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Le blog d'André Boyer

LES PRÉMISSES DE LA DERNIÈRE ÉPREUVE

30 Mars 2017 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE

 

La dernière épreuve qui consistait en une étude de cas, s’est déroulée en avril 1980.

 

L’épreuve demandait huit heures de préparation afin de présenter le cas pendant une demi-heure avec sa problématique et ses « solutions » avant d’être interrogé sur cette présentation par les membres du jury, encore pendant une demi-heure.

J’avais choisi la spécialité du marketing et j’eus à traiter de la stratégie commerciale d’une compagnie aérienne américaine aujourd’hui disparue, Braniff International.

En dehors de moi-même, deux autres candidats étaient conviés à étudier le même cas, de manière séparée évidemment. La présentation du cas se déroulait selon l’ordre alphabétique des candidats et le hasard fit que je fus le premier à concourir sur le cas.

Sous trois noms successifs, Braniff International était une compagnie d’aviation qui existait depuis 1928 et qui opérait surtout depuis le Sud Ouest des Etats-Unis. Elle avait progressivement étendu ses activités vers l’Amérique centrale et l’Europe. Braniff était remarquable pour la décoration de ses avions par Calder et par l’acquisition du Concorde qui a assuré pendant quelques mois une liaison subsonique entre Dallas et Washington qui se prolongeait par un vol  à vitesse normale au-dessus de l’Atlantique. Mais en 1982, deux ans après notre étude de cas, Braniff fut contrainte de cesser ses activités du fait de la hausse du carburant et de l’Airline Deregulation Act de décembre 1978.

J’ai lu le cas Braniff, qui me plaisait bien. D’ailleurs, certains de mes lecteurs savent que j’aime assez les compagnies aériennes. Il y avait, comme toujours dans les cas, une vingtaine de pages de tableaux de chiffres plus ou moins utiles et de données qualitatives. Classique. Grâce à mon cas « Étude de cas », j’ai essayé de traiter le cas en raisonnant au second degré. Qu’est ce que les membres du jury souhaitaient apprendre de moi au travers de ce cas ? À mon avis, ils voulaient savoir à quel niveau de profondeur d’analyse j’avais compris le cas.

Alors je leur ai concocté, le terme est choisi sciemment, une présentation à trois niveaux de profondeur. Premier niveau apparent, l’étude de cas elle-même, ses données, sa problématique et ses solutions possibles. Deuxième niveau, ses interrogations. Car tout n’était pas donné dans le cas, tout n’était pas analysable et le jury devait savoir que j’étais conscient des limites du cas, que je me posais encore des questions après l’avoir lu et étudié.

Mais ce deuxième niveau constituait un piège. J’en étais bien conscient, notamment grâce à mon cas « Étude de cas ». Car un candidat normalement constitué ne laisse pas trainer des questions auxquelles il ne répond pas à portée d’un jury qui va aussitôt s’en saisir pour l’assassiner. Un candidat normalement constitué a des certitudes, qu’il défend avec énergie lorsqu’on l’interroge.

Si le deuxième niveau était destiné à convaincre le jury que j’avais une vision approfondie du cas, il n’était pas question d’en rester là. Je savais bien que le jury avait pour objectif de déterminer quels étaient les candidats qui avaient l’étoffe d’un professeur, celui qui sait analyser, expliquer, s’interroger mais qui finit aussi par apporter des réponses.

Les questions qu’ils allaient me poser, je voulais les choisir comme un général détermine le lieu du combat, là où il est le plus fort. Et, une fois les questions choisies par mes soins, être naturellement prêt à y apporter des réponses. De la tactique pure.

Je préparais donc un troisième niveau de traitement du cas. Aux questions que je fabriquais, j’apportais en même temps des réponses, soit sous forme de tableaux sur des transparents, soit sous forme d’interventions orales plusieurs fois répétées à l’avance. À partir de ce choix tactique, j’ai consacré à ce troisième niveau deux à trois heures sur les huit heures de préparation dont je disposais, sacrifiant une bonne part du temps de préparation proprement dit à la mise en place et au polissage de mes pièges.

 

Car c’était bien un combat, le combat final.

