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Le blog d'André Boyer

LA CHINE ENFIN

5 Septembre 2021 , Rédigé par André Boyer

LA CHINE ENFIN

On le sait, 1989 fut une année fertile en évènements importants, à commencer par la chute du mur de Berlin, le 9 novembre. Mais cet évènement a été précédé par les manifestations de la Place Tian’anmen qui ont eu lieu d’Avril à Juin 1989.

 

Pour moi, en tant qu’individu, l’année 1989 fut également fertile en évènements remarquables. J’ai déjà mentionné dans des billets précédents les actions que j’ai conduites cette année-là à Madagascar, en Algérie et en Bulgarie, mais la plus importante, et aussi la plus dangereuse, s’est déroulée en Chine.

Les accords entre la Chine et la France relatifs à l’ouverture d’une première école de gestion française à Tianjin avaient été signés les années précédant l’année 1989. Il restait à organiser pratiquement le début de la formation, notamment en sélectionnant les étudiants chinois qui y participeraient.

Nous avions conçu un mode de sélection en deux étapes, écrit puis oral. Utilisant le Quotidien du Peuple, qui, à l’époque, tirait à sept millions d’exemplaires, nous avions largement informé les futurs étudiants de notre programme de formation dans un encart publicitaire qui y fut diffusé fin 1988. Puis, au début 1989, nous avions fabriqué, avec l’aide d’une quinzaine d’universités dispersées dans tout le pays, un examen écrit comprenant une épreuve d’anglais et une épreuve de mathématiques. Toutes les copies reçues,  près d’un millier, avaient été centralisées dans le service culturel de l’Ambassade de France qui avait fait procéder à leur correction.

En avril 1989, nous avions finalement sélectionné quatre-vingt-dix candidats qui étaient convoqués à l’Université Nankai à Tianjin en juin 1989 pour être entendus et sélectionnés par un jury composé de deux professeurs qui viendraient de France. L’idée était de retenir une trentaine d’étudiants et d’en renvoyer une soixantaine dans leurs organisations d’origine. Certains devaient parcourir des milliers de kilomètres en train, pendant parfois une semaine ou plus, pour participer à la sélection orale.

Puis sont arrivés les évènements de Tian’anmen.

Avec un trouble croissant, nous avons pris connaissance des manifestations qui se tenaient à Pékin. Pendant que les journalistes occidentaux saluaient la victoire « irrésistible » du mouvement démocratique, rappelant avec une naïveté dont on a pu ensuite mesurer l’étendue, l’incompatibilité supposée entre le capitalisme et la dictature, nous étions tout simplement inquiets pour la pérennité de notre programme dans un contexte révolutionnaire.

Cette inquiétude s’est encore accrue en entendant les déclarations du Premier Ministre, Michel Rocard, qui prétendait, sinon rompre, du moins geler la coopération (donc notre projet !) entre la France et la Chine pour manifester sa réprobation de la répression subie par les étudiants révoltés.

Pour essayer de réduire la portée de la position politique du gouvernement, j’ai hardiment tenté d’influencer les médias français en faveur d’un jugement plus modéré sur les évènements de Tian’anmen, en sollicitant l’aide d’un parent bien placé au sein de la Télévision Française, en vain évidemment.

C’est alors que les responsables de notre programme, les Ministères des Affaires Étrangères et de l’Éducation Nationale ont manifesté leur résistance, puis leur opposition à l’envoi de deux professeurs pour sélectionner les étudiants. Comme j’avais indiqué depuis le début de l’année mon souhait de participer à ce jury, cette opposition s’est manifestée en ce qui me concernait successivement aux niveaux du Recteur, du Président de l’Université et du Directeur de l’IAE de Nice. Aucun d’entre eux n’était prêt à signer un ordre de mission pour que je puisse me rendre à Pékin. Or, si personne n’y allait, les conséquences les plus graves attendaient les étudiants que nous allions abandonner à leur sort à Tianjin.

Je n’étais pas du tout résigné à accepter que le gouvernement chinois, le gouvernement français, les manifestants sur la place Tian’anmen ou plus pitoyable encore, quelques universitaires et fonctionnaires frileux, se mettent en travers de mon chemin, chemin que j’avais tracé depuis mon séjour à Pékin en 1985 !

Heureusement je n’étais pas seul dans cette détermination inflexible ou obstinée, comme vous voulez, de lancer le projet « IAE de Chine » coûte que coûte. La FNEGE et son secrétaire général, Jean-Claude Cuzzi, hommage lui soit rendu ici, étaient prêts à soutenir ce déplacement, malgré les risques.

 

Aussi décidais-je d’aller envers et contre presque tous à Tianjin en passant par Pékin pour sélectionner nos étudiants, sachant qu’aucun autre volontaire n’était prêt, ni à se substituer ni à se joindre à moi. J’ai failli avoir tort, car il s’en est fallu de peu que j’y perde la vie.

 

À SUIVRE

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