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Le blog d'André Boyer

Les multiples sens du monde

24 Août 2013 Publié dans #PHILOSOPHIE

 

Je concluais mon dernier blog sur la pensée de Nietzsche, le 20 juillet dernier, intitulé « La volonté de puissance »,  en observant que l’on ne peut nier la volonté de puissance de l’espèce humaine, alors qu’elle est inhérente à la vie même.

 souffrance-copie-1.jpg

Dans un de ses derniers textes, Nietzsche récapitule sa pensée ainsi :

« Qu’est-ce qui est bon ? Tout ce qui élève en l’homme le sentiment de la puissance, la volonté de puissance, la puissance même.

« Qu’est-ce qui est mauvais ? Tout ce qui provient de la faiblesse.

« Qu’est-ce que le bonheur ? Le sentiment que la force croît, qu’une résistance est surmontée. » (L’Antéchrist, 2)

La vie ne se situe pas au sein  d’un ordre global de l’univers, mais dans chaque acte, chaque mouvement, en somme dans le sentiment de puissance que nous éprouvons.

Nous ressentons du plaisir quand notre puissance augmente, après avoir surmonté une résistance, et nous éprouvons de la douleur quand notre puissance diminue et que nous succombons à une résistance.

Mais alors, n’est-il pas absurde que de ne valoriser la vie que par rapport à l'étalon du sentiment de puissance ? Pourquoi se livrer à une course effrénée vers le toujours plus, en d’autres termes vers la croissance, au point de faire un drame de son absence, avec son cortège de chomeurs ?

Pour Nietzsche, la volonté de puissance est une surabondance de force que l’on a besoin d’extérioriser. Mais il ajoute aussitôt que l’accroissement de la puissance nécessite une organisation, suppose la construction d’un ordre au sein du chaos qu’est le monde. L’entropie, cet autre terme pour le chaos, nous guette sans cesse.

Aussi, imposer sa puissance, c’est donner un sens aux évènements et aux choses.

Cette volonté s'accompagne forcément d'une interprétation de la réalité : lorsque le lierre envahit un mur, il interprète sa surface comme un moyen de capter l’énergie émise par le soleil pour se développer.Il ne faut pas oublier que la volonté de puissance est associée à la vie en général, y compris humaine. Elle nous indique que l’on ne peut pas dissocier la connaissance et l’action, car la première implique toujours la seconde. La connaissance neutre n’existe pas, pas plus que les faits en soi: il n’existe que des interprétations, notre interprétation de la réalité.

Non, le monde n’est pas dénué de sens, contrairement à ce que soutiennent les nihilistes qui hantent la pensée unique. La réponse est, qu’au contraire, le monde fourmille d’une infinité de sens. Car, comme chaque être vivant interprète la « réalité » à partir de sa propre perspective, il coexiste une multitude d’interprétations du monde.

Proclamer que la vérité n’existe pas, c’est écrire qu’il n’existe pas de vérité unique, non pas qu’il n’existe pas de vérité du tout, mais que de multiples vérités sont possibles. Au lieu de nous replier, abattus, sur l’absence de vérité, augmentons notre puissance pour élargir notre vision de la vie, pour créer de nouveaux sens, plus élevés, plus riches, plus nuancés.

Zarathoustra proclame : « vouloir libère ! ». La volonté, en tant qu’interprétation créatrice de sens,  nous libère du nihilisme.

 

La volonté de puissance de Nietzsche est donc un appel à ne pas nous résigner : que se couche, épuisé, celui qui s’y refuse !

 

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