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Le blog d'André Boyer

UN ELDORADO, SAUF POUR LES INDIENS ET LES AFRICAINS

27 Septembre 2017 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

UN ELDORADO, SAUF POUR LES INDIENS ET LES AFRICAINS

 

Après leur victoire contre les Français lors de la guerre de sept ans, les Anglais prennent possession de la ligne de fortifications françaises construite à la frontière de la Pennsylvanie.

 

Les terres à l’ouest de ces forts étaient convoitées depuis longtemps, non pas par la Pennsylvanie, mais par le gouverneur de la Virginie, Robert Dinwiddie et par le marchand John Hanbury III, allié aux frères de George Washington dans l’Ohio Company.

Les tribus de la vallée de l'Ohio, des Delawares, des Shawnees et des Mingos, y avaient émigré dés le début du XVIIe siècle pour échapper aux  Britanniques, aux Français et aux Iroquois. Rassurés par la Proclamation royale de 1763 qui interdisait la colonisation à l’ouest des Appalaches (et qui explique, répétons le, la guerre d’Indépendance des treize colonies) les Indiens signèrent une paix séparée avec les Britanniques à la condition que leurs troupes quittent la vallée. Or ces derniers renforcèrent au contraire les forts de la « Frontière sauvage » entrainant la « rébellion de Pontiac » des tribus indiennes de l'Ohio en 1763.

Les Pennsylvaniens de l'Ouest, estimant que le gouvernement anglais ne les protégeait pas assez des Indiens, créa le groupe dit « d'auto-défense » du village de Paxton en Pennsylvanie, appelé les Paxton Boys qui saisit l’opportunité de s’attaquer sans discernement aux Amérindiens dont la plupart vivent paisiblement, convertis au christianisme, dans des petites enclaves au milieu des implantations blanches de Pennsylvanie.

Ce bouillonnement des colons britanniques était ancien. Au tout début de la colonisation, le gouvernement anglais avait octroyé des chartes qui ont été ensuite supprimées en 1686, la Nouvelle-Angleterre devenant un dominion de la couronne, sous le nom de dominion de la Nouvelle-Angleterre en Amérique, administré par un gouverneur nommé et révocable par le roi. Suivent des années d’ébullition religieuse qui sont aussi politiques. À partir des années 1740, l’Église méthodiste américaine encourage la colonisation vers l’intérieur du continent, notamment vers l’Ohio, possession française, et  réclame plus de libertés en matière religieuse et fiscale.

Au total, la colonisation anglaise s’est portée essentiellement sur les côtes, depuis la Virginie jusqu’au Nouveau-Brunswick. Avec l’apport de nombreux colons allemands, elle forme une colonisation démographiquement dominante par rapport aux autres colonisations européennes, espagnole et française, pour ne pas mentionner les colonisations hollandaise et suédoise qui vont être absorbées par la colonisation britannique. Les colons ont, comme partout, la volonté de survivre puis de prospérer, mais ils revendiquent souvent une forte conviction religieuse, prétendant construire en Amérique une nouvelle société, avec des vues contradictoires puisque la colonie de la Baie du Massachusetts est une colonie puritaine, tandis que le Maryland est catholique.

Tous les colons britanniques, à l’opposé des colons français, s’entendent pour repousser les Indiens vers l’intérieur des terres, tandis qu’ils deviennent rapidement plus nombreux qu’eux. Vers 1740 les territoires britanniques d’Amérique du Nord comptent un million d’habitants. En 1790, le premier recensement fédéral fait état d’une population de 4 millions d’habitants, provenant de l'immigration mais aussi d’un taux de natalité particulièrement élevé, vingt pour cent au dessus de la natalité européenne.

Les mariages ont lieu en effet de plus en plus tôt, car la terre ne manque pas dans les colonies et il n’y a donc pas lieu d’attendre d’en disposer pour se marier. En outre, le taux de mortalité y est plus faible, du fait d’une meilleure alimentation en Amérique, d’un chauffage plus régulier grâce à l'abondance du bois et de la relative innocuité des épidémies en raison de la dissémination géographique des implantations coloniales.

Un eldorado.

Il suffisait de faire travailler les esclaves noirs dans les plantations du sud, tandis que les colonies du nord se tournent de plus en plus vers la manufacture et l’agriculture sans esclaves, tandis que les Indiens, inutiles au mieux, nuisibles au pire, étaient éliminés au fur et à mesure de l’expansion des colons américains vers l’Ouest.

 

Encore fallait-il éliminer les concurrents à l’exploitation de l’eldorado…

 

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UNE MERVEILLEUSE RÉCUPÉRATION DE POINTS II

23 Septembre 2017 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE

UNE MERVEILLEUSE RÉCUPÉRATION DE POINTS II

 

Par exemple, celui de ce jeune homme qui avait perdu son travail en perdant tous ses points l’année précédente, alors qu’il conduisait la Ferrari d’un Emir moyen-oriental.

