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Le blog d'André Boyer

1759, LA NOUVELLE-FRANCE EN PEAU DE CHAGRIN

28 Mai 2017 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

1759, LA NOUVELLE-FRANCE EN PEAU DE CHAGRIN

 

Après la chute de Louisbourg, le cordon ombilical entre la France et la Nouvelle-France est coupé par la British Navy.

 

Dés l’été 1758, le transport des troupes venues de France est interrompu. La Nouvelle-France se prépare à un combat désespéré contre les troupes britanniques toujours plus nombreuses, dans l’attente d’un miracle qui les sauvera de la mainmise anglaise. Dans l’année, les Français ont perdu Louisbourg à l’est et Fort Frontenac à l’ouest. Seul le centre résiste, car la miraculeuse victoire de Carillon a bloqué provisoirement l’avancée britannique vers Montréal (voir mes billets sur L’incroyable victoire de Fort Carillon 1 et 2).

En février 1759, le ministre de la guerre français, le maréchal Belle-Isle  informe le général Louis-Joseph de Montcalm, général en chef de la Nouvelle-France qu'il ne recevra aucun renfort de France en raison de  la domination navale britannique sur l'Atlantique-Nord. Mais, en même temps, Belle-Isle souligne la nécessité de maintenir une tête de pont française en Amérique, sous peine de perdre définitivement la Nouvelle-France.

La réponse de Montcalm est sans ambiguïté : 

« À moins d'une chance inattendue ou de mettre en place une diversion quelque part en Amérique, le Canada chutera au cours de la prochaine campagne. Les Anglais ont 60 000 hommes, nous en avons 11 000 ».

La faiblesse de ses effectifs impose à Montcalm de concentrer ses forces au coeur du territoire de la Nouvelle-France, de Montréal à Québec et dans la vallée du Saint-Laurent. Il positionne notamment au sud de Montréal trois mille hommes issus des régiments de la Reine  et de Berry sous le commandement du brigadier-général François-Charles de Bourlamaque. La grande majorité d’entre eux, deux mille cinq cent hommes, est posté au Fort Carillon. Montcalm, appuyé par le marquis de Vaudreuil donne pour instruction à Bourlamaque de tenir Fort Carillon le plus longtemps possible avant de le faire sauter ainsi que le Fort Saint-Frédéric plus au nord sur le lac Champlain, avant de battre en retraite vers Montréal.

De son côté, le Secrétaire d'État britannique William Pitt  ordonne au général Jeffery Amherst, l’homme des couvertures empoisonnées, de diriger  son armée depuis Louisbourg vers le Canada en direction du Lac Champlain. James Wolfe, qui s’est distingué sous les ordres d'Amherst à Louisbourg, reçoit pour objectif de prendre la ville de Québec en remontant le Saint-Laurent. En outre, les gouverneurs des Treize Colonies sont chargés de mobiliser vingt mille miliciens pour appuyer les forces régulières britanniques. 

Face au Fort Carillon, la bataille de Ticonderoga commence le 22 juillet 1759. Une force de onze mille hommes dirigée par le général Sir Jeffery Amherst installe son artillerie sur une hauteur dominant le Fort Carillon où n’a été laissé qu’une garnison de quatre cent soldats français dirigée par le capitaine Louis-Philippe Le Dossu d'Hébécourt, tandis que Bourlamaque a retiré l’essentiel de ses troupes vers le fort Saint-Frédéric

Pendant trois jours, les Britanniques commencent à mettre en place des lignes de siège près du fort, mais  le sol est difficile à creuser et des sacs de sable sont nécessaires pour protéger les travaux, car les batteries françaises endommagent les positions britanniques.

Le 25 juillet, un petit détachement des Rogers’ Rangers perce le barrage établi par les Français pour empêcher les navires de se diriger vers le lac ; cinq membres du détachement sont tués et trente et un blessés.

