LES TROUPES DE WOLFE SE METTENT EN PLACE
Nous avons quitté les troupes françaises en train de réagir à l’installation en ordre de bataille des troupes de Wolfe, tandis que Montcalm prenait enfin conscience de la situation, à 7 heures du matin ce 13 septembre 1759.
Qu’avaient fait les Anglais depuis leur débarquement et la prise de la position de Vergor au sommet de la falaise ?
Wolfe avait fait débarquer quatre mille quatre cent hommes au total. Dans un premier temps, l’armée de Wolfe formait une ligne plus ou moins continue qui s’allongeait depuis l’Anse-au-Foulon. Une fois le terrain reconnu, Il avait constitué une ligne de bataille principale comprenant deux mille cent soldats. Les deux mille trois cent hommes restants étaient positionnés pour défendre ses flancs sud et nord, en réserve ou pour garder l’Anse-aux-Foulons.
Sur la ligne de bataille se positionnent les 58e, 78e, 47e, 28e régiments et les grenadiers de Louisbourg faisaient directement face à la ligne française sur une longueur de huit à neuf cent mètres. Les unités étaient disposées sur deux rangs, sauf le 78e régiment qui avait pu être disposé sur trois rangs.
L'aile nord et l'aile sud disposaient chacune d’un canon de six livres. Le flanc nord était défendu par le 15e régiment et le bataillon des Royal Americans alors que le flanc sud l'était par le 35e régiment. Le 48e régiment était positionné en réserve, avec des soldats de l'infanterie légère qui protègaient. L’aile droite s'appuyait sur les sommets escarpés qui dominent le Saint Laurent et l’aile gauche était accrochée aux falaises et à un bois au-dessus de la Rivière Saint-Charles.
Alors que les troupes régulières françaises commençaient à s’approcher depuis Beauport et Québec, les troupes canadiennes et les tireurs d’élite indiens attaquèrent le flanc gauche britannique, depuis les arbres et les broussailles. Ils s’y maintinrent tout au long de la bataille et y restèrent même pendant la retraite générale des troupes de Montcalm pour tenir finalement le pont sur la rivière Saint-Charles. Les Canadiens avaient commencé par chasser les Britanniques des habitations, puis repoussés à leur tour, avaient mis le feu à plusieurs maisons pour maintenir les Anglais à distance. La fumée de ces incendies a fini par masquer la partie gauche du front britannique et a peut être trompé Montcalm quant à l’étendue du déploiement des troupes anglaises.
Face à ces quatre mille quatre cent hommes en ordre de bataille, Montcalm disposait dans la forteresse, sur le flanc et à l’arrière de l’ennemi d’une masse de treize mille quatre cent hommes, composée de troupes régulières, de Troupes de la Marine et de Canadiens auxquelles s'ajoutaient deux cent cavaliers, de deux cent artilleurs, cent quarante volontaires acadiens et trois cent Indiens. Il était donc loin d'être en position de faiblesse, même si une partie des ses troupes était trop inexpérimentée pour participer à une bataille rangée.
Montcalm, en découvrant les troupes de Wolfe alignées sur la plaine d’Abraham, constata de visu l’échec complet de ses hypothèses sur l’impossibilité des Anglais à débarquer et celui de sa stratégie du refus du combat frontal. Il était brutalement contraint de livrer bataille et là où il avait exclu de le faire.
Aussitôt, et c’est pourquoi on peut lui imputer un manque de sang-froid, sans consulter son état major et sans attendre les nombreux renforts dont il disposait, comme les troupes de Bougainville qui s’approchent à marche forcée, il décide de livrer bataille sur le champ comme s’il fallait effacer aussitôt cet affront fait à son autorité.
Il se contenta d’expliquer à Montbelliard, un officier artilleur : « Nous sommes contraints à l’action. L’ennemi est en train de se retrancher. Il dispose déjà de deux pièces de canon. Si nous lui laissons le temps de s’installer solidement, nous ne serons jamais capable de l’attaquer avec les troupes dont nous disposons »
À cet instant crucial, Montcalm continuait donc à sous-estimer la qualité de ses propres troupes, ou, ce qui revient au même, à se refuser de les utiliser en fonction de leurs capacités propres…
À YAOUNDÉ ET AU CAMEROUN
À Yaoundé se déroulaient les cours et les rencontres, mais j’ai saisi l’occasion des trois missions que j’y ai effectué entre 1983 et 1987 pour visiter d’autres parties du Cameroun.