 

Ce dernier avait dû le licencier tout en s’engageant à le reprendre l’année d’après, lorsqu’il disposerait à nouveau de son permis. Au chômage, il avait difficilement récupéré six points, mais l’année d’après, au moment de l’embauche, l’émir était décédé. Plus d’emploi. Il en voulait aux policiers qui l’avaient harcelé parce qu’il conduisait une Ferrari.

Il y avait le motocycliste. Il adorait faire des roues arrières, ce qui lui faisait perdre régulièrement des points, jusqu’au jour où il a pris avec lui, sur sa moto, un ami qui aimait aussi les roues arrières mais qui n’est pas parvenu à rester sur le siège arrière. Plein de compassion pour le blessé, il a appelé et attendu les secours pour son ami, secours qui sont arrivés accompagnés de gendarmes. Ces derniers lui ont collé trois contraventions qui l’ont laissé presque sans points et en plus sans voix, lorsqu’ils ont ajouté « aussi, pourquoi tu nous as attendu, idiot, tu aurais dû te sauver ! ».

Et puis il y avait le petit boulanger. Dix neuf ans. Tous les matins, tôt, il partait au travail en moto, à fond, et il perdait des points. Le drame provenait de ce que son père était mort dans un accident de moto, ce qui faisait que sa mère le suppliait d’abandonner sa moto, mais que lui, par défi ou par inconscience, continuait à rouler à tombeau ouvert. Il était attachant, le petit boulanger. Pendant le stage, il m’a pris sous sa protection. Pendant l’exposé que nous avions à faire, il a décrété que je serais son adjoint, lui présentant les arguments et moi tournant les feuilles de papier, parce qu’à son avis il était plus doué que moi pour la présentation orale. Je n’ai pas discuté.

Le petit boulanger était assis à ma droite, tandis qu’à ma gauche il y avait un homme d’une quarantaine d’années, qui avait expliqué qu’il perdait ses points en faisant des aller-retour entre Nice et Perpignan. Je discutais plus avant avec ce monsieur à la pause. Il était originaire d’un village proche de Tétouan (Maroc), une très jolie ville du Rif que je vous invite à visiter, notamment sa place centrale et son cinéma dans un style espagnol rococo. Il m’avoua qu’il avait déjà perdu 120 points (cent vingt !) qu’il avait attribué à divers membres de sa famille, qu’il devait effectuer dans l’urgence ses aller-retour la nuit, de même que vers diverses destinations proches de la banlieue parisienne et qu’il s’endormait souvent en conduisant ainsi. Bref, tandis que je lui suggérais, pour sa santé, de changer de métier, il me semblait clairement que l’on avait affaire à un cas de go-fast.

Petit à petit, en deux jours de séminaires, le groupe se resserra autour des problèmes qui avaient conduit chacun à effectuer ce stage. Le deuxième jour, nous déjeunâmes presque tous ensemble, chauffeurs de taxis inclus, c'est tout dire! Nous échangeâmes de plus en plus, nous promettant de nous revoir. En face de nous, les monitrices nous parlaient de points et de respect du code de la route, mais les préoccupations du groupe étaient nettement plus larges, elles concernaient les questions existentielles de chacun, dans un monde où il était manifestement difficile de trouver son équilibre, notamment en nombre de points.

À la fin, dans le courant de la deuxième et dernière après-midi du stage, je saisis l’opportunité d’une incartade du motocycliste amateur de roues arrières pour faire exploser le consensus mou auquel le groupe semblait s’être résigné, dans l’attente de recevoir les quatre points de permis promis.

Lui, exaspéré par la culpabilisation latente qui planait autour de débats convenus, d’exemples effrayants et de rappels aux règles strictes du code de la route, déclara tout de go que, de toutes façons, il avait informé ses parents qu’il avait l’intention de mourir en moto et que personne ne l’empêcherait de faire ce qu’il voulait de sa peau. Cette déclaration laissa interdites les deux monitrices, tant elle allait à l’encontre des objectifs officiels du stage. Aussi, parce que je trouvais que notre groupe méritait mieux qu’un hypocrite consensus mou, loin de protester ou de le raisonner, j’en rajoutais aussitôt. Moi aussi, déclarai je, personne ne m’empêcherait de rouler en Solex sans casque et sans plaque d’immatriculation…

Les monitrices sentirent aussitôt qu’il était temps de terminer le stage. Elles déclarèrent qu’elles allaient tout de suite distribuer les certificats attestant que nous avions tous récupérés nos quatre points. Tout le monde se calma, nous prîmes nos attestations sans plus barguigner, nous échangeâmes nos numéros de téléphone et nous partîmes contents d’elles, de nous et de la réunion.

L’ordinateur était resté éteint, et en sortant, je me suis dit qu’il y avait longtemps, très longtemps, que je n’avais pas participé à une réunion aussi révélatrice de la situation de notre société, aussi fructueuse du point de vue psychologique et aussi riche au plan humain.

Deux journées merveilleuses.

 

Merci, l’État.  