Le 26 juillet, les Britanniques réussissent à positionner leur artillerie à moins de deux cent mètres des murs du fort. Le capitaine Le Dossu juge qu'il est temps de quitter la position. Ses hommes pointent les canons vers les murs de la formation, positionnent des mines et versent une traînée de poudre vers les magasins de munitions. Puis ils allument la mèche, abandonnent le fort après avoir baissé le drapeau français mais une unité d'éclaireurs français, non prévenus du départ de leurs camarades, est faite prisonnière. Le magasin des poudres  explose et les structures en bois sont détruites. L'incendie mettra deux jours à s’éteindre, mais les murs du fort ne soient vraiment endommagés.

Le 31 juillet, les forces françaises en retraite détruisent aussi le Fort Saint-Frédéric, ce qui oblige les Britanniques à réparer les deux forts et à  construire une flotte pour contrôler lac Champlain avant de continuer leur offensive.

Ce n’est que le 11 octobre que l'armée Amherst remonte vers le lac Champlain pour attaquer la position de Bourlamaque à l'île aux Noix  sur la rivière Richelieu. Lorsque l'un des navires français est capturé, Bourlamaque abandonne la position et incendie les autres navires pour qu'ils ne tombent pas aux mains des Britanniques et se retire vers Montréal.  

Alors que le lac Champlain commence à geler et que  l'engagement des miliciens prend fin le 1er novembre, Amherst décide d'annuler son attaque, de libérer les miliciens de leur service et de se retirer avec son armée dans leurs quartiers d'hiver.

 

La tactique défensive  des Français  a permis d'empêcher la jonction des onze milles hommes de l'armée d'Amherst avec les troupes de Wolfe.

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BIG DATA, BITTER PIZZAS

23 Mai 2017 , Rédigé par André Boyer Publié dans #PHILOSOPHIE

BIG DATA, BITTER PIZZAS

 

Le téléphone sonne chez Clever-Pizza dont le standard est situé à Bangalore, Inde.


Le réceptionniste : Clever-Pizza, bonjour.


Le Client : bonjour, je souhaite passer une commande, s'il vous plaît.

 

Le réceptionniste : oui, puis-je avoir votre NIN, Monsieur ?

 

Le Client : mon Numéro d'Identification National ? Oui, un instant, voilà, c'est le 6102049998-45-54610.

 

La réceptionniste: Merci, Monsieur Jacques Dupond. Je me présente, je suis Fatou Ndyaye. Donc, nous allons commencer par actualiser votre fiche : votre adresse est bien le 174 avenue de Villiers à Carcassonne, et votre numéro de téléphone le 04 68 69 69 69. Votre numéro de téléphone professionnel à la Société Durand est le 04 72 25 55 41 et votre numéro de téléphone mobile le 06 06 05 05 01. C'est bien ça, Monsieur Dupond?

 

Le client, un peu intimidé: oui, enfin…

 

La réceptionniste : je vois que vous appelez d'un autre numéro qui correspond au domicile de Mademoiselle Isabelle Denoix, votre assistante de direction. Sachant qu'il est 23h30 et que vous êtes en RTT, nous ne pourrons vous livrer au domicile de Mademoiselle Denoix que si vous nous envoyez un XMS à partir de votre portable en précisant le code suivant AZ25/JkPp+88.

 

Le client : bon, je vais le faire, mais où avez vous trouvé toutes ces informations ?

 

La réceptionniste : nous travaillons à partir des Big data, Monsieur Dupond.

 

Le client, avec un soupir: ah bon!… Je voudrais deux de vos pizzas mexicaines spéciales.

 

La réceptionniste: je ne pense pas que ce soit une bonne idée, Monsieur Dupond.

 

Le client : comment ça ?

 

La réceptionniste: votre contrat d'assurance maladie vous interdit un choix aussi dangereux pour votre santé, car selon votre dossier médical, vous souffrez d'hypertension et d'un niveau de cholestérol supérieur aux valeurs contractuelles. D'autre part, Mademoiselle Denoix a été traitée médicalement il y a 3 mois pour une affection bégnine pour laquelle il est fortement déconseillé de consommer du piment. Si la commande est maintenue, son assurance risque de lui facturer une surprime.

