européen, qui en sera réduit à prendre en charge les déficits des pays incapables d’honorer leurs écheances.

À ce jour, cet accord n’a pas reussi à rassurer les marchés, puisque la tension sur les taux espagnols et italiens monte, dépassant 6% pour les emprunts à dix ans. Si ces deux derniers pays se trouvaient placé en situation de défaut de paiement dans un proche futur, est ce que le FESF aurait les moyens de les soutenir?

Les Etats de la zone euro se sont mis d'accord en juin pour porter la capacité de prêt du FESF à 440 milliards d'euros, ce qui, aussi incroyable que cela puisse nous paraître, est jugé tout à fait insuffisant par les spécialistes financiers. En effet, en prenant en compte les engagements contractés pour financer le Portugal et l'Irlande, la capacité de prêt restante du FESF s'élève à 396 milliards d'euros. Une somme suffisante pour  financer des plans de sauvetage additionnels pour la Grèce, le Portugal et l'Irlande, mais insuffisants pour soutenir l'Espagne et l'Italie.

Les délais pour la mise en œuvre du fonds élargi posent aussi problème. Pour qu’il puisse entrer en vigueur, il faut qu’un nouveau traité intergouvernemental soit signé et ratifié par les parlements de tous les  Etats concernés. Une fois cette étape franchie, il faudra  encore lever les capitaux, ce qui demandera encore un mois après que la dernière ratification ait été votée. Les financements aux pays en difficulté n'interviendront donc qu’après tous ces délais.

Au total, le résultat de l’accord du 21 juillet dernier est bien que la dette grecque sera allégée de 26 milliards d'euros d’ici 2014, pour un montant égal à 12% du PIB de la Grèce. En outre, le pays va bénéficier d'échéances plus longues pour rembourser ses nouveaux prêts et de taux d'intérêt plus avantageux, ce qui qui réduira le service de la dette, aux dépens des contribuables européens et des prêteurs, en espérant que ces sacrifices seront suffisants pour que la Grèce redevienne solvable. Du temps aura été gagné mais le probléme de fond n’a pas été traité : celui de la sortie de la spirale négative de l’endettement et de l’austérité sans croissance. 

 

Le statu quo étant désormais intenable, la prochaine étape, dés l’automne 2011, sera de clarifier qui décide dans la zone euro, avant de décider ce qui doit être fait. Le danger sera alors, comme sont tentés de s’y engager les élites économiques, technocratiques, européistes et médiatiques, de rompre le fil entre l’idée d’Europe et sa légitimité démocratique. 

Lire la suite