Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog d'André Boyer

COMPRENDRE LA PIEUVRE

29 Avril 2018 , Rédigé par André Boyer Publié dans #CULTURE

COMPRENDRE LA PIEUVRE

 

La pieuvre possède huit cerveaux reliés à un système central, grâce auquel elle se cache et résout  des problèmes assez compliqués.

 

On croyait que seuls quelques oiseaux, mammifères et primates, sans oublier l’homme et sa fameuse pierre polie, étaient capables d’utiliser un outil. Mais des chercheurs ont surpris des pieuvres en train d’utiliser une noix de coco pour se cacher alors qu’elles passaient dans un espace à découvert.

Depuis un demi-milliard d’années, la pieuvre a en effet déployé toute son intelligence pour échapper à ses prédateurs. Avec son apparence visqueuse et ses formes lâches, elle a une capacité incroyable pour se fondre dans le paysage.

Analysant le décor, la pieuvre se concentre comme un sportif qui entre en action ou un mathématicien qui cherche à résoudre un problème complexe, avant de dévoiler un kaléidoscope composé de millions de cellules pigmentaires spécialisées. Des chromatophores, entourées de couronne de fibres musculaires, se dilatent ou se contractent pour faire apparaître les pigments qu’elles renferment selon leur densité choisie. D’autres cellules entrent en jeu et se combinent pour réfléchir la lumière ou former des taches.

En quelques secondes, la pieuvre s’immobilise et disparaît dans le décor.

Plus fort encore, une espèce particulière de pieuvre, la Thaumoctopus minimicus peut changer d’apparence en une fraction de secondes pour se transformer en crabe géant ou en sole ou en poisson scorpion ou encore en serpent tricot…

Il est vrai que la pieuvre est apparue durant l’ère primaire, bien avant les vertébrés. Elle a joui d’une grande tranquillité pendant quelques millions d’années avant que n’arrivent durant l’ère secondaire les poissons et les reptiles qui sont devenus ses prédateurs. Pour leur échapper, elle a du fournir d’exceptionnelles capacités de camouflage et développer une mémoire suffisante pour enregistrer les bénéfices de son expérience de survie.

Comment est-ce possible ? Ces capacités d’analyse et de transformation s’expliquent par le système nerveux de la pieuvre qui contrôle ces mouvements de textures et de coloration : ses huit tentacules disposent chacune de cinquante millions de neurones reliées au cerveau central qui en possède deux cent cinquante millions. Ce n’est pas énorme comparé au cerveau humain qui peut posséder jusqu’à cent milliards de neurones, mais ce dispositif reste très efficient. Il permet à la pieuvre d’être consciente d’elle-même et de résoudre les problèmes innatendus qui se présentent à elle.

Une pieuvre est ainsi capable de dévisser un bocal pour s’emparer d’un crabe qui se trouve à l’intérieur, de sortir d’une boite en choisissant en quelques secondes et aprés quelques palpations entre deux sorties, en quelques secondes et après quelques palpations, laquelle des deux n’est pas trop étroite pour elle. Pourtant le tube dans lequel la pieuvre se lance est long de plusieurs mètres, elle n’en voit pas le bout, mais sa capacité d’abstraction est suffisante pour qu’elle puisse imaginer une issue probable. Si on recommence l’opération avec la même pieuvre, elle n’hésite pas une seconde et parcourt le tube conduisant à la sortie à toute vitesse.

On a longtemps cru que les pieuvres étaient incapables d’apprendre des autres pieuvres, parce que la plupart des espèces veillent leurs couvées jusqu’à la mort, ce qui les empêcherait de transmettre le savoir acquis d’une génération à la suivante. En effet, les pieuvres, qui ont en général une espérance de vie de six mois, veillent pendant six semaines leurs oeufs pondus en grappes au plafond d'une niche rocheuse, les protège, les ventile et les nettoie. Lorsque les oeufs éclosent, la pieuvre meurt, affaiblie et amaigrie, sans toutefois  mourir de faim mais   de sécrétions endocriniennes qui sont la cause de sa mort génétiquement programmée.  

Malgré cette fracture entre les générations, on a constaté que, lorsque l’on place  deux pieuvres devant le même problème, l’ouverture d’une boite, la pieuvre novice observe comment procède l’autre pieuvre, plus expérimentée, et résout  à son tour le problème.

On s’en doute, les pieuvres inspirent une bionique en plein développement. Une équipe de chercheurs a mis au point un matériau adhésif correspondant aux ventouses de la pieuvre commune. De même, les mécanismes de camouflage des poulpes ont inspiré une équipe de chercheurs qui ont conçu un matériau à base de fibre de verre et de silicone reproduisant la biophysique des papilles de la peau des poulpes.

 

Pour je ne sais quel usage, la prochaine étape consistera probablement à concevoir des poulpes robots, avec des amas de neurones dans leurs huit tentacules artificielles…

 

 

 

Lire la suite

LES RÉACTEURS NUCLÉAIRES À EAU ORDINAIRE

25 Avril 2018 , Rédigé par André Boyer

LES RÉACTEURS NUCLÉAIRES À EAU ORDINAIRE

 

Après les premiers réacteurs précédents, vinrent les réacteurs à eau ordinaire.