 

Le client : oui, je comprends! Qu'est-ce que vous me proposez alors ?

 

La réceptionniste: vous pouvez essayer notre Pizza allégée au yaourt de soja, je suis sûre que vous l'adorerez.

 

Le client : qu'est-ce qui vous fait croire que je vais aimer cette pizza ?

 

La réceptionniste : vous avez consulté les « Recettes gourmandes au soja » à la bibliothèque de votre comité d'entreprise la semaine dernière, Monsieur Dupond et Mademoiselle Denoix a fait, avant hier, une recherche sur le Net, en utilisant le moteur booglle2.com avec comme mots clés « soja » et « alimentation ». D'où ma suggestion.

 

Le client : bon d'accord. Donnez-m ‘en deux, format familial.

 

La réceptionniste : étant donné que vous prenez actuellement du Dipronex et que Mademoiselle Denoix prend depuis 2 mois du Ziprovac à raison de 3 comprimés par jour et que la pizza contient, selon la législation, 150 mg de Phénylseptine pour 100g de pâte, il y a un risque mineur de nausées si vous consommez le modèle familial en moins de 7 minutes. La législation nous interdit donc de vous livrer. En revanche, j'ai le feu vert pour vous livrer immédiatement le modèle mini.,,

 

Le client : bon, bon, ok, va pour le modèle mini. Je vous donne mon numéro de carte de crédit.

 

La réceptionniste : je suis désolée Monsieur, mais je crains que vous ne soyez obligé de payer en liquide notre livreur. En effet, votre solde de crédit pour votre carte VISA dépasse la limite et en plus vous avez laissé votre carte American Express sur votre lieu de travail. C'est ce qu'indique le Credicard Satellis Tracer.

 

Le client : j'irai chercher du liquide au distributeur avant que le livreur n'arrive.

 

La réceptionniste: ça ne marchera pas non plus, Monsieur Lavoie, vous avez dépassé votre plafond de retrait hebdomadaire.

 

Le client : mais enfin ! ça ne vous regarde pas! Contentez-vous de m'envoyer les pizzas ! J'aurai le liquide. Combien de temps ça va prendre ?

 

La réceptionniste : compte-tenu des délais liés aux contrôles de qualité, elles seront chez vous dans environ 45 minutes. Si vous êtes pressé, vous pouvez gagner 10 minutes en venant les chercher, mais transporter des pizzas en scooter n’est pas recommandé.

 

Le client : Comment diable savez-vous que j'ai un scooter ?

 

La réceptionniste: votre Peugeot 308 SW est en réparation au garage de l'Avenir, en revanche, votre scooter est en bon état puisqu'il a passé le contrôle technique hier et qu'il est actuellement stationné devant le domicile de Mademoiselle Denoix. Par ailleurs, j'attire votre attention sur les risques liés à votre taux d'alcoolémie. Vous avez en effet réglé quatre cocktails Afroblack au Tropical Bar, il y a 45 minutes. En tenant compte de la composition de ce cocktail et de vos caractéristiques morphologiques, ni vous, ni Mademoiselle Denoix n'êtes en état de conduire un scooter. Vous risquez donc un retrait de permis immédiat.

 

Le client : @#/$@&?#!

 

La réceptionniste: je vous conseille de rester poli, Monsieur Dupond. Je vous informe que notre standard est doté d'un système anti-insulte en ligne qui se déclenchera à la deuxième série d'insultes. Je vous informe en outre que le dépôt de plainte est immédiat et automatisé. Or, je vous rappelle que vous avez déjà été condamné en juillet 2016 pour outrage à agent.

 

Le client, sans voix: …

 

La réceptionniste : autre chose, Monsieur Dupond ?

 

Le client : non, rien. Ah si, n'oubliez pas le Coca gratuit avec les pizzas, conformément à votre pub.