 

À SUIVRE

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L'ÎLE SAINT-JEAN

26 Mars 2017 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

La colonie de l’ile Royale comprenait en pratique deux iles, l’ile Royale proprement dite et l’ile Saint-Jean. Cette dernière avait une superficie de 5683 km² contre les 6350 km² de l’île Royale, et elle jouait le rôle de garde-manger pour Louisbourg.

 

En 1534, Jacques Cartier, émerveillé, décrit l’île Saint-Jean comme «la terre la plus belle que l'on puisse imaginer». Mais il fallut attendre l'été 1620 pour que les trois cent premiers colons arrivent sur l'île durant l'été pour fonder des villages de pêcheurs sur la côte nord de l'île et un bourg agricole, Port-la-Joy (aujourd'hui Charlottetown, trente cinq mille habitants).

En 1653, Nicolas Denys, un marchand originaire de La Rochelle, obtint la concession de pêche de l'île Saint-Jean, un territoire si immense qu'il était équivalent à la totalité du littoral atlantique français : il s'étendait depuis le Cap-des-Rosiers sur la côte de Gaspé, en passant par toute l'Acadie continentale, l'île Saint-Jean, l'île Royale, jusqu'aux îles de la Madeleine. En contrepartie, il était tenu d'y implanter des établissements permanents et d'y installer des colons. Sur cette aventure, il a publié en 1672 un ouvrage intitulé Description géographique et historique des côtes de l'Amérique septentrionale, avec l'histoire naturelle de ce païs, qui reste l’un des livres les plus précieux sur l'Acadie et sur la Nouvelle-France.

Cette concession n’eut pas le succès escompté en matière d’implantation de populations. Aussi, après le traité d’Utrecht de 1713, le roi accorda en 1720 une nouvelle concession à un Normand proche de Louis XV, Louis-Hyacinthe Castel qui fit venir dans l’île Saint-Jean une centaine d’artisans, accompagnés d’une trentaine de femmes. Dès 1721, une petite garnison des Compagnies franches de la Marine fut installée à Port-la-Joy, dans le sud de l’île. L’endroit était facile à défendre et la pêche y était très active.

Mais les hivers étaient si rudes que vingt pour cent des colons décédaient chaque année, si bien que la Compagnie de l'île Saint-Jean fit faillite, obligeant la garnison et les colons à retourner en France en ne laissant dans l’île que quelques Acadiens. Pour aggraver encore la situation, l'île SaintJean passa aux mains des Britanniques de 1726 à 1730. L’île comptait alors un millier d’habitants et elle constituait déjà le grenier de Louisbourg.

Puis, en juin 1745, pendant la guerre de la Succession d'Autriche, un important contingent de colons anglais provenant de la NouvelleAngleterre s’empara de Louisbourg. Aussitôt trois cent miliciens débarquèrent dans l’ile Saint-Jean avec pour objectif de vider l’île des ses colons français. Il ne resta alors, comme d’habitude, que quelques familles acadiennes.

Trois ans plus tard, après le traité d'Aix-la-Chapelle de 1748, l'île Royale et l'île Saint-Jean furent rendues à la France en échange de la ville de Madras en Inde, ce qui rendit furieux les colons de la Nouvelle-Angleterre. Claude-Élisabeth Denys de Bonaventure, commandant de l'île Saint-Jean, y rétablit la souveraineté française et réussit à attirer un millier de nouveaux colons qui étaient supposés se consacrer à l’agriculture.

Sept ans plus tard, en 1755, la population de l’île Saint-Jean s’élevait déjà à trois mille habitants, sans compter les militaires. Mais les autorités de la Nouvelle-Angleterre et de la Nouvelle-Écosse voulaient absolument faire disparaître la colonie de l’île Royale. Ils s’opposaient d’ailleurs à l’émigration des Acadiens vers l’ile, afin de ne pas y renforcer encore la présence française.

Car la colonie était florissante: en 1737, la valeur des exportations de morue de l'île Royale était huit fois supérieure à celle de la traite des fourrures au Canada et son succès était tel qu’il entrainait le déclin de l'industrie de la pêche dans les colonies de la Nouvelle-Angleterre.

 

La colonie de l’île Royale représentait donc une menace économique pour les colonies anglaises, tout en constituant un pôle stratégique de première importance pour la Nouvelle-France.

