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Le blog d'André Boyer

UNE ANNÉE AVEC ALAIN JUPPÉ?

31 Mai 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

UNE ANNÉE AVEC ALAIN JUPPÉ?

UN CANDIDAT RÉSOLUMENT CONFIANT DANS SON PROGRAMME ET SES CHANCES D'ÊTRE ÉLU

 

Ce blog est un essai de politique fiction, exercice perilleux car toujours démenti par les faits qui, malicieusement, s'ingénient à déjouer toutes tentatives de pronostic. Je m'y astreint néanmoins, souhaitant décrire un processus dont l'absurdité semble encore échapper à nombre de commentateurs. 

Au préalable, j’assure les lecteurs que le programme que j’attribue au Président Juppé est bien celui que le candidat Juppé a rendu public et qu’il déclare vouloir appliquer mordicus.

Il n’est néanmoins pas certain qu’il soit désigné, seul, candidat du parti « Les Républicains » mais nous allons faire comme si ce favori des sondages réussissait finalement à être élu au deuxième tour des Présidentielles.

À 20 heures donc, le 7 mai 2017, les estimations donnent Alain Juppé élu, sans surprise, avec 64% des votants et une participation électorale honorable. Belle victoire pour lui, une partie importante des Républicains, les centristes et les socialistes ayant voté pour lui.

Sa victoire est attribuée au caractère rassurant de ce personnage réputé modéré et à sa détermination affichée de réformer la France. D’ailleurs, dés 21 heures, Alain Juppé, visiblement ému, déclare qu’il a été élu pour mettre en œuvre son programme, qu’il ne fera pas de second mandat et qu’il sera le Président de tous les Français. Sur l’une des chaines de TV, Bayrou rabroue un journaliste qui lui demande qui sera,  à son avis, le successeur de Juppé en 2022. Car la question se pose dés le premier jour.

Les élections législatives ont lieu les 11 et 18 juin 2017. Le Président Juppé a entretemps chargé Emmanuel Macron de former un gouvernement, qui, vraie surprise, comprend une majorité de femmes. Il a donné son investiture à une alliance comprenant Les Républicains, les centristes et quelques socialistes, qui obtient presque la majorité absolue, tandis que le Parti Socialiste maintenu, les écologistes et une alliance de gauche ont préservé un nombre appréciable de sièges et que le Front National est parvenu à faire élire 17 députés, ce qui lui permet de former un groupe à l’Assemblée Nationale.

L’ouverture de la XVe législature a lieu le mardi 27 juin 2017 qui voit l’élection de François Bayrou à la Présidence de l’Assemblée Nationale.

Le mardi 4 juillet 2017, Le Premier ministre présente devant l'Assemblée nationale sa déclaration de politique générale. Cette déclaration est suivie d'un débat puis d'un vote qui montre que le gouvernement est soutenu, en ce début de mandature, par une majorité  assez confortable.  

Au cours du Conseil des Ministres, le mercredi 5 juillet, le Président Juppé dessine sa vision politique autour de la réforme de la France, qu’il présente comme une nécessité vitale pour le pays, invitant fermement son gouvernement à mettre en œuvre sans attendre l’ensemble des engagements qu’il a pris devant les Français.

Ce programme, le Président le détaille à nouveau devant les téléspectateurs le jeudi 6 juillet, avant qu’ils ne partent en vacances :

Pour le budget, une réduction des dépenses publiques de 100 milliards d’euros sera engagée sur la durée de sa mandature, ce qui implique des économies drastiques, Cette réduction concerne les dépenses de l’État, des administrations publiques locales et des administrations de sécurité sociale,  dépenses qui ont constamment augmenté depuis 1978.

C’est donc une rupture drastique dans la politique de l’État qu’engage consciemment le Président Juppé.

Pour les salariés, l’âge légal de la retraite sera porté à 65 ans, les 35 heures hebdomadaires seront supprimées et portées à 39 heures, un nouveau contrat de travail assoupli sera créé, avec possibilité de travailler le week-end ou en soirée. De plus, les indemnités de licenciement seront plafonnées et le compte de pénibilité institué par le gouvernement Ayrault sera supprimé.

Rien de moins !

En outre, les sans-emplois ne seront pas oubliés, puisque la dégressivité des allocations chômage sera instituée, que les revenus d’assistance seront plafonnés et que les bénéficiaires du RSA seront tenus d'accepter l'emploi ou la formation proposée.

Gros temps en vue pour les personnes inscrites auprès de Pole emploi…

Les fonctionnaires en auront aussi pour leur grade, puisque le nombre des fonctionnaires sera réduit de 200.000 à 250.000. Changement considérable, le statut de la fonction publique sera modifié à partir de 2018, puisque les nouveaux fonctionnaires seront assujettis au régime général des salariés. Une petite mesure accessoire, applicable immédiatement,  consistera à rétablir les deux jours de carence pour les congés maladie.

Le temps des fonctionnaires titulaires de leur empli à vie va vers sa fin.

