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Le blog d'André Boyer

PROPAGANDE ET FÉROCITÉ

10 Juin 2023 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

LES MASSACRES DE LYON ORDONNÉS PAR COLLOT D'HERBOIS

LES MASSACRES DE LYON ORDONNÉS PAR COLLOT D'HERBOIS

En ce printemps 1793, la France profonde est en ébullition. Charlotte Corday a assassiné Marat. Robespierre et Saint Just ont à peine un an à vivre : la machine infernale de la Terreur tourne à plein régime.

 

On se tromperait cependant en imaginant les dirigeants du Comité de Salut Public et de la Montagne, encerclés, angoissés, étouffés par tant d’obstacles et d’ennemis. Ce Comité, après son épuration du 10 juillet 1793, comprend onze membres sans cesse réélus jusqu’au neuf thermidor de l’An II (27 juillet 1794) qui voit la chute de Robespierre. Trois de ses membres sont à droite, Carnot, Prieur de la Côte d’Or et Lindet. Cinq sont à gauche, Robespierre Saint-Just, Couthon, Prieur de la Marne et Jean Bon Saint-André. Deux sont à l’extrême-gauche hébertiste, Billaud-Varenne et Collot d’Herbois, et deux peuvent être classés comme opportunistes, Hérault de Séchelles et Barrére.

Au contraire, ces dirigeants sont à l’offensive, ivres de pouvoir et convaincus qu'ils détiennent la vérité. Autour d'eux, des petites gens, compromies par leurs assassinats et leurs actes de pillage, qui se savent condamnés à vaincre ou à mourir. Plus tard, ils seront bien heureux de laisser la responsabilité du pouvoir à l’un des leurs, Bonaparte, à charge pour ce dernier de les protéger. 

Le Comité de Salut Public affronte les Girondins et les Royalistes à l’intérieur et les armées étrangères en périphérie de la République.

Les résistants de l’intérieur, largement majoritaires, n’ont ni la cohérence de pensée, ni l’organisation commune, ni la détermination désespérée de leurs adversaires qui savent que le moindre recul signerait leur perte. Les armées étrangères souffrent de leur côté de tous les maux des coalitions : l’insuffisance de coordination face à une France qui est un tel géant démographique qu’avec la levée en masse, elle rassemble plus de troupes que l’ensemble des coalisés. 

Dans cette atmosphère de lutte pour la vie, la Convention s’offre le luxe d’élaborer une nouvelle Constitution. Un premier projet est présenté par Condorcet, qui cherche à éviter qu'une faction usurpe la volonté générale. Il paiera sa naïveté de sa vie, en se suicidant dans sa cellule de Bourg-la-Reine le 28 mars 1794. 

Une nouvelle Commission se brisa sur le conflit qui opposait les Girondins et les Montagnards. Les premiers soutenaient que le droit de propriété primait sur les droits sociaux, tandis que la Montagne se donnait le beau rôle en avançant que « La société est obligée de pourvoir à la subsistance de tous ses membres, soit en leur procurant du travail, soit en assurant des moyens de subsistance à ceux qui sont hors d'état de travailler ».

Ayant éliminé les Girondins, les Montagnards bâclèrent une Constitution qui fut adoptée par la Convention le 24 juin 1793 puis soumise à un referendum national qui fut adopté par un quart du corps électoral. Saint Just l'enterra dès le 10 octobre 1793, en déclarant que « dans les circonstances où se trouve la République, la Constitution ne peut être établie ; on l'immolerait par elle-même, elle deviendrait la garantie des attentats contre la liberté parce qu'elle manquerait de la violence nécessaire pour les réprimer. »

On manquerait de la violence nécessaire !

On plaça le parchemin dans une châsse au beau milieu de la salle conventionnelle, un tombeau bien choisi pour une constitution mort-née. 

La violence, la Convention la pratiquait : elle entreprit, avec la plus extrême férocité, d’éliminer les foyers fédéralistes qui étaient répartis sur le territoire français, Caen à l'ouest, Bordeaux au sud-ouest, Marseille et Toulon au sud-est, Lyon au centre et la Franche-Comté à l'est. 

Le 13 juillet 1793, à Pacis-sur-Eure, les bataillons fédéralistes de Puisaye marchant sur Paris sont attaqués et défaits par les gardes nationaux fidèles à la Convention. Puis le 16 octobre 1793, Bordeaux sera pris par l’ « armée » de Brune, "sept cent misérables, appuyés par deux canons" comme l'écrit la marquise de La Tour du Pin. 

À Lyon, la ville avait organisé un gouvernement de salut public et levé une armée de 10.000 hommes commandée par un ancien émigré royaliste, le Comte de Précy. La Convention décida d'assiéger la ville le 9 août. Les troupes républicaines entrèrent dans la ville après deux mois de siège. Sur la base d’un rapport de Barère, la Convention vota la destruction de Lyon et la répression fut atroce : sur ordre de Collot d'Herbois, six mille personnes périrent en une journée par le canon chargé à mitraille et par le fer, puis furent jetées dans le Rhône.

Marseille fut reprise aux fédéralistes le 25 août, où Barras organisa un tribunal révolutionnaire. C’est alors que, de peur, Toulon se donna aux Anglais et qu’il faudra attendre l'arrivée de Bonaparte pour qu’elle soit reconquise le 19 décembre. Ce jour-là, les Toulonnais furent convoqués au Champ de Mars, où se déroulèrent les exécutions sommaires d’un millier de personnes, tandis que la ville, rebaptisée Port-la-Montagne, était en partie détruite et ne gardait que le quart de ses habitants.

 

La répression s’avérant plus difficile en Vendée, la Convention hissa la sauvagerie de la répression à un niveau inégalé dans l’histoire de la France.

 

À SUIVRE

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