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Le blog d'André Boyer

Coup d'État de l'UE à Kiev

27 Février 2014 Publié dans #ACTUALITÉ

 

La cinquième élection présidentielle ukrainienne de 2010 s’est déroulée en janvier 2010 selon  un scrutin uninominal majoritaire à deux tours. Elle permet, comme en France, d’élire un président de la République pour un mandat de cinq ans.

V Ianoukovitch

Le chef de l'État sortant, Viktor Iouchtchenko, leader de la « révolution orange », avait annoncé sa volonté de briguer un second mandat. L'ancien Premier ministre, Viktor Ianoukovytch, candidat perdant du second tour de l'élection présidentielle de 2004, avait fait également acte de candidature, comme l'ancienne alliée du président sortant Iouchtchenko et Premier ministre, Ioulia Tymochenko.

Au total, dix-huit candidats ont brigué le palais Maryinsky. Au premier tour, le président sortant a été lourdement sanctionné puisqu’il n’est arrivé que cinquième avec 5,45%.

Son parti, le parti Orange qui vient, en février 2014, de remporter provisoirement son bras de fer avec le Président Viktor Ianoukovytch, était jugé responsable de la corruption et des lourds déficits de l’économie ukrainienne.   

Le premier tour, qui a rassemblé 66,76 % des électeurs, plaça  Viktor Ianoukovytch en tête avec 35,32% des voix, suivi de Ioula Timochenko, avec 25,05% des voix. Ces deux candidats s’affrontèrent au second tour qui fut remporté par Viktor Ianoukovytch avec 3,5% de voix de plus que sa concurrente Ioula Timochenko, un écart légèrement supérieur à celui qui a séparé Hollande de Sarkozy en 2012. Le taux de participation se révéla un peu plus élevé qu’au second tour, 69,15%. 

Néanmoins Ioula Timochenko contesta l’élection de son concurrent. Malgré le jugement des observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) qui avaient trouvé le scrutin « transparent et honnête »,  elle dénonça des « fraudes massives » dans l'Est du pays, réclama l'annulation de l'élection et refusa de démissionner de son poste de Premier ministre. Finalement, le vote d’une motion de censure l’y contraignit.

C’est à cette harpie (voir mon blog « Sainte Ioulia Timochenko, martyre) que les apprentis sorciers européens viennent de remettre les clés du pouvoir en Ukraine....

Devant les membres du Parlement ukrainien, Viktor Ianoukovytch dénonça, comme aujourd’hui le nouveau pouvoir, les dettes colossales, la corruption, la pauvreté et une économie qui s'effondrait.

Il souhaitait des relations fortes à la fois avec l'Union européenne et la Russie, avec laquelle il signa un traité permettant à la flotte russe de stationner à Sébastopol pour 25 ans, en échange de quoi il obtint la diminution de 30% du prix du gaz russe livré à l'Ukraine.

L'opposition, acquise aux USA et financée par ces derniers, protesta violemment contre cet accord, tandis que Viktor Ianoukovytch faisait renforcer ses prérogatives présidentielles par la Cour constitutionnelle. C’est alors que se renforcèrent  aussi les pressions occidentales contre son pouvoir. En 2012, l'ONG américaine Freedom House raya l'Ukraine de la liste des pays libres. Accusé de corruption, l'ancien ministre de l'Economie du gouvernement Tymochenko, Bogdan Danilichine, obtint l'asile politique en République tchèque tandis qu'en Ukraine, Ioulia Tymochenko était assignée à résidence, avant d’être condamnée à sept ans de prison ferme pour corruption.

L’Union Européenne fit semblant de ne voir dans cette condamnation qu’un motif politique alors que nul ne pouvait ignorer ses énormes détournements de fonds. L'UE conditionna désormais la signature d’un accord  de libre-échange avec l’Ukraine à la libération de Ioula Timochenko, exerçant directement une pression politique sur le gouvernement ukrainien et encourageant ouvertement son opposition.    

Fin 2013, le gouvernement ukrainien décida de résister à la pression en refusant l'accord avec l'Union européenne. Ce refus entraina aussitôt la programmation d'importantes manifestations pro-européennes à Kiev, l'occupation de la place de l’Indépendance et de la mairie, avec comme mot d'ordre la démission du président Ianoukovytch.