 

Ces réacteurs représentent encore aujourd’hui 85% de l'équipement électronucléaire mondial. Ils sont de trois types, les réacteurs à eau sous pression (R.E.P), les réacteurs à eau bouillante (R.E.B.) et les réacteurs modérés au graphite et refroidis à l'eau ordinaire (R.B.M.K.), ces derniers exclusivement construits en ex-U.R.S.S.

C'est aux Etats-Unis que les réacteurs R.E.P. et R.E.B. ont connu leurs premiers développements avant d'être adoptés par la plupart des pays du monde.

Bien que l’efficacité du réacteur à eau soit inférieure aux réacteurs au graphite ou à l'eau lourde, ce type de réacteur est plus simple à concevoir et comme les Etats-Unis et l'U.R.S.S disposaient de quantités abondantes d'uranium enrichi qui compensaient l’inefficacité relative des réacteurs à eau, ils eurent tendance à construire des réacteurs nucléaires utilisant l'eau ordinaire à la fois comme modérateur et comme réfrigérant.

À partir de 1944, des réacteurs destinés à la recherche furent en effet réalisés aux États-Unis en utilisant un combustible uranium très enrichi refroidi à l'eau ordinaire. De nombreux pays se sont équipés de réacteurs similaires, dont le type le plus connu est celui de la pile piscine : le coeur, constitué de plaques parallèles d'alliage d'aluminium et d'uranium très enrichi est placé au fond d'une piscine dont l'eau sert à la fois de modérateur, de réfrigérant et de protection.

À partir de la technologie des réacteurs navals, les États-Unis lancèrent ensuite des réacteurs destinés à la production d'électricité dans les centrales. Il s’agit de la filière des réacteurs pressurisés ou à eau sous pression (R.E.P.), avec une filière dérivée, celle des réacteurs à eau bouillante (R.E.B.).

La France, à partir de 1970, s'est engagée, dans la construction d'une série de réacteurs R.E.P.  qui représentent aujourd'hui encore la quasi-totalité de son équipement électronucléaire, qui comprend 34 réacteurs de 925 MWe (R.E.P.-900), 20 de 1 300 MWe (R.E.P.-1300) et 4 de 1 500 MWe (palier N4). C'est également sur cette filière qu’est fondé  le programme de renouvellement du parc avec le projet E.P.R.,  European Pressurized Water Reactor, de 1 600 MWe.

Ainsi, le réacteur R.E.P. de 925 MW électriques, dont la première unité a été mise en service en 1976 sur le site du Bugey, comprend un cœur formé de 157 assemblages de combustible disposés verticalement dans un cylindre. Chaque assemblage comprend 264 crayons qui sont constitués d'une gaine en alliage de zirconium dans laquelle sont empilées des pastilles d'oxyde d'uranium faiblement enrichi.

La puissance thermique de la pile est produite par les quelque 41 000 crayons, chacun de ces crayons fournissant 67 kW en moyenne. La température des pastilles d'oxyde d'uranium dépasse 1 500oC en son centre, ce qui reste inférieur à la température de fusion. La chaleur est extraite par l'eau sous pression qui circule à grande vitesse entre les crayons de combustible et qui sort à 300oC en moyenne à la sortie du coeur.

Pour éviter l'ébullition en masse dans le coeur du réacteur et maintenir l'eau liquide, une pression élevée est maintenue dans tout le circuit primaire grâce à un pressuriseur. Le refroidissement du coeur est assuré par plusieurs circuits qui sont disposés autour de la cuve et comprennent chacun un générateur de vapeur et une pompe.

Le réacteur proprement dit, les composants placés sur les boucles de refroidissement primaires ainsi que les circuits auxiliaires et les systèmes de contrôle et de commande constituent ce que l’on appelle la chaudière nucléaire.

Cette chaudière fournit, par l'intermédiaire des générateurs de vapeur, une vapeur d'eau non radioactive dans un circuit secondaire qui se détend dans la turbine et actionne un alternateur. La vapeur se condense enfin dans un condenseur qui constitue la source froide de la machine thermique.

 

Une telle centrale a un rendement assez faible, de l’ordre de 33%, en raison des hautes pressions nécessaires pour porter l'eau à très haute température  dans le réacteur.

À SUIVRE

Lire la suite

UN PETIT MONDE TRANSPLANTÉ À DAKAR

21 Avril 2018 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE

UN PETIT MONDE TRANSPLANTÉ À DAKAR

 

Chacun de nous se trouvait transplanté dans un monde qui n’était pas le sien.

 

Les parents, la famille, les amis n’étaient pas là. Les contacts établis depuis l’enfance, l’adolescence, les études, le travail étaient interrompus. Transplanté dans un monde autre, chacun se cherchait un rôle à jouer, sans trop s’éloigner de sa raison d’être à cet endroit, la coopération.

C’est la raison principale qui faisait que nous nous retrouvions entre nous, les coopérants. Un petit monde qui renfermait des personnes qui apprenaient à se connaître, à se lier d’amitié avec certains, à s’ignorer profondément ou parfois à se détester cordialement avec d’autres.

