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Le blog d'André Boyer

LA FORCE DE L'ESPÉRANCE

22 Décembre 2015 , Rédigé par André Boyer

LA FORCE DE L'ESPÉRANCE

LA SOURCE QUI JAILLIT DU LABYRINTHE

Il fait doux en cette fin d’année, du moins par ici. C’est toujours cela de pris, car l’année a été dure pour pas mal de monde.

 

En tout premier lieu, je songe aux victimes humaines de la folie de leurs congénères, au Moyen Orient, en Afrique et évidemment chez nous, à Paris et ailleurs, à ces enfants fauchés dans leur innocence, à ces jeunes gens privés de futur, à ces otages décapités, à ces femmes promenées dans des cages, à toutes leurs familles et amis abasourdis par tant de malheur, à toute cette monstruosité destinée à nous effrayer, à se venger de je ne sais quoi, à montrer que l’on est sans pitié, à toute cette violence nihiliste…

Mais les hommes ne sacrifient pas que des hommes, ils font pire encore avec les animaux qu’ils élèvent avec une férocité industrielle pour les dévorer à moitié et jeter leur restes dans les poubelles, sans compter ceux qu’ils tuent pour le plaisir, quand ils en trouvent encore.

En outre, ils détruisent tout ce qu’ils peuvent, l’air, l’eau, la terre, les forêts, le pétrole, les métaux et je ne sais quoi encore. Alors c’est bien normal si toute cette voracité les fait grandir et se déplacer en nombre pour se disputer les endroits de la Terre encore viables.

En vain, on guette la moindre étincelle de modération dans ces usines qui crachent la mort à Tianjin, chez ces multinationales qui croissent jusqu’au ciel, chez ces financiers  gavés de bonus. Rien ne les arrête, ni la guerre, ni la pollution, ni même l’absurdité de leur quête.

Mais enfin, ce n’est pas nouveau, l’espèce humaine fonctionne ainsi, elle a beau savoir où elle va, elle y court les yeux grands fermés.

J’imagine avec émotion ces Européens débordants de certitudes qui jouissaient tranquillement de la douceur du mois de juillet 1914 tandis que leurs dirigeants les précipitaient vers la plus atroce des boucheries. Depuis cette affaire, je ne sais pas très bien pourquoi, je ne leur fais plus vraiment confiance, à ces dirigeants.

Aujourd’hui même, il ne reste plus beaucoup d’endroits ou on se sent bien chez soi, ni à Damas, ni à Tunis, pas même dans la douce France et pas plus chez nos cousins québécois. La-bas, c’est le meurtre de masse, ici, sans cesse s’accroit le nombre des chômeurs et le nombre des usines qui ferment, auquel se surajoute la folie meurtrière de malades mentaux qui circulent librement dans une Europe gavée d’idéaux dévoyés. Au-delà de l’Atlantique, derrière la consommation compulsive se dissimule le déficit d’espérance.

Or, depuis le tout début de son histoire, l’humanité est en mesure de supporter tous les maux à condition toutefois d’espérer, que ce soit en la vie éternelle, au succès futur de ses projets ou au mieux-être pour ses enfants.

Mais  si l’espérance manque, rien ne va plus.

Aussi l’attend-on comme le Messie, aussi la guette t-on bêtement, comme si elle pouvait venir des hommes politiques qui n’en peuvent mais, tout occupés à produire des politicailleries, pire encore des medias qui grimacent leurs piteuses caricatures ou encore des intellectuels qui se contentent de nous renvoyer à notre déficit d’espérance.

Cependant, tapie à l’intérieur de chacun d’entre nous, l’espérance ne demande qu’à sourdre, comme une source qui jaillirait timidement d’un labyrinthe.

J’en ai vu les prémisses sous la cendre qui nous recouvre, prémisses de paix, prémisses de conscience écologique, prémisses de lucidité, prémisses de révolte…

Partout où elle émerge, en Corse, à Paris, à Montréal, à Damas ou à Tunis, laissons la croitre en nous gardant bien de l’écraser sous les pas pesants de la barbarie, de l’injustice, de la cupidité ou de la bien-pensance. Vous verrez alors, qu’à peine surgie, elle se renforcera sans cesse jusqu’à renverser les monts les plus formidables.

