Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog d'André Boyer

Hommage à la vie

31 Décembre 2012 Publié dans #INTERLUDE

Pour commencer l’année 2013, je vous propose cet Hommage à la vie 

VIE

C’est beau d’avoir élu

Domicile vivant 


Et de loger le temps 


Dans un coeur continu,

Et d’avoir vu ses mains 


Se poser sur le monde 


Comme sur une pomme 


Dans un petit jardin, 


D’avoir aimé la terre, 


La lune et le soleil, 


Comme des familiers 


Qui n’ont pas leurs pareils, 


Et d’avoir confié 


Le monde à sa mémoire 


Comme un clair cavalier 


À sa monture noire, 


D’avoir donné visage 


À ces mots : femme, enfants, 


Et servi de rivage 


À d’errants continents, 


Et d’avoir atteint l’âme 


À petits coups de rame 


Pour ne l’effaroucher 


D’une brusque approchée. 


C’est beau d’avoir connu 


L’ombre sous le feuillage 


Et d’avoir senti l’âge 


Ramper sur le corps nu, 


Accompagné la peine 


Du sang noir dans nos veines 


Et doré son silence 


De l’étoile Patience, 


Et d’avoir tous ces mots 


Qui bougent dans la tête, 


De choisir les moins beaux 


Pour leur faire un peu fête, 


D’avoir senti la vie 


Hâtive et mal aimée,

De l’avoir enfermée 


Dans cette poésie.

Jules Supervielle

Lire la suite

Prélude au drame de la Convention

30 Décembre 2012 Publié dans #HISTOIRE

Le 23 décembre dernier, j’ai publié un blog, dans la série histoire, intitulé « La commune insurrectionnelle terrorise la France » Il en ressort que la dictature de la Commune insurrectionnelle de Paris est présentée dans l’histoire officielle comme légitime.

BrissotRevenons donc au cours de l’histoire.

Le calendrier devient républicain, mais comme cela n’a duré que du 6 octobre 1793 au 31 décembre 1805, avec un calcul rétroactif des dates à partir du  premier jour de l’an I de la République, le 22 septembre 1792, nous continuerons à utiliser pour notre part le calendrier traditionnel, sauf pour les dates historiques les plus connues.

Les sept cent cinquante députés de la Convention se répartissent en trois groupes : composée de politiciens provinciaux, la Gironde souhaite plus de libertés dans les départements. C’est ainsi que Lasource, député du Tarn, demande ingénument « que Paris soit réduit à un quatre-vingt-troisième d'influence, comme chaque département » ! On ne peut que constater que l’histoire ne lui ait guère donné satisfaction jusqu’à ce jour, les autonomistes corses, bretons ou basques en savent quelque chose.

Face à la Gironde, la Montagne s’appuie sur la Commune insurrectionnelle. Malgré une participation au vote de dix pour cent seulement des électeurs, elle n’a même pas réussi à obtenir la majorité au sein de la Convention, c’est dire si elle est minoritaire !

Entre les deux, certains députés se situent dans le Marais ou la Plaine. Les plus habiles d’entre eux, comme Sieyès, Cambacérès ou Boissy d’Anglas, sauront attendre que les deux premiers groupes s’entredéchirent pour s’emparer du pouvoir après le 9 Thermidor.

Le chef de file des Girondins est incontestablement Jacques-Pierre Brissot, ce qui fait que les Girondins ont aussi été appelés les « brissotins ». On a oublié que Brissot a été un des principaux acteurs de la Révolution, dans la mesure où il a été éliminé par Robespierre. Ses écrits comme ses discours ont pourtant fortement contribué à la marche vers la Révolution.

Brissot a été élu à l’Assemblée législative le 18 septembre 1791. Il s’oppose tout de suite à Robespierre, Danton, Marat, Camille Desmoulins ou Hébert, au sujet de la déclaration de guerre aux puissances européennes. Lui en est fortement partisan afin de  lutter contre les menées des émigrés, de propager la Révolution en Europe et de contraindre le roi à prendre parti. Ses adversaires craignent au contraire que la guerre ne signe la perte de la Révolution. Aussi, lorsque le roi s’enfuit et est rattrapé à Varennes en juin 1791, il en conclut que le roi doit être déchu et la République proclamée, puisqu’il s’associe aux adversaires du Royaume. 

