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Le blog d'André Boyer

VERS LA CONCEPTION D'UN PREMIER IAE EN CHINE

21 Mai 2020 , Rédigé par André Boyer Publié dans #INTERLUDE

L'ORIFLAMME DES IAE

L'ORIFLAMME DES IAE

Lors de mon séjour d'enseignement à Pékin, j’ai été frappé par l’absence de la France dans le milieu des affaires en Chine, alors qu’elle avait une forte position diplomatique du fait de la reconnaissance de la Chine par la VRépublique plus de vingt ans plus tôt, le 27 janvier 1964, à l’initiative du Général de Gaulle. 

 

Il y avait en effet un fort décalage entre l’excellence des relations diplomatiques entre la France et la Chine et le niveau très faible de leurs relations économiques, qui se limitait à quelques livraisons d’armement, notamment d’hélicoptères. 

Les Etats-Unis, La Grande-Bretagne et à sa suite l’Australie et le Canada ainsi que l’Allemagne étaient déjà bien présents, alors qu’ils avaient des relations diplomatiques avec la Chine nettement plus fraiches que la France. Le cœur pour la France, le business pour les autres. 

Je connaissais déjà l’immense réalisme des Chinois. La France devait l’être autant que la Chine. Cette dernière voulait des investissements français, elle voulait exporter en France ? Nous allions former ses cadres, les accueillir dans les futures filiales des entreprises françaises déjà présentes à Pékin, plus qu’à Shanghai ou Canton, des filiales qui vivotaient à l’état embryonnaire sous formes de pauvres petits représentants isolés dans des bureaux vides au milieu de nulle part, dans les improbables banlieues de la capitale chinoise. 

J’élaborais en quelques semaines ma doctrine. D’excellents collègues étaient déjà venus en Chine avant moi, comme mes amis Jacques Orsoni ou Jean-Claude Tarondeau. Je le savais à peine, mais je rencontrais notre Conseiller culturel avec qui nous avions des relations suivies. Je lui exposais mon idée qui, j’insistais lourdement, serait la sienne et ferait sa réputation. Il s’agissait de créer en Chine le premier centre de formation à la gestion, ce que j’appelais pompeusement le premier IAE en Chine. Pompeusement, parce qu’il s’agissait essentiellement de monter une formation en gestion, pardon en Sciences de Gestion, le CAAE, avec l’appui des IAE et de la FNEGE comme opérateur. 

Avant d’aller plus loin, je traduis ce charabia pour les non spécialistes : 

  • Pourquoi Sciences de Gestion et pas gestion ? Pour empêcher les économistes, fièrement arrimés aux Sciences Économiques de s’emparer du projet. À l’époque, on avait beaucoup de complexes chez les gestionnaires envers les économistes et on en a encore. 
  • CAAE : Certificat d’Aptitude en Administration des Entreprises. Dans les années 1950, Gaston Berger, alors directeur général des enseignements supérieurs au ministère de l’Éducation, décida de créer les premières filières de gestion en France en s'inspirant du système d'enseignement des Business Schools américaines induisant la création du CAAE, devenu plus tard Master en Administration des Entreprises (MAE) qui est toujours le diplôme-phare des IAE et qui a pour objectif au départ de former en un an des ingénieurs et désormais tous les détenteurs de formations non scientifiques. 
  • Les IAE : Instituts d’Administration des Entreprises, au départ des départements des Facultés de Droit et de Sciences Économiques destinés à délivrer le CAAE, avant qu’ils ne deviennent pour la plupart d’entre eux plus autonomes et qu’ils offrent d’autres formations en gestion. 
  • La FNEGE : la Fondation Nationale pour l’Enseignement de la Gestion des Entreprises, fondation reconnue d’utilité publique, a été créée en 1968 par l’État et les entreprises dans le but de développer et d'améliorer la qualité de l’enseignement supérieur de gestion. Son remarquable Secrétaire Général de l’époque Jean-Claude Cuzzi, ancien Conseil Culturel en Indonésie, manifestait un fort tropisme pour le développement de la formation à la gestion à l’étranger, qui contribuait à accroitre la formation des professeurs de gestion et à accroitre le rayonnement de l’enseignement de la gestion à la française. 

J’étais immergé dans ce milieu. J’étais professeur en Sciences de Gestion, j’avais bénéficié d’une bourse de recherche de la FNEGE à Wharton School, Philadelphie, j’avais suivi le CAAE de Nice en 1969 (et je suis toujours membre des Anciens), j’enseignais dans le CAAE depuis 1972 (et jusqu’en 2013), donc dans un IAE, celui de Nice. 

Il ne me restait plus qu’à mettre le projet en musique et à en convaincre le conseiller culturel. Pour m’aider à voir plus clair, ce dernier (dont j’ai oublié malheureusement le nom) décida de saisir l'opportunité de mon séjour d’enseignement à Pékin, pour m'envoyer en mission quelques jours à Chengdu sous le prétexte futile d’évaluer la faisabilité d’un projet à la limite de l’extravagance, qui consistait à accueillir dans une université parisienne des étudiants chinois qui s’intéressaient au Taôisme. Il me semblait que la France avait peu à apporter à la Chine en la matière, mais la logique administrative  française est capable de tout et n’a peur de rien, surtout pas de l’absurde. 

 

Le conseiller culturel a eu finalement une excellente idée : ce que j’ai découvert à Chengdu m’a laissé pantois. 

 

À SUIVRE

 

Prochain billet : une vocation d’éleveuse de moutons

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P
Merci de partager ces belles aventures épiques . Mes amitiés André<br /> AHh La nostalgie d'un temps où le débat anglais versus français avait encore cours....<br /> <br /> Ite missa est , desormais? ;)
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A
Pas du tout. <br /> Le passage à l'anglais est l'outil de la mondialisation, qui est en train de craquer sous la pression des contraintes écologiques. L'anglais universel en sera la victime, tandis que le français devra s'adapter à la croissance de sa pratique liée à celle de la démographie africaine. <br /> L'histoire ne s'arrête jamais. <br /> Amitiés, <br /> André
D
On est pressé de lire la suite.
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A
Eh oui, suspense...<br /> Amitiés, <br /> André