À Yaoundé même se trouve l’UCAC. Dans le milieu universitaire que je fréquente habituellement, personne ne connaît l’UCAC, l’Université Catholique d’Afrique Centrale, qui rassemble deux mille étudiants environ et qui a essaimé dans plusieurs pays africains, le Congo, la Centrafrique, le Gabon, la Guinée Équatorial et le Tchad.
Pourtant, lorsque je me suis rendu sur place la première fois, j’en suis resté saisi.
Imaginez en plein cœur de l’Afrique, une sorte de campus à l’américaine, entouré de gazon, impeccablement rangé et organisé. L’UCAC est gérée directement par le Vatican, qui a obtenu l’extraterritorialité de l’établissement lors d’une visite de Jean-Paul II au Cameroun, ce qui lui permet de recruter librement ses professeurs qui peuvent aussi bien venir d’Afrique que de France ou des Etats-Unis, d’effectuer la sélection de ses étudiants et la gestion de ses programmes librement, sans interventions politiques. En France, les Universités Catholiques coopèrent avec l’UCAC. Allez sur son site Internet pour découvrir ses objectifs et ses réalisations.
Pour ma part, je tiens l’UCAC comme l’un des meilleurs établissements universitaires francophones d’Afrique, sinon le meilleur, d’où mon étonnement que son existence même soit tout simplement ignorée par la plupart de mes collègues. Pour ma part, après l’avoir visitée et rencontré ses responsables, j’avais fait le projet avec l’un de mes collègues et ami de l’IAE de Poitiers de créer une maitrise de Commerce, mais cela est resté un projet avorté.
Par ailleurs, je suis sorti de Yaoundé pour aller en priorité à Douala où j’ai été reçu par un couple ami de toujours. J’y allais en général le week-end, mais c’était une expérience terrible en raison de la combinaison entre la chaleur humide de Douala et la consommation d’alcool, qui provoquait immanquablement chez moi une « crise de foie », maladie purement française, qui ne passait qu’à mon retour à Yaoundé, en altitude et au frais. Douala, immense ville grouillante de vie et désordonnée, symbolise pour moi la ville d’Afrique Centrale où tout peut coexister, les quartiers chics et la multitude des quartiers abandonnés à eux-mêmes.
Je suis aussi allé faire une sorte de voyage exploratoire chez les Bamilékés, l’une des sociétés les plus remarquables du Cameroun, me rendant jusqu’à la grande ville de Bafoussam, non loin du Nigeria, sans toutefois me risquer sur les pentes du Mont Cameroun aux confins de la région, qui culmine à plus de quatre mille mètres.
Je suis enfin monté en avion et en voiture au nord du Cameroun, non loin de la frontière tchadienne et donc du lac Tchad, région aujourd’hui interdite au tourisme en raison des incursions de Boko Haram, un mouvement salafiste djihadiste. J’y ai découvert l’incroyable faune du parc national de Waza où l’on approche tout prés des girafes et même des éléphants.
Sur la route, j’ai été frappé par les dépôts de caisses de bière à l’entrée des villages, si bien que l’on voit les amoncellements de caisses plastiques avant les villages, mais j’ai été aussi impressionné par la remarquable architecture en pierre dans les massifs montagneux des Monts Mandara. J'estime que le Cameroun est l’un des plus beaux pays d’Afrique à visiter, notamment le Nord du pays. Mais l’insécurité des transports et la faiblesse de l’organisation hôtelière font que seuls quelques centaines de milliers de touristes s'y rendent chaque année.
Le retour du Nord fut épique, de manière inattendue. Quittant en avion la ville de Maroua à l’extrême nord du pays pour nous diriger vers Yaoundé, nous fîmes escale à mi-chemin sur l’aéroport de N’Gaoundéré. Il faisait très chaud dehors, mais, pour une raison inconnue, l’avion resta hermétiquement fermé, climatisation coupée. Je crois que jamais de ma vie, je n’ai autant souffert de la chaleur, au point que les gouttes de sueurs jaillissaient littéralement de ma peau.