 

La réceptionniste: Je suis désolée, Monsieur Lavoie, mais notre démarche qualité nous interdit de proposer des sodas gratuits aux personnes en surpoids. Cependant à titre de dédommagement, je peux vous consentir 15% de remise sur une adhésion flash au contrat Jurishelp, le contrat de protection et d'assistance juridique de Clever-Assurance. Ce contrat pourrait vous être utile, car il couvre, en particulier, les frais annexes liés au divorce, vu que vous êtes marié à Madame Claire Dupond, née Girard, depuis le 15/02/2008 et vu votre présence tardive chez Mademoiselle Denoix et l'achat que vous avez effectué il y a une heure à la pharmacie du Canal d'une boîte de 15 préservatifs et d'un flacon de lubrifiant à usage intime.

C’est ce qui m’incite à joindre aux pizzas, à titre promotionnel, un bon de 5 Euros de réduction pour vos prochains achats de préservatifs valable chez Clever-Parapharma. Toutefois, veuillez éviter les pratiques susceptibles de provoquer des effets irritants pour la santé de Mademoiselle Denoix, pour lesquelles Speed-Parapharma se dégage de toute responsabilité.

Bonsoir Monsieur Dupond et merci d'avoir fait appel à Clever-Pizza.

 

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EXTERMINER LES INDIENS PAR LA VARIOLE

16 Mai 2017 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

EXTERMINER LES INDIENS PAR LA VARIOLE

 

Tout le monde sait, plus ou moins confusément, que les Indiens d’Amérique ont été victimes de maladies importées par les Européens et on ne peut pas croire que ce fut en partie volontaire.

On se trompe.

 

À la fin de l’ère précolombienne, en l’absence de données fiables à l'exception du Codex Mendoza qui fournit la liste des tributs versés à l’Empereur des Aztèques en 1519, on évalue le nombre des Amérindiens pour l’ensemble de l’Amérique de quarante à cent millions et de sept à douze millions pour la seule Amérique du Nord.

Ces populations subissent à partir du XVIe siècle un choc viral d’une violence inouïe. Les épidémies de variole, de typhus, de grippe, de diphtérie, de rougeole, de peste, ainsi que des maladies telles que la coqueluche, la rougeole ou la variole auraient tué environ 80% de la population indigène. Aussi, on pourrait croire que seule la fatalité est en cause lorsque l’on apprend que cinq cent mille Amérindiens peuplaient le Nord Est de l’Amérique du Nord avant l’arrivée des colons britanniques mais qu’ils n’étaient plus que cent mille au début du XVIIIe siècle.

On aimerait le croire, mais lors de mon dernier billet, j’ai signalé le cas de Jeffrey Amherst, commandant en chef des troupes britanniques qui a fait distribuer aux Indiens des couvertures contaminées par la variole pour les éliminer. J’ai cherché des détails sur son comportement et voici ce que j’ai trouvé sur cette conspiration digne des nazis :

Henri Bouquet (1719-1765), un mercenaire suisse, est entré au service de l’armée britannique en 1756 avec le grade de lieutenant-colonel. À partir du mois de mai 1763, Pontiac, un chef de guerre des Outaouais, soulève les Amérindiens afin qu’ils ne soient pas chassés de leurs terres par les colons et s’empare de plusieurs forts tenus par les Anglais. Pour le combattre, Bouquet rassemble à la hâte cinq cent hommes, essentiellement des mercenaires écossais. Le 5 août 1763, il bat les Indiens à la bataille de Bushy Run, puis libère Fort Pitt.

À la suite de cette victoire, il est nommé commandant de Fort Pitt. Le général en chef britannique Amherst lui ordonne alors de «répandre la variole parmi la vermine», la «vermine» étant les Indiens pour Armherst, à quoi son subordonné, le colonel Henry Bouquet répondit qu’il l’avait fait au moyen de couvertures contaminées provenant de l'hôpital du fort. Et ca marche ! On constate en effet qu’une épidémie de variole s’est effectivement répandue au voisinage de Fort Pitt parmi les Amérindiens en 1764.

