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Le blog d'André Boyer

Le Directoire ou le coup d'État permanent

28 Juin 2014 Publié dans #HISTOIRE

À la Terreur et à son retour de flamme que fut la Convention thermidorienne, succéda le Directoire dont les mœurs républicaines sont également pleines d’amers enseignements pour les citoyens du XXIe siècle.

 Barras

S’ils se faisaient des illusions sur leur popularité, les élections qui suivirent démontrèrent aux Jacobins qu’ils avaient eu au moins raison de craindre leur résultat. La composition des deux assemblées indiquait nettement que la volonté des électeurs était ignorée par les anciens conventionnels : alors que les nouveaux élus comptaient 120 royalistes pour seulement 45 républicains, les deux assemblées comprenaient 163 royalistes pour 587 républicains.

Il y eut aussi un fort taux d’abstention. Les élus étaient surtout des ex-constituants modérés, d'anciens Feuillants ou des hommes neufs hostiles au régime. Malgré le décret des Deux Tiers et les pressions exercées la Convention sur les électeurs, seulement 376 Conventionnels sur les 500 qu'imposait le décret furent réélus, ce qui obligea la Convention à désigner elle-même les 124 députés manquants.

Élu le 31 octobre 1795, le Directoire était composé de La Révellière-Lépeaux pour  l'instruction et la religion, de Reubell pour la diplomatie, de Barras pour les affaires intérieures, de Carnot pour la guerre et de Le Tourneur, ce dernier jouant un rôle mineur dans le groupe. Dans les départements, les commissaires du Directoire furent choisis dans la bourgeoisie qui s’était impliquée dans les événements révolutionnaires.

Ces cinq hommes qui composent le Directoire, trois avocats et deux soldats, méritent l’attention car ils fournissent un tableau fidèle du pouvoir issu de la Révolution.

Louis Marie de La Révellière-Lépeaux (1753-1824) est avocat à la veille de la Révolution, grand partisan de l’égalité. Il vote la mort du roi, s’oppose à Robespierre et à Danton et  soutient la Gironde contre Marat. Proscrit, il revient à la Convention après la chute de Robespierre. Élu au Directoire, il soutient la théophilantropie qui visait à se substituer au catholicisme, sans prêtres mais avec des cantiques et des  prêches de morale civique : toujours la tentation des hommes au pouvoir de fabriquer des sujets à leur convenance, comme si la morale était un produit modelable à leur convenance et la religion un produit concurrent!

Quand la Révolution éclate, Jean-François Reubell (1747-1807) est également avocat. À la Constituante, il soutient les droits des hommes de couleur et il se spécialise dans  la dénonciation des tyrans, des privilèges du clergé et des juifs. Député à la Convention, il s’inscrit avec discrétion dans les rangs de la Montagne. Pour lui, républicanisme et anticléricalisme sont synonymes. Membre du Directoire, il se consacre à la  diplomatie de la « Grande Nation ».

Paul François Jean Nicolas, vicomte de Barras (1755-1829), qui a laissé l’image d’un libertin et d’un corrompu, entre dans l’armée à seize ans dont il démissionne à la fin de la guerre d’Indépendance. Il est député à la Convention, où il siège à la Montagne et vote la mort de Louis XVI. Il met la « Terreur à l’ordre du jour » à Marseille et à Toulon, où il remarque Bonaparte. Au soir du 9 Thermidor, il commande l’action militaire qui permet la prise de l’Hôtel de Ville et la fin de Robespierre.

Il devient le spécialiste militaire de la défense de la République. Commandant en chef de l’armée de l’Intérieur au 13 Vendémiaire, il fait de Bonaparte son second et obtient pour lui le commandement de l’armée d’Italie. Il est supposé avoir des opinions de gauche, ce qu’il montre en s’opposant aux poursuites contre les conspirateurs babouvistes ainsi qu’à toute tentative de restauration royaliste, notamment lorsqu’il organise le coup d’État de Fructidor.

Écarté du pouvoir par Bonaparte, il oubliera ses convictions de gauche pour se rapprocher des royalistes.

 

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Euro, symbol of enslavement

26 Juin 2014 Publié dans #ENGLISH VERSION

The French suffer a crisis of collective identity, as it is difficult to face the world alone, abandoned by a community without vision. What is the objective of the national community called "France "? Maintain the gains? But how? Melt in Europe? But which Europe? Adapt to globalization? But at what cost? Our leaders cover up not only their true goals for France, but worse, their impotence.