La légitimité de Viktor Ianoukovytch fut irrémédiablement remise en cause lorsque les milices paramilitaires rompirent la trêve pour reprendre possession de la place de l’Indépendance, provoquant la mort de 67 manifestants et de 13 policiers. La foule, aidée par les « négociateurs » européens, obtint gain de cause avec le départ du Président pour l’est du pays et sa « destitution » par le Parlement ukrainien. 

La suite de cette affaire va prendre la forme d'une partie d'échec entre les apprentis sorciers européens et le maitre russe...  

Mais cette affaire ukrainienne est déjà une première: c’est en effet la première fois que l’Union Européenne organise ouvertement un coup d’État dans un pays voisin contre un chef d’État régulièrement élu. Nous, citoyens européens, même abreuvés d’images cherchant à justifier cette action violente, devons prendre conscience de la vraie nature du pouvoir qui nous dirige. 

 

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La fin de Robespierre et de la Terreur

22 Février 2014 Publié dans #HISTOIRE

 

Le dimanche 12 janvier dernier, je relatais dans mon blog « Robespierre reconnu par Fouquier-Tinville » le moment où Robespierre est arrêté et conduit devant Fouquier-Tinville qui avait condamné tellement de ses ennemis. Nous achevons ici le récit de l’exécution de Robespierre et de ses compagnons.

 

execution Robespierre

Après que leurs identités aient été reconnues, les vingt-deux robespierristes furent automatiquement condamnés, puisqu’ils avaient été mis hors la loi par la Convention. Ils gagnèrent ensuite le lieu de l'exécution, place de la Révolution, où les charrettes les transportant arrivèrent à 18h15.

Prenant place sur la liste de la longue cohorte des soixante-deux mille suppliciés des neuf derniers mois, Maximilien de Robespierre fut ce jour-là le dixième exécuté. Un des aides du bourreau arracha brusquement les linges qui soutenaient sa mâchoire, il fut placé sur la bascule et le couperet tomba. Sa tête fut montrée aux assistants qui, bon public, applaudirent !

Les vingt-deux têtes furent placées dans un coffre en bois et les corps furent rassemblés sur une charrette qui se dirigea vers le cimetière des Errancis. On jeta les têtes et les troncs dans une fosse commune et on répandit de la chaux vive pour que le corps de Maximilien Robespierre ne laisse aucune trace.

Le lendemain, soixante et onze autres Jacobins étaient exécutés et le surlendemain douze autres passaient encore à l'échafaud. Des rafles furent ensuite opérées parmi les membres du Conseil général de la Commune conduisant à d’autres exécutions plus tardives.

Paradoxalement, alors que Robespierre était tombé pour s’être attaqué à la gauche du Comité de Salut Public, il incarnait tellement la Terreur que sa mort y mis fin, sans que les membres de la Convention l’aient vraiment décidé. Cela commença le matin du 28 juillet 1794, lorsque les députés de la Convention, surpris, furent accueillis par des acclamations à leur sortie des Tuileries.  

En quelques semaines, la chute de Robespierre provoqua le démantèlement du gouvernement révolutionnaire, emporté par la réaction thermidorienne : les comités furent renouvelés, les comités de salut public et de sûreté générale virent leurs compétences limitées aux domaines de la guerre, de la diplomatie et de la police, la loi de Prairial qui privait les accusés du droit de défense et de recours fut supprimée, les comités de surveillance révolutionnaire furent en pratique fermés aux sans-culottes. 

 

Les bourreaux d'hier étaient devenus les libérateurs d’aujourd’hui !

 

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Deviens ce que tu es

18 Février 2014 Publié dans #PHILOSOPHIE

 

Dans mon blog du 7 janvier dernier, intitulé « Le droit d’être irrationnel » et consacré à la pensée de Nietzsche, je présentai justement le droit qu’il nous octroyait d’être  irrationnel.   

 

papillon.jpegIrrationnel sans doute, mais pas inactif. Nietzsche  nous incite à foncer sans écouter quiconque : « une fois la décision prise, rester sourd, même aux meilleurs contre arguments, avec la volonté de devenir stupide à cette occasion » (Par delà le bien et le mal, IV, 107).

