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Le blog d'André Boyer

LE DÉBARQUEMENT À L'ANSE-AU-FOULON

28 Septembre 2018 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

LE DÉBARQUEMENT À L'ANSE-AU-FOULON

 

Il y eut un petit aléa en ce qui concerne l’arrivée des barques vers l’Anse-au Foulon, qui ne remis cependant pas en cause le succès du débarquement.  

 

La marée poussa les embarcations de soldats plus loin que Wolfe l'avait prévu, ce qui fait qu’elles touchèrent la rive un peu en aval de l'Anse-au-Foulon. Le chaland de tête, commandé par le lieutenant Gordon Skelly, toucha terre le premier.

Il était précisément 4 h 07. Un premier détachement de 24 soldats volontaires de l'infanterie légère mit pied à terre. Ils coururent sur la grève en direction de l’ouest pour rejoindre le chemin de l'Anse près du ruisseau Saint-Denis, tandis qu’un autre groupe, conduit par le lieutenant-colonel William Howe et Simon Fraser, escaladait la falaise pour surprendre le groupe de Vergor.

L'Anse-au-Foulon  et l'Anse des Mères sont deux petites anses  situées au pied de ravins, le long desquels se trouve un chemin qui monte du fleuve jusqu’en haut des falaises, hautes de 55 mètres. De là, on atteint les plaines d'Abraham, à 20 minutes de marche de la ville de Québec.

Les deux anses ont été reconnues par les défenseurs de la ville comme de possibles lieux de débarquement. En juillet, l'officier Lapause inspecte l'Anse-au-Foulon et suggère un épaulement  traversant le chemin de part en part pour défendre le lieu. L'endroit demeure sans défense jusqu'au 19 juillet, date à laquelle des sentinelles aperçoivent les quatre navires de guerre britanniques qui sont passés à l'ouest de Québec durant la nuit.

Cela amène une réaction des Français : le matin du 20 juillet, quelque 1200 soldats réguliers et miliciens, épaulés par 200 cavaliers sont stationnés sur le promontoire de Québec. Le capitaine François-Marc-Antoine Le Mercier, ingénieur et commandant d’artillerie, est dépêché sur les lieux avec deux canons et un mortier qu'il utilise pour monter une batterie à Samos, à l'ouest de l'Anse-au-Foulon. La batterie est mise à l'essai le jour même et les artilleurs réussissent à toucher le HMS Squirrel. Cette batterie est ensuite renforcée : en septembre, elle comprend trois canons de 24 livres et un mortier de 13 pouces servis par 30 soldats du Régiment du Languedoc commandés par le capitaine François-Prosper de Douglas.

De plus, à partir du 7 août, le colonel Louis-Antoine de Bougainville  est chargé de la défense de la rive nord, entre Québec et la rivière Jacques-Cartier, une zone qui comprend l'Anse-au-Foulon. Des renforts lui sont envoyés  le 3 septembre, lorsque Montcalm constate l'évacuation du camp de Montmorency par les Britanniques. Bougainville se trouve alors à la tête de 2 200 hommes.

Le 12 septembre, 280 soldats sont cantonnés dans une série d'avant-postes entre l’Anse des Mères et la Rivière du Cap Rouge. Plus précisément, à l'entrée du chemin, la Coulée Saint-Denis, qui descend vers l'Anse-au-Foulon, le capitaine Louis du Pont Duchambon de Vergor, le même qui a fait face sans succès aux Anglais quatre ans auparavant au fort Beauséjour, commande un avant-poste d’une centaine d’hommes, qui sont réduits à une quarantaine cette nuit là en raison des moissons. À l'anse des Mères même, un jeune homme, Lafontaine est à la tête de 15 ou 20 hommes et le chemin qui descend jusqu'à la grève est barré à 35 mètres au-dessus du fleuve par un abattis et une tranchée.

Au moment où le groupe de barques transportant la première vague de soldats, arrive à proximité de l'Anse-au-Foulon, les soldats français postés au sommet des falaises tirent dans l'obscurité en direction des barques échouées sur la grève, puis, peu de temps après, l'artillerie de Samos entre en action.