Puis l’avion repartit et nous sommes restés vivants
MONTCALM: LE DERNIER INFORMÉ
Montcalm comprit très tard, vers sept heures du matin, le 13 septembre 1759, qu’il se passe quelque chose d’anormal à l’ouest de la ville.
Toute la nuit, il s’est laissé abuser par les ruses des Anglais, qui, il est vrai, sont des maitres en la matière, encore aujourd’hui. Vers 1 heure du matin, des sentinelles postées sur la côte de Beauport entendent des bruits qui laissent donnent penser que des embarcations sont proches : Montcalm place aussitôt ses troupes en état d’alerte.
Puis, vers trois heures du matin, un canot signale avoir vu des navires britanniques devant Beauport : Montcalm positionne un détachement de milice et un canon de campagne sur la grève et fait envoyer un canot en reconnaissance. Mais, au moment où le canot revient vers la grève sans avoir rien vu, la ville de Québec transmet un signal d'alerte. À Beauport, on croit que cette alarme concerne l’assaut qu’ils appréhendent contre eux-mêmes et personne ne bouge.
Cependant, peu avant l'aube, Montcalm entend tout de même des tirs d'artillerie semblant venir de Québec en amont du fleuve. Mais il se rassure en estimant que ce sont les bateaux de Cadet destinés à l’approvisionnement de Québec qui ont été découverts par les Anglais. Comme il ne reçoit aucune autre information alors que le soleil se lève et qu’il n’aperçoit aucun vaisseau britannique à l'horizon, Montcalm renvoie ses soldats à leurs bivouacs.
Alors que les soldats sont au repos, un deuxième homme arrive en courant pour prévenir Montcalm du débarquement anglais, le premier ayant été éconduit par un de ses aides de camp. Il lui dit qu’il est le seul survivant du détachement qui se trouvait près de l'Anse-au-Foulon, que les Britanniques ont débarqués et qu’ils sont en train de former leurs lignes de batailles sur les hauteurs de Québec.
Sur le coup, Montcalm reste incrédule.
Mais pendant ce temps, un autre rescapé de l'Anse-au-Foulon est intercepté par l'adjudant General Pierre-André Gohin, comte de Montreuil, qui prend, lui, le message au sérieux et ordonne en conséquence à deux détachements du Régiment de Guyenne de marcher en direction de l'Anse-des-Mères et d'attaquer l'ennemi, quelle que soit sa force. Il monte ensuite sur son cheval pour prévenir Montcalm.
On se rappelle aussi qu’avant quatre heures du matin Vergor a prévenu le Chevalier de Bernetz, commandant du second bataillon du régiment Royal-Roussillon, qui commande la garnison de Québec, que les Anglais effectuaient un débarquement à l’Anse-au-Foulon. Dés qu’il reçoit le courrier de Vergor, Bernetz lui envoie immédiatement un détachement et alerte Vaudreuil à Beauport à cinq heures quarante-cinq pour lui donner son avis sur ce débarquement : il estime que des Anglais ont bien débarqué à l’Anse-au-Foulon mais qu’ils auraient ensuite réembarqué.
Pendant ce temps, un détachement de trente hommes, conduit par le capitaine Jean-Baptiste Magnan, arrive tout d’abord à l'Anse-des-Mères où il ne voit aucun débarquement britannique mais seulement vingt Canadiens qui montent la garde. Magnan poursuit son investigation vers l'ouest jusqu'aux Buttes-à-Neveu au sommet desquelles il aperçoit la ligne de bataille britannique en train de se former. Malgré l'évident surnombre de l'ennemi, il décide d’agir pour ralentir l’avance des soldats britanniques vers Québec. Il positionne quelques hommes au pied des Buttes-à-Neveu et envoie un groupe prendre les maisons qui se trouvent le long du chemin Sainte-Foy au nord, mais ses hommes doivent retraiter aux Buttes-à-Neveu sous la pression de l'infanterie légère britannique. Au même moment, un détachement du régiment de La Sarre, commandé par le capitaine Laurent François Lenoir de Rouvray, attaque également les soldats britanniques sur le champ de bataille. Rouvray est blessé par balle et fait prisonnier.