Euro-copie-1

The case of Euro illustrates this ascertainment, even if it is only the monetary part of our dispossession.

We conceded our monetary sovereignty to the European Central Bank. What ECB done with? Euro is approaching $ 1.35 or more and ECB still wonder if it would ultimately reduce its value! The stability of Euro promised a gradual harmonization of the European economy, but we observe the crushing of industries in southern Europe by industries of North. In addition, it is clear from an economic point of view, that it is better to be outside the Euro zone than inside. We would like the Euro to drop, but who is listening to us? We would like our industry to benefit the same conditions as German industry, but how?

Meanwhile, our trade deficit reach record levels, our businesses are closing, our employees become unemployed, our graduates are fleeing the country and our taxes increase, which does not prevent the fiscal deficit to remain stubbornly high and Public debt to raise.

When all these negative trends will be reversed? When our industry will be gone, when our wages, our unemployment benefits and our pensions will have collapsed? One day, for sure, we will find balance, or the bottom...

Hoping that one day tumble stops, what solutions are offered by our leaders? Take the money here to put it there, and sometimes, with a stunning boldness, microscopic reforms spread over a decade.

To cover the noise of the fall, they try to convince us that nothing more can be attempted, with the help of the choir of profiteers of the status quo at all costs. But even these propaganda efforts are failing, if you believe the polls, the elections and more deeply the general mood of the country.

Therefore, when France will be expected to act? Confusingly, the French know that the status quo is not possible, since they daily see financial, industrial and social divergences require them to renounce gradually to the benefits of a rich, prosperous, powerful nation to reach the status of these dependent peoples that they despised so easily, short time ago.

And yet, the motion only asks to be reversed, as repeat on all the tones more and more economists and as I write it on multiple occasions in previous blogs. Just regain our autonomy so that our production costs will be reduced according to the value that we give to our currency, no doubt less than the Euro, in the way that production in France became more attractive and buying abroad less, to hire and build again.

Blockages that prevent us from doing so are more psychoanalytic than economic: our debt would certainly mechanically increase in local currency but would be stopped, our German neighbors would be dissatisfied, but they would, Marine Le Pen would be happy, but isn't she who would benefit from this policy.

Those who will receive the policy benefit will be courageous statesmen who will get out of the political eunuchs status in which they were locked. It should be added that the recovery of monetary control can only be the beginning of the awareness of Europeans need to leave the EU as an American colony, a condition less tenable while new powers are emerging, China, Russia and Africa.

To survive in their midst, Europe must be able to conduct an autonomous policy, therefore not subservient to power in Washington. Otherwise the U.S. will sacrifice Europe without hesitation to defend their own interests. The case of Ukraine is illustrative, which shows the necessity of negotiate with Russia and not confront it, as the United States want us to.

So, leaving Euro should paradoxically announces the resumption of the power of European peoples over their destiny, a time abandoned to declining U.S.

This is probably why it raises so many contrary passions.

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République ou démocratie?

23 Juin 2014 Publié dans #HISTOIRE

Les membres du Comité de Salut Public et de la Convention tuaient pour garder le pouvoir, en expliquant que ce pouvoir leur paraissait nécessaire pour réaliser les idéaux auxquels ils croyaient pour le peuple français et pour le monde.

 Convention

Le discours de Robespierre à la Convention, le 5 février 1794, présente l’avantage d’être particulièrement clair.

Il y fait son rapport sur « Les principes de morale politique qui doivent guider la Convention nationale dans l'administration intérieure de la République » en déclarant qu’il faut « marquer nettement le but de la Révolution…Quel est le but où nous tendons ? La jouissance paisible de la liberté et de l'égalité ; le règne de cette justice éternelle dont les lois ont été gravées non sur le marbre ou sur la pierre mais dans le cœur de tous les hommes, même dans celui de l'esclave qui les oublie et du tyran qui les nie. » 

Bien dit. Que faire donc ?

