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Le blog d'André Boyer

RICHELIEU ANNONCE LOUIS XIV

3 Avril 2022 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

LE CARDINAL DE RICHELIEU

LE CARDINAL DE RICHELIEU

Après Henri IV et l’intermède de la Régence, Louis XIII poursuivit ardemment la politique d’accroissement de la puissance royale, au prétexte du coût pharamineux de la guerre de Trente ans.

 

L’installation des intendants dans les provinces et la centralisation administrative qui jouait au bénéfice de la ville de Paris montrent combien le poids de l’État s’appesantit sur l’ensemble de la société française. Le fait que Louis XIII ait pu s’offrir le luxe de soutenir envers et contre tous un Richelieu contesté de toutes parts donne une idée de la force de l’absolutisme royal sous son règne. 

De 1624 à sa mort, Richelieu fut durant dix-huit années le principal ministre de Louis XIII, mettant toute son énergie à renforcer le pouvoir du roi, même si le sien propre a parfois semblé vaciller sous les coups des conjurés. Son programme consista à « ruiner » le parti huguenot, à rabaisser « l’orgueil » des grands, à ramener tous les sujets à leur « devoir » et à relever le « prestige » du roi auprès des nations étrangères.

Or, la France du XVIIsiècle restait un ensemble disparate. Les pays d’états avaient des privilèges que n’avaient pas les pays d’élections. Chaque ville avait des libertés qu’elle entendait bien défendre. L’Edit de Nantes donnait aux Protestants des places de sûreté, le droit de réunion, le droit de représentation auprès du souverain, ce qui outrageait la doctrine de la monarchie absolue qui avait cours chez les officiers de justice, lesquels cherchèrent donc à amoindrir les pouvoirs des justices seigneuriales. On installa à côté des grands fiefs des « juges d’appeaux » pour attirer les causes des justiciables. Le Conseil du roi devint le suprême arbitre des différends entre tous les sujets. La coutume de Paris, par-delà la diversité des coutumes locales, tendit à devenir un « droit commun coutumier » français. Une nouvelle étape vers la centralisation fut franchie avec la multiplication des intendants de justice, de police et de finance.

En raison des guerres incessantes, les besoins grandissants d’argent conduisirent l'État à augmenter tailles et gabelles et à affermer l’impôt à des traitants fort impopulaires auprès des populations. Pour percevoir l’impôt, la monarchie eut recours non plus à des officiers, mais à des commissaires, toujours révocables, à la différence des premiers.

Richelieu a cherché à agir en faveur du pouvoir royal avec progressivité et prudence, veillant à ce que la parole du Roi soit respectée, tout en ne laissant jamais impunies la rébellion ou la résistance au pouvoir du Roi. Il a recherché l’unité religieuse sans l’imposer par la violence. C’est ainsi qu’il a supprimé les privilèges politiques des Protestants en menant le siège de La Rochelle avec une détermination implacable, mais a su faire preuve de modération en confirmant les privilèges religieux de l’Édit de Nantes.

À partir de 1629, il a convaincu le roi de pratiquer une politique étrangère plus agressive qui provoqua l’accroissement automatique de la pression fiscale et corrélativement des révoltes populaires dans presque toutes les provinces. Il ne réussit à renforcer l’emprise du pouvoir royal sur tout le pays qu’au prix d’une fiscalité écrasante, provoquant une extrême misère du peuple de France. Aussi la nouvelle de sa mort faut accueillie par une multiplication des feux de joie dans la plupart des provinces du Royaume !

Richelieu exerça le pouvoir d’une main de fer pour ce qu’il croyait être le bien du royaume et il fut à ce titre l’un des plus grands hommes d’État que la France ait compté. Il est l’accoucheur d’une France où le pouvoir de l’État ne connaît pas d’opposants, ce qui est toujours vrai. C’est pourquoi, si Charles De Gaulle a cru voir en lui le créateur de la France moderne, j’écrirais plutôt pour ma part qu’il fut le créateur de l’État français moderne.  

Après Louis XIII, Louis XIV s’empara de cet outil étatique qu’il exploita avec une telle intensité qu’il parvint à épuiser les ressources du pays, pourtant remarquables.

Il commença par exercer tout le pouvoir et tout de suite. Quelques heures seulement après le décès du Cardinal Mazarin, le 10 mars 1661, jeune roi de vingt-deux ans, il réunit son Conseil sans perdre un instant. Se tournant vers le Chancelier Séguier, il déclara : « Je vous ai fait assembler avec mes ministres et secrétaires d’État pour vous dire que jusqu’à présent, j’ai bien voulu laisser gouverner mes affaires par feu Monsieur le Cardinal ; il est temps que je les gouverne moi-même. »

 

Et c’est ainsi que, pendant cinquante-quatre années, de 1661 à 1715, il régna en monarque absolu, exigeant l’obéissance à l’intérieur du royaume et cherchant sans trêve à s’imposer au-dehors.

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