 

Et justement ce temps de Noël nous rappelle que, depuis la nuit des temps, rien ne nous chaut plus que l’espérance

 

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Au désordre succède l'agitation permanente

21 Décembre 2015 , Rédigé par André Boyer

Au désordre succède l'agitation permanente

LA COURAGEUSE ET ROMANTIQUE DUCHESSE DE BERRY

 

Le désordre permanent s'achève pratiquement avec l’été. Le 28 septembre 1830, Casimir Perier siffle la fin de la récréation en déclarant, à propos du régime précèdent, que « tout ce qui devait être détruit l’avait été dans les trois jours ».

 

Pour remettre de l’ordre, Louis-Philippe nomme Laffitte président du Conseil. Il lui servira de fusible pendant un an, le temps de chasser quelques républicains des allées du pouvoir, comme La Fayette et Dupont de l’Eure, les 25 et 27 décembre 1830. Vieux républicains, le premier était responsable de la garde nationale et le second ministre de la justice. Un monarchiste de gauche, Odilon Barrot, fut en outre démis de ses fonctions de préfet de la Seine le 21 février 1831.

Laffitte est ensuite remplacé par Casimir Perier, le banquier et le penseur du régime qui n’a que le temps de définir sa ligne politique, l’ordre à l’intérieur, la non-intervention à l’extérieur, avant de disparaître en mai 1832, victime du cholera qu’il a contacté en allant visiter les victimes de l’épidémie à l’Hôtel-Dieu. Son petit-fils, Jean Casimir-Perier sera brièvement président de la République en 1894-1895.

Le gouvernement prend quelques mesures politiques libérales en matière électorale, encore que fort limitées. La loi électorale du 19 avril 1831 attribue le droit de vote à cent soixante sept mille électeurs, alors qu’il y en avait moins de cent mille sous la Restauration, pour atteindre deux cent cinquante mille électeurs vers 1848. La pairie cesse d’être héréditaire. La communauté juive de France reçoit un statut le 18 juin 1831, après la place plus grande faite aux Protestants. La répression de la traite des Noirs, amorcée sous la Restauration, prend de plus en plus d’ampleur, en coopération avec le Royaume-Uni.

Il intervient avec tout autant de prudence à l’étranger, notamment en Belgique, pour contrer l’intervention hollandaise, avec l’accord du Royaume-Uni. De plus, en Algérie, le gouvernement limite un moment la volonté expansionniste des militaires.

De mai à octobre 1832, Louis-Philippe gouverne seul, sans président du Conseil. Le Parlement n’étant pas en session, il estime qu’il lui faut prendre directement les  mesures rapides et énergiques que la situation politique troublée exige.

En effet, le parti légitimiste n’avait pas accepté le règne de Louis Philippe. En février 1832, des conjurés qui projetaient d’enlever Louis-Philippe pour proclamer roi le petit-fils de Charles X sont arrêtes. Puis, le 29 avril 1832, la Duchesse de Berry débarque de manière romanesque à Marseille, afin de susciter une insurrection en faveur de son fils, le duc de Bordeaux. Elle n’y parvient pas, se réfugie en Vendée, où l’armée doit intervenir face aux rassemblements de légitimistes, puis se rend à Nantes où elle est arrêtée le 7 novembre 1832 et incarcérée au fort de Blaye en compagnie de Chateaubriand qui est jugé complice de la conjuration. Finalement, la Duchesse de Berry est finalement expulsée vers Palerme le 8 juin 1833, après avoir accouché d’une fille en prison.

Pendant cette période, le 5 juin 1832, l’enterrement du général Lamarque déclenche une émeute à Paris, provoquée par les républicains organisés en sociétés secrètes, comme celle des « Amis du peuple » dans laquelle milite Auguste Blanqui, le Pugétois. Elle est réprimée de manière sanglante par le général Mouton, puisqu’elle fait au total huit cent morts et blessés.

 

Cette double victoire sur les légitimistes et les républicains conforte d’autant plus le régime  qu’au même moment le Duc de Reichstadt, le fils de Napoléon 1er, meurt à Vienne le 22 juillet 1832.