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UNE MERVEILLEUSE RÉCUPÉRATION DE POINTS I

22 Septembre 2017 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE

UNE MERVEILLEUSE RÉCUPÉRATION DE POINTS I

 

Il y a un certain temps, je me suis inscrit pour un « stage de récupération de points »  à la suite d’une série soudaine de pertes de points aussi injustes que massives.

 

C’était inquiétant car je ne disposais plus que de quatre points, ce qui signifiait qu’une infraction aussi bégnine qu’un feu rouge inattentivement brulé provoquerait la perte de mon permis de conduire…

Donc un stage de récupération de points s’imposait. Tant qu’à faire, j’ai choisi un stage chic au siège de l’Automobile Club, au centre ville, dans une salle lambrissée et dotée de vieux fauteuils confortables. De mauvaise grâce, j’étais plus ou moins résigné à subir deux jours de discours insipidement moralisateurs qui se résumeraient à des injonctions à conduire prudemment et à respecter scrupuleusement le Code de la Route : ça s’annonçait bigrement passionnant !

Pour faire face au risque de perdre deux jours de ma vie à satisfaire des contraintes administratives absurdes, je pris avec moi mon ordinateur portable, avec comme premier souci à mon entrée dans la salle de m’installer à proximité d’une prise électrique afin de pouvoir travailler sur mon ordinateur tandis que les monitrices, car il s’agissait de deux monitrices, parleraient dans le vide.

Rarement dans ma vie, je me suis aussi lourdement trompé dans mes pronostics. De fait, je n’ai jamais ouvert mon portable dans la mesure où ces deux jours de réunions se sont avérés passionnants.  Non pas que j’ai eu la divine révélation, après plus d’un demi-siècle de conduite automobile, qu’il fallait enfin respecter le Code de la Route à la lettre comme d’autres suivent l’Évangile. Non, ce n’est pas cela qui est advenu, ce sont les participants au stage qui m’ont fasciné, leurs histoires respectives, leurs personnalités.

Les deux animatrices faisaient face à une salle composée de dix neuf grognons, moi inclus. Elles avaient l’habitude et elles ont donc commencé par faire parler chacun d’entre nous pour qu’il ou qu’elle raconte ce qui l’avait amené à s’inscrire au stage.

Les histoires racontées par les stagiaires étaient en majorité classiques, quelques excès de vitesse, le portable, des stops non respectés, l’alcool, la drogue. Les profils des participants étaient divers, chef d’entreprise, taxi, livreur, architecte, garagiste, retraité. Certains disposaient encore de 7 points, d’autres de 2 points seulement. On pouvait être inquiet pour l’attitude de certains qui avouaient plusieurs accidents, après avoir consommé à la fois de l’alcool et de la drogue.

Certaines histoires, pourtant, étaient plus étonnantes. Ainsi l’aventure de cette femme architecte qui, à l’arrêt à un feu rouge, avait été percutée à l’arrière par un conducteur de vélomoteur qui s’était blessé, ce qui lui avait valu de perdre six points sans que sa responsabilité ne soit engagée, souleva notre indignation, mais les animatrices nous confirmèrent que la loi imposait le retrait de six points dans cette situation particulière.

Les deux vieux chauffeurs, anciens rallymen, qui avaient perdu leurs points en persistant à rouler à toute vitesse sur les petites routes de l’arrière pays varois, sans doute en souvenir des extravagances de leur jeunesse passée, engendraient une certaine tendresse.

A contrario, les chauffeurs de taxis semblaient résignés à perdre régulièrement des points, du fait des nombreux kilomètres quotidiens avalés. 

 

Certains profils suscitèrent de ma part une attention particulière…

 

À SUIVRE

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LES COLONIES AMERICAINES FONT LE PLEIN DE DISSIDENTS

18 Septembre 2017 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

LES COLONIES AMERICAINES FONT LE PLEIN DE DISSIDENTS

 

 

À partir de 1664, les Iroquois financés par les Anglais étaient neutralisés par le régiment de Carignan-Salière envoyé par Louis XIV. Puis en 1689, les Iroquois, toujours aiguillonnés par les colons anglais, reprenaient le combat contre les Français.

 

L’Acadie est capturée en 1654 par une flotte anglaise, puis rendue aux Français en 1667 par le traité de Breda. Mais les Français perdent définitivement la péninsule acadienne au profit de l'Angleterre par le traité d’Utrecht de 1713, sauf l'île du Cap-Breton et l’île Royale.

Le sud de Terre Neuve est occupé par les Français en 1658 jusqu’à ce qu’ils conquièrent le nord de l’île sur les Anglais en 1696, avant de devoir céder l’ensemble de l’île lors du même traité d'Utrecht.

Le Pays d'en Haut, en d’autres termes l’intérieur du continent, est colonisé par les Français jusqu’à Détroit, ainsi que le Pays des Illinois qui constitue le grenier à blé de la Louisiane, fondée en 1699 mais finalement vendue aux États-Unis en 1803.