Quant aux syndicalistes, leur mandat sera limité à deux mandats consécutifs, avec obligation d’assurer la moitié de leur activité en temps de travail.

Fini les permanents syndicalistes !

Les consommateurs seront également appelés à la rescousse avec le relèvement d’un point du  taux de TVA.

Une mesure en apparence indolore.

En contrepartie, souligne le Président Juppé, les entreprises seront encouragées à embaucher, puisque les charges sociales seront supprimées pour les entreprises payant les salariés au SMIC. Le Président ne se prononce pas sur les charges des salariés payés au-dessus du SMIC, mais il précise  que les entreprises affiliées au RSI verront leurs cotisations réduites de 2 milliards d'euros et que toutes les entreprises sous forme de sociétés verront leur impôt sur les sociétés abaissé à 30% de leur bénéfice imposable.

Il reste aux entreprises à embaucher, si toutefois la croissance économique est au rendez-vous.

Les familles des classes moyennes, maltraitées par les gouvernements précédents, verront le plafond du quotient familial relevé de 1500 à 2500 euros par demi part supplémentaire, tandis que, ajoute  discrètement le Président qui sait que la mesure sera impopulaire, les familles aisées bénéficieront de la suppression de l’ISF.

Au moins ces électeurs ne regretteront pas d’avoir voté Juppé…

 

Tandis que les journalistes ne trouvent rien de mieux que de comparer Alain Juppé à Margareth Thatcher, les Français, un peu sonnés par ces annonces inhabituelles, partent comme d’habitude en vacances. À l’opposé, le gouvernement se met immédiatement au travail tandis que le Président se contente d’une semaine de repos non loin de sa bonne ville de Bordeaux.

 

(À SUIVRE)

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La révolte des paysans

27 Mai 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

La révolte des paysans

LE CHANT DU CYGNE DES OUVRIERS FACE À LA RÉVOLTE DES PAYSANS

LA RÉVOLTE DES PAYSANS

 

Le 2 décembre 1851, une nouvelle période historique commence, le IIIe Empire, qui s'explique par celle qui vient de s’écouler entre 1848 et 1851.

 

Notons tout d’abord l’habitude prise d’organiser un coup d’État pour contourner les contraintes constitutionnelles, une habitude qui remonte à 1792.

Depuis cette date, aucun pouvoir politique n’a disposé du temps nécessaire pour s’enraciner avant qu’il ne soit balayé par un coup de vent. Deux groupes politiques se sont disputés alternativement le pouvoir, les anciens jacobins reconvertis en révolutionnaires socialistes et les bourgeois qui sont passés du royalisme raisonné à la république des libertés.

En décembre 1848, un nouvel acteur a changé le jeu, la majorité conservatrice qui n’est jamais parvenue à s’exprimer dans les urnes depuis avril 1797 et qui a saisi cette fois-ci l’opportunité de l’élection du Président de la République pour élire de manière inattendue Louis-Napoléon Bonaparte.

Dès lors que ce dernier s’est emparé des commandes de l’État, il a tout fait pour les garder, avec l’appui de la majorité de la population. C’est pourquoi le coup d’État du 2 décembre 1851 possède paradoxalement un aspect démocratique. 

Pour sa part, Karl Marx dans Le 18 brumaire de L. Bonaparte (Deuxième Édition,1869), à qui j’ai emprunté le titre de ce blog, analyse avec une grande lucidité les causes du coup d’État, lorsqu’il le qualifie de « révolte des paysans » et son analyse est toujours d'actualité ( c'est moi qui souligne) quand il mentionne la force du pouvoir de l'État en France et analyse l'origine de sa puissance :

« Ce pouvoir exécutif, avec son immense organisation bureaucratique et militaire, avec son mécanisme étatique complexe et artificiel, son armée de fonctionnaires d'un demi million d'hommes et son autre armée d'un demi million de soldats, effroyable corps parasite, qui recouvre comme d'une membrane le corps de la société française et en bouche tous les pores, se constitua à l'époque de la monarchie absolue, au déclin de la féodalité, qu'il aida à renverser.

« Les privilèges seigneuriaux des grands propriétaires fonciers et des villes se transformèrent en autant d'attributs du pouvoir d'Etat, les dignitaires féodaux en fonctionnaires appointés, et la carte bigarrée des droits souverains médiévaux contradictoires devint le plan bien réglé d'un pouvoir d'Etat, dont le travail est divisé et centralisé comme dans une usine.