 

Les soldats français ne restèrent donc pas inactifs, mais ils ne parvinrent pas à éviter, ni que les Anglais débarquent à l’Anse-au-Foulon, ni  qu’ils atteignent les plaines d’Abraham... 

 

 

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L'ÉMERGENCE DE L'EMPIRE RUSSE

24 Septembre 2018 , Rédigé par André Boyer Publié dans #CULTURE

L'ÉMERGENCE DE L'EMPIRE RUSSE

 

 

Spécialiste de géopolitique et professeur émérite, Jean-Paul Guichard s’est attelé à une tâche majeure en écrivant une trilogie sur ce qu'il appelle « l'Europe byzantine », une Europe héritière de Byzance dont le substrat religieux est l'orthodoxie.

 

Le premier opus, qui vient de paraître, L'émergence de l'Empire russe, l'Europe byzantine jusqu'à Catherine II*, couvre une période allant du cinquième siècle à la mort de Catherine en 1796. Les deux ouvrages qui suivront sous peu concerneront respectivement la période 1796-1914 et la période allant de 1914 à aujourd'hui.

 

Dés que l’on commence à parcourir cet ouvrage, l’on est saisi par la révélation d’une vérité d’évidence qui nous avait échappé jusqu’ici et dont on peut s’étonner qu’elle ne soit toujours pas sur la place publique : il y a longtemps, un millénaire au moins, que l’Europe s’est coupée en deux.

Car l’on déplore chaque jour la difficulté de faire fonctionner l’Union Européenne en raison des divergences de plus en plus visibles entre la partie ouest et la partie centrale de l’Europe. On s’inquiète des objectifs spécifiques du groupe de Visegrad, un groupe informel regroupant la Hongrie, la Pologne, la République Tchèque et la Slovaquie. On s’irrite des difficultés spécifiques de la Roumanie et de la Bulgarie, des questions difficiles de l’intégration des Balkans, Serbie en tête, ou de la douloureuse crise grecque. Encore se garde t-on d’aborder la question majeure des rapports avec la Russie, dans l’attente que les Etats-Unis veuillent bien autoriser l’Union Européenne à négocier avec elle.

Et toujours, aveuglés par la tentation du court terme, nous croyons à des explications superficielles, liées aux réactions épidermiques de populations encouragées par des démagogues qui font du populisme. Nous croyons donc que toutes ces différences entre l’Ouest et l’Est de l’Europe seront surmontées par la raison, celle qui inspire la partie Ouest, où nous vivons. Toutes ces explications volent en éclat lorsque l’on lit l’ouvrage de JP Guichard. On découvre qu’une vraie coupure s’est produite entre 1054 (excommunications réciproques du patriarche de Constantinople et du Pape) et la quatrième croisade (le pillage de Constantinople en 1204) entre un monde catholique dynamique dans lequel les monastères et le Pape sont indépendants des puissances temporelles et un monde orthodoxe très différent.

On découvre que toutes les tentatives d’union entre les deux églises, catholique et orthodoxe, ont échoué, ce qui implique une coupure irrémédiable entre les deux mondes, au point que lorsque les Polonais, des Slaves, choisirent le catholicisme, ils se coupèrent  du monde russe. Et on constate aujourd’hui que ce n’est pas prés de s’arranger.

On prend conscience de l’importance de la géographie dans l’histoire des peuples, car on a oublié que les Russes ont toujours été voisins des Mongols, du monde musulman, et d’une frontière ouest continument hostile.

On voit s’installer la notion de soumission du peuple russe,  soumission aux Tatars puis au Tsar qui devient le chef de tout et l’on comprend la nature de la différence de l’organisation russe par rapport à celle de l’Europe de l’Ouest, un pouvoir unique en Russie contre une pluralité de pouvoirs en Occident, que l’Etat soit centralisé, comme en France, ou non.