Au nord du  45e degré de latitude, qui marque les limites de la concession de la compagnie de Virginie, une centaine de puritains débarquent du Mayflower en 1620 pour fonder Plymouth dans le Massachusetts. Ils nouent des relations froides de voisinage avec des indigènes qui leur permettent pourtant de survivre en leur apprenant à cultiver le maïs ou le potiron et à élever le dindon qu’il célèbreront avec Thanksgiving. Ils sont rejoints par de nombreux protestants allemands qui fuient la misère et les persécutions religieuses. Tous se lancent dans le commerce triangulaire en achetant des esclaves en Afrique pour les revendre en Virginie, au Maryland et aux Antilles. Au milieu du XVIIe siècle, Boston, leur capitale, possède 3000 habitants, tandis que des anabaptistes et  des quakers, eux-mêmes persécutés au Massachusetts, se refugient dans des colonies voisines.

Dés que la colonie de Virginie devient colonie royale en 1624, les Indiens sont réduits en esclavage et condamnés à mort par les conditions de travail qui leur sont imposées jusqu’à ce qu’ils soient remplacés par des esclaves enlevés en Afrique Noire.

En 1632 la colonie du Maryland est fondée pour accueillir les catholiques persécutés en Angleterre, mais ils n’échapperont pas à la domination des protestants qui prennent le contrôle de la colonie à partir de 1689.

En 1638, par réaction, la colonie de Rhode Island est fondée que les bases   d’une charte de tolérance religieuse.

En 1664, les Anglais s’emparent de New York et de sa région, chassant les colons hollandais et suédois qui avaient tenté de s'implanter sur ces côtes.

En 1682 est créée la Pennsylvanie, qui mérite une histoire plus détaillée. La colonie était habitée par plusieurs tribus indiennes, les Delawares, les Iroquois, les Ériès et les Shawnees. qui finiront tous par se révolter avant d’être indistinctement massacrés par les colons. Ces Indiens subissent tout d’abord une colonisation suédoise installée sur les berges du fleuve Delaware entre 1638 et 1655.  

Mais le roi Charles II d’Angleterre avait contracté un prêt important auprès du père de William Penn. Pour solder cette dette, il offre en 1682 à son fils, William Penn des terres au sud-ouest du New Jersey, où il pourra exercer sa religion de quaker, que le roi appelle « Pennsylvanie » la forêt de Penn où il crée Philadelphie. Les quakers ne venant pas en assez grand nombre pour peupler sa colonie, William Penn fait appel à des mennonites allemands, des frères moraves, des amish alsaciens, des presbytériens écossais et des baptistes irlandais ou  gallois, avant que la guerre de Trente Ans (1618-1648) n’entraine la venue de luthériens allemands.

 

Du coup, la croissance démographique de la colonie ou affluent les Amish, les huguenots et les presbytériens écossais, est très rapide : 20000 habitants dés 1700, pour une population totale des colonies britanniques de 262000 habitants.

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LES SULFUREUX ACCORDS SWIFT

14 Septembre 2017 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

LES SULFUREUX ACCORDS SWIFT

 

Savez-vous que toutes vos données personnelles détenues par SWIFT sont transmises sur demande à l’Administration américaine ?

 

Depuis 2001, sans aucune base juridique, les États-Unis exploitaient secrètement les données du réseau SWIFT, mais, bienfait de la liberté de la presse américaine, le New York Times révéla le 23 juin 2006 qu’une coopération s’était mis secrètement entre  en place la société SWIFT d’une part, basée en Belgique, et la CIA et le Département du Trésor américain d’autre part, qui consistait à transmettre des millions de transactions bancaires en violation de la législation belge et européenne de protection des données personnelles.

Il apparu aussi que les banques centrales belge, néerlandaise et suisse étaient complices de ce transfert illégal et que, si le serveur principal de SWIFT était situé aux Pays-Bas, un serveur jumeau de « sauvegarde » avait été créé aux Etats-Unis !

Ces révélations conduisaient le Parlement européen à adopter une résolution qui rappelait que tout transfert de données devait se faire dans le cadre de la directive 95/46/CE sur la protection des données personnelles. Pour sauver la face du gouvernement belge, son Premier ministre, Guy Verhofstadt, exprimait le souhait qu’un accord officiel soit trouvé entre l'Union européenne et les Etats-Unis à propos de la transmission des données bancaires européennes aux États-Unis. Coopération à sens unique, car il ne venait à l’esprit de personne de demander en échange la transmission des données bancaires des citoyens américains à l’UE…

Un « accord intérimaire » en ce sens était approuvé par le Conseil des ministres de l’Union Européenne en juillet 2009, qui devait devenir définitif après l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne. Mais le Parlement Européen s’inquiétant du non respect des droits de protection des données personnelles des citoyens européens dans l’accord intérimaire, l’accord définitif fut signé en catimini par le Conseil de l’UE, le  30 novembre 2009, la  veille de l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne, afin d’empêcher le contrôle du Parlement Européen sur cet accord.  