Il estime en effet, qu’une fois que l’on décide d’agir, il faut concentrer toute sa force vitale dans l’action pour aller au bout des possibles, comme sait le faire le champion.  

Car, si l’on désire exceller dans quoi que ce soit, dans le domaine artistique, scientifique ou sportif, il faut se fermer provisoirement à tout autre centre d’intérêt, se soumettre à des règles strictes et répéter inlassablement les mêmes procédures, comme le pianiste qui s’astreint à des heures de gammes, le scientifique qui corrige sans cesse ses protocoles d’observations ou le nageur et ses infinies longueurs de bassin.

Notre esprit, on le sent, devient plus intuitif, plus affuté, plus subtil et donc plus rapide que notre conscience ne nous le permettrait : que le joueur de tennis essaie donc de calculer son coup de raquette pendant les dixièmes de seconde où la balle arrive sur lui, et il ne fera  que la regarder passer !

Toute cette concentration pour agir au mieux, un esclavage en somme !  C’est ce que pense aussi Nietzsche :

« L’esclavage est, semble t-il, au sens le plus grossier et le plus subtil, le moyen indispensable pour discipliner et élever l’esprit » (Par delà le bien et le mal, V, 188)

Paradoxalement, l’esclavage est en effet la condition nécessaire de la véritable liberté, celle de transcender les limites que l’on s’est imposées. Les contraintes que nous nous infligeons canalisent et concentrent l’énergie dans une sorte de creuset qui donne à l’esprit la force de créer, voire de rompre les digues dans lesquelles il est enfermé : nous ne sommes jamais aussi puissants que lorsque nous agissons sous l’emprise de la nécessité.

Nietzsche note :

« Ce qui est essentiel, c’est que l’on aille longuement dans une seule et même direction. Cela finit toujours par produire quelque chose qui fait que la vie sur terre mérite d’être vécue, que ce soit de la vertu, de l’art,  de la musique, une découverte scientifique, un progrès de la raison, une avancée spirituelle, quelque chose qui nous transfigure, quelque chose de raffiné, d’un peu fou, de divin » (Par delà le bien et le mal, V, 188) 

Cette recommandation, il la traduit par ce curieux aphorisme:

Nous devons apprendre à danser dans nos chaînes.

Car, une fois rejetées les chaînes que l’on nous avait imposées, nous devons trouver notre nécessité intérieure, en d’autres termes nos chaînes personnelles.

Ces chaînes que nous acceptons pour découvrir notre destin, notre passion dominatrice, qui font que nous ne nous contenterons pas d’être ce que nous sommes, mais que nous nous sentirons contraints de DEVENIR ce que nous sommes.

 

C’est ce que le poète grec Pindare voulait exprimer en proposant la maxime « Deviens ce que tu es ».

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À la merci des lubies de nos élites

13 Février 2014 Publié dans #HISTOIRE

La doctrine officielle selon laquelle la France, c’est à dire les autorités politiques qui la représente, n’a ménagé aucun effort pour éviter la guerre, qu’elle est injustement agressée et qu’elle est contrainte d’y répondre servira un quart de siècle durant, le temps de justifier la guerre suivante qui en découlera, en 1940.

marne 1914Pendant que l’on mobilise au nom de l’Union Sacrée, les gendarmes exécutent discrètement au bord des chemins les quelques mobilisés qui ont l’audace de s’enfuir et réduit les rares maquis qui se forment, comme dans la Loire.

Du côté de la population, c’est tout d’abord la stupéfaction et l’atterrement.

L’historien Jean-Jacques Becker témoigne par exemple qu’à Aignes (Charente) « la première impression fut, pour tout le monde, une profonde stupéfaction car personne ne croyait la guerre possible». Lui succéda souvent l’abattement: «la consternation, la tristesse, l'angoisse furent fort répandues, bien plus que les sentiments dictés par l'élan patriotique ».