Voici le ton des lettres de Bouquet échangées avec Armherst, qui témoignent de la volonté d'exterminer la population amérindienne:

Bouquet à Amherst, le 25 juin 1764 : « I would rather chose the liberty to kill any Savage... »

Amherst au Sire William Johnson, Superintendent of the Northern Indian Department, le 9 juillet 1764 : « ...Measures to be taken as would Bring about the Total Extirpation of those Indian Nation

Amherst à George Croghan, Deputy Agent for Indian Affairs, le 7 août 1764 : « ...their Total Extirpation is scarce sufficient Atonement... »

Amherst à Johnson, le 27 août 1764 : « ...put a most Effectual Stop to their very Being ».

Les couvertures infectées de variole ne furent pas le fait d’initiatives excessives de subordonnés pris dans le feu des combats, mais un outil d'une politique murement réfléchie et ordonnée au plus haut niveau de l’armée britannique : obtenir «the total extirpation of those Indian Nation », arracher, détruire, faire disparaître les nations indiennes…D’ailleurs, pour récompense de ses « exploits », Bouquet est promu l’année suivante général de brigade et placé à la tête de toutes les forces britanniques dans les colonies du Sud. Mais un châtiment divin l’atteint presque instantanément, puisqu’il meurt au sud de la Floride le 2 septembre 1765, victime de la fièvre jaune. Il aura eu ainsi une idée intime de ce qu’il avait fait subir aux Amérindiens.

Dommage pour les Indiens que les Français n’aient pas pu conserver le Canada, car ils leurs auraient permis d’échapper à la volonté exterminatrice des Britanniques qui ont utilisé la méthode des couvertures infectées lors d’autres conflits, comme en Nouvelle-Zélande.

Concernant les seuls Etats-Unis, l'anéantissement des Amérindiens, le bombardement sans merci des civils allemands en 1944-1945, la destruction par l’arme atomique de deux villes pleines de civils japonais en 1945, les sept millions de tonnes de bombes utilisées au Vietnam et ses trois millions de morts, les Irakiens tués par centaines de milliers sans compter les Syriens et les Libyens, Trump utilisant avec fierté une bombe géante en Afghanistan, l’idée est toujours la même : soyons pratique, si nous faisons la guerre, utilisons tous les moyens à notre disposition pour gagner au moindre coût, quel que soit le nombre de victimes chez l’adversaire. La sécurité des Etats-Unis, utilisée à tout propos, justifie même l’assassinat, à l’aide de drones, de supposés terroristes à dix mille kilomètres du pays qu’ils sont supposés « menacer ». Elle justifie aussi, bien sûr, les mensonges, l’espionnage et les génocides, avec la meilleure conscience du monde.

À partir de cette affaire de couvertures infectées de variole traitreusement remises aux Indiens, on détient la clé de la vision du monde par les Etats-Unis, qui ne date pas d'hier.

 

You can’t be too careful!

 

 

 

 

 

 

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LOUISBOURG, L'ÉPILOGUE

11 Mai 2017 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

LOUISBOURG, L'ÉPILOGUE

On sait que le Premier Ministre anglais, William Pitt, avait compris que Louisbourg était le verrou qui bloquait la conquête de la Nouvelle-France. Comme son objectif était d’éliminer les colonies françaises en Amérique du Nord, le sort de Louisbourg était scellé. 

 

Il avait les moyens de remporter la victoire puisque l'Angleterre pouvait aligner à cette époque quatre fois plus de vaisseaux et cinq fois plus d'hommes que la France et qu'ill pouvait compter sur les crédits considérables qu’il avait obtenu du Parlement britannique pour entreprendre une guerre offensive.

En outre, les colons de la Nouvelle-Angleterre étaient fortement motivés pour l’appuyer pour la conquête de Louisbourg, car ils n'avaient pas oublié la forte concurrence de Louisbourg dans l'industrie de la pêche et ils avaient dû se résoudre avec beaucoup d’amertume d’avoir à rendre Louisbourg aux Français après le traité d'Aix-la-Chapelle de 1748.