Ce petit monde était irrigué par les visites des proches et asséché par d’incessants départs. Aussi, l’aéroport de Dakar-Fann était-il un lieu de rencontre habituel, car les parents, les enfants, les amis y arrivaient et en repartaient sans cesse. Il n’y avait guère de semaines ou nous nous n’y rendions pas, le plus souvent autour de minuit, qui était l’heure de départ des avions vers la France.

J’ai ainsi reçu mes parents, qui souffrirent beaucoup de la chaleur dans notre voiture non climatisée (la 204 jaune), ce qui nous contraignit à trouver de toute urgence à Kaolack, une ville de l’intérieur du pays, donc très chaude, un bar climatisé pour y reprendre haleine. Mon fils ainé, étudiant, vint passer une quinzaine de jours à Dakar, mon frère de même, qui ne se risqua pas très longtemps au jogging qu’il affectionnait sous d’autres cieux. Mon cousin, Christian Marty, aujourd’hui disparu aux commandes du Concorde, prit Dakar pour base de départ pour effectuer la toute première traversée de l’Atlantique en planche à voile.

Bref, nous avions des visites et nous assistions à des évènements, comme la visite de ministres (je raconterai plus en détails celle du Ministre de la Coopération à Nouakchott) ou même celle du Président de la République François Mitterrand à Dakar, accompagné de journalistes dont mon parent par alliance, Georges Bortoli. À cette occasion, je fis en sorte, grâce à une belle opération d’intox en partie involontaire, qu’il retienne de sa visite que les coopérants n’étaient pas dans une situation aussi privilégiée que l’on pouvait le croire en haut lieu.  

C’était le temps où la « vieille Coop » de la rue Monsieur comptait quinze mille assistants techniques qui proposaient une coopération omniprésente, familiale et de proximité, avec ses conseillers zélés, ses Orstomiens barbus et ses volontaires du service national qui faisaient leur apprentissage de l’Afrique.

Mitterrand…

J’étais à Dakar en mai 1981, quand il fut élu. Le dépouillement donna lieu à une scène surréaliste. Alors que l’on annonçait les résultats locaux qui donnaient une écrasante avance au candidat Giscard, nous apprenions en même temps par RFI, en raison du décalage horaire, que Mitterrand était élu. Ses partisans firent la fête dans un Dakar un peu tétanisé, une fête à laquelle tout le monde finit par se joindre, emporté par une ambiance joyeuse qui surplombait les humeurs partisanes.

En dehors de ces évènements extraordinaires, nous effectuions quelques excursions. En quelques heures, on pouvait atteindre par exemple le lac Retba, ou lac Rose, point terminal de feu le Rallye de Dakar. Le lac est de couleur rose, en raison d’une cyanobactérie qui fabrique un pigment rouge pour lutter contre l’énorme concentration de sel, 380 grammes par litre et les habitants des villages voisins sont particuliérement rugueux, pour ne pas écrire plus.

Je me souviens d’une excursion dominicale organisée par mon collègue niçois Alain Massiera, propriétaire récent d’un magnifique et lourd Toyota 4x4, en compagnie d’un de mes cousins par alliance, Cyrille Perzinsky. Alain, voulant démontrer les qualités tout terrain de son engin, s’enfonça jusqu’aux portières dans la boue salée du lac et y resta. Le câble dont était fièrement équipé le véhicule cassa dés que nous tentèrent de nous en servir pour nous extirper du piège.

Les habitants, rigolards, nous proposèrent alors leur aide contre rétribution. Alain refusa dignement, ce qui nous obligea à essayer dé dégager le véhicule à force de coups de pelle dans des jaillissements de boue. La plaisanterie dura toute la journée. La nuit tombait, nous nous apprêtions à abandonner le véhicule pour regagner Dakar par des moyens hasardeux, quand, dans un rugissement monstrueux du moteur et un déluge de boue, le véhicule piloté par Alain réussit dans un ultime effort à s’arracher de la gangue.

Couverts de boue de la tête aux pieds, nous regagnâmes nos pénates, fourbus, contents et moyennement crânes…  

 

Mais nous allions parfois plus loin, beaucoup plus loin, à plusieurs sens du terme...

À SUIVRE

Lire la suite

UN MONTCALM PUSILLANIME, VANITEUX ET DÉFAITISTE

17 Avril 2018 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

UN MONTCALM PUSILLANIME, VANITEUX ET DÉFAITISTE

 

Vaudreuil et Montcalm étaient en désaccord complet sur la stratégie de défense de la Nouvelle-France.

 

Vaudreuil prônait de multiplier les raids sur les établissements frontaliers anglais, ce qui avaient si bien réussi les années précédentes. Il s’agissait de couper les communications, de détruire les dépôts de munitions et de désorganiser l’ennemi. À l’opposé, Montcalm ne jura, du début jusqu’à la fin, que par une stricte stratégie défensive.