C’est Brissot qui a fondé en 1786 la Société des amis des Noirs  dont le but est de supprimer l’esclavage aux colonies et qui réussit à faire voter le 24 mars 1792, pour une fois avec l’accord de Robespierre, un décret accordant l'égalité des droits entre les  hommes de couleur libres et des blancs. On n’en est pas encore à l’abolition de l’esclavage, même sous la Révolution…

Brissot est réélu à la Convention, et il a tout de suite le courage de flétrir les massacres de septembre 1792 puis de s’élever avec énergie contre la condamnation à mort du roi, tout en se résignant à voter sa mort dans la mesure où se vote lui paraît inévitable mais en l’assortissant de la condition expresse que le jugement ne sera exécutoire qu’après avoir été ratifié par le peuple. Cette condition n’est nullement respectée ; elle ne sert qu’à exaspérer les Montagnards et ne retarde en rien l’exécution de Louis XVI. Accusé de royalisme et de fédéralisme, poursuivi par la haine de Robespierre, Brissot sera finalement arrêté le 2 juin 1793, condamné à mort le 30 octobre 1793, avec vingt-et-un de ses collègues girondins et guillotiné le lendemain, à l’âge de trente-neuf ans.

Louis XVI, qui ne se faisait aucune illusion sur l’issue de son procès, écrivit son testament la veille du début des audiences, le 25 décembre 1792. Son procès est d’ailleurs le révélateur de l’ambiance de terreur subie par les députés de la Convention qui doivent voter en séance publique et par appel nominal à la tribune…

Lire la suite

La Commune insurrectionnelle terrorise la France

23 Décembre 2012 Publié dans #HISTOIRE

Le 28 novembre dernier, j’ai publié un blog titré «  La France de la Terreur se met en place » qui décrit comment les insurgés prirent le pouvoir après le 10 août 1792 en dissolvant le régime constitutionnel royal.

 

massacres-septembre-1792.jpgDès que la nouvelle de la sédition fut connue en province, des révoltes royalistes éclatèrent dans le Dauphiné, à Lyon, en Bretagne, en Mayenne et en Vendée. Rappelons-nous, tant l’histoire officielle inverse les rôles, que la royauté était le régime légal de la France et que les conventionnels de l’automne 1792 n’étaient que des putschistes.

Pour lutter contre cette résistance légaliste, la Commune insurrectionnelle décida d’envoyer des commissaires qui créèrent dans tous les départements des comités de surveillance à côté des municipalités.

Puis, regardez comme les événements vont vite, le 17 août 1792, à la demande de la Commune insurrectionnelle, la minorité des 285 députés de l'Assemblée nationale législative inventa un tribunal criminel extraordinaire, composé de juges élus par les sections parisiennes, devant lequel devaient être traduits les « contre-révolutionnaires ».

La suite du calendrier de ce groupe terroriste est tout aussi révélatrice :

Le 19 août, la garde nationale est purgée des opposants à la Commune.

Le 21 août a lieu la première exécution politique, lorsque Collenot d’Angremont, chef du bureau de l'Administration de la Garde Nationale, est guillotiné.

Le 26 août, les prêtres réfractaires sont condamnés à la déportation.

Le 29 août, la Commune insurrectionnelle impose le vote à haute voix et en public aux électeurs parisiens.

Le 30 août, la Commune inaugure les visites domiciliaires : elle arrête six cent « suspects ».

Du 2 au 5 septembre, le Conseil exécutif « laisse » se produire les massacres de plus de mille deux cent prisonniers, dont de nombreux prêtres réfractaires, dans l’abbaye de Saint-Germain. Notez comme l’historien contemporain veille aujourd’hui encore à excuser  à demi ces massacres : « le tocsin qui sonne, un climat de frayeur panique, l’obsession punitive, aucune instruction repérable, aucun ordre venu d’en haut, des petits bourgeois qui se transforment en égorgeurs, les modérés qui prennent peur et se taisent, des hommes politiques qui endossent l’événement comme « inévitable » tels sont les enchaînements « ordinaires » de cette première Terreur » écrit en 1999 Jacques Marseille (1945-2010), un historien pourtant réputé libéral, dans sa Nouvelle Histoire de la France (page 688).