« Nous voulons substituer dans notre pays la morale à l'égoïsme, la probité à l'honneur, les principes aux usages, les devoirs aux bienséances, l'empire de la raison à la tyrannie de la mode, le mépris du vice au mépris du malheur, la fierté à l'insolence, la grandeur d'âme à la vanité, l'amour de la gloire à l'amour de l'argent, les bonnes gens à la bonne compagnie, le mérite à l'intrigue, le génie au bel esprit, la vérité à l'éclat, le charme du bonheur aux ennuis de la volupté, la grandeur de l'homme à la noblesse des grands, un peuple magnanime, puissant, heureux, à un peuple aimable, frivole et misérable. »

Quelle vision sublime de l’humanité !

Mais comment faire naître la vertu alors que le monde est encore corrompu et que le régime démocratique est à mettre en place ?

Maximilien de Robespierre a la solution : « Le ressort du gouvernement populaire en révolution est à la fois la Vertu et la Terreur : la vertu sans laquelle la Terreur est funeste ; la Terreur sans laquelle la vertu est impuissante ».

Ce fut une catastrophe nationale que ces magnifiques déclarations de Robespierre aient été traduites en actes de gouvernement.

Car, s’il y a une leçon à tirer de la Terreur, c’est que ce sont des politiciens très vertueux qui ont commis les pires crimes politiques jamais accomplis en France. Les successeurs de Robespierre, Hitler, Staline, Pol Pot étaient tous des hommes qui proclamient vouloir le bien de leur peuple ; comme par hasard, ils font aussi partie de la liste des meurtriers les plus monstrueux que l’humanité ait jamais connu.

Ce n’est pas que les idées de Robespierre n’étaient pas excellentes, le malheur réside entièrement dans le pouvoir totalitaire dont il a disposé pour les appliquer.

Ces faits étant avérés, l’indulgence que manifestent la plupart des historiens et des hommes politiques français pour la Terreur provient de ce qu’ils croient, dans le droit-fil de la Terreur, qu’ils confondent sciemment avec la Révolution, que le rôle et la grandeur de la politique consistent à trouver et à appliquer des « solutions » aux « problèmes » du pays, en fonction des idéaux républicains.

La Terreur l’a fait. Vous l’avez enfin compris ou vous écoutez encore ceux qui ont des « solutions » ?

Car les politiciens de la Terreur ont renié les principes fondamentaux de la démocratie qui leur avait permis de représenter leurs électeurs.

Dans une démocratie, on n’attend pas des dirigeants qu’ils aient une idée géniale pour sauver le pays mais qu’ils soient attentifs aux volontés exprimées par les différentes catégories de la population; qu’ils transmettent les informations nécessaires aux citoyens pour former leur jugement et non qu’ils les cachent sous couvert de « raison d’État »; qu’ils permettent aux médias de jouer un rôle d’intermédiaires entre eux et le public et non celui d’outil de propagande  et qu’ils se soumettent aux verdicts des urnes au lieu de chercher à en travestir les résultats.

Si en France, on se permet tant d’entorses à la démocratie, c’est au nom de valeurs que l’on prétend infliger au peuple français, qui relèvent d’un magistère moral et non du pouvoir politique.

 

C’est en quoi « les valeurs républicaines » que la Terreur avait l’intention vertueuse d’infliger au peuple français comme une purge sanglante et que nos politiciens veulent aujourd’hui encore nous faire prendre sous forme de bouillie insipide, différent de celles des démocraties pour lesquelles le pouvoir vient par définition du peuple et non de ses dirigeants.

 

La République ou la démocratie, il faut hélas choisir : c’est l’enseignement de la Terreur.

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Condamner ou excuser la Terreur, un choix fondamental

20 Juin 2014 Publié dans #HISTOIRE

 

Pour clôturer cette série de blogs consacrés à l’époque de la Terreur, je m’adresse à vous directement: condamnez-vous ou excusez-vous la Terreur, lecteur?

 Fournee-guillotine.jpg

Si quelqu’un proposait de dédier une journée de deuil national en mémoire de la Terreur et de ses victimes, on lui rirait au nez !  Car, si personne ne songe sérieusement à justifier la Terreur, nombreux sont ceux qui lui trouvent des excuses: elle aurait été provoquée par l’état d’extrême tension du pays; les menaces austro prussiennes auraient déclenché le processus; le roi a joué la politique du pire; il fallait sauver la République; la Terreur a échappé à la volonté des responsables, qui ont puni ses excès ; Robespierre voulait le bonheur du peuple…

On pourrait avancer d’autres excuses encore, mais le fait est que, sans la Terreur, les Montagnards et la Commune insurrectionnelle n’auraient pas gardé le pouvoir: la Terreur a fondamentalement été une stratégie de prise et de contrôle du pouvoir.