Au début de 1757, alors que les Anglais se préparaient à mettre le siège devant Louisbourg, Vaudreuil décida d’attaquer les positions anglaises au sud du lac Champlain. Contraint d’obéir à ses ordres, Montcalm réunit à Carillon 8000 hommes, réguliers, miliciens et indiens, qui avaient pour instruction de détruire le fort George à l’extrémité sud du lac Saint-Sacrement puis de raser le fort Edward, situé quelques milles plus au sud.

Or, après avoir capturé Fort Henry le 9 août 1757, Montcalm autorisa les Anglais à capituler avec les honneurs de la guerre. Plus chevaleresque encore, il s’engagea imprudemment à escorter la garnison jusqu’au fort Edward afin de les protéger, sans succès, contre les Indiens (voir mon billet « 1757, La prise et le massacre (relatif) de Fort Henry ».

Puis, contrairement aux instructions de Vaudreuil, il renonça à détruire le fort Edward et à prendre Albany, la capitale de l’État de New York, invoquant la mauvaise qualité de la route pour se rendre à Albany, le renfort supposé de sa garnison  par  quatre ou cinq mille miliciens et la trop considérable consommation des provisions de bouche, what else !

Tous ces prétextes rendirent Vaudreuil furieux, tandis que Montcalm, content de lui, sollicitait sa promotion au grade de lieutenant général. De plus, comme l’afflux de soldats, de réfugiés acadiens et d’Indiens à approvisionner concourait à créer une pénurie d’approvisionnements, d’autant plus que les récoltes furent  mauvaises en 1757 et 1758, Montcalm en profita pour attaquer l’administration de la Nouvelle-France.

Il accusa Vaudreuil et Bigot, l’intendant de la Nouvelle-France de mauvaise gestion et de corruption, trouvant une oreille attentive auprès des Ministères de la Guerre et de la Marine qui étaient inquiets du coût des opérations militaires en Amérique. Pour assombrir encore le tableau auprès des Ministères, il alla répétant que la défaite était inévitable, la liant, pour faire bonne mesure, à la supposée corruption de l’administration de la Nouvelle-France.

En 1758, Vaudreuil voulait bloquer l’avance anglaise sur le lac Champlain à l’aide de l’armée régulière commandée par Montcalm tandis que Lévis avec 1 600 canadiens mènerait une attaque de diversion contre Schenectady par la vallée des Agniers. Mais, après le départ de Montcalm pour Carillon, il apparut que l’armée anglaise au lac Saint-Sacrement était plus considérable qu’on ne l’avait escompté, si bien que le détachement de diversion de Lévis fut rappelé et dépêché à Carillon en toute hâte.

En effet, à l’extrémité sud du lac Saint-Sacrement, le major général James Abercromby avait massé la plus grosse armée jamais réunie en Amérique du Nord, 15000 hommes, dont 6 000 troupes régulières anglaises. En face, Montcalm se demandait s’il devait résister, et, si oui, à quel endroit. Il considérait que le fort Carillon était inapte à soutenir un assaut, encore moins un siège et il envisageait de se replier sur le fort Saint-Frédéric.

Heureusement pour les Français, la mort du brigadier Augustus Howe, commandant en second des armées d’Abercromby et les erreurs tactiques d’Abercromby donnèrent une glorieuse victoire aux Français. Car Montcalm avait laissé un demi-mille de rase campagne défendus par seulement 400 Canadiens qu’il aurait été facile de déborder et d’écraser.  Mais les Anglais commirent l’erreur d’attaquer frontalement la partie la mieux défendue du fort : ils perdirent près de 2000 hommes contre  moins de 400 du côté des Français et se replièrent en désordre (voir mes billets, « l’Incroyable victoire de Fort Carillon I et II »).

Trois jours après la bataille, Montcalm fit parvenir au ministre de la Guerre un récit mensonger de sa victoire. Selon lui, sa petite armée avait subi l’assaut  de 30 000 soldats anglais, dont il estimait les pertes à 5 000 hommes. Aussi avait-il sauvé la colonie, et de plus sans l’aide des Canadiens et des Indiens, troupes qu’on lui avait expédié sans qu’il l’ait demandé et qui s’étaient contenté de consommer ses précieuses provisions de bouche. En conclusion, il demandait son rappel, alléguant que sa santé périclitait, que ses dépenses excédaient le montant de sa solde, mais surtout que l’impossibilité de faire les choses selon les règles le poussait à demander son congé.

En somme, il se faisait désirer, tout en  déclinant toute responsabilité.

Vaudreuil répliqua par écrit au Ministère de la Marine en critiquant la manière dont Montcalm avait mené la campagne et en soulignant la position extrêmement dangereuse dans laquelle il avait placé les Canadiens le jour de la bataille de Fort Carillon. Il déclara aussi que les alliés indiens étaient retournés dégoutés à Montréal, en affirmant que plus jamais ils ne combattraient sous les ordres de Montcalm. 

Il faisait savoir au ministre que, voulant éviter un conflit déclaré, il avait préféré passer sous silence les insultes et les affronts personnels dont il avait fait l’objet de la part de Montcalm et il priait donc le ministre d’agréer la requête de Montcalm sollicitant son rappel, tout en signalant  que ce dernier, tout en possédant de nombreuses qualités, n’était manifestement pas apte à commander des troupes au Canada.