Tous ces évènements se déroulent sans que Montcalm en ait pris connaissance. Il est en effet plus de sept heures lorsque Montcalm et son aide de camp James Johnstone, un Ècossais rallié aux Français, se décident à quitter sous la pluie Beauport en direction du quartier général de Vaudreuil pour comprendre quelle est la cause des bruits de canons et de mousquets qu'ils entendent toujours en amont du fleuve.
Lorsque Montcalm atteint les hauteurs de l’autre côté des murs de la ville et qu’il aperçoit l’armée anglaise en rangs de bataille, il en est complètement atterré.
ODE À L'AUDE
Le département de l’Aude vient de subir une catastrophe climatique. La ville de Trèbes a été particulièrement touchée avec neuf victimes d’une inondation trop tardivement signalée, cette même ville qui avait déjà été victime en mars dernier d'un attentat islamique dans son supermarché, avec quatre morts et quinze blessés, dont le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame.
Or, il y a quatre ans, j’avais consacré un billet au département de l’Aude que je venais de visiter avec des amis et j’avais déjà perçu les attraits culturels et les meurtrissures économiques de ce département. C’est pourquoi je reprends ici l’essentiel de mon récit du 8 juillet 2014.
Nous avions décidé de visiter l’Aude en raison de ses attraits gastronomiques, vinicoles et artistiques, dans l’ordre. Nous avons naturellement commencé par Carcassonne, ville de carte postale. Puis plongeant dans l’Aude profonde, nous avons visité un domaine viticole. Ces vignobles n’ont vraiment connu le succès qu’à partir de celui de la blanquette de Limoux, inventée en 1531 par les moines de l’abbaye de Saint-Hilaire qui se sont fait « chiper » la technique de vinification par Dom Pérignon, un moine d’Hautvillers, qui en a assuré le triomphe avec le champagne.
Après avoir partagé un repas bucolique au sein du village fortifié de Pieusse, nous avons trouvé refuge le soir à Alet-les-Bains dans un pittoresque hôtel qui se trouve au sein même de l’ancien évêché. Curieuse ville qu’Alet-les-Bains, fortifiée et presque abandonnée, avec quelques résurgences de vie, une exposition ici, un musée là, un casino ailleurs.
Le lendemain, un fort périple automobile nous attendait, qui a commencé par le chemin cathare conduisant aux pentes escarpées entourant le môle arrondi de Montségur, le dernier refuge de ces pauvres Cathares, déjà victimes à l'époque de la fureur des centralisateurs royaux.
Puivert, où nous avons déjeuné, montre bien l’état d’abandon de nos villages. De là, nous avons traversé les paysages désertiques qui séparent l’Aude des Pyrénées Orientales. Nous avons alors vu les montagnes changer brusquement d’aspect, les sommets dénudés succédant aux pentes couvertes de forêts auxquelles nous avait accoutumée la riante Aude. Il était perceptible que la Méditerranée étendait désormais son influence sur les panoramas qui s’offraient à nous, jusqu’à ce que nous nous arrêtions à Maury, aux vignobles enfin gorgés de soleil.
Il fallut pourtant nous résoudre à faire demi-tour pour rejoindre Quillan, où les deux visages de la ville, qui n’étaient autres que les deux visages du département, voire de la France tout entière, nous attendaient.
Certes Quillan détient encore un trésor, sa charcuterie, mais il a perdu une industrie qui l’avait rendu célèbre, le Formica. Depuis, la ville se meurt, ce que démontre la chute de son équipe de rugby, autrefois championne de France, aujourd’hui en Fédérale 3. Le club peine à recruter dans le désert industriel quillanais, car il est difficile de trouver un emploi pour d'éventuelles recrues, sauf par l’entremise ultime de la mairie. Lorsque nous partagèrent notre désolation avec un limonadier de Quillan, adepte du jeu à XIII entre amateurs gérés par des bénévoles, il nous asséna cette pensée définitive qui nous laissa coi : « L’avenir, Monsieur, il est ce que l’on en a fait… ».
Pas « ce que l’on en fait », notez la nuance, « ce que l’on en a fait » : le futur jaillit directement du passé.
