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Le blog d'André Boyer

BOUGAINVILLE, LE PESSIMISTE EN SECOND

30 Janvier 2019 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

BOUGAINVILLE, LE PESSIMISTE EN SECOND

 

 

Lors de son arrivée en Nouvelle-France, Bougainville prit, pour la première fois de sa vie, une part active à des opérations militaires. 

 

En juillet et août 1756, il participa à la prise d’Oswego qui assurait le contrôle du lac Ontario. Montcalm le couvrit d’éloges. Il participa aussi en août 1757 aux opérations qui conduisirent à la reddition  de Fort Henry, que Montcalm se révéla incapable d’exploiter. 

Bougainville partageait les préjugés de Montcalm à l’égard des Canadiens et des Indiens, estimant qu’ils n’avaient « point de courage et de constance. »

En juillet 1758, Bougainville fut blessé au cours de la bataille de Carillon, qui se solda par une « accablante défaite » pour les Britanniques. Mais  Vaudreuil et Montcalm conservèrent des opinions divergentes sur les mesures à prendre pour faire face à la menace britannique qui ne faiblissait pas. 

En septembre 1758, Vaudreuil et Montcalm décidèrent d’expédier en France un officier chargé d’annoncer la victoire de Montcalm à Carillon, de faire un rapport sur l’état de la colonie et de demander des secours. Ils choisirent d’envoyer Bougainville, auquel Vaudreuil adjoignit le major Péan pour tempérer la vision systématiquement pessimiste de Bougainville. Ce dernier quitta Québec à bord de La Victoire le 5 novembre 1758 et débarqua à Morlaix au début de 1759. 

Pendant la traversée, Bougainville rédigea les quatre mémoires qu’il remit à Nicolas-René Berryer, secrétaire d'État de la Marine, dans lesquels on retrouve la vision pessimiste de Montcalm. Il y surestime fortement les forces de l’adversaire en écrivant: « 10 000 hommes, manquant de munitions de guerre et de bouche, ont a défendre trois frontières pour ainsi dire ouvertes, contre 60 000 au moins, à portée de les attaquer en même temps toutes trois par la supériorité excessive de leur nombre et l’abondance des moyens en tout genre. » En conséquence, il recommandait de n’envoyer au Canada que « l’absolu nécessaire à une défense plus longue. » 

Promu colonel et chevalier de Saint-Louis, Bougainville repartit de Bordeaux le 28 mars 1759 sur le Chézine et débarqua à Québec le 10 mai. Or, en raison de son diagnostice pessimiste, il avait naturellement suscité peu d’enthousiasme à Versailles pour l’envoi de renforts, ce qui  fait que l'on peut considérer que Bougainville fut l’un des principaux fossoyeurs de la Nouvelle-France, aprés Montcalm toutefois. 

Alors que son  arrivée annonçant celle de renforts, « ranima le cœur de tout un peuple qui, pendant le cours d’un hiver des plus dur avoit été réduit à un quarteron de pain et demy-livre de cheval » et bien que plus de vingt navires de ravitaillement fussent parvenus à Québec en même temps que le Chézine, la France n’avait pas envoyé plus de trois cent hommes pour soutenir la colonie en péril.

Bougainville prit le commandement du camp de Beauport en juin 1759, puis après le combat du 31 juillet où les Britanniques attaquèrent sans succès le camp de Montmorency, Bougainville avec cinq cent hommes sous ses ordres, fut chargé de défendre les communications entre Québec et Montréal. Il suivit les mouvements de la flotte britannique jusqu’à Pointe-aux-Trembles où, le 8 août, il repoussa à deux reprises une tentative de débarquement. Le 17 août, il refoula un débarquement à Deschambault et il empêcha plus tard les Britanniques de descendre à Saint-Augustin, jusqu'à ce que, le 13 septembre, les Britanniques réussissent à prendre pied à l’Anse au Foulon. 

Montcalm ne donna pas l’ordre à Bougainville de prendre Wolfe entre deux feux et Bougainville, dont le dispositif était très étiré le long du fleuve, se trouva dans l’impossibilité de rassembler son monde et de participer à temps au combat des plaines d’Abraham.

Nous n’évoquerons que brièvement la suite de la carrière de Bougainville, ces articles étant consacrés à la lutte franco-anglaise en Amérique du Nord. 

Bougainville participa ensuite à la défense de la Nouvelle-France, jusqu’à la capitulation de Montréal en septembre 1760. 

De retour en France, Bougainville conçut le projet d’un voyage d’exploration et de découverte autour du monde, qui reçut l’approbation de Choiseul. Il quitta Brest le 5 décembre 1766 pour une expédition qui allait durer 28 mois et qui devait le mener à Montevideo, aux îles Malouines, à Rio de Janeiro avant de franchir le détroit de Magellan puis de faire escale à Tahiti. L’expédition explora ensuite les Nouvelles-Hébrides, les îles Salomon, la Nouvelle-Irlande et la côte nord de la Nouvelle-Guinée. Bougainville rentra enfin en France en passant par les Moluques, Batavia, l’île de France et Le Cap. Il débarqua à Saint-Malo le 16 mars 1769, ayant eu très peu de pertes, sept morts et réalisant le premier tour du monde de la marine royale. 

