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Le blog d'André Boyer

DE QUAND DATE LE PREMIER HOMME?

30 Décembre 2020 , Rédigé par André Boyer Publié dans #PHILOSOPHIE

DE QUAND DATE LE PREMIER HOMME?

On conçoit que l'évolution des êtres vivants en général et des Hominidés en particulier soit conditionnée par l'évolution de la biosphère,

 

Ainsi, on s’interroge sur la raison pour laquelle les plus anciens Hominidés seraient localisés en Afrique orientale, dans l’attente d’être démenti par des découvertes de fossiles dans d’autres régions du monde. Mais si cette origine géographique des Hominidés se confirme, elle pourrait être expliquée par des facteurs géologiques.

Il y a 18 millions d’années, la région est-africaine, lieu d’habitation des grands singes, a connu une forte activité́ tectonique qui se réactive aux alentours de 8 millions d’années et entraine la formation du rift dont les épaulements vont provoquer une barrière de pluie.

L'Homme serait-il né d'un phénomène tectonique qui aurait bouleversé le climat en Afrique orientale ? Les descendants des grands singes qui habitaient la région, vont se trouver peu à peu isolés. Ceux qui vivent à l'ouest de la cassure vont s'adapter à̀ la vie en forêt et évoluer vers des formes aujourd'hui bien connues, les chimpanzés et les gorilles ; ceux qui demeurent à l'est du rift vont devoir s'adapter à̀ des changements importants dans un milieu qui s'assèche progressivement et constituent peut-être les ancêtres les plus lointains des Hommes (voir l’East Side Story d’Yves Coppens).

De plus, la constitution de la calotte glaciaire vers 8 millions d’années aurait provoqué́ des changements climatiques qui ont à leur tour modifié la faune et la flore. Coppens avance que les premiers Hommes seraient nés d'un autre phénomène tectonique majeur, aux environs de 2,5 millions d’années. Le Rift oriental continue de bouger tandis qu’un effondrement majeur se produit plus à l'ouest, dans le Rift occidental, qui conduit à̀ l'établissement d'une deuxième barrière de pluie. C'est à ce moment-là̀, à quelques centaines de milliers d'années près, qu'apparaît un être tellement proche de nous que les paléontologues ont pu lui donner le nom d’Homo et que Coppens nomme cette apparition l’ «(H)Omo event » car elle est bien marqué dans les gisements de la vallée de l'Omo.

Cependant ce scénario a été remis en question à la suite de la découverte de Sahelanthropus tchadensis, qui a été trouvé à̀ deux mille kilomètres plus à l'ouest que tous les autres fossiles et qui est considéré́ comme le premier Hominidé. Mais les aspects chronologique et écologique de l'hypothèse de Coppens ne sont pas remis en question, à l’exception de leur lieu de déroulement.

Cependant la découverte en 2000 au Kenya d'Orrorin tugenensis, a bouleversé la vision d’une évolution linéaire des Hominidés, car il possède un mélange de caractères humains et simiesques, tout en restant plus humain que Lucy alors qu’il est trois millions d’années plus vieux que cette dernière. Cette découverte confirme l'idée que les Australopithèques ne seraient pas nos ancêtres directs, mais une branche latérale de notre arbre généalogique. Il faut donc envisager maintenant que la divergence entre les Hominidés bipèdes et les grands singes africains se situerait avant 6 millions d’années, probablement entre 8 et 9 millions d’années.

En juillet 2002, Michel Brunet et son équipe ont publié leur découverte, réalisée un an auparavant dans le désert de Djourab (Tchad), d'un crâne partiellement écrasé́, d'une demi-mandibule et de quelques dents isolées appartenant à un nouvel hominoïde du Miocène supérieur, vieux de 6 à 7 millions d'années, Sahelanthropus tchadensis, plus connu sous le nom de Toumaï. Ses inventeurs en font le premier Hominidé, en se fondant sur un certain nombre de caractèristiques physiques, mais qui peuvent en faire aussi un ancêtre des gorilles.

En dehors de Toumai, les plus anciens Hominidés proviennent du Kenya et de l'Éthiopie et datent de cinq millions d’années, que l’on dénomme Australopithèques. Les premiers ont été́ découverts dés 1924 dans le sud de l'Afrique, d’où leur nom. Puis de très nombreux spécimens ont été récoltés en Éthiopie, au Kenya, en Tanzanie et au Tchad.

Il s’y ajoute le cas particulier d’Australopithecus anamensis, une espèce découverte en 1995 sur les sites kenyans de Kanapoi et d'Allia Bay, qui serait vieille de 3,2 à 4,4 millions d’années. Cette espèce s’est révélée si humaine par le squelette postcrânien qui ne peut pas être distingué du crâne d’un homme actuel, mais dont les dents ne sont pas humaines. On peut considèrer A. anamensis comme l'ancêtre commun de tous les autres Australopithèques, ainsi que de l'Homme.