À Quillan, dans l’Aude et dans toute la France, qu’est-ce que l’on en a fait de l’avenir? Est-ce que l’on s’en est vraiment occupé? Alors, l’avenir, il se construit quand même autour des usines vides et du tourisme, ultime espoir. Suffira t-il à faire vivre ces villes et ces campagnes avec l’aide de la vigne, des fonctionnaires, des retraités et des chômeurs indemnisés? Car des industries, il n’en reste rien, absolument rien.
Nous sommes retournés à notre hôtel situé dans l’ancien évêché d’Alet, avec son jardin romantique qui entoure des ruines grandioses. Est ce que le tourisme permettra de sauver cet hôtel au charme unique, plombé par son isolement et les exigences des normes?
Le dernier jour de notre périple, nous nous sommes repliés sur Limoux. Le marché remplissait ses rues et ses parkings, offrant victuailles et produits de l’artisanat, dont on ne savait s’il provenait de l’Aude ou de la Chine. Ce jour là, la ville jouait à être prospère, mais on sentait bien, au nombre d’étals et de clients, que le cœur n’y était pas.
Pourtant, observant une propriété viticole à Brugairolles, prés de Limoux, centrée sur une belle demeure surmontée d’un restaurant, je me disais que le métier de vigneron présentait de nombreux attraits, celui de vivre entouré de la nature, de travailler en sortant de chez soi et de maitriser tout le cycle de production jusqu’à la bouteille de vin, ce produit « noble ».
Mais, à observer la condition de vigneron, il ne me semblait pas que la rentabilité de ce métier soit si facilement accessible que cela. Acheter un vignoble, vivre heureux et mourir ruiné assis sur un capital immobilier que l’on se refuserait jusqu’au bout à céder, était-ce là le destin des vignerons?
Quittant l’Aude pour parcourir la route de Limoux à Revel et sa magnifique place du marché, en passant par Castelnaudary transformé en ville dortoir toulousaine, avant de redécouvrir Narbonne la délaissée, je songeais mélancoliquement combien l’Aude était belle, dans son agonie.
LA VOITURE ÉLECTRIQUE EN DOUTE
Carlos Tavares, le patron de PSA, s'interrogeait récemment à propos des véhicules électriques: comment faire en sorte que le recyclage d’une batterie ne soit pas un désastre écologique et comment trouver suffisamment de matières premières rares pour faire les cellules et les chimies des batteries dans la durée ?
En outre, Stéphane Lhomme, Directeur de l’Observatoire du nucléaire, observe que le cycle de vie d’un véhicule électrique le rend aussi polluant qu’un véhicule thermique, car la fabrication des batteries est tellement émettrice de CO² qu’il faut avoir parcouru de 50 000 à 100 000 km en voiture électrique pour commencer à être moins producteur de CO² qu’une voiture thermique. Sachant que ces voitures servent essentiellement à des trajets courts, il est probable que le kilométrage nécessaire pour s’estimer vertueux ne sera jamais atteint.
Si bien que la voiture électrique risque de ne pas être plus bénéfique pour le climat que la voiture thermique, essence ou diesel. Il faut ajouter que la voiture électrique possède aussi des pneus et des freins et qu'elle use les routes par frottement, ce qui induit presque autant de particules fines que la consommation d'un diesel.
Aussi l’argent public consacré à son développement est-il difficilement justifiable, alors que l’on apprend que l’État a lancé un plan d’installation de sept millions de bornes de rechargement à environ 10 000 euros pièce, soit 70 milliards d’euros au total et que l’on sait que la prime à l’achat d’un véhicule électrique ou hydrogène s’élève à 6000 € en 2018 auquel s’ajoute la prime à la conversion des vieilles voitures diesel (2001) ou essence (1997) en voiture électrique, qui s’élève à 2500€ de plus, sans compter les primes régionales.
Voici donc la consommation d’électricité, qui stagne en France depuis 2008, relancée à terme par les voitures électriques qui sont en réalité des voitures principalement nucléaires puisque 71,6% de la production électrique en France est d’origine nucléaire. Aujourd’hui, l'électricité ne provient des sources d’énergie renouvelable, en dehors de l’énergie d’origine hydraulique que pour 4,8% en France.