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L'EXTINCTION DE L'ESPÈCE HUMAINE

22 Mars 2017 , Rédigé par André Boyer Publié dans #PHILOSOPHIE

James Lovelock a présenté la planète Terre comme un être vivant, Gaïa, avec des écosystèmes qui constituent les organes de cet être vivant constitué par la biosphère.

 

Les savanes, les forêts, les déserts, les lacs, les rivières et les océans sont autant de systèmes vivants qui assurent des fonctions essentielles dont bénéficie l'espèce humaine. Ils fournissent des services écologiques tels que le recyclage des déchets organiques, la production de matières vivantes, la pollinisation, la régulation des climats, la purification de l'eau…

Or le succès écologique et économique de l'espèce humaine a fait entrer la Terre dans la sixième crise d'extinction d'espèces. Les cinq précédentes crises furent la conséquence de catastrophes géologiques telles que des éruptions volcaniques ou astronomiques comme les chutes de météores, qui furent suivies par des changements climatiques qui en amplifièrent les conséquences.

La crise actuelle est une crise anthropique accélérée, au sens où elle résulte des activités humaines qui tendent à monopoliser l’espace géographique de la Terre sur une échelle de temps très restreinte, tout en détruisant les fondements même de la survie de l’espèce humaine.

Elle trouve son origine dans le succès écologique et technologique de l'homme qui induit une croissance exponentielle de ses besoins en ressources et en espace. Cette croissance provoque la destruction des écosystèmes par la pollution, la déforestation et la fragmentation des habitats naturels, auquel s’est ajouté une pression mortelle sur les espèces chassées, péchées et récoltées, encore accrue du fait de la prolifération d’espèces exotiques introduites par l’homme.

On ne connaît bien que le taux d'extinction des espèces les plus connues, telles que les vertébrés et les plantes supérieures. Pour les autres groupes, on ne peut qu'avancer des extrapolations fondées sur la relation entre le nombre d'espèces et la superficie du milieu concerné.

Pour les forêts tropicales, qui couvrent sept pour cent de la surface terrestre et hébergent soixante dix pour cent des espèces vivantes, hors océans, on sait, par l’expérimentation qui a été conduite en Amazonie, que la réduction de moitié de la surface de la forêt réduit la biodiversité des oiseaux et des plantes de dix pour cent.

Une autre étude, menée sur une longue période à Singapour qui disposait à l’origine d’une importante forêt tropicale humide, est tout aussi révélatrice. Depuis que les Britanniques s’y sont installés en 1819, quatre vingt quinze pour cent des 540 kilomètres carrés de végétation primitive ont été totalement défrichés. Selon les travaux de l'écologue australien Barry W. Brook, il en est résulté la disparition de 881 espèces animales et végétales sur 3 996 espèces recensées.

Plus globalement, sur la base de données bien étayées pour les plantes, les vertébrés et quelques groupes d'invertébrés, la majorité des spécialistes estiment que le taux d'extinction actuel des espèces est mille fois supérieur au taux naturel, étayant la thèse d’une sixième crise d'extinction imputable au développement de l’espèce humaine, en effectif et en activités.

Il en est résulté une prise de conscience de la communauté scientifique qui ne peut en rien mettre fin à la crise d’extension des espèces, mais seulement ralentir son évolution inéluctable. Car la sixième crise d’extinction des espèces conduira inéluctablement à terme à la disparition de l’espèce humaine puisqu’elle est indispensable au rétablissement postérieur de la biodiversité, comme cela s’est produit après les cinq crises précédentes.

Cependant l’espèce humaine garde le choix d’accélérer ou de ralentir ce processus, qui peut durer quelques centaines d’années au pire ou quelques milliers d’années au mieux.

On sait bien que l’appétit individuel des êtres humains, ou leur soif de vivre, fait obstacle à ce processus de limitation de l’expansion humaine. Pour freiner le rythme de cette évolution, l’humanité saura t-elle limiter sa croissance démographique, sa consommation afin de protéger les écosystèmes ou non ?

C’est toute la question.