On a vu (La Bataille de Carthagène) qu’une première expédition avait été organisée par les Britanniques en 1757 pour reprendre la forteresse, mais cette expédition resta confinée à Halifax car la France avait envoyé trois escadres composées de 18 vaisseaux de guerre et de cinq frégates armés au total de 1400 canons pour défendre Louisbourg.

L'année suivante, les Britanniques rassemblèrent davantage de moyens et organisèrent un blocus complet autour de Louisbourg avec pour objectif de compromettre les approvisionnements français en nourriture, en troupes et en navires de guerre. Ils y ajoutèrent le blocus des ports français de Rochefort et de Toulon, ce qui bloqua le secours de trois escadres françaises en 1758. Alors que la France avait du mal à envoyer 6800 soldats pour défendre la colonie de l'Île-Royale, William Pitt expédiait 32 000 soldats en sus des 20 000 miliciens de la Nouvelle-Angleterre.

L’attaque de Louisbourg par les Anglais s’est donc effectuée avec des moyens très supérieurs à ceux dont disposaient les Français. Que l’on en juge : en juin 1758, sous les ordres de l'amiral Edward Boscawen, une flotte anglaise de 40 navires de guerre équipés de 1842 canons et escortée de 127 vaisseaux transportant plus de 14 000 hommes de troupes et 12 000 marins, se présenta en face de Louisbourg qui comptait 13 vaisseaux, 400 canons, 3500 soldats, 3000 marins et des Indiens.

J’ai conté la bataille et ses conséquences dans quatre blogs, Les prémices du siège de Louisbourg, Louisbourg au bout de la résistance, La reddition de Louisbourg, La déportation depuis Louisbourg et l’île Royale.

Le siège commença le 8 juin avec un débarquement sur les plages autour de Louisbourg et se termina le 27 juillet 1758 par la capitulation de la forteresse. L'issue du combat était inscrite dans l’inégalité des effectifs en présence. À l’issue des combats, les soldats français devinrent des prisonniers de guerre et les colons furent déportés sans ménagement, provoquant la mort de trois mille d’entre eux. Le sort des Indiens fut particulièrement lamentable. Il révèle l’essence de la politique anglaise vis à vis des autochtones : les éliminer, au contraire de la politique française qui était de coopérer avec eux. Jeffrey Amherst, commandant en chef des troupes britanniques s'est servi, premier cas connu d’utilisation d’armes biologiques, de couvertures contaminées par la variole pour éliminer les Indiens, avec un plein succès puisque certaines tribus indiennes perdirent par cet odieux stratagème 90% des leurs !

À la fin, avec la chute de Louisbourg, les Anglais avaient les mains libres pour conquérir entièrement une Nouvelle-France asphyxiée.

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MON JOUR DE VICTOIRE

6 Mai 2017 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE

MON JOUR DE VICTOIRE

Quand je sortis du bâtiment de la Rue des Saints-Pères, un peu étourdi, je savais dans mon for intérieur que je serai reçu au concours.

 

Mon stratagème fit deux victimes, mes deux camarades qui me succédèrent dans la présentation du cas Braniff qui avaient sagement préparé le cas, sans pièges ni subtilités particulières. Les réponses que j’avais fournies avant leur propre présentation leur revinrent en boomerang et ils eurent bien du mal à y répondre. Heureusement pour eux, ils faisaient parti des favoris et ils s’en sortirent en rétrogradant dans le classement final.

Puis vint le jour de l’annonce du résultat, fin avril 1980.

Évidemment, je n’étais pas certain, malgré ma confiance intime, que mon succès dans la dernière épreuve impliquait que je sois classé dans les seize premiers du concours.