« La première Révolution française, qui se donna pour tâche de briser tous les pouvoirs indépendants, locaux, territoriaux, municipaux et provinciaux, pour créer l'unité civique de la nation, devait nécessairement développer l’œuvre commencée par la monarchie absolue : la centralisation, mais, en même temps aussi, l'étendue, les attributs et l'appareil du pouvoir gouvernemental. Napoléon acheva de perfectionner ce mécanisme d'Etat…

« Toutes les révolutions politiques n'ont fait que perfectionner cette machine, au lieu de la briser. Les partis qui luttèrent à tour de rôle pour le pouvoir considérèrent la conquête de cet immense édifice d'Etat comme la principale proie du vainqueur. Ce n'est que sous le second Bonaparte que l'Etat semble être devenu complètement indépendant…

"C'est ce qui explique le morne désespoir, l'effroyable sentiment de découragement et d'humiliation qui oppresse la poitrine de la France et entrave sa respiration. Elle se sent comme déshonorée. »

Il observe ensuite la nature des appuis dont bénéficie Louis-Napoléon Bonaparte dans la société française de 1851 :

« De même que les Bourbons avaient été la dynastie de la grande propriété foncière et les Orléans la dynastie de l'argent, les Bonaparte sont la dynastie des paysans, c'est-à-dire de la masse du peuple français

« Après que la première Révolution eut transformé les demi-serfs en libres propriétaires fonciers, Napoléon consolida et réglementa les conditions leur permettant d'exploiter tranquillement les terres qui venaient de leur échoir et de satisfaire leur enthousiasme juvénile de propriétaires. » 

 

Or les paysans français ont été tout à fait exclus de la dynamique politique depuis la Révolution, époque à laquelle ils avaient accédé à la propriété foncière. Mais ce sont eux qui élisent Louis-Napoléon président de la République et c’est sur eux que ce dernier s’appuie pour briser d'un côté la résistance des riches, les bourgeois républicains et de l'autre côté celle des révolutionnaires.

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LA MAGIE DE LA DÉCISION

22 Mai 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #PHILOSOPHIE

LA MAGIE DE LA DÉCISION

L'EXPERT FACE AUX PARAMÈTRES COMPLEXES DE LA DÉCISION

 

Le 18 mars dernier, je concluais par la formule issue du Léviathan de Hobbes : c’est l’autorité, et non pas la vérité, qui fait la loi. 

 

Dans ses remarquables conférences de 1919 sur le Savant et le Politique,  auxquelles j’ai consacré une série de blogs fin 2011, Max Weber avance que la question des valeurs échappe par essence au domaine  de l’objectivité ou de la vérité.

En matière de valeurs, les débats ouvrent nécessairement, faute de pouvoir être tranchés par un savoir, sur une lutte indépassable entre les systèmes évaluatifs des valeurs en question, si bien que, selon cette approche wébérienne, aucune rationalisation de la décision concernant les fins ultimes ne peut être envisagée.

C’est une conviction qui se fonde sur les écrits de Nietzsche et qui a été reprise par Carl Schmitt. Selon ce dernier, l’homme politique, l’homme de pouvoir par excellence, demeure toujours celui qui décide en situation exceptionnelle. C’est dans une telle situation qu’il possède le monopole de la décision ultime, parce que, face à une décision à prendre urgente et importante, il ne se retrouve plus que face à lui-même.

Cette approche « décisionniste » nous conduit à mesurer les limites des efforts accomplis par le rationalisme pour déduire les choix à partir de principes et de normes fondés sur la raison. Car, si nous assignons à l’homme politique la charge du moment d’irrationalité sans lequel il ne saurait y avoir véritablement de décision, ce surcroît de pouvoir sans lequel gouverner serait tout simplement impossible ne procède que de l’autorité personnelle du leader.

Faut-il  en conclure à l’irrationalité foncière du décideur qui se fonde sur son autorité charismatique?

Il faudrait alors admettre que la politique est bien davantage un art qu’une science, et que, selon Aristote, gouverner requiert un don particulier qui consiste à juger correctement de ce qu’il faut faire et quand il faut le faire.

Les conséquences d’une telle approche sont redoutables.

La logique de la décision inclut sans aucun doute un moment de délibération avec soi-même, lorsqu’il s’agit de choix moral et il s’agit presque toujours de faire, au moins en partie, un choix moral pour pratiquement toutes les « décisions » que nous prenons.

Mais dans ces conditions, la perception ultime de ce qu’il « faut faire » relèverait d’un talent mystérieux qu’Aristote nommait la « prudence », sans parvenir jamais à mieux préciser ce qu’il entendait par là. Mais c’est une imprécision inquiétante, puisque Aristote ouvrait ainsi la voie à un absolutisme qui s’appuierait sur la « supériorité » de ceux qui disposent d’un tel talent et donc au culte du chef, si honni par le prêt à penser de notre temps.

En effet, en fondant le pouvoir sur l’autorité personnelle, la confusion des concepts de pouvoir et d’autorité entraîne en retour un pouvoir forcément autoritaire, avec ses horribles dérives qu’ont été la centralisation robespierriste ou les totalitarismes du XXe siècle. Il en résulte que la représentation « décisionniste » de l’acte de gouverner serait aussi incompatible avec les valeurs démocratiques que le techno-bureaucratisme comme fondement de l’autorité.

Il apparaît dés lors que les absolutismes qui se fondent sur la  compétences ou sur la magie de l’acte de décision participent toutes deux de l’effort du détenteur du pouvoir pour accroitre sa capacité à gouverner.

Tous deux tendent à annuler le pouvoir de l’opinion publique, soit au profit des technocrates, soit au bénéfice du chef charismatique, en écartant le recours à une consultation démocratique de l’opinion.