On reconnaît que la Russie n’est pas « en retard » par rapport à une Europe de l’Ouest qu’elle serait supposée rattraper, mais que son évolution diverge  tout simplement par rapport à celle de l’Europe, une différence essentielle.

On saisit l’origine des pogroms contre les juifs en Ukraine, le rôle des « Vieux-Croyants », le refus profond de l’influence occidentale, la force de « l’âme russe », l’expansion de l’Empire, l’ancrage dans le sol et lorsque s’achève le premier tome, on voit émerger l'Empire Russe en Europe. 

Un ouvrage particulièrement agréable à lire, tout d’abord parce que l’on s’instruit  à chaque page, ensuite parce que c’est bien écrit, vivant, avec des réflexions qui ramènent sans cesse le lecteur à la relation entre l’histoire et le présent.

 

En résumé, j’attends avec impatience le second tome, mais d’ores et déjà je regarde l’actualité européenne et russe en reliant le présent, le passé et un futur qui, grâce à ce livre me paraît désormais moins imprévisible…

 

* Jean-Paul Guichard, L’ÉMERGENCE DE L’EMPIRE RUSSE, L’Europe byzantine jusqu’à Catherine II, L’Harmattan, 239 pages.

 

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LA DEMANDE MONDIALE DE PRODUITS D'ÉLEVAGE

21 Septembre 2018 , Rédigé par André Boyer Publié dans #PHILOSOPHIE

LA DEMANDE MONDIALE DE PRODUITS D'ÉLEVAGE

 

L’évolution des techniques d’élevage trouve sa justification dans la croissance de la demande mondiale des produits de l’élevage.

 

Cette croissance s’explique tout d’abord par la croissance de la population mondiale qui est  passée de 3 à 7,3 milliards de personnes entre 1962 et 2015. En outre, la progression rapide de la consommation de viande en Chine ou au Brésil montre que l’amélioration des niveaux de vie entraine le remplacement des calories d’origine végétale par celles d’origine animale. Ainsi depuis le début des années 1960 :

  • la consommation mondiale de viande de volailles a progressé au rythme moyen de 4% par an, passant de 3 à 14,5 kilogrammes par personne et par an.
  • Celle de la viande porcine s’est accrue de 2% par an, passant de 8 kilogrammes par an à 15,5 kilogrammes pour la même période.
  • Celle de la viande de bœuf a augmenté  de 1% par an, atteignant 9,5 kilogrammes par personne et par an.
  • Celle de la viande ovine et caprine n’a presque pas progressé, avec environ 2 kilogrammes par personne et par an.

L’augmentation de la consommation concerne aussi celle du lait qui a progressé de 55% depuis 1962. Le lait de vache a vu sa production passer de 316 millions de tonnes en 1962 à 495 millions de tonnes en 2016,  principalement en raison de la nouvelle demande des pays émergents, en particulier de la Chine.

La production d’un kilogramme de poulet nécessite entre 1,8 et 2 kilogrammes d’aliments d’origine végétale, celle d’un kilogramme de porc entre 3,5 et 4 kilogrammes et pour un kilogramme de bovin, il faut utiliser plus de 7 kilogrammes d’aliments d’origine végétale.

On peut donc s’interroger sur le bien-fondé du gaspillage de ressources alimentaires entrainé par l’élevage. La pure rationalité consisterait à encourager la consommation de végétaux plutôt que d’animaux pour l’alimentation humaine d’autant plus qu’une bonne partie de la population mondiale consomme trop de produits carnés ou laitiers pour leur santé par habitude, qui est renforcée par les mécanismes de la société de consommation.

L’excès des activités d’élevage apparaît aussi dans les importantes émissions de gaz à effet de serre, principalement de méthane et de protoxyde d’azote que provoquent les déjections des bovins, ainsi que  dans la pollution des eaux, générées par les déjections des porcs provenant de la concentration des élevages hors-sol.  