Les conditions nécessaires à la Terreur ont été réunies dès lors que les politiciens proclamaient, dans le préambule de la constitution, vouloir faire respecter, au travers du pouvoir politique, de grands principes philosophiques.

Pour cela, ils ont commencé par faire place nette de tous les privilèges de la naissance, des charges, des corporations et des vœux religieux, tout ce qui faisait obstacle au pouvoir d’un État chargé d’unifier une nation. Dès lors, la voie était libre pour installer les préfets, les commissaires, les juges, les bourreaux qui allaient appliquer les grands principes à la pauvre matière humaine.

L’horreur était en vue.

Pour commencer, il est indispensable de se rappeler ce que ces hommes, « incorruptibles » ou pas, ont fait : ils ont organisé systématiquement l’oppression la plus sanglante que la France ait jamais connu dans son histoire, accru sans cesse les pouvoirs des tribunaux, supprimé tous les droits de la défense, envoyé des commissaires pour exciter l’ardeur des bourreaux et des délateurs et promulgué l’incroyable loi des suspects.

Lisez-la :

Étaient suspects tous « ceux qui, par leur conduite, leurs relations, leurs propos ou leurs écrits se sont montrés partisans de la tyrannie, du fédéralisme et ennemis de la liberté; ceux qui ne pourront justifier de leurs moyens d'existence et de l'acquit de leurs devoirs civiques ; ceux qui n'auront pu obtenir de certificat de civisme; les ci-devant nobles qui n'ont pas constamment manifesté leur attachement à la Révolution, les émigrés, même s'ils sont rentrés, les prévenus de délits, même acquittés… ». Délit d’opinion, délit de faciès, délit de classe, tout y est.

Cela a engendré les deux cent mille morts du génocide vendéen, les soixante-deux mille guillotinés, les dizaines de milliers de personnes livrées à la mitraille dans les villes révoltées et tout un pays soumis à la vindicte de malades mentaux; au total, l’horreur la plus abjecte qui ait jamais été perpétrée en France.

Face à ce passif monstrueux, on cherche en vain le moindre actif, à moins que l’invention du totalitarisme par ces aliénés ne soit considérée comme une gloire nationale, au même titre que la géniale guillotine qui a industrialisé le meurtre.

 

Or les membres du Comité de Salut Public et de la Convention n’étaient pas de simples assassins

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L'homme en transition

14 Juin 2014 Publié dans #PHILOSOPHIE

 

Dans mon blog du 31 mai dernier sur le surhomme, je reprenais l’affirmation de Nietzsche selon lequel, pour que l’homme se dépasse, il lui faut être tout à fait humain.

 FUNAMBULE.jpg

Tout à fait humain, cela signifie que nous devons accepter d’être un pont au-dessus de l’abime qui permet aux hommes futurs de progresser encore. Nos efforts ne porteront pas nécessairement leurs fruits durant notre vie, mais ils bénéficieront à d’autres, plus tard.

Il nous revient d’aller au bout de ce que nous pouvons faire, de manière à ce que nos échecs constituent l’humus des réussites futures et obtenues par d’autres. C’est en ce sens que Nietzsche écrit que nous devons aller à notre perte.

L’ego est une illusion parce que chaque individu n’est qu’une étape de transition dans l’évolution de l’humanité. Il s’agit d’œuvrer pour une grandeur humaine à venir, si on le veut !

Car nombreux sont ceux qui ne veulent pas être des créateurs. Ils ne tiennent pas à se poser des questions. Ils préfèrent le confort des idées reçues. Ils fuient les responsabilités pour se soumettre à un cadre, une hiérarchie, une morale.

Nietzche reconnaît que ce sont eux qui tiennent le haut du pavé : « seuls les médiocres survivront. Soyez comme eux, voilà la seule morale qui ait encore un sens ! » (Par delà le bien et le mal, IX, 262). Darwin a tort, soutient Nietzsche, ce ne sont pas les forts qui survivent et se reproduisent, ce sont les faibles. C’est pourquoi il soutient qu’il faut défendre, non les faibles contre les forts, mais les forts contre les faibles, en raison du surnombre de ces derniers.