 

On peut estimer que le suicide de l’humanité est le choix le plus souhaitable, un choix qui implique tout simplement de laisser la tendance actuelle se poursuivre. Dans le cas contraire, le défi proposé à l’intelligence collective de l’espèce humaine est de parvenir à modérer cet appétit individuel pour permettre à l’humanité de poursuivre son odyssée encore quelques millénaires, au lieu de quelques siècles…

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LE TISSU VIVANT DE LA TERRE

18 Mars 2017 , Rédigé par André Boyer Publié dans #PHILOSOPHIE

Les changements climatiques et les transformations de l'utilisation des sols ont modifié et modifieront dans les décennies à venir le cadre de l'environnement humain.  

 

Pour l’être humain, l’enjeu consiste à survivre dans son écosystème en faisant appel à la diversité des compétences écologiques qui existent dans la nature, à savoir les gènes, les espèces et les écosystèmes.

L'érosion de la biodiversité a en effet une double implication écologique : d’une part, la perte de la diversité génétique par la réduction des effectifs jusqu’à l'extinction des espèces et d’autre part l’affaiblissement des performances écologiques à l'échelle des écosystèmes.

S’il existe une claire prise de conscience  du risque que fait courir à l’humanité l’extinction des espèces, on néglige encore largement le problème de  la durabilité des écosystèmes, liée à la diversité des espèces qui assure la résilience des écosystèmes.

Pour s’en convaincre, il suffit d’observer que la diversité des espèces est une source encore largement inexplorée de ressources pharmaceutiques, de produits alimentaires et de matériaux. En pharmacie, on constate que les  plantes restent à la base de la médecine moderne : la morphine est  extraite du pavot, la quinine provient du quinquina, l'aspirine procède du saule et de la reine-des-prés ; en outre, plus de soixante dix pour cent  des traitements anticancéreux prometteurs sont issus d'êtres vivants, notamment de plantes tropicales. Le seul ginkgo, par exemple, génère un chiffre d’affaires considérable grâce aux molécules qui en sont dérivées pour lutter contre les maladies cardio-vasculaires.

La biodiversité marine est la source d’un grand nombre de nouvelles molécules actives. Quatre mille substances nouvelles synthétisées par les organismes marins ont d’ores et déjà été identifiées, algues, invertébrés ou micro-organismes à partir desquelles cinq cent molécules actives possèdent des effets positifs sur les systèmes nerveux et vasculaires par leurs vertus anti tumorales, antivirales, immuno-modulatrices, antibiotiques, antifongiques, anti-inflammatoires ou en tant qu’inhibiteurs enzymatiques et moléculaires. On peut citer trois médicaments d'origine marine qui ont été commercialisés : un antibiotique, la céphalosporine, un anti tumoral, la cytarabine et un antiviral, la vidarabine, alors qu’une trentaine de molécules nouvelles sont à des stades divers de développement.

Ces découvertes résultent de la diversité et de la sophistication des mécanismes de défense mis au point au cours de milliards d'années d'évolution par des espèces exposées à une multitude d'agents pathogènes, de parasites et de prédateurs. La sélection naturelle a retenu, dans tous les milieux, des espèces capables de résoudre les problèmes posés par un environnement hostile, telles que des bactéries des sources hydrothermales capables de résister à des températures extrêmes ou de lutter contre des élements pathogènes ou des parasites.

 

C’est ainsi que la biodiversité constitue pour l'espèce humaine un atout majeur en termes d'adaptation et de survie à long terme.

 

À SUIVRE

 

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L'ENJEU DE LA BIODIVERSITÉ

15 Mars 2017 , Rédigé par André Boyer Publié dans #PHILOSOPHIE

En quelques années, la diversité biologique est devenue un des enjeux écologiques majeurs pour la survie de l’humanité.

 

Le terme de biodiversité est apparu après la conférence de Rio en 1992, qui a permis une large ratification de la Convention sur la diversité biologique. Que la vie se manifeste sous des formes très diverses était une donnée déjà connue des hommes des cavernes, lorsqu’ils y peignaient des bisons, des lions ou des antilopes.

Mais cette diversité du vivant apparait désormais comme une donnée fondamentale pour le maintien de la vie sur Terre et en particulier celle de l'espèce humaine.

En effet, depuis que la vie est apparue sur Terre, il y a 3,8 milliards d'années, elle s'est constamment diversifiée pour se transformer. La vie s’est manifestée tout d’abord sous la forme de molécules puis de protocellules dont la caractéristique fondamentale était de pouvoir s'auto répliquer, se transformer et donc se diversifier.

