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Le blog d'André Boyer

Le point de vue grec en 2022?

4 Mars 2012 Publié dans #ACTUALITÉ

Ce blog est issu d’une interview donnée le 19 février dernier au journal Libération par Roberto Lavagna, ancien ministre de l’économie du gouvernement argentin. Il poursuit notre réflexion sur la crise grecque.  

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On peut comparer à plusieurs égards la crise argentine de 2001-2002 et la crise grecque. L'Argentine avait établi une parité fixe entre le peso et le dollar, perdant ainsi le contrôle sur sa monnaie comme c’est le cas de la Grèce avec l'euro. Il en résultait que l’Argentine était liée par un taux de change fixe avec les Etats-Unis alors que sa compétitivité sur le marché mondial était beaucoup  faible, comme la Gréce par rapport à l’Allemagne. En 2002, l'Argentine était en recession depuis quatre ans, comme la Grece exactement dix ans plus tard, avec un gigantesque  déficit fiscal, un lourd déficit des comptes courants, une chute vertigineuse du PIB, un endettement énorme et l'explosion du chômage. Donnée agravante par rapport à la Grèce d’aujourd’hui, sa situation sociale était bien pire et, malchance ou chance, l'Argentine était un pays isolé alors que la Grèce fait partie de l'Union Européenne. 

Depuis le début de la crise, en 1998, l’Argentine avait bénificié de   deux programmes du FMI pour un total de 51 milliards de dollars. Les deux avaient échoués et une demande supplémentaire de rallonge de crédit de 17 milliards de dollars était en cours. C’est alors, en avril 2002, que l’Argentine a décidé de renoncer à ces crédits en s’engageant à payer les intérêts de la dette déjà due et une partie du capital, tout en demandant un roll over partiel de ses écheances. Elle a alors mis fin au soutien qu’elle accordait aux banques, soutien qui était l’une des conditions éxigées par le FMI pour accorder un nouveau prêt. 

Il faut observer ici que le FMI offre toujours le même prêt à porter pour ses contrats d'ajustement, qui consiste à diminuer les prestations publiques, les salaires, les pensions, les aides et même les travaux publics, pour consacrer l'argent économisé à payer les créanciers. Tout se passe comme si l’objectif principal du FMI consistait à protéger en priorité les prêteurs, le redressement économique du pays endetté étant pour lui un objectif secondaire. Il ne se demande pas si la Grèce ne devrait pas plutôt investir dans l'éducation, les sciences et la technologie, financer des infrastructures et accroitre sa productivité, plutôt que de réduire les salaires et les retraites afin de rembourser en priorité  ses créanciers.  

C’est que l’on oublie, lorsque l’on suit aveuglément les recommandations des banquiers, que leur business consiste à vendre de l’argent. C’est pourquoi ils frappaient déja à la porte de l’Argentine en 2005, deux jours après l’achévement de la restructuration de sa dette. En vain. Car cette dernière se refuse à emprunter avant 2014, date à laquelle sa dette ne représentera plus que 30% du PIB, la moitié seulement de ce qu’exigent les critères de Maastricht. L’Argentine estime désormais qu’il vaut mieux que son budget ne dépende pas trop des banques qui travaillent sur le marché international.  

On est loin de la Grèce de 2012 mais peut-être assez proche de la Gréce de 2012 : une fois qu’elle sera sortie de la crise, le gouvernement grec y regardera à deux fois avant de revenir solliciter « l’aide » des banques sur le marché financier mondial. 

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M
<br /> Pour autant que je me souvienne, l'Argentine a non seulement fait défaut sur une grande partie de sa dette mais dévalué fortement par rapport au dollar. Après être entrée en récession (effet de<br /> court terme habituel des dévaluations), au bout de 3 ans la croissance est repartie sur un rythme très rapide.<br /> <br /> <br /> En sus des analyses, toujours pertinentes, d'André sur la crise de la zone euro on pourra lire :<br /> <br /> <br /> http://mondesfrancophones.com/espaces/politiques/chronique-martienne-9/<br />
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