 

Il participa ensuit à de nombreux combats avec des fortunes diverses et mourut chargé d’honneurs le 31 aout 1811 à Paris. 

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LE PREMIER CONCOURS CAMES

26 Janvier 2019 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE

LE PREMIER CONCOURS CAMES DANS FRAT-MAT

LE PREMIER CONCOURS CAMES DANS FRAT-MAT

 

À l’automne 1983 se déroula le premier concours CAMES à Abidjan, que je ne voulais pas rater. 

 

Le concours CAMES est un concours d’agrégation organisé tous les deux ans par les dix-neuf pays du Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur (CAMES), afin de recruter des professeurs pour les Universités Africaines en Droit, Sciences Économiques et Sciences de Gestion.

J’avais de bonnes raisons de ne pas vouloir le rater. La raison principale provenait du fait que j’avais participé à sa conception, notamment afin qu’il intègre les Sciences de Gestion à côté du Droit et des Sciences Économiques. 

La seconde raison était que j’aimais beaucoup Abidjan et la perspective d’y séjourner le temps du concours, en étant logé dans le meilleur hôtel d’Abidjan, l’hôtel Ivoire, n’était pas pour me déplaire. 

Pour participer à ce concours, j’avais dû prolonger ma mission d’enseignement au Sénégal de trois mois, jusqu’au 30 novembre 1983, mais la naissance prévue de ma fille en février 1984 faisait qu’il ne pouvait être question de « durer » plus longtemps au Sénégal. Ce fut donc une période où l’on ne me vit que passer au Sénégal, les mauvaises langues prétendant que cela avait toujours été le cas. 

Les jurys étaient au nombre de quatre, l’Histoire du Droit, le Droit Public, le Droit Privé auquel s’ajoutaient les Sciences Économiques et de Gestion, vingt professeurs rassemblés auxquels s’ajoutait le secrétariat du Jury. Cela coûtait fort cher, si bien que le Président Houphouët Boigny avait dû financer le CAMES pour permettre l'organisation du concours, ce qui expliquait sans doute sa convocation à Abidjan. 

Je ne me souviens malheureusement plus du nom de mes collègues, mais je sais que nous étions trois professeurs français, un professeur enseignant en France et deux relevant d’Universités Africaines, Lomé (une collègue féminine) et Dakar (moi-même), un professeur belge et un professeur camerounais. Ce dernier fut choisi pour présider le Jury, alors que la situation du Cameroun était paradoxale au sein du Cames puisque le pays se refusait à y envoyer des candidats, par amour-propre.

Le 7 novembre 1983 s’ouvrit donc à Abidjan le tout premier Concours de Droit et de Sciences Èconomiques et de Gestion avec vingt-neuf candidats dont vingt et un Ivoiriens, pour quatre jurys. Depuis, le nombre des candidats a fortement augmenté dans les jurys ultérieurs

Si douze candidats sur vingt-neuf furent déclarés admissibles, le jury du concours éleva finalement sept postulants au rang de Maître de Conférences Agrégé. Il s’agit du Sénégalais Dominique Sarr (Histoire des institutions), de l’Ivoirienne Anne Jacqueline Oble (Droit privé), de l’Ivoirien René Degni-Ségui et du Sénégalais Moustapha Sourang (Droit public et Sciences politiques), des Ivoiriens Achi Atsain et Ahmed Hobkhoo ainsi que du Sénégalais Moustapha Kassé (Sciences économiques et de gestion).

L’audition des candidats suivi des questions et des délibérations ne furent pas toujours faciles. Certains candidats nous paraissaient dangereux pour les économies de leurs pays lorsqu’ils prônaient, par exemple, la généralisation de l’industrie industrialisante, chère à mon collègue Destanne de Bernis. En retour, nous ne manquâmes pas de nous faire accuser de partialité teintée de colonialisme. 

Inversement, lorsque je revins à Dakar, je me retrouvais en butte aux critiques de certains de mes collègues qui n’étaient pas satisfaits de nos choix, trop favorables selon eux à certains candidats, dont l’un, une fois reçu, devint plus tard, en partie grâce à son succès au concours, le conseiller économique du Président Abdoulaye Wade. 

Reste à ajouter à mes commentaires académiques quelques mots de l’ambiance à Abidjan. L’insécurité restait modérée ce qui nous permettait de faire le soir des incursions à Treichville, la partie la plus animée d’Abidjan. Je me souviens de ma confusion lors d'un retour fort tardif d’une soirée en croisant des collègues d’un jury d'Histoire du Droit, impeccablements sanglés dans leurs costumes foncés et quitant, leur jury achevé l'hôtel pour l'aeroport, alors que ma propre tenue était nettement plus décontractée que la leur. 