Ce penchant à écarter le peuple de la décision trouve son origine soit du côté de l’absolutisme des compétences, qui prétend  que seuls les experts possèdent l’autorité requise pour apprécier avec justesse les contraintes objectives qui dictent les choix politiques, soit du côté de l’absolutisme de la décision qui soutient que seul le chef dispose d’une perception aussi mystérieuse qu’irrationnelle pour déterminer avec autorité ce qui doit être fait.

Dans ces deux perspectives, le pouvoir ôte toute légitimité au modèle démocratique et le remet à une élite.

Cette logique convergente de l’expert et du leader anti-démocratique conduit à  deux interrogations successives posées par Habermas :

Si l’idée d’une rationalité du pouvoir apparaît comme une illusion, n’est-ce pas parce que la seule figure envisageable de la raison est celle de la raison scientifique ?

Et si l’on fait appel à une raison non scientifique, quelles devraient être les « procédures raisonnables » mais non scientifiques, qui permettraient de trancher les questions soulevées par le gouvernement d’une organisation et à fortiori d’une société, qui dépassent les compétences des experts et qui ne s’en remettent pas à l’intuition d’un chef ?

 

Nécessité de l’autorité, déficience des experts, méfiance des chefs charismatiques, voici donc le pouvoir à la recherche d’une autorité raisonnable pour trouver la force d’agir.

 

 

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Un coup d'État bien ficelé

19 Mai 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

Un coup d'État bien ficelé

LE DÉPUTÉ VICTOR BAUDIN ESSAIE DE MOBILISER LES EMEUTIERS PARISIENS CONTRE LE COUP D'ÉTAT DE LOUIS-NAPOLEON

 

Entre deux extrémismes, celui de la gauche révolutionnaire et celui de l’Assemblée de droite, Louis-Napoléon trouve un espace politique qui lui permet de passer à l’offensive. 

 

Dés l’été 1850, il avait organisé une campagne pour le rétablissement du suffrage universel et demandé un amendement constitutionnel qui lui permettrait d’accomplir un second mandat présidentiel.

À cet effet, il fait déposer un million de signatures en ce sens à l’Assemblée qui ne réunit pas, le 19 juillet 1851, une majorité nécessaire pour l’adopter, puisque la révision de la constitution souhaitée par les pétitionnaires est votée par 446 députés alors qu’il en aurait fallu 543 voix pour atteindre la majorité des trois quarts nécessaire.

Puis le Président invite l’Assemblée à abroger la loi électorale du 31 mai 1850 qui avait altéré le suffrage universel, abrogation qu’elle rejette d’extrême justesse le 13 novembre 1851 par 355 voix contre 348. Tout est désormais en place pour le coup d’État, dont la rumeur court Paris. Louis-Napoléon Napoléon le prépare en effet depuis le 20 août 1851 et il s’en est donné les moyens en nommant un gouvernement qui lui ait tout dévoué et en en relevant de ses commandements de la garde nationale et de l’armée de Paris le général royaliste Changarnier.

À 2 heures du matin, le 2 décembre 1851, le préfet Maupas remet aux commissaires de police parisiens la liste des soixante-quatorze personnes à arrêter, dont Thiers, Changarnier et Cavaignac. Cinquante mille soldats sont déployés dans Paris. Deux proclamations sont imprimées par les typographes de l’Imprimerie nationale, l’une pour l’armée, l’autre pour les Français. La première en appelle à la fierté et à la discipline des soldats, la seconde, affichée au petit matin dans les rues de la capitale, annonce la dissolution de l’Assemblée, le rétablissement du suffrage universel et un plébiscite qui autorisera Louis-Napoléon à donner à la France des institutions renouvelées de l’Empire.

En guise de résistance, la majorité monarchiste de l’Assemblée ne trouve rien de mieux que d’essayer de convaincre les ouvriers parisiens, plutôt porté sur la révolution que sur la monarchie, de se battre à sa place. Sur les Grands Boulevards, la troupe fait feu, excédée par les quolibets et les huées poussés par les « gants jaunes », les jeunes bourgeois, provoquant la bagatelle de deux cents morts! Des soulèvements se produisent dans le Centre, le Sud-Ouest et le Sud-Est entrainant l'arrestation de vingt-sept mille personnes.

Le calme revient vers le 10 décembre 1851, qui met fin aux évenements qui se sont déroulés depuis le printemps 1848, que l'on peut résumer ainsi:

Après une période initiale de fraternisation générale, la bourgeoisie républicaine a pris le pouvoir avec l’appui militaire de Cavaignac, le vainqueur des émeutiers de juin.

Mais l’élection de Louis-Napoléon Bonaparte au suffrage universel a fait apparaître un acteur nouveau et arithmétiquement majoritaire, l’électorat paysan. Les républicains bourgeois ont été écartés du jeu lorsque le parti de l’Ordre s’est appuyé à son tour sur la majorité paysanne, sans parvenir toutefois à écarter Louis-Napoléon qui a réussi au contraire à rassembler l’État et la majorité de la population contre le parti de l’Ordre pour exécuter le coup d’État du 2 décembre 1851.

