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Le blog d'André Boyer

BONAPARTE SAUVE ENCORE LA CONVENTION

31 Mars 2024 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

MASSACRE DEVANT L'EGLISE SAINT-ROCH

MASSACRE DEVANT L'EGLISE SAINT-ROCH

Bonaparte sauve encore la Convention

Le 10 mars dernier, je vous ai présenté la constitution « tordue » des Thermidoriens. Elle n’est pas passée comme une lettre à la poste…

 

Comme d’habitude, le referendum au suffrage universel qui fut organisé pour approuver cette constitution se caractérisa par une forte abstention et de nombreuses irrégularités.

Les résultats officiels firent état de 1.057.390 voix en faveur de la Constitution dite de l’An III et de 49.978 voix contre. Pour sa part, le décret des deux tiers ne fut approuvé que par 205.498 voix pour et 108.754 voix contre.

Il faut noter, alors que l’on déplore en ce début de XXIe siècle des taux d’abstention « records » de 60%, que le taux d'abstention du referendum de l'époque s’éleva à 78% pour la Constitution de l’An III et à 94% pour le décret des deux tiers !

Cela n’empêcha pas cette nouvelle constitution d’être proclamée le 23 septembre 1795. Elle impliquait d’élire ensuite le corps législatif. Mais, avant que les élections législatives ne se déroulent, les royalistes parisiens formèrent un comité insurrectionnel, s’estimant lésés, à Just titre, par le décret des deux tiers et les fraudes.

L'épreuve de force eut lieu 4 octobre 1795.

Une petite armée commandée par le général Danican chercha à encercler les Tuileries pour faire capituler sans combat la Convention, protégée par les troupes du général Menou qui plièrent face aux royalistes. C'est alors  que Barras remplaça le général défaillant par Bonaparte qui, aidé par Murat, récupèra des pièces d'artillerie avec lesquelles il fit mitrailler les forces royalistes sur les marches de l'église Saint Roch, faisant 200 tués avant de disperser les survivants. 

Napoléon s'imposait une deuxième fois, en tant que défenseur des régicides. La première fois, il avait déjà repris Toulon aux Anglais pour le compte de la Convention de la Terreur, et, cette fois, il sauvait la Convention thermidorienne.

Le 14 vendémiaire (6 octobre 1795), Paris était occupé militairement et l'émeute étouffée, sans que ne soit toutefois exercée une répression excessive qui aurait trop renforcée les partisans de la Terreur. Le 16 octobre, Bonaparte était élevé par Barras au grade de général de division et le 26 octobre, tandis qu'entrait en vigueur la nouvelle Constitution, il devenait commandant en chef de l'armée de l'intérieur en remplacement de son mentor qui faisait son entrée au Directoire.

En se séparant, la Convention prononça une amnistie générale dont elle excluait les révoltés de Vendémiaire, les prêtres réfractaires et les immigrés. Elle décidait également que la Place de la Révolution deviendrait la Place de la Concorde, un excellent choix puisqu’il a perduré jusqu’à ce jour…

Reste pour nous à tirer le bilan de la TerreurPeu se risquent à la glorifier mais nombreux sont ceux qui lui trouvent des excuses: elle aurait été provoquée par l’état d’extrême tension du pays; les menaces austro-prussiennes auraient déclenché le processus; le roi a joué la politique du pire; il fallait sauver la République; la Terreur a échappé à la volonté des responsables qui ont essayé d'en punir ses excès ; Robespierre voulait le bonheur du peuple…

Du point de vue politique, elle a tout simplement été une stratégie de prise et de contrôle du pouvoir et elle s'est appuyée sur une idéologie qui prétendait vouloir faire respecter, au travers du pouvoir politique, de grands principes philosophiques.

La recette pratique de la Terreur a consisté à faire place nette de tout ce qui faisait obstacle au pouvoir d’un État chargé d’unifier une nation, les privilèges provenant de la naissance, des charges, des corporations et des vœux religieux, pour installer les préfets, les commissaires, les juges, les bourreaux qui allaient appliquer de grands principes à la pauvre matière humaine.

L’horreur était en vue, car les acteurs de la Terreur ont organisé une oppression systématique, accru sans cesse les pouvoirs des tribunaux, supprimé tous les droits de la défense, envoyé des commissaires pour exciter l’ardeur des bourreaux et des délateurs. Ces hommes ont promulgué l’incroyable loi des suspects: étaient suspects tous « ceux qui, par leur conduite, leurs relations, leurs propos ou leurs écrits se sont montrés partisans de la tyrannie, du fédéralisme et ennemis de la liberté; ceux qui ne pourront justifier de leurs moyens d'existence et de l'acquit de leurs devoirs civiques ; ceux qui n'auront pu obtenir de certificat de civisme; les ci-devant nobles qui n'ont pas constamment manifesté leur attachement à la Révolution, les émigrés, même s'ils sont rentrés, les prévenus de délits, même acquittés… ». Délit d’opinion, délit de faciès, délit de classe, tout y est.

La Terreur a engendré les deux cent mille morts du génocide vendéen, les soixante-deux mille guillotinés, les dizaines de milliers de personnes livrées à la mitraille dans les villes révoltées et tout un pays soumis à des tyrans qui se croyaient tout permis au nom de leurs principes.

Face à ce passif monstrueux, on cherche en vain le moindre actif, à moins que l’invention du totalitarisme ne soit considérée comme une gloire nationale.

 

À SUIVRE

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