Aussi Nietzsche ne défent-il pas l’égalité des droits, car la médiocrité comporte des privilèges, elle offre des facilités qui sont hors de portée des forts: « Pour un médiocre, être médiocre est un bonheur » (L’Antéchrist, 57).

La question qui décide de notre position dans la société hiérarchique de Nietzche, quelque part entre les médiocres et les surhommes, dépend de ce que nous appelons  notre bonheur.

Notre bonheur est-il dans le bien être douillet, dans le confort de croyances rassurantes, dans les habitudes d’une activité bien délimitée, dans la sécurité du présent ?

Ou ce bonheur se situe t-il dans la victoire sur la souffrance, dans le risque de l’avenir, dans la quête de l’excellence ?

 

C’est à cet instant précis que Nietzsche nous laisse à notre destin, sachant qu'il nous appartient de nous trouver...

 

Fin des textes concacrés à la pensée de Nietzsche 

 

 NB : Vous pouvez télecharger ci-joint l’ensemble des textes que j’ai écrit sur Nietzsche, sous forme de PDF. 

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Philip Morris attaque l'Uruguay

9 Juin 2014 Publié dans #ACTUALITÉ

 

 

L’élément, sans doute le plus important, du traité portant sur la Zone de Libre Échange Transatlantique (Transatlantic Free Trade Area, TFTA) en cours de négociation, est de permettre aux entreprises de poursuivre des États dont la politique entraverait leur activité commerciale, même s'il s'agit d'une politique de santé publique.

Voici un exemple pratique de l’usage des tribunaux arbitraux pour un litige entre une entreprise et un État.

 philip-morris

Le 1er mars 2006, l’Uruguay a pris la décision d’interdire de fumer dans les lieux publics. De plus, il a proscrit la publicité, accru les taxes, interdit de vendre plusieurs produits de la même marque et imposé l’impression de messages anti-tabac sur 80% de la surface de chaque paquet.

Philip Morris a considéré que les deux dernières mesures, vente d’un seul produit et surface de l’information sur les effets du tabac, enfreignaient le traité de promotion et de protection des investissements conclu entre la Suisse, pays où Philip Morris, aujourd'hui Altria, a installé son siège social, et l’Uruguay. Il a donc porté plainte en mars 2010 contre l’Uruguay devant la cour d’arbitrage de la Banque mondiale, demandant la somme modeste de 25 millions de dollars d’indemnités plus les frais de procédures et bien sûr l’abrogation des articles incriminés dans la loi anti-tabac.

Il s’agit d’un cas classique de litige entre une entreprise et un État, qui sont à peu prés égaux en termes de volume d’activité: Philip Morris réalise en effet 77 milliards de dollars de chiffre d’affaires et le PIB de l’Uruguay s’élève à 50 milliards de dollars.

Ce litige a été engendré par l’accord bilatéral de Promotion et de Protection de l’investissement (APPI) signé entre la Suisse et l’Uruguay, dont une des clauses établit que tout litige entre une firme et un Etat doit être réglé dans le cadre de l’arbitrage international des investissements, qui est en l’occurrence le CIRDI, organe dépendant de la Banque mondiale.

Le cabinet Foley Hoag a été choisi par la présidence uruguayenne pour diriger sa défense face à Philip Morris. Il a été convenu que le cabinet limiterait ses honoraires à 4 millions de dollars. De plus l’Uruguay est soutenu par l’ONG Tobacco Free Kids, dirigée par Michael Bloomberg, l’ex-maire de New York, qui s’est engagée à payer 60% des honoraires de la défense de l’Uruguay.

Face au cabinet Foley Hoag, Philip Morris a désigné le cabinet Sidley Austin qui a une forte influence dans les publications académiques consultées par les arbitres du CIRDI.

Au cours de la première manche de la procédure, fin 2013, le tribunal du CIRDI a donné raison à Philip Morris en se déclarant compétent pour statuer sur la plainte que l’entreprise avait déposée. Les arguments de Philip Morris sont de trois ordres :

Le changement des règles du jeu depuis l’accord de promotion et protection des investissements signé avec la Suisse le 7 octobre 1988.