La question n’est naturellement pas de promouvoir la voiture thermique, qui est en soi une calamité environnementale, mais de s’interroger sur le choix stratégique pour réduire la pollution qui consiste à promouvoir des véhicules électriques, car personne n’aurait l’idée saugenue aujourd'hui d’offrir 8500 euros pour l’achat d’une voiture diesel, de lui réserver des places de stationnement et de remplir son réservoir à prix cassé…
Mais le plus surprenant est que le diesel, condamné pour les automobiles, est aussi utilisé pour les camions, les autocars et les navires. Ces derniers utilisent un carburant bien plus riche en soufre que ceux autorisés pour le secteur automobile puisque la part d’oxyde de soufre dans le diesel marin sera encore de 0,50% en 2020, cinquante fois plus que dans le diesel automobile. La priorité stratégique n'est-elle donc par ailleurs?
La subvention de l’automobile électrique afin d’aider à réduire la pollution atmosphérique en France, nous semble donc sujette à caution…
PREMIÈRE MISSION À YAOUNDÉ
On l’a compris, je ne suis pas resté immobile durant les trois années de mon affectation à Dakar. Je me suis notamment rendu deux années de suite au Cameroun pour une mission d’enseignement à l’Université de Yaoundé, avant d’y retourner encore une fois après mon retour en France.
Vu de France, le Cameroun est proche du Sénégal, mais en avion, avec une ou deux escales, il faut au moins huit heures pour parcourir les 4500 kilomètres qui séparent les deux villes. De plus, l’atterrissage à l’aéroport de Yaoundé était plutôt sportif, car la piste était trop courte pour l’Airbus qui m’y transportait. C’est écrire qu’une mission d’enseignement n’est pas forcément de tout repos…
Je donnais pendant deux semaines un cours de TQG (techniques quantitatives de gestion) en Maitrise de Gestion à la Faculté de Sciences Économiques de Yaoundé et j’étais (bien) logé à l’hôtel du Mont Fébé, connu pour son golf, mais situé de l’autre côté de la ville.
Tous les jours ouvrables, une voiture venait me chercher le matin, me ramenait entre midi et quatorze heures à l’hôtel et m’y ramenait le soir vers 17 heures. Je ne raconte pas ce détail par hasard, car, durant mon premier séjour à Yaoundé, j’ai subi un incident, qui est resté unique durant l’ensemble de mes séjours en Afrique.
Peu après midi, le chauffeur me ramenait donc vers l’hôtel. Nous étions arrêté à un feu rouge. Erreur que je ne fis plus jamais, ma fenêtre était ouverte. Un homme s’approche de la voiture, me donne un coup de poing sur la pommette, le chauffeur démarre brusquement et brule le feu rouge. Commentaire du chauffeur : « Si je n’avais pas démarré, on risquait de mourir tous les deux ». Le décodage de l’incident, c’est que l’on ne pouvait pas savoir si cet acte de violence sur un Européen n’aurait pas attiré instantanément une foule qui risquait de nous frapper à son tour, sans même savoir pourquoi, à moins qu’à l’inverse qu’elle ne roue de coups mon agresseur. Dans le doute, il était donc préférable pour le chauffeur de quitter les lieux au plus vite.
Les cours rassemblaient une quinzaine d’étudiants de niveau de formation variable mais acceptable et j’appris à cette occasion que les bamilékés étaient de bons étudiants et d’excellents gestionnaires. Ces cours avaient lieu dans un bâtiment sans murs, simplement couvert d’un toit de tôles. Lorsqu’il pleuvait et il pleuvait souvent et fort, la pluie rebondissait sur le toit avec un tel bruit qu’il fallait arrêter le cours, le temps que l’orage tropical se calme.
À 17 heures, il faisait encore jour. J’allais un soir à la piscine de l’hôtel où je vis un monsieur installé sur une chaise pliante. Je le saluais et c’est ainsi que je fis une des belles rencontres de ma vie, le Professeur Marc Penouil.
Professeur de Sciences Économiques à l’université de Bordeaux I avant de devenir son futur Président, il avait passé le début de sa carrière en Afrique Centrale où il s’était intéressé à la socio-économie du développement. Ce soir là, il me fit cadeau de son ouvrage sur « Le développement spontané : les activités informelles en Afrique », une découverte intellectuelle inattendue pour moi, prés de la piscine de l'hôtel.
