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Le blog d'André Boyer

Regardez les Grecs!

31 Janvier 2010 Publié dans #ACTUALITÉ

masque_dionysos.jpg Regardez attentivement ce qui se joue sur la scène grecque, cela vous permettra de comprendre comment va tourner la mondialisation. Pour sauver les emplois et le niveau de vie de leurs citoyens qui souffrent de plus en plus des déséquilibres globaux, nombre d’États ont emprunté sans compter et se trouvent, lorsque la brise vient, fort dépourvus.

Cette cohorte d’États couverts de dettes suit attentivement le déroulement du scenario grec, dont le premier acte vient de s’achever par la prise de conscience générale de l’étendue des dégâts. En ce moment L’État grec emprunte à un taux de 7,15% par an, alors qu’il trouvait prêteur à 4,5% quatre mois plus tôt. C’est en effet une prime exorbitante qu’exigent désormais les banquiers pour combler le déficit grec.

Pendant les premières scènes du drame qui se joue à Athènes, le Ministre grec des finances, George Papaconstantinou a beaucoup souffert puisqu’il a été chargé d’interpréter le rôle ingrat de Cassandre. Dés sa prise de fonction, il y a quatre mois, il a découvert un Trésor noyé sous un monceau de dettes et d’impayés. Il s’est alors trouvé contraint de révéler au monde financier stupéfait que le déficit de l‘État grec pour l’année 2009 se monterait finalement à 12,7% du PIB de la Grèce, soit le double de ce qu’avait prétendu le gouvernement précédent ! Vous imaginez l’effroi des prêteurs et l’effondrement de la crédibilité du gouvernement, des fonctionnaires et de toute l’économie grecque…

Naturellement, dans la scène suivante, Monsieur Papaconstantinou s’est empressé de tenter de rassurer les marchés en présentant toutes sortes de plans pour ramener, dit-il, le déficit à 3% dans trois ans. Il est vrai que  tout est possible en économie, mais qui le croit encore ? Les marchés ont répondu en faisant grimper la prime de risque, cette dernière exprimant une sorte de compromis entre ceux qui pensent que le gouvernement grec va se déclarer en faillite puis quitter la zone euro et ceux qui croient que cette dernière ne peut pas se permettre de laisser tomber l’un de ses membres. Mais, compte tenu de la rapide croissance de la prime, les croyants semblent de moins en moins nombreux.  

Or, Monsieur Papaconstantinou n’a pas le choix, il lui faut trouver 50 milliards d’Euros en 2010, et, si tout va bien encore 30 milliards en 2011 et encore 15 milliards en 2012. Après on verra. Et s’il ne les trouve pas ? Les allemands sont bien décidés à laisser le gouvernement grec s’enfoncer, car ils pensent que l’économie grecque est incapable de supporter un Euro fort. Que l’Etat grec se déclare donc en cessation de paiement, qu’il sorte de l’Euro, bon débarras ! Cela aura l’avantage de donner une bonne leçon aux mauvais élèves de la classe Euro, ces portugais, ces irlandais, ces espagnols, ces italiens et même ces français, qui croient qu’ils sont assis sur un tas d’or garanti par les allemands. Dans une scène assez dure, Axel Weber, le Président de la Bundesbank, a été très clair, comme savent l’être les allemands lorsqu’ils pensent que leurs interlocuteurs ne les croient pas capables de faire ce qu’ils disent : «  Il est impossible de justifier auprès des électeurs que l’on aide un autre pays afin que ce dernier puisse s’épargner les douloureux efforts d’adaptation que l’on a soi-même consenti ». Verstehen sie?  

En regardant la pièce, on se dit que les Allemands et les Grecs nous rejouent la Cigale et la Fourmi. Il est vrai que la Grèce a largement utilisé les facilités offertes par un crédit bon marché, jusqu’à ce que la crise de 2009 ne révèle la profondeur de ses déséquilibres. Car, non seulement le gouvernement grec a usé et abusé du déficit public tout en camouflant son ampleur auprès de forts naïfs « experts » européens (on les paie pour croire ou pour contrôler ?), mais les Grecs dans leur ensemble sont des cigales  assez convaincantes, puisqu’ils sont les plus faibles épargnants de la zone Euro. Les « experts » précédents ont calculé que le gouvernement grec devra obliger ses citoyens à réduire leur consommation d’au moins dix pour cent pour redresser les comptes du pays.