Naturellement, cette manœuvre politique provoqua la réaction du Parlement Européen qui vota, le 11 février 2010, par 378 voix contre 196 et 31 abstentions le rejet de l'accord avec les États-Unis signé par les vingt sept gouvernements. Il en résulta que la Commission européenne, peu soucieuse de se mettre à dos le Parlement Européen, se prononça en faveur d'une renégociation de l'accord, suivie par le Conseil des ministres qui contredisait ainsi le Conseil des chefs de gouvernement du 30 novembre précédent !

Le 24 mars 2010, la Commission européenne proposait un nouveau mandat pour négocier un nouvel accord avec les États-Unis, qui contenait les rassurantes instructions suivantes:

- Le transfert ou le traitement de données à caractère personnel par les autorités européennes ou américaines ne serait autorisé qu'à des fins déterminées, explicites et légitimes dans le cadre de la lutte contre la criminalité et le terrorisme.

- Toute personne aurait un droit opposable en justice d'accéder aux données à caractère personnel la concernant.

- Toute personne aurait un droit de recours administratif et juridictionnel, sans considération de nationalité ou de lieu de résidence.

Les négociations furent d’autant plus rapidement menées que les Etats-Unis n’avaient aucune intention de le respecter, comme la suite le montra. L'accord, signé sous le nom d’accord SWIFT II, était ratifié le  8 juillet 2010 par le Parlement Européen réuni en séance plénière (484 voix pour, 109 voix contre et 12 abstentions) et par le Conseil des ministres cinq jours plus tard. Il est entré en vigueur le 1er août 2010 pour une durée de cinq ans, automatiquement reconduite tant qu’aucune des parties ne souhaite le modifier. Il a donc été renouvelé le 1er août 2015.

Mais dés le mois de mars 2011, un rapport de l'Autorité de contrôle commune d'Europol critiquait les conditions du transfert de données bancaires européennes vers les États-Unis. En effet, les demandes d'accès aux données bancaires envoyées par les autorités américaines seraient trop vagues pour que l’on puisse vérifier leur validité, ce qui n’empêchait pas Europol de transférer 100% des dossiers demandés par les Etats-Unis ! De plus, l'article 15 de l'accord SWIFT, prévoyant que les citoyens européens avait le droit de savoir si leurs données bancaires personnelles avaient été transmises aux autorités américaines, n’était pas appliqué.

Enfin, en juin 2011, le Groupe de coordination des autorités de protection des données de l'Union européenne (G29) adressait une lettre commune au gouvernement des États-Unis pour réclamer (en vain) le respect des principes de la protection des données personnelles.

Au total, avec l’accord SWIFT II, les Etats-Unis appliquent leurs règles nationales concernant la lutte contre le terrorisme à des personnes et des opérations financières en dehors de leur juridiction et ne respectent pas la loi européenne, centrée sur la protection de la vie privée. Il reste à l’Union Européenne à fixer les limites du pouvoir que les Etats-Unis ne doivent pas dépasser dans leur volonté de contrôler les citoyens européens.

 

 

Quoi qu’il en soit, vous voici informé : vous savez désormais que si votre compte bancaire dispose d’un numéro SWIFT, c’est, entre autres, afin de transmettre vos renseignements bancaires aux autorités américaines…

 

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LES UNS TUENT LES INDIENS, LES AUTRES MOINS

9 Septembre 2017 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

LES UNS TUENT LES INDIENS, LES AUTRES MOINS

 

Exterminer les Indiens. Ce n’est pas l’idée centrale des Espagnols, mais plutôt l’esclavage, avant qu’ils ne comprennent que c’est vain.

 

Dans la première moitié du XVIe siècle, les Espagnols pénètrent sur  le territoire actuel des États-Unis depuis le Mexique, mais n’y restent pas.  La Floride est à peine aperçue par le navigateur Juan Ponce de León en 1513 puis explorée par Hernando de Soto qui s’engage vers les Appalaches et le Mississippi. Au cours de ce périple, Les Amérindiens rencontrés sont massacrés et certains sont réduits en esclavage pour être déportés dans les Caraïbes. D’autres aventuriers espagnols découvrent vers 1540 le Grand Canyon et Los Angeles.

Au nord, la Grande-Bretagne et la France explorent les côtes américaines entre 1520 et 1607, sans parvenir à s'y implanter. En 1534, Jacques Cartier débarque sur la côte est du Canada, qu’il baptise « Nouvelle-France ». Pendant un an, en 1541, Charlesbourg-Royal est le premier établissement européen en Amérique du Nord. Il s’ensuit une série d’implantations qui échouent.  En 1564, en Floride, la colonie française de Fort Caroline est défaite par la colonie espagnole de Saint Augustine. Dès 1580, le roi d’Espagne crée la Floride occidentale (l’Alabama actuel)  et la Floride orientale (la Floride actuelle).

La première tentative anglaise de colonisation en Amérique du Nord a lieu  en 1587 sur l'île de Roanoke, dans l’actuel État de Caroline du Nord. Elle échoue. Mais en 1606, le roi Jacques Ier fonde la compagnie de Virginie pour coloniser les territoires entre le 34e et le 45e degré de latitude nord. Les colons, chassés de Grande-Bretagne par les évènements politiques et attirés par la fertilité du sol auront rapidement des rapports tendus avec les Indiens.