En outre la crainte d’accidents sanitaires, comme celle de la vache folle, est inhérente à l’organisation industrielle de l’élevage, ce qui devrait inciter à limiter la concentration des activités d’élevage, alors qu’aujourd’hui cinq groupes les contrôlent, dans l’ordre le groupe brésilien JBS, le groupe nord-américain Tyson Foods,  le groupe chinois WH, le groupe nord-américain Cargill pour sa division viandes et le groupe brésilien Brazil Foods.

Enfin la question éthique posée par l’abattage des animaux émerge au travers de la prise de conscience des conditions brutales dans lesquelles il est pratiqué. Elle pourrait à terme conduire à la désuétude des pratiques d’abattage des animaux et par ricochet à celle de l’élevage des animaux pour nourrir les êtres humains. Après tout, dans l’État du Gujarat en Inde occidentale, les restaurants McDonald's sont végétariens…

 

Derrière la question de l’élevage, le principe selon lequel l’homme doive, quel qu’en soit le prix, dominer la nature est de plus en plus contesté.

 

FIN

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L'ÉVOLUTION DES TECHNIQUES D'ÉLEVAGE

16 Septembre 2018 , Rédigé par André Boyer Publié dans #PHILOSOPHIE

L'ÉVOLUTION DES TECHNIQUES D'ÉLEVAGE

 

 

La question de l’évolution de l’élevage devrait  attirer votre attention sur son importance, ses caractéristiques et finalement sur ses conséquences.  

 

L’élevage désigne l’ensemble des activités mises en œuvre pour assurer la production, la reproduction et l’entretien des animaux domestiques afin d’en obtenir différents produits ou services. Pour les sociétés modernes, il s’agit surtout de produire de la viande, du lait, d’œufs et accessoirement du cuir.

Pour prendre conscience de l’importance de l’élevage qui est loin d’être une activité secondaire pour l’humanité, il faut retenir qu’aujourd’hui 80% des espaces agricoles mondiaux sont mobilisés pour les activités d’élevage, avec prés de 3,4 milliards d’hectares qui lui sont directement consacrées auxquel les s’ajoutent le tiers de la production mondiale de céréales et la quasi-totalité des tourteaux issus de la trituration des graines oléagineuses, les deux productions mobilisant ensemble 1,55 milliards d’hectares.

L’élevage a connu trois pratiques successives, pastorales, agricoles et industrielles. Le pastoralisme originel se réfère aux pratiques de populations qui vivent des produits de leurs troupeaux. Ces derniers consomment une végétation spontanée, ce qui implique leur déplacement, d’autant plus que  la base fourragère n’est que rarement entretenue par les éleveurs. On rencontre encore ces formes de vie pastorales dans des milieux de steppe, de savane ou de toundra, mais aussi dans les montagnes du pourtour méditerranéen, sous forme de transhumance entre les plaines et les alpages.  

Mais si le pastoralisme subsiste, il a été depuis longtemps complété puis dominé par l’agropastoralisme, qui a pris toute son importance avec la révolution agricole du XVIIIe siècle. Cette dernière a permis, grâce à la mise en culture des jachères avec des plantes fourragères et l’entretien des prairies naturelles par des opérations de drainage et d’irrigation, de mieux nourrir les  animaux d’élevage. Cette combinaison des cultures et des activités d’élevage devient le modèle dominant d’exploitation agricole en Europe de l’Ouest jusqu’aux années 1960. 

Par la suite, l’industrialisation et la mondialisation des activités d’élevage ont conduit à la mise en place de systèmes spécialisés.  Les élevages hors-sol constituent l’archétype de ces élevages intensifs. Les animaux ne quittent plus les bâtiments et sont nourris à partir de denrées fourragères, ensilages, céréales, tourteaux d’oléagineux qui leur sont fournies et qui viennent d'autres continents, du fait de la mondialisation.

La diffusion rapide de ces systèmes d’élevage intensif s’est appuyée sur des avancées scientifiques et zootechniques, comme la généralisation de la sélection scientifique des animaux, la mise au point de rations alimentaires spécifiques distribuées aux animaux en fonction de la nature de leurs apports et de leurs coûts relatifs, la maîtrise des conditions sanitaires, l’installation de bâtiments d’élevage autorisant une mécanisation poussée des différentes opérations comme celle des carrousels de traite pour les vaches laitières.