L’atteinte aux droits de propriété intellectuelle de Philip Morris lorsque l’Uruguay lui a imposé des pictogrammes obligatoires sur les paquets de cigarettes, avertissant des risques de fumer pour la santé.

Enfin, les préjudices commerciaux occasionnés par les mesures anti-tabac approuvées pendant l’administration de Tabaré Vazquez.

Afin de répondre au mémoire présenté par Philip Morris en mars 2014, les avocats du cabinet Foley Hoag se sont rendus en Uruguay pour réunir les informations nécessaires. De plus, sans doute pour impressionner les juges, le gouvernement uruguayen compte adresser un message à l’opinion publique américaine et au président Obama, dont on a aperçu la logique de Ponce Pilate relativement à l’affaire BNP, pour obtenir leur soutien face au géant, américain, du tabac. 

Les deux cabinets présenteront leurs arguments lors de la séance du tribunal arbitral qui se tiendra le 29 septembre 2014 à La Haye.  Ce tribunal est composé de trois arbitres, l’italien Piero Bernardini, réputé neutre, l’allemand Gary Born choisi par Philip Morris et l’australien James Crawford, désigné par l’Uruguay. Au cours de sa carrière, ce dernier s’est engagé indistinctement comme avocat de l’accusation, comme représentant d’investisseurs et comme avocat de la défense des États visés par les plaintes d’entreprises et comme arbitre : il sait tout faire.

Force est de constater en effet que les acteurs de l’arbitrage international, études d’avocats, arbitres et fonds d’investissements qui financent les entreprises procédurières afin  de recevoir une part des indemnités, constituent un cartel d’affaire ayant un puissant intérêt commun à stimuler de coûteuses actions en justice.

Ensuite le nombre de plaintes déposées par les entreprises à fortement augmenté entre 1993 et 2012 pour atteindre 518. Selon la CNUCED, sur  244 affaires qui ont donné lieu à règlement, 42 % environ avaient été tranchées en faveur de l’État et 31 % en faveur de l’investisseur, les autres ayant été réglées à l'amiable. 

Enfin, on constate que dans, un « marché » des arbitrages en expansion, un petit nombre d’avocats trustent pour le moment les affaires, puisque quinze d’entre eux sont intervenus dans 55% des litiges.

Ce sont en effet des litiges qui rapportent: les honoraires des cabinets d'avocat s'élèvent en moyenne à 8 millions de dollars par affaire. La firme Foley Hoag a ainsi participé à dix cas de litiges entre des entreprises et des États dont elle a tiré des revenus bruts de 149 millions de dollars et près d'un million de dollars de bénéfices par associé. Pour leur part, les honoraires des juges se montent à 3000 dollars par jour et par juge, sans compter les frais et les indemnités.  

 

Il reste à conclure que l’introduction de tribunaux d’arbitrage entre entreprises et États, et non plus entre États, plaçant ces derniers au même niveau, sinon à un niveau inférieur aux entreprises, remet en cause de manière fondamentale la souveraineté des États, donc des peuples qu’ils administrent.

 

Cette novation majeure ne saurait être traitée en catimini, sous couvert d’un traité de commerce.

 

(Données établies principalement à partir d’articles publiés en mai 2014 dans l’hebdomadaire uruguayen Brecha)

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Bonaparte, le général Vendémiaire

4 Juin 2014 Publié dans #HISTOIRE

Le 24 mai dernier, je vous ai présenté la constitution « tordue » des Thermidoriens. Vous allez constater ci-dessous qu’elle n’est pas passée comme une lettre à la poste…

 

Bonaparte-13_vendemiaire.jpgComme d’habitude, le referendum au suffrage universel qui fut organisé pour approuver cette constitution se caractérisa par une forte abstention et de nombreuses irrégularités.

Les résultats officiels firent état de 1.057.390 voix en faveur de la Constitution dite de l’An III et de 49.978 voix contre. Pour sa part, le décret des deux tiers ne fut approuvé que par 205.498 voix pour et 108.754 voix contre.

De plus, alors que l’on déplore en ce début de XXIe siècle, des taux d’abstention « records » de 60%, le taux d'abstention du referendum s’éleva à  78% pour la Constitution de l’An III  et à 94% pour le décret des deux tiers !