L’auteur fait l’hypothèse que le passage à l’industrialisation peut se faire de façon classique par du développement importé ou par la transformation plus lente des structures socio économiques, ce qu’il appelle le développement spontané et il apporte à l’appui de cette hypothèse toutes les études menées durant dix ans par une équipe d’économistes au travers de l’Afrique francophone.
Je voudrais rendre hommage ici à son travail, qui remet en cause la nécessité du développement importé, cette forme de développement qui conduit à une imitation des structures qui ont été imaginées ailleurs et dans d’autres circonstances que dans les pays où on les appliquent, provoquant toute une série d’effets négatifs à long terme.
À ce processus, Marc Penouil en oppose un autre, le développement spontané, qui est plus que jamais d’actualité avec la question centrale de l’adaptation des sociétés humaines aux dégâts écologiques, entre autres, qu’a provoqué la dynamique incontrolée de la mondialisation.
Cette vision du développement a été très récemment renforcée par l’attribution du Prix Nobel d’Économie au Professeur Paul Romer, pionnier de la théorie du développement endogène, que j’avais eu le plaisir d’inviter à participer aux Rencontres Scientifiques sur l’Économie des Phosphates à la Faculté de Droit et de Sciences Économiques de Nice, les 12 et 13 décembre 2012…
WOLFE ROULE MONTCALM DANS LA FARINE
Les soldats français postés sur la grève et sur la falaise ne parviennent donc pas à empêcher les troupes britanniques de débarquer.
Bougainville qui était en charge de la défense d’une grand espace entre le Cap Diamant et le Cap Rouge, se trouvait en amont au Cap Rouge dans la nuit du 12 septembre, ce qui fait qu’il n’a pas vu les nombreux navires qui se déplaçaient en aval de sa position.
Le Gouverneur Vaudreuil, comme d’autres, s’était inquiété de la vulnérabilité de l’Anse-Au-Foulon, mais Montcalm, avec sa suffisance habituelle, avait clos la discussion en observant que cent hommes suffiraient pour retenir une armée entière jusqu'au jour, notant « qu’on ne peut pas imaginer que les ennemis aient des ailes pour pouvoir dans la même nuit traverser la rivière, débarquer, escalader un chemin obstrué et des murs qui nécessiterait qu’ils apportent des échelles avec eux »
Ce n’est pas ce qui s’est passé: alors que les soldats de Vergor tirent toujours en direction des chalands, l'infanterie légère anglaisecommandée par Howe réussit à escalader le promontoire sans se faire repérer. Les 24 soldats de DeLaune arrivent en vue de la tranchée et de l'abattis qui entravent le chemin de l'anse, sans avoir à combattre. Ils parviennent même (dans l’obscurité) à tromper une sentinelle grâce au bon français du capitaine Donald MacDonald. La montre de DeLaune indique 4 h 20 lorsqu'il rejoint Howe au sommet, pour tomber sur les troupes de Vergor et les cerner.
Vergor ordonne alors à ses hommes de faire volte-face. Mais il est blessé par une balle à la jambe et une autre à la main, et fait prisonnier avec la moitié environ de ses troupes. L'autre moitié de ses hommes se replie sous le commandement de son lieutenant, poursuivis dans les champs de blé des plaines d'Abrahampar les soldats britanniques qui parviennent à les capturer presque tous. Les autres réussissent à s’échapper en longeant la falaise vers l'est où ils rejoignent de petits groupes de soldats qui continuent à tirer sur les embarcations au dessous d’eux. On sait que deux des Canadiens qui se sont échappés courent jusqu'au camp de Beauport.
Wolfe arrive sur le lieu de débarquement une heure après. Quand lui et son adjudant-général, le major Isaac Barré, mettent pied à terre à l'Anse au Foulon, les prisonniers et les blessés français descendent déjà des hauteurs par le chemin de l'Anse.
Le soleil se lève à 5 h 34.