Depuis, de nouvelles espèces n’ont jamais cessé d’apparaître et de disparaître, car les espèces sont aussi mortelles que les individus qui les composent, à ceci prés que l'espérance de vie des espèces se compte en millions d'années alors que celle des individus se mesure en années.

Actuellement, succédant à prés de quatre milliards d’années de mutations, la Terre accueille entre dix et trente millions d'espèces différentes, on ne sait exactement, mais seules 1,7 million d’espèces sont répertoriées et encore pour la plupart d’entre elles, presque rien n'est connu de leur biologie, de leurs caractéristiques fonctionnelles, de leur rôle dans l'écosystème et encore moins de leur utilité potentielle par l'homme.

Cette multiplication des espèces résulte de la variabilité génétique des êtres vivants associée à leur capacité de multiplication. Cette variabilité est bridée par la sélection naturelle liée à leur environnement physique et par les interactions entre les espèces au sein des écosystèmes, sous la forme de processus de compétition, de prédation ou de parasitisme qui font que des  espèces survivent au sein de niches écologiques ou disparaissent.

Par exemple, la niche écologique dont disposent les rhinocéros est en train de disparaître parce qu'ils sont quasiment privés de leur milieu naturel et pourchassés par les hommes pour la valeur que ces derniers à leur corne. L'espèce humaine, quant à elle, n'est pas encore consciente qu'il ne s'agit pas d'un événement anecdotique, mais qu'en les éliminant, elle diminue la biodiversité des mammifères et met en danger sa propre survie.

La biodiversité a en effet une fonction essentielle pour le vivant, qui apparaît  clairement à l’issue de chaque crise d’extinction des espèces puisqu'aussitôt la biodiversité est restaurée afin d'assurer la pérennité du vivant.

L'appauvrissement génétique implique en effet une adaptabilité amoindrie face aux changements de l'environnement, un développement accru des gènes délétères et une diminution des systèmes de défense des individus, notamment immunitaires. C'est ainsi que la diminution de la diversité du vivant menace directement le maintien de la vie sur la Terre.

On l’a constaté avec le processus d’homogénéisation génétique des variétés de plantes initié par l’industrie agronomique qui a exposé ces plantes aux virus, aux champignons et aux insectes, parasites qui gardent, eux, leur capacité d'évolution. À contrario, on a observé que la diversité génétique du riz a accru considérablement sa résistance à la pyriculariose, la principale maladie fongique qui l'affecte.

 

La variabilité génétique d'une espèce constitue donc son assurance vie et celle de l’homme réside dans la diversité des espèces qui l’environne et donc de celle de leur écosystèmes.

 

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LA POPULATION DE LOUISBOURG

11 Mars 2017 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

 

Progressivement, l’aspect militaire de la colonie de l'Île-Royale prit le dessus sur la pêche. Louisbourg entretenait l’espoir des Canadiens et encore plus des Acadiens restés dans ce qui s’appelait désormais la Nouvelle-Écosse.

 

Le 2 septembre 1713, lorsque la France prit officiellement possession de l'île du Cap-Breton, un seul Français y habitait en compagnie d'une trentaine de familles Micmacs. Trois mois plus tard, 155 habitants de la colonie de Plaisance (Terre-Neuve) vinrent y trouver refuge. En 1716, on comptait déjà dans l’ile 1500 habitants, des artisans engagés pour la construction de la forteresse, des militaires, des commerçants, des matelots et des fonctionnaires, sans compter 1100 pêcheurs qui n’y résidaient que l'été.

En dehors de la ville fortifiée de Louisbourg, 900 habitants au plus ont résidé sur les côtes est et sud-est. Au total, sans compter les militaires, les pêcheurs et les travailleurs saisonniers, un recensement officiel en 1752 évalue  le nombre d’habitants de l’île à 3500, dont plus de la moitié à Louisbourg même.

Parmi eux, neuf hommes pour une femme. En effet, Louisbourg attirait surtout les hommes célibataires en tant que port et de ville de garnison, avec des problèmes de prostitution, de consommation d'alcool et de jeux.