Le plus ancien établissement fixe des Anglais est la ville de Jamestown qui rassemble une centaine d’habitants. Elle est fondée en juin 1607, sur les terres du chef Potomac Powathan. Pour ne pas mourir de faim, les colons se réfugient dans son village, jusqu'à ce que les Anglais se persuadent que ces colons sont retenus en otage et ils envoient, le 30 août 1608, les troupes du capitaine John Smith les « libérer ». Ils tuent 23 Indiens et repartent avec une vingtaine de femmes et d’enfants comme otages ainsi qu'avec les réserves alimentaires du village. Une fois en sécurité, John Smith fait égorger les femmes indiennes et noyer les enfants. Un brave homme.

Pendant ce temps, au Nouveau-Mexique, Santa Fe est fondée en 1610, entrainant le massacre de cinq cents Amérindiens (des Pueblos et des Navajos).

Au nord, les Français s’établissent à Tadoussac en 1599 et débarquent en 1604 à la frontière entre le Maine et le Nouveau-Brunswick. À partir de 1605,  ils explorent la côte sud jusqu’au cap Cod. En Acadie, Port-Royal est fondé la même année. Les contacts avec les Amérindiens, les Micmacs, deviennent très vite amicaux, puisqu’ils acceptent de fournir des provisions alimentaires à la colonie. À partir de 1629, s’installe aussi en Acadie  une colonie écossaise (la Nouvelle-Écosse).

Au Canada, Samuel de Champlain fonde Québec en 1608 puis conclut une alliance avec les Hurons contre les Iroquois, ce qui entraîne un état de guerre permanent entre colons français et Iroquois jusque dans les années 1630.

La ville de Trois-Rivières est établie en 1634, puis Ville-Marie, l'ancienne ville de Montréal, est fondée en 1642. Dans les années 1640, l'action missionnaire française se développe avec les Jésuites qui se rendent dans des tribus amérindiennes des Grands Lacs afin de les évangéliser. Ils  contribuent ainsi à l'expansion de la colonie vers l'ouest, en même temps que les coureurs de bois qui vont chercher les fourrures de castors. Les Jésuites installés chez les Indiens aux marges de la Nouvelle-France sont la cible des Iroquois. Ceux-ci reprennent la guerre contre les Hurons, puis contre les Français au début des années 1640, avec l’aide des Hollandais qui les fournissent en armes.  

 

En 1648, les Hurons se sont effondrés démographiquement face aux Iroquois, qui se mettent à lancer des raids contre les implantations françaises.

 

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FILIP PALDA, my missing friend

9 Septembre 2017 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ENGLISH VERSION

FILIP PALDA, my missing friend

 

If you want to know who Filip Palda is, you first need to make Palda’s acquaintance. Filip was born on May 12, 1962 in Montreal, from Isabelle and Kristian Palda.

 

Isabelle came from Bedford, Quebec and was raised by the Ursulines. From the moment that she  met Kristian until her death  in arms of Kristian on July 6, 2016, she  surrounded him with all her love. I liked Isabelle very much. She was rightly proud of her children, Filip and Valerie, and of her husband Kristian, famous for his excellent research.

Kristian comes from a large industrial family who, deeply took part  in the Czechoslovak Republic. He escaped from Czechoslovakia while he was studying, due to the threat of the communist regime's police.

Kristian is brilliant. In the United States and then in Canada, he rebuilds completely his life, resumed his studies and became a professor at Queen's, a great professor of economics and management.

In Kingston, Palda family formed a perfect family, Isabelle, Kristian, Filip and Valerie. At least, in my eyes.

Filip was devoted to his family: to his parents, his wife Maria and his stepmother Raisa. Kristian and Filip, beyond the fact that they were father and son, had one thing in common: intellectual freedom. Kristian knows everything, understands everything with a rare intellectual freedom. He does not limit himself to ‘politically correct’ discussions or thinking.  On the contrary, Kristian detects them immediately. Filip was quite the same. Father and son had exchanges of information quite on everything as both were interested in everything!

Filip was very attentive to Isabelle who had conducted her home with affection, prudence and authority. During the last years of Isabelle’s life, Filip was unquiet about his mother’s difficulties. Filip was constantly present to help Isabelle. He constantly toke a nursing trip between Ottawa-where he was living-and Kingston. Despite his exhausted trips, he never forgot his wife nor his intellectual work. Like Kristian, Filip also was a professor at university.

I will describe Filip outside his academic position. Surely, he was brilliant, though he has not yet been fully recognised. You and I, both know that recognition needs time.

I have known Filip, Isabelle and Valerie by Kristian. I had spent several summers in Kingston where I taught at Queen's. Kristian invited me. I have known Filip, when he was doing his studies in Chicago. Then he became a professor at different Canadian universities, and finally he had been settling at Enap. I first, had started to discuss with Kristian, then with Isabelle, Filip, Valerie, finally with the whole family.  My family came to Kingston during theses summers.