 

Une nouvelle période historique commencait, dominée par la personnalité de Louis-Napoléon Bonaparte. 

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RETOUR AU COMBAT

16 Mai 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE

RETOUR AU COMBAT

IL S'AGIT BIEN D'ARTILLERIE LÈGÈRE POUR CE RETOUR AU COMBAT

 

 

Dans un blog déjà lointain, le 5 mars dernier, je présentais le déroulement de la présentation de ma candidature à la fonction de Maitre-Assistant en Sciences de Gestion devant les membres du CNU, à Paris.

 

On l’a vu, je fis preuve d’une arrogance déplacée, aussi bien pendant qu’après cette épreuve. C’est ce que me fit comprendre à juste titre mon ami et homonyme Luc Boyer qui me confessa plus tard, après les résultats qui se révélèrent effectivement positifs.

Il eut également la gentillesse de me confier une mission d’enseignement de formation continue chez INA Roulements, une entreprise germanique de fabrication de roulements à billes installée à Haguenau, tout prés de la frontière allemande. Cette mission me permit d’effectuer cinq ou six déplacements en train de nuit entre Nice et Strasbourg et de redécouvrir l’Alsace où j’allais plus tard m’installer pour quelques années. La rémunération de cette activité annexe fut également la bienvenue en ce printemps 1980 où je ne recevais que mon salaire d‘assistant.

Pour revenir une dernière fois sur ma réaction pendant et après mon audition face au jury, je m’étais enfin trouvé dans la situation d’être jugé et reconnu au plan de la recherche avec le sentiment d’une injustice à réparer, en dehors des conflits de pouvoir inhérents au management des activités universitaires. Elle l’était désormais, au delà de mes attentes, ce qui contribuait à rehausser ma confiance. Je savourais donc le désaveu à la Commission de Spécialistes locales, puis je passais à la suite.

À échéance de deux mois, commençait pour moi le concours d’Agrégation en Sciences de Gestion, un concours en trois étapes souvent remaniées au long des années. La première étape était éliminatoire, avant deux étapes liées, une étape théorique portant sur un sujet de sciences de gestion et une étape appliquée portant sur une étude de cas dans le domaine de spécialité choisi par le candidat.

Cette première étape consistait en la présentation de mes travaux, dans les mêmes conditions que celles du Concours de Maitre de Conférences. Je considérais qu’elle ne devrait pas présenter de difficultés majeures, puisque je venais de la surmonter dans d’excellentes conditions : j’étais rodé et confiant, un peu trop même, on le verra.

Je me concentrais donc sur la préparation des deuxième et troisième épreuves. La seconde était redoutable pour moi, car ma candidature manquait de profondeur et de largeur.

Profondeur, parce que ma connaissance de la recherche en gestion était courte. Je n’avais pas accumulé beaucoup de lectures, de réflexions, bref consacré trop peu de temps à la reflexion théorique en dehors de celui que j’avais donné à la thèse et à quelques articles, en comparaison avec celui dont avait disposé les maitres de conférences confirmés qui était en compétition avec moi dans le concours.

Largeur, parce que je ne savais pas grand-chose des grandes disciplines de gestion, comme le marketing, la gestion des ressources humaines, la stratégie, la finance et surtout la comptabilité ou le contrôle de gestion. Comment acquérir en quelques semaines l’ensemble des connaissances centrales qui permettraient d’entrer en résonance avec les préoccupations, les réflexes et les fondamentaux des membres du jury ?

J’étais conscient de ces manques et également de mon absence de relations avec les professeurs qui menaient la dance du concours. Ils se trouvaient à Paris bien sûr, mais aussi à Aix, Grenoble, Bordeaux, Rennes, Lille. Pas à Nice, isolée au fin fond du Sud-Est. Tous ces professeurs préparaient leurs ouailles à l’aide de leçons simulées qui consistaient à distribuer au candidat un sujet théorique le matin et à l’écouter avec quelques collègues le soir, afin de corriger ses principales déficiences.

 

Trop neuf pour connaître en profondeur les disciplines de gestion, trop isolé à Nice, je risquais de buter sur le sujet théorique. Heureusement, il y eut le miracle Pierre Baranger.

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La première cohabitation (1849-1851)

12 Mai 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

La première cohabitation (1849-1851)

LE GÉNÉRAL CHANGARNIER, CROQUÉ PAR DAUMIER

 

Oui, les résultats électoraux qui suivirent furent très intéressants.

 

Ces résultats sont sans appel en faveur du parti de l’Ordre ; sur sept cent cinquante représentants, il obtient quatre cent cinquante sièges, la gauche cent quatre-vingt, et les républicains modérés quatre-vingt. À Paris cependant, les socialistes et les conservateurs sont à égalité, révélant la persistance d’une opinion révolutionnaire dans la capitale, à contrario du reste du pays.

