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Le blog d'André Boyer

Le Poison du doute et ses effets

7 Juillet 2009 Publié dans #PHILOSOPHIE

Le 21 juin dernier, dans un article intitulé « L’incertain scientifique », je rappelai que la science avait connu de fortes remises en cause de la validité de la preuve, qui est tout à fait centrale dans la démarche scientifique. Du coup, la notion de démonstration s’est retrouvée entachées d’incertain, de subjectivisme et d’auto-justification. Sa légitimité à prétendre détenir les clefs de la vérité objective s’en est trouvée sérieusement affaiblie.

Il s’est donc progressivement créé une contradiction entre le doute engendré par le raisonnement scientifique et le besoin fondamental de vérité qui habite les hommes, vérité du monde, vérité de la vie, vérité du moi. Ce besoin explique que l’homme ne demande qu’à avoir la foi, qu'il s’accroche à ce qu’il peut saisir, à la religion, à la tradition, à la science, à la raison, mais qu'il soit toujours à la recherche de chemins de vérité. Il le fait comme il peut, au hasard des circonstances et des révélations, par instinct, isolément ou collectivement.

Or, le point faible des tenants de la vérité scientifique se niche désormais dans la preuve. Avant la science, on pouvait croire sans preuve. La gloire de la science s’est construite sur sa prétention à apporter les preuves de ce qu’elle avançait. Mais comme ces preuves se sont évanouies au moment précis où les scientifiques croyaient disposer de tous les moyens pour les apporter, le doute est désormais omniprésent dans la démarche scientifique. Elle s'en fait même une gloire, à défaut de pouvoir le chasser. Le doute s’est niché dans la vision subjectiviste du monde qu’implique la suprématie de la raison. Le langage a subi le même traitement, quand il est apparu qu’il n’avait rien de plus à apporter qu’une interprétation subjective du monde. La logique s’est démontrée à elle-même qu’elle se trouvait dans l’incapacité de prouver quoi que ce soit qu’elle ne savait déjà, avant de commencer à mettre en route ses analyses. Enfin, pour achever de faire douter l’homme de tout, les scientifiques ont mis un point d’honneur à révéler l’immense incertitude dont leur savoir était affecté.

Nous sommes désormais libres de choisir ce que nous appelons « vérité », là où nous souhaitons la voir. Personne n’est plus autorisé à se réferer à  une vérité qui le dépasse, en d’autres termes à une vérité transcendantale. À l’autre bout de la chaine, personne n’est prêt accepter d’être dépossédé de sa vérité particulière. Désormais, la vérité émerge de l’individu et elle y reste, en attendant l’éventuelle résurgence d’une vérité qui nous transcende. Le résultat de cette subjectivité de la vérité est qu’il existe désormais un conflit permanent entre toutes ces vérités locales.

Tant que la vérité venait d'en haut, que ce soit de Dieu ou de la Science, l’homme y casait ses petites vérités personnelles qu’il cachait ou affichait, à son goût et à ses risques. Mais si la source de vérité devient individuelle, personne ne peut plus accepter une vérité collective sauf si elle est compatible avec la sienne propre. Une contradiction majeure s’est donc nichée au cœur de l’humanité : le besoin de vérité individuel, confronté à la nécessité d’organiser une vie collective privée de vérité globale.

Il reste que la démarche de l’homme depuis les origines de l’humanité montre qu’il ne peut pas se résoudre à vivre dans un monde où ses actions seraient vides de sens, un monde qui lui serait hermétique.

 

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