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Le blog d'André Boyer

BOUGAINVILLE, LE PESSIMISTE EN SECOND

30 Janvier 2019 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

BOUGAINVILLE, LE PESSIMISTE EN SECOND

 

 

Lors de son arrivée en Nouvelle-France, Bougainville prit, pour la première fois de sa vie, une part active à des opérations militaires. 

 

En juillet et août 1756, il participa à la prise d’Oswego qui assurait le contrôle du lac Ontario. Montcalm le couvrit d’éloges. Il participa aussi en août 1757 aux opérations qui conduisirent à la reddition  de Fort Henry, que Montcalm se révéla incapable d’exploiter. 

Bougainville partageait les préjugés de Montcalm à l’égard des Canadiens et des Indiens, estimant qu’ils n’avaient « point de courage et de constance. »

En juillet 1758, Bougainville fut blessé au cours de la bataille de Carillon, qui se solda par une « accablante défaite » pour les Britanniques. Mais  Vaudreuil et Montcalm conservèrent des opinions divergentes sur les mesures à prendre pour faire face à la menace britannique qui ne faiblissait pas. 

En septembre 1758, Vaudreuil et Montcalm décidèrent d’expédier en France un officier chargé d’annoncer la victoire de Montcalm à Carillon, de faire un rapport sur l’état de la colonie et de demander des secours. Ils choisirent d’envoyer Bougainville, auquel Vaudreuil adjoignit le major Péan pour tempérer la vision systématiquement pessimiste de Bougainville. Ce dernier quitta Québec à bord de La Victoire le 5 novembre 1758 et débarqua à Morlaix au début de 1759. 

Pendant la traversée, Bougainville rédigea les quatre mémoires qu’il remit à Nicolas-René Berryer, secrétaire d'État de la Marine, dans lesquels on retrouve la vision pessimiste de Montcalm. Il y surestime fortement les forces de l’adversaire en écrivant: « 10 000 hommes, manquant de munitions de guerre et de bouche, ont a défendre trois frontières pour ainsi dire ouvertes, contre 60 000 au moins, à portée de les attaquer en même temps toutes trois par la supériorité excessive de leur nombre et l’abondance des moyens en tout genre. » En conséquence, il recommandait de n’envoyer au Canada que « l’absolu nécessaire à une défense plus longue. » 

Promu colonel et chevalier de Saint-Louis, Bougainville repartit de Bordeaux le 28 mars 1759 sur le Chézine et débarqua à Québec le 10 mai. Or, en raison de son diagnostice pessimiste, il avait naturellement suscité peu d’enthousiasme à Versailles pour l’envoi de renforts, ce qui  fait que l'on peut considérer que Bougainville fut l’un des principaux fossoyeurs de la Nouvelle-France, aprés Montcalm toutefois. 

Alors que son  arrivée annonçant celle de renforts, « ranima le cœur de tout un peuple qui, pendant le cours d’un hiver des plus dur avoit été réduit à un quarteron de pain et demy-livre de cheval » et bien que plus de vingt navires de ravitaillement fussent parvenus à Québec en même temps que le Chézine, la France n’avait pas envoyé plus de trois cent hommes pour soutenir la colonie en péril.

Bougainville prit le commandement du camp de Beauport en juin 1759, puis après le combat du 31 juillet où les Britanniques attaquèrent sans succès le camp de Montmorency, Bougainville avec cinq cent hommes sous ses ordres, fut chargé de défendre les communications entre Québec et Montréal. Il suivit les mouvements de la flotte britannique jusqu’à Pointe-aux-Trembles où, le 8 août, il repoussa à deux reprises une tentative de débarquement. Le 17 août, il refoula un débarquement à Deschambault et il empêcha plus tard les Britanniques de descendre à Saint-Augustin, jusqu'à ce que, le 13 septembre, les Britanniques réussissent à prendre pied à l’Anse au Foulon. 

Montcalm ne donna pas l’ordre à Bougainville de prendre Wolfe entre deux feux et Bougainville, dont le dispositif était très étiré le long du fleuve, se trouva dans l’impossibilité de rassembler son monde et de participer à temps au combat des plaines d’Abraham.

Nous n’évoquerons que brièvement la suite de la carrière de Bougainville, ces articles étant consacrés à la lutte franco-anglaise en Amérique du Nord. 

Bougainville participa ensuite à la défense de la Nouvelle-France, jusqu’à la capitulation de Montréal en septembre 1760. 

De retour en France, Bougainville conçut le projet d’un voyage d’exploration et de découverte autour du monde, qui reçut l’approbation de Choiseul. Il quitta Brest le 5 décembre 1766 pour une expédition qui allait durer 28 mois et qui devait le mener à Montevideo, aux îles Malouines, à Rio de Janeiro avant de franchir le détroit de Magellan puis de faire escale à Tahiti. L’expédition explora ensuite les Nouvelles-Hébrides, les îles Salomon, la Nouvelle-Irlande et la côte nord de la Nouvelle-Guinée. Bougainville rentra enfin en France en passant par les Moluques, Batavia, l’île de France et Le Cap. Il débarqua à Saint-Malo le 16 mars 1769, ayant eu très peu de pertes, sept morts et réalisant le premier tour du monde de la marine royale. 

 

Il participa ensuit à de nombreux combats avec des fortunes diverses et mourut chargé d’honneurs le 31 aout 1811 à Paris. 

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