 

Vaudreuil proposait enfin de remplacer Montcalm par le chevalier de Lévis.

Cela se passait en août 1758.

 

À SUIVRE

 

Lire la suite

FAKE POLITICS FOR FOOLISH FOLKS

13 Avril 2018 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

FAKE POLITICS FOR FOOLISH FOLKS

 

À l’heure où je publie ce billet, on attend l’annonce prochaine de bombardements étasuniens* sur la Syrie, officiellement justifiés par quelques fake news. C’est sans doute pourquoi j’ai fait un rêve merveilleux cette nuit : tout le monde se ralliait à la politique des États-Unis.

 

Vladimir Poutine renonçait à la présidence de la Russie. Un opposant pacifiste était élu. Il laissait tomber la partie russophone de l’Ukraine, qui était aussitôt reconquise par les troupes ukrainiennes. Le nouveau président russe décidait aussi d’abandonner la base maritime de Sébastopol et un referendum ad hoc entérinait le retour de la Crimée à l’Ukraine.

Peu après, l’Allemagne annonçait un fort accroissement de ses investissements en Ukraine et son soutien à l’adhésion du pays à l’UE. Comme toujours, la Pologne se sentait flouée.

Dans des discussions ouvertes avec les Etats-Unis, le nouveau président russe annonçait le renoncement unilatéral de la Russie à son armement nucléaire. Il convenait aussi que la Russie avait bien tenté d’influencer les élections US, le Brexit, l’élection présidentielle française, les élections législatives italiennes et même celles du Luxembourg. Il confirmait enfin que la Russie était à l’origine de la tentative d’assassinat de Sergueï Skripal et de sa fille.

La presse britannique exultait mais la pauvre Theresa May était atterrée : comment faire oublier ses difficultés intérieures maintenant que l’ours russe s’était couché ?

Compte tenu du repli russe, Bachar El Assad se réfugiait soudainement en Corée du Nord. L’ASL, l’Armée Syrienne Libre, s’emparait de Damas en exécutant tous les soutiens du régime qui ne s’étaient pas enfuis. L’ASL se mettait d’accord avec la Turquie pour abattre les Kurdes contre l’accord implicite de la liquidation des alaouites, des druzes et naturellement des chrétiens. Le nombre de réfugiés syriens augmentait encore, car, curieusement, personne ne voulait rentrer dans la Syrie Libre.

L’Iran abandonnait le Hezbollah et les Houthis yéménites, qui s’effondraient l’un et l’autre et il annonçait qu’il mettait fin à ses essais balistiques. Des manifestations de plus en plus nombreuses laissaient présager la fin du régime, qui n’hésitait pas, pour calmer la population, à annoncer l’ouverture prochaine de cent restaurants McDonald dans le pays.

Le Département d’État ne savait plus quoi penser. Fallait-il accroitre encore les sanctions contre l’Iran pour qu’il s’effondre au plus vite ou au contraire les supprimer toutes pour aider McDonald et ses congénères à s’installer en Iran? Que faire ?

Pendant ce temps, l’Arabie Saoudite annonçait d’une part qu’elle renonçait à son programme d’achat de matériel militaire américain et d’autre part son intention d’accélérer son programme nucléaire en raison de « l’instabilité régionale » : un futur ennemi ?

Quant à la Corée du Nord, l’assassinat de Kim Jong-Un et la prise du pouvoir par l’armée précédaient de peu le rattachement de la Corée du Nord à son voisin du Sud. Bachar El Assad, qui s’y était réfugié, était fait prisonnier par l’armée étasunienne et se pendait peu après dans sa cellule. La Chine, dans la foulée, annonçait une baisse de son budget militaire au profit d’investissements massifs dans l’énergie solaire.

Adieu, la belle base américaine prévue à Jeju, au large de la Corée!

C’est alors que moi, le Président des Etats-Unis, me réveillait en sursaut! Quel cauchemar ! Plus d’ennemis ? Qu’allaient devenir les Etats-Unis ? Le scenario du western se déroula en accéléré devant mes yeux : le génocide des Indiens pour faire de la place, la merveilleuse opportunité de la guerre européenne de 1914-1918 couronnée par la magnifique manœuvre stratégique de Wilson imposant le traité de Versailles tout en sachant que le Sénat y serait hostile, rendant inévitable une guerre de revanche qui permettrait de liquider toutes les velléités des empires concurrents. Puis l’excellente création de l’URSS qui avait permis de faire des Etats-Unis les leaders du « monde libre » ! Libre ! Libre d’être régentés par nous !

Eh puis l’effondrement de l’URSS. Bonne surprise d’accord, mais comment contrôler le monde sans ennemis ? C’était juste impossible. C’est pourquoi, loin de la fin de l’histoire, on avait inventé l’Axe du Mal, fait la guerre à l’Irak, combattu les talibans que l’on avait précédemment armés, puis on avait imaginé le printemps arabe, la Syrie, l’Ukraine et la menace coréenne…

À la CIA, on avait même créé une cellule spécialisée dans la fabrication continue d’ennemis, coordonnée avec nos ONG et nos médias qui mettaient en scène ses scenarios.