Il me semble que j’appris le résultat en fin d’après-midi. J’étais classé 13e sur 16 reçus, ce qui était inespéré, quand l’on se souvient que j’étais encore assistant non titulaire trois mois plus tôt ! J’appris aussi, à ma grande peine, que mon ami Pierre Baranger, qui m’avait tellement aidé pour préparer le concours, n’était pas reçu ! Pire que cela, la rumeur disait qu’il était le premier recalé, ce qui me donnait le sentiment que j’étais le responsable de son échec. Heureusement, comme je l’ai écris précédemment (Pierre Baranger, l’ami, 30 juin 2016), cela n’entama pas notre amitié, au contraire cette épreuve la renforça et Pierre Baranger fut brillamment reçu six mois plus tard au Concours réservé aux Maitres de Conférence confirmés. Le sort injuste qu’il avait subi fut donc promptement réparé.

Cette déception pour Pierre Baranger n'était tout de même pas de nature à altérer ma joie: j’avais parfaitement conscience que la réussite au Concours d’Agrégation en Sciences de gestion allait bouleverser ma vie en bien. Mon statut professionnel s’en trouvait considérablement rehaussé, ma sécurité matérielle définitivement assurée (encore qu’elle l’était déjà en raison de ma réussite au Concours de Maitre-Assistant) et mon salaire allait devenir plus confortable.

Bref, tout ce que j’avais entrepris depuis août 2012 en démissionnant de la Mobil Oil s’en trouvait justifié. Ma tendance à la dispersion s’en trouvait excusée, mes erreurs s’en trouvaient pardonnées, mes choix hasardeux devenaient d’excellentes intuitions. Désormais j’étais Professeur jusqu’à la fin de ma vie (enfin presque, puisqu’au moment où j’écris ces lignes, je ne suis plus que Professeur Èmérite, un titre intermédiaire qui permet de s’effacer en douceur) et ce titre me permettait d’être définitivement reconnu par mes pairs, ce dont chacun a besoin à un moment ou un autre de son existence.

Cette réussite au Concours, c’était donc mon moment et j’en jouissais tout à fait.

Il restait encore à choisir un poste. La procédure pour l'attribuer était archi-classique dans l’administration française depuis des siècles. Pour les seize postes publiés, les candidats réunis dans une salle de la Rue des Saints-Pères quelques jours après la publication des résultats devaient, en une heure ou deux, choisir selon l’ordre de leur classement dans quelle université ils allaient s’installer, souvent pour la vie. Ensuite, ce choix effectué, tous les impétrants seraient réunis pour être présentés au Directeur de l’Enseignement Supérieur qui leur liraient leur affectation et les féliciteraient d’avoir réussi au Concours.

Les douze premiers choisirent selon leur convenance les postes dans l'ordre de leur classement. Vint mon tour. J’avais le choix entre quatre postes, deux en France, Grenoble et Rennes et deux en Afrique de l’Ouest, Dakar et Ouagadougou. J’aurais dû choisir logiquement Grenoble, une université de bonne qualité située pas trop loin de chez moi. C’était logique et c’était aussi la crainte de mon collègue grenoblois Alain Jolibert, classé quatorzième donc après moi dans l’ordre des choix.

C’était logique, mais je n’avais pas envie de commencer ma carrière par une vacherie. J’excluais donc Grenoble, ce qui éliminait aussi Rennes, car pourquoi partir en Bretagne alors que Grenoble m’ouvrait les bras ? Ouagadougou, non, Dakar était plus proche, son université mieux établie dans le monde francophone. Dakar s’imposait d’autant plus que l’un de mes collègues niçois venait de s’y installer, Alain Massiera. Un autre, Robert Teller, agrégé du précédent concours, venait d’en revenir après deux années qu’il n’avait, d’après ses dires, pas mal vécu. Une sorte de familiarité s’était de la sorte installée entre Dakar et l’IAE de Nice. Inutile de préciser que trois jours auparavant, j’ignorais tout à fait que le poste de Dakar serait mis au concours…

Va pour Dakar ! En quelques minutes, je venais de décider de mon sort futur et de celui d’Alain Jolibert qui rayonnait de soulagement en apprenant mon choix. Le poste d’Ouagadougou échut, malgré lui, à Henri Savall, qui réussit à ne jamais y aller en invoquant des impossibilités familiales.