 

Mais certains considèrent cette espèce, en raison d’un squelette locomoteur très humain, comme un témoignage ancien d’une lignée exclusivement humaine qui aurait vécue il y a quatre millions d’années…

 

À SUIVRE

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LA PETITE FILLE AUX ALLUMETTES

24 Décembre 2020 , Rédigé par André Boyer Publié dans #CULTURE

LA PETITE FILLE AUX ALLUMETTES

Il faisait effroyablement froid; il neigeait depuis le matin; il faisait déjà sombre; le soir approchait, le soir de la Noël et, par ce froid glacial, une pauvre petite fille marchait dans la rue, n’ayant rien sur la tête et pieds nus, car elle avait perdu ses pantoufles en se sauvant devant une file de voitures.   

 

Dans son vieux tablier, elle portait une boite d’allumettes, qu’elle cherchait en vain à vendre. Mais personne ne lui prêtait attention et alors que la journée finissait, et elle n'avait pas encore vendu un seul paquet d'allumettes.

Tremblante de froid et de faim, elle se traînait de rue en rue. Des flocons de neige couvraient sa longue chevelure blonde. De toutes les fenêtres brillaient des lumières: de presque toutes les maisons sortait une délicieuse odeur de plats que l’on faisait cuire pour le festin du soir: c'était Noël.

Après avoir une dernière fois offert en vain son paquet d'allumettes, l'enfant aperçu une encoignure entre deux maisons. Harassée, elle s'y assied et s'y blottit, tirant ses petits pieds vers elle. Pourtant, elle grelotte et frissonne encore plus qu'avant tout en n’osant pas rentrer chez elle, où elle n'y rapporterait pas la plus petite monnaie et où elle se ferait battre par son père.
Comme elle avait ses petites mains toutes transies, elle pensa tout d’un coup que si elle utilisais une allumette, elle lui réchaufferait les doigts. C'est ce qu'elle fit. Quelle flamme merveilleuse c'était! Il sembla tout à coup à la petite fille qu'elle se trouvait devant un grand poêle en fonte qui rayonnait de chaleur.

La petite fille allait étendre ses pieds pour les réchauffer, lorsque la petite flamme s'éteignit brusquement, le poêle disparut et elle restait là, tenant en main un petit morceau de bois à moitié brûlé.
Alors, elle frotta une seconde allumette: la lueur se projetait sur la muraille derrière la table était mise, couverte d'une belle nappe blanche, sur laquelle brillait une superbe vaisselle de porcelaine. Au milieu, s'étalait une magnifique oie rôtie, entourée de compote de pommes. Et puis plus rien: la flamme s'éteignit encore.
L'enfant prit une troisième allumette et se vit transportée près d'un splendide arbre de Noël. Sur ses branches vertes, brillaient mille bougies de couleurs: de tous côtés, pendait une foule de merveilles. La petite étendit la main pour en saisir une lorsque l'allumette s'éteignit. L'arbre sembla monter vers le ciel et ses bougies devinrent des étoiles. Il y en a même qui se détacha et redescendit vers la terre, laissant une traînée de feu.
«Voilà quelqu'un qui va mourir » se dit la petite fille. Sa grand-mère, le seul être qui l'avait aimée et qui était morte il n'y avait pas longtemps, lui avait dit que lorsqu'on voit une étoile qui file, d'un autre côté une âme monte vers le paradis. Elle frotta encore une allumette: une grande clarté se répandit et, devant l'enfant, se tint sa grand-mère.
« Grand-mère, s'écria la petite, grand-mère, emmène-moi. Oh! tu vas me quitter quand l'allumette sera éteinte: tu t'évanouiras comme le poêle si chaud, le superbe rôti d'oie, le splendide arbre de Noël. Reste, je te prie, ou emporte-moi.
Et l'enfant alluma une nouvelle allumette, puis une autre, puis une autre jusqu’au bout du paquet afin de voir sa grand-mère le plus longtemps possible. Cette dernière prit sa petite fille dans ses bras et la porta tout la haut, en un lieu où il n'y avait plus ni froid, ni faim, ni chagrin: sa soif d’amour l’avait conduite jusqu’à   Dieu.

Le lendemain matin, les passants trouvèrent dans l'encoignure le corps de la petite fille; ses joues étaient rouges et elle semblait sourire. Elle était morte de froid pendant la nuit qui avait apporté à tant d’enfants toutes sortes de joies et de plaisirs. Elle tenait dans sa petite main toute raidie les restes brûlés d'un paquet d'allumettes.