Cela n’empêcha pas cette nouvelle constitution d’être proclamée  le 23 septembre 1795. Elle impliquait d’élire ensuite le corps législatif. Avant que les élections législatives ne se déroulent, les royalistes parisiens, s’estimant lésés par le décret des deux tiers et les fraudes, formèrent un comité insurrectionnel.

L'épreuve de force eut lieu 4 octobre 1795.

Une petite armée commandée par le général Danican chercha à encercler les Tuileries pour faire capituler sans combat la Convention, protégée les troupes du général Menou. Alors qu’elles plient face aux royalistes, Barras remplace le général défaillant par Bonaparte qui, aidé par Murat, récupère des pièces d'artillerie avec lesquelles il fait mitrailler les forces royalistes sur les marches de l'église Saint Roch (gravure ci-contre), faisant 200 tués avant de les disperser.

Ainsi, après avoir repris Toulon pour le compte de la Convention de la Terreur, Bonaparte sauvait cette fois la Convention thermidorienne, dans les deux cas contre les royalistes. De la sorte, il s’imposait comme le défenseur indispensable des politiciens régicides.

Le 14 vendémiaire (6 octobre 1795), Paris était occupé militairement et l'émeute étouffée, sans toutefois une répression excessive qui aurait trop renforcé les partisans de la Terreur. Le 16 octobre, Bonaparte est élevé par Barras au grade de général de division et le 26 octobre, tandis qu'entre en vigueur la nouvelle Constitution, il devient commandant en chef de l'armée de l'intérieur en remplacement de son mentor qui fait, lui, son entrée au Directoire.

En se séparant, la Convention prononça une amnistie générale dont elle excluait les révoltés de Vendémiaire, les prêtres réfractaires et les immigrés. Elle décidait également que la Place de la Révolution deviendrait la Place de la Concorde, un excellent choix puisqu’il a perduré jusqu’à ce jour…

 

Reste à tirer le bilan de la Terreur.  

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Three questions on France's trade and Euro

4 Juin 2014 Publié dans #ENGLISH VERSION

Eurostat has just published the foreign trade statistics of the European Union. After reading this blog, I suggest answer two simple questions and, finally, a little more complicated question.

 

Overall, the Euro area had a surplus to the rest of the world, a surplus of EUR 153.8 billion. This surplus consists of very different results based on the countries that have adopted the euro.

Remember first of all that, until 31 December 2013, the euro area included Belgium, Germany, Estonia, Ireland, Greece, Spain, France, Italy, Cyprus, Luxembourg, Malta, the Netherlands, Austria, Portugal, Slovenia, Slovakia and Finland. From 1 January 2014 the euro area also includes Latvia.

For reasons of data collection, these results relate only to the first 11 months of 2013, but this does not alter the lessons that one can learn.

In billions of Euros:

Germany 185.5

Netherlands 50.6

Ireland 34.6

Italy 26.8

Belgium 13.9

Slovakia 3.5

Slovenia 0.5 `

Estonia -1.3

Finland -1.6

Malta -1.7

Cyprus -3.0

Luxembourg -5.2

Austria -5.3

Portugal -8.4

Spain -14.4

Greece -17.9

France – 69.9

First of all, we cannot avoid noting the huge German trade surplus.

Then, notice there are six countries within the euro zone that have a surplus, mostly grouped geographically around Germany, except Italy which maintains, at the cost of growth, the competitiveness of its industry and Ireland which has brilliantly maintained its exceed commercial for the price of fiscal and social dumping. Notice some of the difficulties in Estonia, while Finland gradually restores its trade balance.

Look at the two islands, Malta and especially Cyprus, which have struggled to keep their balance.

Forget Luxembourg whose financial revenue outweighs the trade deficit.

See that Austria is not doing so well.

Encourage Portugal and Spain that are tightening their belts to keep their heads out of water.

Pity Greece that has no chance of escape.

defitcit-commerce-exterieurFrance2000-2012

And now my question, when you notice that France is the country of the euro area which has the highest trade deficit, by far:

1 Do you believe that France has the opportunity or the means to restore its trade within the euro zone? If you answer “no” to this question, here is a second one:

2 Do you believe the surplus countries and banks will finance our deficit indefinitely??

If you answer “no” to the second question, here is an open question:

3 What is going to happen in your opinion???

 

If you do not want to answer this last question, I hope you are reasonably comfortable, your head buried in the sand.

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