Je me souviens d’une autre soirée chez des amis (n’allez tout de même pas croire que toute les soirées à Abidjan étaient aussi animées) au cours de laquelle je rencontrais un coopérant qui se trouvait en total accord avec moi, aussi farfelues mes opinions étaient-elles. J’en étais naturellement ravi, tout en étant fort surpris d’une aussi grande convergence de vue. La soirée achevée, il me proposa de me raccompagner à l’hôtel avec sa voiture et c’est en arrivant à l’Ivoire que la nature réelle de ses intentions se révélèrent vraiment, à nouveau à mon grand étonnement.

 

Enfin il fallut revenir à Dakar à la fin novembre 2013, pour se préparer aussitôt à mettre fin à ma période de coopération et rejoindre la France. 

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LA JALOUSIE GOUVERNE T-ELLE LE MONDE?

22 Janvier 2019 , Rédigé par André Boyer Publié dans #PHILOSOPHIE

LA JALOUSIE GOUVERNE T-ELLE LE MONDE?

La découverte du désir mimétique amène René Girard à s’interroger sur la violence. L'homme est une espèce apte à l'imitation, d’où sa grande faculté d'apprentissage mais aussi sa tendance à la rivalité mimétique dans l'appropriation des objets qui fait que, comme cette rivalité est contagieuse, la violence menace sans cesse les sociétés humaines. 

 

Cette question de la source et de la limitation de la violence est abordée par René Girard dans La Violence et le Sacré (1972). Il y met en lumière les mécanismes de fonctionnement des sociétés humaines autour du désir mimétique. 

À cet effet, il postule que, dans une société, l’existence d’un ordre normal est forcément le fruit d’une crise antérieure qui a été résolue. Partant de cette hypothèse, pour prévenir le retour d’une crise violente qui menace l’existence du groupe tout entier et rester réconciliés, nos ancêtres ont substitué des victimes nouvelles à la victime originaire. Il leur a donc fallu choisir une victime qui soit le symbole sacré de la réconciliation, d’où le développement progressif sur plusieurs centaines de milliers d’années, d’un mode de gestion de la violence qui consiste à la différer: dans un cadre symbolique, des sacrifices sanglants permettaient de refouler et de modérer les conflits internes dans les communautés archaïques aux dépens de victimes de substitution, les boucs émissaires.

Cette première explication de la diffusion du sacrifice expiatoire a été complétée par René́ Girard dans Des choses cachées depuis la fondation du monde (1978). Il y présente les Évangiles, qui ne seraient qu’un récit mythique parmi d’autres si la victime-Dieu, lynchée par une foule unanime, ne présentait pas une particularité extraordinaire, soigneusement cachée jusque-là, son innocence

C’est à ce titre que l’Évangile renversa totalement l’ordre sacrificiel sur lequel reposait l’équilibre des sociétés, encore qu’avant lui l'Ancien Testament eut déjà entrepris de reconnaitre l'innocence de victimes telles qu’Abel, Joseph ou Job. Cependant, avec les Évangiles, se dévoilaient tout d’un coup ces « choses cachées depuis la fondation du monde » (Matthieu 13, 35), à savoir la fondation de l'ordre du monde sur le meurtre, présenté dans toute son horreur dans le récit de la Passion, pour laisser chacun devant ses responsabilités : « Aimez-vous les uns les autres ». 

René Girard montre ensuite l’importance de l’enjeu en invoquant notamment Nietzsche qui a compris que le judaïsme et le christianisme défendaient les victimes injustement condamnées et condamnaient a contrario les bourreaux injustement légitimés.

Il montre enfin, dans Achever Clausewitz (2007), que ce dernier a compris que la rivalité́ mimétique nourrissait une montée aux extrêmes de la violence qui aboutissait à̀ la recherche de l’anéantissement de l’autre, contre lequel il fallait livrer une guerre absolue, un duel qui serait la continuation du sacrifice originel du frère jumeau.

René Girard estime enfin que, comme l’humanité́ possède désormais les moyens techniques de détruire toute vie sur la planète, rien ne semble pouvoir arrêter aujourd’hui l'intensification de la violence, puisque d’une part nul mythe ni sacrifice ne peuvent plus la contenir et que d’autre part le message chrétien n’est plus perceptible dans le cadre idéologique de la modernité. 

À l’appui de la thèse de René Girard, une autre thèse, celle de la consommation ostentatoire développée par Thorstein Veblen, montre de même que la quête effrénée d’objets de luxe exprime la rivalité́ entre les membres d'une même catégorie sociale. On peut aussi se souvenir que le Léviathan de Thomas Hobbes postulait que l’égalité́ fondamentale entre les hommes entrainait une guerre de tous contre tous qui ne pouvait être évitée que par l‘instauration d’une force supérieure, celle de l’État. 