Quelle sottise! dit un cœur sec. D'autres versèrent des larmes sur l'enfant mort. Aucun ne savait qu’elle avait vu de si belles choses pendant la nuit de Noël et qu’elle s’était maintenant réfugiée dans les bras de sa grand-mère.

 

D’après le conte de Hans Christian Andersen.

 

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AMERICANS SEEK TO DESTABILIZE FRANCE

19 Décembre 2020 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ENGLISH VERSION

AMERICANS SEEK TO DESTABILIZE FRANCE

It is time for everyone to finally realize that the French system is radically different from the American system and that the latter will never make the former disappear, because it remains the only coherent alternative to the American system, and this since the very beginning of the formidable American adventure.

 

The opposition between the two systems resurfaced recently with attacks by the American press against French society, through the New York Times and the Washington Post about the Samuel Paty affair. These attacks have just been reinforced by the instrumentation of the Traoré affair in Times Magazine.

The coverage of Samuel Paty's assassination by the New York Times and the Washington Post has aroused, and that's good, a lot of indignation in France, because the reaction of intellectuals such as Jacques Attali, a friend of the United States, sending a tweet "Shame on you, New York Times!!! "showed everyone, Americans, Germans or Chinese, the strong will of resistance of French society.

In fact, the article in the New York Time, which appeared on the evening of October 16, a few hours after the assassination of Samuel Paty, was titled "French Police Shoot and Kill Man After a Fatal Knife Attack on the Street," which presented the case as if the central issue was that of a supposed police blunder, when the major fact was, blindingly for French opinion, that a college professor had been beheaded for blasphemy, according to the "religious" conception of the assassin. 

Thanks to this title, the New York Times confirmed its hostility to the values of French society. Some, however, want to deny the newspaper's hostile intention because it reveals the hostility of "enlightened" American opinion towards French society; others are surprised or pretend to be surprised in order to preserve the "friendly" ties between France and the United States. 

However, when Emmanuel Macron protested to the New York Times for the content and orientation of his articles on the murder of Samuel Paty, the newspaper went on to insinuate that Macron "seized" the "symbolic nature" of Samuel Paty's murder, "taking up anti-Islamist themes.

This American reaction to the French counter-attack means that France is summoned to align itself with the positions of the American left, which never uses the term "jihadism", because for them, in Washington, therefore in the United States, and therefore in the rest of the world, the priority is to protect minorities, following the Black Lives Matter movement.

For the American left, anxious to preserve the fragile equilibrium of American society, Muslims are part of the Bipoc (Black, Indigenous, Persons of Color) that must be protected or even privileged, because they are by definition victims of the majority. According to this approach, if some commit criminal acts, even assassinations, it is only a question of defensive reactions that one "can understand". The American left does not question the origin of the fragility of American society, which is the result of its intentional fragmentation, from the very beginning of its construction.

This is what led the New York Times to point out, in an October 21 article about France, that "the country was swept away by nationalism after the assassination of Mr. Paty", confusing nationalism with emotion, while the Washington Post published an analysis of the French situation under the headlines "Instead of fighting systemic racism, France wants to 'reform Islam'" or "France mourns teacher Samuel Paty as government mobilizes against Muslim groups". 

Then, on November 1, the Associated Press news agency launched "AP explains: why France incites such anger in Muslim world", justifying this supposed anger against France, which it encourages in an underhanded way, by "its brutal colonial past, its firm laws on secularism, and the outspokenness of its president, seen as lacking respect for the Muslim faith". 

Finally, on December 11th, Time Magazine's feature story of Assama Traore as "Guardian of the year" confirms this declaration of war by the American media against French society, the goal being to contribute to national disorder by making Assa Traore a heroine fighting against racism within a xenophobic nation, France.

All these media bites confirm the willingness of the American elites to oppose the inclusive French model. It is in fact the opposite of the model of society they know, support and promote in the United States, a society where each person is entirely responsible for his or her own economic and social success, knowingly obscuring the collective determinants of individual success. 

 

Moreover, American messianism, which is consubstantial with the very creation of the United States, makes the promoters of this model incapable of accepting that there can be a competing model that also works. They must at all costs discredit it before destroying it and scattering its ashes.

But the French model also works. Its principle is based on inclusion, which therefore claims, contrary to the American model, to exclude no one, school and social security being two major pillars of this principle. 

It escapes many that the French system was fought by the Americans even before the official constitution of the United States, because of the messianism of the Pilgrim Fathers who wanted and still want to transform the world for their benefit.  They did not want to include the French but to drive them out, they did not want to include the Indians but to exterminate them. Since that time, any competitor is considered not as an adversary but as an absolute enemy ("the empire of evil") that must be eliminated and its ideology destroyed.