À Davos, Monsieur Papandreou a joué la scène de l’homme sûr de son fait. « Notre principal déficit, c’est notre crédibilité » dit-il. C’est le moins que l’on puisse dire. « Pas nos finances » ajoute t-il. Vraiment ? Puis il s’est montré rassurant : « Chaque Grec a aujourd’hui compris que cette fois il fallait changer, même si c’est douloureux ». Ce serait bien, et Monsieur Coué y croit dur comme fer, que c’est promis , que c’est juré, croix de bois, croix de fer, on ne jouera plus désormais à tromper son monde avec des comptes truqués. Derrière lui, mezzo voce, Monsieur Zapatero, pas très fier, cherchait à se rassurer: « L’euro est un club dont les membres ont des liens très forts et qui se soutiennent réciproquement ». Des liens tellement forts  qu’ils sont prêts à renoncer à leur règlement pour soutenir l’un des leurs qui ne les a pas respecté ? On aimerait bien rassurer Monsieur Zapatero, mais il ferait mieux de relire attentivement les règles du club, puis se mettre d’urgence au travail sur son propre budget plutôt que de croire à la charité publique. Car ces règles, édictées justement à la demande de la Bundesbank, précisent que la BCE a interdiction d’aider un pays en difficulté financière du fait de son déficit.

D’ailleurs, si on écoute bien le doucereux Monsieur Trichet dont la fonction interdit d’avoir des états d’âme, la BCE a déjà fait son deuil de l’économie grecque. Depuis Francfort, Monsieur Trichet a en effet déclaré : « La Grèce, c’est moins de 3% du PIB de la zone Euro ». Qu’ils aillent au diable les Grecs, Monsieur Trichet s’en lave les mains !

La pièce n’est pas terminée et elle ménage bien le suspense. Quel en sera l’épilogue ?

Soit le gouvernement grec réussi à imposer des mesures drastiques de réduction de la consommation à sa population, soit il décide de dénoncer la spéculation internationale qui le contraint à quitter l’euro provisoirement. Franchement, je ne vois pas de solution intermédiaire et pour ma part, il me semble que la deuxième hypothèse est plus probable que la première, en raison de l’extrême difficulté pour un gouvernement démocratique d’imposer de lourds sacrifices à sa population sans qu’elle n’y soit contrainte de fait. Mais je me trompe peut-être, nous verrons…

 



7,2% du PIB  pour une moyenne de 20% pour les pays de la zone Euro. C’est à ce point faible que l’épargne nette de la Grèce, après amortissement du capital est négative pour un montant de 5,1% de son PIB.

 

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Le pouvoir politique le plus concentré du monde

28 Janvier 2010 Publié dans #HISTOIRE

louisxiv.JPG.jpegLe 26 janvier dernier, nous observions dans un article intitulé « Une idéologie pour quoi faire » que si les  gouvernements successifs de VGE, Mitterrand, Chirac et Sarkozy, malgré l’énergie apparente et les rodomontades de ce dernier, n’ont pas pris les mesures nécessaires pour adapter la France aux changements du monde depuis 1974, c’est parce qu’ils ont choisi de privilégier la démagogie plutôt que les mesures impopulaires.

Ceci serait bien banal à écrire si l’on n’observait pas aussitôt que les autres pays européens n’ont pas suivi la même voie, bien que leurs politiciens possèdent évidemment les mêmes travers que leurs homologues français et que certains n’aient pas toujours su résister aux sirènes de la démagogie. Mais, la plupart du temps, ils ont su corriger les décisions les plus négatives par des décisions courageuses. Leur résolution contraste avec la faiblesse de caractère des politiciens français, et c’est cette différence qui nous intéresse et qui peut en effet être expliquée de deux manières :

-                Soit elle trouverait son origine dans le « caractère national » français, un peuple rétif aux réformes, jaloux de ses privilèges, un peuple rebelle qui oblige les politiciens français à se résigner à la lâcheté sous peine d’être chassés du pouvoir.