Tous les opposants à la Monarchie de Juillet sont à terre, légitimistes, bonapartistes et républicains sont à terre, mais les condamnations des émeutiers à des peines relativement légères, puisque la première condamnation à mort est cassée par la Cour de cassation et que les autres sont toutes commuées en peines de prison montrent que les républicains ont le vent en poupe. C’est pourquoi Laponneraye et Carrel publient les œuvres choisies de Robespierre, le 8 septembre 1832, afin de réhabiliter le grand homme de la Terreur.

 

 

En 1832, l’agitation est permanente et elle ne cessera plus jusqu’à la fin du régime en 1848, mais elle n’empêche pas le gouvernement de faire évoluer le pays…

 

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LA RECONNAISSANCE DE L'AUTORITÉ?

17 Décembre 2015 , Rédigé par André Boyer Publié dans #PHILOSOPHIE

LA RECONNAISSANCE DE L'AUTORITÉ?

LES NUANCES ENTRE LES NOTIONS DE RESPECT, DE RECONNAISSANCE ET D'AUTORITÉ SELON D'ALEMBERT

 

Qu’en est-il aujourd’hui de l’autorité du futur et du problème de la transmission ?

 

Le passé n’éclairant plus l’avenir, c’est à l’avenir qu’il revient d’autoriser le présent, puisque la transmission a pris le relais de la tradition.

Nous savons que la « crise de l’autorité » a pris aujourd’hui un caractère paroxystique en atteignant des institutions comme la famille, l’école ou la justice. Non seulement parce que le fil de la tradition a été rompu, mais surtout parce que l’autorité du futur s’est effondrée.

La crise de l’autorité ne procède pas seulement de son érosion mais aussi  de l’écroulement des projets, écroulement qui ne permet pas à l’autorité de s’appuyer sur une postériorité qui orienterait le cours de nos actions.

Au total, puisque l’autorité ne s’appuie ni sur le passé ni sur l’avenir, c’est notre rapport au temps qui est profondément ébranlé, comme le note Cornelius Castoriadis dans « La montée de l’insignifiance ».

Or la question de la temporalité est fondamentale pour asseoir la notion d’autorité. Puisque la modernité s’est constituée comme arrachement à un passé assimilé à la tradition, puisqu’elle a revendiqué l’auto-fondation de la raison, elle s’est projetée vers l'avenir, comme nouveau garant destiné à lui assurer son existence et sa perpétuation. Selon cette conception du temps par la modernité, l’homme s’est doté d’un projet historique qui lui a permis  de concevoir son action comme orientée vers le futur, ce dernier contenant l’ autorité qui oriente l’action, comme celle de la lutte contre la pollution ou contre le réchauffement climatique.

Aussi lorsque l’idée de progrès s’effondre, c’est en même temps celle d’un avenir qui s’accomplit qui  disparait. Au reniement du passé, s’ajoute l’occultation du futur, contraignant l’autorité à se situer dans la totalité de la temporalité, car nous partageons le monde non seulement avec nos contemporains, mais aussi avec tous nos prédécesseurs et nos successeurs. Il reste que la question de la renaissance de l’autorité, et donc de ses fondements, reste pendante, à la condition impérative  de ne pas la confondre avec celle du pouvoir.

Car cette éventuelle renaissance de l’autorité n’est pas celle de l’obéissance, puisque l’autorité n’appelle que la reconnaissance, de telle sorte qu'une autorité non reconnue n’a pas de sens. Parler d'autorité reconnue ou légitime est un pléonasme, alors que le pouvoir implique nécessairement un élément de contrainte, y compris dans le cas du pouvoir démocratique, l'idéal consistant  bien sûr  à exercer le pouvoir tout en détenant l'autorité.

Le problème qui se pose actuellement est justement  celui d'un pouvoir sans autorité, y compris au sein des familles. Car l’autorité est une relation spécifique qui n'implique ni la contrainte ni l'égalité des termes en présence, qui est reliée à un concept énigmatique, une sorte d'aporie ou de noyau opaque, sur lequel butent la plupart des analyses. 