Following the collapse of the European powers during the twentieth century, the United States was able to extend to the entire planet its project to carry out the work that God commanded it to do, which is a global society where the losers are excluded, whether they are Americans, Chinese or French. As one can imagine, this is not a very popular goal except with the "winners" and they have had to advance in disguise, yesterday under the guise of economic efficiency, today in the name of protecting minorities.

On the other hand, the French inclusive society has a clearly popular logic, which has allowed it to resist the American model everywhere, even in Quebec, so visibly different from English Canada. Also, while recent American media positions clearly highlight the destructive aims of the American ideology vis-à-vis French society, one should not be overly concerned. 

 

For the war between the American system and French society has been going on since the mid-eighteenth century, and since then no one has ever succeeded, from the outside, in modifying the fundamental principle that animates French society.

 

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LES AMÉRICAINS CHERCHENT À DÉSTABILISER LA FRANCE

19 Décembre 2020 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

LES AMÉRICAINS CHERCHENT À DÉSTABILISER LA FRANCE

Il serait temps que chacun prenne enfin conscience que le système français est radicalement différent du système américain et que le second ne fera jamais disparaitre le premier.

 

L’opposition entre les deux systèmes a resurgi récemment avec des attaques de la presse américaine contre la société française, par l’entremise du New York Times et du Washington Post à propos de l’affaire Samuel Paty. Ces attaques viennent d’être renforcées par l’instrumentation de l’affaire Traoré dans Times Magazine.

La couverture de l'assassinat de Samuel Paty par le New York Times et le Washington Post a suscité, et c’est tant mieux, beaucoup d'indignation en France, car la réaction des intellectuels comme celle de Jacques Attali, un ami des États-Unis, envoyant un tweet « Shame on you, New York Times !!! » a montré à tous la forte volonté de résistance de la société française

De fait, l’article du New York Times, paru au soir du 16 octobre, quelques heures après l'assassinat de Samuel Paty était titré d'un étrange « French Police Shoot and Kill Man After a Fatal Knife Attack on the Street » qui présentait l’affaire comme si la question centrale était celle d’une supposée bavure policière, alors que le fait majeur était, de façon aveuglante pour l’opinion française, qu’un professeur de collège avait été décapité pour avoir blasphémé, selon la conception « religieuse » de l’assassin. 

Grâce à ce titre, le New York Times confirmait son hostilité aux valeurs de la société française. Ainsi, lorsqu’Emmanuel Macron protesta auprès du New York Times pour la teneur et l’orientation de ses articles consacrés au meurtre de Samuel Paty, le journal en rajouta en insinuant que Macron « s'empare » de la « nature symbolique» du meurtre de Samuel Paty, « reprenant des thèmes anti-islamistes ».

Cette réaction américaine à la contre-attaque française signifiait que la France était sommée de s’aligner sur les positions de la gauche américaine qui a décidé qu’il fallait à tout prix protéger les minorités, suite au mouvement Black Lives Matter. Cette priorité s’impose en effet aux États-Unis, afin de préserver les fragiles équilibres de la société américaine tout en protégeant les gagnants du système.

Dans ce jeu d’équilibriste, les musulmans font partie des Bipoc (Black, Indigenous, Persons of Color) à laquelle il faut concéder qu’ils sont par définition des victimes de la majorité « caucasienne ». Selon cette approche, si certains commettent des actes délictueux, y compris des assassinats, il ne s’agit que de réactions de défense que l’on « peut comprendre ». Mais il faut à tout prix éviter de s’interroger sur l’origine de la fragilité de la société américaine, qui résulte de sa fragmentation voulue, dès la construction de cette société.

De ce point de vue, la France est le bouc émissaire parfait et le New York Times  ne se gêne pas pour écrire, dans un article du 21 octobre à propos de la France, que « le pays a été emporté par le nationalisme après l'assassinat de M. Paty », tandis que le Washington Post l’épaule en publiant une analyse de la situation française sous les titres « Instead of fighting systemic racism, France wants to « reform Islam » » ou « France mourns teacher Samuel Paty as government mobilizes against Muslim groups ».  

Puis, le 1er novembre, l'agence Associated Press écrit : « AP explains : why France incites such anger in Muslim world », en justifiant cette supposée colère contre la France, qu’elle encourage du fait des termes qu’elle choisit, par « son passé colonial brutal, ses lois fermes sur la laïcité, et le franc-parler de son président, vu comme manquant d'égards à la foi musulmane ».  

Enfin, le 11 décembre dernier, la mise en vedette d’Assa Traoré par Time Magazine comme « Guardian of the year » confirme cette déclaration de guerre des médias américains contre la société française, le but étant de contribuer au désordre national en faisant d’Assa Traoré une héroïne luttant contre le racisme au sein d’une nation xénophobe, la France.