-                Soit elle pourrait s’expliquer par la structure de gouvernement du pays qui laisse aux « élites » la possibilité de prendre les mesures qui favorisent l’élite, y compris contre la volonté de sa population.

Les deux explications peuvent être retenues dans la mesure où elles sont liées.  En effet, s’il existe une spécificité française, elle réside indiscutablement dans la répartition du pouvoir politique au sein de la société et éclaire à la fois la méfiance de la population française aux décisions du pouvoir et le comportement de ses « élites » : la France est le pays d’Europe où le pouvoir politique est le plus concentré. C’est ainsi que Jacques Chirac a pu s’offrir le luxe de ne pas démissionner, ni même de dissoudre le Parlement après le referendum perdu sur la Constitution Européenne.  Aucun autre gouvernement européen n’aurait pu manifester ouvertement un tel mépris du vote de ses citoyens et pourtant les Français n’ont pas bronché. 

De fait, la France est le seul pays d’Europe qui possède un État aussi centralisé, le seul où le président de la République se voit attribuer par la Constitution autant de prérogatives politiques et par conséquent le seul où les députés, qui représentent les électeurs, ont aussi peu de moyens de contrôler l’action du gouvernement. C’est aussi le seul où les medias politiques sont concentrés entre si peu de mains, où il y aussi peu de quotidiens d’opinions, où les hommes politiques ont autant de possibilités de cumul et de renouvellement de mandats, où les syndicats, financés par l’État, sont aussi peu représentatifs, où les artistes sont aussi étroitement encadrés par l’État comme l’a montré l’affaire des intermittents du spectacle ou le financement du cinéma. La France est aussi le pays d’Europe où la somme des prélèvements obligatoires et des emprunts d’État est le plus haut, où la proportion des fonctionnaires est la plus forte et où la couverture sociale est l’une des plus étendue.

À quoi sert donc l’idéologie de la République Française ?  À constituer le paravent de l’extrême concentration du pouvoir entre les mains d’une classe dirigeante qui veille à le conserver aux dépens d’une population qu’elle mène comme un cheptel. Pour l’aider dans cette tâche, l’idéologie de la classe dominante ne peut être que de gauche. Il faut en effet endormir les naïfs en leur montrant que l’on s’occupe des injustices, justifier le montant élevé des impôts et l’omniprésence de l’Etat. Dans ces conditions, comment ne pas être de gauche quand on brigue le pouvoir ? Et à quoi sert le concept de droite, sinon à lui servir de faire valoir ? En France, la gauche, c’est tout simplement l’idéologie du pouvoir.

Qu’en conclure ?

 

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Une idéologie pour quoi faire?

25 Janvier 2010 Publié dans #HISTOIRE

images-copie-2.jpegLe dimanche 10 janvier dernier, je publiais un article intitulé « Les amis de la République Française », qui montrait que nombre des dirigeants appréciés et soutenus par les « élites » étaient peu respectueux des régles de la démocratie, quand ils n’étaient pas purement et simplement des gangsters. Quelle est donc la profondeur du respect des régles démocratiques chez nos dirigeants, si imbus officiellement du respect de la « République » ?

          Comme dans tous les pays démocratiques, les électeurs français ont le choix entre voter pour les partis de gauche ou de droite, la gauche représentant la tendance de ceux des électeurs qui ont le cœur sur la main et la droite rassemblant ceux qui ont la main sur leur portefeuille. Selon cette définition, il est bon du point de vue moral que la gauche gouverne et que la droite se contente de freiner ou de corriger ses élans de générosité excessifs. Comme les choses sont bien faites, il se trouve que depuis 1875, la gauche a presque toujours gouverné la France, tandis que la droite était presque toujours majoritaire au sein de l’électorat et de l’opinion publique.