L’aviculture, avec des animaux de petite taille et à reproduction rapide, a permis une rotation rapide des capitaux investis par les producteurs, d’autant plus que les viandes de volailles ne font l’objet d’aucun interdit alimentaire d’origine culturelle ou religieuse. Aussi l'aviculture est-elle l’activité qui a le plus vite profité des innovations scientifiques et techniques, ce qui lui permet  d’offrir  la calorie la moins chère de toutes les calories animales. 

Pour les élevages bovins et porcins, l’insémination artificielle a entrainé une amélioration rapide des cheptels en facilitant la diffusion des races les plus productives,  tout en provoquant la réduction de la diversité génétique. On a calculé qu’aux États-Unis, la quantité de travail nécessaire pour obtenir un kilogramme de viande de porc a été divisée par sept en vingt ans.

Pour obtenir le lait à moindre prix, la traite des vaches est de plus en plus mécanisée avec des fermes géantes de 1000 à 3000 vaches, dans lesquelles l’on récupère le gaz méthane et des fertilisants provenant des déjections des animaux. 

 

Une nouvelle étape de l’élevage se développe avec les techniques de congélation du sperme, des ovaires et des embryons des animaux d’élevage qui facilitent une sélection des géniteursles plus performants, tandis que les nouvelles techniques d’amélioration génétique permettent de transformer les génomes et de reproduire les animaux par clonage… 

 

À SUIVRE


 

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L'ANTI MODÈLE MONDIAL

12 Septembre 2018 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

L'ANTI MODÈLE MONDIAL

Pour Nietzsche, la volonté de puissance est une surabondance de force que l’on a besoin d’extérioriser.

C’est cette volonté de puissance que les Etats-Unis ont exprimé depuis l’origine, tout d’abord aux dépens des Amérindiens et des Noirs comme l’avait observé Tocqueville dès 1835, de l’Amérique du Sud avec la doctrine Monroe en 1823, du Japon avec l’Amiral Perry en 1853, puis aujourd’hui aux dépens de l’ensemble du monde. C’est la leçon que les Etats-Unis ont retenu des Britanniques, se mettre dans une position inexpugnable afin d’imposer sa volonté à tous ceux qui sont en position de faiblesse.

Cependant, observe également Nietzsche, imposer sa puissance signifie donner un sens aux évènements et aux choses. De ce point de vue, les Etats-Unis ont  longtemps imposé l’idée que le monde était divisé entre les tenants de la liberté, de la démocratie et du marché, dont ils étaient les champions, et les autres qui devaient être vaincus.

Or, en 1989, ils ont gagné. Même si les faux semblants sont nombreux, le monde  tout entier est aujourd’hui officiellement converti au respect de la démocratie, des droits de l’homme et de la globalisation de l'économie de marché, ce qui prive les Etats-Unis de cette justification pour exercer leur domination et la rend immanquablement odieuse.

Désormais, les États-Unis ne soutiennent la mondialisation que dans la mesure où elle les arrange, ils imposent le dollar comme monnaie mondiale tout en prétendant en faire un outil de pression politique et ils ne veulent imposer leurs intérêts stratégiques qu'en les justifiant par leur puissance militaire. Les voilà désignant tour à tour comme ennemis, soit économiques soit politiques, l’Union Européenne, la Chine, la Russie, l’Iran, la Turquie, le Venezuela  et même le Canada !

Aussi, tandis que leur force reste considérable, leur autorité est en voie d’effondrement. En effet, sans qu’ils en soient le moins du monde les acteurs, un nouveau monde émerge dont la question centrale est écologique et démographique, puisque, pendant le siècle qui vient, le nombre d’humains ne cessera pas de s’accroitre, posant le problème lancinant de l’utilisation et du partage des ressources naturelles sur Terre, telles que l’air, l’eau, l’alimentation, l’énergie, le vivant, les matières premières.