Les enfants étaient nombreux, puisqu’en 1737 ils représentaient 45% du nombre des civils. Malgré ce pourcentage élevé, le Ministre de la Marine ne s’est jamais préoccupé de construire une école pour eux, alors qu’elles étaient assez répandues au Canada. À Louisbourg, même les enfants des officiers et des gentilshommes savaient à peine lire et écrire.

L’ile avait un problème d’alimentation, car ses terres rocailleuses n'étaient guère propices à la culture. Aussi, les Acadiens qui étaient restés en Nouvelle-Écosse fournissaient-ils en denrées de première nécessité les habitants de Louisbourg tandis que tout le reste était importé de France.

Les militaires représentaient la moitié de la population de l’ile en 1758, soit 3500 hommes. Ils provenaient à l’origine des Compagnies franches de la Marine auxquels s’ajoutèrent à partir de 1755 un bataillon du régiment de Bourgogne, un autre du régiment d’Artois et juste avant le siège de 1758, un bataillon du régiment de Cambis, qui refusera de rendre ses armes lors de la capitulation de 1758. La troupe de fantassins était complétée par deux compagnies d’artilleurs comptant chacun une cinquantaine d’hommes. 

La Marine française employait en outre beaucoup d'hommes, car l'exploitation du port exigeait de nombreux spécialistes, capitaine de port, pilotes, navigateurs, hydrographes et même un astronome. C'est à Louisbourg que l'on construisit en 1734 le premier phare de la Nouvelle-France.

Le clergé était en nombre très réduit à Louisbourg. L'évêque résidait à Québec et il n'y avait même pas d'église paroissiale à Louisbourg, malgré plusieurs projets pour la construire. Mais le commissaire-ordonnateur ne put jamais convaincre les habitants de Louisbourg de payer une taxe pour l'édification de l'église alors que les petites agglomérations avoisinantes en possédaient une.

La ville de Louisbourg comptait cependant un curé et trois ou quatre aumôniers. Ces derniers enseignaient en principe les rudiments de l’écriture et de la lecture en plus du catéchisme. On comptait aussi trois missionnaires français qui se consacraient à l’évangélisation des Micmacs. Deux communautés religieuses, les Frères de la Charité de Saint-Jean-de-Dieu et la Congrégation de Notre-Dame de Montréal étaient présentes. La mission des Frères de la Charité était d'assurer les soins auprès des malades et des infirmes. À l’hôpital du Roy, de 100 lits, cinq ou six frères y soignaient surtout la dysenterie, la variole et le typhus. Les six sœurs de la Congrégation de Notre-Dame, venues du Canada, enseignaient le catéchisme, la lecture, l'écriture et la couture aux jeunes filles. Elles accueillirent au plus une centaine d’élèves.

Mais, contrairement à la situation qui prévalait au Canada, notamment à Québec, à Trois-Rivières et à Montréal, l'Église catholique n'a jamais exercé une influence considérable sur les habitants de Louisbourg.

En sus des militaires, des civils et du clergé, l’île comptait encore trois catégories sociales remarquables, des esclaves et des étrangers et des indiens micmacs. L’île comptait environ deux cent esclaves, 90% d’origine africaine et 10% d’Amérindiens. Ce grand nombre d'esclaves s'explique par le commerce entre l’île et les Antilles. Beaucoup furent ensuite affranchis. De plus, l’île comptait aussi des Basques, des Allemands, des Espagnols, des Suisses, des Irlandais, des Écossais et des Anglais. Les Basques pratiquaient la pêche, les Allemands et les Suisses étaient des mercenaires dans l'armée française. Les Irlandais, les Écossais et des Anglais étaient des catholiques qui avaient fui la répression religieuse pratiquée en Grande-Bretagne.

Tous les étés, l’île accueillait des centaines de pêcheurs, de marins et de marchands qui lui donnait un caractère cosmopolite. On y parlait le français du Roy (la langue administrative) et aussi le basque et le micmac.

De plus, depuis des temps immémoriaux, les deux îles de la colonie abritaient des Micmacs, qui comptait sept nations et environ sept cent personnes dans l'île Royale, qui vivait en harmonie avec les Français. Les missionnaires étaient des intermédiaires incarnant l'alliance à la foi et au roi.