Que de justifications pour un massacre extraordinaire par son ampleur et par sa nouveauté ! Les bénéficiaires en étaient Danton et leurs complices qui se débarrassaient d’opposants sans avoir à en porter directement la responsabilité, qui terrifiaient leurs adversaires et qui compromettaient tous les exécutants, devenus leurs obligés. Un massacre bienvenu !

L’ambiance est à la haine : écoutez le bon abbé Grégoire, un député de la Convention, qui déclarait le 21 septembre 1792 en séance : « Les rois sont dans l’ordre moral ce que les monstres sont dans l’ordre physique. Les Cours sont l’atelier du crime, le foyer de la corruption et la tanière des tyrans. » Cette déclaration suivait de deux semaines à peine les massacres des collègues prêtres de l’aimable abbé, commis au nom de la liberté dans les prisons de l’Abbaye de Saint-Germain.

Le 21 septembre, dés sa première réunion, la Convention décide d’abolir la royauté. Le 22 septembre 1792 est proclamé le premier jour de l’an I de la République. Notez que c’est une date dont vous n’avez jamais entendu parler, alors qu’elle est celle de la fondation de nos républiques, la Ve étant par définition après cette république-là, dont on devrait logiquement célébrer l’avènement.


Mais la date et l’époque sont si peu glorieuses, que notre République, tout en comptant la première comme une vraie république, préfère en occulter la date, minimiser les événements qui la fondent et faire passer les royalistes pour des rebelles, des insurgés, alors que c’étaient la Commune de Paris qui organisait la sédition.

Lire la suite

Minable, vous avez dit minable...

20 Décembre 2012 Publié dans #ACTUALITÉ

La réplique du comédien Gérard Depardieu au Premier Ministre Jean-Marc Ayrault passera probablement à la postérité. Plutôt que d’y ajouter mon propre commentaire (sauf en conclusion), j’ai préféré m’intéresser aux réactions à chaud des internautes, et plus précisément aux 258 réactions que j’ai relevées à un article sur ce sujet du Parisien Libéré du 17 décembre 2012. Dans la mesure du possible, j’ai repris les expressions qu’utilisent les auteurs des réactions mentionnées.

Depardieu

Il faut constater en premier lieu que la majorité de ces réactions est plutôt favorable à Gérard Depardieu, ce qui se traduit le plus souvent par une opinion négative contre l’attitude du Premier Ministre, du gouvernement et des hommes politiques en général. Cependant, il n’est pas certain qu’elles expriment l’avis de l’opinion, car les opinions exprimées sont celles des lecteurs  du Parisien Libéré. Ces opinions peuvent être classées par thèmes :

Sur Gérard Depardieu et son comportement : peu trouvent Gérard Depardieu sympathique, mais la plupart reconnaissent qu’il est libre de faire ce qu'il veut, entre autres d'émigrer si ça lui chante. Tout ce qu’il fait est légal, alors pourquoi toutes ces histoires ? Il ne va pas dans un paradis fiscal, il quitte un « enfer fiscal ».





D’autres, au contraire, saisissent l’occasion de le critiquer personnellement : ils n’aiment pas ses films, il soutient les dictateurs, il a profité des subventions. Et puis, même si une majorité rend hommage à ses qualités d’acteur, d’autres pensent que c’est grâce aux subventions octroyées au cinéma français et aux intermittents du spectacle que Depardieu a gagné de l’argent.  En outre, c’est un grossier personnage, c’est un type qui « pisse » et insulte les gens dans un avion, qui roule sur son scooter en étant « bourré »:  qu’il s’en aille, c’est tant mieux pour la France !

À l’opposé, la critique des hommes politiques est quasi générale : ce qui émerge souvent, c’est que le Premier Ministre n’a pas à formuler de jugement moral sur un acte privé ; pas plus que les ministres, pour lesquels ils emploient le terme de « meute ministérielle ». Quant aux hommes politiques en général. qu’ils « balaient devant leur porte » ! On dénonce leur train de vie, leurs privilèges, leurs fraudes fiscales. On les invite à donner l’exemple en sabrant leurs revenus, avant de se hasarder à donner des leçons de morale. Certains qualifient de « totalitaire » le comportement d’un gouvernement qui insulte ses propres citoyens. Pourtant certains défendent le terme « minable » utilisé par le Premier Ministre en arguant que Depardieu le mérite.