Or les Etats-Unis tournent le dos à cette problématique. Ils proposent au contraire au monde un modèle qui prétend accroitre sans cesse la consommation des ressources de la Terre, ce qui conduira forcément à en exclure la plus grande partie de l’humanité.   

Ainsi, le transport des produits d’un bout du monde à l’autre permet de fournir les fruits et légumes de toutes les saisons aux consommateurs fortunés, la livraison individuelle de toutes sortes d’objets à domicile est développée par des entreprises comme Amazon, entrainant la circulation d’une noria de véhicules et l’utilisation d’une profusion d’emballages, le tourisme aérien à travers le monde prévoit de croitre fortement, Internet, la téléphonie mobile et les robots demandent de plus en plus d’énergie, comme l’usage des climatiseurs qui s’étend rapidement. Pour répondre à la demande croissante d’énergie qu’ils provoquent eux-mêmes en promouvant leur modèle, les États-Unis se livrent à une exploitation forcenée de leurs ressources en pétrole issues des schistes bitumineux, contribuant à la baisse du prix du pétrole et donc à une consommation encore accrue de cette source d’énergie.

Les effets de cette implacable mécanique sont innombrables, mais rien n’est plus révélateur que l’ambition de Monsanto de contrôler les semences tout en offrant les pesticides qui permettent de  produire des céréales au prix de la santé des agriculteurs et des consommateurs et de la destruction de l’écosystème. Ils mettent ainsi le progrès scientifique et  technique, non pas au service de l’humanité mais à celui du modèle de société qu’ils veulent imposer au monde.

Ils montrent de la sorte qu’il est erroné de prétendre que la science résoudra toutes les difficultés puisque la recherche est pilotée par le modèle dominant. À terme, on entrevoit un monde ravagé par la surexploitation des ressources naturelles où les multitudes seront à la merci des maitres de la finance et de la technologie.

Et nous qui sommes requis de collaborer à ce système mortel, nous devons finir par comprendre, même si c'est un triste constat, que les États-Unis ne veulent pas diriger le monde mais l'exploiter purement et simplement, y compris au prix de sa destruction.  

Vivant aujourd'hui une situation identique à celle de l'URSS d'avant 1989, les États-Unis, aveuglés par leur force, ne se sont pas encore rendu compte, eux les chantres de l'économie de marché, qu'ils ne disposent plus dans leur magasin idéologique que d'un produit invendable, la destruction des ressources de la Terre et de son environnement au profit d’une minorité...

Good luck!  

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VERS L'ANSE-AU-FOULON

9 Septembre 2018 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

TROUPES DE MARINE FRANÇAISES

TROUPES DE MARINE FRANÇAISES

 

Wolfe a des renseignements et des convictions. Il sait que les positions qu’il va attaquer sont faiblement gardées parce que Montcalm estime l'Anse-au-Foulon impraticable en raison de l'escarpement et du boisement de la rive.

 

Il sait, par la bouche d'un déserteur que le commandement français ne s’inquiète pas des récents déplacements de ses troupes en amont du fleuve, estimant que ces mouvements ont pour objectif la destruction des habitations et des campagnes de la région et non une tentative de débarquement du côté ouest de Québec.   

Le même déserteur lui affirme aussi que Montcalm ne se laissera pas convaincre d'abandonner ses positions à l’est de Québec, car il croit que l’essentiel de l'armée britannique s’y trouve toujours. C’est pourquoi il décide de tenter une attaque surprise.

Le 12 septembre 1759 à 21 heures, les premiers soldats britanniques s’installent dans des barques à fond plat qui doivent les transporter jusqu'à l'Anse-au-Foulon. Vers 2 heures du matin, lorsque la marée descendante atteint la vitesse de 2,4 nœuds, huit barques sont mises à l'eau, portant quatre cent soldats de l'infanterie légère  sous les ordres du lieutenant-colonel William Howe.