La droite dispose largement de la majorité parlementaire, mais son candidat à la Présidence de la République  alors que son candidat, le général Cavaignac, a été battu par Louis-Napoléon. Elle a donc l’intention de reprendre le contrôle du pouvoir au dépens de ce dernier. Une cohabitation vient de s’installer.

Le 28 mai, l’assemblée législative élit un président orléaniste, Dupin. Les monarchistes croient détenir le vrai pouvoir avec l’assemblée, tandis que le président est supposé s’épuiser au contact des dures réalités du pouvoir exécutif. De toute façon, se disent les conservateurs, Louis-Napoléon n’a que quatre ans de mandat sans espoir de renouvellement. Quant à la gauche, elle ne rêve que de coups d’État, puisqu’elle ne voit pas d’autres moyens pour prendre le pouvoir. 

La gauche ouvre le feu le 11 juin 1849. Ledru-Rollin demande la mise en accusation du gouvernement Barrot en raison de l’intervention militaire de la France en Italie, en n’hésitant pas à menacer le gouvernement : « La Constitution violée sera défendue par nous, même les armes à la main ».

Deux jours plus tard, il appelle à prendre les armes pour « défendre la République », menacée d’après lui par le gouvernement et la majorité de l’Assemblée législative. Tandis que des manifestations ont lieu à Lyon, Grenoble, Strasbourg, Perpignan, celle qu’il organise à Paris est brisée par les troupes de Changarnier ce qui l’oblige à s’enfuir en Angleterre.

Louis-Napoléon profite ensuite de l’été pour soigner sa popularité par des tournées en Province, tandis que, poursuivant son programme, la majorité conservatrice accentue le contrôle sur la presse et accorde au clergé un rôle plus important dans l’enseignement.

Le 15 mars 1850, la Loi Falloux supprime le monopole universitaire, autorise l'ouverture d'écoles congréganistes et accorde au clergé un certain contrôle sur les écoles publiques. Le résultat de cette mesure sera de mettre pour longtemps le problème de l'école au premier plan des préoccupations politiques.

Or le 10 mars et le 28 mars 1850, la gauche a remporté 21 des 31 sièges des députés de gauche invalidés, ce qui fait prendre conscience à l’Assemblée que la gauche  qu’elle avait prématurement enterré, a conservé une influence substantielle dans l’électorat.

C’est ce qui pousse l’Assemblée à réagir en faisant machine arrière par rapport au suffrage universel, par une loi du 31 mai 1850 qui subordonne le droit de vote à trois ans de résidence et au paiement d’une taxe. Selon cette loi, le nombre des électeurs passe de 96180000 à 6809000. À Paris, il passe même de 224000 à 74000.

Désormais, tout était en place pour que Louis-Napoléon abatte son jeu, en se situant à mi-chemin entre la gauche révolutionnaire et les conservateurs.  

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DONALD TRUMP and THE ECONOMIST

8 Mai 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

DONALD TRUMP and THE ECONOMIST

ZANNY MINTON BEDDOES SE RIT DES CRITIQUES…

 

J’imagine sans peine tout le mal que vous pensez de la candidature de Donald Trump, pour peu que vous ayez lu et adhéré aux analyses sur sa candidature, présentées par n’importe quel journal de presque n’importe quel pays du monde.

 

The Economist n’a pas fait exception à cette touchante unanimité, bien au contraire ! Le 5 mai 2016, l’hebdomadaire The Economist a publié en couverture un article de fond violemment hostile à Donald Trump, fièrement signé par Zanny Minton Beddoes (ZMB), rédactrice en chef.

Il faut convenir que personne ne peut être plus « politically correct » que  cette dame, dix-septième et première femme rédactrice en chef de The Economist.

Née en 1967, elle a été diplômée par Oxford University et par Harvard. Recrutée comme conseillère dans un groupe de Harvard par le Ministère des Finances polonais pour libéraliser son économie,  elle travaille ensuite deux ans au FMI sur des programmes d’ajustement économique.  Elle rejoint finalement The Economist en 1994 où elle gravit les échelons hiérarchiques jusqu’à devenir rédacteur en chef en février 2015. Elle est alors considérée comme l’une des journalistes économiques les plus influentes du monde, d’autant plus qu’elle publie dans les revues les plus prestigieuses, qu’elle intervient régulièrement sur les plus importantes chaines de TV et qu’elle donne des conférences dans les grands cercles d’influence américains. En 2015, elle a même été l’une des 133 invités de la conférence de Bidelberg qui réunit les dirigeants économiques et politiques pro-américains du monde pour des discussions informelles et secrètes, le gouvernement du monde en somme.

ZMD ne pouvait pas laisser passer l’affront du triomphe de Donald Trump aux primaires du Parti Républicain, d’autant plus que son hebdomadaire avait violemment critiqué le candidat tout au long de la campagne et prédit avec aplomb son échec aux primaires.

Elle a donc réagi avec vivacité, produisant un article encore plus violemment hostile au futur candidat républicain que les précédents, dénonçant ses nombreux travers personnels, sa démagogie, ses contradictions, son incompétence, le danger qu’il présentait pour le parti républicain, pour les Etats-Unis et pour le monde. Bref le diable.