Mais maintenant, sans ennemis, qu’allions nous devenir ? Plus d’alliés, juste des concurrents, les Etats-Unis réduits à n’être qu’un pays quelconque, à peine cinq pour cent de la population mondiale, obligés d’obéir à la loi commune, à adhérer aux conventions internationales, un pays de rien, sans foi ni but : in God, we trust, what for ?

Et les ventes d’armes ? Cent milliards par an pour l’armée étasunienne et bientôt autant pour l’exportation, tout ce marché qui allait s’effondrer ? Et mes électeurs qui allaient se retrouver au chômage ? Et ma réélection, dans les choux ?

Nous avions toujours su trouver des ennemis. Ce n’était pas le moment de craquer.

Le Président réfléchissait rapidement, toujours à demi réveillé. Il restait l’Afghanistan comme ennemi, enfin pas tout l’Afghanistan, juste les talibans. On pourrait organiser en vitesse une petite provocation avec l’aide des services secrets britanniques, ils sont bons pour ce genre de job. Il pensait à une prise d’otage de diplomates par de faux talibans qui finiraient par les exécuter. Puis, le temps de chauffer à blanc l’opinion publique, un petit bombardement atomique en représailles à la frontière du Pakistan. Ça pourrait suffire pour relancer le processus, la guerre, les livraisons d’armes et tout le tintouin :

« Quoi qu’il en soit, il allait falloir agir rapidement pour ne pas mettre en péril ma réélection », pensa le Président qui se leva d’un coup.

Les brumes qui encombraient son cerveau commençaient à se dissiper.

Il appuya sur un bouton :

« Appelez moi Poutine immédiatement ».

« Hello Vladimir ! Hope you are doing great ? Good night, Vladimir, take care ».

 

Rassuré, il se rendormit comme un bébé.

Et moi itou…

 

NB: J'emploie dsormais le terme "étasunien" à la place "d'américain" qui concerne tous les habitants d'Amérique et non les seuls habitants des États-Unis.  

Lire la suite

LES PREMIERS RÉACTEURS NUCLÉAIRES

8 Avril 2018 , Rédigé par André Boyer Publié dans #PHILOSOPHIE

LES PREMIERS RÉACTEURS NUCLÉAIRES

 

On l’a bien compris en examinant leur fonctionnement, en matière de centrale nucléaire, la question cruciale est celle du contrôle de la fission, donc de la sécurité, donc de l’expérience acquise.

 

Parce que leur fonctionnement est plus simple, les réacteurs refroidis forment l’essentiel des réacteurs en activités. Les tout premiers réacteurs ont été des réacteurs modérés au gaz et refroidis par un gaz (réacteurs  U.N.G.G.), qui remontent historiquement à la première pile atomique réalisée à Chicago, le 2 décembre 1942, par Enrico Fermi et ses collaborateurs.

Ces réacteurs U.N.G.G ont aussi été construits en France  de 1955 à 1959 (Marcoule G2-G3), à partir desquels furent construites de 1963 à 1972 d’autres centrales de 300 MWe (mégawatt électrique), Chinon 1, 2 et 3, Saint-Laurent 1 et 2, Bugey 1.  

Cette filière n'a pas été poursuivie après 1972 car les contraintes imposées par l'uranium naturel qui y est utilisé entrainent un coût d'investissement relativement élevé. Une version dérivée, fonctionnant à 650oC avec de l'uranium enrichi fut développée en Grande-Bretagne (filière A.G.R. (Advanced Gas-Cooled Reactors) entrainant la construction de 14 réacteurs de ce type entre 1974 et 1990.

C'est en cherchant à accroître encore les performances des centrales A.G.R. qu'a été conçue la filière des réacteurs à haute température (H.T.R.) visant à atteindre 900oC pour la température du gaz. Trois réacteurs expérimentaux et deux réacteurs prototypes ont été réalisés au Royaume-Uni et en Allemagne, mais le développement de cette filière a été interrompu en 1989, en raison de leur manque de compétitivité économique par rapport aux réacteurs à eau.

Cependant les applications calogènes de la filière H.T.R restent prometteuses, notamment pour la production d'hydrogène et de  carburants de synthèse. C’est pourquoi plusieurs réacteurs H.T.R. expérimentaux sont à nouveau en exploitation au Japon, en Chine et en projet aux Etats-Unis, encore que l’Afrique du Sud ait abandonné cette filière en 2010.

Après les réacteurs modérés au gaz et refroidis par un gaz, on a développé des réacteurs modérés à l’eau lourde. En effet, on sait depuis 1939 que l'eau lourde est un excellent modérateur qui permet l'utilisation d'uranium naturel dans des conditions moins strictes que les autres réacteurs à neutrons thermiques.

Aussi, la construction de réacteurs modérés à l'eau lourde a été entreprise dans de nombreux pays, mais ils n’ont été développés en série qu’au Canada, dans la filière dite « Candu » (CANada Deuterium Uranium). Dans cette filière, l'eau lourde est à la fois le caloporteur qui circule sous pression dans des tubes contenant des assemblages de combustible et le modérateur dans lequel sont immergés ces tubes.