 

Car la supériorité ou la précédence de celui qui exerce l'autorité est suspendue à la reconnaissance. Et celle-ci est elle-même une notion complexe puisque la reconnaissance n’est pas nécessairement liée à des facteurs rationnels  mais s’enracine aussi dans des motivations affectives. Elle peut être extorquée et elle est même parfois de l'ordre de la servitude volontaire. Aussi peut-on avancer que l’autorité est  finalement subordonnée à la question de sa reconnaissance.

 

Mais dans une situation temporelle dans laquelle l'autorité est le plus souvent absente, il s'agit finalement de concevoir un management qui s'appuie sur un pouvoir sans autorité....

 

 

 

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La chienlit de l'été 1830

13 Décembre 2015 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

La chienlit de l'été 1830

UNE RÉVOLUTION QUI SE PROLONGE PAR LE FLOTTEMENT DU POUVOIR

Tandis qu’en haut, c’est la chasse aux bonnes place, dénoncée par un vaudeville intitulé « la Foire aux places », en bas les grèves et les manifestation se succèdent, renforcées par la concordance des mouvements révolutionnaires qui agitent la Belgique, l’Italie et la Pologne.

 

Les républicains se retrouvent au sein de clubs, dans lesquels ils réclament des réformes politiques ou sociales. Dans le même temps, le gouvernement épure l'administration de tous les sympathisants légitimistes et les remplace par un personnel nouveau issu de la révolution de Juillet  C’est le retour aux affaires de la partie du personnel du Premier Empire qui en avait été écartée sous la Seconde Restauration. La grande différence entre la Restauration et la monarchie de Juillet, réside dans la substitution dans la substitution, à l'intérieur du même groupe social, des tenants d'une mentalité favorable à l'esprit de 1789 aux tenants d'une mentalité qui lui était hostile.

Les ouvriers réclament une hausse des salaires que Thiers trouve déplacée, la diminution du temps de travail et l’expulsion des travailleurs étrangers.

Des revendications très modernes.

En tant que cible, l’Eglise n’est pas oubliée: le séminaire de Metz est mis à sac en octobre 1830. Des émeutiers mettent aussi à sac l’église de Saint-Germain-l’Auxerrois et l’archevêché en février 1831, à la suite d’une messe en mémoire de l’assassinat du duc de Berry qui avait eu lieu dix ans auparavant en 1820 ; des églises sont aussi saccagées à Auxerre, Dijon, Arles, Nîmes, Perpignan, Angoulême, Nancy et Lille.

Pendant trois mois, l'agitation est permanente, entretenue par la presse républicaine et libérale. Le gouvernement ne dispose pas des moyens de sévir, d'autant que la Garde Nationale est dirigée depuis le 16 août 1830 par La Fayette, qui se trouve être le chef de file des républicains.

Louis-Philippe doit donc souffrir les familiarités des « héros de Juillet » qui réclament, selon la formule de La Fayette, « un trône populaire entouré d'institutions républicaines ». Sous les ricanements des légitimistes, le « roi-citoyen » distribue force poignées de main à la foule ; devant le Palais-Royal ce sont en permanence des attroupements qui réclament à tout bout de champ Louis-Philippe pour lui faire chanter La Marseillaise. Mais le roi joue un rôle bonhomme de pure composition, on va s’en apercevoir rapidement.

Ces évenements rappellent étrangement l’été 1789 et le mois de mai 1968 ; le pouvoir flotte et hésite.

Mais tout le monde sait que les puissances européennes, qui sont composées des alliés de 1814, signataires du traité de Vienne, Autriche, Prusse, Russie et, à un moindre degré, Royaume-Uni, n’accepteraient pas l’installation d’une nouvelle république en France.

C’est ce qui fait la force constitutive du régime artificiel qui s’installe au pouvoir. Mais les jacobins, incorrigibles, veulent des têtes et plaident pour l’exportation de la révolution en Europe: Armand Carrel fait campagne en ce sens en janvier 1830 dans le journal « Le National ».

Sans entrain, les orléanistes cherchent à les calmer en prenant des mesures répressives contre les fidèles de Charles X. Symboliquement, on incarcère quatre ministres de Charles X, des manifestations sont organisées en vain pour demander leur condamnation à mort, on exclut des députés et on commémore l’exécution des quatre sergents de la Rochelle.

 

Mais le pouvoir évite soigneusement de provoquer un conflit européen, au grand dam des républicains et bonapartistes.