Elle s’est prononcée ensuite sans nuance pour la candidature d’Hillary Clinton à la Présidence des Etats-Unis, puis a pronostiqué hardiment l’échec final de Donald Trump à la dite élection, sans tenir compte du fait que tous les pronostics précédents de The Economist ont été démentis depuis dix-huit mois comme s’il ne parvenait plus à capter le changement d’humeur qui a saisi le monde ces derniers temps.

L’article de The Economist a entrainé, de très nombreux commentaires, au delà de la norme (plus de 1200 au moment où je publie ce blog)  et en grande majorité hostiles.

Les quatre extraits suivants de ces commentaires sont intégralement transcrits ci dessous en anglais (avec les fautes d’origine !). Faites l’effort de les lire, si  vous voulez comprendre ce qui va se passer et non ingurgiter sans esprit critique ce que les médias vous content, c’est le cas de l’écrire. L’un des derniers commentaires parus recommande d’ailleurs sagement à The Economist (TE) de ne pas se risquer à des pronostics : 

« Don't make predictions, TE, especially when you don't know what the hell you're talking about.

« Fortunately, Mr Trump will probably lose the general election. A candidate whom two-thirds of Americans view unfavourably will find it hard to win 65m votes, which is about what the winning candidate will need. The share of women who disapprove of him is even higher." »

Enough with the unfavorables already. Trump's favorability rating was historically low among Republican voters, but he still won, didn't he?

« There may be violence at the Republican convention in Cleveland, where Trump supporters and protesters are likely to clash. »

What the hell are you talking about??? Who wrote this article? »

 

Certains expriment leurs frustrations comme cet abonné récent :

« This week, I subscribed to your publication, expecting in-depth, objective discussion of world events. If this article is any indication on the level of your analysis, my subscription is unlikely to be renewed past the 12-week promotional period. You offer no explanation on why Mr. Trump was nominated and your apocalyptic predictions are beyond simple. Your shortsighted diatribe doesn't address the truth of what is happening in the USA, 2016. »

 

Un troisième, chaudement approuvé par les lecteurs (30), exprimait un point de vue profondément pessimiste :

« H.Clinton is one of several (along with Sarkozy/Cameron/etc) war criminals who illegally attacked Libya, creating more and more failed states convulsing in violence and killing fields with millions of innocent people (including children, women) being murdered / injured / traumatized / displaced and captive women being sold as concubines, hundreds of thousands of refugees flooding Europe, drowned toddlers being washed ashore, Afghans, including children and 6-month old baby, drowned in the Aegean trying to reach Greece, setting fires to the whole region which have simply radicalized and created more and more terrorists.

The Reps say they believe in economic freedom—which is a lie—while they definitely, and overtly, don’t believe in social freedom.

The Dems say they believe in social freedom—which is a lie—while they definitely, and overtly, don’t believe in economic freedom.

The Dems claim to care about people, while the Reps appear to care mostly about things.

The Reps never have the moral and philosophical high ground and always come off looking like selfish hypocrites.

The Republicans are the Stupid Party, and the Democrats are, in fact, the Evil Party.

There’s actually little to distinguish the Dems and the Reps, besides their rhetoric.

But there’s a huge change afoot. The country itself is fragmenting.

The popularity of Sanders, who’s got the youth totally on his side and has won eight out of nine of the last caucuses and primaries, shows where the Democratic Party’s heart, and future, lies. But the Party machine won’t give him the nomination, which will increasingly reveal the Democratic Party as being very non-democratic.

The Republican party should splinter. In fact, it will likely self-destruct if it doesn’t accept the nomination of Trump.

U.S. voters don’t get a say in who runs the country. Instead, a “shadow government” of elites, cronies, lobbyists, bureaucrats, politicians, and zombies – aka the Deep State – is permanently in power.

Put simply, it doesn’t matter which party is in power; the Deep State rules.»

 

Un quatrième, qui a obtenu le maximum d’approbation des lecteurs (40), dénonce les effets de la globalisation sur l’économie et la société américaine :

« Wow reading the Economist you get the same foretelling of a disaster with Trump as you would with a Yellowstone eruption. TRUMP WILL BE ELECTED and it all comes down to this... 25 years ago we were told by Republican establishment and the Democrat Clintons, Globalization Globalization, Globalization.

Since the 50's to the 80's the largest employers of the US were US Steel, GM motors, Standard Oil (Exxon now) etc.. all paying equivalent to $30+ an hour in todays wages.

By the late 90's in the Midwest all manufacturing started to rapidly disappear, In the Northwest the logging industry started to rapidly disappear. We were told don't worry with retraining and a shift in the economy to more service and tech work we will be better off.

Now if you type in biggest US employers it is Walmart, Target, Yum brand Foods, and McDonald's, average pay is Minimum wage! 
To top off this they now find themselves competing for the minimum wage jobs with illegal immigrants at home and foreigners from countries that don't play by any rules if those jobs are being shipped overseas.

