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Le blog d'André Boyer

LES ACTEURS DU MOYEN-ORIENT À LA MANOEUVRE

15 Décembre 2023 , Rédigé par André Boyer Publié dans #ACTUALITÉ

MBS et BACHAR AL ASSAD

MBS et BACHAR AL ASSAD

Confrontés à la perspective d’un retrait militaire américain prochain qui laisserait les mains libres à un Iran plus assuré, les alliés régionaux de Washington ont cherché à s’adapter à la nouvelle donne.

 

Lorsqu’en septembre 2019, des forces yéménites alliées à Téhéran ont mené une attaque majeure contre les installations du géant pétrolier saoudien Aramco, il n’y a eu aucune réaction de la part de Washington, ce qui a ébranlé la confiance que Riyad pouvait avoir dans la pérennité du soutien des États-Unis.

En outre, la prise pour cible de la base américaine d’al-Tanf en Syrie par des forces alliées à l’Iran ainsi que les attaques répétées contre les intérêts américains ces dernières années en Syrie et en Irak n’ont pas provoqué de réaction majeure des États-Unis. En conséquence, les pays arabes qui, depuis 2011, s’étaient montrés hostiles au régime syrien ont progressivement engagé un processus de normalisation qui a abouti à la réintégration de la Syrie au sein de la Ligue Arabe. Quant à la Turquie, elle ne nourrit plus, dans un contexte où le rapport de force a évolué en faveur de Damas et de ses alliés, d’ambition de changement politique en Syrie.

Du coup, Riyad a amorcé des négociations avec Téhéran qui se sont récemment soldées par un accord, habilement conclu sous l’égide de la Chine.  

L’Irak de son côté, bien que les États-Unis y maintiennent encore une présence militaire, ne veut plus, comme le Yémen et le Liban, être un champ de confrontation entre l’Iran et l’Arabie saoudite, et le récent accord entre ces deux acteurs le soulage grandement.

Le doute a également saisi les Émirats Arabes Unis (EAU) sur une implication américaine à leurs côtés face à l’Iran. Il les a contraints, après avoir développé de fortes relations de coopération avec Israël qui se sont manifestées par la signature des accords d’Abraham le 15 septembre 2020, à maintenir un dialogue avec l’Iran.

Déjà les Émirats avaient retiré la plupart de leurs troupes terrestres du Yémen en 2019 et réengagé un dialogue avec l’Iran à la suite des attaques attribuées à Téhéran contre des pétroliers dans le détroit d’Ormuz ; ils avaient notamment débloqué des fonds iraniens gelés dans des banques émiraties et fournit à plusieurs reprises une aide médicale à l’Iran durant la crise sanitaire. Aujourd’hui, la guerre que conduisent les Israéliens ne fait que renforcer l’engagement des EAU auprès de la population de Gaza.

Pour sa part, Israël était très inquiet des choix stratégiques de l’administration actuelle et des dynamiques régionales qui en résultaient. Aujourd’hui, si Israël est rassuré de l’engagement américain à ses côtés, il ne l’est que pour le court terme car la guerre de Gaza n’inverse pas ces dynamiques, au contraire elle les renforcent.

Depuis le début de l’administration Biden, les Israéliens et les Américains divergent au sujet de l’Iran. Les Israéliens souhaitaient obtenir de Washington l’assurance d’un « plan d’urgence opérationnel conjoint » en cas d’échec des négociations avec Téhéran, mais les Américains sont restés muets sur les moyens à adopter dans un tel scénario. Si, dernièrement, les États-Unis ont donné leur feu vert aux Israéliens pour une attaque en cas d’urgence sur les centres atomiques de l’Iran, ils n’ont pas précisé quel serait le niveau de leur soutien.

Israël est également inquiet des relations que développent les pays du Golfe avec la Chine. Sa principale crainte est de voir les technologies israéliennes exportées vers le Golfe parvenir ensuite en Chine et, de là, en Iran. Ils voient également un risque dans les investissements des entreprises du Golfe en Israël, car ces entreprises ont des liens de plus en plus étroits avec les entreprises chinoises.

Le reflux de l’influence américaine a donc des conséquences négatives sur Israël, car il doit à la fois composer avec les nouvelles orientations stratégiques américaines et avec les nouvelles dynamiques régionales qui confortent la position de l’Iran, alors que ses inquiétudes sécuritaires s’accroissent.

Mais les États-Unis se trouvent désormais engagés sur trois fronts. Alors qu’ils veulent contenir l’expansion chinoise en Extrême Orient, ils se trouvent désormais contraints de soutenir Israël qui est sans nul doute engagé dans un conflit à long terme. Écrire que la guerre de Gaza ne les arrange pas est un euphémisme.

 

Enfin, ils ne peuvent pas subir un échec spectaculaire en Ukraine sans remettre en cause leur suzeraineté sur l’Europe, ce qui minerait leur position hégémonique mondiale…

 

À SUIVRE 

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