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Le blog d'André Boyer

REQUIEM POUR PRIGOJINE

3 Septembre 2023 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

REQUIEM POUR PRIGOJINE

Le patron du groupe Wagner, Yevgeny Prigojine est mort d'un excès de confiance en lui-même.  

 

Il a en effet commis trois erreurs :

- Tout d'abord, il a cru qu'il était un chef militaire compétent.

- Ensuite, il a tenté un coup d'État contre un ancien du KGB.

- Et, finalement il a échoué dans toutes ses tentatives.

Il est inévitable que l'on discute pour savoir qui l'a tué et comment il est mort. Il semblait raisonnable, compte tenu du temps qui s'est écoulé depuis l'échec du coup d'État de Prigojine, de conclure que le président russe Vladimir Poutine avait décidé de lui laisser la vie sauve.

Mais apparemment, cela n'a pas été le cas.

Une des premières théories sur la mort de Prigojine était qu'un missile sol-air avait abattu son avion. L'origine incertaine de ce missile pouvait permettre à Poutine de neutraliser les soupçons selon lesquels il aurait organisé l'assassinat.

La théorie du missile ouvre la possibilité de rejeter la responsabilité sur les Américains ou sur les Ukrainiens. Le problème de cette théorie est que Prigojine était plus précieux vivant que mort. Il avait effrayé Poutine en organisant un coup d'État qui s'était approché à moins de deux cent kilomètres de Moscou. Son existence pouvait amener les Russes et ses ennemis à penser que Poutine était devenu irrésolu à un moment où le président russe ne peut pas se permettre de laisser planer des doutes sur sa détermination. Un Prigojine vivant, c'était le cauchemar de Poutine et le rêve des Américains et des Ukrainiens.

Aussi est-il plus probable qu'une bombe ait été placée dans l'avion alors qu'il se trouvait sur le tarmac et s'apprêtait à quitter Moscou.

On peut également se demander pourquoi Poutine a attendu si longtemps pour éliminer Prigojine. Mais s'empresser de tuer Prigozhin aurait été un signe de peur, alors que le laisser en liberté a pu faire penser que Poutine avait d'une manière ou d'une autre autorisé ou au moins souhaité le coup d'État de Prigojine, et démontré que Poutine ne le craignait pas. En outre, la période de latence a affaibli la légende de Prigojine.  

La dernière question, la plus intéressante, est de savoir comment et pourquoi un ancien agent de Poutine est devenu le chef d'une force paramilitaire. Les États-Unis ont recours à des forces privées comme Blackwater, mais elles n'ont jamais atteint le niveau de Wagner. Elles n'opèrent pas non plus en vertu de leur propre pouvoir et remplissent les fonctions les moins importantes. Or, Wagner était une force militaire importante et à part entière. Cette force privée a été utilisée dans divers conflits de moindre importance, lorsque la Russie ne souhaitait pas y envoyer sa force principale, mais après le début de la guerre en Ukraine, Poutine l'a concentré en Russie, puis en Ukraine.

L'explication de ces localisations successives de Wagner viennent du manque de confiance de Poutine en son propre état-major.

L'ouverture de la guerre, avec des chars massés sans tenir compte de la logistique, a renforcé ses inquiétudes. Le problème était suffisamment flagrant pour que, même après le début de l'invasion, Kiev ait pu croire que l'attaque par le nord n'était qu'une diversion et que l'effort principal serait déployé ailleurs. Mais lorsque l'armée russe a attaqué, elle s'est immédiatement enlisée et elle a constamment tenté de s'emparer de villes sans importance militaire au lieu de chercher à briser les forces ennemies.

Cette erreur de départ a contraint Poutine à déployer Wagner pour montrer son mécontentement et créer une concurrence, qui a obligé l'état-major général à modifier sa stratégie. Depuis l'armée russe s'est attachée à détruire les forces ukrainiennes et la situation militaire s'est inversée, au profit des troupes russes.

Mais, pendant plusieurs mois, Il y a eu deux armées sous des commandements différents. Inévitablement, l'armée régulière et Wagner se sont fait concurrence pour les missions et le ravitaillement. Les obus d'artillerie ont notamment fait l'objet de disputes de plus en plus violentes et publiques.

Poutine n'est pas intervenu de manière décisive dans ce conflit entre les deux armées russes. C'est Prigojine qui est allé trop loin, en critiquant l'état-major et, par voie de conséquence, Poutine. Lorsque le Kremlin a finalement tenté de le réduire, Prigojine a pris les devants, mais la maladresse de son coup d'État montre qu'il n'avait pas les moyens de le gagner, et encore moins de l'exploiter.

 

Poutine a survécu et il conduit maintenant la guerre comme il l'entend.

 

 

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