Vers 3 heures du matin, ces barques joignent le sloop HMS Hunter devant Sillery. Son capitaine informe les officiers aux commandes des barques que deux déserteurs français ont abordé son vaisseau quatre heures plus tôt (ça fait beaucoup de déserteurs, mais c’est ce qu’il advient lorsqu’on garde inactive une troupe trop longtemps : elle est gagnée par la peur). Les déserteurs ont informé le capitaine de l’arrivée prochaine de 19 bateaux de ravitaillement pour Québec. En réalité, Bougainville a annulé le transport des vivres pour plus tard, mais il a omis d'en informer les avant-postes, d’où proviennent les déserteurs. 

Aussitôt, ces informations sont utilisées par les Britanniques : vers 4 heures du matin, les huit chalands chargés de troupes anglaises passent devant les avant-postes français de Samos et de l'Anse-au-Foulon. À Samos, le capitaine français Douglas aperçoit les embarcations et un de ses soldats leur crie de s’identifier. D'après le compte-rendu d'un officier des troupes de la marine, les Britanniques répondent correctement en indiquant (en français, je suppose) qu’il s’agissait de « 19 bateaux chargés de farine qui partent du Cap Rouge.» 

Douglas les laisse passer et charge une estafette  d'informer les sentinelles qui sont postées plus à l'est. Lorsque les embarcations britanniques sont en vue de l'avant-poste au sommet du chemin qui descend jusqu'à l'Anse-au-Foulon, Vergor, qui commande un détachement en haut de la falaise, ordonne à un soldat de demander leur identification et il obtient la même réponse «correcte», comme disent les Québécois. Mais il constate peu après que les embarcations se dirigent vers la rive nord pour débarquer au lieu de poursuivre vers Québec. Aussitôt, il ordonne à ses hommes de prendre leurs armes pour attaquer les troupes  qui vont débarquer et il envoie un message à Bernetz, qui commande la garnison de Québec en remplacement de Jean Baptiste Nicolas Roch de Ramezay, pour l'informer que l'ennemi effectue un débarquement à l'Anse-au-Foulon.

Contrairement à une rumeur qui court au travers des siécles, l"Anse-au-Foulon était gardée et il n’y  a pas eu de défaillance côté français. Les soldats étaient vigilants, ils ne dormaient pas, ils ont réagi tout de suite. 

La surprise vint du manque d’information en aval. Montcalm ne savait pas où étaient les soldats anglais, il en était réduit à faire des hypothèses qui l’ont conduit à faire un mauvais choix en concentrant toute son attention sur la défense de Québec par l’est, du côté de Beauport. En revanche côté anglais, l’encerclement des forces françaises donnait à Wolfe la liberté de manœuvre et comme toujours les Anglais étaient les maitres en matière de renseignement et d’intoxication de l’adversaire. 

 

En outre, Wolfe bénéficiait des inévitables informations fournies par des déserteurs qui exprimaient à leur manière la situation désespérée dans laquelle se trouvait enfermée la Nouvelle-France et il lui était facile de s’organiser en conséquence.  

 

À SUIVRE

 

 


 

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COURS INAUGURAL À NOUAKCHOTT

4 Septembre 2018 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE

COURS INAUGURAL À NOUAKCHOTT

La mission dont j’étais chargé à Nouakchott consistait principalement à donner le cours inaugural de la Faculté des Sciences Juridiques et Économiques.

 

Le jour fatidique vint. Le sujet avait été déterminé par les autorités mauritaniennes. Il s’agissait de dresser un tableau de la Révolution Industrielle, dans ses faits et ses mécanismes. Le thème avait été choisi pour que, dés le premier cours, la voie soit tracée pour le développement de la Mauritanie que, je ne sais trop pourquoi, certains de ses thuriféraires voyaient comme le Japon de l’Afrique.

Les bâtiments de la Faculté n’étaient pas encore achevés et les ouvriers qui y travaillaient étaient des esclaves, théoriquement libérés deux mois plus tôt, mais pas encore en pratique. Il est vrai que l’esclavage en Mauritanie a été aboli à de nombreuses reprises, en 1905 par un décret des autorités coloniales françaises, puis par l’ordonnance du 9 novembre 1981 qui précédait de peu cette leçon inaugurale, ensuite par la loi du 3 septembre 2007 et enfin par une nouvelle loi du 13 août 2015. Cependant, les ONG estiment qu’il concerne encore aujourd’hui 1% de la population, soit environ quarante mille personnes.