Understanding Filip needs first of all an understanding of Palda’s family:  a Catholic, intelligent, free, solid, friendly family. I do not know in which order I have to write these adjectives.

Filip left after Isabelle had left. This is already the second part of the Palda family that have left me. We knew this is life, but it's too hard!

It's simple to understand that they were, that they are part of my big family, that they have left me and, of course, I have tears in my eyes. It's silly, I know, but I liked Filip very much. I discovered with him Tim's Hortons, Costco as well as the subtlest politico-economic reflections. I invited him to teach at the IECS in Strasbourg where I was Dean, I read his books, I made the project to translate one of them, I visited with him the aviation museum in Ottawa, I slept at his home and I enjoyed the warmth of his home. I was walking with him for several hours, while we were exchanging endlessly. Thanks to him, his friendly and his determined perseverance, I had become an invited Professor at ENAP and started to dream about a possible settlement in Canada.

Life can be short and a problem never comes alone. It has first started by Flip sickness, then Isabelle's departure. All the links were, step by step, suspended when these catastrophes buried them under the blue pale sky of Kingston. Filip had sent me several films of Kingston taken by his drone, his neighbourhood, his street and his family. A drone which at the end was flying over his life, more and more fragile. I have never liked these films: they were so melancholic, so nostalgic.

I do not anymore dare to see them any more; I did not dare anymore to call them.  What I was waiting for?  Waiting for the worst that I did not want to confess?

And here it is.

With Filip gone, a part of my Canada is gone.

What do you want me to write more? To pay tribute to his work? I do not think this is the right time. Moreover, I published a blog written by Filip on Gary Becker, on November 12, 2014, at a time when the disease secretly covered. You want me to write that he was a great guy? Yes, he was a great guy, but it is too late to write it now, it's indeed too late.

I'll just write down what I feel. Filip was someone too good, too generous, too sensitive and too intelligent to live in the world of brutes where he was living. So he was sacrificing himself deeply to the people he loved, until he understood he had nothing more to give. At this moment, when he became sure that he had done all he could, he left.

What I have just written, you can be sure that I won’t wrote it for many people. This Sunday, at the church of Puget-Théniers, we had a Mass for Filip and Isabelle at the request of Kristian. Thus, the bond is still maintained, in spite of everything.

But let's see. If this note can be used for something, it is to understand this: I liked very much Filip and now he has gone, it's too late, I can not give him anymore anything, he can not give me anything anymore. Except I'll read him again.

Also this note can be used to understand that friendship, affection that you share with someone is the most precious thing that you have in this life. Do not waste it, do not neglect your friends and above all for God sake, do not get angry with your friend.

 

Live your friendship to the end, for sure the end will come and then there will be nothing left for you, as if friendship was only a scrap of paper burning, flying into the great Canadian wind on August 24, 2017, through the window of a hospital in Toronto...

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Filip PALDA, mon ami envolé

4 Septembre 2017 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE

Filip PALDA, mon ami envolé

 

Si on veut saisir qui est Filip Palda, il faut commencer par sa famille. Filip est né le 12 mai 1962 à Montréal, d’Isabelle et de Kristian Palda.

 

Isabelle venait de Bedford (Québec) élevée par les Ursulines. Lorsqu’elle rencontra Kristian, l’entourant de tout son amour, elle ne le quitta plus que pour mourir dans ses bras, le 6 juillet 2016. J’aimais Isabelle. Elle était fière à juste titre de ses enfants, Filip et Valérie, et de son époux Kristian, fameux pour l’excellence de sa recherche.

Kristian, son père, est d’origine tchèque. Il s’est enfui de Tchécoslovaquie, alors qu’étudiant, il était menacé par la police du régime communiste qui venait de prendre tout le pouvoir, alors qu’il était issu d’une grande famille industrielle fortement engagée dans la République tchécoslovaque qui émergea en 1918. Aux Etats-Unis puis au Canada, Kristian a eu le courage de reconstruire complétement sa vie, reprenant ses études tout en faisant des petits boulots jusqu’à devenir professeur à Queen’s, un grand professeur d’économie et de gestion.

À Kingston, la famille Palda formait une famille parfaite, Isabelle, Kristian, Filip et Valérie. En tout cas à mes yeux.

Filip était tout entier lié, tout entier acquis à sa famille, celle dont il est issu et celle qu’il a construite avec Maria et sa belle-mère Raisa. Avec Kristian, c’était l’incroyable richesse des échanges intellectuels. Kristian sait tout, comprend tout avec une liberté  intellectuelle rarissime. Il ne se laisse prendre à aucun piège du politically correct, au contraire il les détecte immédiatement. Filip a fait de même, il pouvait avoir un échange avec Kristian sur tous les sujets et comme tous les deux s’intéressaient à tout !

