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Le blog d'André Boyer

Rome, la cité globale qui finit par se disloquer

20 Janvier 2009 Publié dans #PHILOSOPHIE

La réponse à l’échec des grands États hypercentralisés, ce fut la création de l’espace politique de la cité, dans laquelle la vie politique se confondait avec la vie quotidienne. Cette réponse est bien oubliée aujourd’hui, alors que les décisions qui affectent le citoyen sont toujours prises ailleurs, sans sa participation. Seule son approbation passive est sollicitée. Les peuples comme leurs dirigeants ont toujours tort de vouloir ignorer la leçon de l’histoire.

La voici :

Il y a moins de trois mille ans, à l’ouest du continent euro-asiatique, la Cité restait l’unité politique de base. Elle constituait un espace d’environ mille kilomètres carrés, que l’on pouvait parcourir à pied depuis la périphérie jusqu’au centre en une journée. Dans cette enceinte se jouait la vie politique quotidienne, s’exprimaient les liens familiaux, tribaux ou linguistiques et se manifestait la présence des morts.

Rome est l’archétype de l’Empire qui se constitue en agrégat de Cités. Le lien entre la Cité et l’Empire se noue au travers d’un énorme réseau de communication qui est le vecteur de l’extrême centralisation du pouvoir Romain. Le secret du succès de Rome réside dans sa constance stratégique inébranlable et dans sa volonté politique hors du commun, symbolisée par le camp romain que les légionnaires construisaient en trois heures, à chaque étape.

Le point faible de l’organisation romaine se situe dans le coût énorme de ce réseau de communication. Dans la phase d’expansion, le réseau sera financé par les conquêtes. Puis, quand les frontières de l’Empire se figeront, l’impôt nécessaire à l’entretien du réseau deviendra de plus en plus lourd. Mais l’effondrement de Rome fut fondamentalement moral.

À partir du IIe siècle, à force de coups d’États, les Romains finirent par ne plus croire en la valeur unique de leur Cité, comme les Grecs, à force de querelles, s’étaient résignés à s’en remettre à la force plutôt qu’au droit. La Légion des citoyens cessera alors d’être invincible. Les Barbares sont logiquement attirés par la prospérité, fruit du labeur romain. Ils se pressent aux frontières, s’emparant progressivement des lambeaux de l’Empire. La prospérité disparaît sous leurs coups.

On a soutenu l’hypothèse que l’idéologie chrétienne avait rongé l’Empire de l’intérieur. Rome était déjà taraudée de doutes, lorsque Dioclétien prit en 303-304 les décrets de persécution des Chrétiens, soulevant aussitôt une résistance qui permit à la minorité chrétienne de prendre le pouvoir dès 312. À cette époque, la cohérence païenne de Rome, qui constituait son fondement idéologique, n’était plus défendue par ses citoyens. Les Chrétiens pouvaient accoler à Rome leur propre vision, qui ne permettait pas de défendre l’Empire.

Nous pouvons avancer que chaque structure a sa logique qui ne résiste qu'à un moment particulier de l'histoire des hommes. Cette histoire, en avançant, fragilise la structure des temps précédents, les fait disparaître avant d'en susciter de nouvelles. Le système des nations, des régimes parlementaires, de la démocratie représentative fait entendre des craquements qui annoncent sa fin selon une dynamique que nous ne pouvons pas anticiper.

Pour le modèle romain, vint donc l’invasion de l’Empire ; le monde occidental s’effondra comme le démontre la démographie. Entre 200 et 800 après JC, la population mondiale stagna autour de deux cents millions d’habitants. Au VIIIe et IXe siècle, la peste ravagea l’Europe. Elle ne s’arrêta que lorsque les routes furent désertées.

Et la vie reprit ses droits, de nouvelles structures émergèrent 


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