Sur cette lancée, les commentateurs parlent beaucoup d’injustice, d’hypocrisie, d’écran de fumée : Il faudrait ne pas oublier les footballeurs, les joueurs de tennis domiciliés en Suisse, Noah, Cahuzac et son supposé compte en Suisse et taxer les oeuvres d'art. Certains dénoncent Mélenchon que d’autres défendent en observant que lui au moins, ne part pas à l’étranger.

Beaucoup pointent l’hypocrisie de ceux qui critiquent Depardieu, car ils feraient comme lui s’ils avaient de l’argent : ils sont « juste jaloux » !  Finalement, il y a toujours des finauds qui bottent en touche en remarquant que pendant que l’on parle de Depardieu, on ne parle pas des « vrais » problèmes, en d’autres termes des problèmes qui les intéressent eux… 

Les impôts, leur nécessité, leurs taux, suscitent de nombreux commentaires : on observe que les impôts sont nécessaires pour financer les aides sociales, avec les réserves que font certains sur les fraudes : « des profiteurs, il y en a en France et beaucoup. »
 Il est alors logique que les riches se « barrent », conséquence de la « politique d'assistés, du nivellement par le bas et de la jalousie maladive d'une partie des Français ». Ceux-là pensent qu’il est plus que temps de réduire la fiscalité. D’autres pensent que l’on ne peut pas défendre l’idée d’exil fiscal, car  être Français c'est d'abord et avant tout payer ses impôts !

Certains lecteurs contestent que Gérard Depardieu puisse être imposé à 85% sur ses revenus, mais il semble bien que les calculs des fiscalistes démontrent qu’un tel taux d’imposition est possible. Aussi nombre de commentateurs reconnaissent-ils que ce taux est excessif, voire confiscatoire.

Du coup, le débat porte sur les riches et les pauvres. Les uns regrettent que les riches partent de France et constatent qu’ils ont « les moyens de partir, eux ». Ils le regrettent, parce qu’ils observent que les impôts que paient les riches financent les prestations sociales et réduisent les impôts versés par les classes moyennes. Pour eux, il faut que la France évite de faire fuir les riches, les investisseurs, les créateurs d'emplois.

Mais à l’inverse, certains observent que les riches ne le sont que grâce aux pauvres, et ils trouvent que c’est « tant mieux que les riches partent » ! Encore que, de manière un peu contradictoire, certains proposent de faire  vraiment une politique de gauche en prononçant "a déchéance de la nationalité française" des fuyards et "la confiscation de leurs biens en France". D’autres vont encore plus loin, en recommandant d’extrader les exilés fiscaux et de les emprisonner si nécessaire (intéressant : voir mes articles sur la période de la Terreur).

Finalement, la réflexion se porte sur la France, sa nature, son avenir. Plusieurs n’hésitent pas à traiter la France de « démocratie populaire avec sa nomenklatura, son surnombre de fonctionnaires, ses régimes spéciaux de retraite ». Tant qu'il y a eu « des entrepreneurs riches pour alimenter les caisses de l'Etat, l’État a continué à dépenser ». Mais « le réveil des contribuables fortunés face au tonneau des Danaïdes que l’État baptise « dépenses de  solidarité » l’incite à sonner le tocsin contre les  mauvais Français qui partent investir ailleurs ».

Il faut donc s’attendre à des lendemains qui déchantent, car « aucun Gouvernement n'osera toucher à ces institutions privilégiées ». Il ne reste plus qu’à partir et quelques commentateurs proclament leur volonté, réelle ou supposée, de quitter la France. D’autres appellent à la révolte face aux politiciens, ou même aux bobos, qui les pillent, tandis qu’il reste des  optimistes qui mettent en avant la qualité de la vie en France…

courbe-de-Laffer.jpeg

Si l’on peut donc retenir de l’incident provoqué par le Premier Ministre qu’il s’agit d’une maladresse qui a provoqué un choc et une prise de conscience de l’opinion, je rappellerai en outre les enseignements de la courbe de Laffer (voir le graphique joint) : lorsque les prélèvements obligatoires sont déjà élevés, une augmentation de l’impôt conduit à une baisse des recettes de l'État, soit parce que les agents économiques surtaxés sont incités à moins travailler, soit parce qu’ils quittent le pays pour réduire leur taux d'imposition. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lire la suite

Les premiers pas d'une université du troisième âge

17 Décembre 2012 Publié dans #INTERLUDE

Je vous ai déjà conté, les  1er et 13 mai dernier, comment j’avais « inventé » puis créé l’université du troisième âge de Nice. Voici comment dans un reportage du quotidien « Le Monde » du 3 mai 1975, ce journal  publiait en page dix, un article du jeune journaliste Bruno Frappat, qui a été ensuite président du directoire du groupe Bayard Presse, intitulé « Les premiers pas d’une université du troisième âge ». Mes commentaires sont insérés entre crochets.

