LA PROMENADE DES ANGLAIS
LES FLEURS POUR LES VICTIMES...
Je joins mes lamentations à celles de tous les niçois effondrés par le drame aussi immense qu’absurde du 14 juillet 2016.
Qu’un être humain soit capable de concevoir et de réaliser un crime aussi violent, massif et absurde que de rouler avec un camion sur la foule, en cherchant à en écraser le plus possible dépasse l’entendement.
Pourtant ce n’est pas un acte isolé puisqu’à ce crime se succèdent d’autres crimes, tandis que notre Président semble préférer le respect de principes adaptés à d'autres circonstances à la vie de ses concitoyens, comme si les lois n'étaient faites pour que les membres de la société puissent vivre ensemble.
En principe, il suffirait de les appliquer pour retrouver l’équilibre de notre société.
En principe.
Car comment les appliquer correctement ? Les appliquer à la lettre ? Il faudrait alors construire de toute urgence des prisons, embaucher des gardiens afin de ne plus faire des remises de peine automatiques. Il faudrait sacrifier les aides sociales pour les affecter aux dépenses policières et pénitentiaires. Bref, il faudrait changer les règles non écrites de notre société, plutôt laxistes et bienveillantes, pour les remplacer partout par la rigueur.
La rigueur pour les assassins, la rigueur pour les voyous, la rigueur pour les tricheurs, la rigueur universelle, sinon cela ne marchera pas.
Laissons les hommes politiques sacrifier des vies innocentes sur l’autel de "l’État de Droit". Laissons les se débattre entre des solutions d’urgence et une société qui n’est pas modifiable au gré des émotions et regardons le problème qui leur est posé d’un regard distancié : notre société doit s’adapter aux changements du monde afin de lutter, non seulement contre le terrorisme, mais plus généralement contre l’insécurité.
Pour cela, elle doit prendre en compte la mobilité et l’anonymat de ses membres. Nous vivons en ville, donc seuls. Savez-vous qui habite dans votre rue ? Vos voisins vous connaissent-ils ? Les dépressifs, les personnes âgées peuvent mourir dans leur coin sans que personne ne s’en inquiète. Naturellement, les fous dangereux ont la même liberté.
De plus, les gens viennent littéralement de partout. L’Europe n’est que l’extrémité d’un espace qui s’étend sans obstacle jusqu’aux extrémités de l’Asie et de l’Afrique. Pratiquement personne ne peut empêcher un chinois ou un africain déterminé d’atteindre les rives de l’océan atlantique. On en sait quelque chose à Calais. Les vagues frontières encore dressées ici ou là ne sont efficaces que pour barrer la route aux personnes qui sont bien décidées à respecter la loi. Les autres n’en ont cure.
Désolé de vous faire peur, mais, compte tenu de l’anonymat et de la mobilité des personnes, n’importe qui peut aujourd’hui venir s’installer dans votre rue et décider de vous tuer. En l’état actuel de l’organisation de notre pays, la police n’est pas en mesure de détecter à l’avance cet individu et notre système judiciaire ne permet pas de le mettre hors d’état de nuire préventivement.
On constate en effet une nouveauté par rapport au monde d’autrefois, la disparition du village dans lequel tout le monde connaissait tout le monde. Désormais, nous vivons dans un monde où personne ne connaît personne.
La pente naturelle de cet état de fait est le regroupement dans des zones protégées pour les plus riches à côté de la constitution de groupes ethniques et religieux pour ceux qui peuvent s'en réclamer, tandis que les plus faibles qui n’ont ni les moyens financiers ni les solidarités claniques pour se protéger sont abandonnés à leur sort dans ce monde éclaté.
Pour éviter cette dérive naturelle, une nouvelle organisation collective s’impose, qui n’ait pas la prétention de changer notre société par des injonctions (plus de solidarité ! plus d’ordre ! plus de sévérité !) mais qui se fonde sur la protection qu’assuraient autrefois nos villages disparus, si rassurants par l’identification et la reconnaissance de chacun par le groupe.
Il nous faut les remplacer par une organisation similaire dans les quartiers de nos villes. Le principe de base est que nous devons découper nos villes et finalement notre société toute entière en unités dans lesquelles chacun est identifié, connu et reconnu, car c’est dans l’anonymat et l’isolement que s’échafaudent toutes les dérives.