Toutes ces morsures médiatiques confirment la volonté des élites américaines de s’opposer au modèle français inclusif. Il est en effet l’opposé du modèle de société qu’elles connaissent, soutiennent et promeuvent aux États-Unis, une société où chacun est entièrement responsable de sa réussite économique et sociale, en occultant sciemment les déterminants collectifs de la réussite individuelle.  

Il s’y ajoute que le messianisme américain, qui est consubstantiel à la création même des États-Unis, fait que les promoteurs de ce modèle sont incapables d’accepter qu’il puisse seulement exister un modèle concurrent qui fonctionne aussi.  

Or il se trouve que le modèle français fonctionne. Son principe est fondé sur l’inclusion, qui revendique, au contraire du modèle américain, de n’exclure personne, l’école et la sécurité sociale étant deux piliers majeurs de ce principe.  

Il ne faut pas oublier que le système français a été combattu par les Américains avant même la constitution officielle des États-Unis, du fait du messianisme des Pères Pèlerins qui voulaient et veulent toujours transformer le monde à leur profit.  Ils ne voulaient pas inclure les Français mais les chasser, ils ne voulaient pas inclure les Indiens mais les exterminer. Depuis cette époque, tout concurrent est considéré non comme un adversaire, mais comme un ennemi absolu (« l’empire du mal ») qui doit être éliminé et son idéologie détruite. Pour ne prendre que les plus récents, l’URSS, l’Irak, l’Iran, mais curieusement pas la Chine, relèvent de cette catégorie.

À la suite de l’affaissement des puissances européennes durant le XXe siècle, les États-Unis ont pu en effet étendre à la planète entière leur projet de réaliser l’œuvre que Dieu leur a ordonné d’accomplir, qui est une société mondiale où les perdants sont exclus, qu’ils soient américains, chinois ou français. Comme, on peut l’imaginer, il ne s’agit pas d’un objectif très populaire sauf auprès des « winners » et ils ont dû avancer masqués, hier sous couvert d’efficacité économique, aujourd’hui au nom de la protection des minorités.

En revanche, la société inclusive française a une logique clairement populaire, ce qui lui a permis de résister au modèle américain, même au Québec[1], si visiblement différent du Canada anglais. Aussi, si les récentes positions médiatiques américaines mettent clairement en lumière les visées destructrices de l’idéologie américaine vis-à-vis de la société française, on ne doit pas s'en inquiéter outre mesure.  

 

Car la guerre entre le système américain et la société française dure depuis le milieu du XVIIIsiècle, et depuis tout ce temps, personne n’est jamais parvenu, du dehors, à modifier le principe fondamental qui anime cette dernière.

 


[1] Voir ma communication disponible sur demande : « Sociétés inclusives : la situation en Amérique du Nord », 13eRencontres internationales de la diversité (RID) 2017, Université Laval, Québec, 5-6 octobre 2017,

 

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1758-1759: LA MARINE ROYALE COULE

14 Décembre 2020 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

1758-1759: LA MARINE ROYALE COULE

Le pire est en effet pour Brest, ravagé par une épidémie de typhus qui s’était déclarée pendant le retour de l’escadre de Dubois de La Motte depuis Louisbourg. Le 23 novembre 1757, il avait débarqué́ 5 000 malades qui contaminèrent toute la ville et firent entre 10 et 15 000 morts.

 

Le désastre sanitaire de Brest entraine une quasi rupture des liaisons en 1758 avec le Canada, les Antilles et l'océan Indien. Sur les cinq divisions qui quittent Rochefort ou Brest, seule celle de Du Chaffault, chargée de renforts pour le Canada réussît à forcer le blocus anglais, à l’aller comme au retour.

Louisbourg, que la Marine n'est maintenant plus capable de défendre, est prise à l’été 1758 et les portes du Canada sont désormais ouvertes. La Royal Navy profite de la faiblesse de la Marine Royale pour ratisser les cotes françaises. Des essaims de frégates raflent méthodiquement pécheurs, caboteurs, navires coloniaux et autres corsaires imprudents, ce qui prive progressivement la marine de guerre de son réservoir d'hommes. Rien qu’en 1758, 14 000 sujets de Louis XV sont capturés en mer. Dans les centres de tri, s’entassent les occupants des navires marchands quel que soit leur âge, leur sexe et leur statut, marchands, artisans embarqués, domestiques, passagers, femmes et enfants.
En 1759, c’est plus de 50 000 marins qui croupissent dans les sinistres pontons anglais et 60 000 à la fin de la guerre, en 1763.