 

La théorie de René Girard reste cependant une interprétation et non une démonstration de la dynamique des sociétés humaines : doit-on retenir que la jalousie, sous la forme qu’il la présente, le désir mimétique, gouverne le monde ?  

 

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LA FABRIQUE DE LA HAINE

17 Janvier 2019 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

TIR AUX PIGEONS JAUNES

TIR AUX PIGEONS JAUNES

Je reproduis et je commente ensuite la lettre individuelle qu’adresse Maurice Grimaud, préfet de police à tous les policiers le 29 mai 1968, après des semaines de manifestations souvent violentes à Paris et en Province :

 

« Je m’adresse aujourd’hui à toute la Maison : aux gardiens comme aux gradés, aux officiers comme aux patrons, et je veux leur parler d’un sujet que nous n’avons pas le droit de passer sous silence : c’est celui des excès dans l’emploi de la force.

Si nous ne nous expliquons pas très clairement et très franchement sur ce point, nous gagnerons peut-être la bataille sur ce point, nous gagnerons peut-être la bataille dans la rue, mais nous perdrons quelque chose de beaucoup plus précieux et à quoi vous tenez comme moi : c’est notre réputation.

Je sais, pour en avoir parlé avec beaucoup d’entre vous, que, dans votre immense majorité, vous condamnez certaines méthodes. Je sais aussi, et vous le savez avec moi, que des faits se sont produits que personne ne peut accepter.

Bien entendu, il est déplorable que, trop souvent, la presse fasse le procès de la police en citant ces faits séparés de leur contexte et ne dise pas, dans le même temps, tout ce que la même police a subi d’outrages et de coups en gardant son calme et en faisant simplement son devoir.

Je suis allé toutes les fois que je l’ai pu au chevet de nos blessés, et c’est en témoin que je pourrais dire la sauvagerie de certaines agressions qui vont du pavé lancé de plein fouet sur une troupe immobile, jusqu’au jet de produits chimiques destinés à aveugler ou à brûler gravement.

Tout cela est tristement vrai et chacun de nous en a eu connaissance.

C’est pour cela que je comprends que lorsque des hommes ainsi assaillis pendant de longs moments reçoivent l’ordre de dégager la rue, leur action soit souvent violente. Mais là où nous devons bien être tous d’accord, c’est que, passé le choc inévitable du contact avec des manifestants agressifs qu’il s’agit de repousser, les hommes d’ordre que vous êtes doivent aussitôt reprendre toute leur maîtrise.

Frapper un manifestant tombé à terre, c’est se frapper soi-même en apparaissant sous un jour qui atteint toute la fonction policière. Il est encore plus grave de frapper des manifestants après arrestation et lorsqu’ils sont conduits dans des locaux de police pour y être interrogés.

Je sais que ce que je dis là sera mal interprété par certains, mais je sais que j’ai raison et qu’au fond de vous-mêmes vous le reconnaissez.

Si je parle ainsi, c’est parce que je suis solidaire de vous. Je l’ai dit déjà et je le répéterai : tout ce que fait la police parisienne me concerne et je ne me séparerai pas d’elle dans les responsabilités. C’est pour cela qu’il faut que nous soyons également tous solidaires dans l’application des directives que je rappelle aujourd’hui et dont dépend, j’en suis convaincu, l’avenir de la préfecture de police.

Dites-vous bien et répétez-le autour de vous : toutes les fois qu’une violence illégitime est commise contre un manifestant, ce sont des dizaines de ses camarades qui souhaitent le venger. Cette escalade n’a pas de limites.

Dites-vous aussi que lorsque vous donnez la preuve de votre sang-froid et de votre courage, ceux qui sont en face de vous sont obligés de vous admirer même s’ils ne le disent pas.*

Nous nous souviendrons, pour terminer, qu’être policier n’est pas un métier comme les autres ; quand on l’a choisi, on en a accepté les dures exigences mais aussi la grandeur.

Je sais les épreuves que connaissent beaucoup d’entre vous. Je sais votre amertume devant les réflexions désobligeantes ou les brimades qui s’adressent à vous ou à votre famille, mais la seule façon de redresser cet état d’esprit déplorable d’une partie de la population, c’est de vous montrer constamment sous votre vrai visage et de faire une guerre impitoyable à tous ceux, heureusement très peu nombreux, qui par leurs actes inconsidérés accréditeraient précisément cette image déplaisante que l’on cherche à donner de nous.

Je vous redis toute ma confiance et toute mon admiration pour vous avoir vus à l’œuvre pendant vingt-cinq journées exceptionnelles, et je sais que les hommes de cœur que vous êtes me soutiendront totalement dans ce que j’entreprends et qui n’a d’autre but que de défendre la police dans son honneur et devant la nation. »

 

À un demi siècle de distance, la lettre de Maurice Grimaud rappelle aux policiers que commettre des actes violents contre des manifestants est indigne de leur mission et engendre un effet politique purement négatif en augmentant le niveau de colère et de frustration.