Pour prendre un exemple concret, on peut imaginer des quartiers regroupant au plus trois ou quatre mille personnes afin que le responsable du quartier puisse les connaître toutes, personnellement. Cela implique une contrainte qui est le point clé de ce dispositif, à savoir l’obligation de déclarer sa présence au responsable du quartier lorsque l’on y habite et cette obligation concerne aussi les personnes de passage dans les hôtels, les logements privés et lorsque l’on héberge chez soi de la famille ou des amis.
Ce dispositif permet de repérer toute personne qui s’y soustrait et donc de lui prêter une attention particulière. On peut imaginer qu’il donne lieu à deux développements :
- À partir de l’obligation d’inscription peut se constituer une cellule centrale de soutien à la population du quartier : le responsable peut être secondé par une assistante sociale en mesure de connaitre les besoins réels de ses administrés puisqu’elle les connait et par un policier chargé de se renseigner et de constituer le premier échelon de tout maintien de l’ordre dans le quartier.
- L’autre, démocratique. Le responsable de quartier pourrait aussi bien être élu que nommé par la commune. S’il était élu, on pourrait concevoir une refondation démocratique du pays à partir des quartiers.
Mais l’essence de cette proposition est la suivante : si nous ignorons totalement qui sont nos voisins, d’où ils viennent, ce qu’ils font et ce qu’ils veulent, nous acceptons de voir notre existence perturbée sinon détruite par n’importe quel individu ou groupe qui le décidera à notre insu, au nom de n’importe quoi.
Il faut donc, à mon sens, s’organiser pour l’éviter. Tous les actes de terrorismes récents en France nous montrent qu’un repérage des individus qui les ont commis aurait permis de les contrecarrer.
Sus à la Russie !
POUR CONTRER LES AMBITIONS RUSSES CONTRE LA TURQUIE, TOUS CONTRE LA RUSSIE
Napoléon III ne se contenta malheureusement pas de moderniser le pays. Dés le mois de février, lui qui proclamait que « l’Empire, c’est la paix », offrait son alliance à une Angleterre désireuse de s’opposer à l’expansionnisme russe.
Les Anglais avaient en effet tout intérêt à freiner l’Empire Russe qui risquait de déboucher sur leur propre zone d’influence située au sud de la Russie, de l’Inde à l’Égypte, en passant par tout le Moyen-Orient, l’Iran et l’Afghanistan. C’est ce que Rudyard Kipling appelait « Le Grand Jeu ». Bientôt l’importance de cette riche zone pétrolière s’imposerait à tous les grands joueurs stratégiques du monde.
De son côté, Napoléon III y voyait le moyen de se réintroduire dans le jeu stratégique européen afin de remettre en cause le traité de Vienne qui l’obsédait. Pourtant, avec la guerre de Crimée, il inaugurait une politique étrangère agressive qui conduirait l’Empire à sa perte.
La construction idéologique de sa politique consistait à proclamer que la France était le défenseur « naturel » des opprimés, des peuples injustement agressés, des nationalités dans la droite ligne des proclamations de la Convention et de la Terreur. Cette posture est encore à l’ordre du jour de la France du XXIe siècle, ce qui la conduit à la même agressivité vis à vis de la Russie pour complaire aux anglo-saxons.
Dés le début du règne de Napoléon III, les conséquences de son idéologie seront particulièrement négatives en termes de coûts humains et de relations internationales. Car* la seule guerre de Crimée fera cent vingt mille morts alliés, dont quatre-vingt-quinze mille français, comme si la France avait été la principale instigatrice et bénéficiaire de cette guerre !
Nicolas Ier cherchait à profiter de la faiblesse de la Turquie pour gagner à Constantinople une porte sur la Méditerranée, alors que l’Angleterre était décidée à maintenir le statut des Détroits pour contenir la Russie. Napoléon III, tout en invoquant le prétexte de la protection des catholiques contre les empiétements orthodoxes dans les Lieux saints, voulait, comme il le déclara en Conseil des ministres, profiter des ambitions moscovites pour séparer l’Autriche de la Russie et contracter sa première alliance avec l’Angleterre.