On peut tirer d’intéressants prolongements de ce fait parfaitement avéré. Dans un premier temps, on peut s’en féliciter. Grâce à ce décalage, les Français ont été tirés dans le sens du progrès par leurs dirigeants. Robert Badinter peut par exemple se réjouir d’avoir fait voter l’abolition de la peine de mort contre l’opinion d’une forte majorité de ses concitoyens et de les avoir vus s’en convaincre ou s’y résigner, un quart de siècle plus tard. Inversement, on peut s’en indigner en remarquant que les Français ont presque toujours été gouvernés à l’opposé de leurs convictions, ce qui n’est guère démocratique.

Mais il faut noter que non seulement la gauche a presque toujours gouverné mais que les milieux proches du pouvoir affichent presque tous une opinion de gauche, hommes politiques, medias, étudiants de sciences politiques et plus révélateurs encore, artistes en vue. Très souvent les électeurs de droite votent pour des politiciens qu’ils croient être de droite, mais ces derniers pratiquent une fois au pouvoir, ô surprise, une politique de gauche tel Jacques Chirac, ou mieux encore, Nicolas Sarkozy qui a sans cesse cherché à s’adjoindre des hommes politiques de gauche, afin de démontrer qu’il n’y avait aucune différence entre la gauche et la droite.

Il est important d’observer que l’inverse n’est pas vrai. La gauche ne pratique guère une politique de droite lorsqu’elle accède au pouvoir même si elle tempère parfois ses élans électoraux. Lionel Jospin a bien mis en place les trente-cinq heures, mais Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy ne les ont pas supprimées. La gauche a bien élu un homme de droite, François Mitterrand, au pouvoir, mais ce dernier s’est bien gardé de pratiquer une politique de droite.

C’est qu’il est beaucoup plus valorisant de pratiquer une politique de gauche que de droite. Il est plus facile de réduire le temps de travail à trente-cinq heures que de le porter à quarante, d’accroître le SMIG que de le geler, de créer le RMI que de faciliter les licenciements, de maintenir les régimes spéciaux de retraite que d’augmenter les cotisations ou la durée du temps de travail, de bloquer les expulsions des locataires plutôt que de les faciliter. Et ainsi de suite. Lorsque l’on gouverne, lorsque l’on est journaliste, lorsque l’on se donne en spectacle, il est plus facile de faire état de ses bons sentiments que d’invoquer de froids calculs.

Face aux démagogues qui sollicitent leurs votes, les citoyens sont généralement conscients du risque d’appliquer des mesures aussi ruineuses que généreuses dans le domaine économique ou aussi libérales que déstabilisatrices dans le cadre social. Lorsqu’ils l’expriment par leur vote, ils se retrouvent toujours face à un gouvernement qui n’ose pas les suivre, puisqu’il lui faudrait affronter tous les corps établis, politiques, médias, artistes, qui eux ne voient que des avantages à critiquer des mesures bénéfiques à long terme mais douloureuses au premier abord. C’est ainsi qu’il a fallu attendre presque un quart de siècle pour que le gouvernement Raffarin, pris à la gorge des contraintes financières, voulût bien amorcer une réforme des retraites des fonctionnaires qui aurait pu être lancée par le gouvernement Rocard. C’est ainsi que l’Etat français s’endette d’un milliard d’Euros supplémentaires quasiment presque chaque jour pour éviter de reconnaître qu’il dépense trop.

La réponse à la question que nous nous posons depuis le début de cette série d’articles sur l’oligarchie trouve ici la première partie de sa réponse. Si les gouvernements successifs de VGE, Mitterrand, Chirac et Sarkozy, malgré l’énergie apparente et les rodomontades de ce dernier, n’ont pas pris les mesures nécessaires pour adapter la France aux changements du monde depuis 1974, c’est parce qu’ils ont choisi de privilégier la démagogie plutôt que les mesures impopulaires.


 

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La mondialisation et la lutte pour la vie

18 Janvier 2010 Publié dans #ACTUALITÉ

090701091916503233990832Les personnes licenciées parce que leur entreprise ferme ou se délocalise, faute de compétitivité, maudissent la mondialisation. En compensation, on leur verse des indemnités de chômage, plus ou moins généreuses qui contribuent à accroître les déficits publics et on leur explique qu’ils sont les victimes, innocentes, d’un mouvement irrésistible et irréversible.