 

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LA GUEULE DE BOIS

9 Décembre 2015 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE

LA GUEULE DE BOIS

PARFOIS, LES ANIMAUX ONT AUSSI LA GUEULE DE BOIS

 

J’ai soutenu ma thèse le 2 janvier 1979, au lieu de la fin de l’année 1978 comme cela était prévu. Il en est résulté des conséquences apparemment fâcheuses qui se révélèrent plus tard un coup de pouce du destin, comme cela arrive parfois dans la vie.

 

Quand mon directeur de thèse m’apprit que le CNU refusait d’accepter ma candidature à un poste de Maitre de Conférence pour l’année 1979 parce que j’avais soutenu ma thèse avec deux jours de retard, je le pris sur le coup comme une injustice alors que le CNU avait bien sûr raison de respecter scrupuleusement la légalité. En effet, seules les thèses soutenues en 1978 pouvaient être prises en compte pour le dossier de candidature. Ce retard allait être ma chance, mais je ne le savais pas en ce début 1979. Tout ce que je voyais, c’était que je ne deviendrai Maitre de Conférence en Sciences de Gestion qu’en octobre 1980, huit ans après mon entrée à l’université, un délai bien long dont j’étais évidemment le principal responsable.

Car, avec une certaine suffisance, je ne doutais pas que j’allais devenir Maitre de Conférence en raison de mes nombreuses publications depuis 1973, selon le modeste standard de l’époque,  qui comprenaient, outre la thèse, huit articles dont deux en anglais dans d’excellentes revues. Ces derniers avaient été écrits grâce à mon co-auteur Kristian Palda dont la renommée et la rigueur d’analyse et d’écriture m’avaient propulsé en avant. À mon avis, cela devait suffire à m’assurer un recrutement aisé.

Je le croyais, mais j’allais voir se dresser des obstacles inattendus sur mon chemin. En attendant, je me retrouvais les bras ballants, continuant la routine de mes activités, l’enseignement, la direction du CEPUN et celle de l’Université du troisième âge et aussi mes fonctions de Conseiller Municipal, mais pas la production d’articles car le sprint final de la thèse m’avait détourné pour quelque temps des joies de l’écriture.

On constatera ici même  que ce goût m’est depuis revenu…

Les nuages s’accumulaient lentement au-dessus de ma tête, sans que j'en prenne tout de suite conscience, du fait du Cepun (voir notamment mon blog « Comment échouer au Cepun »). La situation y devenait de plus en plus instable en raison de l’opposition constante de la secrétaire générale de l’institution, l’inusable Miss W., de la candidature potentielle d’un de mes collègues qui, après avoir passé quelque temps à l’étranger, cherchait un point de chute à l’Université de Nice et sans aucun doute de l’activisme, exaspérant pour les ronds de cuir, de la jeune équipe pleine d’enthousiasme et de fraicheur que j’avais recruté.

On me fit comprendre au printemps 1979 qu’il serait de bon ton de laisser la direction du Cepun à mon collègue. Je savais qu’il en résulterait le retour au pouvoir de Miss W., le licenciement de l’équipe que j’avais recrutée et la fin des actions de rénovation que j’avais entrepris. Mais je n’avais guère le choix qu’entre démissionner ou être débarqué et je savais aussi que mes « succès » aggravaient plutôt mon cas qu’ils ne plaidaient en ma faveur. 

Au mois de juin 1979, avec effet en septembre 1979, je démissionnais donc de la fonction de Chargé de Mission du Cepun. La suite fut conforme à ce que je craignais, mon équipe fut aussitôt licenciée, la nouvelle maquette du Cepun fut remplacée par l’ancienne, les salles libres chèrement obtenues furent abandonnées et pire encore, la partition du Cepun fut accordée à l’IUT de Nice.

C’était un vrai désastre pour le Cepun et un complet désaveu de mon action!

Je le ressentais ainsi et j’en étais consterné. Au bout de presque huit ans à l’Université, c’était un vrai échec qui était le résultat de mon incompréhension des mécanismes de pouvoir à l’Université. Je ne l’oublierai plus. Bien sûr, j’avais par ailleurs passé ma thèse et j’avais créé l’Université du troisième âge, mais j’étais toujours assistant.