 

bruno-frappat-ex-president-du-directoire-du-groupe-bayard-p.jpgL’article commence ainsi :

« Notre but est de retarder le vieillissement, de faciliter un art de vivre au troisième âge et de laisser naître la créativité qui est en nous. » Prononcés au Centre universitaire méditerranéen, au 65 de la Promenade des Anglais, ces propos du Président de l’université de Nice [le professeur Jean Touscoz] avaient de quoi séduire l’auditoire. Qui parmi les cent mille personnes de plus de soixante ans qui vivent à Nice ne rêve de « retarder le vieillissement » ? Qui, dans cet amphithéâtre, parmi les deux cents personnes venues participer à l’ouverture de la session expérimentale de l’université du troisième âge, ne s’associerait pas d’enthousiasme à une entreprise qui vise à faire de la retraite un temps de vraie vie, intellectuelle et physique ? Aussi les applaudissements ont-ils joyeusement crépités sous les plafonds austères de l’amphithéâtre du bord de mer.

[….]

La réunion d’information permet au professeur de médecine René Bourgeon d’exposer « le programme médical et celui de culture physique, évidemment liés » Il recommande en outre aux participants « une conférence, capitale, sur l’équilibre psychique ». Beaucoup prennent des notes sur des petits carnets tous neufs ou griffonnent  au dos de papiers imprimés.

Un professeur de gymnastique, lui-même à la retraite, expose ensuite au public studieux comment se répartiront les « étudiants » dans les groupes d’ « entretien physique » : il y aura le groupe de ceux qui sont « en parfaite condition », le groupe des gens de « condition physique moyenne », enfin les « personnes à ménager ». « Des exercices bien dosés, précise t-il à l’intention de ces dernières, vous permettront de récupérer une grande partie de vos facultés, notamment grâce à des exercices respiratoires et de coordination. »  On applaudit avant d’écouter, avec la même attention studieuse, un professeur de sociologie [ Le professeur Jean Poirier] venu exposer le « volet culturel » de l’université du troisième âge.

Pendant six semaines, les étudiants du troisième âge pourront s’intéresser à cinq thèmes d’étude à raison, pour chaque thème, d’une conférence magistrale, d’une « table ronde » et d’une réunion de synthèse. Pour cette session expérimentale, cinq thèmes ont été retenus : les sociétés traditionnelles et le troisième âge, les problèmes sociaux du troisième âge, le troisième âge dans l’Antiquité grecque, diététique et troisième âge et les problèmes administratifs du troisième âge. Cela fait, pourra t-on penser, beaucoup de séances tournant autour d’une situation que les stagiaires veulent au contraire oublier [une remarque pleine de bon sens de l’excellent journaliste qu’est Bruno Frappat]. Mais il s’agit jusqu’ à la fin du mois de mai d’une session expérimentale et, dès le mois d’octobre, on parlera d’autre chose [ce qui fut fait].

Un jeune homme brun, chemise jaune, cravate écossaise aux couleurs vives [Il se moque un peu de moi, mais gentiment et à juste titre], déchaîne presque l’enthousiasme lorsqu’il déclare à l’assemblée des têtes blanches : « Imagination, solidarité et optimisme sont les maîtres-mots de notre université du troisième âge [c’était vrai!]. Nous faisons tous partie de la même société, il est inadmissible qu’une partie de la population se sente isolée et rejetée [je le pense toujours]. » André Boyer, trente ans, assistant de gestion à l’université de Nice, est la véritable cheville ouvrière de l’université du troisième âge. Chargé de mission auprès du président de l’université, il a obtenu un crédit de 13000 F au titre de la formation continue pour organiser cette session expérimentale. Mais en octobre, pour lancer l’université proprement dite, il lui faudra trouver de nouveaux financements, et plus importants. Ce ne sont pas les droits d’inscription (50F) qui y suffiront [en réalité, l’argent n’a jamais été un problème pour l’université du troisième âge de Nice, tant elle s’est développée rapidement].