On se révolte de même contre la crise mondiale qui a commencé avec l’endettement de la classe moyenne américaine et qui s’est traduite par la surenchère des « subprimes ». Et chacun de se désoler de cette conséquence incontrôlable de la mondialisation des marchés financiers. On promet de limiter les mouvements spéculatifs et de lutter contre les paradis fiscaux qui sont issus des mouvements libres de capitaux. On peut toujours y croire.

On gémit de la hausse des prix provoquée par l’introduction de l’Euro, mais, que voulez-vous, c’était le prix à payer pour disposer d’une monnaie unique. Et tant pis si les Grecs ne sont plus en mesure de rembourser leur dette publique, les pays de l’Euro prendront collectivement en charge le fardeau. On ne sort pas de l’Euro, c’est un dogme.

On s’inquiète de la pollution engendrée par la croissance de l’activité industrielle, par celles de la consommation d’énergie et de produits alimentaires plus riches en protéines. On se promet de trouver, un jour, un accord pour réduire les émissions de gaz carbonique. 

On s’inquiète de l’immigration clandestine que l’on ne parvient pas à contrôler. En réponse, on dénonce les réactions de xénophobie qui éclatent ici et là et l’on cherche les moyens d’intégrer ces populations au sein des sociétés où elles ont trouvé refuge. De leur côté, les immigrés, clandestins ou pas, se révoltent à la fois contre les conditions qui leur sont faites dans des sociétés qui leur paraissent encore opulentes et contre la culture permissive qui les choquent et les attirent à la fois.

 

En somme, on gémit partout contre la mondialisation, tout en reconnaissant qu’elle est inévitable.

 

Ce constat est doublement trompeur. 

 

En premier lieu, on ne gémit pas partout contre la mondialisation. En Chine, les milliardaires s’en réjouissent, beaucoup de citadins aussi qui accèdent à la classe moyenne, tandis que les paysans se déplacent, aspirés par la demande de main d’œuvre bon marché qu’ils constituent. En Allemagne, on se réjouit encore pour quelque temps des excédents commerciaux générés par les efforts  d’équipement des pays émergents. Ces derniers n’en finissent pas de surgir sur la scène internationale, en Asie, en Amérique du Sud et çà et là en Afrique, et ils se réjouissent de parvenir enfin à damer le pion aux vieilles puissances.

Car la figure majeure de la mondialisation, ce n’est pas un mouvement commun vers plus de prospérité, c’est le rééquilibrage de la richesse économique et de l’influence sur les affaires du monde qui l’accompagne au profit des puissances émergentes conduites par la Chine et au détriment de l’Europe et de l’Amérique du Nord.

En second lieu, la mondialisation n’est nullement triomphante. Au contraire, elle va vers son terme, précisément en raison du mouvement de rééquilibrage précédent. Les Etats-Unis n’acceptent pas et n’accepteront pas, comme  d’autres pays avant eux, de laisser leur influence s’éroder. Ils y ont répondu par la guerre, pour l’instant locale, en Irak puis en Afghanistan. Ils quittent le premier pays, ils quitteront le second. Mais ils ne renonceront pas pour autant. Leur ennemi déclaré est de plus en plus clairement la Chine. En conséquence les Etats-Unis montreront une fermeté toujours plus intransigeante face aux  entorses aux droits de l’homme, les yeux rivés sur le déséquilibre de leurs échanges. Quant aux dirigeants européens, il leur faut chercher à fuir la logique du chômage et de l’endettement, sans disposer d’aucune liberté d’action vis-à-vis des Etats-Unis. Les solutions qui s’ouvrent à eux ne sont théoriquement que de deux ordres, le protectionnisme ou la guerre. Le premier leur est fermé, sauf si les États-Unis s’y résolvent. Le second risque de leur être imposé par les premiers. Ils ne pourront que suivre les instructions venues d’Outre Atlantique.

Que cette logique nous effraie, c’est bien naturel. Qu’elle nous paraisse lointaine relève du vœu pieu. Qu’on la nie me semble assez présomptueux. Car où se trouvent les solutions qui permettront de réduire le chômage, la dette, la consommation excessive, la pollution, l’immigration incontrôlée, sinon dans la fermeture et le conflit ?