Le 22 juin 1853, les armées russes envahissaient les provinces roumaines de Moldavie et de Valachie. Le 4 octobre, l'empire ottoman, fort du soutien de la France et de l'Angleterre, déclarait la guerre à la Russie. L'armée turque remportait une victoire à Oltenitza mais sa flotte était détruite à Sinope. Le 3 janvier 1854, les flottes françaises et anglaises pénétraient dans la mer Noire pour protéger les côtes turques. Le 12 mars, les deux pays s'alliaient officiellement à la Turquie et déclaraient la guerre à la Russie le 27 mars. Un corps expéditionnaire était déployé le 30 mai à Varna en Bulgarie mais il subissait de lourdes pertes en raison d'une épidémie de choléra.
Enfin, après avoir signé une alliance défensive avec la Prusse, l'Autriche concentrait une armée de 50.000 hommes dans ses provinces frontalières avec la Russie, puis, avec l'autorisation de l'empire ottoman, pénétrait dans ses principautés du Danube pour les protéger.
Tous contre la Russie, la Turquie et la Grande-Bretagne, soutenues par l’Autriche et surtout par la France !
Napoléon III le chanceux, Napoléon III le réformateur
LA BELLE EUGÈNIE DE MONTIJO
La suite du récit de la via aventureuse du futur Napoléon III :
Pendant qu’il était en prison, il a rédigé une brochure intitulée L’Extinction du paupérisme, mélange des thèses de Saint-Simon et de Louis Blanc qui lui vaudra plus tard la sympathie des milieux réformateurs.
Après sa fuite, il se réfugie à nouveau en Angleterre où il séduit une demi-mondaine, miss Howard, qui mettra sa fortune à sa disposition. Puis, dés la révolution de février 1848, il se rend à Paris, dont il se fait expulser par Lamartine. En juin 1848, toujours réfugié en Angleterre, il est néanmoins élu à l’Assemblée constituante dans quatre départements. Lorsque le gouvernement provisoire manifeste l’intention d’invalider son élection, de violentes manifestations éclatent qui font reculer le pouvoir. En septembre, il est élu à l’Assemblée législative dans cinq départements. Autorisé à siéger, il annonce sa candidature à la présidence de la République le 26 octobre 1948, à laquelle il est triomphalement élu le 10 décembre 1848.
Tocqueville a écrit que ce fut « sa folie plus que sa raison qui, grâce aux circonstances, fit son succès et sa force ». (Souvenirs). Empereur, il n’hésitera pas à faire un mariage d’amour en épousant à quarante-trois ans, le 20 janvier 1853, la ravissante Eugénie de Montijo.
Louis-Napoléon est désormais Napoléon III. La constitution, copiée sur celle du consulat, est censée refermer une parenthèse d’un demi-siècle. Comme son oncle, Napoléon III concentre tous les pouvoirs de l’État entre ses mains. La presse est muselée, les préfets contrôlent les administrations locales et les candidatures officielles.
Il n’est pas étonnant, en ce début d’année 1853, qu’avec des atouts aussi nombreux pour agir, tout semble lui sourire. Populaire et bourgeois à la fois, il a les moyens de transformer la France et il le fait : Il permet la création des grands organismes financiers qui vont financer les investissements industriels, Le Crédit Mobilier et le Crédit Foncier, Le Comptoir d’Escompte, le Crédit industriel et commercial, le Crédit Lyonnais, la Société générale, qui font appel au grand public pour financer les crédits à long terme. L’industrie, qui dispose désormais des capitaux nécessaires, connaît un grand essor. Pendant son règne, la production de fonte passe de 400 000 à 1 400 000 tonnes, celle de l’acier de 283 000 à 1 014 000 tonnes et le réseau de chemins de fer de 3 000 à 18 000 kilomètres.
L’urbanisme des grandes villes est bouleversé, en particulier celui de Paris. L’aménagement de Paris par le baron Haussmann reste célèbre, même si elle est contestée à la fin de l’Empire. C’est Napoléon III qui, le 1er janvier 1860, agrandit le périmètre de Paris et le divise en 20 arrondissements. C’est aussi le IIe Empire qui réalise la loi sur le drainage qui permet l’assainissement de la Sologne et des Landes, la rénovation des ports militaires de Cherbourg, Brest, Lorient, Rochefort et Toulon.
Il négocie aussi un traité de commerce avec l’Angleterre qu’il étend ensuite à la plupart des pays européens, créant un marché commun avant la lettre. La modernisation de l’agriculture est l’objet de tous ses soins. Des écoles spécialisées sont créées. Des lois sur le drainage et le défrichement sont votées. Des crédits sont affectés à des grands travaux.
