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Le blog d'André Boyer

Les étranges défaites de la Guerre de Cent Ans

21 Novembre 2010 Publié dans #HISTOIRE

Dans le Blog du 11 novembre dernier, je présentai le règne de Philippe le Bel, créateur du pouvoir centralisé de l'Etat Français. Après son règne, les XIVe et XVe siècles sont des temps de crise, notamment en raison de la Peste. La guerre de Cent Ans qui se déroule en France à partir de 1328 n'est pas une guerre populaire mais une guerre entre deux factions du pouvoir central. Elle est encore aujourd'hui révélatrice de la manière dont la France est gérée. 

bataille-crecy-france_-1157402.jpgLa guerre de Cent Ans présente un double intérêt pour notre époque moderne, par ses motifs et le résultat des batailles. Par ses motifs, car cette guerre a eu lieu parce que les cercles du pouvoir en France ne voulaient pas céder leurs prérogatives, quoi qu’il en coûte au pays. Elle est le résultat du conflit entre deux prétendants au pouvoir de la superpuissance qu’était alors la France. En 1328, Philippe de Valois a été  choisi comme Roi de France parce que l’entourage du roi défunt, son cousin Charles IV Le Bel, ne voulait pas être évincé par l’équipe du roi d’Angleterre, Edouard III, pourtant petit fils de Philippe le Bel alors que Philippe de Valois n’est que son neveu.

C’est un décision que l’on présente comme l’expression d'une conscience nationale naissante : les pairs de France refusent de donner la couronne à un roi étranger, en pratique à un roi qui leur est étranger. Mais est-ce l’intérêt de la France que de déclencher une guerre dynastique ? Ils ne se posent pas la question, donnant la priorité au maintien du pouvoir sur toute autre considération, ce qui est une figure qui se retrouve tout au long de l’histoire de France.

La guerre de Cent Ans est aussi intéressante, pour notre époque, par le résultat des batailles. Elle met en relief l’inefficacité de l’armée française, qui s’appuie sur un pays exploité, démoralisé, appauvri par Philippe Le Bel et ses successeurs. Philippe VI, le nouveau roi a laissé  pour sa part la réputation d’un grand fêtard, selon le chroniqueur  Jean Froissart. Il  envoie à la bataille de Crécy ses chevaliers accompagnés d’une mauvaise piétaille, composée à cinquante pour cent de mercenaires génois. Ils trouvent en face d’eux une petite armée d’un modeste royaume. D’un côté quinze millions d’habitants, de l’autre trois millions, et ce sont les seconds qui gagnent !

En effet, à la bataille de Crécy (1346), trente mille hommes d'armes français et génois qui font face à moins de sept mille anglais, et ces derniers les bâtent à plat de couture. La victoire des Anglais à Crécy a été la victoire de l'obéissance sur l'indiscipline, de l'organisation sur l'imprévoyance, de l'arc anglais sur l'arbalète génoise, du commandement anglais sur le commandement français. Elle fut la première d’une longue série de batailles perdues par un pouvoir français arrogant, désorganisé et prodigue du sang de ses soldats. De Crécy à Mai 1940, les étranges défaites de la France se sont succédées, qui n’ont qu’une explication commune : un pouvoir central incapable de rassembler le pays autour de lui pour livrer bataille. Preuve en est à l’époque que les paysans français, loin de se mobiliser pour le roi de France comme le laisse entendre la belle histoire de Jeanne d’Arc, ont fui autant qu’ils l’on pu la mobilisation pendant toute la guerre de Cent Ans.

À partir de 1347, ce ne fut que successions de défaites, de révoltes, de complots, de trahisons, de capitulations. Le royaume de France en profita pour inventer l’impôt permanent, sous la forme d'une gabelle sur le sel, de taxes indirectes et d'impôts directs levés sur chaque feu : les fouages. Petit à petit, des trêves interrompirent la guerre qui reprit sporadiquement jusqu’au mois d’août 1415, date à laquelle le Roi Henry V d'Angleterre débarqua dans l'estuaire de la Seine.
azincourtarchersPour l’arrêter, Charles VI envoya à sa rencontre une armée forte d'environ vingt cinq mille hommes.

Henry V, quant à lui, ne disposait que de six mille hommes. Le 25 octobre, les deux armées se rencontrèrent près d’Azincourt. À nouveau la tactique française conduisit à une débandade, pire encore que la bataille de Crécy, puisqu’il y eut dix mille morts du côté Français contre six cent du côté Anglais.

Puis le conflit des Armagnacs et des Bourguignons domina le conflit qui s’acheva vers 1453 par la reconquête des territoires perdus par le roi de France, Charles VII. Incidemment, ce dernier fut aussi en novembre 1439 l’inventeur dupremier impôt permanent institué en France, la taille. La nouvelle menace venait désormais des ducs de Bourgogne, une menace que Louis XI  parvint à écarter.

 

Il faut souligner que Louis XI se préoccupa, qualité rare au sein des cercles du pouvoir français, d’encourager la prospérité économique, qu’il sut se montrer souple à l’égard des franchises des villes et du pouvoir de l’Église et qu’il parvint même, vertu rarissime, à réduire la pression fiscale. Un roi libéral.

 

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