Fermez les yeux, regardez le monde d’hier. La terrible guerre du Péloponnèse trouve son origine dans l’expansion orgueilleuse d’Athènes. Athènes a été détruite. Charles-Quint a fini en Philippe II et l’Invincible Armada dans l’abîme des rêves brisés.  Les Anglais ont livré une guerre impitoyable à Napoléon le conquérant de l’Europe jusqu’à ce que la France, dés 1814, soit définitivement réduite au rôle d’une puissance secondaire. Les anglo-saxons, encore eux, ont maté l’expansionnisme allemand entre 1914 et 1945 et l’Allemagne se trouve irrémédiablement englobée dans une Europe ectoplasme. Il en a été de même du Japon qui n’a eu besoin que de  quatre ans de guerre et de deux bombes atomiques pour comprendre pour toujours la leçon.

Le monde est-il soudainement devenu si angélique que, pour faire place à la Chine, les riches accepteront de devenir pauvres ?
 

La mondialisation n’est qu’un moment de l’histoire. Elle est en train de s'achever à l'instant où chacun s'accorde à célébrer son triomphe. La lutte pour les droits de l’homme et contre la pollution va  prendre le pas sur le libre-échange. Écoutez attentivement le discours ambiant, si vous en doutez. Cette double lutte couvrira de son vertueux manteau l’éternelle lutte pour la survie que mènent les êtres vivants, tous les êtres vivants, dont l’espèce humaine fait partie, je crois.

 

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Le risque de l'aveuglement scientifique

15 Janvier 2010 Publié dans #PHILOSOPHIE

Terra1Dans un article publié le 30 décembre dernier et intitulé «UNE THÉORIE GÉNERALE DE LA VIE?» je relevais que deux faits fondamentaux restent jusqu'ici irréfutables :
l’homme n’est jamais parvenu à créer la vie à partir de la matière inerte et la vie ne semble exister que sur Terre et sous une seule forme.

J’en concluais que la vérité scientifique semble aussi avoir des limites, puisque les faits opposent ainsi un double démenti à la théorie de l’évolution élargie qui cherche à établir une continuité de la pierre à l’homme, ce dernier relevant d’une  création « par hasard et par nécessité » au même titre que celle des cailloux.

La difficulté pour un scientifique d’admettre que ses capacités de découverte de la vérité ont des limites tient dans le postulat sur lequel il s’appuie pour trouver l’énergie, la conviction, la foi de se livrer à cette activité extraordinaire qui consiste à mener des recherches. Il lui faut soit partir de l’hypothèse que tout est explicable pour l’homme armé de sa conscience soit renoncer avant d’avoir commencé.

Car il lui est ontologiquement inacceptable de reconnaître que ses explorations sont susceptibles de se heurter à des barrières infranchissables, inhérentes à la condition humaine. On peut penser que cette difficulté conceptuelle à accepter l’existence de limites à la connaissance et à l’action est d’une certaine manière la bienvenue.  Car si ces barrières étaient intériorisées, elles freineraient voire annihileraient le zèle des chercheurs. Mais d’un autre point de vue, c’est une grave infirmité dans la mesure où l’aveuglement de l’esprit scientifique est lui-même une frontière de la conscience humaine qui reste à dépasser.

   Comment cela ? L’homme sait qu’il est seul dans l’Univers. Aucune autre forme de vie n’est prête à venir à son secours.  Il sait aussi que son espèce est condamnée à disparaître, lorsque les conditions extraordinaires de son émergence et de son développement se seront modifiées, y compris à cause de sa propre activité. Il sait enfin qu’il est probablement l’être vivant doté de la conscience la plus aiguë de sa propre existence. Malgré cette triple finitude, il prétendrait, en ne faisant appel qu’à sa raison orgueilleuse, expliquer tout à la fois l’Univers, la vie et l’existence de l’homme ? De quel point de vue prétend-il donc se situer ? l’homme-Dieu ?

Pourtant, sa raison lui murmure que l’orgueil possède aussi des limites.