Napoléon III réforme, Napoléon III modernise.
Comment Deschamps a perdu la finale
CHRISTIANO RONALDO, CAPITAINE DE L'ÉQUIPE DE FOOTBALL DU PORTUGAL
Le récit ci-dessous est parfaitement imaginaire, sauf les faits et la logique du raisonnement :
Tout le monde savait que Ronaldo était le leader de l’équipe de football du Portugal. Deschamps est donc allé voir le joueur qui évoluait en face de lui dans le match, Dimitri Payet, en lui demandant de le mettre hors d’état de jouer, sans se faire sanctionner si possible.
Dimitri Payet s’y est pris à deux fois, mais il a réussi à provoquer une rupture du ligament interne au niveau du genou gauche de Ronaldo. Les larmes dans les yeux, Cristiano Ronaldo a du se résoudre à quitter le terrain au bout de huit minutes de jeu pour ne pas handicaper l’équipe.
La voie était libre pour l’attaque française qui n’aurait plus à se préoccuper de la menace que faisait en permanence planer Ronaldo sur la défense française.
L’opération a échoué, en partie parce que le gardien portugais s’est révélé particulièrement coriace et en partie parce que l’équipe portugaise a été galvanisée par la blessure de son capitaine, d’autant plus que ce dernier est resté au bord du terrain pour les encourager.
Finalement, l’équipe portugaise a marqué un but pendant les prolongations et a remporté la finale de la Coupe d’Europe.
Le calcul tactique a été bon, Ronaldo a été mis hors d’état de jouer, tandis que le calcul stratégique a échoué, en raison de la réaction de l’équipe portugaise à ce « coup du sort ».
C’est une erreur que commettent souvent les joueurs d’échec débutants…
Vogue le Deuxième Empire
LA CELLULE DE LOUIS-NAPOLÉON AU FORT DE HAM
Après ses remarquables succès électoraux du début de l’année 1852, Louis-Napoléon est triomphalement accueilli par la population lors de son tour de France de l’automne 1852, ce qui lui fait prendre conscience qu’il ne dépend que de lui d’être sacré « Empereur » comme son oncle Napoléon 1er.
Le 7 novembre 1852, le Sénat est sollicité pour en faire la proposition qui modifiait la Constitution sur ce seul point :
Article premier. La dignité impériale est rétablie. Louis Napoléon Bonaparte est Empereur des Français, sous le nom de Napoléon III.
Article 2. La dignité impériale est héréditaire dans la descendance directe et légitime de Louis-Napoléon Bonaparte, de mâle en mâle, par ordre de primogéniture, et à l'exclusion perpétuelle des femmes et de leur descendance.
Cette modification donna lieu à un plébiscite, les 21 et 22 novembre 1852 qui se traduisit par 7 824 129 « oui » en faveur de l’Empire, 253 145 « non », 65 126 nuls et 2 millions d’abstentions environ. La dignité impériale était rétablie à son profit. Louis-Napoléon prit désormais le titre de Napoléon III. Le contexte politique de l’époque expliquait l’adhésion de la population. L’émeute avait renversé le régime de Louis-Philippe et installé une République qui avait au début une coloration presque communiste. La peur du désordre avait successivement engendré une assemblée conservatrice puis royaliste et un président qui finissait par se proclamer empereur, sur la seule magie de son nom.
La société bien-pensante de l’époque le considérait comme un moindre mal, les paysans le révéraient, les ouvriers l’observaient avec méfiance mais sans hostilité : il avait les mains libres, à la tête du pouvoir politique le plus concentré du monde et à ce titre la Ve République a hérité de son système de pouvoir.
Symboliquement, le IIe Empire commença le 2 novembre 1852, sachant que le terme de « IIe Empire » impliquait la remise en cause du traité de Vienne de 1815, qui sera plus tard à l’origine de la guerre de 1870 et de sa chute.
Louis-Napoléon Bonaparte reste cependant un aventurier, un aventurier qui devient Empereur.
Fils du dernier frère de Napoléon, Louis Bonaparte, et d’Hortense de Beauharnais, Charles-Louis Napoléon Bonaparte est né le 20 avril 1808. Lors des Cent-Jours, il partit avec sa mère pour un exil en Suisse. Il est éduqué par un ancien révolutionnaire, Le Bas et comme il n’est qu’un proscrit, il n’hésite pas à se prononcer contre les pouvoirs établis par les traités de 1815, à faire siennes les idées-forces du Mémorial de Sainte-Hélène, notamment l’idée que Napoléon, continuateur de la Révolution, a répandu en Europe le principe des nationalités.