Avec Isabelle qui savait conduire sa maisonnée avec affection, prudence et autorité, Filip n’était qu’attention. Dans les dernières années de la vie d’Isabelle, il sera sans cesse anxieux de ses difficultés et sans cesse présent pour l’aider physiquement, faisant en permanence l’aller-retour entre Ottawa où il habitait et Kingston. Sans cesse des aller-retours épuisants, sans compter sa fatigue, sans oublier sa femme ni son travail ou plutôt ses travaux, car il enseignait, écrivait et participait à des débats.

Je décris Filip en dehors de son côté universitaire, brillant bien sûr et non encore pleinement reconnu, car il faudra du temps.

Moi, Filip, je l’ai connu par son père, comme Valérie et Isabelle. J’ai été reçu à Kingston où j’ai passé plusieurs étés, invité grâce à Kristian par Queen’s. J’ai connu Filip étudiant à Chicago puis professeur au Canada, finalement installé à l’Enap. J’ai commencé par échanger avec Kristian, puis avec Isabelle, Filip, Valérie, avec toute la famille à la fois. Ma propre famille est venue à Kingston, je m’y suis presque installé. Comprendre Filip, c’était d’abord comprendre la famille Palda, catholique, intelligente, libre, solide, amicale, je ne sais dans quel ordre écrire ces adjectifs.

Filip parti, c’est déjà une deuxième pièce de la famille Palda qui s’en va, après Isabelle. On savait  que c’était couru, c’est la vie, mais que c’est dur !

C’est simple, c’est un morceau de ma grande famille à moi qui me quitte et bien sûr, j’en ai les larmes aux yeux. C’est bête, je sais, mais j’aimais Filip. J’ai découvert avec lui aussi bien les Tim’s Hortons ou Costco que les réflexions politico-économiques les plus subtiles. Je l’ai invité pour donner des cours à Strasbourg, à l’IECS, J’ai lu ses livres, j’ai fait le projet d’en traduire un, j’ai visité avec lui le musée de l’aviation du Canada à Ottawa, j’ai dormi chez lui et apprécié la chaleur de son foyer, j’ai marché avec lui de longues heures, et avec lui, nous avons parlé, parlé, parlé. Grâce à lui et à son obstination aussi amicale que déterminée, je suis devenu Professeur Invité à l’ENAP, croyant un moment que j’allais pouvoir m’installer au Canada.

Puis est venue la maladie, puis est venu le départ d’Isabelle, tous les liens ont été suspendus par ces catastrophes qui planaient là-bas sous le ciel bleu de Kingston d’où Filip me faisait encore parvenir des films un peu surréalistes provenant d’un drone qu’il envoyait survoler sa ville, un drone qui survolait surtout sa vie, tous les jours plus fragile, en voletant au-dessus de son quartier, de sa rue, de sa famille. Je n’aimais pas ces films sur Kingston, ils étaient tellement mélancoliques, tellement nostalgiques, ça me prenait à la gorge.

Je n’osais plus les voir, je n’osais plus téléphoner, je n’osais plus rien, attendant quoi ? Attendant le pire, que je n’osais m’avouer.

Et voilà que c’est arrivé.

Avec Filip, c’est un morceau de mon Canada qui part.

Que voulez vous que j’écrive de plus ? Que je fasse l’hommage de ses travaux ? Je ne pense pas que ce soit le moment. D’ailleurs, j’ai déjà publié un blog écrit par Filip sur Gary Becker, le 12 novembre 2014, à un moment où la maladie couvait secrètement. Que c’était un type formidable ? Il l’était, mais lorsqu’on l’écrit après, c’est trop tard.

Je vais simplement écrire ce que je ressens. Filip, c’était un homme trop bon, trop généreux, trop sensible, trop intelligent pour vivre dans le monde de brutes qu’il côtoyait. Alors, il s’est donné à fond pour les gens auxquels il croyait, il s’est replié progressivement sur sa famille et quand il a vu qu’il n’avait plus rien à donner, quand il s’est assuré qu’il avait fait tout son possible, il est parti.

Ce que je viens d’écrire, vous pouvez être sûr que je ne l’écrirai pas de grand monde. Ce dimanche, à l’église de Puget-Théniers, j’ai fait dire une messe à son intention et à celle d’Isabelle, à la demande de Kristian. Ainsi le lien est maintenu, en dépit de tout.

Mais voyons. Si ce billet peut servir à quelque chose, comprenez ceci : j’aimais Filip et maintenant c’est fini, c’est trop tard, je ne peux plus rien lui donner, il ne peut plus rien me donner. Sauf que je vais le relire.

Comprenez aussi que l’amitié, l’affection que vous partagez avec quelqu’un est le bien le plus précieux qui vous a été donné d’obtenir dans cette vie, par chance. Ne le gaspillez pas, ne négligez pas vos amis et surtout par pitié, ne vous fâchez pas avec eux.

 

Vivez votre amitié jusqu’au bout, car c’est sûr, la fin viendra et alors il ne vous restera plus rien, comme si l’amitié n’était qu’un bout de papier qui brûle, qui s’effiloche, avant de s’envoler dans le grand vent canadien, ce 24 août 2017, par la fenêtre d’une salle d’hôpital de Toronto…

 

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