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Le blog d'André Boyer

EN MÊME TEMPS, LA CONVENTION...

9 Février 2024 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

MERVEILLEUSES ET INCROYABLES

MERVEILLEUSES ET INCROYABLES

À la surprise générale, la chute de Robespierre provoqua la fin de la Terreur.

 

Ce n'est pas que la Convention renia la Terreur, notamment en décidant de transférer, le 21 septembre 1794, les restes de Marat au Panthéon. Mais dans l'opinion, les esprits évoluaient plus rapidement qu’à la Convention si bien que cette dernière dut se résoudre à expulser du Panthéon ces restes devenus entretemps odieux.

Les députés du Marais furent les premiers à comprendre le nouveau rôle que l’on attendait des Conventionnels : devenir des libérateurs. On écarta les Montagnards les plus impliqués dans la Terreur et, par un jeu d'équilibre bien politique, la droite de la Convention. Puis, début août 1794, plus de cinq cents suspects furent libérés, tandis que des milliers de personnes sortaient de leurs cachettes.

Une campagne de presse était lancée contre les Jacobins et les sans-culottes et, au théâtre, des pièces anti jacobines étaient applaudies. Le refus de la Terreur et le rejet de la Révolution s’exprimaient par des tenues vestimentaires et des modes de vie symbolisés par les muscadins qui portaient dix-sept boutons de nacre pour évoquer Louis XVII et un collet noir autour du cou pour rappeler la mort de Louis XVI. Les merveilleuses n’étaient pas en reste qui protestaient contre la rigueur révolutionnaire par des tenues savamment déshabillées, blanches et vaporeuses.

Le refus de la Terreur engendra une contre terreur qui ajouta deux mille morts aux quarante mille victimes directes de la Terreur. Les muscadins ne se gênaient pas pour molester les sans-culottes, les bonnets rouges et les colporteurs des derniers journaux jacobins. En province, la réaction anti jacobine fut souvent violente, singulièrement dans le Sud-Est. Dans le Midi, à Lyon et à Tarascon, il y eut des émeutes sanglantes. La Compagnie de Jéhu mena la chasse contre les Jacobins compromis par la Terreur et contre les acheteurs de biens nationaux.

La Convention procéda à la réintégration des Girondins et ferma le club des Jacobins. Elle cherchait un impossible équilibre en proposant une amnistie à la Vendée tout en célébrant le 21 janvier comme le jour de « la juste punition du dernier roi des Français ». Elle se refusait à payer les prêtres et les frais d'entretien des bâtiments religieux, mais restaurait la liberté des cultes le 21 février 1795 selon la proposition de Boissy d’Anglas, tout en interdisant les processions, les sonneries de cloches et les habits ecclésiastiques.

Si la Terreur comme système politique était achevée, son système économique subsistait. Ce n'est qu’à la fin du mois de décembre 1794 que la Convention se résigna à supprimer la loi sur le maximum, inefficace face au marché noir. Du coup la valeur de l’assignat chuta brutalement. Le terrorisme, la lutte contre la religion, la pénurie organisée s'effondraient par pans.

Il restait que les paysans étaient les grands bénéficiaires économiques de la vente des biens nationaux et de l’affranchissement des droits seigneuriaux, mais que le principal appui du pouvoir était constitué par la masse des soldats de la Révolution qui considéraient comme un acquis de la Terreur d’être parvenus en quelques mois à des grades inespérés sous l'Ancien Régime. Mais nostalgiquement, le peuple rêvait du bon vieux temps de la royauté comme les résultats des élections l’ont montré de manière éclatante.

Du fait d'un pouvoir très centralisé, les Conventionnels régicides gouvernaient contre le peuple. Car, parmi les 387 conventionnels qui avaient voté la mort de Louis XVI en janvier 1793, il en restait environ trois cents qui étaient unis pour sauver leur peau. En 1795, ces trois cents devaient se garder à gauche et à droite, à gauche contre les Jacobins « non nantis » et à droite contre les soutiens de Louis XVIII qui les menaçaient de l'échafaud en cas de Restauration.

Ils craignaient enfin les revendications d’un peuple affamé qui, comme le note Mallet en décembre 1794 « est devenu indifférent à la République comme à la Royauté, et ne tient qu'aux avantages locaux et civils de la Révolution ».

 

Les Conventionnels régicides allaient montrer qu’ils s’accrochaient becs et ongles au pouvoir, mais que la situation ne serait pas tenable très longtemps.

 

À SUIVRE

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