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Le blog d'André Boyer

CE N'ÉTAIT PAS MON MOMENT

9 Avril 2022 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE

ÇA ARRIVE, MÊME À MC ENROE

ÇA ARRIVE, MÊME À MC ENROE

J'avais beaucoup bougé, j'avais trop bougé au cours des deux ou trois années qui venaient de s'écouler. Avant même 1989, j'avais été saisi dans le mouvement de la mondialisation qui s'annonçait et qui allait connaitre sa pleine mesure après la chute du mur de Berlin en novembre 1989. Il me restait à en payer le prix.

 

La Chine, l'Algérie, Madagascar, la Bulgarie, le Canada, entre autres : on a pu constater la variété de mes déplacements, de mes projets et de mes actions, dans les six années qui ont suivi mon retour du Sénégal, le 1er décembre 1983. Mais l'année 1989 s'acheva pour moi par l'échec de ma candidature à la direction de l'IUT de Nice.

En outre, mes mouvements en tout sens, une fois pour un projet de formation, une fois pour la gestion d'un programme, une fois pour un cours, une fois pour un long séminaire, avaient des effets négatifs sur ma vie familiale et sur mon équilibre personnel. Il était temps de chercher un équilibre, de retrouver dans sa profondeur le sens de la vie, il était temps de souffler.

J'essayai de retrouver mon inspiration dans les livres. La lecture d'En Quête de mots de mon ami Driss Alaoui était toujours salutaire. Quelques philosophes indiens aussi, Scott Peck et son chemin le moins fréquenté, le très rationnel Stephen R. Covey, mais également Robert M.Pirsig, Paul Watzlawick, le célèbre Paulo Coehlo ou Erich Fromm. De tous ces ouvrages jaillissaient de profondes vérités qui me secouaient plus qu'elles ne m'inspiraient dans mes actions.

Car j'étais lancé en ce début d'année 1990 dans une course à la création de formations en gestion qui était en train de s'accélérer au moment où, d'un point de vie personnel, il aurait mieux valu ralentir. Si je sus tout de même refuser la proposition amicale de la FNEGE de demander un poste à Paris pour mieux travailler avec elle au lancement et à l'organisation de nouveaux programmes, je ne parvins pas à m'extraire des propositions nouvelles qui me parvenaient, en relation avec l'ouverture des pays de l'est de l'Europe.

J'avais émis l'idée de créer un "IAE International" qui rassemblerait les propositions de tous les IAE pour créer des formations en gestion à l'étranger. Mais là encore, ce n'était pas mon moment, car cette idée ne connut pas le succès escompté. Je pensais installer cet "IAE international" à Sophia Antipolis, mais tous mes collègues n'étaient pas enthousiastes et le directeur de l'IAE de Nice émis l'idée de le lancer à Metz.

Pourquoi Metz ? Le maire de Metz, Jean-Marie Rausch, à l'époque ministre de l'Industrie, avait de l'ambition pour sa ville et de l'argent public à distribuer. Il me reçut au Ministère et m'offrit la possibilité de doubler mon salaire de professeur si je prenais la direction de l'IAE de Metz et développais le projet d'IAE International.

Pour me rendre compte de la viabilité du projet, j'acceptais de donner quelques cours à l'IAE de Metz. Je découvris la monumentale gare de Metz et la proximité des étudiants messins avec l'Allemagne et le Luxembourg, mais je ne fus convaincu ni par la perspective de m'installer à Metz, ni par la capacité de faire de l'IAE de Metz le chef de file de l'ensemble des IAE français vers le monde. En outre, la FNEGE voyait d'un mauvais œil ce projet, qui, malgré mes dénégations, menaçait selon eux de les concurrencer.

J'y renonçais donc, mais ce projet eut des conséquences aussi importantes qu'imprévues sur la suite de ma carrière car je saisis l'occasion de ce déplacement pour m'arrêter à Strasbourg et aller voir ma collègue Sabine Urban qui dirigeait avec brio l'IECS, l'école de commerce historique de l'Alsace.  Sabine prit note que je n'excluais pas tout à fait de m'installer dans l'Est de la France, si les circonstances s'y prêtaient.

J'avais pris rendez-vous avec Sabine Urban à Strasbourg, mais je ratais le train Metz-Strasbourg. J'organisais alors un scenario typique d'une scène de film en demandant à un taxi de rattraper le train. Le taxi n'y parvint pas, il parait d'ailleurs que c'est impossible sauf si c'est un tortillard, mais il arriva avec quelques minutes de retard seulement à Strasbourg, ce qui me permit d'honorer mon rendez-vous.

On a vu pourquoi je n'étais pas dans la meilleure passe de ma vie au cours de l'année 1990, mais je parvins tout de même à poursuivre une activité universitaire à peu prés normale en faisant soutenir à Clermont-Ferrand, où je commençais à enseigner régulièrement avec l'appui de mes amis Yves Negro et Jean-Pierre Vedrine, la thèse de Nelly Molina, sur "L'examen d'un processus d'analyse typologique." qui concernait le monde médical dont son époux était une personnalité éminente. Pour sa part, Nelly Molina était dynamique et tout à fait attachante, et elle a connu par la suite de grands succès dans la poursuite de ses activités universitaires à Paris.

Cette année-là, je n'écrivais qu'un article sur ce qui constituait ma principale préoccupation professionnelle "Gestion à la Française : que pouvons-nous apporter à l'Europe de l'Est ?" qui ne fut publié dans la Revue Française de Gestion que l'année suivante. 

Au printemps, malgré mon souci de ne plus trop me déplacer, je donnais un dernier cours à Damas, dans cette ville et ce pays alors pleins de vie, un cours qui eut lieu au CERS, lequel fut plus tard détruit par un bombardement américain.

De même, décidément c'était une période de fin de cycle, j'étais chargé pour la dernière fois d'un "Summer Doctoral Seminar in Marketing », auprès de Queens University, à Kingston, en Ontario, au Canada. Kingston, ma ville nord-américaine rêvée et qui le reste.

 

Une étape de ma vie s'achevait et bien sûr une autre commençait sans que j'en prenne conscience : dans le cadre de mes créations de formation à l'étranger, je lançais en 1990 à Prague ce qui allait devenir la plus belle de mes réussites, grâce et uniquement grâce à celle qui s'empara du projet sans jamais faiblir, pour le construire, le défendre et le développer.        

 

À SUIVRE

 

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