En 1830, il organisa avec les carbonaris un complot pour placer l’Aiglon sur le trône d’Italie. Puis, dés la mort du duc de Reichstadt en 1832, il décida qu’il était désormais le chef de la dynastie napoléonienne.
En 1836, il tenta sans succès de soulever la garnison de Strasbourg et se fit expulser aux Etats-Unis, d’où il rejoignit Londres. Profitant du regain de ferveur bonapartiste provoqué par le retour des cendres de l'Empereur, il débarqua en 1840 à Boulogne avec quelques conjurés dont son ami Persigny, dans le but de provoquer un soulèvement en sa faveur.
Arrêté, il fut condamné à la prison à vie au fort de Ham, dont il s’évada en 1846 en empruntant la tenue d'un ouvrier du nom de Badinguet, qui sera l’un des surnoms qu’on lui donnera.
BREXIT
LE BREXIT VU PAR UN HUMORISTE.
Je dois vous faire un double aveu : premièrement, je prévoyais logiquement le Brexit sans avoir eu toutefois, je l’avoue, le courage de l’écrire. Deuxièmement, j’étais favorable au Brexit avant que le vote ait lieu et, ce qui aggrave mon cas, je le suis encore plus après.
Pourquoi suis-je pour le Brexit? Parce qu'il va enfin permettre de construire des structures européennes adaptées à la situation actuelle et future de l'Europe. Dieu sait en effet si elle va devoir faire face à de grands défis qui ne souffrent pas d'une organisation aussi inadaptée que l'UE.
Mais commençons par le début de l'histoire. Pourquoi 52% des Britanniques ont-ils voté pour le Brexit ? Pas parce qu’ils étaient anti-européens mais parce qu’ils voulaient être libres. Pourquoi 48% des Britanniques ont-ils voté contre le Brexit ? Pas parce qu’ils étaient enthousiastes du fonctionnement de l’Union Européenne mais parce qu’ils avaient peur des conséquences de cette sortie. Retournez la question du Brexit dans tous les sens, mais vous serez bien obligé de constater que c’était le fond du débat.
Désormais, malgré toutes les prédictions apocalyptiques des adversaires du Brexit destinées à faire peur à l’opinion européenne afin qu’elle se convainque que sortir de l’UE, c’est mal, c’est stupide, c’est dangereux, ce n’est plus l’UE qui a la main mais la Grande-Bretagne qui joue au chat et à la souris avec l’UE. Le débat à venir ne concerne donc pas la manière dont la Grande-Bretagne va négocier ses futures relations avec l’UE, car vous pouvez faire confiance aux Anglais, ils ont toujours su gérer leurs intérêts et ils ont désormais un grand avantage, ils ont les mains libres.
L'effet majeur du Brexit est que le dogme de l'irréversibilité de l'entrée de l'UE est brisé, comme celui de l'entrée dans le système soviétique, vérifié depuis 1917, s'est rompu en 1989.
Le débat est en revanche ouvert en Europe entre ceux qui croient que l’Union Européenne est réformable et ceux qui ne le croient pas, dont je fais partie. C’est que je ne connais aucun exemple de structure qui ait été capable de changer elle-même, de l’intérieur, ses principes de fonctionnement.
Quels sont donc les principes de fonctionnement de l’UE qui devront être radicalement modifiés pour que cette dernière continue à exister ? Ils sont, de l’avis unanime des analystes, au nombre de trois.
Tout d’abord, un système de décision anti démocratique inventé malheureusement par deux Français, Jean Monnet et Jacques Delors, qui, notez le, n’ont jamais été élus par qui que ce soit. Comment faire pour garder l’UE, tout en renversant totalement sa logique de fonctionnement afin de la mettre au service des Européens ?
Ensuite, une révérence, que dis-je, une idolâtrie unique dans le monde, pour la concurrence totale qui ne s’embarrasse d’aucunes limites, détruisant les services publics, les grandes entreprises comme Pechiney ou les petites comme ces centaines de milliers de PME de tous les secteurs économiques, agricoles, industriels et commerciaux, déstabilisées par une production à jet continu de normes et de règlements bureaucratiques sans aucune prise en compte des différences de structures sociales, comme l’illustre l’affaire des travailleurs détachés. Comment contraindre l'UE à renoncer à ce principe qu'elle applique tous les jours avec enthousiasme et persévérance?