Vers 6 h, les vaisseaux HMS Lowestoft, HMS Seahorse, HMS Squirrel, HMS Laurel et HMS Adventure rejoignent le HMS Hunter devant Sillery pour débarquer le gros des troups. La batterie de Samos atteint le HMS Squirrel avant d'être neutralisée par un détachement de grenadiers envoyé par Wolfe.
C’est alors qu'il se met à pleuvoir, jusque vers 10 heures du matin.
Le plateau se retrouve sans défense, une fois le camp de Vergor capturé, car Vaudreuil avait ordonné à un régiment français qui s’y trouvait de s'installer à l'est de la ville peu de temps avant le débarquement. Or, si les soldats français avaient été plus nombreux sur la plaine d’Abraham, les Britanniques auraient probablement été incapable de s’y déployer.
Pour ajouter un petit détail qui a pu se révéler important pour le succès de Wolfe, un officier français qui aurait du normalement patrouiller le long des falaises, n’a pas pu le faire dans la nuit du 12 septembre car un de ses chevaux avait été volé et ses deux autres étaient boiteux.
En outre la toute première information sur le débarquement est venue d’un soldat qui était parvenu à fuir le camp de Vergor, mais l’aide de camp qui l’a reçu a estimé que l'homme n’était pas dans son état normal et, après l’avoir renvoyé, il s’est recouché.
Pendant ce temps, de l’autre côté de la ville, Montcalm est en état d’alerte depuis 1 heure du matin en raison de la diversion organisée par Saunder au large de Montmorency, qui faisait tirer sur le rivage et qui organisait l’embarquement de troupes, dont beaucoup avaient été extraites des hôpitaux.
EMMENEZ MOI
EMMENEZ MOI
Aznavour chante la vie rêvée pour échapper quelques heures à la misère grise. Le soleil, la plage, l’amour tendant les bras qui court au-devant de lui. Pour partir vers ses rêves d’enfant, il serait prêt à tous les sacrifices, lui qui rêve au petit matin, après la fermeture des bars…
Vers les docks où le poids et l'ennui
Me courbe le dos
Ils arrivent le ventre alourdi
De fruits les bateaux
Ils viennent du bout du monde
Apportant avec eux RNCP
Des idées vagabondes
Aux reflets de ciel bleu
De mirage
Trainant un parfum poivré
De pays inconnus
Et d'éternels étés
Où l'on vit presque nu
Sur les plages
Moi qui n'ai connu toute ma vie
Que le ciel du Nord
J'aimerais débarbouiller ce gris
En virant de bord…
Emmenez-moi
Au bout de la terre
Emmenez-moi
Au pays des merveilles
II me semble que la misère
Serait moins pénible au soleil…
Dans les bars а la tombée du jour
Avec les marins
Quand on parle de filles et d'amour
Un verre а la main
Je perds la notion des choses
Et soudain ma pensée
M'enlève et me dépose
Un merveilleux été
Sur la grève
Où je vois tendant les bras
L'amour qui comme un fou
Court au-devant de moi
Et je me pends au cou
De mon rêve
Quand les bars ferment, que les marins
Rejoignent leur bord
Moi je rêve encore jusqu'au matin
Debout sur le port…
Emmenez-moi
Au bout de la terre
Emmenez-moi
Au pays des merveilles
Il me semble que la misère
Serait moins pénible au soleil…
Un beau jour sur un rafiot craquant
De la coque au pont
Pour partir je travaillerai dans
La soute а charbon
Prenant la route qui mène
A mes rêves d'enfants
Sur des iles lointaines
Où rien n’est important
Que de vivre
Où les filles alanguies
Vous ravissent le coeur
En tressant m'a-t-on dit
De ces colliers de fleurs
Qui enivrent
Je fuirai laissant là mon passé
Sans aucun remords
Sans bagage et le coeur libre
En chantant très fort…
Emmenez-moi
Au bout de la terre
Emmenez-moi
Au pays des merveilles
Il me semble que la misère
Serait moins pénible au soleil…
Emmenez-moi
Au bout de la Terre
Emmenez-moi
Au pays des merveilles
Il me semble que la misère
Serait moins pénible au soleil…
Aznavour a écrit les paroles de cette chanson désespérée, lui qui a si bien réussi, mais qui n’a pas oublié ses frères de misère avant de les rejoindre, finalement…