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Le blog d'André Boyer

LA FIN INOPINÉE DE LA TERREUR

11 Janvier 2024 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

LA FIN INOPINÉE DE LA TERREUR

Le 26 décembre dernier, j’ai décrit l’arrestation de Robespierre sous le titre « La fin de l'aventure de Robespierre ». Le voici en route vers son exécution.

 

Maximilien Robespierre, blessé à la mâchoire, fut installé dans un fauteuil de cuir rouge. Sa mâchoire inférieure étant détachée, on passa une bande sous son menton qui fut nouée sur sa tête. Vers six heures et demie du matin, on le conduisit au Comité de sûreté générale où on l’étendit sur une table (on le voit représenté ainsi dans le tableau qui illustre le billet précédent). Blessés ou pas, les vingt-deux accusés, dont Robespierre, furent ensuite conduits à la Conciergerie pour que leur identité soit constatée, avant qu’ils ne soient jugés et condamnés sans possibilité de se défendre, puisqu'ils avaient été mis hors-la-loi par la Convention. Ce fut le célèbre Fouquier-Tinville* qui fut chargé de la mise en scène macabre qui consistait à condamner ceux qui étaient ses maitres quelques heures auparavant.

Le 28 juillet 1794, à 16 heures 30, les charrettes qui transportaient les condamnés, dont Robespierre, sortirent de la cour du Tribunal et débouchèrent sur les quais. Elles traversèrent Paris aux cris de « Foutu le maximum » : c’était le blocage des salaires que dénonçaient les ouvriers parisiens, qui n’étaient en revanche guère reconnaissants à Robespierre du blocage des prix.

Ils gagnèrent le lieu de l'exécution, place de la Révolution, l'actuelle place de la Concorde, où les charrettes les transportant arrivèrent à 18h15.Prenant place sur la liste de la longue cohorte des soixante-deux mille suppliciés des neuf derniers mois, Maximilien de Robespierre fut ce jour-là le dixième exécuté sur vingt-deux. Un des aides du bourreau arracha sans ménagement les linges qui soutenaient sa mâchoire, puis il fut placé sur la bascule et le couperet tomba. Sa tête fut montrée aux assistants qui, bon public, applaudirent !

Les vingt-deux têtes furent placées dans un coffre en bois et les corps furent rassemblés sur une charrette qui se dirigea vers le cimetière des Errancis**. On jeta les têtes et les troncs dans une fosse commune et on répandit de la chaux vive pour que le corps de Maximilien Robespierre ne laisse aucune trace.

Le lendemain, soixante et onze autres Jacobins furent exécutés et le surlendemain douze autres encore passèrent à l'échafaud. Des rafles furent ensuite opérées parmi les membres du Conseil général de la Commune, conduisant à d’autres exécutions.

Paradoxalement, alors que Robespierre était tombé pour s’être attaqué à la gauche du Comité de Salut Public, il incarnait tellement la Terreur que sa mort y mis fin, sans que les membres de la Convention l’aient vraiment décidé. Cela commença le matin du 28 juillet 1794, lorsque les députés de la Convention, surpris, furent accueillis par des acclamations à leur sortie des Tuileries.

En quelques semaines, la chute de Robespierre provoqua le démantèlement du gouvernement révolutionnaire, emporté par la réaction thermidorienne : les comités furent renouvelés, les comités de salut public et de sûreté générale virent leurs compétences limitées aux domaines de la guerre, de la diplomatie et de la police, la loi de Prairial qui privait les accusés du droit de défense et de recours fut supprimée, les comités de surveillance révolutionnaire furent en pratique fermés aux sans-culottes. 

 

Les bourreaux d'hier étaient devenus les libérateurs d’aujourd’hui !

 

*Antoine Fouquier-Tinville sera pour sa part guillotiné neuf mois plus tard, le 7 mai 1795. Il avait acheté la charge de Procureur du Roi en 1774 qu’il avait revendu en 1783, croulant sous les dettes spéculatives. À l’amorce de la période de la Terreur, il devint, grâce au « piston » de son cousin Camille Desmoulins, directeur d'un jury d'accusation du tribunal extraordinaire, créé en août 1792 pour juger les partisans du roi.

Puis, le 10 mars 1793, il fut nommé accusateur public du Tribunal Révolutionnaire créé par la Convention. Il fut notamment chargé de mettre en accusation nombre de femmes comme Charlotte Corday, Marie-Antoinette, madame du Barry, la sœur de Louis XVI, Élisabeth, les Carmélites de Compiègne mais aussi des milliers de Girondins, d’Hébertistes et de Dantonistes. 

Au lendemain du 10 thermidor, ayant accompli sa tâche, il fut renouvelé dans ses fonctions, avant de subir un décret d’arrestation trois jours plus tard, étant accusé de nombreuses irrégularités qui consistaient à avoir fait exécuter des personnes qui n'avaient été ni jugées ni condamnées.

Il se défendît en se présentant classiquement comme un exécutant, mais on jugea sans doute que le nombre énorme de personnes qu'il avait fait guillotiner faisait désordre, qu’il fallait un coupable et que l’accusateur public l’était, assurément.

 

** Le cimetière des Errancis était situé dans le 8e arrondissement actuel. Il tire son nom d'un lieu-dit, qui signifiait en ancien français « les estropiés » parce que s'y trouvait auparavant une Cour des Miracles où les malheureux y simulaient des infirmités de toute espèce pour exciter la pitié des passants qui en retour les appelaient des errancis, des estropiés.

 

À SUIVRE

 

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