Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog d'André Boyer

L'ANTI MODÈLE MONDIAL

12 Septembre 2018 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

L'ANTI MODÈLE MONDIAL

Pour Nietzsche, la volonté de puissance est une surabondance de force que l’on a besoin d’extérioriser.

C’est cette volonté de puissance que les Etats-Unis ont exprimé depuis l’origine, tout d’abord aux dépens des Amérindiens et des Noirs comme l’avait observé Tocqueville dès 1835, de l’Amérique du Sud avec la doctrine Monroe en 1823, du Japon avec l’Amiral Perry en 1853, puis aujourd’hui aux dépens de l’ensemble du monde. C’est la leçon que les Etats-Unis ont retenu des Britanniques, se mettre dans une position inexpugnable afin d’imposer sa volonté à tous ceux qui sont en position de faiblesse.

Cependant, observe également Nietzsche, imposer sa puissance signifie donner un sens aux évènements et aux choses. De ce point de vue, les Etats-Unis ont  longtemps imposé l’idée que le monde était divisé entre les tenants de la liberté, de la démocratie et du marché, dont ils étaient les champions, et les autres qui devaient être vaincus.

Or, en 1989, ils ont gagné. Même si les faux semblants sont nombreux, le monde  tout entier est aujourd’hui officiellement converti au respect de la démocratie, des droits de l’homme et de la globalisation de l'économie de marché, ce qui prive les Etats-Unis de cette justification pour exercer leur domination et la rend immanquablement odieuse.

Désormais, les États-Unis ne soutiennent la mondialisation que dans la mesure où elle les arrange, ils imposent le dollar comme monnaie mondiale tout en prétendant en faire un outil de pression politique et ils ne veulent imposer leurs intérêts stratégiques qu'en les justifiant par leur puissance militaire. Les voilà désignant tour à tour comme ennemis, soit économiques soit politiques, l’Union Européenne, la Chine, la Russie, l’Iran, la Turquie, le Venezuela  et même le Canada !

Aussi, tandis que leur force reste considérable, leur autorité est en voie d’effondrement. En effet, sans qu’ils en soient le moins du monde les acteurs, un nouveau monde émerge dont la question centrale est écologique et démographique, puisque, pendant le siècle qui vient, le nombre d’humains ne cessera pas de s’accroitre, posant le problème lancinant de l’utilisation et du partage des ressources naturelles sur Terre, telles que l’air, l’eau, l’alimentation, l’énergie, le vivant, les matières premières.

Or les Etats-Unis tournent le dos à cette problématique. Ils proposent au contraire au monde un modèle qui prétend accroitre sans cesse la consommation des ressources de la Terre, ce qui conduira forcément à en exclure la plus grande partie de l’humanité.   

Ainsi, le transport des produits d’un bout du monde à l’autre permet de fournir les fruits et légumes de toutes les saisons aux consommateurs fortunés, la livraison individuelle de toutes sortes d’objets à domicile est développée par des entreprises comme Amazon, entrainant la circulation d’une noria de véhicules et l’utilisation d’une profusion d’emballages, le tourisme aérien à travers le monde prévoit de croitre fortement, Internet, la téléphonie mobile et les robots demandent de plus en plus d’énergie, comme l’usage des climatiseurs qui s’étend rapidement. Pour répondre à la demande croissante d’énergie qu’ils provoquent eux-mêmes en promouvant leur modèle, les États-Unis se livrent à une exploitation forcenée de leurs ressources en pétrole issues des schistes bitumineux, contribuant à la baisse du prix du pétrole et donc à une consommation encore accrue de cette source d’énergie.

Les effets de cette implacable mécanique sont innombrables, mais rien n’est plus révélateur que l’ambition de Monsanto de contrôler les semences tout en offrant les pesticides qui permettent de  produire des céréales au prix de la santé des agriculteurs et des consommateurs et de la destruction de l’écosystème. Ils mettent ainsi le progrès scientifique et  technique, non pas au service de l’humanité mais à celui du modèle de société qu’ils veulent imposer au monde.

Ils montrent de la sorte qu’il est erroné de prétendre que la science résoudra toutes les difficultés puisque la recherche est pilotée par le modèle dominant. À terme, on entrevoit un monde ravagé par la surexploitation des ressources naturelles où les multitudes seront à la merci des maitres de la finance et de la technologie.

Et nous qui sommes requis de collaborer à ce système mortel, nous devons finir par comprendre, même si c'est un triste constat, que les États-Unis ne veulent pas diriger le monde mais l'exploiter purement et simplement, y compris au prix de sa destruction.  

Vivant aujourd'hui une situation identique à celle de l'URSS d'avant 1989, les États-Unis, aveuglés par leur force, ne se sont pas encore rendu compte, eux les chantres de l'économie de marché, qu'ils ne disposent plus dans leur magasin idéologique que d'un produit invendable, la destruction des ressources de la Terre et de son environnement au profit d’une minorité...

Good luck!  

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
L
Article tres juste, merci pour cette critique juste de l ideologie des gendarmes du monde
Répondre
A
Merci encore
A
Merci de votre appréciation. L'idéologie dominante, aux États-Unis, est qu'il est dommage que ces derniers perdent petit à petit de leur influence sur le monde. S'il est vrai qu'ils perdent de leur influence, je pense que c'est au contraire une très bonne chose...