La colonie comprenait deux iles, l'île Royale et l'île Saint-Jean, cette dernière jouant un rôle déterminant dans la survie de la première

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VERS LA FAILLITE DES BANQUES CENTRALES DE LA ZONE EURO

8 Mars 2017 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

Target 2 est en train de rendre insolvables les Banques Centrales des pays de la zone euro.

 

L’acronyme « Target 2 » se réfère à un système de compensation des flux financiers entre pays européens, par l’intermédiaire de l’ajustement des comptes des Banques Centrales nationales de la BCE.

En pratique, les flux de capitaux sont actuellement à sens unique: en empochant un bénéfice, les investisseurs privés vendent à la BCE les obligations italiennes ou portugaises qu’ils possèdent, avant de redéployer le produit de la vente dans des fonds mutuels en Allemagne ou au Luxembourg.

À ce jour, la Banque Centrale italienne doit une somme record de 364 milliards d’euros à la BCE, soit 22 % du PIB italien, un montant qui ne cesse de s’accroitre. En ce qui concerne l’Espagne, les dettes Target 2 de l’Espagne s’élèvent à 328 milliards de dollars, soit 30 % de son PIB, tandis que celles du Portugal et de la Grèce sont de 72 milliards chacune. En face, la Bundesbank a accumulé des crédits Target 2 pour 796 milliards d’euros et le Luxembourg pour 187 milliards, ce qui représente 350 % de son PIB.

Longtemps, la BCE a affirmé que ces déséquilibres Target 2 n’avaient aucune importance dans la mesure où l'union monétaire se perpétuait. Mais le transfert des capitaux en euros des pays du Sud vers le Nord de l’Europe a une signification, celle de la défiance. La même raison explique les différences de taux d’intérêt, avec des taux négatifs de 0,92 % pour les obligations allemandes à deux ans, bien au-dessous des taux d’intérêt des obligations des pays du sud de la zone euro.

Ce mouvement de transfert des dettes du sud au nord de la zone euro n’a été décidé par aucun gouvernement ni aucun parlement, car il ne constitue  que l’effet secondaire du QE (Quantitative Easing) de la BCE.

Le terme de Quantitative Easing, ou d'Assouplissement Quantitatif, désigne un type de politique monétaire dit « non conventionnel » consistant pour une banque centrale à racheter massivement des titres de dettes aux acteurs financiers, notamment des obligations d'entreprise. Cette opération vise à accroître la quantité de monnaie en circulation pour relancer l'économie. Elle a pour effet de gonfler le bilan de la banque centrale et de mettre en danger sa solvabilité si les titres achetés ne sont pas de bonne qualité.

Si une fronde politique déclenchait une crise existentielle de l’euro, les citoyens des pays créditeurs comme des pays débiteurs de la zone euro découvriraient avec effroi les conséquences de ce transfert. On peut supposer qu’il y aurait un nouveau transfert massif de capitaux avant le moment fatidique, poussant les déséquilibres Target 2 de un à un et demi de trillion d’Euros. Selon les experts financiers, la BCE devrait alors, afin de se protéger, couper le robinet à des banques centrales devenues irrémédiablement insolvables.

La réaction en chaîne commencerait par un défaut d’une Banque Centrale du sud du bloc euro envers la BCE, qui en retour aurait du mal à assumer ses obligations Target 2 envers le nord du bloc. De plus, les Banques Centrales d’Allemagne, des Pays-Bas et du Luxembourg perdraient une partie de leurs crédits Target 2 tout en devant légalement rembourser les établissements financiers de leur juridiction.

Le cas le plus spectaculaire serait celui de la Banque Centrale du Luxembourg qui devrait subitement rembourser 350 % de son PIB à des créations privés.

Que l’édifice de l’union économique et monétaire européenne soit bâti sur du sable n’avait aucune importance tant que le projet donnait l’impression d’être insubmersible. Mais dés lors que le doute s’installe, les risques deviennent visibles et du coup tangibles.

Ainsi le transfert du risque privé au secteur public fait courir à la Banque Centrale italienne le risque de la faillite si l’euro se désintègre ou si l’Italie se fait bouter hors de l’union monétaire. Pour que tout soit clair, Mario Draghi a lui-même écrit en janvier 2017 une lettre aux députés européens italiens, les avertissant que la dette devra être « remboursée totalement » si l’Italie sortait de l’euro et restaurait la lire.

