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Le blog d'André Boyer

L'EXPEDITION DU DUC D'ANVILLE

5 Avril 2017 , Rédigé par André Boyer Publié dans #HISTOIRE

Bataille entre le Nottingham et la Mars le 11 octobre 1746

Bataille entre le Nottingham et la Mars le 11 octobre 1746

 

En 1745, les troupes françaises et les mercenaires suisses stationnés à Louisbourg, mal approvisionnés, menaçaient de se mutiner.

 

C’est alors que les colons de la Nouvelle-Angleterre en profitèrent pour s’emparer de la colonie, le 3 juillet 1745. La garnison française fut rapatriée en France au mois d'août 1745, tandis que la plupart des pêcheurs étaient déportés, soit en France, soit au Canada.

Cette défaite soudaine entraina une enquête du Ministre de la Marine qui donna lieu à des condamnations. Mais la prise de Louisbourg était une initiative des colons de la Nouvelle-Angleterre qui visait à éliminer la concurrence française dans l'industrie de la pêche, tout en étant présentée comme une victoire du protestantisme sur le papisme. La forteresse resta sous le contrôle des colons de la Nouvelle-Angleterre pendant trois ans, un contrôle d’ailleurs couteux pour eux puisqu’ils y perdirent plus de mille cinq cent soldats du fait des mauvaises conditions sanitaires et des difficultés de ravitaillement.

Le roi Louis XV réagit en envoyant une forte escadre, sous le commandement du duc d’Anville, pour reprendre à la fois Louisbourg et l’Acadie péninsulaire. L'expédition représentait la plus grande force navale jamais regroupée vers l'Amérique du Nord et elle était appuyée par une seconde opération conduite depuis Québec par Jean-Baptiste Nicolas Roch de Ramezay.

En plus de reprendre l'Acadie des mains des Anglais, d'Anville avait reçu l'ordre de bombarder Boston et d'attaquer les Antilles anglaises. L'expédition rassemblait treize mille hommes et une flotte de 76 navires. L'équipement lent et difficile de la flotte ne lui permit d’appareiller depuis l’île d’Aix que le 22 juin 1746. Une tempête dans le golfe de Gascogne et des vents contraires rendirent la traversée difficile et lente. Le typhus et le scorbut apparurent à bord des navires.

La flotte resta encalminée pendant des jours aux Açores. Le 24 août 1746, l'expédition était en mer depuis plus de deux mois, mais était encore à trois cents lieues de l'Acadie. Il fallut attendre le 10 septembre pour que la flotte atteigne l’'île de Sable, une longue bande de terre située encore à trois cent kilomètres au sud est de la Nouvelle-Écosse. Trois jours plus tard, les navires étaient frappés par une violente tempête et plusieurs bâtiments étaient suffisamment endommagés pour devoir retourner en France.

Pendant ce temps, l'expédition de Ramezay, partie de Québec, était arrivée en Acadie centrale dés le mois de juillet 1746 avec près de sept cents soldats et vingt et un officiers. Ils campaient à Beaubassin où ils furent rejoint par trois cents Abenakis venus de la rivière Saint-Jean et trois cents Micmacs provenant de l'Acadie centrale. Trois mois durant, ils attendirent l'arrivée de la flotte du duc d'Anville.

Finalement, à la fin du mois de septembre 1746, bien tard dans la saison, après avoir enduré trois mois de navigation et perdu de ce fait des centaines de soldats et de marins morts du scorbut et du typhus et autant de malades, quarante-quatre vaisseaux seulement sur soixante seize jetèrent l’ancre au centre de la Nouvelle-Écosse dans la baie de Chibouctou, aujourd’hui Halifax, où l'expédition passa les cinq semaines suivantes, afin de soigner les malades et de se réorganiser.

Mais six jours après cette arrivée, le 27 septembre 1746, le duc d'Anville était emporté par la maladie et remplacé par Constantin-Louis d'Estourmel. Ce dernier décida d'envoyer mille cinq cent hommes de la flotte et trois cent hommes de l'expédition Ramezay pour attaquer Port-Royal mais il était si découragé qu'il démissionna presque aussitôt, après avoir fait une tentative de suicide.

Le commandement de l'expédition échut alors au gouverneur général de la Nouvelle-France Jacques-Pierre de Taffanel de La Jonquière, un des passagers de la flotte. Mais les hommes continuaient à succomber aux maladies au point que quarante pour cent des hommes qui avaient atteint Chibouctou avec la flotte étaient morts ou sérieusement malades. Puis la maladie s’étendit aux Micmacs, aux Abénakis et aux hommes de l'expédition de Ramezay.

Vers la mi-octobre, une troupe de près de trois cents hommes de l'expédition Ramezay arriva à proximité de Port-Royal. Pendant trois semaines, ils attendirent les navires qui devaient arriver avec les troupes et l'artillerie de siège. Treize navires, amenant 94 officiers et 1 410 soldats pour diriger le siège partirent vers Port-Royal mais au large des côtes du Cap-Noir, à 120 milles de Port Royal, La Jonquière changea d'avis. Il commanda à ses navires de retourner en France et ordonna à Ramezay de se retirer de Port-Royal.

De leur côté, les colons de la Nouvelle-Angleterre envoyèrent le colonel Arthur Noble et une centaine de miliciens de la Nouvelle-Angleterre pour reprendre le contrôle de l’Acadie. Mais De Ramezay les attaqua et les battit dans la bataille de Grand-Pré.

 

La tragédie de l'expédition du duc d'Anville eut de graves répercussions sur la confiance des Acadiens dans le soutien de la France à leur égard. On ne peut cependant pas écrire que la France n’a rien fait, ou pas suffisamment, pour défendre ses colonies en Amérique du Nord.

 

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