Enfin, une inféodation aux intérêts des USA, de la Chine et des multinationales avec leurs milliers de groupes de pression installés à Bruxelles. Cette UE qui capitule devant la Turquie, qui obéit aux injonctions américaines pour se confronter à la Russie, peut-elle être chargée de défendre les intérêts de l’Europe ? Cette UE incapable de défendre ses frontières et même de les définir, a t-elle la moindre crédibilité pour défendre les Européens ? Pourquoi l’UE continue t-elle à négocier les conditions de l’entrée de la Turquie dans l’UE sans jamais nous expliquer pourquoi elle devrait en faire partie, mais pas le Maghreb ? Comment faire pour que l'UE ait pour objectif premier de défendre l'Europe et non de se soumettre aux injonctions de ses concurrents et adversaires qui ont interêt à ce que l'Europe leur obéisse, au travers de l'UE?
Il me paraît évident que si l’UE veut faire le bonheur des Européens malgré eux, si elle met aveuglément et obstinément en œuvre un principe de concurrence qui détruit ses structures économiques et sociales et si elle n’est pas capable de défendre ses intérêts, vivement qu’elle disparaisse et c’est ce qui va se produire.
Nombreux encore sont ceux qui ne veulent pas le croire, comme ils n’ont pas cru, avant que cela arrive, à l’effondrement du système soviétique en deux années, entre le 9 novembre 1989, soir de l’ouverture de la frontière de la RDA et le 26 décembre 1991, jour de la dissolution de l’Union Soviétique.
Si je me permets de vous inviter à revoir vos schémas d’analyse et à vous souvenir de ce blog du 1er juillet 2016, c’est que je me souviens d’avoir écrit en 1981, contre l’avis général, un article (à votre disposition) prévoyant la chute du système soviétique à moyen terme. J’avais alors prêché dans le désert, en attendant que huit années plus tard le moindre scribouillard m’explique à longueur de colonnes après la chute du mur de Berlin, que c’était inévitable. Mais c’était après ! Ce serait donc mieux, cette fois ci, que nous soyons nombreux à le prévoir avant !
Ce devrait d’ailleurs être le souhait de tout Européen sincère, dont la priorité ne peut être que celle de définir et mettre en œuvre une organisation de l’Europe démocratique, respectueuse des intérêts de ses populations et dont la priorité soit de défendre l’Europe face aux intérêts extérieurs à l’Europe.
Vous ne croyez pas que c’est évident ?
En attendant, au titre de contribution à l’humour européen, le premier souci du Président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, le jour même du résultat du Brexit, a été d’écrire une lettre aux fonctionnaires britanniques de l'UE pour les rassurer :
« D'après notre Statut, vous êtes des fonctionnaires de l'Union (...) Vous avez laissé vos « chapeaux » nationaux à la porte lorsque vous êtes entrés dans cette institution. Aujourd'hui, cette porte ne se referme pas sur vous (...). Vous avez toujours été des fonctionnaires européens loyaux envers notre Union et vous avez apporté une énorme contribution au projet européen. C'est dans cet esprit de loyauté réciproque que je vais maintenant travailler avec les présidents des autres institutions européennes pour m'assurer que nous pourrons tous continuer à bénéficier de vos remarquables talent, expérience et engagement. Vous pouvez être sûrs que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir, comme président de la Commission, pour vous soutenir et vous aider dans ce processus difficile. Notre Statut sera lu et appliqué dans un esprit européen... » En clair, les fonctionnaires européens de nationalité britannique garderont leurs emplois et les avantages qui leur sont attachés.
Vous croyez toujours que l’UE va se réformer ?
Je vous invite donc à changer de paradigme : l’UE doit disparaître au plus vite afin d’être remplacée, je l'écris ici pour la troisième fois, par un nouvel organisme commun aux Européens, fondé sur des principes démocratiques et des frontières définies, afin qu’il puisse prendre en charge les intérêts des Européens.
Sans cela, le chaos nous guette, car j’insiste, le statu quo est désormais hors de portée et la réforme, illusoire.
Telle est la leçon du Brexit.