D’autant plus que la proclamation du président Raymond Poincaré, affichée et publiée dans les journaux le 2 août, se voulait faussement rassurante. Derrière cet écran de fumée, le gouvernement comptait  « sur le sang-froid de la noble nation pour qu'elle ne se laisse pas aller à une émotion injustifiée ; il compte sur le patriotisme de tous les Français et sait qu'il n'en est pas un seul qui ne soit prêt à faire son devoir. À cette heure, il n'y a plus de partis, il y a la France éternelle, la France pacifique et résolue. »

Les gens s’auto persuadèrent, pour se rassurer, que la guerre serait courte. Puis ils se laissèrent convaincre par l’argument gouvernemental, sans cesse asséné par les officiels et les journaux, qu’une France forcément pacifique était tenue de  se défendre contre une agression allemande caractérisée.

On partit donc avec la résolution du devoir à accomplir. De toutes façons, le tour était joué, les mobilisés n’avaient pas le  choix.

Que voulaient donc obtenir les élites françaises en acceptant cette guerre ? Barrer la route à une puissance allemande grandissante, en comptant sur la force titanesque de l’allié russe et le soutien anglais qui partageaient la même inquiétude face à l’Allemagne. C’était parti pour la destruction des sociétés européennes et pour la France, un million six cent mille morts (y compris les civils) et quatre millions trois cent mille blessés.

On retiendra ici, que, si la responsabilité de Guillaume II est lourdement engagée dans l’engagement de la guerre, les élites françaises ont pour leur part une forte part de responsabilité dans le massacre de leur propre population, contre la volonté de cette dernière. En effet, ces élites  n’ont pas hésité, alors que deux mois seulement auparavant, la population française s’était prononcée nettement contre la guerre en envoyant une majorité très à gauche au Parlement, à faire le nécessaire pour entrer en belligérance.

On retiendra aussi que c’est un gouvernement de gauche, socialiste et radical, avec un Président du Conseil socialiste, René Viviani, qui en a pris la responsabilité, alors qu’officiellement ce dernier avait été élu sur le programme de l’abrogation du service de trois ans et contre la guerre contre l’Allemagne. Ce n'est pas de 2014 que datent les engagements reniés. On n’oubliera pas non plus que Jean Jaurès, la conscience de la gauche, a opportunément été assassiné quelques heures auparavant.

On retiendra surtout que l’opinion a été presque entièrement manipulée, qu’on lui a caché les prémisses d’une guerre qui l’a prise par surprise et qu’elle ne voulait pas, mais que c’est bien cette population qui en a subi les conséquences les plus terribles. 

Il arrive donc que les élites françaises se trompent, qu’elles agissent contre la volonté exprimée du peuple. Il arrive qu’elles n’hésitent pas à sacrifier les vies d’un million et demi de personnes au nom de leurs convictions.

Tel est, de mon point de vue, la leçon à tirer de l’élection de mai 1914 et des manœuvres en faveur de la guerre en juillet 1914.

Enfin, pour conclure cette série d'articles, la leçon que l’on peut tirer de l’observation des croyances et des agissements des élites 2014, c’est qu’elles ne sont ni plus douées qu'en 1914 pour diriger le peuple sur la voie la moins folle, ni plus respectueuses de la volonté du peuple qu’en 1914.

Elles ont donc toujours la capacité et la volonté de nous sacrifier sur l’autel de leurs lubies….

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Les élites républicaines engagent la France dans la guerre

5 Février 2014 Publié dans #HISTOIRE

 Après avoir voté contre la guerre pas plus tard qu’en mai 1914, les Français vont découvrir en une semaine (une semaine, pas plus !), entre le 27 juillet et le 2 août 1914, qu’ils sont jetés dans une guerre totale contre l’Allemagne :

 

mobilisation généraleDés le 27 juillet, les syndicats français, affreusement inquiets de la tournure des évènements, manifestent contre la guerre sur les grands boulevards. Dans la nuit, tous les permissionnaires sont rappelés, bien que l’on n’en soit pas encore officiellement à l’étape de la mobilisation générale, qui signifie la guerre. 

Le 28 juillet, l’Autriche-Hongrie, forte du soutien actif de Guillaume II, décide de déclarer le 28 juillet la guerre à la Serbie. Ce faisant, l’Allemagne sait qu’elle peut être conduite à mener une guerre européenne. Elle s’y prépare. Elle a son plan pour éviter d’être prise en tenaille entre les troupes russes et françaises. 