Cependant l’économie réalisée sur le coût du cycle de combustible est compensée par le coût élevé de l'investissement en eau lourde et par la complexité du coeur du réacteur. C’est pourquoi cette filière n’a plus de projet de développement depuis que le réacteur A.C.R.-1000 (Advanced Candu Reactor de 1 000 MWe), qui pouvait être refroidi à l'eau légère, a été abandonné en 2011 pour des raisons de coût.

 

En revanche, les réacteurs à eau ordinaire ont connu et connaissent encore un grand développement.

 

À SUIVRE

Lire la suite

À DAKAR, SE RENCONTRER ET SE COMPARER...

5 Avril 2018 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE

À DAKAR, SE RENCONTRER ET SE COMPARER...

 

Vivre à Dakar, en tant que coopérant dans les années 1980, n’impliquait pas de vivre en symbiose avec les Sénégalais et ce n’était pas forcément la faute du colonialisme ou du racisme latent des coopérants.

 

Non, les coopérants étaient des gens le plus souvent pleins de bonnes intentions vis à vis des Sénégalais. Mais ces derniers, conscients de l’écart considérable de revenus, des conditions de vie et des soucis des coopérants avec les leurs, n’étaient pas très disposés au mélange.

C’est ainsi que nous avons fait l’expérience à deux reprises, mon épouse et moi, de couples sénégalais qui ont poliment accepté notre invitation mais qui ne sont jamais venus, sans explication. À charge pour nous de comprendre qu’ils n’avaient tout simplement ni les moyens, ni l’envie de rendre l’invitation.

De même, j’ai fréquenté assez longtemps la demeure d’un ami sénégalais, que l’on appelait Tolier je ne me souviens plus pourquoi, un garçon intelligent et attachant, jusqu’à ce que je finisse par comprendre que cela n’avait aucun sens, car nous n’avions rien à nous dire. Ce n’était ni par indifférence ni par insensibilité, mais parce que nos préoccupations étaient si différentes qu’elles rendaient notre dialogue  irrémédiablement futile.

Aussi, par la force des réalités socio-économiques, nos échanges se réduisaient presque exclusivement à nos alter ego, qui étaient fort peu nombreux sur la place de Dakar: quelques dizaines de personnes tout au plus, compte tenu de nos possibilités de rencontre.

À la Faculté de Droit, nous ne faisions que nous croiser et encore assez rarement, compte tenu de nos différents horaires. Il y avait aussi, pour les amateurs, les sorties en commun, la plage, la pêche, et bien sûr les soirées entre amis. On pouvait y ajouter un ou deux supermarchés, où l’on prenait conscience qu’il existait malgré tout à Dakar des toubabs (des blancs en wolof) que nous ne connaissions pas. Le marchand de journaux pour acheter rituellement  le journal Le Monde qui arrivait entre 11 heures et 13 heures, la séance de cinéma au Paris puisqu’il n’y avait pratiquement pas de TV, pas d’Internet, à peine RFI en ondes courtes, étaient aussi des endroits privilégiés où nous nous retrouvions plusieurs fois par semaine, en dehors des repas entre amis. Ce qui faisait que, fréquentant les mêmes lieux, nous nous rencontrions tout le temps !

Cependant, le lieu de rencontre privilégié restait le club de tennis, où l'on buvait un coup, y rencontrait les passionnés, les faux sportifs, les touristes, les accompagnants et les visiteurs de passage.

Un règlement strict déterminait la hiérarchie des joueurs, qui bien sûr, avait un impact sur le prestige de chacun, d’autant plus que les possibilités de se comparer étaient rares. Chacun connaissait le classement des joueurs, qui était affiché à l’entrée du club. Il  comprenait cinq catégories, les très bons joueurs (les dix premiers), les bons joueurs, les moyens, les mauvais et les non répertoriés.

Pour monter dans le classement, il fallait défier un joueur mieux classé mais on ne pouvait pas monter bien rapidement dans le classement, car,  mieux on était classé, moins on était menacé d’être défié par des joueurs beaucoup moins classés. Ainsi, le joueur classé premier ne pouvait être défié que par le joueur classé second, tandis que le cinquantième joueur pouvait défier au plus le quarante cinquième. En outre, on ne pouvait défier un joueur que toutes les deux semaines.

Cela donnait un classement stable, visible, très commenté et très peu remis en cause par des défis espacés, portant sur une centaine de joueurs mâles parmi l’ensemble des coopérants universitaires inscrits au club. Je crois qu’il existait un classement équivalent pour les joueuses de tennis, mais je ne me souviens pas qu’il ait soulevait les mêmes passions, si toutefois il existait.    

Bien que ce règlement avait été conçu par l’un des éminents juristes français présents à Dakar, il avait cependant une faille que je décidais d’exploiter à mon profit.

Aucune règle n’était prévue pour les joueurs non répertoriés, soit parce qu’ils venaient de s’inscrire au club, soit parce qu’ils n’avaient jamais participé au classement du club. Sans doute était-il évident, pour le concepteur du règlement, qu’un joueur non répertorié choisirait forcément de défier un joueur à son niveau, ou au-dessous, afin d’avoir une chance d’entrer dans le classement.

