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Le blog d'André Boyer

L'homo faber

1 Août 2009 Publié dans #PHILOSOPHIE

Dans un article intitulé « La fin d’un cycle » publié le 19 juillet dernier, je rappelais que la transcendance n’est jamais très loin lorsque l’homme abandonne ses tâches quotidiennes pour s’interroger sur le sens de sa présence sur Terre et dans l’Univers. Mais l’homme ne peut pas oublier qu’il lui faut avant tout survivre, individuellement ou collectivement. 

Pour lui, tout est effort, effort nécessaire pour subsister et effort bienvenu pour oublier sa condition. Il lui faut faire face. Sans fourrure ni plumes, sans carapace ni écailles, sans crocs ni défenses, sans camouflage ni vitesse de pointe, nos ancêtres ne disposaient pas de défenses naturelles contre leurs prédateurs. Ils ont progressivement remplacé ces protections par des armes qu’ils ont conçues, grâce à leur imagination, à leur habileté manuelle et à leur capacité d’organisation. Contrairement au singe qui ne sait s’en saisir que dans l’urgence, l’homo sapiens a su s’emparer d’une branche cassée, la préparer, la garder en main, évaluer et améliorer son efficacité.

C’est pourquoi Benjamin Franklin, qui s’y connaissait en inventions, affirmait que la caractéristique la plus importante de l’homme était sa capacité à concevoir et à fabriquer des outils, plus essentielle peut-être que celle de vivre en société. Grâce aux premiers outils qui ont assuré hier la survie de l’espèce humaine, nous pouvons aujourd’hui nous offrir le luxe de pester contre l’excès de ces derniers qui polluent notre environnement. L’homme s’est vêtu de peaux. Il a suffisamment contrôlé le feu pour se chauffer, cuisiner, et migrer dans les régions les plus froides. Il a appris à récolter, à cultiver et à planter des graines pour se nourrir. Il a inventé des outils spécialisés comme la houe ou la hache pour accroître son efficacité. Il a domestiqué les animaux.

Toutes ces découvertes résultent de sa triple capacité de perception, de mémorisation et de conception. L’homme sait construire un projet purement intellectuel alors même que les moyens de le réaliser ne sont pas disponibles. Rappelons nous que Bacon ou Jules Verne sont justement célèbres pour avoir imaginés des avions, des bateaux à moteur ou des sous-marins, bien avant que ces engins ne soient techniquement réalisables.

Le processus de l’innovation humaine commence par des observations qui permettent de formaliser des hypothèses que l’expérience confirme ou infirme. Puis une théorie émerge et se renforce par l’addition des preuves de sa véracité ; elle s’exprime par des lois, que chacun a la possibilité d’appliquer pour obtenir les résultats qu’elles ont prédits. Quoi qu’on veuille parfois les séparer, la science et la technologie utilisent les mêmes méthodes, et visent toutes deux à relier la création et l’application. C’est ainsi que Léonard de Vinci fut tout à la fois un artiste, un scientifique ou un technicien, ou qu’Edison breveta plus de mille inventions, quelques-unes majeures, mais la plupart purement techniques.

Mais le péril qui a toujours menacé les découvertes de ces milliards d’observateurs, expérimentateurs, théoriciens que sont naturellement les êtres humains, reste la transmission de l’information aux générations successives…

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