Le 29 juillet, le tsar Nicolas II hésite à donner l’ordre de mobilisation générale. Il finit par le donner le 30 juillet à 16 heures. La guerre est aux portes de l’Europe.

Le 31 juillet, le schéma de la guerre se met en place, lorsque l’Allemagne demande à la Russie d’annuler l’ordre de mobilisation générale, alors qu’elle sait que ce serait pour cette dernière un recul inacceptable. 

À 17h 40, Joffre envoie l’ordre de mettre en place « une couverture militaire complète ».

À 19 heures, l’Ambassadeur allemand rencontre le Président du Conseil Viviani et lui demande si, dans l'éventualité d'une guerre russo-allemande, la France garderait la neutralité. Viviani tergiverse  en demandant le temps de la réflexion, mais à 21h 40, comme par hasard, la figure de proue de l’opposition à la guerre en France, Jean Jaurès, « le seul homme apte en France à s’opposer à la guerre avec l’Allemagne », est assassiné par Raoul Villain qui agit pour le compte d’on ne saura jamais qui.

Le 1er août à 11 h, l’Ambassadeur allemand rencontre de nouveau Viviani pour obtenir sa réponse : neutralité ou pas ?

Or Viviani se contente de lui faire la déclaration apparemment sibylline suivante:  « La France s'inspirera de ses intérêts ».

Mais à 15 h 45, Viviani explicite sa réponse en décrétant la  mobilisation générale pour le lendemain 2 août, ce qui signifie clairement la guerre. La première affiche de mobilisation est  apposée quinze minutes plus tard au coin de la place de la Concorde et de la rue Royale. L'ensemble de la population est informé le même jour par des affiches, placardées sur la voie publique dans chaque commune, puis par le tocsin sonné par les cloches des églises et beffrois.

À 17 h, l'empereur Guillaume II ordonne la mobilisation en Allemagne, donc une heure et quart après celle ordonné par le gouvernement français. Il déclare la guerre à la Russie à 19 h. La guerre avec la France est désormais une affaire d’heures. 

Le lendemain 2 août, le Président Raymond Poincaré publie dans le Figaro une déclaration, affichée ensuite sur les murs de toutes les communes de France, dans laquelle il déclare notamment, après une déclaration de principe trompeuse sur la volonté pacifique de la France : « La mobilisation n’est pas la guerre ; dans les circonstances présentes elle apparaît au contraire comme le meilleur moyen d’assurer la paix dans l’honneur. Fort de son ardent désir d’aboutir à une solution pacifique de la crise, le gouvernement, à l’abri de ces précautions nécessaires, continuera ses efforts diplomatiques et il espère encore réussir. »

Il sait bien qu’il essaie de tromper les Français, lui qui est l’un des artisans principaux de la décision, ruminée et préparée depuis 1871, de s’engager dans la guerre contre l’Allemagne.

Au soir du 2 août, l'Allemagne somme le gouvernement belge de ne pas s'opposer au passage des troupes allemandes à travers la Belgique.

Le 3 août à 18 h 45, l'ambassadeur d'Allemagne transmet au chef du gouvernement français la déclaration de guerre de l’Allemagne à la France.

Le 4 août, le Président du Conseil lit à la Chambre de députés une déclaration selon laquelle, la France, vient « d'être l'objet d'une agression brutale et préméditée » alors que depuis l’assassinat de l’Archiduc François Ferdinand, «On ne peut lui imputer aucun acte, aucun geste, aucun mot qui n'ait été pacifique et conciliant » et « qu'elle a fait, jusqu'au dernier moment, des efforts suprêmes pour conjurer la guerre qui vient d'éclater et dont l'empire d'Allemagne supportera, devant l'histoire, l'écrasante responsabilité. » Aussi, « dans la guerre qui s'engage, la France aura pour elle le droit » et c’est pourquoi « elle sera héroïquement défendue par tous ses fils, dont rien ne brisera devant l'ennemi l'union sacrée. » 

 

La doctrine officielle est désormais établie : la France n’a ménagé aucun effort pour éviter la guerre, elle a été injustement agressée et il y répond par l’union sacrée. L’argument servira un quart de siècle durant, le temps de justifier la guerre suivante qui en découlera, en 1940.

À SUIVRE
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