Si bien que, si la conscience humaine est capable de progresser encore, ou d’évoluer, elle devra dépasser les limites de la pensée scientifique, non pas en la niant, mais en faisant le tour de sa capacité d’explication des mystères de l’Univers, de la vie et de la raison de toute chose…

 


 

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Les amis de la République Française

10 Janvier 2010 Publié dans #HISTOIRE

 robert-mugabe.jpgDans un article publié le 20 décembre dernier, je rappelai que les dirigeants français veillaient à proclamer leur credo dans les valeurs « républicaines » et non dans les valeurs démocratiques. Et pour asseoir leur prétendue supériorité face à la population française, ils ne se privent  pas de faire ostensiblement la leçon au reste du monde. Inversement, les dirigeants français ont de drôles,auxquels ils accordent une indulgence sans limites pour leurs atteintes aux principes les plus élémentaires de la démocratie.

La France a une curieuse liste d’amis, qui ont en commun une vision bien étrange de la défense des droits de l’homme et du citoyen. À leur tête figure le président de la République Algérienne Démocratique et Populaire, Abdelaziz Bouteflika. Il est le chef d’État d’un pays plus exemplaire encore que la France puisqu’il a dû lui faire la guerre pour s’en libérer. C’est sans doute pourquoi le gouvernement français n’impute pas au gouvernement algérien la responsabilité du massacre des harkis…

Ce n’est pas seulement par intérêt, par complexe de culpabilité ou par de vieilles complicités personnelles que l’oligarchie française soutient son homologue algérienne, c’est surtout parce que l’État algérien est en tout point fondé sur le modèle français et que les « élites » françaises se reconnaissent dans les dirigeants algériens, dans leur usage du pouvoir et dans l’organisation de l’État quel que soit le respect relatif des autorités algériennes pour les droits de l’homme que sont censés défendre urbi et orbi les dirigeants français.

Au-delà du régime algérien, fils spirituel de l’État français, on trouvait autrefois dans le cercle familial des dirigeants français le cousin Yasser Arafat aujourd’hui physiquement mort et politiquement enterré. Son décès fut une grande perte pour la France qui l’a constamment soutenu, protégé et financé. Prix Nobel de la Paix, président autocrate et corrompu de l’Autorité palestinienne, il a organisé le deuxième Intifada qui consistait à envoyer des kamikazes dans les autobus, les marchés ou les bars israéliens. Son pedigree terroriste n’a jamais effrayé les membres de l’oligarchie qui furent ses avocats constants, veillèrent à son soutien financier au sein de l’Europe et finirent par accompagner symboliquement son agonie. La France a t-elle soutenu Yasser Arafat au nom des droits de l’homme et du citoyen ? Elle l’a soutenu au nom de l’injustice qui était faite au peuple palestinien, au nom de son opposition aux États-Unis, au nom d’un romantisme révolutionnaire qui ne s’embarrasse ni des enfants assassinés, ni des détournements massifs de fonds, ni de l’autocratie. Dans le même registre, Robert Mugabe, le président du Zimbabwe était également un ami de cœur des dirigeants français. C’est un révolutionnaire pur et dur qui s’est lancé dans une campagne de terreur contre ses opposants et d’expropriation violente des fermiers blancs. C’est aussi Mugabe qui héberge au Zimbabwe le sinistre colonel Mengistu, celui qui a dirigé pendant dix-sept ans en Ethiopie un régime particulièrement sanguinaire. C’est ce même Mugabe que la France a voulu à toute force inviter au sommet des chefs d’Etat africains de Paris en février 2003, avec pour objectif de se désolidariser de nos amis britanniques.

À ces dirigeants-gangsters appréciés par les « élites » françaises, ajoutez-y Fidel Castro, Hugo Chavez et généralement tout dirigeant qui se prétend révolutionnaire au sens où il s’oppose aux Etats-Unis. 

Vous aurez alors compris la clé de la posture que se donne le gouvernement français, ami de la révolution mais ennemi de la liberté des peuples.

Nb: ceci est le centième article que je publie dans mon blog, depuis environ une année...