Aujourd’hui, il est remarquable que malgré les avantages matériels obtenus, les manifestations des Gilets Jaunes se poursuivent, alimentées par le refus de prendre en compte les changements politiques qu’il demandent et  une volonté manifeste de violence dans la répression. Le pouvoir politique s’est en effet dérobé durant neuf semaines derrière des tirs de flashballs qui ont eu comme effet, du fait des blessures graves qu’ils provoquent, de générer la haine. Désormais ce même pouvoir espère que le battage fait autour des prestations pédagogiques du Président Macron permettront d’occulter ou même de réduire les manifestations des Gilets Jaunes.

Mais cette entreprise d’enfumage ne peut pas occulter la fracture  profonde créée par la violente répression policière entre les Gilets Jaunes et leurs soutiens d’une part et d’autre part les Français qui estiment que les revendications de ces derniers ne justifient pas le désordre qu’elles engendrent, quelles que soient les responsabilités respectives des protagonistes des affrontements.

 

Cette fracture, voulue par le pouvoir politique, peut rendre à terme la France ingouvernable, à moins que les Français ne s’emparent du simulacre de débat qui leur est proposé pour renverser la table et se réconcilier entre eux, à la barbe du pouvoir.

 

 

* Ces paragraphes ont été soulignés par les soins du Préfet Grimaud.

TABLEAU DE CHASSE PARTIEL

TABLEAU DE CHASSE PARTIEL

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LOUIS-ANTOINE DE BOUGAINVILLE

14 Janvier 2019 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

LOUIS-ANTOINE DE BOUGAINVILLE

 

Beaucoup d’entre vous connaissent le voyage autour du monde de Bougainville, le même qui, le 13 septembre 1759 en fin de matinée, arrive à marche forcée à proximité du champ de bataille.  

Il est en effet l'un des principaux adjoints de Montcalm, qui l’a envoyé avec 2200 hommes pour assurer la défense de la rive nord, entre Québec et la rivière Jacques-Cartier, une zone qui comprenait l'Anse-au-Foulon. La veille du débarquement anglais, 280  de ses soldats étaient cantonnés dans une série d'avant-postes entre l’Anse des Mères et la Rivière du Cap Rouge.

C’est donc logiquement que Bougainville commence par envoyer une centaine de volontaires essayer de reprendre la batterie de Samos et l'Anse au Foulon. Mais  ses efforts sont contrariés par l'action de Towshend, qui a hérité du commandement de l'armée britannique après la mort de Wolfe et qui vient à peine de rassembler ses soldats sur les plaines d’Abraham. Lorsqu'il apprend l’arrivée de Bougainville, il ordonne au 35e et au 48e régiments de marcher à sa rencontre avec les deux canons de York, ce qui entraine l’échec de l’opération tentée par Bougainville, qui apprend en même temps que l’armée conduite par Montcalm a été défaite.  Il ordonne alors  à ses troupes de se replier et envoie demander les ordres de Vaudreuil.

À ce moment de la bataille, On mesure l’énormité de l’erreur tactique qui a consisté à attaquer Wolfe sans coordonner les actions des différentes troupes disponibles : le résultat fut tout bonnement la perte du Canada et à terme de la Louisiane. Le rapport de force, en nombre d’hommes, en pièces d’artillerie et en mobilité penchait très fortement en faveur des troupes françaises, canadiennes et indiennes. Il aurait été facile de harceler et d’exterminer les troupes de Wolfe encerclées sur les plaines d’Abraham ! 

Mais avant d’aller plus loin dans le récit de la bataille, il me semble utile de se pencher sur la carrière de Bougainville, l’un des aides de camp favoris de Montcalm, qui a sans doute fait pencher la balance à Paris en faveur de ce dernier et qui est donc en partie responsable du désastre.  

Louis-Antoine de Bougainville est né à Paris le 12 novembre 1729. Son père est notaire au Châtelet et échevin de la ville. Sa mère, Marie-Françoise d'Arboulin est liée au cercle de Madame de Pompadour par son frère Jean Potentien, administrateur général des Postes en 1759. À cinq ans, Louis Antoine perd sa mère et est placé sous la protection de Madame Hérault de Séchelles à Versailles, qui est la fille d’un contrôleur général des finances et qui  devient sa mère de substitution et éducatrice. Tous gens d'influence.

