Le Parti Pirate défend les libertés
1 Juin 2009 Publié dans #ACTUALITÉ
La Suède montre souvent l’exemple en Europe, notamment dans le domaine social. Cette fois ci, c’est la liberté des citoyens qu’elle défend autour du débat sur le téléchargement.
Créé le 1er janvier 2006 par Rick Falkvinge, 37 ans, ancien membre des jeunesses du parti libéral de centre droit, le Piratpartiet (Parti pirate) est en position de rassembler de 5% à 10% d'intentions de vote le 7 juin prochain et d’envoyer deux députés au Parlement européen sur le total de 18 sièges attribués à la Suède. Ce serait un assez joli pied de nez aux politiciens suédois, au moment précis où la Suède s’apprête à prendre pour six mois la présidence de l’Union Européenne.
Le Piratpartiet se définit comme un mouvement pour les droits civiques, en demandant que les libertés civiles aient cours également sur le Web. Comme il est interdit aux services postaux d'ouvrir les lettres des particuliers ou que personne n'oserait proposer de répertorier les journaux que nous achetons, il devrait être interdit à l’État d’enregistrer et de pister les sites que visitent les internautes, que ce soit des sites de rencontres, d'information, de réservation de voyages.
L’argument de la protection de l’industrie des biens culturels paraît obsolète au Parti Pirate. Si des consommateurs veulent payer pour des produits culturels, des entrepreneurs sauront leur offrir des produis adaptés. Mais si les mêmes personnes ne veulent pas payer pour ces produits, alors aucune loi ou monopole ne sera capable de les forcer à payer pour des biens qu'ils ne désirent pas. Ce que les politiciens ne comprennent apparemment pas, c’est que le Web est bidirectionnel, qu’il s’agit d’un un réseau de pairs où chacun est l'égal de chacun et où la navigation ne peut être entravée par qui que ce soit. Ils croient qu’il est possible de diviser les internautes en deux groupes, d’un côté les émetteurs approuvés par l’État qui sont supposés fournir des contenus au marché et les autres qui sont censés se comporter en receveurs passifs, des consommateurs dont le seul droit serait de se taire et de payer pour accéder à ces contenus.
Ce faisant, les politiciens confondent Internet et les réseaux de télévision câblée. Ils ne se rendent pas compte que sur Internet, chaque personne connectée participe à l’échange, et que chacun se fiche des soi-disant offres compétitives qu’ils se proposent d’encourager. Ils n’arrivent pas à comprendre, et c’est assez naturel au fond, qu’Internet est une innovation du même ordre d’importance que l’invention de la presse.
Pendant que les Suédois s’organisent pour chasser les politiciens rétrogrades, l’État s’accroche en France à la loi Hadopi, qui prétend couper l’accès à Internet à toute personne qui téléchargerait « illégalement » un produit culturel, tout en affirmant qu’il n’attente de la sorte en rien à la liberté des citoyens. Dans le dessein affiché de protéger les intérêts d'une partie de l'industrie culturelle, les députés français ont créé un tribunal d’exception, l'Hadopi, qui aura pour charge d'avertir et de sanctionner des internautes dont le seul tort avéré aura été que leur adresse IP apparaisse sur des relevés d'infractions effectués, on ne sait trop par quelle méthode, par des ayants droit. Et le seul moyen pour l'internaute innocent de plaider sa bonne foi auprès de l'Hadopi sera d'avoir installé au préalable un logiciel de sécurisation labellisé par l'Etat, qui sera contrôlé à distance et en permanence par une société privée. Ce sera un véritable spyware que l'État compte imposer aux internautes par l’État, contre tous les principes de la liberté d’expression.
En toute sincérité, je souhaite bon courage aux futurs candidats aux élections qui se réclameront de la loi Hadopi. Il leur en faudra, le soir des résultats…