Faire sortir les retraités de leur ghetto culturel et physique est, surtout dans une ville comme Nice, aussi malaisé qu’indispensable. Si l’université du troisième âge ne touche encore qu’un retraité sur cinq cents, c’est qu’elle n’en est qu’à ses débuts. » []

 

 

C’est ainsi que Brunot Frappat, dont on retrouve la photo au début de ce blog, décrivait les débuts de l’université du troisième âge de Nice, qu’il percevait comme une expérience aussi enthousiasmante que fragile. La suite a montré que l’enthousiasme était justifié, tant elle répondait à un besoin profond, celui de chacun d’entre nous de rester, autant et aussi longtemps que possible, dans le flux de la vie….

Lire la suite

Vous connaissez l'économie brésilienne?

11 Décembre 2012 Publié dans #ACTUALITÉ

Aujourd’hui, la Présidente du Brésil Dilma Rousseff débute une visite d’État de quarante huit heures sur le sol français. C’est l’occasion de se souvenir que le Brésil est le voisin de la France, puisque cette dernière posséde 600 kilomètres de frontière entre son département de la Guyane et le Brésil.   Une occasion d’actualiser nos connaissances sur l’économie brésilienne.

Bresil.jpegL’économie brésilienne n’est rien de moins que la sixième économie du monde, et très bientôt, cette année 2012 peut-être, la cinquième devant la France qu’elle va dépasser. Cette économie reste marquée par son histoire, celle de sa colonisation qui entraine la découverte de plusieurs nouvelles essences de bois, dont le pau brasil (bois de feu), dont le pays tire son nom. Son exploitation fut le début d'une déforestation qui perdure encore.

Au XVIIIe siècle, l'économie brésilienne est fondée sur la culture et le commerce de la canne à sucre tandis que des gisements d'or, d’argent et de pierres précieuses sont découverts dans l'intérieur du pays qui contribue à installer des villes nouvelles au cœur de la forêt amazonienne, comme dans le Minas Gerais, une région qui tire son nom de cette industrie. S’y ajoutent ensuite de nouvelles productions agro-industrielles, comme le café et le caoutchouc puis le latex.

À la fin du XIXe siècle commence la modernisation de l’outil industriel, concomitante avec l’abolition de l’esclavage (1888). Les deux Guerres Mondiales contribuent à l’installation au Brésil d’une économie de production de masse (automobile, pétrochimie, acier, machines-outils, aéronautiques) qui s’accompagne de la mise en place d'infrastructures de transport et de télécommunications qui soutiennent le développement du pays. Ce dernier  connaît des taux de croissance de 7,4% en moyenne jusqu’en 1974. S’y ajoute l’afflux de capitaux américains, européens et japonais qui permettent dans les années suivantes de construire des infrastructures dans les régions les plus pauvres.

Le retournement se produit dans les années 1980, pendant lesquelles s’installe une situation de crise qui voit s’accroitre l’inflation et la dette extérieure, obligeant l’État à prendre des mesures de rigueur afin de stabiliser la monnaie. En 1987, comme quoi les États remboursent  rarement en totalité leurs créanciers, l’État brésilien négocia un rééchelonnement  de la dette, après avoir suspendu son paiement, ce qui lui permit de retrouver les équilibres de ses comptes extérieurs.

Lorsque l’on dresse un bilan de l’économie actuelle du Brésil, on s’aperçoit qu’elle est fort puissante, secteur par secteur :

Dans le secteur agricole, de la pêche et des mines, un des points les plus remarquables concerne le fort développement de la filière de l’éthanol, un biocarburant dont le Brésil est, avec plus de 200 millions d'hectolitres par an, le premier producteur mondial. Cet éthanol est produit à partir de la canne à sucre qui permet d’obtenir un coût de production bas, de l'ordre de 0,17 euro par litre. Cela n'a pas été sans conséquence sur la déforestation, mais d’autre part 80 % du parc automobile du Brésil fonctionnait en 2011 avec l'éthanol.