Il fait ensuite des études au collège de Beauvais où il montre des aptitudes particulières pour les études mathématiques sous la direction de D'Alembert et Clairaut, si bien qu’il publie deux volumes d'un Traité de calcul intégral, à 25 ans, alors qu’il est entretemps devenu avocat au Parlement de Paris et qu’il a commencé une carrière militaire en s’inscrivant tardivement, à 21 ans, aux mousquetaires noirs. Trois ans plus tard,  il est aide-major dans le régiment de Picardie, puis il sert comme aide de camp à l’officier général François de Chevert avant de passer en octobre 1754 en Angleterre en qualité de secrétaire du maréchal de Lévis-Mirepoix, nommé ambassadeur extraordinaire à la cour de Londres à la suite des incidents survenus dans la vallée de l’Ohio.  Il revient en France en février 1755 où il reprend ses fonctions auprès de Chevert. Le 8 janvier 1756, en raison de ses travaux mathématiques, il est élu membre de la Royal Society à Londres.

 

Il reçut une commission de capitaine le 27 février suivant et quand Louis-Joseph de Montcalm fut promu commandant des troupes régulières françaises du Canada, Bougainville fut attaché à son service comme aide de camp. Ils quittèrent Brest sur la Licorne le 3 avril 1756.

 

À SUIVRE

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GESTION ET CULTURES AFRICAINES

11 Janvier 2019 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE

GESTION ET CULTURES AFRICAINES

L’objet de mon retour précoce était la Senelec, la Société nationale d’électricité du Sénégal, qui distribue l’électricité dans les zones urbaines du pays. 

 

Le rapide rapport que je devais faire sur cette société, à partir des interviews de ses cadres et de ses données comptables et financières, révéla une grande faiblesse de la gestion de ses stocks. Il faut comprendre qu’en matière de remplacement du matériel de production d’électricité, comme les pièces détachées de transformateurs par exemple, des stocks relativement importants sont nécessaires, compte tenu des délais pour les obtenir des fournisseurs situés en général situés en Europe, de quelques jours à quelques mois selon l’urgence et les délais de production. 

Or si certains matériels étaient disponibles en quantité importante jusqu’à correspondre à une demande de deux ou trois mille ans (sic), d’autres étaient carrément en rupture de stock, si bien que le moindre incident pouvait provoquer une rupture de la fourniture électrique dans une zone, pour plusieurs jours ou même pour plusieurs semaines. Bref la gestion des stocks était déficiente et telle fut l’orientation générale de mon rapport. 

Vint ensuite la reprise des cours, lors de l’avant dernière année de mon séjour à Dakar, en 1982-1983. Je démarrais l’année avec la ferme intention de bousculer les habitudes en créant un groupe de recherche en gestion qui s’adressait aux enseignants chercheurs sénégalais, assistants préparant une thèse ou maitres de conférences.

Dans mon idée, ce groupe devait se réunir toutes les semaines, mais cette ambition apparut rapidement démesurée et il fallut passer au rythme d’une fois tous les quinze jours, puis tous les mois, jusqu’à finir par le suspendre sine die. Pour l’écrire simplement, ce fut un échec total, d’autant plus qu’au bout de quelques séances, si je parvenais encore à réunir quelques collègues français, les sénégalais étaient totalement absents, or c’est à eux qu’étaient principalement destinées ces réunions, afin de stimuler leur travail de recherche. 

Cependant cet échec eut une suite heureuse. D’une part je parvins à conduire deux collègues jusqu’à la soutenance d’une thèse en gestion, Léopold Ahounou (1983) sur « La problématique du financement des entreprises dans les Etats de l'U.M. » et Bassirou Tidjani (1984) sur « Éléments pour la gestion du personnel: les salaires. ». Ils furent mes deux premiers doctorants parmi les quarante deux qui ont soutenu sous ma direction entre 1983 et 2015. L’un et l’autre ont fait une belle carrière dans l’enseignement supérieur de gestion.  

En outre, mon échec initial n’avait pas altéré ma conviction qu’un réseau d’enseignants en sciences de gestion était nécessaire pour réfléchir à ce que devait être la recherche en gestion en Afrique, alors que les techniques de gestion qui y étaient appliquées étaient destinées, sous un discours hypocrite (think global, act local), à ignorer et donc à bouleverser puis à détruire les cultures africaines. 

C’est pourquoi je créais en 1983 avec mon collègue Alain Billon et le soutien de la FNEGE, un Laboratoire de Gestion et Cultures Africaines qui allait fonctionner jusqu’en 1992. Ce laboratoire réunissait les collègues qui s’intéressaient à la gestion en Afrique et il a concerné jusqu'à une centaine de chercheurs auprès desquels nous diffusions par courrier les meilleurs travaux qui nous parvenaient. À partir de mon retour en France, j’ai installé ce laboratoire à l’IAE de Nice qui mettait à sa disposition un ou deux moniteurs, parmi lesquels Nathalie Tramont se distingua particulièrement en contribuant de manière décisive à sa bonne organisation et à son fonctionnement. 