La marine anglaise fait aussi régner l'insécurité sur les cotes françaises par une série de raids de diversion. En juin 1757, la Royal Navy débarque à Bormes-les-Mimosas pour se ravitailler. L'ile d'Aix est brièvement occupée entre le 20 et le 30 septembre 1757. Le 18 juin 1758, ce sont 15000 Anglais qui débarquent à Cancale et à Paramé où ils détruisent quatre-vingt navires marchands. Le 7 aout, c'est Cherbourg qui est victime d'un raid dévastateur de 10 000 « tuniques rouges ». La ville est mise à sac et toutes ses installations portuaires sont détruites. En septembre 1758, les Anglais débarquent près de la cité corsaire de Saint-Malo, avec la claire intention de lui faire subir le même sort qu'à Cherbourg, mais la défense vigoureuse du gouverneur de Bretagne à Saint-Cast rejette les envahisseurs à la mer avec de lourdes pertes. En juin 1759, la Royal Navy canonne l'anse des Sablettes (Toulon) et en juillet c'est Le Havre qui est pilonnée pendant 52 heures. La ville est ravagée. En juillet 1760, un raid détruit les batteries françaises de l'embouchure de l'Orne. Au printemps 1761, c'est Belle-Île qui est saisie par les Anglais jusqu'à la fin de la guerre.

Le gouvernement anglais s'arroge aussi le droit de contrôler tous les navires neutres afin de saisir les marchandises françaises arrivant des colonies. Les tribunaux de la Jamaïque et de la Barbade couvrent les saisies en jugeant de bonne prise plusieurs dizaines de navires néerlandais et espagnols, au grand scandale des capitales concernées. C'est une des raisons qui expliquent le refus des Provinces-Unies d'entrer en guerre au côté de Londres et qui explique aussi le rapprochement entre Madrid et Versailles.

1759 est l'année des désastres, car Versailles ordonne à l'escadre de Toulon de rejoindre celle de Brest pour une nouvelle tentative de débarquement en Angleterre. Mais l’escadre de Toulon est défaite sur la côte espagnole et portugaise, réduisant d'un tiers l'escorte prévue. Malgré la saison très avancée qui rend périlleuse la concentration des navires de transports, Versailles maintient ses plans d’invasion. Conflans fait sortir sa flotte de Brest le 14 novembre, qui est repérée aussitôt par les forces de Hawke qui montent la garde devant le port breton.

Les Français sont rattrapés le 20 novembre au milieu d'une tempête dans un secteur parsemé de hauts-fonds dangereux où Conflans pensait que Hawke n'oserait pas s'aventurer. Deux vaisseaux anglais s'échouent et sombrent en effet, mais l'arrière-garde française, prise en tenaille, se fait laminer près des récifs des Cardinaux. Le 21 au matin, huit vaisseaux abandonnent leur chef pour se refugier à Rochefort. Le soir, c'est encore sept vaisseaux qui se sauvent à toutes voiles pour se refugier dans l'estuaire de la Vilaine. Restent deux bâtiments coincés au Croisic dont le navire-amiral, le Soleil Royal (80 canons). Il ne reste plus à Conflans, abandonné de tous, qu’à se résoudre à les incendier pour éviter leur capture.

 

Ces défaites, qui coûtent onze vaisseaux à la Marine Royale et dispersent le reste des unîtes jusque dans des ports étrangers, ruinent le plan d'invasion et achèvent de laisser à l'Angleterre triomphante la maitrise des mers.

 

À SUIVRE

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VIE RÊVÉE À KINGSTON

9 Décembre 2020 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE

Un coin de Queen's university

Un coin de Queen's university

L’été 1987, je ne restais pas longtemps à Nice. Presque aussitôt après mon deuxième retour de Chine, je partais à Kingston (Canada) pour un bon mois.

 

En été, le Canada est une merveille, si l’on parvient à échapper aux moustiques. Kingston est un bijou. Une petite ville de moins de cent mille habitants au bord du Lac Ontario, non loin des Mille Isles sur lesquelles les Américains ont construit d’adorables petites maisons d’été colorées, devant lesquelles stationnent yachts et barques.

Fort Frontenac renommée Kingston après la conquête, est restée fidèle à sa vocation martiale avec, entre autres, le Collège Militaire du Canada. Mais la ville abrite aussi une université bien connue, Queen’s University, qui était à son ouverture, en 1841, un collège presbytérien écossais. Il lui en reste quelque chose, en particulier dans l’architecture. Le campus principal de Queen’s s’étend sur une centaine d’hectares et jouxte le centre historique de Kingston, les deux n’étant séparés que par le City Park qui s’étend du Palais de Justice jusqu’aux rives du Lac Ontario.

Kingston, c’est ma ville au Canada, ma ville rêvée, mais aussi ma ville vécue de Princess Street à Queen’s University dans un carré déterminé par Clergy Street au nord et le lac au sud. Kristian Palda m’y a reçu plusieurs années de suite comme Professeur chargé du « Summer Doctoral Seminar in Marketing » et j’y ai amené une fois femme et enfants.