Rien ne m’empêchait donc, dans ce règlement, de défier le joueur le mieux classé du club. Bien entendu, je n’étais pas du tout à son niveau, mais c’était (et c’est toujours) un ami et nous nous étions entendu. Prévenu de cet insolite défi et pressentant une arnaque, le concepteur du règlement décida d’assister au match. Il ne put cependant rien faire lorsque mon ami fit semblant de se blesser au deuxième set, alors qu’il m’avait écrasé au premier, et qu’il déclara forfait.

Etant désormais officiellement le meilleur joueur du club, les neufs joueurs que je précédais (dont mon ami, second) durent me défier l’un après l’autre, avec le délai réglementaire de quinze jours entre chaque match. J’y gagnais la possibilité de jouer contre d’excellents pratiquants de tennis, tous assez furibonds de devoir affronter un adversaire aussi médiocre, mais je perdais l'amitié du concepteur du règlement, qui s’empressa d'ailleurs de le modifier in petto.

 

Voilà un échantillon des graves préoccupations qui agitaient le petit monde des coopérants à Dakar, sachant que par ailleurs, ils effectuaient correctement le travail qui leur était demandé.

Encore un tout petit monde, aurait écrit David Lodge…

 

À SUIVRE

Lire la suite

LOUIS JOSEPH DE MONTCALM

2 Avril 2018 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

LOUIS JOSEPH DE MONTCALM

 

Avant de juger de son action lors du siège de Québec, je vous propose de prendre connaissance de la carrière du Marquis de Montcalm (1712-1759)

 

Né au château de Candiac près de Nîmes, Montcalm appartenait à une famille de la noblesse de robe, avant que la famille ne se tourne vers la carrière militaire au XVIIe siècle

Cette carrière commence à l’âge de neuf ans, lorsque sa famille lui achète une commission d’enseigne dans le régiment de Hainaut, avant de lui fournir, à l’âge de dix-sept ans, une commission de capitaine dans le même régiment.

Il se marie en 1736, puis part à la guerre. Durant la guerre de la Succession d’Autriche (1741-1748), il est blessé à Prague avant de combattre en Italie où, en juin 1746, son régiment est anéanti. Lui-même est blessé une deuxième fois et fait prisonnier.

Libéré, il rejoint encore l’armée d’Italie pour y être blessé une troisième fois  au cours de la bataille d’Assiette (1747). Il prend alors sa retraite avec une pension annuelle de 2000 livres.

Huit ans plus tard, à la Nouvelle-France, Jean-Armand Dieskau, le commandant des troupes régulières françaises, est fait prisonnier au cours de la bataille du Lac George (1755). La difficulté de son remplacement tenait à ce qu’aucun officier général d’expérience n’était volontaire pour servir sur un théâtre d’opérations aussi éloigné, alors que la guerre s’annonçait en Europe. Il fallut se rabattre sur un simple officier supérieur qui accepta, pour le titre et l’argent, de se rendre  dans la Nouvelle-France. L'on trouva  Montcalm, qui fut nommé maréchal de camp le 11 mars 1756 avec de forts émoluments, plus de 50000 livres par an, ce qui ne le satisfit pourtant jamais puisqu’il se plaignit sans cesse de l’insuffisance de sa  solde.

Comme il ne savait rien de la Nouvelle-France, ses instructions le subordonnèrent logiquement au gouverneur général, Pierre de Rigaud de Vaudreuil. Montcalm commandait uniquement sur le terrain des opérations militaires, en étant tenu d’obéir pour le reste à Vaudreuil.

Il s’embarqua à Brest avec ses officiers d’état-major, le colonel Bougainville qu’il estimait fort, le chevalier de Lévis qu’il jugeait avec condescendance et le colonel Bourlamaque qu’il n’aimait pas. Il arriva à Québec le 13 mai 1756, et aussitôt se révéla dans l’incapacité d’accepter l’autorité de Vaudreuil et de reconnaître que son ignorance du milieu nécessitait quelque humilité. Montcalm professait ne croire qu’en l’armée régulière, méprisait les milices candiennes, encore plus les Indiens, s’estimait supérieur à tous et n’acceptait aucune critique.

En clair, pour le malheur de la Nouvelle-France, il se révéla être un imbécile ordinaire, vaniteux comme il se doit.

Vaudreuil, prévoyant de nouvelles attaques de la part des Anglo-Américains au lac Ontario, avait dépêché des troupes en février 1756, afin de harceler l’ennemi entre le fort Chouaguen et Schenectady (N.Y.). Le succès fut complet. En juillet, Vaudreuil jugea que le temps était venu de détruire fort Oswego, dont les Français  s‘emparèrent en faisant de nombreux prisonniers et prises de guerre.

C’était un succès stratégique : le contrôle du lac Ontario était assuré, les colons anglais voyaient le flanc nord-ouest de la colonie de New York devenir vulnérable et le danger d’une attaque contre les forts Frontenac et Niagara se dissipait.

 

Cela n'empêcha pas Montcalm de bouder cette importante victoire, suscitant l’inquiétude de Vaudreuil…

 

À SUIVRE

Lire la suite