Le "Labo" était situé dans une toute petite salle, celle d'un petit bureau que j'ai occupé de 1985 à 2015 à l'IAE, mais en dehors d'une boite métallique qui contenait des fichiers d'adresse, des archives des bulletins de notre revue et d'une plaque (que j'ai toujours) sur la porte, tout se passait dans nos échanges avec l'Afrique toute entière, francophone et anglophone. C'est ainsi que de trés faibles moyens matériels et financiers ont permis d'offrir à des enseignants chercheurs isolés de prendre conscience qu'ils étaient nombreux à s'intéresser à la gestion  en Afrique et à  publier leurs premiers travaux. 

 

À l’automne 1983, alors qu’arrivait à son terme mon séjour à Dakar et que mon successeur à la Faculté, le Professeur Daniel Gouadain, était déjà arrivé, j’accomplissais une dernière grande mission à Abidjan, à l’occasion du concours CAMES. 

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LE TRIANGLE DU DÉSIR

6 Janvier 2019 , Rédigé par André Boyer Publié dans #PHILOSOPHIE

LE TRIANGLE DU DÉSIR

Né le 25 décembre 1923 à Avignon, René Girard, ancien élève de l'École des Chartes, a mené aux États-Unis une carrière d'enseignant de littérature aux universités Johns Hopkins, Buffalo et Stanford. 

 

Parti de l'analyse d'œuvres littéraires, il s'oriente progressivement vers l’élucidation de la situation du désir, en rompant avec le consensus qu’offre les analyses classiques de ce phénomène. 

Dans son premier essai, Mensonge romantique et Vérité romanesque (1961), l’hypothèse avancée par Girard est fondée sur l’analyse du comportement de personnages romanesques, tels que Don Quichotte, Emma Bovary, les héros de Stendhal et de Proust. 

Girard s’attache à défaire les illusions de la plupart des individus, persuadés d'être uniques et originaux, en particulier par l'objet de leur « désir » qu’il porte sur une personne, un idéal, un type de vie, un objet ou une valeur. Il montre que l’opinion publique, en l’occurrence les critiques littéraires, met  exagérément l'accent sur la singularité des œuvres, des styles et des auteurs et finalement des désirs. 

Pour sa part, Girard reconnaît bien ces singularités, mais les relie toutes à une structure du désir qu'il met en lumière : il montre que dans chaque cas, le désir ne dépend pas en premier lieu de la qualité de l’objet désiré mais des rapports entre le héros et l’Autre, celui qui a rendu l’objet désirable. Il s’agit pour Girard d’aider de montrer le fondement mimétique du désir, en d’autres termes de poser que tout désir serait l'imitation du désir d'un autre. 

Girard estime que, loin d’être autonome, notre désir est toujours suscité par le désir qu'un autre a d'un objet quelconque. Aussi montre t-il que l’on peut toujours construire un triangle entre le sujet, l’objet et son médiateur. Il montre ensuite que le désir possède une dimension métaphysique, lorsqu’il n’est pas un simple appétit : « tout désir est désir d’être». En cela, contrairement au besoin, le désir humain recèle un caractère infini, au sens où il ne peut jamais être véritablement satisfait. 

Or, chacun tient absolument à l’illusion de l’authenticité de ses désirs, ce qui a conduit les romanciers à exposer toute la diversité des mensonges, dissimulations, manœuvres, qui ne sont que les « ruses du désir » pour éviter de voir en face sa vérité : l’envie et la jalousie.

En sus des grands auteurs, René Girard renforce son analyse par une analyse critique des œuvres de Freud, ce dernier n’ayant  pas perçu le caractère mimétique du désir et la dynamique de la rivalité mimétique qui en découle. Aussi, pour proposer une théorie du triangle conflictuel qu’il rencontre souvent chez ses patients, Freud a du inventer le complexe d'Oedipe. 

Là où la conception mimétique détache le désir de l’objet, Freud s’accroche au désir fondé sur l’objet, en l’occurrence la mère et alors que la violence est une simple conséquence de la rivalité, Freud doit supposer une conscience de la rivalité paternelle et de ses conséquences meurtrières. 

Cette invraisemblable conscience chez l’enfant, qui consiste à  vouloir posséder sa mère et tuer son père, oblige Freud à introduire l'inconscient et le refoulement.

 

C’est pourquoi René Girard estime que son concept de désir mimétique permet de mieux expliquer et de rendre plus cohérentes les observations de la psychanalyse, que les hypothèses héroïques de Freud…

 

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2019 ET APRÉS

2 Janvier 2019 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

PLAN-RELIEF DE NEUF-BRISACH

PLAN-RELIEF DE NEUF-BRISACH

Pour l’essentiel, on sait ce qui va se passer : la France continuera, ce n’est pas un malaise social qui va l’abattre. Mais devant elle, une page blanche reste à écrire. 

 

Une page blanche, ce n’est pas arrivé souvent dans l’histoire et, de ce point de vue, 1848 est une assez bonne référence : Louis-Philippe s’enfuit et chacun, peuple comme politiciens, reste interdit. Que va-t-on faire ? Une République socialiste à la Blanqui ou restaurer le Roi ? Finalement l’alchimie des émeutes et de la répression portera un Louis-Napoléon Bonaparte au pouvoir. 