 

 

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Whatever works

5 Janvier 2010 Publié dans #ACTUALITÉ

whatever_works.jpgBoris Yellnikoff a tout raté dans sa vie. Son mariage, son prix Nobel, son suicide. Hypocondriaque, cynique, ce “génie” claudiquant peste contre l'humanité. Il a des crises de panique, des cauchemars, des rituels. Mais le hasard frappe à sa porte. Il recueille chez lui Melody, une jeune fugueuse de 21 ans, qui  s'incruste. Dés lors, le soi-disant pessimiste et revenu de tout se laisse séduire par la fugueuse. L’histoire ne s’arrête pas là, et bien sûr je ne vous la raconte pas.

C’est un film sarcastique, caustique, teinté d’humour noir. Le héros, qui aborde le film en s’adressant aux spectateurs, donne l’image d’un homme irascible et misanthrope, qui décline sa bile sur un mode essentiellement négatif. Un film libre, libertaire même, qui est une comédie à propos du bonheur, du hasard, du destin, de la chance.

Ce que j’ai aimé dans ce film, en dehors de son style, c’est le conseil simple que nous donne Woody Allen: “saisissez le bonheur dés qu'il pointera le bout de son nez”. C’est pourquoi j’ai choisi d’écrire mon premier blog de l’année sur le thème de Whatever Works, car ce conseil s’adresse à nous tous.

En début d’année, naturellement, nous nous présentons réciproquement pleins de vœux, de bonheur, de santé, de réussite. C’est gentil, cela ne coute pas grand chose, c’est bien léger au final. Puis au tout début de la suivante nous pousserons un soupir en constatant que l’année qui vient de s’écouler a été  assez dure et qu’heureusement elle se termine. Qu’avons nous fait entre-temps? Nous avons travaillé dur, le nez sur le guidon. Nous avons vécu comme d’habitude, avec nos réflexes, nos tics, notre regard ordinaire sur les êtres et les choses. Et en cette année qui commence, nous comptons toujours faire la même chose, en espérant que le monde veuille bien changer autour de nous. Fugace illusion.

Ce que nous dit “Whatever works”, c’est que nous devons commencer par être honnête avec nous-mêmes et reconnaitre que ce qui n’a pas marché hier, qui ne marche pas aujourd’hui même, ne marchera pas demain. C’est la lucidité de Boris, en scientifique intègre qu’il est. Dans la vie normale et triste qui est la sienne, il émet un énorme nuage de fumée qui consiste à pester contre tout le monde, mais il ne s’agit que d’un immense appel au secours camouflé. Au fond de lui, il reste à l’affut du bonheur. Aussi, dés qu’apparait Melody, il saisit immédiatement l’opportunité du changement et l’accepte sans barguigner. L’un après l’autre, surgissent les parents de Melody, la bouche pleine de principes et de  leçons de morale qui ne font que cacher leur désarroi face à l’échec de leurs vies respectives, fondées sur le conformisme et la bienséance. Dés que l’occasion se présente, c’est le miracle du film, eux aussi reconnaissent qu’ils se sont trompés et saisissent toutes les opportunités, aussi incongrues soit-elles, de vivre selon la manière qui leur convient.

C’est la leçon que je souhaite tirer de ce film et ce sont les vœux que je formule pour vous, et pour moi, bien entendu: démarrez l’année 2010 en essayant d’être honnête avec vous-même. Acceptez l’idée que ce qui n’a jamais marché ne marchera pas, ni aujourd’hui, ni demain. Ensuite ne comptez pas trop sur votre énergie pour changer les choses. Elle s’épuisera vite, et vous risquez de travailler comme vous avez toujours travaillé, c’est à dire dans le mauvais sens. Comptez plutôt sur la chance, elle vient toujours, car les trains passent pour tout le monde. Reste le double courage, celui de descendre du mauvais train et celui de monter dans un train inconnu, après avoir eu l’intuition de sentir qu’il s’agit bien du train qui nous conduira à la destination que nous attendions. 

La lucidité et le courage, voilà ce que je nous souhaite. Avec  ces deux armes, l’année 2010 sera bonne, vous verrez.

 

 

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