C’est ainsi qu’apparaissent de nouveaux riches issus des grandes propriétés consacrées à la canne à sucre qui se réunissent autour d'une raffinerie construite avec l’argent mis en commun. En même temps, le Brésil est devenu un important producteur de pétrole grâce à des forages en haute mer.  La découverte d’un nouveau et gigantesque gisement à Tupi Sul, évalué entre 5 et 8 Milliards de barils, permet au Brésil de disposer de l’une des dix premières réserves de pétrole du monde, à l’égal de celles du Venezuela. Le Brésil est également si bien doté en minerais que le groupe Vale est le premier producteur mondial de minerai de fer et un important producteur de houille.

Dans ces conditions, personne ne sera surpris que le Brésil soit devenu un géant industriel qui est  aujourd’hui le troisième producteur d’avion du monde avec le Groupe Embraer et qui a pour ambition de se doter d'une technologie spatiale nationale. Il affirme même avoir mis au point dans son usine nucléaire d’Angra dos Reis sa propre filière d’enrichissement de l’uranium qui serait 25 fois moins cher que celle utilisée aux Etats-Unis !

 

Cet article est publié avec l’aimable autorisation du site Brasil Azur http://www.brasilazur.com/ pour lequel je l’ai écris à l’origine.

 

Lire la suite

Churchill: petit dictionnaire (suite)

4 Décembre 2012 Publié dans #PHILOSOPHIE

Classé selon mon propre ordre alphabétique, en d’autres termes de manière arbitraire, un petit vadémécum pour faire face à presque toutes les situations de la vie et donc de l’adversité (mes commentaires sont entre parenthèse).

 

winston churchillEcriture (très juste!)

L’écriture est une aventure. Au début, c’est un jouet, un amusement. Puis elle devient une maitresse, ensuite un maitre, enfin un tyran. Mettre un point final à votre texte signifie seulement qu’au moment où vous alliez vous réconcilier avec votre servitude, vous tuez le monstre et le livrez au public…

Ennemi (réconfortant)

Vous avez des ennemis ? Bien. Cela signifie que vous avez combattu pour quelque chose, au moins une fois dans votre vie.

Folie (c’est vrai, notamment en politique)

La plus grande leçon de la vie est de savoir que même les fous ont parfois raison…

Histoire (je partage tout à fait ce point de vue))

Plus vous êtes capable de regarder loin en arrière, plus vous serez en mesure de regarder loin en avant.

Imagination (la sienne ?)

Quelquefois l’imagination rend les choses bien pires qu’elles ne le sont en réalité. Cependant, sans imagination, on ne peut pas faire grand chose. Les imaginatifs voient peut-être beaucoup plus de dangers qu’il n’en existe, certainement beaucoup plus qui se révèlent finalement fondés, mais ils doivent aussi prier pour avoir le surplus de courage qui leur permette de faire face à leur imagination excessive.

Nationalisation (l’humour churchillien)

Winston Churchill entre un jour dans les toilettes de la Chambre des Communes où se trouve déjà le chef du Parti Travailliste Clement Attlee qui se tient devant un urinoir. Comme il prend bien soin de se tenir dans le coin oppose des toilettes, Attlee l’apostrophe: « mon cher Winston, j’espérais, bien que nous soyons adversaires au Parlement, que nous pourrions neanmoins être amis à l’extérieur ».

Et Churchill de lui répliquer aussitôt « Ah Clément, je n’ai aucun grief à votre égard, mais l’expérience m’a appris que, quand vous voyez quelque chose de gros et qui fonctionne bien, vous avez toujours tendance à le nationaliser ! »

Oiseau (humour noir)

Alors qu’il attendait sur une estrade le moment de prononcer un discours, Churchill, alors âgé de 78 ans, reçu une note d’un de ses assistants. Il jeta un coup d’œil au message qui le mettait en garde : « Monsieur le Premier Ministre votre braguette (« your fly » en anglais ») est déboutonnée. Churchill griffonna rapidement un mot sur le verso de la note et le lui rendit. L’assistant lut alors la phrase suivante « ne vous inquiétez pas. Le oiseaux morts ne tombent jamais du nid ».

Résilience (ca vaut pour la France ces jours ci, ces années là)

Nous n’aurions pas fait tout ce chemin à travers les siècles, à travers les océans, à travers les montagnes, à travers les vallées, si nous étions en sucre.

Simplicité (rien ne vaut la simplicité)

Toutes les choses importantes sont simples et beaucoup peuvent s’écrire avec un seul mot :

Liberté...

 .............Justice...

.........................Honneur...

.......................................Devoir...

...................................................Pardon...

...............................................................Espoir…

 

Lire la suite