Au cours des séjours à Kingston où j’étais seul, comme en 1987, J’ai passé dix heures par jour dans la bibliothèque, utilisé toutes les cafeterias du campus, joué au tennis sur d’improbables terrains en ciment installés sur des toits, couru sur ses pistes, sillonné la ville de mes pas à toute heure.

Mais j’avais aussi un cérémonial quotidien. J’étais logé dans une maison en bois sur Brock Street. Je me levais assez tôt le matin, je me rendais à pied dans ses rues parcourues par les écureuils qui grimpaient prestement devant moi dans des allées bordées d’arbres qui cachaient le ciel. Je vous assure que c’était un plaisir de marcher matinalement dans ces rues paisibles.

En quelques minutes, je me retrouvais sur la place, au cœur du centre historique tout prés de l’hôtel de ville, chez Morrison’s, un bar pour les ouvriers où étaient servis de solides petits déjeuners avec œufs (two sunny side eggs), bacon cassant, frites huileuses, jus d’orange à base de concentré que j’enfilais en lisant soit The Globe and Mail (journal de gauche), soit le National Post (journal de droite) selon mon humeur et l’actualité. Personne à Kingston ne parlait en français et les grands journaux québécois y étaient inconnus.

Après avoir réglé une somme ridicule (3$ peut-être) pour mon énorme et peu digeste petit déjeuner, je me rendais à la bibliothèque de Queen’s, toujours en marchant dans un cadre bucolique, fait de parcs et de rues pimpantes encadrées de maisons en bois colorées, un cadre que l’on retrouve dans les vieux films américains à l’eau de rose.

Je travaillais longuement à la bibliothèque, souvent pour des articles en préparation avec Kristian, entrecoupant mes recherches par des cafés longs et sans saveur et par des repas guère plus goûteux sur le campus, observateur anonyme au milieu de la foule bruyante des étudiants et des enseignants. À ce programme, il y avait toutes sortes de variantes, des séminaires de recherche, des visites à des professeurs, des livres à acheter, des courses à effectuer, quelques découvertes à faire.

Au milieu de ces variantes, subsistait l’invariant des rendez-vous avec Kristian et sa femme Isabelle dans leur jolie maison en pierre de William Street, toute proche, ou couraient aussi les écureuils au grand dam du chat de la famille. La culture encyclopédique de Kristian, autant en histoire qu’en économie et ses idées bien affirmées dans de nombreux domaines suscitaient d’immenses discussions et des prêts d’ouvrages inattendus que je ramenais précieusement chez moi, finissant parfois par les acheter dans la belle librairie Indigo à plusieurs étages, avec café et fauteuils en cuir de Princess Street, aujourd’hui déportée à l’extérieur de la ville.

Ce n’est plus une curiosité aujourd’hui, mais cela l’était à l’époque pour moi en 1987, je terminais la journée en me rendant dans le supermarché tout proche « Metro » ouvert toute la nuit et dinait ensuite dans l’appartement de Brock Street où même la douche était en bois.

Un décor de rêve, une université idyllique, un climat parfait, un confort sans failles, une réflexion théorique de haute volée, des débats intellectuels intenses, des amis délicieux, lorsque les Palda m’accompagnaient, toujours très en avance, à la gare de Kingston à dix miles au nord, pour prendre à la volée le train Toronto Montréal avant de reprendre l’avion vers Paris et Nice, ce n’était pas sans un pincement au cœur que je les voyais s’éloigner dans leur Volvo break.

Cette parenthèse idyllique qu’étaient ces séjours de professeur visitant auprès de l’attachante famille Palda, composée de Kristian, Isabelle, Filip et Valérie, symbolisait tout ce que j’aimais dans la vie universitaire, une ville à l’exacte taille humaine, une belle université avec une maison de rêve à quelques centaines de mètres, tous les moyens d’échanger et de progresser, un salaire confortable, des collègues qui respectaient ce rarissime professeur qu’était Kristian.  

Bien sûr, je ne voyais que le meilleur, il y avait des failles et des complications dans ce que j’imaginais parfait. Kingston pouvait bien se transformer en enfer de glace l’hiver, la vie universitaire se gripper, les collègues devenir envieux et les étudiants se rebeller, la vie pouvait même devenir fort cruelle, au delà de l’attendu et elle ne s’est pas privée de l’être.  

Tout ce que j’ai vécu pendant ces quelques étés est par la suite littéralement parti en vrille. La vie rêvée des Palda, s’ils l’ont jamais vécu, a disparu. Pourtant ces intermèdes heureux, dans la vie des Palda et dans la mienne, ont bien existé, ils ont nourri mes fidélités et mes rêves et ils m’ont poussé en avant.