En ce mois de janvier 2019, Macron est toujours là, mais du point de vue politique, il a disparu. On ne l’écoute plus que distraitement, ce qui le rend incapable de faire avancer ses « réformes ». Quant aux revendications qui l’assaillent, soit il y cède et il précipite la France dans une spirale de déficits rapidement insoutenables, soit il s’obstine dans l’application de son programme et il enclenche une montée irrépressible de protestations qui submergeront l’État en peu de temps. 

S’il le peut, il lui faut donc rester immobile sur le front socio-économique et au contraire agir sur le front politique. À qui passer la main ? Personne ne s’affirme, ni à droite, ni à gauche, tandis que les gilets jaunes constituent une force de protestation d’où émerge une multitude de revendications. Aussi, n’ayant aucun espoir de remonter la pente, Macron peut essayer de durer, encore que je doute que cela soit possible en raison du ressentiment patent qu’il suscite, voire de la haine. 

Il me semble donc vraisemblable qui lui faudra remettre le pouvoir sous une forme qui reste à déterminer, la dissolution de l’Assemblée Nationale ou la démission pure et simple. Mais chacun pressent que l’écheveau politique ne sera pas démêlé pour autant. Le référendum d’initiative populaire, vers lequel penche l’opinion publique, fera sans doute monter les enchères, mais quoi d’autre ? Il reste qu’une fois l’épisode Macron achevé, ses pieds nickelés de conseillers partis et ses députés amateurs renvoyés à leur chère société civile, la page blanche sera toujours vierge. 

Qui réduira le chômage ? Qui rétablira les équilibres financiers et surtout l’équilibre des échanges ? En ce début d’année 2019, franchement, aucune idée. Si je connais, comme tout le monde, le résultat à atteindre, je sais aussi que pour résoudre le problème, il faut tenir compte, contrairement à Macron et à ses conseillers, de deux données fondamentales. 

Tout d’abord, la France ne peut pas être changée. Elle peut souffrir, elle peut même être torturée comme sous l’Occupation, mais elle ne sera pas changée. Les peuples ne changent pas de mentalités, même sur des durées de plusieurs siècles. 

Ensuite, il faut intégrer la donnée fondamentale de l’organisation de la France et donc du fonctionnement économique, social et politique du pays. Alors que les Anglais venaient de poser, avec la Magna Carta, les bases de la société individualiste que leurs épigones étasuniens essaient lourdement d’imposer au monde d'aujourd’hui pour vendre leurs produits, Les Français amorçaient à la fin du XIIIe siècle avec Philippe le Bel la construction de leur société autour de l’État, un État chargé d’assurer une répartition équitable des pouvoirs et des richesses et d’assurer sa protection. L’État devenait le garant d’une société inclusive et non pas le spectateur d’une société exclusive à l’anglo-saxonne, les Français étant invités à rêver d’une aventure collective et non pas d’une addition d’aventures individuelles. 

Si vous acceptez ces deux postulats, vous avez la clé de l’échec de Macron. Propulsé au pouvoir par un gang de milliardaires qui voulaient changer la France à leur profit en commençant par laminer l’État,  il a révulsé les Français par des « réformes » appuyées sur des discours provocateurs, des Français qui ne veulent pas voir l’État s’effacer pour les laisser seuls face à la jungle mondialisée et ses fauves. 

On le voit bien avec l’impact de l’annonce de la désindexation des retraites. Ce ne sont pas seulement les actuels retraités qui s’inquiètent de leur pouvoir d’achat immédiat, ce sont tous les actifs qui se demandent quelles seront leurs retraites futures. Il en résulte que toute la société française est négativement atteinte par une telle décision. Allez faire passer la « réforme » des retraites après cela. 

Les Français veulent préserver leur société, avec le soutien séculaire de leur État. S’attaquant à ce fondement central de la société française, les apprentis sorciers se sont disqualifiés. Aussi, je suis convaincu que le mot d’ordre politique qui va vite s’imposer tournera autour de la protection assurée par l’État : protection de l’État lui-même, protection sociale, protection économique, protection de l’agriculture, protection écologique, protection de l’industrie avant de la reconstruire. 

Une fois que la priorité de ce thème se sera imposée, je ne m’inquiète pas de la capacité de nos technocrates, aujourd’hui livrés au vertige de l’argent mondialisé, à trouver demain les moyens de l’assurer autour de la monnaie, de l’organisation du financement de l’État ou des protections douanières : l’intendance suivra les objectifs politiques. 

 

L’action politique d’aujourd’hui a montré sa vacuité dans le cadre de la société française de 2018. L’année 2019 devrait permettre de lui en donner un et de ce point de vue, il me paraît évident que le thème de la protection s’imposera.

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