En ce mois d’avril 1980, je venais de donner en quelques jours deux directions tout à fait nouvelles à ma vie. Professeur en Sciences de Gestion et Professeur coopérant à Dakar.

 

Deux bouleversements complets en même temps !

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RECOLONISER L'ÎLE-ROYALE

2 Mai 2017 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

RECOLONISER L'ÎLE-ROYALE

 

Puisque l’Île-Royale retournait à la France, il s’agissait de la recoloniser rapidement.

 

Les fonctionnaires se mirent à rameuter les colons pour les installer à l’Île-Royale. L’idée était de ramener dans l’île les colons qui en avaient été déportés. Il n’était cependant pas question d’y renvoyer les infirmes, les vieux et les indigents. Ils réussirent à faire revenir deux mille à l'été de 1749 et cinq cent de plus en 1752.

Concernant l'armée, l'administration renvoya à Louisbourg les soldats des Compagnies franches de la Marine, sans le régiment allemand de Karrer. Le nombre de soldats passa de 500 en 1745 à 3500 en 1752. La réinstallation dans l’Île-Royale s’inscrivait dans le plan de Roland-Michel Barrin, marquis de La Galissonnière, qui avait été désigné en mai 1747 gouverneur général de la Nouvelle-France. Ce dernier élabora une politique active d'expansion territoriale et de lutte contre l'influence anglaise, pour la vallée de l'Ohio en direction de la Louisiane, vers les Grands Lacs, l'Acadie et Louisbourg.

Quant à elle, l’Acadie donnait lieu à contestation concernant ses frontières. Pour la France, l'Acadie anglaise se limitait à la Nouvelle-Écosse tandis qu’elle incluait aussi une partie de l’actuel Nouveau-Brunswick et de l'île du Prince-Édouard pour la Grande-Bretagne. Une commission mixte vit ses travaux trainer en longueur jusqu’en 1755. À bout de patience, La Galissonnière, décida unilatéralement que la France possédait tout l'isthme de Chignectou près de la Nouvelle-Écosse ainsi que toute la baie Française et par la suite son successeur, le gouverneur de La Jonquière, allait ériger sur cette frontière les forts Beauséjour et Gaspéreau.

Car les Acadiens étaient pris entre deux feux. Depuis la signature du traité d'Aix-la-Chapelle en 1748, trois mille d’entre eux, encouragés par l'administration française, avaient émigré en Acadie française, soit au futur Nouveau-Brunswick, en Gaspésie, à l'île d'Anticosti, à l'île Royale et à l'île Saint-Jean. L'arrivée en Nouvelle-Écosse de deux mille colons britanniques et d'un fort contingent militaire avait en effet modifié l’équilibre démographique de la colonie, d'autant plus que le gouverneur Edward Cornwallis demandait à la population acadienne, qui refusa, de prêter inconditionnellement un serment d'allégeance à la Couronne britannique sous peine d'être expulsée.

Aussi, Charles Lawrence, qui succéda à Cornwallis, décida d'expulser tous les Acadiens du territoire de la Nouvelle-Écosse afin de faciliter le développement d'une colonie anglaise et protestante, fidèle au roi d'Angleterre. Il s'agissait d'une opération de nettoyage ethnique de grande envergure, car elle allait durer sept années, de 1755 à 1762, avec pour objectif d'exiler presque toute la population, soit de douze à quinze mille personnes.

La plupart des Acadiens furent envoyés en Nouvelle-Angleterre, d'autres furent déportés jusqu'en Angleterre d’où ils s’exilèrent en Guyane française, dans les îles Malouines et en Louisiane devenue espagnole, d’autres se réfugièrent dans le Nouveau-Brunswick. Des centaines d'Acadiens s'établirent également sur l'île Royale, si bien que la colonie comptera plus de quatre mille habitants en 1755.

Pendant ce temps, la guerre de Sept Ans avait commencé le 18 mai 1756 et la Grande-Bretagne se donnait pour objectif d’affirmer sa mainmise sur tout le continent, de la baie d'Hudson jusqu'aux Antilles.

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