 

Je n’ai pas oublié les ingrédients de cette vie rêvée, ils vibrent toujours au fond de mon cœur et ils nous rendent inséparables, les Palda, Kingston, Queen’s et moi. Le plus beau est qu’au moment où je vivais réellement ces temps d’enchantement, je savais que le rêve était en train d’effleurer ma vie réelle. Je le savais.

 

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PAUVRES KENYAPITHÈQUES!

5 Décembre 2020 , Rédigé par André Boyer Publié dans #PHILOSOPHIE

PAUVRES KENYAPITHÈQUES!

Quand est-ce qu’un grand singe s’est-il décidé à devenir un homme, un vrai ? Grande question ou mauvaise question ?  

 

Jusque dans les années 1980, en partant de changements biologiques effectués à vitesse constante, on estimait que la date de divergence entre les grands singes africains et l'Homme (veuillez noter le H) était comprise entre 2 et 4 millions d'années.

En affinant leurs calculs, les paléontologues et les molécularistes ont fini par se mettre d’accord pour situer la divergence entre les grands singes africains et les Hominidés aux alentours de 6 à 7 millions d’années. Puis, en l’an 2000, on a découvert Orrorin tugenensis, un hominidé âgé de quelque 6 millions d’années, ce qui démontrait que les Hominidés étaient encore plus anciens.

On s'est alors décidé à reculer de deux millions d’années la date de séparation entre les Hominidés et les grands singes que l’on a plaçé quelque part entre 8 et 9 millions d’années et, jusqu’à ce jour au moins, la découverte d'autres fossiles en Éthiopie et au Tchad a confirmé cette hypothèse.

Mais avant de se concentrer sur le moment de la divergence entre les grands singes et les hominidés, il faut s’intéresser aux premiers « vrais » grands singes, dont on a recherché les ancêtres, les grands singes primitifs. Tout ce que l’on sait aujourd’hui, c’est qu’entre 24 et 31 millions d’années, l’on n’a découvert aucun grand singe primitif, car ces derniers ne seraient apparus qu’entre 18 et 23 millions d’années. 

Parmi les plus anciens « vrais » grands singes, on a découvert, entre autres, Ugandapithecus, qui est de la taille d'un gorille femelle et Proconsul, qui est de la taille d'un chimpanzé. 

Puis autour de 15 millions d’années, un problème a surgi, avec les Kenyapithèquesapparus en Afrique orientale comme leur nom l’indique, dont on considéra d'abord  qu'il s'agissait d'Hominidés, ce qui changeait tout en matière d'apparition de l'homme. L’argument avancé était qu’ils présentaient un émail dentaire épais et de petites canines, comme l’Homme. Puis on observa que l'orang-outan asiatique possédait aussi un email épais et que les femelles des primates actuels présentaient des canines plus petites que celles des mâles, alors que tous les Kenyapithèquesque l’on avait observés étaient aussi des femelles. Exit l’argument dentaire pour les classer parmi les Hominidés.

Tout de même, les Kenyapithèques utilisaient des galets de basalte, mais ce ne fut pas considéré comme un critère suffisant pour les classer parmi les Hominidés puisque les chimpanzés de leur côté sont de bons utilisateurs d'enclumes et de marteaux et qu’ils n’en sont pas pour autant des Hominidés. Alors il a fallu se résoudre à reléguer les Kenyapithèques au statut médiocre d'ancêtre commun aux grands singes et à l'Homme.

Ces ancêtres communs aux grands singes actuels et aux hommes auraient donc vécus au Miocène moyen, c’est à dire aux environs de 15 millions d’années, avec des climats qui, comme toujours, évoluent et favorisent plus ou moins l’extension des faunes africaines.  Or, ce qui passionne les chercheurs, on se demande bien pourquoi encore qu’il me semble que cette obsession ait quelque chose à voir avec le fait que le chercheur soit lui-même un homme, est de saisir le plus précisément possible l’instant ou le singe se transforme en homme.

Les traces des grands singes qui s’apprêtent à devenir des hommes, que l’on appelle pour cette raison des Hominoïdes, ont curieusement presque tous été localisés en Afrique de l’Est. Presque, parce que l’on a découvert récemment Sahelanthropus tchadensis, au Tchad, bien sûr. Les prétendants au titre d'Hominidé se situent en Afrique orientale dans des niveaux datés de 5,2 à 7 millions d'années, avec Ardipithecus kadabba (5,2 à 5,8 Millions d’années) et Orrorin tugenensis (5,7 à 6,1 Millions d’années), sauf justement Sahelanthropus tchadensis (6 à 7 Millions d’années) que l’on a trouvé au Tchad et qui est plus vieux.  

 

Alors quelle est au juste cette date d’apparition des Hominidés? Et pourquoi les hommes auraient-ils émergés et pris le dessus sur les autres espèces ? Une raison climatique ? Un accident ? Le hasard ?

 

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