La perspective est dés lors la suivante : soit la fin de l’euro redevient une perspective fantaisiste et les capitaux quitteront l’Allemagne, le Luxembourg et les Pays-Bas pour revenir en Grèce, au Portugal, en Espagne ou en Italie attirés par des taux d’intérêts plus élevés, soit la perspective de la fin de l’Euro reste crédible et le mouvement de capitaux du sud vers le nord de la zone euro se poursuivra.

 

 

En d’autres termes, le mécanisme de l’Euro a accru les distorsions financières entre les pays qui composent la zone euro, tandis que leurs économies divergeaient comme le montre leur commerce extérieur, fortement excédentaire pour les uns et tout aussi nettement déficitaires pour les autres.

La suite de l’histoire est évidente.

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LA VALEUR DE LOUISBOURG

3 Mars 2017 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

 

La construction monumentale de Louisbourg n’échappa pas aux détournements de fonds de la part des administrateurs.

 

On employa parfois des matériaux de mauvaise qualité pour la construction. De plus, il fallut importer une bonne partie depuis la France des matériaux tels que le grès, l’ardoise ou le verre. La prévarication et l’éloignement rendirent dispendieux le coût de la construction de la forteresse, qui s’éleva au total à plus de 30 millions de livres. Louis XV s’en plaignait régulièrement : « Est-ce que les rues y sont pavées d'or? Va-t-on voir bientôt poindre ses tours à l'horizon de Paris?»

La forteresse de Louisbourg fut surnommée la Gibraltar de l'Amérique du Nord, parce qu'elle était la plus importante place forte française du Continent nord-américain, avec à la fin prés de quatre cent canons. Cependant les défenses de la ville étaient conçues pour résister à des tirs d'artillerie provenant de vaisseaux de guerre. La partie arrière de la forteresse était vulnérable par voie de terre, encore qu’il y avait une cinquantaine de canons à Port-Toulouse au sud et à Port-Dauphin au nord.

Dés 1725, la nouvelle ville de Louisbourg était devenue l'un des principaux ports de pêche de la Nouvelle-France, si bien qu’un millier d'emplois étaient reliés à la pêche. De nombreux marchands importaient le sel, le vin et les produits manufacturés de France ainsi que le sucre, la mélasse, le rhum, le café et le tabac des Antilles. Louisbourg était alors plus achalandé que Québec. Des navires arrivaient de France, du Canada, de l'Acadie et des Antilles, et des caboteurs de la Nouvelle-Angleterre, mouillaient continuellement dans son port qui accueillait annuellement quelque cent cinquante navires.

En outre, le port de Louisbourg servait de base d'entraînement pour la marine française. Il était également une importante base de ravitaillement et de réparation pour les flibustiers français qui attaquaient les vaisseaux des marchands anglais dans l'Atlantique Nord, car il avait l'immense avantage d'être libre de glace toute l'année et d’être bien protégé.

En somme, Louisbourg était à la fois une forteresse, un poste de pêche à la morue et un vaste comptoir, où la France, le Canada, les Antilles et la Nouvelle-Angleterre échangeaient des marchandises. La France en a en a tiré de grands avantages. Si elle a dépensé 30 millions de livres pour construire Louisbourg, la pêche à la morue à elle seule a rapporté chaque année trois ou quatre fois plus, sans compter le revenu procuré par le passage des navires marchands.

La petite colonie qui gravitait autour de Louisbourg était à ce point rentable que le Canada, par comparaison, paraissaient une dépense inutile, car le marché de la fourrure restait limité

C’est pourquoi le ministère de la Marine accordait énormément d'importance à l'île Royale et au port de Louisbourg. En février 1715, le ministre de la Marine, le comte de Pontchartrain déclarait : « Si la France perdait cette Isle, cela serait irréparable et il faudrait par une suite nécessaire abandonner le reste de l'Amérique septentrionale.»

 

D’un côté, le Canada et la Louisiane empêchaient l'expansion des colonies britanniques en Amérique du Nord, mais le maintien de ces deux colonies françaises dépendait beaucoup de celui de Louisbourg.

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