Après ces singuliers prémisses, je fus accueilli dans un bâtiment provisoire par le Ministre de l’Éducation en grande tenue bleue avec un boubou maure au bazin damassé, un sarouel et un turban bleus. Presque toute l’assistance, cent cinquante personnes, tous des hommes, était vêtue de même.

Je commençais ma conférence par un rappel du mercantilisme, puis j’en vins à la révolution industrielle anglaise qui commença avec les enclosures et fut renforcée par le creusement de canaux. C’est alors que le Ministre, alors que je venais de constater quelques minutes auparavant qu’il maitrisait parfaitement le français, m’interrompit en arabe, contraignant un interprète à traduire sa question : 

« Pouvez vous nous expliquer ce qu’est un canal ? »

J’étais pris à revers, concentré que j’étais à fournir une description convaincante du concept de révolution industrielle. Je bafouillais :

« Un canal ? Bon, on creuse un trou dans lequel on fait venir de l’eau  d’une rivière et sur ce canal, il y a des bateaux, enfin des péniches, qui transportent des marchandises… »

C’était sûr, avant toute explication de ma part, le Ministre savait parfaitement ce qu’était un canal, même si cette infrastructure était encore peu développée en Mauritanie Je m’apprêtais à reprendre mes explications sur la révolution industrielle, quand il m’interrompit à nouveau, toujours en arabe :

« Le bateau ? Il avance comment ? ». Je fus contraint de me lancer sur une voie qui allait s’avérer pavée de périls :

« Les chevaux. Sur le côté du canal, on trace un chemin. On l’appelle le chemin de halage. Le cheval tire le bateau » Je me risquais même à faire un dessin sommaire qui était censé représenter un canal, un cheval et un chemin. Mais le Ministre était sans pitié, et il n’en avait pas fini avec moi :

« Le bateau est sur l’eau. Le cheval est sur le côté, sur le chemin. S’il tire le bateau, il va toucher le bord ? »

Je hasardais une réponse, moyenne : « Mais, Monsieur le Ministre, les péniches ont un gouvernail, qui maintient le bateau dans l’axe du canal ». En fait, la question de l’angle de halage aurait nécessité une réponse plus sophistiquée, mais j’étais loin d’en être un spécialiste !

Heureusement, le Ministre se contenta de cette explication, ou fit semblant. J’évitais soigneusement  la question des écluses et repris mon envol théorique sans encombre, laissant derrière moi ces vaseuses explications pseudo-techniques pour revenir à la philosophie de la révolution industrielle. Certes la Mauritanie devait en retenir toutes les leçons, mais j’avais enfin compris que les canaux, et les chemins de halage étaient loin d’être au centre des préoccupations de l’économie mauritanienne, même si aujourd’hui  un canal d’irrigation de 55 kms vient d’y être inauguré.

Le reste de ma conférence se passa sans autre interruption et je ne me souviens pas d’avoir dû répondre à des questions difficiles. À la fin de ma prestation, l’assistance applaudit chaleureusement, y compris le Ministre,

Il reste que le déroulement de la conférence me laissa songeur jusqu’à ce que j’accepte la leçon pédagogique que j’avais reçue. Si le Ministre m’avait interrompu, ce n’était pas pour apprendre de ma bouche ce qu’était un canal, mais pour me montrer, en utilisant avec courtoisie un moyen indirect, que mon exposé était parfaitement déconnecté du contexte dans lequel je l’avais prononcé.

 

Ce fut en tout cas la leçon que je retins de cette conférence de Nouakchott, pour la suite de ma carrière d’enseignant : pas de conférence, pas d’exposé, pas de cours sans qu’il ne soit conçu en fonction des savoirs et des préoccupations de mes auditeurs.  

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