They can't make their house payments but are told by the media that they will be branded racists if they complain. Meanwhile elites out there raised their net worth over 10 fold from all the cost benefits of Globalization and try to placate the rest of us with a higher minimum wage and explanations that now we can buy a big screen TV cheaper at the Walmart we are probably working at.

These people told not to worry 25 years ago are now reaching retirement looking back on a life of unemployment, reduced wages, reduced standard of living, losing or never being able to buy a home and are asking themselves "how long is this long term benefit going to take cause in the long term we are dead!"

The Yellowstone eruption has already occurred!!


Trump is the only one talking about this!


My advice to the editors and journalists of TE is to cut out every article written in your publication about Trump and Hillary and pin them to your wall… In 6 months time Bon Appetit case you'll be eating your words. ».

 

Si vous êtes parvenu jusqu’au bout de ce long blog, vous savez ce qui vous reste à faire : suivez attentivement l’élection américaine à venir car elle s’annonce passionnante et qu’elle risque d’avoir des rebondissements dramatiques, faites vous une opinion et formulez votre pronostic.

Il sera temps ensuite d’analyser les conséquences du résultat électoral…

 

 

 

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Un résultat électoral singulier

3 Mai 2016 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

Un résultat électoral singulier

L'ÉLU SURPRISE

 

La constitution votée, le match donnait un résultat tout à fait inattendu, en l’absence de sondages.

 

En effet, le 20 décembre 1848, les résultats de l’élection présidentielle sont publiés. En l’absence d’instituts de sondages, c’est à la surprise générale que Louis Napoléon Bonaparte est élu par 74,2% des votants. De son côté, le général Cavaignac qui était au pouvoir et était désigné comme le favori officiel, n’obtient que 1 448 000 voix, soit 19,5% des votants. Sans surprise par contre, les républicains de gauche qui soutenaient Ledru-Rollin sont déçus de ses 371 431 voix, soit 4,8 % des voix. Quant au socialiste Raspail, à Lamartine et à Changarnier, candidatures purement symboliques, ils n’obtiennent respectivement que  36 964 voix, 21032 voix et 4975 voix.

Ce vote, libre et aux résultats inattendus, contient des informations applicables à tous les votes non contrôlés. Les électeurs ont besoin de rêve et de sécurité. À ce titre, ils ne votent pas pour le pouvoir qu’ils subissent, sauf si les autres candidats les inquiétent. Mais lorsque l’un des candidats sait les faire rêver et les rassurer à la fois, ils se précipitent dans ses bras.

Marx, fine mouche, note que « Le 10 décembre 1848 fut le jour de l’insurrection des paysans ». On ferait référence aujourd’hui à la revanche du peuple contre les élites ou contre la pensée unique.

En 1848, les paysans, majoritaires, ont massivement voté contre l’impôt supplémentaire de 45%, contre les troubles, contre l’anarchie, contre la révolution parisienne, contre la politique.

Les ouvriers ont voté contre les responsables de la répression, y compris Ledru-Rollin.

Cavaignac a fait un bon score dans le Midi des minorités protestantes et dans le Nord, des régions toutes deux imperméables à la légende napoléonienne.

Après ce coup de théâtre, il restait à élire l’Assemblée législative. Ce fut fait six mois plus tard, les 13 et 14 mai 1849.

Dans l’intervalle, Louis-Napoléon avait soigné sa popularité auprès des catholiques en se prononçant pour la restauration de l’autorité temporelle du Pape alors que la république venait d’être proclamée à Rome par Garibaldi. Joignant le geste à la parole, il faisait débarquer, le 25 avril 1849, douze mille hommes pour rétablir le Pape, une intervention  pourtant condamnée par l’Assemblée constituante en fin de mandat. À long terme, cette décision électorale de Louis-Napoléon de rétablir l’autorité temporelle du Pape lui coûtera cher, puisqu’elle le privera de l’alliance italienne en 1870.

De plus, de nouvelles mesures avaient été prises pour contrôler l’opinion, telles que le rétablissement de la  censure sur les spectacles, le 28 janvier 1849, ou la suppression des clubs, le 24 mars 1849.

Les partis s’étaient réorganisés en vue de la prochaine élection législative. La droite s’était regroupée au sein de l’Union libérale, qui se réclamait du patronage de Louis-Napoléon Bonaparte avec comme mot d’ordre « Ordre, propriété, religion » et guerre aux « partageux ».

La gauche avait formé un comité démocratique socialiste, dirigé par Ledru-Rollin avec un programme qui a encore une saveur moderne : liberté de la presse et de réunion ; abolition de la peine de mort ; suppression de la magistrature présidentielle et stricte subordination de l’exécutif au législatif. Mais aussi progressivité de l’impôt ; droit au travail ; nationalisation des chemins de fer, des assurances et des mines.

Entre les deux, les républicains modérés, les centristes en somme, un peu sonnés par les conséquences de l’établissement du suffrage universel qu’ils avaient eux-mêmes réclamé, avaient formé une Association des Amis de la Constitution.

 

Une organisation politique tout à fait moderne, qui rend les résultats électoraux qui suivirent très intéressants. 

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