 

Je décidais donc d’ajouter à la démission de la direction du Cepun, celle de la direction de l’Université du troisième âge.  Ce fut une excellente décision, comme chaque fois que j’ai trouvé le courage  de renoncer à un poste et à un salaire pour retrouver ma liberté d’action.

 

 

 

 

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La monarchie de Juillet, un régime politique bricolé

4 Décembre 2015 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

La monarchie de Juillet, un régime politique bricolé

FRANÇOIS GUIZOT, MINISTRE DE L'INTÉRIEUR DU PREMIER GOUVERNEMENT DE LA MONARCHIE DE JUILLET ET PRÉSIDENT DU CONSEIL DE SON DERNIER GOUVERNEMENT

Les émeutes de juillet 1830 ont été utilisées par les députés royalistes libéraux de la Chambre pour se choisir un roi et une constitution à leur convenance.

Ils s’y mettent tout de suite pour faire adopter sans délai par les Chambres, le 7 août 1830, la révision de la Charte, malgré quelques manifestations qui dénoncent l’abus de pouvoir constituant qu’elles s’arrogent à cette occasion.

Le 3 août 1830, le duc d’Orléans a en effet ouvert la session parlementaire en présence de 240 députés sur les 417 élus et de 70 pairs. Il annonce l’abdication de Charles X et une réforme de la Charte. Le député Bérard est chargé de présenter dés le lendemain un projet remanié par un petit groupe de députés dans lequel le duc de Broglie et Guizot jouent un rôle important. Dupin présente aux députés, le 6 août  un rapport sur la révision de la Charte qui est votée le 7 août par 219 députés contre 33, 89 pairs contre 10 et 14 abstentions, et qui déclare que le trône est vacant. Mais entretemps 188 députés ont quitté la Chambre et 251 pairs n’ont pas participé aux débats.

Le caractère précipité et bâclé de ce vote engendre un régime condamné à disparaître dés l’origine, puisqu’il n’est véritablement approuvé que par la toute petite caste qui domine l’assemblée.

Il suffira en effet aux républicains de jouer pendant dix-huit années sur le registre de l’illégitimité pour obtenir le rétablissement de la république, sans que la population ne le réclame ni ne l’approuve vraiment, même après la guerre de 1870. 

Pour se donner bonne conscience, le régime mise sur des symboles de libéralisme, tandis qu’il pratique plus sérieusement des innovations législatives destinées à donner plus de pouvoir aux parlementaires. Du côté des symboles, le préambule qui faisait de l’acte constitutionnel un acte octroyé par le roi est supprimé. Rien n’indique d’où provient cette modification de l’origine du pouvoir, si ce n’est le vote des Chambres. L’article 6 abroge le privilège de l’église catholique afin de permettre  aux ministres protestants le droit d’être rémunérés, comme les prêtres catholiques. L’article 7 interdit la censure de la presse. L’article 67 rétablit le drapeau tricolore. De plus, des innovations législatives sont prises qui donne au régime un caractère plus parlementaire.

Mais les véritables réformes concernent le pouvoir des parlementaires. Le droit d’initiative législatif est accordé aux deux Chambres, l’élection des députés a lieu tous les cinq ans, le président de la Chambre est élu par les parlementaires, l’âge de la majorité électorale et de l’éligibilité est réduit et les tribunaux d’exception sont interdits.

 

Enfin la Chambre annonce sans faiblir que « l’intérêt du peuple français » tel qu’elle en juge, « appelle au trône S.A.R. Louis Philippe d’Orléans… ».

Elle l’invite donc à accepter la Charte modifiée et à recevoir ensuite « le titre de roi des Français. », invitation que le Duc d’Orléans accepte volontiers. Le 9 août, il prête serment à la Charte et prend ipso facto le titre de « Louis-Philippe 1er, roi des Français ».

Le 11 août, le nouveau gouvernement est formé. Il est dominé par Guizot et Casimir Perrier et il comprend plusieurs ministres de culte protestant, sans doute en réaction à la place éminente de l’Église catholique sous Charles X.

 

Le temps du bricolage est achevé, il reste à faire fonctionner les institutions face à un pays tout chamboulé par cette fausse révolution…

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